Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Ne vaut il pas bien mieus avaler un breuvage »

La bibliothèque libre.
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 107).
CVII.


Ne vaut il pas bien mieus avaler un breuvage
D’amertume confit, dont le goust desplaisant
Avecqu’un peu de mal chasse le mal cuisant,
Qui le cors affoiblis cruellement outrage :

Que boire le dous suc exprimé de l’herbage
D’une froide ciguë, ou Toxique nuisant,
Qui plaisant à humer, de son goust seduisant
Nous donne incontinant le sepulchre en partage ?

Pour attaindre, Mortel, à l’immortalité,
Il faut un peu souffrir, car la felicité
Sous ombre de salut à la mort nous convie.

Ainsi le bon soldat lequel à combattu
L’espace d’un moment en proüesse & vertu,
En recoit de l’honneur tout le long de la vie.