Le Mirage perpétuel/LA MUSIQUE/Violoncelle, ô voix humaine transformée

La bibliothèque libre.
Librairie Paul Ollendorff (p. 69-70).






Violoncelle, ô voix humaine transformée,
Plainte grave et par qui toute peine est calmée,
Quelle houle en mon cœur, quelle confusion
Laissent tes grands accents d’ardente passion !
Dans le frémissement des notes emportées,
Que de fois j’ai senti les cordes exaltées
Comme une volupté qui ne finirait plus
Faire frémir en moi des mondes inconnus !
La modulation des basses solennelles,
Les pizzicate fous des graves chanterelles

Ou l’envolée aérienne de ta voix
Me plongent tour à tour dans le doute et l’effroi.
Trilles profonds et qui me mordent toute l’âme,
Tendre accompagnement d’un chœur léger de femmes,
Vagues lentes berçant un rêve de douceur,
Brise tiède pareille au vent chargé d’odeurs,
Chant qui se glisse à ras du silence et qui passe,
Phrase comme un réseau de notes qui m’enlace,
Quelle houle en mon cœur, quelle confusion
Laissent tes grands accents d’ardente passion,
Plainte grave et par qui toute peine est calmée,

Violoncelle, ô voix humaine transformée !