Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Le cerf des animaus amirable merveille »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 149).

CLX.


Le cerf des animaus amirable merveille
Vit huit ou neuf cens ans, le croassant courbeau
D'un siecle devolu ne quitte le flambeau
Qui communique à tous sa clarte nonpareille,

De sept ou huit vings ans à la mort ne sommeille
La beste porte-tour, le renaissant oiseau
Douze cens ans entiers vit sans peur du tombeau,
Et trois àges ne font effrayer la corneille.

L'homme seul est celuy entre tant d'animaus
Qui le plus à de vie, & le plus à de maus
Semblable en son travail à l'araigne subtile,

Qui filant, devidant, renouant, & tournant
En ses propres filets se va emprisonnant
Ourdissant & tramant un ouvrage inutile.