Le Nid (Dussauze)/02

La bibliothèque libre.
Librairie Fischbacher (p. Grav.-17).
Maman est assise dans un grand fauteuil et fait la leçon à Pierrot et Jeanne. Jean lit dans le fond et Louisette coud sur un petit fauteuil à droite.
Les enfants à la maison

Chapitre II

Les Enfants à la Maison.

Les enfants ne vont pas à l’école.

On fait l’école à la maison, ce qui est bien plus amusant.

C’est Maman qui est la maîtresse, et elle est une très bonne maîtresse. Elle explique si bien les leçons difficiles !

C’est l’heure du travail maintenant, et tous les enfants ont promis à Maman d’être très sages et très appliqués.

Jean a fait une dictée.

Il y avait beaucoup de fautes dans cette dictée, et Maman a dit à Jean de recopier trois fois tous les mots difficiles. Jean n’aime pas du tout cela ; mais comme il a promis d’être sage, il ne veut pas murmurer, pour ne pas faire de peine à Maman.

Jeanne a fait une page d’écriture.

À présent, elle est en train d’apprendre une jolie poésie, qu’elle récitera à Papa, quand elle la saura tout entière.

Elle en sait déjà les deux premières lignes :

« Je le tiens, ce nid de fauvette !
Ils sont deux, trois, quatre petits ! »

Pierrot fait une page de grosse écriture.

Il écrit le mot « bonbons ».

Pierrot aime beaucoup les bonbons ; mais il trouve que c’est plus difficile d’écrire « bonbon » que d’en manger un. Il trouve que le b est une vilaine lettre, et il a beaucoup de peine à faire les b.

Quand il aura fini, Maman lui fera lire de petites phrases, comme celles-ci :

As-tu vu ma chatte ?
J’ai un joli livre.

Louisette est encore trop petite pour lire ou écrire ; mais elle sait ses lettres jusqu’à L, et elle peut compter jusqu’à vingt sans se tromper.

Jean a, fini de recopier les mots de sa dictée.

Maman lui donne à apprendre une leçon d’Histoire de France.

Jeanne sait le premier couplet de sa poésie ; Pierrot a fini sa page d’écriture, et il a lu les petites phrases dans son livre de lecture.

Maman met une grande carte géographique sur la table et dit :

« Maintenant, Jeanne et Pierrot, nous allons faire de la géographie. Approchez-vous de moi. »

Jeanne et Pierrot se mettent à genoux sur leurs chaises, pour mieux voir la carte.

— « Qu’est-ce que cette carte représente ? » demande Maman.

— « L’Europe, » répond Jeanne.

— « Oui. Est-ce que la France est en Europe, Pierrot ? »

— « Oui, Maman, la voilà. »

— « Quelle est la capitale de la France ? »

— « Paris, » disent en même temps Jeanne et Pierrot.

— « Montrez-moi Paris sur la carte. »

— « Voilà, Maman, sur la Seine, » dit Jeanne.

— « Très bien. Peux-tu me dire dans quelle mer la Seine se jette ? »

Jeanne hésite ; elle suit la Seine avec son doigt jusqu’à la mer.

« Ah ! je sais, Maman ! C’est dans la Manche. »

« Oui. Et quel est le pays de l’autre côté de la Manche ? »

« C’est l’Angleterre. »

— « Quelle est la capitale de l’Angleterre ? »

— « Londres », dit Jeanne.

— « Comment s’appelle le petit pays à gauche de l’Angleterre ? »

Pierrot répond :

— « C’est l’Italie. »

— « Non, » dit Jeanne ; « c’est l’Irlande. »

— « Tu sais bien où est l’Italie, Pierrot ? » demande Maman.

Pierrot ne sait pas.

Jeanne s’écrie :

« Voilà l’Italie, Maman ! C’est l’Italie qui est comme une grosse botte. »

— « Oui ; et quelle est la capitale de l’Italie ? »

— « Rome. »

— « Et quelle est la capitale de l’Irlande ? »

Pierrot ne sait pas.

Jeanne dit :

« C’est Berlin. »

— « Non, » dit Maman, « Berlin est en Allemagne. Cherchez sur la carte. »

— « Ah ! c’est Dublin. Dublin ressemble à Berlin, n’est-ce pas, Maman ? »

— « Oui, un peu ; mais il faut tâcher de ne pas les confondre. Nous avons fait assez de géographie pour aujourd’hui. Nous allons faire un peu de calcul.

Voyons, Pierrot, si tu as quatre pommes, et que je t’en donne encore deux, combien en auras-tu ? »

Pierrot réfléchit.

« Je trouve que c’est très difficile de répondre à cette question. »

« Tu en auras six, Pierrot, » dit Jeanne. « Quatre et deux font six, »

— « Ah ! » dit Pierrot.

— « Maintenant, si tu as quatre pommes et que je t’en prenne trois, combien en auras-tu ? »

— « Mais, Maman, j’aime mieux que tu n’en prennes pas ; j’aime mieux que tu m’en donnes. »

« Que tu es sot, Pierrot, » dit Jeanne ; « c’est seulement pour rire que Maman dit qu’elle les prendra. »

— « Vois-tu, Pierrot ; » dit Maman ; « je pourrai te les garder pour une autre fois. Tu ne pourrais pas en manger quatre à la fois, n’est-ce pas ? »

— « Oui, Maman, je crois que je pourrais les manger. »

— « Oh ! le petit gourmand ! Mais, vois-tu, cela te rendrait malade d’en manger tant ; et comme je n’aime pas que mon petit Pierrot soit malade, j’en mettrai trois de côté pour une autre fois. Combien en auras-tu à manger tout de suite ? »

Pierrot pousse un gros soupir :

« Je n’en aurai qu’une ; mais j’espère qu’elle sera grosse. »

« Maman, » dit Jean, je sais ma leçon. »

— « Bien, » dit, Maman, « viens me la réciter. »

Lorsque Jean a fini, Maman l’envoie à Papa, qui lui donnera une leçon de latin.

Jean est si grand maintenant, que Papa a dit qu’il devait commencer à apprendre le latin, et il lui donne une petite leçon tous les jours.

Jean est très fier d’apprendre le latin.

« Maintenant, Jeanne, tu vas faire un peu de couture. Pierrot, tu peux dessiner si tu veux. »

Pierrot aime beaucoup dessiner.

Il prend une feuille de papier blanc, et un crayon avec lequel il fera des chevaux, des vaches, des maisons et des arbres.

Jeanne est en train de faire un tablier pour sa poupée.

Il est presque fini, et Maman dit qu’il est très bien fait.

La poupée de Jeanne, qui s’appelle Lucie, sera très contente d’avoir un tablier fait par sa petite maman.

Louisette demande à Maman si elle peut coudre aussi.

Alors Maman lui donne un joli morceau d’étoffe ronge, une aiguille et un long bout de fil rouge.

Louisette voudrait avoir un dé, mais le dé de Maman est trop grand pour son petit doigt.

Il faut qu’elle couse sans dé, ce qui est très difficile, n’est-ce pas ?

Louisette fait deux ou trois points, puis elle pique son pauvre doigt si fort qu’une toute petite goutte de sang, comme une perle rouge, en sort.

Louisette dit :

« Oh !… » et deux larmes tombent de ses yeux sur son pauvre petit doigt.

Mais Maman embrasse le doigt blessé et dit :

« Ce n’est rien. »

Louisette est tout à fait consolée, et elle sourit.

Jean revient bientôt de sa leçon avec Papa, et Maman dit :

« Les leçons sont finies pour aujourd’hui. Je suis très contente de vous, mes chéris ; vous avez tous été sages. Allez jouer au jardin jusqu’au déjeuner ; et après le déjeuner, nous irons nous promener. »

— « Est-ce que Nounou et Bébé iront se promener avec nous, Maman ? » demande Louisette, qui aime beaucoup son petit frère.

— « Oui, certainement, » répond Maman, et Louisette est tout à fait contente.