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Le Messager Évangélique/1861/Tel le céleste

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Collectif
Le Messager ÉvangéliqueVolume 2 (pdf) (p. 321-340).

« Tel le céleste. »

Il y a deux grandes choses que l’Écriture nous présente comme efficaces pour le salut. Il y a d’abord le plein établissement du caractère moral de Dieu, en grâce envers nous, et c’est ce qu’opère l’expiation : il y a la justice de Dieu contre le péché et il y a l’amour de Dieu pour le pécheur ; car non-seulement le caractère de Dieu est établi dans l’expiation, mais Dieu y est glorifié. Mais en outre, il y a une autre chose bien distincte, c’est l’intervention de la puissance pour nous tirer hors de l’état complet de ruine et de misère qui est l’effet du péché, et pour nous établir dans une nouvelle position. Ces deux choses font partie de ce grand salut. L’une était absolument nécessaire, si des pécheurs devaient, en quelque manière que ce fût, être réconciliés avec Dieu ; car il fallait que l’expiation fût accomplie, pour que nous fussions amenés près de Dieu. Si Dieu nous eût amenés près de lui-même, sans que sa justice eût été pleinement établie, il n’aurait pas été l’Être saint et béni qu’il est en effet. Mais tout ce qu’est Dieu a été pleinement mis en évidence et établi sur la croix, ce qui sans la croix n’aurait jamais pu avoir lieu. Si Dieu en sa miséricorde avait tenu quittes tous les hommes, ce n’eût pas été l’amour ; c’eût été indifférence quant au péché. Si l’un de mes enfants, par exemple, était méchant, et que je n’en persistasse pas moins à le traiter comme tous les autres, ce ne serait pas de l’amour. Vous ne pouvez avoir le véritable amour, à moins que la justice ne soit pleinement maintenue selon la vérité du nom de Dieu. Mais maintenir cette justice, c’eût été, nécessairement, exclure tous les pécheurs, sans la croix, — sans la mort de Christ, en tant qu’il s’est livré à la parfaite justice de Dieu, de son jugement, de sa haine du péché, de son autorité ; car c’est une question d’autorité, aussi bien que de sainteté, et en même temps d’amour parfait envers le pécheur. Et c’est là ce qu’est pour nous la croix de Christ, — la mise en évidence et le plein établissement de tout ce qu’est Dieu, non-seulement en amour, mais encore en sainteté. Il y a ici une plénitude de bénédiction. Nous nous approchons de Dieu comme des pécheurs sans ressource, et nous y trouvons le propitiatoire, et le sang précieux dont il a été fait aspersion sur le propitiatoire. Mais lorsqu’on pleine paix je puis réfléchir sur la croix, je vois de quelle manière parfaite Dieu y a été glorifié. Plus elle me montre la sainteté de Dieu, plus aussi elle me montre quelle merveilleuse chose était la croix ; il n’y a rien qui lui ressemble, ni dans le ciel, ni sur la terre, excepté, naturellement, Dieu lui-même. Ni la création, ni rien de ce qui a été vu dans ce monde, ne pouvait être ce que fut la croix. La création peut montrer la puissance de Dieu, mais elle ne peut mettre en évidence l’amour et la vérité de Dieu, comme le fait la croix, et par conséquent la croix demeure éternellement le lieu merveilleux et béni où on apprend ce qu’est Dieu, chose qui ne saurait être apprise nulle part ailleurs.

Mais, tandis que tout cela est vrai, il y a une autre chose, savoir, l’intervention d’un Libérateur pour nous tirer hors de la condition dans laquelle nous étions par nature ; car voici en effet ce que nous étions, de pauvres misérables créatures, nous débattant dans le fossé, sans avoir aucun moyen pour en sortir. En supposant donc que Dieu ait été justifié et glorifié par la croix de Christ, il ne s’en suivait pas que nous pussions en conséquence, vous et moi, être tirés hors de la condition dans laquelle nous étions. Il était nécessaire pour cela que Dieu descendit jusqu’à nous, et nous tirât hors de toute cette condition de péché et de misère, et qu’il nous plaçât dans une condition tout entièrement différente, ce qui exige l’intervention de la puissance divine.

Le salut est une délivrance opérée par la puissance divine, de manière à nous retirer d’une condition pour nous introduire dans une autre. Il est vrai que nous sommes moralement changés ; mais il nous faut plus que cela, — quoique tous ceux qui ont cela, auront assurément tout le reste. Mais en supposant que j’aie la nouvelle nature, avec ses désirs quant à la sainteté, quel en est l’effet ? Cela me donne la conscience de tout le péché qui est en moi. Je désire être juste, mais alors je vois que je ne suis pas juste, et je plie sous la puissance du péché et de la connaissance d’une sainteté telle que celle que j’ai appris à désirer, mais sans aller plus loin que cette découverte, savoir que je ne l’ai point. Je me dis : à quoi bon que je connaisse de cette manière la sainteté, si je ne l’ai pas. Cela ne m’est d’aucune consolation. Nous venons de parler ici de la justice de Dieu ; mais quand je considère la chose, je trouve que je n’ai point de justice. Où puis-je trouver un lieu de repos pour mon esprit, dans un état pareil à celui-là ? C’est impossible ; et l’effet même de la possession de cette nouvelle nature, avec toutes ses saintes affections et tous ses désirs à l’égard de Christ me conduit à découvrir qu’il me manque ce que cette nouvelle nature ne peut par elle-même me communiquer. J’ai les ardents désirs de la nouvelle nature — tous ses saints et justes désirs ; mais je n’ai pas la chose ardemment désirée. C’est le désir de ma nature. Je dis : Oh ! si je pouvais être juste ! Mais alors je ne suis pas juste. Dans cet état de choses Dieu vient au-devant de nous avec un salut positif. Il vient au-devant de nous, et nous vivifie pour avoir le désir et le besoin de la sainteté ; il nous donne une nature capable d’en jouir quand nous l’avons. Mais ce n’est pas tout. Quand j’ai cette nature, ai-je la chose que je désire ? Non, je fais des efforts ; je pense : Oh ! si je pouvais avoir une plus grande mesure de cette sainteté ; mais je ne l’ai toujours pas. Je puis haïr le péché, mais le péché que je hais est là. Je puis avoir un vif désir d’être avec Dieu, d’être pour toujours en la lumière de sa face ; mais alors je vois que j’ai le péché en moi, et je sais que la lumière de sa face ne peut reluire sur mon péché ; j’ai besoin d’une justice qui convienne à sa présence, et je ne l’ai pas. C’est ainsi que Dieu vient au-devant de nous à la croix. Il ne donne pas seulement la nature dont nous avons besoin, mais il donne la chose dont nous avons besoin. Et non-seulement cela, mais il nous donne, en Christ, et l’objet parfait, et la nature, — et cela en puissance.

Dans 1 Cor. XV, nous trouvons une chose remarquable dans l’expression de la vérité dont nous venons de parler. « Tel qu’est celui qui est poussière, tels sont aussi ceux qui sont poussière ; et tel le céleste, tels aussi les célestes. » Il ne s’agit pas là de ce que nous serons en ce qui concerne la gloire ; car il est dit ensuite : « Et comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste. » Nous avons porté l’image du premier Adam, dans toutes les conséquences de son péché et de sa ruine, et nous porterons l’image du dernier Adam. Mais il présente d’abord à nos cœurs cette grande vérité : « Tel le céleste, tels aussi les célestes. » C’est ce que nous sommes maintenant. Je trouve là ce dont mon cœur a besoin en tant que vivifié par Dieu ; et j’apprends quelle bénédiction il y a en Christ, par qui Dieu nous l’a révélé. Il nous a donné une justice en Christ, qui est l’homme accepté et béni en la présence de Dieu, le seul dont Dieu pouvait dire : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds. » Tu as été rejeté par l’homme, mais c’est toi-même qui fais mes délices. « Tel le céleste, tels aussi les célestes. » C’est là ce que Dieu nous présente. Il nous établit dans une nouvelle condition devant lui-même, et puis il nous fait juger ce qui est incompatible avec elle. Puis, en outre, il nous est donné de la puissance — non pas une nouvelle, nature seulement, avec d’ardents désirs pour une position que nous n’avons pas, mais de la puissance pour juger pratiquement, d’après une position que nous avons, tout ce qui est incompatible avec elle. Il y aura ce qui doit être jugé, mais je le jugerai dans la conscience de ce que Dieu m’a donné en Christ. C’est là que je trouve la mesure de ce que Dieu m’a fait être en intervenant en puissance. « Tel qu’est celui qui est poussière, … tel le céleste » etc. Voilà, si je puis parler ainsi, ces deux hommes. Voilà le premier Adam, qui est de la terre, avec ceux qui sont de la terre ; ils sont poussière ; et voilà le second homme, « le Seigneur [venu] du ciel. » Voilà ces deux Adams, et je trouve dans l’un et dans l’autre le patron et le modèle de tous les autres hommes qui sont selon leur image. Je trouve le premier Adam, tombé, misérable et corrompu ; puis je trouve l’autre Adam qui devient, dans un sens spirituel, le Chef d’une race, après qu’il a pris cette place selon les conseils de Dieu en gloire.

Je dis donc : Voilà le patron, le modèle et le Chef de cette race. Ce n’est pas seulement une vérité que l’expiation a été accomplie pour nous, à l’égard de ce que nous étions comme appartenant au premier Adam ; mais Dieu a été glorifié à l’égard de nos péchés. Plus nous entrons dans la présence de Dieu, plus nous apprendrons la valeur de la croix. Mais alors ce chapitre, en parlant de la résurrection, parle de l’intervention de la puissance de Dieu. Nous voyons précisément comment Dieu agit d’abord à l’égard de Christ en puissance de résurrection, puis, en même temps, comment nous sommes, nous, les objets de cette même puissance.

Or ce que je vois d’abord en Christ, tel qu’il était sur la terre, c’est une bonté parfaite dans ses rapports avec les hommes — une bonté parfaite qui vient au devant d’eux dans tous leurs besoins. Le cœur par là se trouve console et encouragé. Il les nourrit quand ils ont faim, les guérit quand ils sont malades, et chasse les démons. Il y avait de la puissance aussi, mais non dans ceux avec qui il avait affaire. C’était la puissance divine. Elle les assistait dans leurs besoins. C’était à l’état de ruine et de misère dans lequel était l’homme, que s’appliquait la bonté de Dieu en Christ ; et la seule chose qui se trouvait dans les personnes, c’étaient le péché et la misère auxquels s’appliquait cette bonté. J’ai senti dernièrement que plus nous entrons dans les faits de la vie du Seigneur sur la terre, plus il y aura de puissance. Nous ne présentons pas assez les faits, mais nous raisonnons sur la valeur des faits. Je suis persuadé que plus les faits de l’Évangile sont présentés à l’âme des personnes, plus il y aura de puissance.

En considérant donc Christ sur la terre, je trouve Dieu dans cet homme débonnaire. Que je saisisse fermement ce simple fait dans un monde de misère, de ruine et de labeur : Dieu est venu, et je l’ai trouvé. Je l’ai rencontré. C’est par la foi, sans doute ; mais pourtant Dieu était là, et je l’ai rencontré. Je sais ce qu’il est, et ce qu’il est pour moi. J’étais un pécheur comme tout le reste du monde ; mais Dieu était là et il n’était que bonté pour moi. Je l’ai trouvé et je sais ce qu’il est, parce qu’il l’a été pour moi. Christ était sur la terre, s’abaissant jusqu’à tous mes besoins, et j’ai rencontré Dieu en lui et je le connais. Or je dis que dans un sens c’est là tout pour mon âme. Vous pouvez raisonner quant à ce qu’il sera au jour du jugement, mais je dis que je l’ai trouve, lui, et que je sais ce qu’il est — qu’il est bonté parfaite. J’étais une créature vile et misérable, ne me souciant de rien, sinon des plaisirs, ou de quelque chose de pire ; mais je l’ai rencontré et je sais ce qu’il est. Quand lame possède cela, elle possède une clef qui ouvre toutes les serrures dans l’éternité. J’ai trouvé Dieu et j’ai trouvé qu’il est lumière, parfaite. Sans doute, par cela même qu’il est lumière, je puis voir en moi-même des manquements ; je puis avoir honte de moi-même ; mais pourtant je sais ce qu’il est et ce qu’il est pour moi, et de cette manière mon âme obtient un lieu de repos et une connaissance divine du Dieu à qui j’ai affaire. Je vois que « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même. » Il a été avec moi ici sur la terre ; mais maintenant j’ai un autre sujet de trouble, c’est que je ne suis pas propre à être avec lui dans le ciel. Car voici la mort, voici le péché, voici les manquements, à l’égard desquels Dieu doit agir ; et le pêché ne saurait entrer dans le ciel. C’est pourquoi je trouve un autre fait. Je trouve ce Sauveur béni, qui est l’expression de celte parfaite grâce au sujet de la quelle je n’avais aucune pensée, je le trouve, dis-je, descendant jusque dans ma condition, fait pêché pour moi, passant par la mort et le jugement qui m’étaient dus, et portant mes péchés. Je trouve Christ, non-seulement comme un Christ vivant sur la terre, compatissant à toutes mes misères, manifestant toute bonté envers moi, mais comme prenant ma place pour souffrir en subissant la colère et le jugement de Dieu, et là je le trouve entièrement seul. Christ a pu souffrir d’une manière dont je puis souffrir avec lui. Il a pu souffrir de la part des hommes, et nous pouvons souffrir ainsi dans notre faible mesure. Il a pu apprendre ce qu’est la souffrance dans ce monde, afin de me consoler et de souffrir avec moi. Mais quand je trouve le Seigneur souffrant sur la croix, je le trouve là absolument et entièrement seul, et là je trouve la grande question du péché parfaitement et pour toujours résolue entre Dieu et moi. Mais moi, je n’y étais pas du tout. Je ne pouvais être où était Christ, car il y était précisément afin que je ne pusse jamais m’y trouver, portant la colère de Dieu et buvant cette coupe de souffrance, laquelle, si j’en eusse bu la moindre goutte, eût été pour moi la mort éternelle. Eh bien ! je vois le Seigneur descendant dans ce lieu de ma plus profonde misère, et maintenant la puissance de Dieu y intervient. Il a pris ma place en grâce. Où le péché m’avait amené moi, la grâce l’avait amené lui. Il vint là, dans ce lieu de mort et de colère ; et maintenant je vois intervenir la puissance.

L’expiation a été faite, et là où Christ a parfaitement glorifié. Dieu, la puissance de Dieu intervient, et le place à sa droite dans le ciel. De sorte que je ne vois pas seulement Dieu glorifié en la croix de Christ, mais je vois la puissance de Dieu qui intervient et qui prend ce même Christ, alors qu’il était descendu jusque dans les profondeurs de la mort et le place à sa droite dans le ciel. Ici donc j’ai trouvé une délivrance positive et actuelle ; et la chose était tellement vraie que Christ peut louer le nom de Dieu comme étant associé à d’autres. « Je déclarerai Ion nom à mes frères ; je le louerai au milieu de l’assemblée. » Il peut célébrer ce nom, parce qu’il le connaît, après toutes les choses par lesquelles il a passé lui-même pour nous, étant introduit en la présence de Dieu son Père, dans la pleine et entière bénédiction de la lumière de sa face, après avoir pris sur lui pleinement tout le poids du péché. Mais la puissance était intervenue, comme il est dit dans le Ps. XVI : « Tu ne permettras point que ton bien-aimé sente la corruption. » Il est vrai que sur la croix il dut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » mais là même il se remet à Dieu son Père, et Dieu met son sceau sur lui en le ressuscitant d’entre les morts. Ici je trouve, dans la résurrection de Christ, l’intervention de la puissance divine dans le lieu même où nous étions gisants dans la ruine et sans ressource, et où Christ se plaça en grâce pour nous, et cette puissance l’en retira entièrement. Maintenant je vois l’homme Christ Jésus dans le ciel, après que l’expiation a été faite, et après que la question du péché a été réglée en vertu de l’œuvre par laquelle il a glorifié Dieu à cet égard. Je le vois dans la place de la puissance, comme l’objet des conseils de Dieu. Car c’est en Christ que toutes choses doivent être réunies en un, et maintenant même Dieu l’a établi « Chef sur toutes choses à l’Église. »

Toute la question du péché a donc ainsi été réglée en la résurrection de Christ. « Si Christ n’est pas ressuscité, voire foi est vaine et vous êtes encore dans vos péchés… mais maintenant Christ est ressuscité d’entre les morts, » et nous ne sommes pas dans nos péchés. Ici je trouve l’homme céleste, qui a été ici-bas et qui a porté mes péchés, dans la puissance de la résurrection en la présence de Dieu. Il est aussi « le Seigneur [venu] du ciel. » Remarquez cela. Puis, dans l’Épître aux Éphésiens, l’apôtre dit que la puissance même qui a opéré dans le Christ quand Dieu le ressuscita d’entre les morts, est exercée en tous ceux qui croient. Il désire qu’ils sachent « quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force ; qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes. » Cette même puissance qui opéra quand Dieu prit Christ d’entre les morts et le plaça à sa droite, est précisément celle qui a déjà opéré en vous qui croyez, et vous avez une place avec lui là-haut ; et, par conséquent, « tel qu’est celui qui est poussière, tels aussi sont ceux qui sont poussière ; et tel le céleste, tels aussi les célestes. » Nous sommes en Christ dans la présence de Dieu ; et maintenant je n’ai pas seulement des désirs, mais la réponse à ces désirs. Je n’ai pas simplement une nouvelle nature, mais j’ai ce que la nouvelle nature souhaite, parce que j’ai Christ. Je n’ai pas simplement des désirs ardents pour une chose, mais la chose ardemment désirée. J’ai besoin de justice et de sainteté, et c’est là ce que j’ai, parce que je suis en Christ. J’ai besoin d’être sans crainte en la présence de Dieu, et je suis en cette présence, parce que je suis en Christ. J’ai maintenant, en un mot, le salut en sa plénitude — non-seulement une nouvelle nature, mais le salut. Dieu est descendu jusqu’à moi, et il m’a sauvé. Il est venu, et par sa propre puissance il m’a tiré hors de la position dans laquelle j’étais gisant dans la misère et sans ressource, dans le premier Adam, et m’a placé dans la position du dernier Adam, devant lui-mème, sans qu’il reste un seul péché sur moi — tout péché étant ôté, parce que tout a été jugé en la personne de Christ. Telle est la condition dans laquelle Christ nous a ainsi introduits. Après la chute du premier homme, après l’épreuve complète de l’homme comme homme — éprouvé sans loi — éprouvé sous loi — alors Dieu intervient en parfaite grâce et envoie son Fils bien-aimé. Il dit pour ainsi dire : C’est la dernière chose par laquelle je puisse éprouver l’homme ; mais quand les hommes le virent, ils dirent : « C’est ici l’héritier ! Venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous ! » L’homme, en tant que le premier homme a été entièrement mis à l’épreuve, et a été trouvé mauvais. Il n’y a aucun moyen qui puisse l’amender. Mais qu’est-ce que je trouve en Christ ? Il a pris ici-bas pour nous la place du premier Adam. Il est mort en cette place, et cela met fin pour toujours et entièrement à cet état pour ceux qui croient. Maintenant je me tiens pour mort au péché, parce que Christ est mort. Il fut traité comme étant en cette place et il mourut, et la chose est entièrement terminée — terminée pour moi sous le jugement porté par un autre. Comme croyant, je sentirai encore les mouvements de la vieille nature et j’aurai à la juger ; mais je vois Christ prenant cette nature pour moi, et le jugement exécuté sur elle en sa personne, sur la croix, et maintenant il est sorti de tout cela, étant vivant de nouveau aux siècles des siècles. C’en est fait de cette vie dans laquelle il s’est livré lui-même ; c’en est fait de la vieille nature à laquelle s’appliquaient le péché et le jugement. Tout comme dans le cas d’un homme qui serait en prison, attendant là la punition de son crime, et qui viendrait à mourir ; la vie à laquelle s’attachait la punition n’existe plus. Il est impossible qu’il soit plus longtemps question d’une punition pour le péché : la vie à laquelle s’attachaient le péché et la punition du péché, n’existe plus. Il en fut précisément ainsi de Christ. Et à cause de cela, l’apôtre s’adresse toujours aux croyants comme à ceux qui sont morts au péché. Comme s’il leur disait : Vous êtes morts ; vous n’êtes plus du tout des hommes vivants. « Vous aussi tout de même, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus. »

Il n’est jamais dit dans l’Écriture que nous devons mourir au péché, car si cela était dit, ce serait nous-mêmes qui aurions à mourir, et alors c’en serait fait de nous tout entièrement. Mais ce qui est déclaré dans l’Écriture, c’est que nous sommes morts au péché, par Jésus-Christ. Maintenant que Christ « est mort une fois pour toutes au péché » pour moi, je puis me tenir pour mort au péché, mais pour vivant à Dieu, par Jésus-Christ. Voilà ce qui m’est donné comme le principe de la position du chrétien — c’est que tandis que, de fait, il est vivant, toutefois, parce que Christ est mort, c’en est fait de cette nature même à l’égard de laquelle Dieu a agi, quant à la question du péché, dans le premier Adam, et maintenant une puissance est intervenue qui m’a vivifié avec Christ. La nature même à l’égard de laquelle il fallait agir, est regardée comme une chose jugée et morte, et je suis introduit dans la position de Christ, comme étant ressuscité et dans la présence de Dieu. Quand nous serons assis avec lui, nous lui serons semblables, mais quant à notre condition réelle devant Dieu, nous sommes même maintenant assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. C’est l’amour divin qui est descendu jusque dans le lieu du péché et de la mort dans lequel nous étions, et c’est la justice divine qui nous a recueillis et nous a placés dans le fieu de lumière où Christ est lui-même ; car il n’y a pas de fieu intermédiaire. Si je suis ce qu’est le péché, je vois qu’il mérite la condamnation. Ce ne serait pas miséricorde que de laisser passer le péché, de ne pas agir à son égard. Il faut qu’il soit aboli — mais comment ? Il faut qu’il soit aboli par la mort, parce qu’il ne mérite que condamnation. Si Dieu agit à l’égard du péché, envisage selon ma relation avec Dieu comme pécheur, il faut qu’il agisse à son égard par la mort. II n’y a point de pardon pour le pécheur, envisagé comme coupable devant Dieu sans cette œuvre réelle qui agit à son égard selon la nature de Dieu, et c’est ce qui a eu lieu sur la croix. « Il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par le sacrifice de lui-même. » Mais ce n’est pas tout. Ayant ainsi aboli le péché, il a entièrement mis de côté le vieil état de choses et est entré dans un nouveau (la vieille nature en laquelle il était responsable, et a souffert pour le péché, étant laissée derrière), et maintenant il est l’homme céleste dans la présence de Dieu, et c’est là que nous sommes placés en lui. « Tel le céleste, tels aussi les célestes. » C’est pourquoi dans la première épître de Jean nous trouvons la même vérité présentée. D’abord nous y lisons (chap. IV, 9) que « en ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, [c’est] que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions par lui ; Je vois là l’amour divin qui a visité ce monde en la personne du Fils de Dieu. Il y avait deux choses qui étaient nécessaires : L’une qu’il fût la propitiation pour nos péchés ; mais en outre, il continue en disant : « En ceci est consommé l’amour avec nous, » etc. Voilà la perfection de l’amour ; ce n’est pas seulement que l’amour de Dieu nous a visités dans ce monde, dans toute noire nécessité et toute notre douleur ; il ne voulait pas nous laisser là ; mais en ceci l’amour de Dieu avec nous est consommé, — « afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement — savoir que comme lui est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde. »

Comment puis-je avoir toute assurance au jour du jugement ? C’est que je suis comme mon juge, et même dans ce monde. « Comme lui est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde. » C’est justement ce que je trouve ici : « Tel le céleste, tels aussi les célestes. » C’est la même vérité. Quelle chose que celle-là ! Quel salut merveilleux ! Ce n’est pas seulement la miséricorde qui pardonne le péché. C’est un salut réel et parfait ; c’est une délivrance qui nous a tirés — comme étant en Christ — hors de la condition dans laquelle nous étions, et nous a placés dans une autre, et cette autre, c’est Christ. Il est vrai que « il nous faut tous être manifestés devant le tribunal du Christ ; » c’est là que tout doit être mis au jour. Mais en même temps il est vrai aussi que je suis comme lui-même. Que va-t-il juger ? Comment peut-il se faire que je me trouve même là ? Parce que Christ est venu me chercher. « Je vais, » disait-il à ses disciples, « vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi. » Ainsi, lorsque je viendrai à comparaître devant le tribunal de Christ, ce sera parce que Christ m’a tant aimé qu’il est venu me chercher pour m’y amener, — et dans quelle condition ? Je suis dans la gloire avant d’arriver au tribunal. Tout y sera mis au jour ; et ce sera pour nous un immense profit et un immense gain. Nous connaîtrons alors le bien et le mal, comme nous, nous sommes connus. Nous serons manifestés, mais manifestés devant celui qui est dans la présence de Dieu comme la garantie de notre salut. Nous ne porterons pas entièrement l’image de Christ avant le temps de la gloire ; mais, même maintenant, quant à notre étal et à notre position devant Dieu, « tel le céleste, tels aussi les célestes. » Maintenant, pour ce qui regarde notre âme et notre vie éternelle, il est venu et nous a introduits dans cette condition, faisant de Christ notre vie, et nous donnant en Christ notre justice et notre espérance. Il nous a amenés par la foi, et nous a introduits, selon la vérité de notre nouvelle nature, dans cette merveilleuse position en Christ. La réalisation de cette position est une autre chose, et elle peut être empêchée par des manquements ou par l’infirmité. Vous commencez à chercher, peut-être en vous-même, et vous trouvez telle ou telle pensée contraire à Christ. Mais moi je dis : C’est là le vieil homme. Si vous ne considérez que vous-même, il n’y a aucune justice pour Dieu, et par conséquent vous ne pouvez subsister un instant devant la face de Dieu. Il faut que je regarde Christ, pour voir ce que je suis, et je dis : « Tel le céleste, tels aussi les célestes : » et c’est là ce que je suis dans la présence de Dieu. Il n’y a point de voile : nous devons marcher dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière.

Or la mesure du jugement des mouvements de ma chair, et de toute autre chose, est selon cet amour et cette grâce. Du moment que j’ai Christ, et que je puis dire : « Je connais un homme en Christ » (et cela était si complètement le cas de Paul, qu’il pouvait dire : « Je connais un homme en Christ » (si ce fut en corps, si ce fut hors du corps, je ne sais…) ; il ne pense pas du tout à lui-même) ; alors tout est jugé selon ce que je suis en Christ. Nous ne trouvons pas là : Je me glorifie de Paul.

Paul savait ce qu’étaient les infirmités, et les difficultés, etc. ; mais : « Je connais un homme en Christ, » et je me réjouis de me glorifier d’un tel homme ; » je m’en glorifierai de tout mon cœur, parce qu’il ne regardait ni à lui-même, ni à sa justice. « Mais, dit-il, je ne me glorifierai pas de moi-même, sinon dans mes infirmités. » Ici j’arrive à la vraie réalité de ce qu’est ma condition comme étant une pauvre faible créature ici-bas. Mais alors Dieu m’a placé en Christ, et maintenant tout ce qui se passe dans mon esprit doit être jugé selon Christ. « Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché. » Je puis ne pas y atteindre, mais c’est là la seule mesure. Dans 2 Cor. XII, c’est ce terrain même que Paul prend. « Je me glorifierai… dans mes infirmités, dit-il, afin que la puissance de Christ repose sur moi. » Ce n’est pas qu’il fût toujours dans le troisième ciel, ni que nous serons toujours dans la pleine jouissance de notre position. Mais voici ce qui est vrai, c’est que le Christ en qui nous sommes est dans le ciel. Il n’est pas ici-bas ; il est dans la présence de Dieu et nous sommes là en lui ; et même quoi que nous ne réalisions pas toujours notre place en Christ, je dis toutefois que Christ est toujours conséquent à ce qu’il est en cette présence, et Christ demeure en moi ;. et c’est là que je trouve la règle parfaite de vie dont j’ai besoin. La puissance de Christ habile en moi, même sur cette terre. Si Christ a marché, sur cette terre, sa marche fut d’une manière parfaite ce qui convenait à un homme céleste. Je trouve en lui l’expression parfaite de l’amour, et de la grâce, et de la sainteté, comme il l’était dans la maison du Père.

Il est vrai que Paul dit : « Je connais un homme en Christ » etc. Mais cela signifie-t-il que le Christ qu’il avait alors fût un Christ différent de celui qu’il avait connu dans le troisième ciel ? Non ; il avait la puissance même qui convenait à un Christ dans le ciel. Nous lirons le principe de toute sainteté de marche, du fait que notre position est en Christ. Il faut que je sache que telle est ma place devant Dieu, pour que ma marche soit selon Christ. « Je me sanctifie moi même pour eux, » a dit notre Seigneur béni, « afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité. » Il est mis à part pour Dieu comme l’homme modèle dans les lieux célestes, afin que le Saint-Esprit prenne cela et nous l’applique ici-bas. Je vois ce Christ parfait, mis à part pour moi dans le ciel, et je dis que je dois marcher selon ce modèle-là. Je marcherai dans l’amour, parce que « le Christ nous a aimes, et s’est donné lui-même pour nous. » Je lis en cet endroit : « Soyez donc imitateurs de Dieu ; » et ailleurs : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait. » Le Seigneur place devant nous, comme marchant à travers ce monde, la bonté de Dieu même envers ses ennemis. Le point de départ de toute la mesure de ma conduite, c’est la place dans laquelle je suis déjà mis en Christ.

Depuis la chute de l’homme, depuis que, par le péché, notre manière de juger est devenue fautive, nous pensons toujours à l’obligation et au devoir comme à un moyen de gagner quelque chose. Les gens s’imaginent souvent que s’il n’y a pas l’incertitude qui accompagne cette responsabilité pour avoir la vie, il y aura nécessairement de l’insouciance. Mais en supposant que vous ayez des enfants, ils sont vos enfants, et ne peuvent jamais cesser d’être vos enfants. Mais est-ce que cela détruit leur responsabilité ? Leur relation avec vous est la chose même qui forme leur responsabilité. Le principe d’une responsabilité réelle, jusqu’au moment où le péché est entré dans le monde, fut un principe béni. Voici ce qu’il était : — je dois agir d’une manière qui réponde à la condition dans laquelle je suis. La responsabilité chrétienne n’est pas celle d’un homme qui espère devenir un chrétien, ou qui tâche de le devenir. Ce n’est pas au moment de la difficulté et du danger, que nous trouvons la capacité de marcher selon Christ. Le moyen de marcher en un temps de difficulté, ce n’est pas d’attacher du prix à Christ à cause de la tentation, mais de l’apprécier à cause de lui-même. Si nous vivons en appréciant constamment Christ à cause de lui-même, nous le trouverons assurément comme celui qui nous délivre de la tentation. Si mon cœur est plein de Christ, les choses qui lui sont contraires n’ont aucun attrait pour moi. Je puis sentir d’autant plus mes manquements et ma faiblesse ; mais le Dieu qui, par sa puissance, nous a introduits dans cette place en Christ, est puissant pour nous y soutenir. Toute notre relation avec Dieu sur le terrain du vieil homme a été terminée à la croix ; tout est commencé de nouveau en parfaite bénédiction, dans la puissance de la délivrance dans laquelle nous avons été amenés en Christ. La place dans laquelle nous sommes ainsi placés commence depuis la croix, où je vois ma vieille nature jugée et mise de côté. Et c’est pour cela que l’apôtre peut tenir un langage comme celui-ci : « Quand nous étions dans la chair. » Il y a une foule, même de vrais croyants, qui disent : Que sommes nous maintenant, sinon des personnes en la chair ? Mais l’apôtre dit : « Quand nous étions dans la chair, » donnant évidemment à comprendre que nous ne sommes pas dans la chair maintenant. C’est là ce que nous étions dans le premier Adam. Le modèle qui nous est présenté pour notre marche a pour nous toute la réalité de sa puissance et de sa bénédiction, dès que nous voyons que nous ne sommes plus dans la chair, mais que nous sommes placés en Christ devant Dieu. Le gouvernement de Dieu intervient, et c’est là une autre chose ; mais nous sommes introduits dans cette place bénie, dans la lumière, dans la perfection de cette grâce qui nous y a amenés. Nous devrions pouvoir nous présenter, ayant nos cœurs mis au large par Dieu, et dire, même quand nous avons affaire au monde : Ce dont nous avons à vous entretenir, c’est d’un salut que nous possédons. J’ai trouvé Dieu, et je viens vous annoncer un salut que je possède, par le moyen de la puissance de Dieu qui opère la délivrance.

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