Le Miroir des jours/L’apothéose
Apparence
L’apothéose (1912)
L’APOTHÉOSE
Par la vitre embrasée où meurt le soleil rouge
Qui rose la blancheur du rideau transparent,
Je regarde flamber sous l’azur fulgurant
Un arbre dont la tête à demi-chauve bouge.
Et dans cette splendeur baignant sa nudité,
Plein de lumière dont le prisme le colore,
Magnifique, il a l’air de croître dans l’aurore
Et de tremper au ciel son vieux front dévasté !
Droit sur le couchant pourpre, il découpe ses branches
Et ses rameaux pareils à du pâle corail,
Et dans sa cime ardente ouverte en éventail
Il balance de l’or mêlé de lueurs blanches.
Mais le royal soleil que le soir a surpris
Disparaît en laissant un vestige de gloire,
Et l’arbre qu’il a fait splendide, en l’ombre noire,
Nu de rayons, n’est plus qu’un vieil érable gris.