Le Messager Évangélique/1867/Les « fils de Dieu » en Genèse 6, verset 2
Explication de passages.
Un frère de l’Ardèche (J.-R. M.) nous a demandé ce qu’il faut entendre par « les fils de Dieu, » dont il est question en Gen. VI, 2. « Sont ce des anges, nous dit-il, ou des hommes ? Évidemment ils ne sont pas des anges, quoique les anges soient appelés fils de Dieu en Job (I, 6 ; II, 1 ; XXXVIII, 7). Il suffirait pour le prouver de citer Luc XX, 54-56, d’où l’on peut conclure que les anges ne se marient pas, et d’ailleurs il nous est dit qu’ils sont « des esprits » (Hébr. I, 14). Il y a quelque chose de repoussant pour le cœur chrétien à rabaisser ces serviteurs de Dieu au point de leur faire épouser les filles des hommes. Non, il est généralement admis, qu’ici les fils de Dieu sont les descendants de Seth, dont la généalogie est donnée au chapitre Vme, tandis que les filles des hommes seraient la lignée de Caïn, dont le chapitre IVme nous offre la suite.
Le nom « de fils de Dieu » donné aux fidèles, aux vrais enfants d’Ève, en grec : Zoé, c’est-à-dire, « la vie, » qu’Adam appela ainsi, « parce qu’elle a été la mère de tous les vivants, » ce nom se rattache, je crois, à ce qui est dit à la fin du verset 26 au chapitre IV. Après la naissance d’Énos (homme mortel) « on commença d’appeler du nom de l’Éternel, » ce qui signifie, en comparant És. XII, 4 ; XLIV, 5, « se réclamer publiquement du nom de Dieu, » c’est-à-dire, soit prendre le nom d’enfants de Dieu par opposition aux enfants du monde, soit rendre un culte public à Jéhovah. Nos versions les plus modernes favorisent ce dernier sens, en disant : « on commença d’invoquer le nom de l’Éternel. » Les autres, depuis Calvin à Osterwald, traduisent généralement : on commença d’appeler du nom de l’Éternel ; » ce que Calvin explique par cette note, où nous sommes, à bon droit, étonnes de voir figurer l’Église : « Alors avant qu’on fit distinction des membres de l’Église d’avec ceux de la race de Caïn, les fidèles s’appelant enfants de Dieu, et se renommant de son nom. » Diodati traduit : « Alors on commença de nommer une partie des hommes du nom de l’Éternel. »
C’est ce mélange des deux races, des saints et des impies, qui a amené la corruption générale que Dieu balaya par le déluge.—Il en est toujours ainsi, conformément au proverbe : « La corruption de ce qu’il y a de meilleur est la pire des corruptions. » Quoi qu’on en dise : le chrétien, en se mêlant avec le monde, se mondanise ; il s’affaiblit en cédant aux influences mondaines, sans en exercer aucune. Il est et demeurera toujours vrai que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. Ce commandement de Dieu subsiste et subsistera tant qu’il y aura ici-bas des fils de Dieu et des filles des hommes ou vice versa : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les infidèles… Sortez du milieu d’eux et vous en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous recevrai ; et je vous serai pour père, et vous me serez pour fils et pour filles » (2 Cor. VI, 14, 17, 18). Nous ne devrions jamais oublier que, comme on l’a dit, « le chrétien ne peut agir sur le monde qu’à proportion qu’il s’en sépare, et qu’il sera toujours trompé par une marche contraire. »