Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Des l’àge tendrelet de l’indiscrette enfance »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 111).
CXVI.


Des l’àge tendrelet de l’indiscrette enfance
Qu'oyons nous, Bon-compain, que plaintes & que dueil,
Helas ! que voyons nous qu'Epitaphe & cercueil
Des mors qui vont dormir le sommeil d'oubliance ?

Et si le fait d'autruy si avant ne s'avance
Dans nos cuers engourdis, combien dessus le sueil
De leur clarté premiere, en voyons nous à l'œil
De nos proches parents mourir de violence ?

Et puis nous appelons le trespas impourveu,
Qui de nous à toute heure en tant de lieus est veu,
Voire sans en bouger à nos sens se presente :

Meditons y souvent, & nous ne serons point
Despourveus ny douteus reduis au dernier point,
La mort inopinee est rarement constante.