Le Mariage de Figaro/Personnages

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Le Mariage de Figaro
Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée, Texte établi par Édouard Fournier, LaplaceŒuvres complètes (p. 113).
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PERSONNAGES

LE COMTE ALMAVIVA, grand corrégidor d’Andalousie.

LA COMTESSE, sa femme.

FIGARO, valet de chambre du comte et concierge du château.

SUZANNE, première camériste de la comtesse, et fiancée de Figaro.

MARCELINE, femme de charge.

ANTONIO, jardinier du château, oncle de Suzanne et père de Fanchette.

FANCHETTE, fille d’Antonio.

CHÉRUBIN, premier page du comte.

BARTHOLO, médecin de Séville.

BASILE, maître de clavecin de la comtesse.

DON GUSMAN BRID’OISON, lieutenant du siège.

DOUBLE-MAIN, greffier, secrétaire de don Gusman.

Un huissier audiencier.

GRIPPE-SOLEIL, jeune pastoureau.

Une jeune bergère.

PÉDRILLE, piqueur du comte.

Personnages muets.

Troupe de valets.

Troupe de paysannes.

Troupe de paysans.


CARACTÈRES ET HABILLEMENTS DE LA PIÈCE.

Le comte ALMAVIVA doit être joué très noblement, mais avec grâce et liberté. La corruption du cœur ne doit rien ôter au bon ton de ses manières. Dans les mœurs de ce temps-là, les grands traitaient en badinant toute entreprise sur les femmes. Ce rôle est d’autant plus pénible à bien rendre, que le personnage est toujours sacrifié. Mais, joué par un comédien excellent (M. Molé), il a fait ressortir tous les rôles, et assuré le succès de la pièce.

Son vêtement du premier et du second acte est un habit de chasse avec des bottines à mi-jambe, de l’ancien costume espagnol. Du troisième acte jusqu’à la fin, un habit superbe de ce costume.

LA COMTESSE, agitée de deux sentiments contraires, ne doit montrer qu’une sensibilité réprimée, ou une colère très modérée ; rien surtout qui dégrade aux yeux du spectateur son caractère aimable et vertueux. Ce rôle, un des plus difficiles de la pièce, a fait infiniment d’honneur au grand talent de Mlle Saint-Val cadette.

Son vêtement du premier, du second et du quatrième acte, est une lévite commode, et nul ornement sur la tête : elle est chez elle, et censée incommodée. Au quatrième acte, elle a l’habillement et la haute coiffure de Suzanne.

FIGARO. L’on ne peut trop recommander à l’acteur qui jouera ce rôle de bien se pénétrer de son esprit, comme l’a fait M. Dazincourt. S’il y voyait autre chose que de la raison assaisonnée de gaieté et de saillies, surtout s’il y mettait la moindre charge, il avilirait un rôle que le premier comique du Théâtre, M. Préville, a jugé devoir honorer le talent de tout comédien qui saurait en saisir les nuances multipliées et pourrait s’élever à son entière conception.

Son vêtement comme dans le Barbier de Séville.

SUZANNE. Jeune personne adroite, spirituelle et rieuse, mais non de cette gaieté presque effrontée de nos soubrettes corruptrices ; son joli caractère est dessiné dans la préface, et c’est là que l’actrice qui n’a point vu Mlle Contat doit l’étudier pour le bien rendre.

Son vêtement des quatre premiers actes est un juste blanc à basquines très élégant, la jupe de même, avec une toque appelée depuis par nos marchandes : à la Suzanne. Dans la fête du quatrième acte, le comte lui pose sur la tête une toque à long voile, à hautes plumes, et à rubans blancs. Elle porte au cinquième acte la lévite de sa maîtresse, et nul ornement sur la tête.

MARCELINE est une femme d’esprit, née un peu vive, mais dont les fautes et l’expérience ont réformé le caractère. Si l’actrice qui le joue s’élève avec une fierté bien placée à la hauteur très morale qui suit la reconnaissance du troisième acte, elle ajoutera beaucoup à l’intérêt de l’ouvrage.

Son vêtement est celui des duègnes espagnoles, d’une couleur modeste, un bonnet noir sur la tête.

ANTONIO ne doit montrer qu’une demi-ivresse, qui se dissipe par degrés, de sorte qu’au cinquième acte on n’en aperçoive presque plus.

Son vêtement est celui d’un paysan espagnol, où les manches pendent par derrière ; un chapeau et des souliers blancs.

FANCHETTE est une enfant de douze ans, très naïve. Son petit habit est un juste brun avec des ganses et des boutons d’argent, la jupe de couleur tranchante, et une toque noire à plumes sur la tête. Il sera celui des autres paysannes de la noce.

CHÉRUBIN. Ce rôle ne peut être joué, comme il l’a été, que par une jeune et très jolie femme ; nous n’avons point à nos théâtres de très jeune homme assez formé pour en bien sentir les finesses. Timide à l’excès devant la comtesse, ailleurs un charmant polisson ; un désir inquiet et vague est le fond de son caractère. Il s’élance à la puberté, mais sans projet, sans connaissances, et tout entier à chaque événement ; enfin il est ce que toute mère, au fond du cœur, voudrait peut-être que fût son fils, quoiqu’elle dût beaucoup en souffrir.

Son riche vêtement, au premier et au second acte, est celui d’un page de cour espagnol, blanc et brodé d’argent ; le léger manteau bleu sur l’épaule, et un chapeau chargé de plumes. Au quatrième acte, il a le corset, la jupe et la toque des jeunes paysannes qui l’amènent. Au cinquième acte, un habit uniforme d’officier, une cocarde et une épée.

BARTHOLO. Le caractère et l’habit comme dans le Barbier de Séville ; il n’est ici qu’un rôle secondaire.

BASILE. Caractère et vêtement comme dans le Barbier de Séville ; il n’est aussi qu’un rôle secondaire.

BRID’OISON doit avoir cette bonne et franche assurance des bêtes qui n’ont plus leur timidité. Son bégaiement n’est qu’une grâce de plus qui doit être à peine sentie, et l’acteur se tromperait lourdement et jouerait à contre-sens, s’il y cherchait le plaisant de son rôle. Il est tout entier dans l’opposition de la gravité de son état au ridicule du caractère ; et moins l’acteur le chargera, plus il montrera de vrai talent.

Son habit est une robe de juge espagnol, moins ample que celle de nos procureurs, presque une soutane ; une grosse perruque, une gonille, ou rabat espagnol au cou, et une longue baguette blanche à la main.

DOUBLE-MAIN. Vêtu comme le juge ; mais la baguette blanche plus courte.

L’HUISSIER ou ALGUAZIL. Habit, manteau, épée de Crispin, mais portée à son côté sans ceinture de cuir. Point de bottines, une chaussure noire, une perruque blanche naissante et longue à mille boucles, une courte baguette blanche.

GRIPPE-SOLEIL. Habit de paysan, les manches pendantes, veste de couleur tranchée, chapeau blanc.

UNE JEUNE BERGÈRE. Son vêtement comme celui de Fanchette.

PÉDRILLE. En veste, gilet, ceinture, fouet, et bottes de poste, une résille sur la tête, chapeau de courrier.

PERSONNAGES MUETS, les uns en habits de juges, d’autres en habits de paysans, les autres en habits de livrée.


PLACEMENT DES ACTEURS.

Pour faciliter les jeux du théâtre, on a eu l’attention d’écrire au commencement de chaque scène le nom des personnages dans l’ordre où le spectateur les voit. Il est important de conserver les bonnes positions théâtrales ; le relâchement dans la tradition donnée par les premiers acteurs en produit bientôt un total dans le jeu des pièces, qui finit par assimiler les troupes négligentes aux plus faibles comédiens de société.

La scène est au château d’Aguas-Frescas, à trois lieues de Séville.