Le Montagnard exilé

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Le Montagnard exilé
Le Dernier AbencerageGarnier frèresŒuvres complètes tome III (p. 126-127).

Combien j’ai douce souvenance[1]
Du joli lieu de ma naissance !
Ma sœur, qu’ils étaient beaux, les jours
De France !
Ô mon pays, sois mes amours
Toujours !

Te souvient-il que notre mère,
Au foyer de notre chaumière,
Nous pressait sur son cœur joyeux,
Ma chère,
Et nous baisions ses blancs cheveux
Tous deux ?

Ma sœur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore !
Et de cette tant vieille tour
Du Maure,
Où l’airain sonnait le retour
Du jour ?

Te souvient-il du lac tranquille
Qu’effleurait l’hirondelle agile

Du vent qui courbait le roseau
Mobile,
Et du soleil couchant sur l’eau,
Si beau ?

Oh ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne et le grand chêne ?
Leur souvenir fait tous les jours
Ma peine :
Mon pays sera mes amours
Toujours !

  1. Cette romance est déjà connue du public. J’en avais composé les paroles pour un air des montagnes d’Auvergne, remarquable par sa douceur et sa simplicité.