Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Malade je couchois sur la chambre devant »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 54).
LX.


Malade je couchois sur la chambre devant
Ou le bruit du marché, empeschant ma paupiere
De cligner au sommeil l'une & l'autre lumiere,
Me fit tirer soudain au logis plus avant:

Mais cest humeur fiebvreus mes espris emouvant
Bien qu'eslougné je sois & du bruit de l'orniere,
Et du cacquet des gens, de la flame meurdriere
Me consume, & recuit non moins qu'au-paravant :

En vain je veus passer de l’une à l’autre porte,
Tousjours mesme par tout moymesme je me porte,
Et changeant d’autre lieu, autre je ne suis pas.

Je cherche des desers la vaste solitude
Pour fuir du palais la vaste solicitude,
Mais la peine, & l’ennuy nous suit jusqu’au trespas.