Le Notaire Jofriau/00

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Éditions Albert Lévesque (p. 9-10).


AVERTISSEMENT



Une antique construction bâtie avec les matériaux de ce qui fut un manoir et qu’on nomme aujourd’hui « le hangar de pierre » s’élève au fond d’un jardin clos.

Dans le vieux régistre paroissial aux pages jaunies et fragiles, couvertes d’une écriture que deux siècles ont pâlie, on trouve la signature d’une jeune fille prédestinée qui fut, à douze ans, marraine d’un enfant de Varennes.

Deux pierres, fichées dans le sol, marquent l’endroit où se trouvait la porte franchie par Marguerite Dufrost de Lajemmerais, quand elle allait faire sa visite quotidienne à l’église.

Tels sont, d’un passé déjà lointain, les vestiges authentiques et émouvants qui ont inspiré l’idée de ce livre.

Le lecteur chercherait vainement à identifier les personnages et les épisodes de ce récit, qui sert de cadre à des souvenirs de l’époque sublime où notre terre était encore française.

Seuls, les faits historiques auxquels il est fait allusion, quelques noms et les descriptions locales sont véridiques. Le reste est une œuvre de pure imagination, sur laquelle, en toute révérence, nous avons laissé planer la noble et grande figure de Madame d’Youville.


Vieilles choses aux airs attendris et fidèles,
Immobiles toujours quand tout a disparu.

Tout le mystère humain, enclos en vous nous hante
Et nous sentons frémir doucement sous nos doigts
L’âme des siècles morts comme une chair vivante
Lorsque nous effleurons le sommeil de vos bois.


A. S.