Le Nouveau Testament (Martin, 1861)/Texte entier

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LE
NOUVEAU TESTAMENT
DE
NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST
REVU SUR LES ORIGINAUX
Par DAVID MARTIN,
MINISTRE DU SAINT ÉVANGILE À UTRECHT.

NEW YORK :
SOCIÉTÉ BIBLIQUE AMÉRICAINE,
FONDÉE EN MDCCCXVI.

1861.


NOMS DE TOUS LES LIVRES
DU NOUVEAU TESTAMENT.
AVEC LE NOMBRE DE LEURS CHAPITRES.

LES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT.
Matthieu, 
 Chap. 28
Marc, 
 16
Luc, 
 24
Jean, 
 21
Les Actes des Apôtres, 
 28
Epître aux Romains, 
 16
I. aux Corinthiens, 
 16
II. aux Corinthiens, 
 13
Aux Galates, 
 6
Aux Ephésiens, 
 6
Aux Philippiens, 
 4
Aux Colossiens, 
 4
I. aux Thessaloniciens, 
 5
II. aux Thessaloniciens, 
 3
I. à Timothée, 
 Chap. 6
II. à Timothée, 
 4
A Tite, 
 3
A Philémon, 
 1
Aux Hébreux, 
 13
Epître de Saint Jacques, 
 5
I. de Saint Pierre, 
 5
II. de Saint Pierre, 
 3
I. de Saint Jean, 
 5
II. de Saint Jean, 
 1
III. de Saint Jean, 
 1
Epître de Saint Jude, 
 1
Révélation de Saint Jean, 
 22

LE SAINT ÉVANGILE

SELON SAINT MATTHIEU.

CHAP. I.

La généalogie et naissance de Jésus-Christ.


LE livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.

2 Abraham engendra Isaac, et Isaac engendra Jacob, et Jacob engendra Juda et ses frères,

3 et Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar ; et Pharès engendra Esrom, et Esrom engendra Aram,

4 et Aram engendra Aminadab, et Aminadab engendra Naasson, et Naasson engendra Salmon,

5 et Salmon engendra Booz, de Rachab ; et Booz engendra Obed, de Ruth ; et Obed engendra Jessé,

6 et Jessé engendra le roi David, et le roi David engendra Salomon, de celle qui avait été femme d’Urie ;

7 et Salomon engendra Roboam, et Roboam engendra Abia, et Abia engendra Asa,

8 et Asa engendra Josaphat, et Josaphat engendra Joram, et Joram engendra Hozias,

9 et Hozias engendra Joatham, et Joatham engendra Achaz, et Achaz engendra Ezéchias,

10 et Ezéchias engendra Manassé, et Manassé engendra Amon, et Amon engendra Josias,

11 et Josias engendra Jakim et Jakim engendra Jéchonias et ses frères, vers le temps qu’ils furent transportés à Babylone.

12 Et après qu’ils eurent été transportés à Babylone, Jéchonias engendra Salathiël, et Salathiël engendra Zorobabel,

13 et Zorobabel engendra Abiud, et Abiud engendra Eliakim, et Eliakim engendra Azor,

14 et Azor engendra Sadoc, et Sadoc engendra Achim, et Achim engendra Eliud,

15 et Eliud engendra Eléazar, et Eléazar engendra Matthan, et Matthan engendra Jacob,

16 et Jacob engendra Joseph, le mari de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.

17 Ainsi toutes les générations, depuis Abraham jusqu’à David, sont quatorze générations ; et depuis David jusqu’au temps qu’ils furent transportés à Babylone, quatorze générations ; et depuis qu’ils eurent été transportés à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.

18 Or la naissance de Jésus-Christ arriva en cette manière : Comme Marie, sa mère, eut été fiancée à Joseph, avant qu’ils fussent ensemble, elle se trouva enceinte par l’opération du Saint-Esprit.

19 Et Joseph, son mari, parce qu’il était juste, et qu’il ne la voulait point diffamer, la voulut renvoyer secrètement.

20 Mais comme il pensait à ces choses, voici, l’ange du Seigneur lui apparut dans un songe, et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de recevoir Marie, ta femme ; car ce qui a été conçu en elle est du Saint-Esprit.

21 Et elle enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jésus ; car il sauvera son peuple de leurs péchés.

22 Or tout ceci est arrivé afin que fût accompli ce dont le Seigneur avait parlé par le prophète, en disant :

23 Voici, la vierge sera enceinte, et elle enfantera un fils, et on appellera son nom Emmanuel, ce qui signifie, Dieu avec nous.

24 Joseph, étant donc réveillé de son sommeil, fit comme l’ange du Seigneur lui avait commandé, et reçut sa femme.

25 Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté son fils premier-né, et il appela son nom Jésus.

CHAP. II.

L’arrivée des mages à Jérusalem. Hérode. Jésus-Christ en Égypte.


OR Jésus étant né à Bethléhem, ville de Juda, au temps du Roi Hérode, voici arriver des sages d’Orient à Jérusalem,

2 en disant : Où est le roi des Juifs qui est né ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.

3 Ce que le roi Hérode ayant entendu, il en fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.

4 Et ayant assemblé tous les principaux sacrificateurs, et les scribes du peuple, il s’informa d’eux où le Christ devait naître.

5 Et ils lui dirent : A Bethléhem, ville de Judée ; car il est ainsi écrit par un prophète :

6 Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n’es nullement la plus petite entre les gouverneurs de Juda ; car de toi sortira le Conducteur qui paîtra mon peuple d’Israël.

7 Alors Hérode, ayant appelé en secret les sages, s’informa d’eux soigneusement du temps que l’étoile leur était apparue.

8 Et les envoyant à Bethléhem, il leur dit : Allez, et vous informez soigneusement touchant le petit enfant ; et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’y aille aussi, et que je l’adore.

9 Eux donc ayant ouï le roi, s’en allèrent ; et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’elle vint et s’arrêta sur le lieu où était le petit enfant.

10 Et quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une fort grande joie.

11 Et étant entrés dans la maison, ils trouvèrent le petit enfant avec Marie, sa mère, lequel ils adorèrent, en se prosternant en terre ; et, après avoir déployé leurs trésors, ils lui offrirent des présens, savoir, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

12 Puis étant divinement avertis dans un songe de ne retourner point vers Hérode, ils se retirèrent en leur pays par un autre chemin.

13 Or, après qu’ils se furent retirés, voici, l’ange du Seigneur apparut dans un songe à Joseph, et lui dit : Lève-toi, et prends le petit enfant et sa mère, et t’enfuis en Égypte, et demeure là jusqu’à ce que je te le dise ; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir.

14 Joseph donc étant réveillé, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte.

15 Et il demeura là jusqu’à la mort d’Hérode, afin que fût accompli ce dont le Seigneur avait parlé par un prophète, disant : J’ai appelé mon Fils hors d’Égypte.

16 Alors Hérode, voyant que les sages s’étaient moqués de lui, fut fort en colère, et il envoya tuer tous les enfans qui étaient dans Bethléhem, et dans tout son territoire, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était exactement informé des sages.

17 Alors fut accompli ce dont avait parlé Jérémie le prophète, en disant :

18 On a ouï à Rama un cri, une lamentation, des plaintes, et un grand gémissement ; Rachel pleurant ses enfans, et n’ayant point voulu être consolée de ce qu’ils ne sont plus.

19 Mais après qu’Hérode fut mort, voici, l’ange du Seigneur apparut dans un songe à Joseph, en Égypte,

20 et lui dit : Lève-toi, et prends le petit enfant et sa mère, et t’en va au pays d’Israël ; car ceux qui cherchaient à ôter la vie au petit enfant sont morts.

21 Joseph donc s’étant réveillé, prit le petit enfant et sa mère, et s’en vint au pays d’Israël.

22 Mais quand il eut appris qu’Archélaüs régnait en Judée, à la place d’Hérode, son père, il craignit d’y aller ; et étant divinement averti dans un songe, il se retira en Galilée.

23 Et y étant arrivé il habita dans la ville appelée Nazareth, afin que fût accompli ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazarien.

CHAP. III.

Jean-Baptiste prêche dans le désert ; il baptise Jésus-Christ au Jourdain.


OR en ce temps-là vint Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de la Judée,

2 et disant : Convertissez-vous, car le royaume des cieux est proche.

3 Car c’est ici celui dont il a été parlé par Esaïe le prophète, en disant : La voix de celui qui crie dans le désert est : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers.

4 Or Jean avait son vêtement de poil de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins ; et son manger était des sauterelles et du miel sauvage.

5 Alors les habitans de Jérusalem, et de toute la Judée, et de tout le pays des environs du Jourdain vinrent à lui.

6 Et ils étaient baptisés par lui au Jourdain, confessant leurs péchés.

7 Mais voyant plusieurs des pharisiens et des sadducéens venir à son baptême, il leur dit : Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère à venir ?

8 Faites donc des fruits convenables à la repentance.

9 Et ne présumez point de dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut faire naître de ces pierres même des enfans à Abraham.

10 Or la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; c’est pourquoi tout arbre, qui ne fait point de bon fruit, va être coupé et jeté au feu.

11 Pour moi, je vous baptise d’eau en signe de repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers ; celui-là vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.

12 Il a son van en sa main, et il nettoiera entièrement son aire, et il assemblera son froment au grenier ; mais il brûlera la paille au feu qui ne s’éteint point.

13 Alors Jésus vint de Galilée au Jourdain vers Jean pour être baptisé par lui.

14 Mais Jean l’en empêchait fort, en lui disant : J’ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens vers moi !

15 Et Jésus répondant, lui dit : Laisse-moi faire pour le présent ; car il nous est ainsi convenable d’accomplir toute justice. Et alors il le laissa faire.

16 Et quand Jésus eut été baptisé, il sortit incontinent hors de l’eau ; et voilà, les cieux lui furent ouverts, et Jean vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe, et venant sur lui.

17 Et voilà une voix du ciel, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai pris mon bon plaisir.

CHAP. IV.

Jeûne de Jésus-Christ. Pierre et André. Jacques et Jean.


ALORS Jésus fut emmené par l’Esprit au désert, pour y être tenté par le diable.

2 Et quand il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, finalement il eut faim.

3 Et le tentateur s’approchant, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.

4 Mais Jésus répondit, et dit : Il est écrit : L’homme ne vivra point de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

5 Alors le diable le transporta dans la sainte ville, et le mit sur les créneaux du temple ;

6 et il lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il ordonnera à ses anges de te porter en leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre quelque pierre.

7 Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.

8 Le diable le transporta encore sur une fort haute montagne, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire ;

9 et il lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si, en te prosternant en terre, tu m’adores.

10 Mais Jésus lui dit : Va, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.

11 Alors le diable le laissa, et voilà, les anges s’approchèrent, et le servirent.

12 Or Jésus ayant ouï dire que Jean avait été mis en prison, se retira en Galilée.

13 Et ayant quitté Nazareth, il alla demeurer à Capernaüm, ville maritime, sur les confins de Zabulon et de Nephthali ;

14 afin que fût accompli ce dont il avait été parlé par Esaïe le prophète, disant :

15 Le pays de Zabulon, et le pays de Nephthali, vers le chemin de la mer, au-delà du Jourdain, la Galilée des Gentils ;

16 ce peuple, qui était assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière ; et à ceux qui étaient assis dans la région et dans l’ombre de la mort la lumière s’est levée.

17 Dès-lors Jésus commença à prêcher, et à dire : Convertissez-vous, car le royaume des cieux est proche.

18 Et comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, savoir Simon, qui fut appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs.

19 Et il leur dit : Venez après moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.

20 Et ayant aussitôt quitté leurs filets, ils le suivirent.

21 Et de là étant allé plus avant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, dans une nacelle, avec Zébédée, leur père, qui raccommodaient leurs filets, et il les appela.

22 Et ayant aussitôt quitté leur nacelle et leur père, ils le suivirent.

23 Et Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du royaume, et guérissant toutes sortes de maladies, et toutes sortes de langueurs parmi le peuple.

24 Et sa renommée se répandit par toute la Syrie ; et on lui présentait tous ceux qui se portaient mal, tourmentés de diverses maladies, les démoniaques, les lunatiques, les paralytiques, et il les guérissait.

25 Et de grandes troupes de peuple le suivirent de Galilée, et de Décapolis, et de Jérusalem, et de Judée, et de delà le Jourdain.

CHAP. V.

Le Seigneur prêche sur une montagne.


OR Jésus voyant tout ce peuple, monta sur une montagne ; puis s’étant assis, ses disciples s’approchèrent de lui ;

2 et ayant commencé à parler, il les enseignait de la sorte :

3 Bienheureux sont les pauvres en esprit ; car le royaume des cieux est à eux.

4 Bienheureux sont ceux qui pleurent ; car ils seront consolés.

5 Bienheureux sont les débonnaires ; car ils hériteront la terre.

6 Bienheureux sont ceux qui sont affamés et altérés de la justice ; car ils seront rassasiés.

7 Bienheureux sont les miséricordieux ; car miséricorde leur sera faite.

8 Bienheureux sont ceux qui sont nets de cœur ; car ils verront Dieu.

9 Bienheureux sont ceux qui procurent la paix ; car ils seront appelés enfans de Dieu.

10 Bienheureux sont ceux qui sont persécutés pour la justice ; car le royaume des cieux est à eux.

11 Vous serez bienheureux quand on vous aura injuriés et persécutés, et quand, à cause de moi, on aura dit faussement contre vous toute sorte de mal.

12 Réjouissez-vous, et tressaillez de joie, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car on a ainsi persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

13 Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi le salera-t-on ? Il ne vaut plus rien qu’à être jeté dehors, et foulé des hommes.

14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut point être cachée.

15 Et on n’allume point la lampe pour la mettre sous un boisseau, mais sur un chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.

16 Ainsi, que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est aux cieux.

17 Ne croyez pas que je sois venu anéantir la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu les anéantir, mais les accomplir.

18 Car je vous dis, en vérité, que jusqu’à ce que le ciel et la terre soient passés, un seul iota, ou un seul trait de lettre, ne passera point, que toutes ces choses ne soient faites.

19 Celui donc qui aura violé l’un de ces petits commandemens, et qui aura enseigné ainsi les hommes, sera tenu le plus petit au royaume des cieux ; mais celui qui les aura faits et enseignés, sera tenu grand au royaume des cieux.

20 Car je vous dis que si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et qui tuera sera punissable par le jugement.

22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère sans cause contre son frère, sera punissable par le jugement ; et celui qui dira à son frère, Racha, sera punissable par le conseil ; et celui qui lui dira, Fou, sera punissable par la géhenne du feu.

23 Si donc tu apportes ton offrande à l’autel, et que là il te souvienne que ton frère a quelque chose contre toi ;

24 laisse là ton offrande devant l’autel, et va te réconcilier premièrement avec ton frère ; puis viens, et offre ton offrande.

25 Sois bientôt d’accord avec ta partie adverse, tandis que tu es en chemin avec elle ; de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison.

26 En vérité, je te dis que tu ne sortiras point de là, jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quadrain.

27 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point adultère.

28 Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis dans son cœur un adultère avec elle.

29 Que si ton œil droit te fait broncher, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.

30 Et si ta main droite te fait broncher, coupe-la, et jette-la loin de toi ; car il vaut mieux qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.

31 Il a été dit encore : Si quelqu’un répudie sa femme, qu’il lui donne la lettre de divorce.

32 Mais moi, je vous dis que quiconque aura répudié sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, il la fait devenir adultère ; et quiconque se mariera à la femme répudiée, commet un adultère.

33 Vous avez aussi appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point ; mais tu rendras au Seigneur ce que tu auras promis par jurement.

34 Mais moi, je vous dis : Ne jurez en aucune manière ; ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu ;

35 ni par la terre, car c’est le marchepied de ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi.

36 Tu ne jureras point non plus par ta tête ; car tu ne peux faire un cheveu blanc ou noir.

37 Mais que votre parole soit : Oui, Oui, Non, Non ; car ce qui est de plus est mauvais.

38 Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.

39 Mais moi, je vous dis : Ne résistez point au mal ; mais si quelqu’un te frappe à ta joue droite, présente-lui aussi l’autre.

40 Et si quelqu’un veut plaider contre toi, et t’ôter ta robe, laisse-lui encore le manteau.

41 Et si quelqu’un te veut contraindre d’aller avec lui une lieue, vas-en deux.

42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.

43 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.

44 Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et bénissez ceux qui vous maudissent ; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous courent sus et vous persécutent ;

45 afin que vous soyez les enfans de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchans et sur les gens de bien, et il envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes.

46 Car si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Les péagers même n’en font-ils pas tout autant ?

47 Et si vous faites accueil seulement à vos frères, que faites-vous plus que les autres ? Les péagers même ne le font-ils pas aussi ?

48 Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait.

CHAP. VI.

Continuation du sermon de Jésus-Christ.


PRENEZ garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes pour en être regardés ; autrement vous n’en recevrez point la récompense de votre Père qui est aux cieux.

2 Lors donc que tu feras ton aumône, ne fais point sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites font dans les synagogues et dans les rues, pour en être honorés des hommes. En vérité, je vous dis qu’ils reçoivent leur récompense.

3 Mais quand tu fais ton aumône, que ta main gauche ne sache point ce que fait ta droite.

4 Afin que ton aumône soit dans le secret ; et ton Père qui voit ce qui se fait en secret t’en récompensera publiquement.

5 Et quand tu prieras, ne sois point comme les hypocrites ; car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, afin d’être vus des hommes. En vérité, je vous dis qu’ils reçoivent leur récompense.

6 Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet ; et ayant fermé ta porte, prie ton Père qui te voit dans ce lieu secret ; et ton Père qui te voit dans ce lieu secret, te récompensera publiquement.

7 Or, quand vous priez, n’usez point de vaines redites, comme font les païens ; car ils s’imaginent d’être exaucés en parlant beaucoup.

8 Ne leur ressemblez donc point ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

9 Vous donc priez ainsi : Notre Père qui es aux cieux, ton nom soit sanctifié.

10 Ton règne vienne. Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

11 Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.

12 Et nous quitte nos dettes, comme nous quittons aussi les dettes à nos débiteurs.

13 Et ne nous induis point en tentation ; mais délivre-nous du mal. Car à toi est le règne, et la puissance, et la gloire à jamais. Amen.

14 Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres.

15 Mais si vous ne pardonnez point aux hommes leurs offenses, votre Père ne vous pardonnera point non plus vos offenses.

16 Et quand vous jeûnerez, ne prenez point un air triste, comme font les hypocrites ; car ils se rendent tout défaits de visage, afin qu’il paraisse aux hommes qu’ils jeûnent. En vérité, je vous dis qu’ils reçoivent leur récompense.

17 Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête, et lave ton visage ;

18 afin qu’il ne paraisse point aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est présent dans ton lieu secret ; et ton Père qui te voit dans ton lieu secret te récompensera publiquement.

19 Ne vous amassez point des trésors sur la terre, que les vers et la rouille consument, et que les larrons percent et dérobent.

20 Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne consument rien, et où les larrons ne percent ni ne dérobent.

21 Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur.

22 L’œil est la lumière du corps ; si donc ton œil est net, tout ton corps sera éclairé.

23 Mais si ton œil est mal disposé, tout ton corps sera ténébreux ; si donc la lumière qui est en toi n’est que ténèbres, combien seront grandes les ténèbres mêmes ?

24 Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre ; vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.

25 C’est pourquoi je vous dis : Ne soyez point en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez, et de ce que vous boirez ; ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?

26 Considérez les oiseaux du ciel, car ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni n’assemblent dans des greniers, et cependant votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas beaucoup plus excellens qu’eux ?

27 Et qui est celui d’entre vous, qui puisse par son souci ajouter une coudée à sa taille ?

28 Et pourquoi êtes-vous en souci du vêtement ? Apprenez comment croissent les lis des champs ; ils ne travaillent ni ne filent.

29 Cependant, je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux.

30 Si donc Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui est aujourd’hui sur pied, et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas beaucoup plutôt, ô gens de petite foi ?

31 Ne soyez donc point en souci, disant : Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ?

32 Vu que les païens recherchent toutes ces choses ; car votre Père céleste connaît que vous avez besoin de toutes ces choses.

33 Mais cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par dessus.

34 Ne soyez donc point en souci pour le lendemain ; car le lendemain prendra soin de ce qui le regarde : à chaque jour suffit sa peine.

CHAP. VII.

Jésus-Christ défend de mal juger du prochain. La parabole de l’homme qui bâtit sa maison sur le roc.


NE jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.

2 Car de tel jugement que vous jugerez, vous serez jugés ; et de telle mesure que vous mesurerez, on vous mesurera réciproquement.

3 Et pourquoi regardes-tu le fétu qui est dans l’œil de ton frère, et tu ne prends pas garde à la poutre qui est dans ton œil ?

4 Ou comment dis-tu à ton frère : Permets que j’ôte de ton œil ce fétu, et voilà, tu as une poutre dans ton œil ?

5 Hypocrite, ôte premièrement de ton œil la poutre, et après cela tu verras comment tu ôteras le fétu de l’œil de ton frère.

6 Ne donnez point les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent à leurs pieds, et que se retournant ils ne vous déchirent.

7 Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert.

8 Car quiconque demande, reçoit ; et quiconque cherche, trouve ; et il sera ouvert à celui qui heurte.

9 Mais qui sera l’homme d’entre vous qui donne une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ?

10 Et s’il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ?

11 Si donc vous, qui êtes méchans, savez bien donner à vos enfans des choses bonnes, combien plus votre Père qui est aux cieux, donnera-t-il des biens à ceux qui les lui demandent !

12 Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi de même, car c’est la loi et les prophètes.

13 Entrez par la porte étroite, car c’est la porte large et le chemin spacieux qui mène à la perdition ; et il y en a beaucoup qui entrent par elle.

14 Car la porte est étroite, et le chemin est étroit qui mène à la vie ; et il y en a peu qui le trouvent.

15 Or gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en habits de brebis, mais qui au-dedans sont des loups ravissans.

16 Vous les connaîtrez à leurs fruits : Cueille-t-on les raisins à des épines, ou les figues à des chardons ?

17 Ainsi tout bon arbre fait de bons fruits ; mais le mauvais arbre fait de mauvais fruits.

18 Le bon arbre ne peut point faire de mauvais fruits, ni le mauvais arbre faire de bons fruits.

19 Tout arbre qui ne fait point de bon fruit, est coupé et jeté au feu.

20 Vous les connaîtrez donc à leurs fruits.

21 Tous ceux qui me disent : Seigneur ! Seigneur ! n’entreront pas dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux.

22 Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur ! Seigneur ! n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? et n’avons-nous pas chassé les démons en ton nom ? et n’avons-nous pas fait plusieurs miracles en ton nom ?

23 Mais je leur dirai alors tout ouvertement : Je ne vous ai jamais reconnus ; retirez-vous de moi, vous qui vous adonnez à l’iniquité.

24 Quiconque entend donc ces paroles que je dis, et les met en pratique, je le comparerai à l’homme prudent, qui a bâti sa maison sur la roche ;

25 et lorsque la pluie est tombée, et que les torrens sont venus, et que les vents ont soufflé, et ont donné contre cette maison, elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur la roche.

26 Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met point en pratique, sera semblable à l’homme insensé, qui a bâti sa maison sur le sable ;

27 et lorsque la pluie est tombée, et que les torrens sont venus, et que les vents ont soufflé, et ont donné contre cette maison, elle est tombée, et sa ruine a été grande.

28 Or il arriva que quand Jésus eut achevé ce discours, les troupes furent étonnées de sa doctrine ;

29 car il les enseignait comme ayant de l’autorité, et non pas comme les scribes.

CHAP. VIII.

Jésus-Christ guérit un lépreux et le serviteur d’un centenier, et la belle-mère de saint Pierre. Gergéséniens.


ET quand il fut descendu de la montagne, de grandes troupes le suivirent.

2 Et voici, un lépreux vint et se prosterna devant lui, en lui disant : Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre net.

3 Et Jésus étendant la main, le toucha, en disant : Je le veux, sois net ; et incontinent sa lèpre fut guérie.

4 Puis Jésus lui dit : Prends garde de ne le dire à personne ; mais va, et te montre au sacrificateur, et offre le don que Moïse a ordonné, afin que cela leur serve de témoignage.

5 Et quand Jésus fut entré dans Capernaüm, un centenier vint à lui, le priant,

6 et disant : Seigneur, mon serviteur est paralytique dans ma maison, et il souffre extrêmement.

7 Jésus lui dit : J’irai, et je le guérirai.

8 Mais le centenier lui répondit : Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement la parole, et mon serviteur sera guéri.

9 Car moi-même, qui suis un homme constitué sous la puissance d’autrui, j’ai sous moi des gens de guerre, et je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.

10 Ce que Jésus ayant entendu, il s’en étonna, et dit à ceux qui le suivaient : En vérité, je vous dis que je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi.

11 Mais je vous dis que plusieurs viendront d’Orient et d’Occident, et seront à table dans le royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob.

12 Et les enfans du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors, où il y aura des pleurs et des grincemens de dents.

13 Alors Jésus dit au centenier : Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru. Et à l’heure même son serviteur fut guéri.

14 Puis Jésus étant venu dans la maison de Pierre, vit la belle-mère de Pierre qui était au lit, et qui avait la fièvre.

15 Et lui ayant touché la main, la fièvre la quitta ; puis elle se leva, et les servit.

16 Et le soir étant venu, on lui présenta plusieurs démoniaques, desquels il chassa par sa parole les esprits malins, et guérit tous ceux qui se portaient mal ;

17 afin que fût accompli ce dont il avait été parlé par Esaïe le prophète, en disant : Il a pris nos langueurs, et a porté nos maladies.

18 Or Jésus voyant autour de lui de grandes troupes, commanda de passer à l’autre rivage.

19 Et un scribe s’approchant, lui dit : Maître, je te suivrai partout où tu iras.

20 Et Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où il puisse reposer sa tête.

21 Puis un autre de ses disciples lui dit : Seigneur, permets-moi d’aller premièrement ensevelir mon père.

22 Et Jésus lui dit : Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.

23 Et quand il fut entré dans la nacelle, ses disciples le suivirent.

24 Et, voici, il s’éleva sur la mer une si grande tempête, que la nacelle était couverte de flots ; et Jésus dormait.

25 Et ses disciples vinrent, et l’éveillèrent, en lui disant : Seigneur, sauve-nous, nous périssons !

26 Et il leur dit : Pourquoi avez-vous peur, gens de petite foi ? Alors s’étant levé, il parla fortement aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme.

27 Et les gens qui étaient là s’en étonnèrent, et dirent : Qui est celui-ci que les vents même et la mer lui obéissent ?

28 Et quand il fut passé à l’autre côté, dans le pays des Gergéséniens, deux démoniaques étant sortis des sépulcres vinrent le rencontrer ; et ils étaient si dangereux que personne ne pouvait passer par ce chemin-là.

29 Et, voici, ils s’écrièrent, en disant : Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici nous tourmenter avant le temps ?

30 Or, il y avait un peu loin d’eux un grand troupeau de pourceaux qui paissait.

31 Et les démons le priaient, en disant : Si tu nous jettes dehors, permets-nous de nous en aller dans ce troupeau de pourceaux.

32 Et il leur dit : Allez. Et eux étant sortis, s’en allèrent dans le troupeau de pourceaux ; et, voilà, tout ce troupeau de pourceaux se précipita dans la mer, et ils moururent dans les eaux.

33 Et ceux qui les gardaient s’enfuirent, et étant venus dans la ville, ils racontèrent toutes ces choses, et ce qui était arrivé aux démoniaques.

34 Et voilà, toute la ville alla au-devant de Jésus ; et l’ayant vu, ils le prièrent de se retirer de leur pays.

CHAP. IX.

Jésus-Christ guérit diverses maladies ; ressuscite une fille morte.


ALORS, étant entré dans la nacelle, il repassa la mer, et vint en sa ville.

2 Et, voici, on lui présenta un paralytique couché dans un lit. Et Jésus voyant leur foi, dit au paralytique : Aie bon courage, mon fils ! tes péchés te sont pardonnés.

3 Et, voici, quelques-uns des scribes disaient en eux-mêmes : Celui-ci blasphème.

4 Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Pourquoi pensez-vous du mal dans vos cœurs ?

5 Car lequel est le plus aisé, ou de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, et marche ?

6 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés, il dit alors au paralytique : Lève-toi, charge ton lit, et t’en va en ta maison.

7 Et il se leva, et s’en alla en sa maison.

8 Ce que les troupes ayant vu, elles s’en étonnèrent, et elles glorifièrent Dieu de ce qu’il avait donné une telle puissance aux hommes.

9 Puis Jésus passant plus avant, vit un homme, nommé Matthieu, assis au lieu du péage, et il lui dit : Suis-moi, et il se leva, et le suivit.

10 Et comme Jésus était à table dans la maison de Matthieu, voici, plusieurs péagers, et des gens de mauvaise vie, qui étaient venus là, se mirent à table avec Jésus et ses disciples.

11 Ce que les pharisiens ayant vu, ils dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec des péagers et des gens de mauvaise vie ?

12 Mais Jésus l’ayant entendu, leur dit : Ceux qui sont en santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal.

13 Mais allez, et apprenez ce que veulent dire ces paroles : Je veux miséricorde, et non pas sacrifice ; car je ne suis pas venu pour appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs.

14 Alors les disciples de Jean vinrent à lui, et lui dirent : Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous souvent, et tes disciples ne jeûnent point ?

15 Et Jésus leur répondit : Les gens de la chambre du nouveau marié peuvent-ils s’affliger pendant que le nouveau marié est avec eux ? Mais les jours viendront que le nouveau marié leur sera ôté, et c’est alors qu’ils jeûneront.

16 Aussi personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux habit ; car ce qui est mis pour remplir, emporte de l’habit, et la déchirure en est plus grande.

17 On ne met pas non plus le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement les vaisseaux se rompent, et le vin se répand, et les vaisseaux périssent ; mais on met le vin nouveau dans des vaisseaux neufs, et l’un et l’autre se conservent.

18 Comme il leur disait ces choses, voici venir un seigneur qui se prosterna devant lui, en lui disant : Ma fille est déjà morte ; mais viens, et pose ta main sur elle, et elle vivra.

19 Et Jésus s’étant levé, le suivit avec ses disciples.

20 Et, voici, une femme travaillée d’une perte de sang depuis douze ans, vint par derrière, et toucha le bord de son vêtement.

21 Car elle disait en elle-même : Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie.

22 Et Jésus s’étant retourné, et la regardant, lui dit : Aie bon courage, ma fille ! ta foi t’a sauvée. Et dans ce moment la femme fut guérie.

23 Or quand Jésus fut arrivé à la maison de ce seigneur, et qu’il eut vu les joueurs d’instrumens, et une troupe de gens qui faisait un grand bruit,

24 il leur dit : Retirez-vous, car la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort ; et ils se moquaient de lui.

25 Après donc qu’on eut fait sortir toute cette troupe, il entra, et prit la main de la jeune fille, et elle se leva.

26 Et le bruit s’en répandit par tout ce pays-là.

27 Et comme Jésus passait plus loin, deux aveugles le suivirent, en criant et disant : Fils de David, aie pitié de nous !

28 Et quand il fut arrivé dans la maison, ces aveugles vinrent à lui, et il leur dit : Croyez-vous que je puisse faire ce que vous me demandez ? Ils lui répondirent : Oui, vraiment, Seigneur.

29 Alors il toucha leurs yeux, en disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi.

30 Et leurs yeux furent ouverts ; et Jésus leur défendit avec menaces, disant : Prenez garde que personne ne le sache.

31 Mais eux étant partis, répandirent sa renommée dans tout ce pays-là.

32 Et comme ils sortaient, voici, on lui présenta un homme muet et démoniaque.

33 Et quand le démon eut été chassé dehors, le muet parla ; et les troupes s’en étonnèrent, en disant : Il ne s’est jamais rien vu de semblable en Israël.

34 Mais les pharisiens disaient : Il chasse les démons par le prince des démons.

35 Or Jésus allait dans toutes les villes et dans les bourgades, enseignant dans leurs synagogues, et prêchant l’évangile du royaume, et guérissant toutes sortes de maladies, et toutes sortes d’infirmités parmi le peuple.

36 Et voyant les troupes, il en fut ému de compassion, parce qu’ils étaient dispersés et errans comme des brebis qui n’ont point de pasteur.

37 Et il dit à ses disciples : Certes la moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers.

38 Priez donc le seigneur de la moisson, qu’il envoie des ouvriers en sa moisson.

CHAP. X.

Les douze apôtres appelés.


ALORS Jésus ayant appelé ses douze disciples, leur donna puissance sur les esprits immondes pour les chasser hors des possédés, et pour guérir toutes sortes de maladies, et toutes sortes d’infirmités.

2 Et ce sont ici les noms des douze apôtres : Le premier est Simon, nommé Pierre, et André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère ;

3 Philippe et Barthélemi ; Thomas, et Matthieu, le péager ; Jacques, fils d’Alphée, et Lebbée, surnommé Thaddée ;

4 Simon Cananéen, et Judas Iscariot, qui même le trahit.

5 Jésus envoya ces douze, et leur commanda, en disant : N’allez point vers les Gentils, et n’entrez point dans aucune ville des Samaritains ;

6 mais plutôt allez vers les brebis perdues de la maison d’Israël.

7 Et quand vous serez partis, prêchez, en disant : Le royaume des cieux est proche.

8 Guérissez les malades, rendez nets les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons hors des possédés ; vous l’avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement.

9 Ne faites provision ni d’or, ni d’argent, ni de monnaie dans vos ceintures ;

10 ni de sac pour le voyage, ni de deux robes, ni de souliers, ni de bâton ; car l’ouvrier est digne de sa nourriture.

11 Et dans quelque ville ou bourgade que vous entriez, informez-vous qui y est digne de vous loger ; et demeurez chez lui jusqu’à ce que vous partiez de là.

12 Et quand vous entrerez dans quelque maison, saluez-la.

13 Et si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne à vous.

14 Mais lorsque quelqu’un ne vous recevra point, et n’écoutera point vos paroles, secouez en partant de cette maison, ou de cette ville, la poussière de vos pieds.

15 Je vous dis, en vérité, que ceux du pays de Sodome et de Gomorrhe seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.

16 Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudens comme des serpens, et simples comme des colombes.

17 Et donnez-vous garde des hommes ; car ils vous livreront aux consistoires, et vous fouetteront dans leurs synagogues.

18 Et vous serez menés devant les gouverneurs, et même devant les rois, à cause de moi, pour leur rendre témoignage de moi, de même qu’aux nations.

19 Mais quand ils vous livreront, ne soyez point en peine de ce que vous aurez à dire, ni comment vous parlerez, parce qu’il vous sera donné dans ce moment-là ce que vous aurez à dire.

20 Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parlera par vous.

21 Or, le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant, et les enfans s’élèveront contre leurs pères et leurs mères et les feront mourir.

22 Et vous serez haïs de tous, à cause de mon nom ; mais quiconque persévérera jusqu’à la fin, sera sauvé.

23 Or, quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre ; car, en vérité, je vous dis que vous n’aurez pas achevé de parcourir toutes les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu.

24 Le disciple n’est point au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur.

25 Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S’ils ont appelé le père de famille Béelzebul, combien plus appelleront-ils ainsi ses domestiques ?

26 Ne les craignez donc point. Or, il n’y a rien de caché qui ne se découvre, ni rien de secret qui ne vienne à être connu.

27 Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière ; et ce que je vous dis à l’oreille, prêchez-le sur les maisons.

28 Et ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent point tuer l’âme ; mais plutôt craignez celui qui peut perdre et l’âme et le corps en les jetant dans la géhenne.

29 Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou ? Et cependant aucun d’eux ne tombe point en terre sans la volonté de votre Père.

30 Et les cheveux même de votre tête sont tous comptés.

31 Ne craignez donc point ; vous valez mieux que beaucoup de passereaux.

32 Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux.

33 Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux.

34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je n’y suis pas venu apporter la paix, mais l’épée.

35 Car je suis venu mettre en division le fils contre son père, et la fille contre sa mère, et la belle-fille contre sa belle-mère.

36 Et les propres domestiques d’un homme seront ses ennemis.

37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi.

38 Et quiconque ne prend pas sa croix, et ne vient après moi, n’est pas digne de moi.

39 Celui qui aura conservé sa vie, la perdra ; mais celui qui aura perdu sa vie pour l’amour de moi, la retrouvera.

40 Celui qui vous reçoit, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.

41 Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra la récompense d’un prophète ; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra la récompense d’un juste.

42 Et quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau froide à un de ces petits en qualité de disciple, je vous dis, en vérité, qu’il ne perdra point sa récompense.

CHAP. XI.

Réponse de Jésus-Christ aux disciples de Jean-Baptiste. Corazin, Bethsaïda, Capernaüm reprochées.


ET il arriva que quand Jésus eut achevé de donner ses ordres à ses douze disciples, il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans leurs villes.

2 Or Jean ayant ouï parler dans la prison des actions de Christ, envoya deux de ses disciples pour lui dire :

3 Es-tu celui qui devait venir, ou si nous devons en attendre un autre ?

4 Et Jésus répondant, leur dit : Allez, et rapportez à Jean les choses que vous entendez et que vous voyez.

5 Les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont nettoyés, les sourds entendent, les morts sont ressuscités, et l’évangile est annoncé aux pauvres.

6 Mais bienheureux est celui qui n’aura point été scandalisé en moi.

7 Et comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire de Jean aux troupes : Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité du vent ?

8 Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu de précieux vêtemens ? Voici, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois.

9 Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.

10 Car il est celui duquel il a été ainsi écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, lequel préparera ton chemin devant toi.

11 En vérité, je vous dis qu’entre ceux qui sont nés d’une femme, il n’en a été suscité aucun plus grand que Jean-Baptiste ; toutefois celui qui est le moindre dans le royaume des cieux, est plus grand que lui.

12 Or depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est forcé, et les violens le ravissent.

13 Car tous les prophètes et la loi jusqu’à Jean ont prophétisé.

14 Et si vous voulez recevoir mes paroles, c’est Elie qui devait venir.

15 Qui a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

16 Mais à qui comparerai-je cette génération ? Elle est semblable aux petits enfans qui sont assis aux marchés, et qui crient à leurs compagnons,

17 et leur disent : Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous vous avons chanté des airs lugubres, et vous ne vous êtes point lamentés.

18 Car Jean est venu ne mangeant ni ne buvant ; et ils disent : Il a un démon.

19 Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant ; et ils disent : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des péagers et des gens de mauvaise vie ; mais la sagesse a été justifiée par ses enfans.

20 Alors il commença à reprocher aux villes où il avait fait beaucoup de miracles, qu’elles ne s’étaient point repenties, en leur disant :

21 Malheur à toi, Corazin ! malheur à toi, Bethsaïda ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous eussent été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a long-temps qu’elles se seraient repenties avec le sac et la cendre.

22 C’est pourquoi je vous dis que Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous au jour du jugement.

23 Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusque dans l’enfer ; car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi eussent été faits dans Sodome, elle subsisterait encore.

24 C’est pourquoi je vous dis que ceux de Sodome seront traités moins rigoureusement que toi au jour du jugement.

25 En ce temps-là Jésus prenant la parole, dit : Je te célèbre, ô mon Père ! Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligens, et que tu les as révélées aux petits enfans.

26 Il est ainsi, ô mon Père ! parce que telle a été ta bonne volonté.

27 Toutes choses m’ont été accordées par mon Père ; mais personne ne connaît le Fils que le Père, et personne ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils l’aura voulu révéler.

28 Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai.

29 Chargez mon joug sur vous, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes.

30 Car mon joug est aisé, et mon fardeau est léger.

CHAP. XII.

Du sabbat. Miracles de Jésus-Christ. Du péché contre le Saint-Esprit.


EN ce temps-là Jésus allait par des blés un jour de sabbat ; et ses disciples ayant faim, se mirent à arracher des épis, et à les manger.

2 Et les pharisiens voyant cela, lui dirent : Voilà, tes disciples font une chose qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat.

3 Mais il leur dit : N’avez-vous point lu ce que fit David quand il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ;

4 comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, lesquels il ne lui était pas permis de manger, ni à ceux qui étaient avec lui, mais aux sacrificateurs seulement ?

5 Ou n’avez-vous point lu dans la loi, qu’aux jours du sabbat les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, et ils n’en sont point coupables ?

6 Or, je vous dis qu’il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le temple.

7 Mais si vous saviez ce que signifient ces paroles : Je veux miséricorde, et non pas sacrifice, vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont point coupables.

8 Car le Fils de l’homme est Seigneur même du sabbat.

9 Puis étant parti de là, il vint dans leur synagogue.

10 Et voici, il y avait là un homme qui avait une main sèche ; et pour avoir sujet de l’accuser, ils l’interrogèrent, en disant : Est-il permis de guérir aux jours du sabbat ?

11 Et il leur dit : Qui sera celui d’entre vous, s’il a une brebis, et qu’elle vienne à tomber dans une fosse le jour du sabbat, qui ne la prenne, et ne la relève ?

12 Or combien vaut mieux un homme qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien les jours du sabbat.

13 Alors il dit à cet homme : Etends ta main. Il l’étendit, et elle fut rendue saine comme l’autre.

14 Or les pharisiens étant sortis, consultèrent contre lui comment ils feraient pour le perdre.

15 Mais Jésus connaissant cela, partit de là, et de grandes troupes le suivirent, et il les guérit tous.

16 Et il leur défendit avec menaces de le donner à connaître ;

17 afin que fût accompli ce dont il avait été parlé par Esaïe le prophète, disant :

18 Voici mon serviteur, que j’ai élu, mon bien-aimé, qui est l’objet de mon amour ; je mettrai mon Esprit en lui, et il annoncera le jugement aux nations.

19 Il ne contestera point, il ne criera point, et personne n’entendra sa voix dans les rues.

20 Il ne brisera point le roseau cassé, et n’éteindra point le lumignon qui fume, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher la justice.

21 Et les nations espéreront en son nom.

22 Alors il lui fut présenté un homme tourmenté d’un démon aveugle et muet, et il le guérit ; de sorte que celui qui avait été aveugle et muet, parlait et voyait.

23 Et toutes les troupes en furent étonnées, et elles disaient : Celui-ci n’est-il pas le Fils de David ?

24 Mais les pharisiens ayant entendu cela, disaient : Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzebul, prince des démons.

25 Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne subsistera point.

26 Or si Satan jette Satan dehors, il est divisé contre soi-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ?

27 Et si je chasse les démons par Béelzebul, par qui vos fils les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.

28 Mais si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, certes le royaume de Dieu est venu jusqu’à vous.

29 Ou, comment quelqu’un pourra-t-il entrer dans la maison d’un homme fort, et piller son bien, si premièrement il n’a lié l’homme fort ? Et alors il pillera sa maison.

30 Celui qui n’est point avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble point avec moi disperse.

31 C’est pourquoi je vous dis que tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera point pardonné.

32 Et si quelqu’un a parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais si quelqu’un a parlé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné, ni en ce siècle, ni en celui qui est à venir.

33 Ou faites l’arbre bon, et son fruit sera bon ; ou faites l’arbre mauvais, et son fruit sera mauvais ; car l’arbre est connu par le fruit.

34 Race de vipères, comment pourriez-vous parler bien, étant méchans ? car de l’abondance du cœur la bouche parle.

35 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur ; et l’homme méchant tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur.

36 Or, je vous dis que les hommes rendront compte, au jour du jugement, de toute parole oiseuse qu’ils auront dite.

37 Car tu seras justifié par tes paroles, et tu seras condamné par tes paroles.

38 Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens lui dirent : Maître, nous voudrions bien te voir faire quelque miracle.

39 Mais il leur répondit, et dit : La nation méchante et adultère recherche un miracle ; mais il ne lui sera point donné d’autre miracle que celui de Jonas le prophète.

40 Car comme Jonas fut dans le ventre de la baleine trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.

41 Les Ninivites se léveront au jour du jugement contre cette nation, et la condamneront ; parce qu’ils se sont repentis à la prédication de Jonas ; et voici, il y a ici plus que Jonas.

42 La reine du midi se lévera au jour du jugement contre cette nation, et la condamnera, parce qu’elle vint du bout de la terre pour entendre la sagesse de Salomon ; et voici, il y a ici plus que Salomon.

43 Or, quand l’esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos, mais il n’en trouve point.

44 Et alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti ; et quand il y est venu, il la trouve vide, balayée et parée.

45 Puis il s’en va, et prend avec lui sept autres esprits plus méchans que lui, qui y étant entrés, habitent là ; et ainsi la fin de cet homme est pire que le commencement : il en arrivera de même à cette nation perverse.

46 Et comme il parlait encore aux troupes, voici, sa mère et ses frères étaient dehors cherchant à lui parler.

47 Et quelqu’un lui dit : Voilà, ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler.

48 Mais il répondit à celui qui lui avait dit cela : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?

49 Et étendant sa main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères.

50 Car quiconque fera la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère.

CHAP. XIII.

La parabole du semeur, de l’ivraie, du grain de moutarde, du levain, et de plusieurs autres.


CE même jour-là Jésus, étant sorti de la maison, s’assit près de la mer.

2 Et de grandes troupes s’assemblèrent autour de lui ; c’est pourquoi il monta dans une nacelle, et s’assit, et toute la multitude se tenait sur le rivage.

3 Et il leur parla de plusieurs choses par des similitudes, en disant : Voici, un semeur sortit pour semer.

4 Et comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la mangèrent toute.

5 Et une autre partie tomba dans des lieux pierreux, où elle n’avait guère de terre, et aussitôt elle leva, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre.

6 Et le soleil s’étant levé, elle fut brûlée ; et parce qu’elle n’avait point de racine, elle sécha.

7 Et une autre partie tomba entre des épines, et les épines montèrent, et l’étouffèrent.

8 Et une autre partie tomba dans une bonne terre, et rendit du fruit : un grain en rendit cent, un autre soixante, et un autre trente.

9 Qui a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

10 Alors les disciples s’approchant, lui dirent : Pourquoi leur parles-tu par des similitudes ?

11 Il répondit, et leur dit : C’est parce qu’il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que pour eux, il ne leur est point donné de les connaître.

12 Car à celui qui a, il sera donné, et il aura encore plus ; mais à celui qui n’a rien, cela même qu’il a lui sera ôté.

13 C’est pourquoi je leur parle par des similitudes, à cause qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point.

14 Et ainsi s’accomplit en eux la prophétie d’Esaïe, qui dit : En entendant vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; et en voyant vous verrez, et vous n’apercevrez point.

15 Car le cœur de ce peuple est engraissé ; et ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ont cligné de leurs yeux, de peur qu’ils ne voient des yeux, et qu’ils n’entendent des oreilles, et qu’ils ne comprennent du cœur, et ne se convertissent, et que je ne les guérisse.

16 Mais vos yeux sont bienheureux, car ils voient ; et vos oreilles sont bienheureuses, car elles entendent.

17 Car, en vérité, je vous dis que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont point vues ; et d’ouïr les choses que vous entendez, et ils ne les ont point ouïes.

18 Vous donc écoutez le sens de la similitude du semeur.

19 Quand un homme écoute la parole du royaume, et ne la comprend point, le malin vient et ravit ce qui est semé dans son cœur ; et c’est là celui qui a reçu la semence auprès du chemin.

20 Et celui qui a reçu la semence dans des lieux pierreux, c’est celui qui écoute la parole, et qui la reçoit aussitôt avec joie.

21 Mais il n’a point de racine en lui-même ; c’est pourquoi il n’est qu’à temps ; de sorte que dès que l’affliction ou la persécution surviennent à cause de la parole, il est aussitôt scandalisé.

22 Et celui qui a reçu la semence entre les épines, c’est celui qui écoute la parole de Dieu ; mais l’inquiétude pour les choses de ce monde et la tromperie des richesses étouffent la parole, et elle devient infructueuse.

23 Mais celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c’est celui qui écoute la parole, et qui la comprend, et porte du fruit, et produit l’un cent, l’autre soixante, et l’autre trente.

24 Il leur proposa une autre similitude, en disant : Le royaume des cieux ressemble à un homme qui a semé de la bonne semence dans son champ.

25 Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, qui sema de l’ivraie parmi le blé, puis s’en alla.

26 Et après que la semence fut venue en herbe, et qu’elle eut porté du fruit, alors aussi parut l’ivraie.

27 Et les serviteurs du père de famille vinrent à lui, et lui dirent : Seigneur, n’as-tu pas semé de la bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?

28 Mais il leur dit : C’est l’ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu donc que nous y allions, et que nous cueillions l’ivraie ?

29 Et il leur dit : Non, de peur qu’il n’arrive qu’en cueillant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé en même temps.

30 Laissez-les croître tous deux ensemble, jusqu’à la moisson ; et au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Cueillez premièrement l’ivraie, et la liez en faisceaux pour la brûler ; mais assemblez le blé dans mon grenier.

31 Il leur proposa une autre similitude, en disant : Le royaume des cieux est semblable au grain de semence de moutarde que quelqu’un a pris et semé dans son champ.

32 Qui est bien la plus petite de toutes les semences ; mais quand il est crû, il est plus grand que les autres plantes, et devient un arbre ; tellement que les oiseaux du ciel y viennent, et font leurs nids dans ses branches.

33 Il leur dit une autre similitude : Le royaume des cieux est semblable au levain qu’une femme prend, et qu’elle met parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce qu’elle soit toute levée.

34 Jésus dit toutes ces choses aux troupes en similitudes, et il ne leur parlait point sans similitudes ;

35 afin que fût accompli ce dont il avait été parlé par le prophète, en disant : J’ouvrirai ma bouche en similitudes ; je déclarerai les choses qui ont été cachées dès la fondation du monde.

36 Alors Jésus ayant laissé les troupes, s’en alla à la maison, et ses disciples vinrent à lui, et lui dirent : Explique-nous la similitude de l’ivraie du champ.

37 Et il leur répondit, et dit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ;

38 et le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les enfans du royaume ; et l’ivraie, ce sont les enfans du malin ;

39 et l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; et les moissonneurs sont les anges.

40 Comme donc on cueille l’ivraie, et on la brûle au feu, il en sera de même à la fin de ce monde.

41 Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui cueilleront de son royaume tous les scandales, et ceux qui commettent l’iniquité ;

42 et les jetteront dans la fournaise du feu ; là il y aura des pleurs et des grincemens de dents.

43 Alors les justes reluiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Qui a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

44 Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ, lequel un homme ayant trouvé, l’a caché ; puis de la joie qu’il en a, il s’en va, et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ.

45 Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de bonnes perles ;

46 et qui ayant trouvé une perle de grand prix, s’en est allé, et a vendu tout ce qu’il avait, et l’a achetée.

47 Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer, et amassant toutes sortes de choses ;

48 lequel étant plein, les pêcheurs le tirent en haut sur le rivage ; puis s’étant assis, ils mettent ce qu’il y a de bon à part dans leurs vaisseaux, et jettent dehors ce qui ne vaut rien.

49 Il en sera de même à la fin du monde, les anges viendront et sépareront les méchans d’avec les justes ;

50 et les jetteront dans la fournaise du feu ; là il y aura des pleurs et des grincemens de dents.

51 Jésus leur dit : Avez-vous compris toutes ces choses ? Ils lui répondirent : Oui, Seigneur.

52 Et il leur dit : C’est pour cela que tout scribe qui est bien instruit pour le royaume des cieux, est semblable à un père de famille, qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes.

53 Et quand Jésus eut achevé ces similitudes, il partit de là.

54 Et étant venu en son pays, il les enseignait dans leur synagogue, de telle sorte qu’ils en étaient étonnés, et disaient : D’où viennent à celui-ci cette science et ces vertus ?

55 Celui-ci n’est-il pas le fils du charpentier ? sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie ? et ses frères ne s’appellent-ils pas Jacques, Joses, Simon et Jude ?

56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où viennent donc à celui-ci toutes ces choses ?

57 Tellement qu’ils étaient scandalisés en lui. Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est sans honneur que dans son pays et dans sa maison.

58 Et il ne fit là guère de miracles, à cause de leur incrédulité.

CHAP. XIV.

Saint Jean-Baptiste tué. Miracles de Jésus-Christ.


EN ce temps-là Hérode le tétrarque ouït la renommée de Jésus ;

2 et il dit à ses serviteurs : C’est Jean-Baptiste ; il est ressuscité des morts, c’est pourquoi la vertu de faire des miracles agit puissamment en lui.

3 Car Hérode avait fait prendre Jean, et l’avait fait lier et mettre en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère.

4 Parce que Jean lui disait : Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme.

5 Et il eût bien voulu le faire mourir ; mais il craignait le peuple, à cause qu’on tenait Jean pour prophète.

6 Or au jour du festin de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa en pleine salle, et plut à Hérode.

7 C’est pourquoi il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait.

8 Elle donc étant poussée auparavant par sa mère, lui dit : Donne-moi ici dans un plat la tête de Jean-Baptiste.

9 Et le roi en fut marri ; mais à cause des sermens, et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât.

10 Et il envoya décapiter Jean dans la prison.

11 Et sa tête fut apportée dans un plat, et donnée à la fille, qui la présenta à sa mère.

12 Puis ses disciples vinrent, et emportèrent son corps, et l’ensevelirent ; et ils vinrent l’annoncer à Jésus.

13 Et Jésus l’ayant entendu se retira de là dans une nacelle, vers un lieu désert, pour y être en particulier ; ce que les troupes ayant appris, elles sortirent des villes voisines et le suivirent à pied.

14 Et Jésus étant sorti vit une grande multitude, et il en fut ému de compassion, et guérit leurs malades.

15 Et comme il se faisait tard, ses disciples vinrent à lui, et lui dirent : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà passée ; donne congé à ces troupes, afin qu’elles s’en aillent aux bourgades, et qu’elles achètent des vivres.

16 Mais Jésus leur dit : Ils n’ont pas besoin de s’en aller ; donnez-leur vous-mêmes à manger.

17 Et ils lui dirent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons.

18 Et il leur dit : Apportez-les-moi ici.

19 Et après avoir commandé aux troupes de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il bénit Dieu ; puis ayant rompu les pains, il les donna aux disciples, et les disciples aux troupes.

20 Et ils en mangèrent tous, et furent rassasiés, et ils remportèrent du reste des pièces de pain douze corbeilles pleines.

21 Or ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfans.

22 Incontinent après Jésus obligea ses disciples de monter dans la nacelle, et de passer avant lui à l’autre côté, pendant qu’il donnerait congé aux troupes.

23 Et quand il leur eut donné congé, il monta sur une montagne pour être en particulier, afin de prier ; et le soir étant venu, il était là seul.

24 Or la nacelle était déjà au milieu de la mer, battue par les vagues ; car le vent était contraire.

25 Et sur la quatrième veille de la nuit Jésus vint vers eux, marchant sur la mer.

26 Et ses disciples le voyant marcher sur la mer, ils en furent troublés, et dirent : C’est un fantôme ; et de la peur qu’ils eurent ils jetèrent des cris.

27 Mais tout aussitôt Jésus parla à eux, et leur dit : Rassurez-vous ; c’est moi, n’ayez point de peur.

28 Et Pierre lui répondant, dit : Seigneur ! si c’est toi, commande que j’aille à toi sur les eaux.

29 Et il lui dit : Viens. Et Pierre étant descendu de la nacelle, marcha sur les eaux pour aller à Jésus.

30 Mais voyant que le vent était fort, il eut peur ; et comme il commençait à s’enfoncer, il s’écria, en disant : Seigneur ! sauve-moi.

31 Et aussitôt Jésus étendit sa main, et le prit, en lui disant : Homme de petite foi, pourquoi as-tu douté ?

32 Et quand ils furent montés dans la nacelle, le vent s’apaisa.

33 Alors ceux qui étaient dans la nacelle, vinrent, et l’adorèrent, en disant : Certes tu es le Fils de Dieu.

34 Puis étant passés au-delà de la mer, ils vinrent en la contrée de Génézareth.

35 Et quand les gens de ce lieu-là l’eurent reconnu, ils envoyèrent l’annoncer par toute la contrée d’alentour, et ils lui présentèrent tous ceux qui se portaient mal.

36 Et ils le priaient de permettre qu’ils touchassent seulement le bord de sa robe ; et tous ceux qui le touchèrent furent guéris.

CHAP. XV.

Disputation des pharisiens avec Jésus-Christ. La Cananéenne. Miracles de Jésus-Christ.


ALORS des scribes et des pharisiens vinrent de Jérusalem à Jésus, et lui dirent :

2 Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils ne lavent point leurs mains quand ils prennent leur repas.

3 Mais il répondit, et leur dit : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition ?

4 Car Dieu a commandé, disant : Honore ton père et ta mère. Et, il a dit aussi : Que celui qui maudira son père ou sa mère, meure de mort.

5 Mais vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : Tout don qui sera offert de par moi sera à ton profit ;

6 encore qu’il n’honore pas son père, ou sa mère, il ne sera point coupable ; et ainsi vous avez anéanti le commandement de Dieu par votre tradition.

7 Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé de vous, en disant :

8 Ce peuple s’approche de moi de sa bouche, et m’honore de ses lèvres ; mais leur cœur est fort éloigné de moi.

9 Mais ils m’honorent en vain, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandemens d’hommes.

10 Puis ayant appelé les troupes, il leur dit : Ecoutez, et comprenez ceci.

11 Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme.

12 Sur cela les disciples s’approchant, lui dirent : N’as-tu pas connu que les pharisiens ont été scandalisés quand ils ont ouï ce discours ?

13 Et il répondit, et dit : Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée, sera déracinée.

14 Laissez-les, ce sont des aveugles, conducteurs d’aveugles. Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse.

15 Alors Pierre prenant la parole, lui dit : Explique-nous cette similitude.

16 Et Jésus dit : Etes-vous encore, vous aussi, sans intelligence ?

17 N’entendez-vous pas encore que tout ce qui entre dans la bouche descend dans l’estomac, et ensuite est jeté au secret ?

18 Mais les choses qui sortent de la bouche partent du cœur, et ces choses-là souillent l’homme.

19 Car du cœur sortent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les médisances.

20 Ce sont là les choses qui souillent l’homme ; mais de manger sans avoir les mains lavées, cela ne souille point l’homme.

21 Alors Jésus partant de là se retira vers les quartiers de Tyr et de Sidon.

22 Et voici, une femme cananéenne, qui était partie de ces quartiers-là, s’écria, en lui disant : Seigneur ! Fils de David, aie pitié de moi ! ma fille est misérablement tourmentée d’un démon.

23 Mais il ne lui répondit mot. Et ses disciples s’approchant, le prièrent, disant : Renvoie-la ; car elle crie après nous.

24 Et il répondit, et dit : Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.

25 Mais elle vint, et l’adora, disant : Seigneur, assiste-moi !

26 Et il lui répondit, et dit : Il ne convient pas de prendre le pain des enfans, et de le jeter aux petits chiens.

27 Mais elle dit : Cela est vrai, Seigneur ! cependant les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.

28 Alors Jésus répondant, lui dit : O femme ! ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le souhaites. Et dès ce moment-là sa fille fut guérie.

29 Et Jésus partant de là vint près de la mer de Galilée ; puis il monta sur une montagne, et s’assit là.

30 Et plusieurs troupes de gens vinrent à lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des muets, des manchots, et plusieurs autres ; lesquels on mit aux pieds de Jésus, et il les guérit.

31 De sorte que ces troupes s’étonnèrent de voir les muets parler, les manchots être sains, les boiteux marcher, et les aveugles voir ; et elles glorifièrent le Dieu d’Israël.

32 Alors Jésus ayant appelé ses disciples, dit : Je suis ému de compassion envers cette multitude de gens, car il y a déjà trois jours qu’ils ne bougent d’avec moi, et ils n’ont rien à manger ; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin.

33 Et ses disciples lui dirent : D’où pourrions-nous tirer dans ce désert assez de pains pour rassasier une si grande multitude ?

34 Et Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? Ils lui dirent : Sept, et quelque peu de petits poissons.

35 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir par terre.

36 Et ayant pris les sept pains et les poissons, il les rompit après avoir béni Dieu, et les donna à ses disciples, et les disciples au peuple.

37 Et ils mangèrent tous, et furent rassasiés ; et on remporta du reste des pièces de pain sept corbeilles pleines.

38 Or ceux qui avaient mangé étaient quatre mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfans.

39 Et Jésus ayant donné congé aux troupes, monta sur une nacelle, et vint au territoire de Magdala.

CHAP. XVI.

Discours de Jésus-Christ avec les pharisiens et les sadducéens. Jésus-Christ prédit sa mort.


ALORS des pharisiens et des sadducéens vinrent à lui ; et pour l’éprouver, ils lui demandèrent qu’il leur fît voir quelque miracle dans le ciel.

2 Mais il répondit, et leur dit : Quand le soir est venu, vous dites : Il fera beau temps, car le ciel est rouge.

3 Et le matin vous dites : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est rouge et sombre. Hypocrites, vous savez bien juger de l’apparence du ciel, et vous ne pouvez juger des signes des saisons !

4 La nation méchante et adultère demande un miracle ; mais il ne lui sera point donné d’autre miracle que celui de Jonas le prophète. Et les laissant, il s’en alla.

5 Et quand ses disciples furent venus au rivage de delà, ils avaient oublié de prendre des pains.

6 Et Jésus leur dit : Voyez, et donnez-vous de garde du levain des pharisiens et des sadducéens.

7 Or ils pensaient en eux-mêmes, et disaient : C’est parce que nous n’avons pas pris de pains.

8 Et Jésus connaissant leur pensée, leur dit : Gens de petite foi, qu’est-ce que vous pensez en vous-mêmes au sujet de ce que vous n’avez point pris de pains ?

9 Ne comprenez-vous point encore, et ne vous souvient-il plus des cinq pains des cinq mille hommes, et combien de corbeilles vous en recueillîtes ?

10 Ni des sept pains des quatre mille hommes, et combien de corbeilles vous en recueillîtes ?

11 Comment ne comprenez-vous point que ce n’est pas touchant le pain que je vous ai dit de vous donner de garde du levain des pharisiens et des sadducéens ?

12 Alors ils comprirent que ce n’était pas du levain du pain qu’il leur avait dit de se donner de garde, mais de la doctrine des pharisiens et des sadducéens.

13 Et Jésus, venant aux quartiers de Césarée de Philippe, interrogea ses disciples, en disant : Qui disent les hommes que je suis, moi le Fils de l’homme ?

14 Et ils lui répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; et les autres, Jérémie, ou l’un des prophètes.

15 Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ?

16 Simon Pierre répondit, et dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

17 Et Jésus répondit, et dit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas ; car la chair et le sang ne t’a pas révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.

18 Et je te dis aussi, que tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Eglise ; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.

19 Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.

20 Alors il commanda expressément à ses disciples de ne dire à personne qu’il fût Jésus le Christ.

21 Dès-lors Jésus commença à déclarer à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, et qu’il y souffrît beaucoup de la part des anciens, et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il y fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour.

22 Mais Pierre l’ayant tiré à part, se mit à le reprendre, en lui disant : Seigneur, aie pitié de toi, cela ne t’arrivera point.

23 Mais lui s’étant retourné, dit à Pierre : Retire-toi de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tu ne comprends pas les choses qui sont de Dieu, mais celles qui sont des hommes.

24 Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il charge sa croix, et me suive.

25 Car quiconque voudra sauver son âme, la perdra ; mais quiconque perdra son âme pour l’amour de moi, la trouvera.

26 Mais que profiterait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il fait la perte de son âme ? ou que donnera l’homme en échange de son âme ?

27 Car le Fils de l’homme doit venir environné de la gloire de son Père, avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.

28 En vérité, je vous dis qu’il y a quelques-uns de ceux qui sont ici présens, qui ne mourront point, jusqu’à ce qu’ils aient vu le Fils de l’homme venir en son règne.

CHAP. XVII.

La transfiguration de Jésus-Christ ; il guérit un homme, et paie les didrachmes.


ET six jours après, Jésus prit Pierre, et Jacques, et Jean, son frère, et les mena à l’écart sur une haute montagne.

2 Et il fut transfiguré en leur présence ; et son visage resplendit comme le soleil ; et ses vêtemens devinrent blancs comme la lumière.

3 Et voici, ils virent Moïse et Elie, qui s’entretenaient avec lui.

4 Alors Pierre prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici : faisons-y, si tu le veux, trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie.

5 Et comme il parlait encore, voici une nuée resplendissante qui les couvrit de son ombre ; puis voilà une voix qui vint de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai pris mon bon plaisir ; écoutez-le.

6 Ce que les disciples ayant ouï, ils tombèrent le visage contre terre, et eurent une très-grande peur.

7 Mais Jésus s’approchant les toucha, en leur disant : Levez-vous, et n’ayez point de peur.

8 Et eux levant leurs yeux, ne virent personne, que Jésus tout seul.

9 Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur commanda, en disant : Ne dites à personne la vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts.

10 Et ses disciples l’interrogèrent, en disant : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’il faut qu’Elie vienne premièrement ?

11 Et Jésus répondant, dit : Il est vrai qu’Elie viendra premièrement, et qu’il rétablira toutes choses.

12 Mais je vous dis qu’Elie est déjà venu, et ils ne l’ont point connu ; mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; ainsi le Fils de l’homme doit souffrir aussi de leur part.

13 Alors les disciples comprirent que c’était de Jean-Baptiste qu’il leur avait parlé.

14 Et quand ils furent venus vers les troupes, un homme s’approcha, et se mit à genoux devant lui,

15 et lui dit : Seigneur ! aie pitié de mon fils, qui est lunatique, et misérablement affligé ; car il tombe souvent dans le feu et souvent dans l’eau.

16 Et je l’ai présenté à tes disciples, mais ils ne l’ont pu guérir.

17 Et Jésus répondant, dit : O race incrédule, et perverse, jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? amenez-le-moi ici.

18 Et Jésus censura fortement le démon qui sortit hors de cet enfant, et à l’heure même l’enfant fut guéri.

19 Alors les disciples vinrent en particulier à Jésus, et lui dirent : Pourquoi ne l’avons-nous pu jeter dehors ?

20 Et Jésus leur répondit : C’est à cause de votre incrédulité ; car, en vérité, je vous dis que si vous aviez de la foi aussi gros qu’un grain de semence de moutarde, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle s’y transporterait ; et rien ne vous serait impossible.

21 Mais cette sorte de démons ne sort que par la prière et par le jeûne.

22 Et comme ils se trouvaient en Galilée, Jésus leur dit : Il arrivera que le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes ;

23 et qu’ils le feront mourir, mais le troisième jour il ressuscitera. Et les disciples en furent fort attristés.

24 Et lorsqu’ils furent venus à Capernaüm, ceux qui recevaient les didrachmes s’adressèrent à Pierre, et lui dirent : Votre maître ne paie-t-il pas les didrachmes ?

25 Il dit : Oui. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, en lui disant : Qu’est-ce qu’il t’en semble, Simon ? Les rois de la terre de qui prennent-ils des tributs ou des impôts ? Est-ce de leurs enfans ou des étrangers ?

26 Pierre dit : Des étrangers. Jésus lui répondit : Les enfans en sont donc exempts.

27 Mais afin que nous ne les scandalisions point, va-t-en à la mer, et jette l’hameçon, et prends le premier poisson qui montera ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu y trouveras un statère ; prends-le, et le leur donne pour moi et pour toi.

CHAP. XVIII.

Emblème d’humilité. La parabole du pasteur et du débiteur.


EN cette même heure-là, les disciples vinrent à Jésus, en lui disant : Qui est le plus grand au royaume des cieux ?

2 Et Jésus ayant appelé un petit enfant, le mit au milieu d’eux.

3 Et leur dit : En vérité, je vous dis que si vous n’êtes changés, et si vous ne devenez comme de petits enfans, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

4 C’est pourquoi quiconque deviendra humble, comme est ce petit enfant, celui-là est le plus grand au royaume des cieux.

5 Et quiconque reçoit un tel petit enfant en mon nom, il me reçoit.

6 Mais quiconque scandalise un de ces petits qui croient en moi, il lui vaudrait mieux qu’on lui pendît une meule d’âne au cou, et qu’on le jetât au fond de la mer.

7 Malheur au monde à cause des scandales ! car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; toutefois malheur à l’homme par qui le scandale arrive !

8 Que si ta main ou ton pied te fait broncher, coupe-les, et jette-les loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot dans la vie, que d’avoir deux pieds ou deux mains, et d’être jeté au feu éternel.

9 Et si ton œil te fait broncher, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres dans la vie, n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et être jeté dans la géhenne du feu.

10 Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que dans les cieux leurs anges regardent toujours la face de mon Père qui est aux cieux.

11 Car le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui était perdu.

12 Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et qu’il y en ait une qui se soit égarée, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf pour s’en aller dans les montagnes chercher celle qui s’est égarée ?

13 Et s’il arrive qu’il la trouve, en vérité, je vous dis qu’il en a plus de joie, que des quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont point égarées.

14 Ainsi la volonté de votre Père qui est aux cieux n’est pas qu’un seul de ces petits périsse.

15 Que si ton frère a péché contre toi, va, et reprends-le entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu as gagné ton frère.

16 Mais s’il ne t’écoute point, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin qu’en la bouche de deux ou de trois témoins toute parole soit ferme.

17 Que s’il ne daigne pas les écouter, dis-le à l’église ; et s’il ne daigne pas écouter l’église, qu’il te soit comme un païen et comme un péager.

18 En vérité, je vous dis que tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.

19 Je vous dis aussi que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre, tout ce qu’ils demanderont leur sera donné par mon Père qui est aux cieux.

20 Car là où il y en a deux ou trois assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux.

21 Alors Pierre s’approchant, lui dit : Seigneur, jusqu’à combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi, et je lui pardonnerai ? sera-ce jusqu’à sept fois ?

22 Jésus lui répondit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à sept fois septante fois.

23 C’est pourquoi le royaume des cieux est semblable à un roi, qui voulut compter avec ses serviteurs.

24 Et quand il eut commencé à compter, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talens.

25 Et parce qu’il n’avait pas de quoi payer, son seigneur commanda qu’il fût vendu, lui, et sa femme, et ses enfans, et tout ce qu’il avait, et que la dette fût payée.

26 Mais ce serviteur se jetant à ses pieds, le suppliait, en disant : Seigneur, aie patience, et je te rendrai le tout.

27 Alors le Seigneur de ce serviteur, touché de compassion, le relâcha, et lui quitta la dette.

28 Mais ce serviteur étant sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers ; et, l’ayant pris, il l’étranglait, en lui disant : Paie-moi ce que tu me dois.

29 Mais son compagnon de service se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Aie patience, et je te rendrai le tout.

30 Mais il n’en voulut rien faire ; et il s’en alla, et le mit en prison, jusqu’à ce qu’il eût payé la dette.

31 Or ses autres compagnons de service voyant ce qui était arrivé, en furent extrêmement touchés, et ils s’en vinrent, et déclarèrent à leur seigneur tout ce qui s’était passé.

32 Alors son seigneur le fit venir, et lui dit : Méchant serviteur, je t’ai quitté toute cette dette, parce que tu m’en as prié ;

33 ne te fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, comme j’avais eu pitié de toi ?

34 Et son seigneur étant en colère le livra aux sergens jusqu’à ce qu’il lui eût payé tout ce qui lui était dû.

35 C’est ainsi que vous fera mon Père céleste, si vous ne pardonnez de tout votre cœur chacun à son frère ses fautes.

CHAP. XIX.

Doctrine de Jésus-Christ du divorce et des richesses.


ET il arriva que quand Jésus eut achevé ces discours, il partit de Galilée, et vint vers les confins de la Judée, au-delà du Jourdain.

2 Et de grandes troupes le suivirent, et il guérit là leurs malades.

3 Alors des pharisiens vinrent à lui pour l’éprouver, et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour quelque cause que ce soit ?

4 Et il répondit, et leur dit : N’avez-vous point lu que celui qui les a faits dès le commencement, fit un homme et une femme ?

5 Et qu’il dit : A cause de cela l’homme laissera son père et sa mère, et se joindra à sa femme, et les deux ne seront qu’une seule chair.

6 C’est pourquoi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Ce donc que Dieu a joint, que l’homme ne le sépare point.

7 Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner la lettre de divorce, et de répudier sa femme ?

8 Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais au commencement il n’en était pas ainsi.

9 Et moi je vous dis que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, et se mariera à une autre, commet un adultère ; et que celui qui se sera marié à celle qui est répudiée commet un adultère.

10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme à l’égard de sa femme, il ne convient pas de se marier.

11 Mais il leur dit : Tous ne sont pas capables de cela, mais seulement ceux à qui il est donné.

12 Car il y a des eunuques, qui sont ainsi nés du ventre de leur mère ; et il y a des eunuques qui ont été faits eunuques par les hommes ; et il y a des eunuques qui se sont faits eux-mêmes eunuques pour le royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre ceci, le comprenne.

13 Alors on lui présenta des petits enfans, afin qu’il leur imposât les mains, et qu’il priât pour eux ; mais les disciples les en reprenaient.

14 Et Jésus leur dit : Laissez venir à moi les petits enfans, et ne les empêchez point ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.

15 Puis leur ayant imposé les mains, il partit de là.

16 Et voici, quelqu’un s’approchant, lui dit : Maître qui est bon, quel bien ferai-je pour avoir la vie éternelle ?

17 Il lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu est le seul être qui soit bon. Que si tu veux entrer dans la vie, garde les commandemens.

18 Il lui dit : Quels ? Et Jésus lui répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage.

19 Honore ton père et ta mère ; et tu aimeras ton prochain comme toi-même.

20 Le jeune homme lui dit : J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ?

21 Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, et me suis.

22 Mais quand ce jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla tout triste, parce qu’il avait de grands biens.

23 Alors Jésus dit à ses disciples : En vérité, je vous dis qu’un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.

24 Et je vous dis encore : Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.

25 Ses disciples ayant entendu ces choses s’étonnèrent fort, et ils dirent : Qui peut donc être sauvé ?

26 Et Jésus les regardant, leur dit : Quant aux hommes, cela est impossible ; mais quant à Dieu, toutes choses sont possibles.

27 Alors Pierre prenant la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et t’avons suivi ; que nous en arrivera-t-il donc ?

28 Et Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi dans la régénération, quand le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.

29 Et quiconque aura quitté ou maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfans, ou champs, à cause de mon nom, il en recevra cent fois autant, et héritera la vie éternelle.

30 Mais plusieurs qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers.

CHAP. XX.

La parabole du père de famille. La mère des fils de Zébédée. Jésus-Christ guérit deux aveugles.


CAR le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui sortit dès le point du jour, afin de louer des ouvriers pour sa vigne.

2 Et quand il eut accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya à sa vigne.

3 Puis étant sorti sur les trois heures, il en vit d’autres qui étaient au marché, sans rien faire ;

4 auxquels il dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable.

5 Et ils y allèrent. Puis il sortit encore environ sur les six heures, et sur les neuf heures, et il en fit de même.

6 Et étant sorti sur les onze heures, il en trouva d’autres qui étaient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ?

7 Ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Et il leur dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et vous recevrez ce qui sera raisonnable.

8 Et le soir étant venu, le maître de la vigne dit à celui qui avait la charge de ses affaires : Appelle les ouvriers, et leur paie leur salaire, en commençant depuis les derniers jusqu’aux premiers.

9 Alors ceux qui avaient été loués vers les onze heures étant venus, ils reçurent chacun un denier.

10 Or, quand les premiers furent venus, ils croyaient recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier.

11 Et l’ayant reçu, ils murmuraient contre le père de famille,

12 en disant : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les as faits égaux à nous, qui avons porté le faix du jour et la chaleur.

13 Et il répondit à l’un d’eux, et lui dit : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n’as-tu pas accordé avec moi à un denier ?

14 Prends ce qui est à toi, et t’en va ; mais si je veux donner à ce dernier autant qu’à toi,

15 ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de mes biens ? Ton œil est-il malin de ce que je suis bon ?

16 Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ; car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

17 Et Jésus montant à Jérusalem, prit à part sur le chemin ses douze disciples, et leur dit :

18 Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes, et ils le condamneront à la mort.

19 Ils le livreront aux Gentils pour s’en moquer, le fouetter, et le crucifier ; mais le troisième jour il ressuscitera.

20 Alors la mère des fils de Zébédée vint à lui avec ses fils, se prosternant, et lui demandant une grâce.

21 Et il lui dit : Que veux-tu ? Elle lui dit : Ordonne que mes deux fils, qui sont ici, soient assis l’un à ta main droite, et l’autre à ta gauche dans ton royaume.

22 Et Jésus répondit, et dit : Vous ne savez ce que vous demandez ; pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? Ils lui répondirent : Nous le pouvons.

23 Et il leur dit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, et que vous serez baptisés du baptême dont je serai baptisé ; mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est point à moi de le donner, mais il sera donné à ceux à qui cela est destiné par mon Père.

24 Les dix autres disciples ayant ouï cela, furent indignés contre les deux frères.

25 Mais Jésus les ayant appelés, leur dit : Vous savez que les princes des nations les maîtrisent, et que les grands usent d’autorité sur elles.

26 Mais il n’en sera pas ainsi entre vous ; au contraire, quiconque voudra être grand entre vous, qu’il soit votre serviteur.

27 Et quiconque voudra être le premier entre vous, qu’il soit votre serviteur.

28 De même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et afin de donner sa vie en rançon pour plusieurs.

29 Et comme ils partaient de Jérico, une grande troupe le suivit.

30 Et voici, deux aveugles qui étaient assis au bord du chemin, ayant ouï que Jésus passait, crièrent, en disant : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous !

31 Et la troupe les reprit, afin qu’ils se tussent ; mais ils criaient encore plus fort : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous !

32 Et Jésus s’arrêtant les appela, et leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?

33 Et ils lui dirent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts.

34 Et Jésus étant ému de compassion, toucha leurs yeux, et incontinent leurs yeux recouvrèrent la vue ; et ils le suivirent.

CHAP. XXI.

Entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem. Son autorité dans le temple. La parabole d’un homme qui avait deux fils


OR, quand ils furent près de Jérusalem, et qu’ils furent venus à Bethphagé, au mont des Oliviers, Jésus envoya alors deux disciples,

2 en leur disant : Allez à ce village qui est vis-à-vis de vous, et d’abord vous trouverez une ânesse attachée, et son poulain avec elle ; détachez-les, et amenez-les-moi.

3 Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous direz que le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il les laissera aller.

4 Or tout cela se fit afin que fût accompli ce dont il avait été parlé par le prophète, en disant :

5 Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, débonnaire, et monté sur une ânesse, et sur le poulain d’une ânesse.

6 Les disciples donc s’en allèrent, et firent ce que Jésus leur avait ordonné.

7 Et ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, et mirent leurs vêtemens dessus, et ils l’y firent asseoir.

8 Alors de grandes troupes étendirent leurs vêtemens par le chemin, et les autres coupaient des rameaux des arbres, et les étendaient par le chemin.

9 Et les troupes qui allaient devant, et celles qui suivaient, criaient, en disant : Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très-hauts !

10 Et quand il fut entré dans Jérusalem, toute la ville fut émue, disant : Qui est celui-ci ?

11 Et les troupes disaient : C’est Jésus le prophète, qui est de Nazareth en Galilée.

12 Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et chassa dehors tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple, et renversa les tables des changeurs, et les siéges de ceux qui vendaient des pigeons.

13 Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière, mais vous en avez fait une caverne de voleurs.

14 Alors des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit.

15 Mais quand les principaux sacrificateurs et les scribes eurent vu les merveilles qu’il avait faites, et les enfans criant dans le temple, et disant : Hosanna au fils de David ! ils en furent indignés.

16 Et ils lui dirent : Entends-tu ce que ceux-ci disent ? Et Jésus leur dit : Oui ; mais n’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as mis le comble à ta louange par la bouche des enfans, et de ceux qui tettent ?

17 Et les ayant laissés, il sortit de la ville pour s’en aller à Béthanie, et il y passa la nuit.

18 Or le matin, comme il retournait à la ville, il eut faim.

19 Et voyant un figuier qui était sur le chemin, il s’en approcha, mais il n’y trouva que des feuilles ; et il lui dit : Qu’aucun fruit ne naisse plus de toi jamais, et incontinent le figuier sécha.

20 Ce que les disciples ayant vu, ils en furent étonnés, disant : Comment est-ce que le figuier est devenu sec en un instant ?

21 Et Jésus répondant, leur dit : En vérité, je vous dis que si vous avez la foi, et que vous ne doutiez point, non seulement vous ferez ce qui a été fait au figuier, mais même si vous dites à cette montagne : Quitte ta place, et te jette dans la mer, cela se fera.

22 Et quoi que vous demandiez, en priant Dieu, si vous croyez, vous le recevrez.

23 Puis quand il fut venu au temple, les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple vinrent à lui, comme il enseignait, et lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses ? et qui est-ce qui t’a donné cette autorité ?

24 Jésus répondant, leur dit : Je vous interrogerai aussi d’une chose ; et si vous me la dites, je vous dirai aussi par quelle autorité je fais ces choses.

25 Le baptême de Jean, d’où était-il ? Du ciel, ou des hommes ? Or ils disputaient en eux-mêmes, en disant : Si nous disons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc ne l’avez-vous point cru ?

26 Et si nous disons : Des hommes, nous craignons les troupes ; car tous tiennent Jean pour un prophète.

27 Alors ils répondirent à Jésus, en disant : Nous ne savons. Et il leur dit : Je ne vous dirai point aussi par quelle autorité je fais ces choses.

28 Mais que vous semble ? Un homme avait deux fils, et venant au premier, il lui dit : Mon fils, va-t-en, et travaille aujourd’hui dans ma vigne.

29 Lequel répondant dit : Je n’y veux point aller ; mais après, s’étant repenti, il y alla.

30 Puis il vint à l’autre, et lui dit la même chose, et celui-ci répondit, et dit : J’y vais, seigneur ; mais il n’y alla point.

31 Lequel des deux fit la volonté du père ? Ils lui répondirent : Le premier. Et Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que les péagers et les femmes de mauvaise vie vous devancent au royaume de Dieu.

32 Car Jean est venu à vous par la voie de la justice, et vous ne l’avez point cru ; mais les péagers et les femmes débauchées l’ont cru, et vous, ayant vu cela, ne vous êtes point repentis ensuite pour le croire.

33 Ecoutez une autre similitude : Il y avait un père de famille qui planta une vigne, et l’environna d’une haie, et y creusa un pressoir, et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons, et s’en alla dehors.

34 Et la saison des fruits étant proche, il envoya ses serviteurs aux vignerons, pour en recevoir les fruits.

35 Mais les vignerons ayant pris ses serviteurs, fouettèrent l’un, tuèrent l’autre, et en assommèrent un autre de pierres.

36 Il envoya encore d’autres serviteurs en plus grand nombre que les premiers, et ils leur en firent de même.

37 Enfin, il envoya vers eux son propre fils, en disant : Ils auront du respect pour mon fils.

38 Mais quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et saisissons-nous de son héritage.

39 L’ayant donc pris, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent.

40 Quand donc le seigneur de la vigne sera venu, que fera-t-il à ces vignerons ?

41 Ils lui dirent : Il les fera périr malheureusement comme des méchans, et louera sa vigne à d’autres vignerons, qui lui en rendront les fruits en leurs saisons.

42 Et Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les écritures : La pierre que ceux qui bâtissent ont rejetée, est devenue la maîtresse pierre du coin ; ceci a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux.

43 C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et il sera donné à une nation qui en rapportera les fruits.

44 Or celui qui tombera sur cette pierre en sera brisé, et elle écrasera celui sur qui elle tombera.

45 Et quand les principaux sacrificateurs et les pharisiens eurent entendu ces similitudes, ils connurent qu’il parlait d’eux.

46 Et ils cherchaient à se saisir de lui ; mais ils craignirent les troupes, parce qu’on le tenait pour un prophète.

CHAP. XXII.

La parabole des noces. Les Hérodiens. Sadducéens.


ALORS Jésus prenant la parole, leur parla encore par similitudes, disant :

2 Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils.

3 Et il envoya ses serviteurs pour appeler ceux qui avaient été conviés aux noces ; mais ils n’y voulurent point venir.

4 Il envoya encore d’autres serviteurs, disant : Dites à ceux qui étaient conviés : Voici, j’ai apprêté mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt ; venez aux noces.

5 Mais eux n’en tenant point de compte, s’en allèrent, l’un à sa métairie, et l’autre à son trafic.

6 Et les autres prirent ses serviteurs, et les outragèrent, et les tuèrent.

7 Quand le roi l’entendit, il se mit en colère, et y ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers-là, et brûla leur ville.

8 Puis il dit à ses serviteurs : Eh bien ! les noces sont apprêtées ; mais ceux qui y étaient conviés n’en étaient pas dignes.

9 Allez donc aux carrefours des chemins, et autant de gens que vous trouverez, conviez-les aux noces.

10 Alors ses serviteurs allèrent dans les chemins, et assemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, tant mauvais que bons, tellement que le lieu des noces fut rempli de gens qui étaient à table.

11 Et le roi étant entré pour voir ceux qui étaient à table, il y vit un homme qui n’était pas vêtu d’une robe de noces.

12 Et il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces ? Et il eut la bouche fermée.

13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-le pieds et mains, emportez-le, et le jetez dans les ténèbres de dehors ; là il y aura des pleurs et des grincemens de dents.

14 Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

15 Alors les pharisiens s’étant retirés, consultèrent ensemble comment ils le surprendraient en paroles ;

16 et lui envoyèrent leurs disciples avec des Hérodiens, en disant : Maître, nous savons que tu es véritable, que tu enseignes la voie de Dieu en vérité, et que tu ne te soucies de personne ; car tu ne regardes point à l’apparence des hommes.

17 Dis-nous donc ce qu’il te semble de ceci : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?

18 Et Jésus, connaissant leur malice, dit : Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ?

19 Montrez-moi la monnaie de tribut ; et ils lui présentèrent un denier.

20 Et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ?

21 Ils lui répondirent : De César. Alors il leur dit : Rendez donc à César les choses qui sont à César, et à Dieu celles qui sont à Dieu.

22 Et ayant entendu cela ils en furent étonnés, et le laissant, ils s’en allèrent.

23 Le même jour les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent à lui, et l’interrogèrent,

24 en disant : Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un vient à mourir sans enfans, que son frère prenne sa femme, et il donnera des enfans à son frère.

25 Or il y avait parmi nous sept frères, dont l’aîné, après s’être marié, mourut, et n’ayant point eu d’enfans, laissa sa femme à son frère.

26 De même le second, puis le troisième, jusqu’au septième.

27 Et après eux tous, la femme mourut aussi.

28 En la résurrection donc duquel des sept sera-t-elle femme ? car tous l’ont eue.

29 Mais Jésus répondant, leur dit : Vous errez, ne connaissant ni les écritures, ni la puissance de Dieu.

30 Car en la résurrection, on ne prend ni on ne donne point de femmes en mariage, mais on est comme les anges de Dieu dans le ciel.

31 Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous point lu ce dont Dieu vous a parlé, disant :

32 Je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. Or Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivans.

33 Ce que les troupes ayant entendu, elles admirèrent sa doctrine.

34 Et quand les pharisiens eurent appris qu’il avait fermé la bouche aux sadducéens, ils s’assemblèrent dans un même lieu.

35 Et l’un d’eux, qui était docteur de la loi, l’interrogea pour l’éprouver, en disant :

36 Maître, lequel est le grand commandement de la loi ?

37 Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.

38 Celui-ci est le premier et le grand commandement.

39 Et le second, semblable à celui-là, est : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

40 De ces deux commandemens dépendent toute la loi et les prophètes.

41 Et les pharisiens étant assemblés, Jésus les interrogea,

42 disant : Que vous semble-t-il du Christ ? De qui est-il Fils ? Ils lui répondirent : De David.

43 Et il leur dit : Comment donc David parlant par l’Esprit, l’appelle-t-il son Seigneur, disant :

44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds.

45 Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son Fils ?

46 Et personne ne pouvait lui répondre un seul mot, ni personne n’osa plus l’interroger.

CHAP. XXIII.

Les scribes hypocrites.


ALORS Jésus parla aux troupes, et à ses disciples,

2 disant : Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse.

3 Toutes les choses donc qu’ils vous diront d’observer, observez-les, et les faites, mais non point leurs œuvres ; parce qu’ils disent, et ne font pas.

4 Car ils lient ensemble des fardeaux pesans et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent point les remuer de leur doigt.

5 Et ils font toutes leurs œuvres pour être regardés des hommes ; car ils portent de larges phylactères, et de longues franges à leurs vêtemens.

6 Et ils aiment les premières places dans les festins, et les premiers siéges dans les synagogues ;

7 et les salutations aux marchés et d’être appelés des hommes, Notre maître ! Notre maître !

8 Mais, pour vous, ne soyez point appelés, notre maître ; car Christ seul est votre docteur ; et pour vous, vous êtes tous frères.

9 Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, lequel est dans les cieux.

10 Et ne soyez point appelés docteurs ; car Christ seul est votre docteur.

11 Mais que celui qui est le plus grand entre vous, soit votre serviteur.

12 Car quiconque s’élevera, sera abaissé ; et quiconque s’abaissera, sera élevé.

13 Mais malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui fermez le royaume des cieux aux hommes ; car vous-mêmes n’y entrez point, ni ne souffrez que ceux qui y veulent entrer, y entrent.

14 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ; car vous dévorez les maisons des veuves, même sous le prétexte de faire de longues prières ; c’est pourquoi vous en recevrez une plus grande condamnation.

15 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ; car vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et après qu’il l’est devenu, vous le rendez fils de la géhenne deux fois plus que vous.

16 Malheur à vous, conducteurs aveugles, qui dites : Quiconque aura juré par le temple, ce n’est rien ; mais qui aura juré par l’or du temple, il est obligé.

17 Fous et aveugles ! car lequel est le plus grand, ou l’or, ou le temple qui sanctifie l’or ?

18 Et quiconque, dites-vous, aura juré par l’autel, ce n’est rien ; mais qui aura juré par le don qui est sur l’autel, il est lié.

19 Fous et aveugles ! car lequel est le plus grand, ou le don, ou l’autel qui sanctifie le don ?

20 Celui donc qui jure par l’autel, jure par l’autel et par toutes les choses qui sont dessus.

21 Et quiconque jure par le temple, jure par le temple, et par celui qui y habite.

22 Et quiconque jure par le ciel, jure par le trône de Dieu, et par celui qui y est assis.

23 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ; car vous payez la dîme de la menthe, de l’anet, et du cumin ; et vous laissez les choses les plus importantes de la loi, c’est-à-dire, le jugement, la miséricorde, et la fidélité ; il fallait faire ces choses-ci, et ne laisser point celles-là.

24 Conducteurs aveugles, vous coulez le moucheron, et vous engloutissez le chameau.

25 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans est plein de rapines et d’intempérance.

26 Pharisien aveugle, nettoie premièrement le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors aussi soit net.

27 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ; car vous êtes semblables aux sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui au-dedans sont pleins d’ossemens de morts et de toute sorte d’ordure.

28 Ainsi vous paraissez justes par dehors aux hommes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.

29 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ; car vous bâtissez les tombeaux des prophètes, et vous réparez les sépulcres des justes ;

30 et vous dites : Si nous avions été du temps de nos pères, nous n’aurions pas participé avec eux au meurtre des prophètes.

31 Ainsi vous êtes témoins contre vous-mêmes, que vous êtes les enfans de ceux qui ont fait mourir les prophètes ;

32 et vous achevez de remplir la mesure de vos pères.

33 Serpens, race de vipères ! comment éviterez-vous le supplice de la géhenne ?

34 Car voici, je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ; vous en tuerez, vous en crucifierez, vous en fouetterez dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville ;

35 afin que vienne sur vous tout le sang juste qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.

36 En vérité, je vous dis que toutes ces choses viendront sur cette génération.

37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfans, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez point voulu.

38 Voici, votre maison va devenir déserte.

39 Car je vous dis : Que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.

CHAP. XXIV.

Menaces contre Jérusalem et contre toute la Judée. Exhortation à la piété.


ET comme Jésus sortait et s’en allait du temple, ses disciples s’approchèrent de lui pour lui faire remarquer les bâtimens du temple.

2 Et Jésus leur dit : Voyez-vous bien toutes ces choses ? en vérité, je vous dis qu’il ne sera laissé ici pierre sur pierre qui ne soit démolie.

3 Puis s’étant assis sur la montagne des Oliviers, ses disciples vinrent à lui en particulier, et lui dirent : Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de ton avénement, et de la fin du monde ?

4 Et Jésus répondant, leur dit : Prenez garde que personne ne vous séduise.

5 Car plusieurs viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ ; et ils en séduiront plusieurs.

6 Et vous entendrez des guerres et des bruits de guerre ; mais prenez garde que vous n’en soyez point troublés ; car il faut que toutes ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.

7 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des famines, et des pestes, et des tremblemens de terre en divers lieux.

8 Mais toutes ces choses ne sont qu’un commencement de douleurs.

9 Alors ils vous livreront pour être affligés, et vous tueront ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom.

10 Et alors plusieurs seront scandalisés, et se trahiront l’un l’autre, et se haïront l’un l’autre.

11 Et il s’élèvera plusieurs faux prophètes, qui en séduiront plusieurs.

12 Et parce que l’iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira.

13 Mais qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.

14 Et cet évangile du royaume sera prêché dans toute la terre habitable, pour servir de témoignage à toutes les nations, et alors viendra la fin.

15 Or quand vous verrez l’abomination qui causera la désolation qui a été prédite par Daniel le prophète, être établie dans le lieu saint. (Que celui qui lit ce prophète y fasse attention.)

16 Alors, que ceux qui seront en Judée s’enfuient aux montagnes.

17 Et que celui qui sera sur la maison, ne descende point pour emporter quoi que ce soit de sa maison.

18 Et que celui qui est aux champs, ne retourne point en arrière pour emporter ses habits.

19 Mais malheur aux femmes enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là.

20 Or, priez que votre fuite ne soit point en hiver, ni en un jour de sabbat.

21 Car alors il y aura une grande affliction, telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, ni il n’y en aura plus de telle.

22 Et si ces jours-là n’eussent été abrégés, il n’y eût eu personne de sauvé ; mais à cause des élus, ces jours-là seront abrégés.

23 Alors si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou, il est là ; ne le croyez point.

24 Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, qui feront de grands prodiges et des miracles pour séduire même les élus, s’il était possible.

25 Voici, je vous l’ai prédit.

26 Si donc on vous dit : Voici, il est au désert, ne sortez point ; voici, il est dans le lieu le plus retiré de la maison, ne le croyez point.

27 Car comme l’éclair sort de l’Orient, et se fait voir jusqu’à l’Occident, il en sera de même de l’avénement du Fils de l’homme.

28 Car où sera le corps mort, là s’assembleront les aigles.

29 Or aussitôt après l’affliction de ces jours-là, le soleil deviendra obscur, et la lune ne donnera point sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les vertus des cieux seront ébranlées.

30 Et alors le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel. Alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront en se frappant la poitrine, et verront le Fils de l’homme venant dans les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande gloire.

31 Et il enverra ses anges, qui avec un grand son de trompette assembleront ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts des cieux jusqu’à l’autre bout.

32 Or apprenez cette similitude prise du figuier ; quand ses branches sont déjà en sève, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.

33 De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, et qu’il est à la porte.

34 En vérité, je vous dis que cette génération ne passera point, que toutes ces choses ne soient arrivées.

35 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

36 Or, quant à ce jour-là, et à l’heure, personne ne le sait, non pas même les anges du ciel, mais mon Père seul.

37 Mais comme il en était aux jours de Noé, il en sera de même de l’avénement du Fils de l’homme.

38 Car, comme aux jours avant le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient, et donnaient en mariage jusqu’au jour que Noé entra dans l’arche ;

39 et ils ne connurent point que le déluge viendrait, jusqu’à ce qu’il vint, et les emporta tous ; il en sera de même de l’avénement du Fils de l’homme.

40 Alors deux hommes seront dans un champ ; l’un sera pris, et l’autre laissé.

41 Deux femmes moudront au moulin ; l’une sera prise, et l’autre laissée.

42 Veillez donc ; car vous ne savez point à quelle heure votre Seigneur doit venir.

43 Mais sachez ceci, que si un père de famille savait à quelle veille de la nuit le larron doit venir, il veillerait, et ne laisserait point percer sa maison.

44 C’est pourquoi vous aussi tenez-vous prêts ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous n’y penserez point.

45 Qui est donc le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur tous ses serviteurs, pour leur donner la nourriture dans le temps qu’il faut ?

46 Bienheureux est ce serviteur que son maître en arrivant trouvera agir de cette manière.

47 En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens.

48 Mais si c’est un méchant serviteur, qui dise en lui-même : Mon maître tarde à venir ;

49 et qu’il se mette à battre ses compagnons de service, et à manger et à boire avec les ivrognes ;

50 le maître de ce serviteur viendra au jour qu’il ne l’attend point, et à l’heure qu’il ne sait point.

51 Et il le séparera, et le mettra au rang des hypocrites ; là il y aura des pleurs et des grincemens de dents.

CHAP. XXV.

La parabole des vierges et des talens. La description du jugement dernier.


ALORS le royaume de Dieu sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, s’en allèrent au-devant de l’époux.

2 Or il y en avait cinq sages, et cinq folles.

3 Les folles, en prenant leurs lampes, n’avaient point pris d’huile avec elles.

4 Mais les sages avaient pris de l’huile dans leurs vaisseaux avec leurs lampes.

5 Et comme l’époux tardait à venir, elles sommeillèrent toutes, et s’endormirent.

6 Or à minuit il se fit un cri, disant : Voici, l’époux vient, sortez au-devant de lui.

7 Alors toutes ces vierges se levèrent, et préparèrent leurs lampes.

8 Et les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.

9 Mais les sages répondirent, en disant : Nous ne pouvons vous en donner, de peur que nous n’en ayons pas assez pour nous et pour vous ; mais plutôt allez vers ceux qui en vendent, et en achetez pour vous-mêmes.

10 Or, pendant qu’elles en allaient acheter, l’époux vint ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces ; puis la porte fut fermée.

11 Après cela les autres vierges vinrent aussi, et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !

12 Mais il leur répondit, et dit : En vérité, je vous dis que je ne vous connais point.

13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure en laquelle le Fils de l’homme viendra.

14 Car il en est de lui comme d’un homme qui, s’en allant dehors, appela ses serviteurs, et leur commit ses biens.

15 Et il donna à l’un cinq talens, et à l’autre deux, et à un autre un ; à chacun selon sa portée, et aussitôt après il partit.

16 Or celui qui avait reçu les cinq talens, s’en alla, et en trafiqua, et gagna cinq autres talens.

17 De même celui qui avait reçu les deux talens, en gagna aussi deux autres.

18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un, s’en alla, et l’enfouit dans la terre, et cacha l’argent de son maître.

19 Or long-temps après, le maître de ces serviteurs vint, et fit compte avec eux.

20 Alors celui qui avait reçu les cinq talens, vint, et présenta cinq autres talens, en disant : Seigneur, tu m’as confié cinq talens ; voici, j’en ai gagné cinq autres par dessus.

21 Et son seigneur lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.

22 Ensuite celui qui avait reçu les deux talens, vint, et dit : Seigneur, tu m’as confié deux talens ; voici, j’en ai gagné deux autres par dessus.

23 Et son seigneur lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.

24 Mais celui qui n’avait reçu qu’un talent, vint et dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as point semé, et qui amasses où tu n’as point répandu.

25 C’est pourquoi craignant de perdre ton talent, je suis allé le cacher dans la terre ; voici, tu as ici ce qui t’appartient.

26 Et son seigneur répondant, lui dit : Méchant et lâche serviteur, tu savais que je moissonnais où je n’ai point semé, et que j’amassais où je n’ai point répandu.

27 Il fallait donc que tu donnasses mon argent aux banquiers, et à mon retour je l’aurais reçu avec l’intérêt.

28 Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talens.

29 Car à chacun qui a il sera donné, et il en aura encore plus ; mais à celui qui n’a rien, cela même qu’il a lui sera ôté.

30 Jetez donc le serviteur inutile dans les ténèbres de dehors ; là il y aura des pleurs et des grincemens de dents.

31 Or, quand le Fils de l’homme viendra environné de sa gloire et accompagné de tous ses saints anges, alors il s’asseiera sur le trône de sa gloire.

32 Et toutes les nations seront assemblées devant lui ; et il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs.

33 Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde.

35 Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ;

36 j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi.

37 Alors les justes lui répondront, en disant : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, et que nous t’avons donné à manger ; ou avoir soif, et que nous t’avons donné à boire ?

38 Et quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous t’avons recueilli ; ou nu, et que nous t’avons vêtu ?

39 Ou quand est-ce que nous t’avons vu malade, ou en prison, et que nous sommes venus vers toi ?

40 Et le roi répondant, leur dira : En vérité, je vous dis qu’en tant que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, vous me l’avez fait à moi-même.

41 Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : Maudits, retirez-vous de moi, et allez au feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges.

42 Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez point donné à boire ;

43 j’étais étranger, et vous ne m’avez point recueilli ; j’ai été nu, et vous ne m’avez point vêtu ; j’ai été malade et en prison, et vous ne m’avez point visité.

44 Alors ceux-là aussi lui répondront, en disant : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, ou avoir soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t’avons point secouru ?

45 Alors il leur répondra, en disant : En vérité, je vous dis que parce que vous n’avez point fait ces choses à l’un de ces plus petits, vous ne me l’avez point fait aussi.

46 Et ceux-ci s’en iront aux peines éternelles ; mais les justes iront jouir de la vie éternelle.

CHAP. XXVI.

Jésus-Christ destiné à la mort ; oint d’une femme ; trahi par Judas ; faisant la pâque ; instituant l’eucharistie ; se retirant et souffrant à Gethsemané ; pris et amené chez Caïphe ; renié par Pierre.


ET il arriva que quand Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples :

2 Vous savez que la fête de pâque est dans deux jours, et le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié.

3 Alors les principaux sacrificateurs, et les scribes, et les anciens du peuple s’assemblèrent dans la salle du souverain sacrificateur, appelé Caïphe ;

4 et tinrent conseil ensemble pour se saisir de Jésus par finesse, afin de le faire mourir.

5 Mais ils disaient : Que ce ne soit point durant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.

6 Et comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,

7 il vint à lui une femme qui avait un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, et qui le répandit sur sa tête, lorsqu’il était à table.

8 Mais ses disciples voyant cela, en furent indignés, et dirent : A quoi sert cette perte ?

9 Car ce parfum pouvait être vendu beaucoup, et être donné aux pauvres.

10 Mais Jésus connaissant cela, leur dit : Pourquoi donnez-vous du déplaisir à cette femme ? car elle a fait une bonne action envers moi.

11 Parce que vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’aurez pas toujours.

12 Car ce qu’elle a répandu ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour l’appareil de ma sépulture.

13 En vérité, je vous dis que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu’elle a fait sera aussi récité en mémoire d’elle.

14 Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariot, s’en alla vers les principaux sacrificateurs,

15 et leur dit : Que me voulez-vous donner, et je vous le livrerai ? Et ils lui comptèrent trente pièces d’argent.

16 Et dès-lors il cherchait une occasion pour le livrer.

17 Or le premier jour des pains sans levain, les disciples vinrent à Jésus, en lui disant : Où veux-tu que nous t’apprêtions à manger la pâque ?

18 Et il répondit : Allez à la ville vers un tel, et dites-lui : Le Maître dit : Mon temps est proche ; je ferai la pâque chez toi avec mes disciples.

19 Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné, et préparèrent la pâque.

20 Or quand le soir fut venu, il se mit à table avec les douze.

21 Et comme ils mangeaient, il leur dit : En vérité, je vous dis que l’un de vous me trahira.

22 Et ils en furent fort attristés, et chacun d’eux commença à lui dire : Seigneur, est-ce moi ?

23 Mais il leur répondit, et dit : Celui qui a mis sa main au plat pour tremper avec moi, c’est celui qui me trahira.

24 Or le fils de l’homme s’en va, selon qu’il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est trahi ! Il eût été bon à cet homme-là de n’être point né.

25 Et Judas qui le trahissait, répondant, dit : Maître, est-ce moi ? Jésus lui dit : Tu l’as dit.

26 Et comme ils mangeaient, Jésus prit le pain, et après qu’il eut béni Dieu, il le rompit, et le donna à ses disciples, et leur dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.

27 Puis ayant pris la coupe, et béni Dieu, il la leur donna, en leur disant : Buvez-en tous.

28 Car ceci est mon sang, le sang du nouveau testament, qui est répandu pour plusieurs en rémission des péchés.

29 Or je vous dis que depuis cette heure je ne boirai point de ce fruit de vigne, jusqu’au jour que je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.

30 Et quand ils eurent chanté le cantique, ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers.

31 Alors Jésus leur dit : Vous serez tous cette nuit scandalisés à cause de moi ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.

32 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.

33 Et Pierre prenant la parole, lui dit : Quand même tous seraient scandalisés à cause de toi, je ne le serai jamais.

34 Jésus lui dit : En vérité, je te dis qu’en cette même nuit, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois.

35 Pierre lui dit : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point ; et tous les disciples dirent la même chose.

36 Alors Jésus s’en vint avec eux en un lieu appelé Gethsemané ; et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu’à ce que j’aie prié dans le lieu où je vais.

37 Et il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença à être attristé et fort angoissé.

38 Alors il leur dit : Mon âme est de toutes parts saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici, et veillez avec moi.

39 Puis s’en allant un peu plus avant, il se prosterna le visage contre terre, priant et disant : Mon Père, s’il est possible, fais que cette coupe passe loin de moi ; toutefois non point comme je le veux, mais comme tu le veux.

40 Puis il vint à ses disciples, et il les trouva dormant ; et il dit à Pierre : Est-il possible que vous n’ayez pu veiller une heure avec moi ?

41 Veillez, et priez que vous n’entriez point en tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.

42 Il s’en alla encore pour la seconde fois, et il pria, disant : Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe passe loin de moi, sans que je la boive, que ta volonté soit faite.

43 Il revint ensuite, et les trouva encore dormant ; car leurs yeux étaient appesantis.

44 Et les ayant laissés, il s’en alla encore, et pria pour la troisième fois, disant les mêmes paroles.

45 Alors il vint à ses disciples, et leur dit : Dormez dorénavant, et vous reposez ; voici, l’heure est proche, et le Fils de l’homme va être livré entre les mains des méchans.

46 Levez-vous, allons ; voici, celui qui me trahit s’approche.

47 Et comme il parlait encore, voici, Judas, l’un des douze, vint, et avec lui une grande troupe, avec des épées et des bâtons, envoyés de la part des principaux sacrificateurs, et des anciens du peuple.

48 Or celui qui le trahissait leur avait donné un signal, disant : Celui que je baiserai, c’est lui, saisissez-le.

49 Et aussitôt s’approchant de Jésus, il lui dit : Maître, je vous salue ; et il le baisa.

50 Et Jésus lui dit : Mon ami, pour quel sujet es-tu ici ? Alors s’étant approchés, ils mirent les mains sur Jésus, et le saisirent.

51 Et voici, l’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main sur son épée, la tira, et en frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille.

52 Alors Jésus lui dit : Remets ton épée en son lieu ; car tous ceux qui auront pris l’épée périront par l’épée.

53 Crois-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon Père, qui me donnerait présentement plus de douze légions d’anges ?

54 Mais comment seraient accomplies les écritures qui disent qu’il faut que cela arrive ainsi.

55 En ce même instant Jésus dit aux troupes : Vous êtes sortis avec des épées et des bâtons, comme après un brigand, pour me prendre ; j’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi.

56 Mais tout ceci est arrivé, afin que les écritures des prophètes soient accomplies. Alors tous les disciples l’abandonnèrent, et s’enfuirent.

57 Et ceux qui avaient pris Jésus, l’amenèrent chez Caïphe, souverain sacrificateur, chez qui les scribes et les anciens étaient assemblés.

58 Et Pierre le suivait de loin jusqu’à la cour du souverain sacrificateur ; et étant entré dedans, il s’assit avec les officiers pour voir quelle en serait la fin.

59 Or les principaux sacrificateurs, et les anciens, et tout le conseil cherchaient de faux témoignages contre Jésus pour le faire mourir.

60 Mais ils n’en trouvaient point ; et bien que plusieurs faux témoins fussent venus, ils n’en trouvèrent point de propres ; mais à la fin deux faux témoins s’approchèrent,

61 qui dirent : Celui-ci a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours.

62 Alors le souverain sacrificateur se leva, et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ceux-ci témoignent contre toi ?

63 Mais Jésus se tut. Et le souverain sacrificateur prenant la parole, lui dit : Je te somme, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu.

64 Jésus lui dit : Tu l’as dit ; de plus, je vous dis que désormais vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.

65 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtemens, en disant : Il a blasphémé, qu’avons-nous plus affaire de témoins ? Voici, vous avez ouï maintenant son blasphème. Que vous en semble ?

66 Ils répondirent : Il est digne de mort.

67 Alors ils lui crachèrent au visage, et les uns lui donnaient des soufflets, et les autres le frappaient de leurs verges,

68 en lui disant : Christ, prophétise-nous qui est celui qui t’a frappé.

69 Or Pierre était assis dehors dans la cour, et une servante s’approcha de lui, et lui dit : Tu étais aussi avec Jésus le Galiléen.

70 Mais il le nia devant tous, en disant : Je ne sais ce que tu dis.

71 Et comme il était sorti dans le vestibule, une autre servante le vit, et elle dit à ceux qui étaient là : Celui-ci aussi était avec Jésus le Nazarien.

72 Et il le nia encore avec serment, disant : Je ne connais point cet homme.

73 Et un peu après, ceux qui se trouvaient là s’approchèrent, et dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te donne à connaître.

74 Alors il commença à faire des imprécations, et à jurer, en disant : Je ne connais point cet homme ; et aussitôt le coq chanta.

75 Et Pierre se souvint de la parole de Jésus, qui lui avait dit : Avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. Et étant sorti dehors, il pleura amèrement.

CHAP. XXVII.

Jésus-Christ amené devant Pilate. Désespoir de Judas. Jésus-Christ souffrant plusieurs indignités, crucifié, mort, mis au sépulcre par Joseph.


PUIS quand le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir :

2 Et l’ayant lié, ils l’amenèrent et le livrèrent à Ponce Pilate, qui était le gouverneur.

3 Alors Judas qui l’avait trahi, voyant qu’il était condamné, se repentit, et reporta les trente pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens,

4 en leur disant : J’ai péché en trahissant le sang innocent ; mais ils lui dirent : Que nous importe ? tu y aviseras.

5 Et après avoir jeté les pièces d’argent dans le temple, il se retira, et s’en étant allé, il s’étrangla.

6 Mais les principaux sacrificateurs ayant pris les pièces d’argent, dirent : Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor ; car c’est un prix de sang.

7 Et après qu’ils eurent consulté entre eux, ils en achetèrent le champ d’un potier pour la sépulture des étrangers.

8 C’est pourquoi ce champ-là a été appelé, jusqu’à aujourd’hui, le champ du sang.

9 Alors fut accompli ce dont il avait été parlé par Jérémie le prophète, disant : Et ils ont pris trente pièces d’argent, le prix de celui qui a été apprécié, lequel ceux d’entre les enfans d’Israël ont apprécié ;

10 et ils les ont données pour en acheter le champ d’un potier, selon ce que le Seigneur m’avait ordonné.

11 Or Jésus fut présenté devant le gouverneur, et le gouverneur l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis.

12 Et étant accusé par les principaux sacrificateurs et les anciens, il ne répondait rien.

13 Alors Pilate lui dit : N’entends-tu pas combien ils portent de témoignages contre toi ?

14 Mais il ne lui répondit pas un mot sur quoi que ce fût ; de sorte que le gouverneur s’en étonnait extrêmement.

15 Or, le gouverneur avait accoutumé de relâcher au peuple le jour de la fête un prisonnier, quel que ce fût qu’on demandât.

16 Et il y avait alors un prisonnier fameux nommé Barrabas.

17 Quand donc ils furent assemblés, Pilate leur dit : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barrabas ou Jésus qu’on appelle Christ ?

18 Car il savait bien qu’ils l’avaient livré par envie.

19 Et comme il était assis au siége judicial, sa femme lui envoya dire : N’entre point dans l’affaire de ce juste, car j’ai aujourd’hui beaucoup souffert à son sujet en songeant.

20 Et les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent à la multitude du peuple de demander Barrabas, et de faire périr Jésus.

21 Et le gouverneur prenant la parole, leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Ils dirent : Barrabas.

22 Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus qu’on appelle Christ ? Ils lui dirent tous : Qu’il soit crucifié !

23 Et le gouverneur leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort, en disant : Qu’il soit crucifié !

24 Alors Pilate voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte s’augmentait, prit de l’eau, et lava ses mains devant le peuple, en disant : Je suis innocent du sang de ce juste, vous y penserez.

25 Et tout le peuple répondant, dit : Que son sang soit sur nous, et sur nos enfans !

26 Alors il leur relâcha Barrabas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le leur livra pour être crucifié.

27 Et les soldats du gouverneur amenèrent Jésus au prétoire, et assemblèrent devant lui toute la cohorte.

28 Et après l’avoir dépouillé, ils mirent sur lui un manteau d’écarlate.

29 Et ayant fait une couronne d’épines entrelacées, ils la mirent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite ; puis s’agenouillant devant lui, ils se moquaient de lui, en disant : Nous vous saluons, roi des Juifs !

30 Et après avoir craché contre lui, ils prirent le roseau, et ils en frappaient sa tête.

31 Et après s’être moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, et le vêtirent de ses vêtemens, et l’amenèrent pour le crucifier.

32 Et comme ils sortaient, ils rencontrèrent un Cyrénien, nommé Simon, lequel ils contraignirent de porter la croix de Jésus.

33 Et étant arrivé au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire le lieu du crâne,

34 ils lui donnèrent à boire du vinaigre mêlé avec du fiel ; mais quand il en eut goûté, il n’en voulut point boire.

35 Et après l’avoir crucifié, ils partagèrent ses vêtemens, en les jetant au sort, afin que ce qui avait été dit par un prophète fût accompli : Ils ont partagé entre eux mes vêtemens, et ont jeté ma robe au sort.

36 Puis s’étant assis, ils le gardaient là.

37 Ils mirent aussi au-dessus de sa tête un écriteau, où la cause de sa condamnation était marquée en ces mots : celui-ci est jesus le roi des juifs.

38 Et deux brigands furent crucifiés avec lui, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.

39 Et ceux qui passaient par là, lui disaient des outrages en branlant la tête,

40 et disant : Toi qui détruis le temple et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix.

41 Pareillement aussi les principaux sacrificateurs avec les scribes et les anciens, se moquant, disaient :

42 Il a sauvé les autres, il ne se peut sauver lui-même ; s’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui.

43 Il se confie en Dieu ; mais si Dieu l’aime, qu’il le délivre maintenant, car il a dit : Je suis le Fils de Dieu.

44 Les brigands aussi qui étaient crucifiés avec lui, lui reprochaient la même chose.

45 Or, depuis six heures il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à neuf heures.

46 Et environ les neuf heures, Jésus s’écria à haute voix, en disant : Eli, Eli, lamma sabachthani ? c’est-à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

47 Et quelques-uns de ceux qui étaient là présens, ayant entendu cela, disaient : Il appelle Elie.

48 Et aussitôt un d’entre eux courut, et prit une éponge, et l’ayant remplie de vinaigre, la mit au bout d’un roseau, et lui en donna à boire.

49 Mais les autres disaient : Laisse, voyons si Elie viendra le sauver.

50 Alors Jésus ayant crié encore à haute voix, rendit l’esprit.

51 Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; et la terre trembla, et les pierres se fendirent.

52 Et les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts, ressuscitèrent.

53 Et étant sortis des sépulcres après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte cité, et se montrèrent à plusieurs.

54 Or le centenier, et ceux qui avec lui gardaient Jésus, ayant vu le tremblement de terre, et tout ce qui venait d’arriver, eurent une fort grande peur, et dirent : Certainement celui-ci était le Fils de Dieu.

55 Il y avait là aussi plusieurs femmes qui regardaient de loin, et qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, en le servant.

56 Entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques et de Joses, et la mère des fils de Zébédée.

57 Et le soir étant venu, un homme riche d’Arimathée, nommé Joseph, qui même avait été disciple de Jésus,

58 vint à Pilate, et demanda le corps de Jésus ; et en même temps Pilate commanda que le corps fût rendu.

59 Ainsi Joseph prit le corps, et l’enveloppa d’un linceul net ;

60 et le mit dans son sépulcre neuf, qu’il avait taillé dans le roc ; et après avoir roulé une grande pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla.

61 Et là étaient Marie-Magdelaine et l’autre Marie, assises vis-à-vis du sépulcre.

62 Or le lendemain, qui est après la préparation du sabbat, les principaux sacrificateurs et les pharisiens s’assemblèrent vers Pilate,

63 et lui dirent : Seigneur, il nous souvient que ce séducteur disait, quand il était encore en vie : Dans trois jours je ressusciterai.

64 Commande donc que le sépulcre soit gardé sûrement jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent de nuit, et ne le dérobent, et qu’ils ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts ; car cette dernière imposture serait pire que la première.

65 Mais Pilate leur dit : Vous avez la garde ; allez, et assurez-le comme vous l’entendrez.

66 Ils s’en allèrent donc, et assurèrent le sépulcre, scellant la pierre, et y mettant des gardes.

CHAP. XXVIII.

Résurrection et apparition de Jésus-Christ.


OR au soir du sabbat, au jour qui devait luire pour le premier de la semaine, Marie-Magdelaine et l’autre Marie vinrent voir le sépulcre.

2 Et voici, il se fit un grand tremblement de terre, car l’ange du Seigneur descendit du ciel, et vint, et roula la pierre à côté de l’entrée du sépulcre, et s’assit sur elle.

3 Et son visage était comme un éclair, et son vêtement blanc comme de la neige.

4 Et les gardes en furent tellement saisis de frayeur, qu’ils devinrent comme morts.

5 Mais l’ange prenant la parole, dit aux femmes : Pour vous, n’ayez point de peur ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié.

6 Il n’est point ici, car il est ressuscité, comme il avait dit. Venez, et voyez le lieu où le Seigneur était couché.

7 Et allez-vous-en promptement, et dites à ses disciples, qu’il est ressuscité des morts. Et voici, il s’en va devant vous en Galilée : vous le verrez là ; voici, je vous l’ai dit.

8 Alors elles sortirent promptement du sépulcre avec crainte et grande joie, et coururent l’annoncer à ses disciples.

9 Mais comme elles allaient pour l’annoncer à ses disciples, voici, Jésus se présenta devant elles, et leur dit : Je vous salue. Et elles s’approchèrent, et embrassèrent ses pieds, et l’adorèrent.

10 Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez, et dites à mes frères d’aller en Galilée, et qu’ils me verront là.

11 Or quand elles furent parties, voici, quelques-uns de la garde vinrent dans la ville, et ils rapportèrent aux principaux sacrificateurs toutes les choses qui étaient arrivées.

12 Sur quoi les sacrificateurs s’assemblèrent avec les anciens ; et après avoir consulté, ils donnèrent une bonne somme d’argent aux soldats,

13 en leur disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit, et l’ont dérobé lorsque nous dormions.

14 Et si le gouverneur vient à en entendre parler, nous le lui persuaderons, et nous vous mettrons hors de peine.

15 Eux donc ayant pris l’argent, firent ainsi qu’ils avaient été instruits ; et ce bruit s’en est répandu parmi les Juifs jusqu’à aujourd’hui.

16 Mais les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.

17 Et quand ils l’eurent vu, ils l’adorèrent ; mais quelques-uns doutèrent.

18 Et Jésus s’approchant leur parla, en disant : Toute puissance m’est donnée dans le ciel et sur la terre.

19 Allez donc, et enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ;

20 et les enseignant de garder tout ce que je vous ai commandé. Et, voici, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde. Amen.


LE SAINT ÉVANGILE

SELON SAINT MARC.

CHAP. I.

Jésus-Christ baptisé et tenté, prêche et appelle Pierre et André, Jacques et Jean ; il guérit des possédés et un lépreux.


LE commencement de l’évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu,

2 selon qu’il est écrit dans les prophètes : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, lequel préparera ta voie devant toi.

3 La voie de celui qui crie dans le désert est : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers.

4 Jean baptisait dans le désert, et prêchait le baptême de repentance, pour obtenir la rémission des péchés.

5 Et tout le pays de Judée, et les habitans de Jérusalem allaient vers lui, et ils étaient tous baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, confessant leurs péchés.

6 Or Jean était vêtu de poils de chameau, et il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et mangeait des sauterelles et du miel sauvage.

7 Et il prêchait, en disant : Il en vient un après moi, qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier en me baissant la courroie des souliers.

8 Pour moi, je vous ai baptisés d’eau ; mais il vous baptisera du Saint-Esprit.

9 Or il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean au Jourdain.

10 Et en même temps qu’il sortait de l’eau, Jean vit les cieux se fendre, et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe.

11 Et il y eut une voix des cieux, disant : Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.

12 Et aussitôt l’Esprit le poussa à se rendre dans un désert.

13 Et il fut là au désert quarante jours, étant tenté par Satan ; et il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

14 Or après que Jean eut été mis en prison, Jésus vint en Galilée, prêchant l’évangile du royaume de Dieu,

15 et disant : Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est approché ; convertissez-vous, et croyez à l’évangile.

16 Et comme il marchait près de la mer de Galilée, il vit Simon et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs.

17 Et Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.

18 Et ayant aussitôt quitté leurs filets, ils le suivirent.

19 Puis passant de là un peu plus avant, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, qui raccommodaient leurs filets dans la nacelle.

20 Et aussitôt il les appela, et eux laissant leur père Zébédée dans la nacelle avec les ouvriers, le suivirent.

21 Puis ils entrèrent dans Capernaüm ; et aussitôt après au jour du sabbat, étant entré dans la synagogue, il enseignait.

22 Et ils s’étonnaient de sa doctrine ; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes.

23 Or il se trouva dans leur synagogue un homme qui avait un esprit immonde, qui s’écria,

24 en disant : Ah ! qu’y a-t-il entre toi et nous, Jésus Nazarien ? Es-tu venu pour nous détruire ? Je sais qui tu es, tu es le Saint de Dieu.

25 Mais Jésus lui parla fortement, et lui dit : Tais-toi, et sors de cet homme.

26 Alors l’esprit immonde le tourmentant, et criant à haute voix, sortit de cet homme.

27 Et tous en furent étonnés, de sorte qu’ils se demandaient les uns aux autres, et disaient : Qu’est ceci ? quelle doctrine nouvelle est celle-ci ? Il commande avec autorité, même aux esprits immondes, et ils lui obéissent.

28 Et sa renommée se répandit incessamment dans tout le pays des environs de la Galilée.

29 Et aussitôt après étant sortis de la synagogue, ils allèrent avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d’André.

30 Or la belle-mère de Simon était au lit, malade de la fièvre ; et d’abord ils lui parlèrent d’elle.

31 Et s’étant approché, il la releva, en la prenant par la main ; et à l’instant la fièvre la quitta ; et elle les servit.

32 Or le soir étant venu, comme le soleil se couchait, on lui apporta tous les malades et les démoniaques.

33 Et toute la ville était assemblée devant la porte.

34 Et il guérit plusieurs malades qui avaient de différentes maladies ; et chassa plusieurs démons hors des possédés, et il ne permit point que les démons dissent qu’ils le connussent.

35 Puis au matin, comme il était encore fort nuit, s’étant levé, il sortit, et s’en alla en un lieu désert, et il priait là.

36 Et Simon, et ceux qui étaient avec lui, le suivirent.

37 Et l’ayant trouvé, ils lui dirent : Tous te cherchent.

38 Et il leur dit : Allons aux bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi ; car je suis venu pour cela.

39 Il prêchait donc dans leurs synagogues par toute la Galilée, et chassait les démons hors des possédés.

40 Et un lépreux vint à lui, le priant et se mettant à genoux devant lui, et lui disant : Si tu veux, tu peux me rendre net.

41 Et Jésus étant ému de compassion, étendit sa main, et le toucha, en lui disant : Je le veux, sois net.

42 Et quand il eut dit cela, la lèpre se retira aussitôt de cet homme, et il fut net.

43 Puis l’ayant menacé, il le renvoya incessamment.

44 Et lui dit : Prends garde de n’en rien dire à personne ; mais va, et te montre au sacrificateur, et présente pour ta purification les choses que Moïse a commandées pour leur servir de témoignage.

45 Mais lui étant parti, commença à publier plusieurs choses, et à divulguer ce qui s’était passé ; de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans la ville ; mais il se tenait dehors en des lieux déserts, et de toutes parts on venait à lui.

CHAP. II.

Jésus-Christ guérit un paralytique, appelle les pécheurs à la repentance, et restreint l’observation du jeûne et du sabbat.


QUELQUES jours après il revint à Capernaüm ; et on ouït dire qu’il était dans la maison.

2 Et aussitôt il s’y assembla beaucoup de gens, tellement que l’espace même d’auprès de la porte ne les pouvait contenir, et il leur annonçait la parole.

3 Et quelques-uns vinrent à lui, portant un paralytique, qui était soutenu par quatre personnes.

4 Mais parce qu’ils ne pouvaient approcher de lui à cause de la foule, ils découvrirent le toit du lieu où il était ; et l’ayant percé, ils descendirent le petit lit dans lequel le paralytique était couché.

5 Et Jésus ayant vu leur foi, dit au paralytique : Mon fils, tes péchés te sont pardonnés.

6 Et quelques scribes, qui étaient là assis, raisonnaient ainsi en eux-mêmes :

7 Pourquoi celui-ci prononce-t-il ainsi des blasphèmes ? Qui est-ce qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ?

8 Et Jésus ayant aussitôt connu par son esprit qu’ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes, il leur dit : Pourquoi faites-vous ces raisonnemens dans vos cœurs ?

9 Car lequel est le plus aisé, ou de dire au paralytique : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de lui dire : Lève-toi, et charge ton petit lit, et marche ?

10 Mais afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés, il dit au paralytique :

11 Je te dis : Lève-toi, et charge ton petit lit, et t’en va en ta maison.

12 Et il se leva aussitôt, et ayant chargé son petit lit, il sortit en la présence de tous ; de sorte qu’ils en furent tous étonnés, et ils glorifièrent Dieu, en disant : Nous ne vîmes jamais une telle chose.

13 Et Jésus sortit encore vers la mer, et tout le peuple venait à lui, et il les enseignait.

14 Et en passant, il vit Lévi, fils d’Alphée, assis dans le lieu du péage, et il lui dit : Suis-moi ; et Lévi s’étant levé, le suivit.

15 Or il arriva que, comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, plusieurs péagers et des gens de mauvaise vie se mirent aussi à table avec Jésus et ses disciples ; car il y avait beaucoup de gens qui l’avaient suivi.

16 Mais les scribes et les pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les péagers et les gens de mauvaise vie, disaient à ses disciples : Pourquoi est-ce qu’il mange et boit avec les péagers et les gens de mauvaise vie ?

17 Et Jésus ayant entendu cela, leur dit : Ceux qui sont en santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal ; je ne suis pas venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs.

18 Or les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnaient ; et ils vinrent à Jésus, et lui dirent : Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, et tes disciples ne jeûnent point ?

19 Et Jésus leur répondit : Les amis de l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Tandis qu’ils ont l’époux avec eux, ils ne peuvent point jeûner.

20 Mais les jours viendront que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront en ces jours-là.

21 Aussi personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux vêtement ; autrement la pièce du drap neuf emporte du vieux, et la déchirure en est plus grande.

22 Et personne ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement le vin nouveau rompt les vaisseaux, et le vin se répand, et les vaisseaux se perdent ; mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs.

23 Et il arriva que, comme il passait par des blés un jour de sabbat, ses disciples en marchant se mirent à arracher des épis.

24 Et les pharisiens lui dirent : Regarde, pourquoi font-ils ce qui n’est pas permis les jours de sabbat ?

25 Mais il leur dit : N’avez-vous jamais lu ce que fit David quand il fut dans la nécessité, et qu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ?

26 Comment il entra dans la maison de Dieu, au temps d’Abiathar, principal sacrificateur, et mangea les pains de proposition, lesquels il n’était permis qu’aux sacrificateurs de manger ; et il en donna même à ceux qui étaient avec lui.

27 Puis il leur dit : Le sabbat est fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.

28 De sorte que le Fils de l’homme est Seigneur même du sabbat.

CHAP. III.

Jésus-Christ guérit les malades au sabbat ; ordonne douze de ses disciples pour prêcher et guérir ; repousse la calomnie des scribes, et ne reconnaît que ceux qui font la volonté de Dieu pour les siens.


PUIS il entra encore dans la synagogue, et il y avait là un homme qui avait une main sèche.

2 Et ils l’observaient, pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat, afin de l’accuser.

3 Et Jésus dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi, et te place là au milieu.

4 Puis il leur dit : Est-il permis de faire du bien les jours de sabbat, ou de faire du mal ? de sauver une personne, ou de la tuer ? Mais ils se turent.

5 Alors les regardant de tous côtés avec indignation, et étant tout ensemble affligé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à cet homme : Etends ta main ; et il l’étendit, et sa main fut rendue saine comme l’autre.

6 Alors les pharisiens étant sortis, ils consultèrent contre lui avec les Hérodiens, comment ils feraient pour le perdre.

7 Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer, et une grande multitude le suivit de Galilée, et de Judée, et de Jérusalem, et d’Idumée, et de delà le Jourdain.

8 Et ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant entendu les grandes choses qu’il faisait, vinrent vers lui en grand nombre.

9 Et il dit à ses disciples qu’une petite nacelle ne bougeât point de là pour le servir, à cause des troupes, afin qu’elles ne le pressassent point.

10 Car il en avait guéri beaucoup, de sorte que tous ceux qui étaient affligés de quelque fléau se jetaient sur lui pour le toucher.

11 Et les esprits immondes, quand ils le voyaient, se prosternaient devant lui, et s’écriaient, en disant : Tu es le Fils de Dieu.

12 Mais il leur défendait avec de grandes menaces de le faire connaître.

13 Puis il monta sur une montagne et appela ceux qu’il voulut, et ils vinrent à lui.

14 Et il en ordonna douze pour être avec lui, et pour les envoyer prêcher,

15 et afin qu’ils eussent la puissance de guérir les maladies, et de chasser les démons hors des possédés.

16 Et ce sont ici les noms de ces douze : Simon, qu’il surnomma Pierre ;

17 et Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergés, qui veut dire, fils du tonnerre ;

18 Et André, et Philippe, et Barthélemi, et Matthieu, et Thomas, et Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée, et Simon le Cananéen ;

19 et Judas Iscariot, qui même le trahit.

20 Puis ils vinrent en la maison, et il s’y assembla encore une si grande multitude, qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.

21 Et quand ses parens eurent entendu cela, ils sortirent pour se saisir de lui ; car ils disaient qu’il était hors du sens.

22 Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : Il a Béelzebul, et il chasse les démons par le prince des démons.

23 Mais Jésus les ayant appelés, leur dit par des similitudes : Comment Satan peut-il chasser Satan dehors ?

24 Car si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut point subsister.

25 Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne peut point subsister.

26 Si donc Satan s’élève contre lui-même, et est divisé, il ne peut point se soutenir, mais il tend à sa fin.

27 Nul ne peut entrer dans la maison d’un homme fort, et piller son bien, si auparavant il n’a lié l’homme fort ; mais alors il pillera sa maison.

28 En vérité, je vous dis que toutes sortes de péchés seront pardonnés aux enfans des hommes, et aussi toutes sortes de blasphèmes par lesquels ils auront blasphémé ;

29 mais quiconque aura blasphémé contre le Saint-Esprit, n’aura jamais de pardon, mais il sera soumis à une condamnation éternelle.

30 Or c’était parce qu’ils disaient : Il est possédé d’un esprit immonde.

31 Sur cela, ses frères et sa mère arrivèrent là ; et se tenant dehors, ils l’envoyèrent appeler ; et la multitude était assise autour de lui.

32 Et on lui dit : Voilà ta mère et tes frères là dehors qui te demandent.

33 Mais il leur répondit, en disant : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?

34 Et après avoir regardé de tous côtés ceux qui étaient assis autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères.

35 Car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère.

CHAP. IV.

La parabole de Jésus-Christ du semeur, de la semence, et du grain de moutarde ; il se met en mer, et apaise la tempête.


PUIS il se mit encore à enseigner près de la mer, et de grandes troupes s’assemblèrent vers lui ; de sorte qu’il monta dans une nacelle, et s’étant assis dans la nacelle, sur la mer, tout le peuple demeura à terre sur le rivage de la mer.

2 Et il leur enseignait beaucoup de choses par des similitudes, et il leur disait dans ses instructions :

3 Ecoutez ; voici, un semeur sortit pour semer.

4 Et il arriva qu’en semant, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux du ciel vinrent, et la mangèrent toute.

5 Une autre partie tomba dans des lieux pierreux, où elle n’avait guère de terre, et aussitôt elle leva, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre ;

6 mais quand le soleil fut levé, elle fut brûlée ; et, parce qu’elle n’avait pas de racine, elle se sécha.

7 Une autre partie tomba parmi des épines ; et les épines montèrent, et l’étouffèrent, et elle ne rendit point de fruit.

8 Et une autre partie tomba dans une bonne terre, et rendit du fruit, montant et croissant ; tellement qu’un grain en rapporta trente, un autre soixante, et un autre cent.

9 Et il leur dit : Qui a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

10 Et quand il fut en particulier, ceux qui étaient autour de lui avec les douze, l’interrogèrent touchant cette parabole.

11 Et il leur dit : Il vous est donné, de connaître le secret du royaume de Dieu ; mais à ceux qui sont dehors, toutes choses se traitent par des paraboles.

12 Afin qu’en voyant ils voient et n’aperçoivent point, et qu’en entendant ils entendent et ne comprennent point ; de peur qu’ils ne se convertissent, et que leurs péchés ne leur soient pardonnés.

13 Puis il leur dit : Ne comprenez-vous pas cette parabole ? et comment donc connaîtrez-vous toutes les paraboles ?

14 Le semeur, c’est celui qui sème la parole.

15 Et voici, ceux qui reçoivent la semence le long du chemin, ce sont ceux en qui la parole est semée ; mais après qu’ils l’ont ouïe, Satan vient incessamment, et ravit la parole semée en leurs cœurs.

16 De même, ceux qui reçoivent la semence dans des lieux pierreux, ce sont ceux qui, ayant ouï la parole, la reçoivent aussitôt avec joie ;

17 mais ils n’ont point de racine en eux-mêmes, et ne sont que pour un temps ; de sorte que l’affliction et la persécution s’élevant à cause de la parole, ils sont incessamment scandalisés.

18 Et ceux qui reçoivent la semence entre les épines sont ceux qui entendent la parole ;

19 mais les soucis de ce monde, et la tromperie des richesses, et les convoitises des autres choses étant entrées dans leurs esprits, étouffent la parole, et elle devient infructueuse.

20 Mais ceux qui ont reçu la semence dans une bonne terre, sont ceux qui entendent la parole, et qui la reçoivent, et portent du fruit ; l’un trente, et l’autre soixante, et l’autre cent.

21 Il leur disait aussi : Apporte-t-on la lampe pour la mettre sous un boisseau, ou sous un lit ? n’est-ce pas pour la mettre sur un chandelier ?

22 Car il n’y a rien de secret qui ne soit manifesté ; et il n’y a rien de caché, qui ne vienne en évidence.

23 Si quelqu’un a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

24 Il leur dit encore : Prenez garde à ce que vous entendez ; de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré ; mais à vous qui entendez, il sera ajouté.

25 Car à celui qui a, il lui sera donné ; et à celui qui n’a rien, cela même qu’il a lui sera ôté.

26 Il disait aussi : Le royaume de Dieu est comme si un homme, après avoir jeté de la semence dans la terre, dormait, et se levait de nuit et de jour ;

27 et que la semence germât et crût, sans qu’il sache comment.

28 Car la terre produit d’elle-même, premièrement l’herbe, ensuite l’épi, et puis le froment lui-même dans l’épi ;

29 et quand le blé est mûr, on y met incessamment la faucille, parce que la moisson est prête.

30 Il disait encore : A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle similitude le représenterons-nous ?

31 Il en est comme du grain de moutarde, qui, lorsqu’on le sème dans la terre, est bien la plus petite de toutes les semences qui sont jetées dans la terre.

32 Mais après qu’il est semé, il lève, et devient plus grand que toutes les autres plantes, et jette de grandes branches, tellement que les oiseaux du ciel peuvent faire leurs nids sous son ombre.

33 Ainsi, par plusieurs similitudes de cette sorte, il leur annonçait la parole de Dieu, selon qu’ils pouvaient l’entendre.

34 Et il ne leur parlait point sans similitude ; mais en particulier il expliquait tout à ses disciples.

35 Or, en ce même jour, comme le soir fut venu, il leur dit : Passons de là l’eau.

36 Et laissant les troupes, ils l’emmenèrent avec eux, lui étant déjà dans la nacelle ; et il y avait aussi d’autres petites nacelles avec lui.

37 Et il se leva un si grand tourbillon de vent, que les vagues se jetaient dans la nacelle, de sorte qu’elle s’emplissait déjà.

38 Or il était à la poupe, dormant sur un oreiller ; et ils le réveillèrent, et lui dirent : Maître, ne te soucies-tu point que nous périssions ?

39 Mais lui étant réveillé, tança le vent, et dit à la mer : Tais-toi, sois tranquille. Et le vent cessa, et il se fit un grand calme.

40 Puis il leur dit : Pourquoi êtes-vous ainsi craintifs ? comment n’avez-vous point de foi ?

41 Et ils furent saisis d’une grande crainte, et ils se disaient l’un à l’autre : Mais qui est celui-ci, que le vent même et la mer lui obéissent ?

CHAP. V.

Jésus-Christ délivre un possédé, guérit une femme malade, et ressuscite la fille de Jaïrus.


ET ils arrivèrent au-delà de la mer, dans le pays des Gadaréniens.

2 Et quand il fut sorti de la nacelle, un homme, qui avait un esprit immonde, sortit d’abord des sépulcres, et le vint rencontrer.

3 Cet homme faisait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne le pouvait tenir lié, non pas même avec des chaînes.

4 Parce que souvent, quand il avait été lié de fers et de chaînes, il avait rompu les chaînes, et mis les fers en pièces, et personne ne pouvait le dompter.

5 Et il était continuellement de nuit et de jour dans les montagnes et dans les sépulcres, criant, et se frappant avec des pierres.

6 Mais quand il eut vu Jésus de loin, il courut et se prosterna devant lui.

7 Et criant à haute voix, il dit : Qu’y a-t-il entre nous, Jésus, Fils du Dieu souverain ? Je te conjure, de la part de Dieu, de ne me point tourmenter.

8 Car Jésus lui disait : Sors de cet homme, esprit immonde.

9 Alors il lui demanda : Comment te nommes-tu ? Et il répondit, et dit : J’ai nom Légion, parce que nous sommes plusieurs.

10 Et il le priait instamment qu’il ne les envoyât point hors de cette contrée.

11 Or il y avait là vers les montagnes un grand troupeau de pourceaux qui paissait.

12 Et tous ces démons le priaient, en disant : Envoie-nous dans les pourceaux, afin que nous entrions en eux ; et aussitôt Jésus le leur permit.

13 Alors ces esprits immondes étant sortis, entrèrent dans les pourceaux ; et le troupeau, qui était d’environ deux mille, se jeta du haut en bas dans la mer ; et ils furent étouffés dans la mer.

14 Et ceux qui paissaient les pourceaux s’enfuirent, et en portèrent les nouvelles dans la ville et dans les villages.

15 Et ceux de la ville sortirent pour voir ce qui était arrivé, et vinrent à Jésus ; et ils virent le démoniaque, celui qui avait été possédé de la légion, assis et vêtu, et en bon sens ; et ils furent saisis de crainte.

16 Et ceux qui avaient vu le miracle, leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux.

17 Alors ils se mirent à le prier qu’il se retirât de leurs quartiers.

18 Et quand il fut entré dans la nacelle, celui qui avait été démoniaque le pria de permettre qu’il fût avec lui.

19 Mais Jésus ne le lui permit point, et lui dit : Va-t-en à ta maison vers les tiens, et raconte-leur les grandes choses que le Seigneur t’a faites, et comment il a eu pitié de toi.

20 Il s’en alla donc, et se mit à publier en Décapolis les grandes choses que Jésus lui avait faites ; et tous s’en étonnaient.

21 Et quand Jésus fut repassé à l’autre rivage dans une nacelle, de grandes troupes s’assemblèrent vers lui, et il était près de la mer.

22 Et voici, un des principaux de la synagogue, nommé Jaïrus, vint à lui, et le voyant, il se jeta à ses pieds,

23 et il le priait instamment, en disant : Ma petite fille est à l’extrémité ; je te prie de venir, et de lui imposer les mains, afin qu’elle soit guérie, et qu’elle vive.

24 Jésus s’en alla donc avec lui ; et de grandes troupes de gens le suivaient et le pressaient.

25 Or une femme qui avait une perte de sang depuis douze ans,

26 et qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, et avait dépensé tout son bien, sans avoir rien profité, mais plutôt était allée en empirant,

27 ayant ouï parler de Jésus, vint dans la foule par derrière, et toucha son vêtement.

28 Car elle disait : Si je touche seulement ses vêtemens, je serai guérie.

29 Et dans ce moment la perte de sang s’arrêta, et elle sentit en son corps qu’elle était guérie de son fléau.

30 Et aussitôt Jésus, reconnaissant en soi-même la vertu qui était sortie de lui, se retourna vers la foule, en disant : Qui est-ce qui a touché mes vêtemens ?

31 Et ses disciples lui dirent : Tu vois que la foule te presse, et tu dis : Qui est-ce qui m’a touché ?

32 Mais il regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela.

33 Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui avait été fait en sa personne, vint et se jeta à ses pieds, et lui déclara toute la vérité.

34 Et il lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va-t-en en paix, et sois guérie de ton fléau.

35 Comme il parlait encore, il vint des gens de chez le principal de la synagogue, qui lui dirent : Ta fille est morte, pourquoi donnes-tu encore de la peine au Maître ?

36 Mais Jésus, ayant aussitôt entendu ce qu’on disait, dit au principal de la synagogue : Ne crains point ; crois seulement.

37 Et il ne permit à personne de le suivre, sinon à Pierre, et à Jacques, et à Jean, le frère de Jacques.

38 Puis il vint à la maison du principal de la synagogue, et il vit le tumulte, c’est-à-dire ceux qui pleuraient et qui jetaient de grands cris.

39 Et étant entré, il leur dit : Pourquoi faites-vous tout ce bruit, et pourquoi pleurez-vous ? La petite fille n’est pas morte, mais elle dort.

40 Et ils se riaient de lui. Mais Jésus, les ayant tous fait sortir, prit le père et la mère de la petite fille, et ceux qui étaient avec lui, et entra là où la petite fille était couchée.

41 Et ayant pris la main de l’enfant, il lui dit : Talitha cumi, qui, étant expliqué, veut dire : Petite fille, je te dis, lève-toi.

42 Et d’abord la petite fille se leva, et marcha ; car elle était âgée de douze ans ; et ils en furent dans un grand étonnement.

43 Et il leur commanda fort expressément que personne ne le sût ; puis il dit qu’on lui donnât à manger.

CHAP. VI.

Jésus-Christ méprisé à Nazareth, envoie ses disciples en Judée ; est pris pour Jean-Baptiste ressuscité ; rassasie avec cinq pains et deux poissons cinq mille personnes ; marche sur la mer, et guérit plusieurs malades.


PUIS il partit de là, et vint en son pays ; et ses disciples le suivirent.

2 Et le jour du sabbat étant venu, il se mit à enseigner dans la synagogue ; et beaucoup de ceux qui l’entendaient étaient dans l’étonnement, et ils disaient : D’où viennent ces choses à celui-ci ? et quelle est cette sagesse qui lui est donnée ? et que même de tels prodiges se fassent par ses mains ?

3 Celui-ci n’est-il pas charpentier, fils de Marie, frère de Jacques, et de Joses, et de Jude, et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? et ils étaient scandalisés à cause de lui.

4 Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est sans honneur que dans son pays, et parmi ses parens et ceux de sa famille.

5 Et il ne put faire là aucun miracle, sinon qu’il guérit quelque peu de malades, en leur imposant les mains.

6 Et il s’étonnait de leur incrédulité, et parcourait les villages d’alentour, en enseignant.

7 Alors il appela les douze, et commença à les envoyer deux à deux, et leur donna puissance sur les esprits immondes.

8 Et il leur commanda de ne rien prendre pour le chemin, qu’un seul bâton, et de ne porter ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture ;

9 mais d’être chaussés de souliers, et de ne porter point deux robes.

10 Il leur disait aussi : Partout où vous entrerez dans une maison, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de là.

11 Et tous ceux qui ne vous recevront point, et ne vous écouteront point, en partant de là secouez la poussière de vos pieds, pour être un témoignage contre eux. En vérité, je vous dis que ceux de Sodome et de Gomorrhe seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.

12 Etant donc partis, ils prêchèrent qu’on s’amendât.

13 Et ils chassèrent plusieurs démons hors des possédés, et oignirent d’huile plusieurs malades, et les guérirent.

14 Or le roi Hérode en ouït parler, car le nom de Jésus était devenu fort célèbre, et il dit : Ce Jean, qui baptisait, est ressuscité des morts ; c’est pourquoi la vertu de faire des miracles agit puissamment en lui.

15 Les autres disaient : C’est Elie ; et les autres disaient : C’est un prophète, ou comme un des prophètes.

16 Quand donc Hérode eut appris cela, il dit : C’est Jean que j’ai fait décapiter ; il est ressuscité des morts.

17 Car Hérode avait envoyé prendre Jean, et l’avait fait lier dans une prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe son frère, parce qu’il l’avait prise en mariage.

18 Car Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère.

19 C’est pourquoi Hérodias lui en voulait, et désirait de le faire mourir ; mais elle ne pouvait ;

20 car Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint, et il avait du respect pour lui ; et lorsqu’il l’avait entendu, il faisait beaucoup de choses que Jean avait dit de faire, car il l’écoutait volontiers.

21 Mais un jour étant venu à propos, qu’Hérode faisait le festin du jour de sa naissance aux grands seigneurs, et aux capitaines, et aux principaux de la Galilée,

22 la fille d’Hérodias y entra, et dansa ; et ayant plu à Hérode, et à ceux qui étaient à table avec lui, le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.

23 Et il lui jura, disant : Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, jusqu’à la moitié de mon royaume.

24 Et elle, étant sortie, dit à sa mère : Qu’est-ce que je demanderai ? Et sa mère lui dit : La tête de Jean-Baptiste.

25 Puis, étant aussitôt rentrée avec empressement vers le roi, elle lui fit sa demande, en disant : Je voudrais qu’incessamment tu me donnasses dans un plat la tête de Jean-Baptiste.

26 Et le roi en fut très-fâché ; mais il ne voulut pas la refuser, à cause du serment et de ceux qui étaient à table avec lui.

27 Et il envoya incontinent un de ses gardes, et lui commanda d’apporter la tête de Jean ; le garde y alla, et décapita Jean dans la prison ;

28 et apporta sa tête dans un plat, et la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.

29 Ce que les disciples de Jean ayant appris, ils vinrent, et emportèrent son corps, et le mirent dans un sépulcre.

30 Or les apôtres se rassemblèrent vers Jésus, et lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.

31 Et il leur dit : Venez-vous-en à l’écart dans un lieu retiré, et vous reposez un peu ; car il y avait beaucoup de gens qui allaient et qui venaient, de sorte qu’ils n’avaient pas même le loisir de manger.

32 Ils s’en allèrent donc dans une nacelle en un lieu retiré, pour y être en particulier.

33 Mais le peuple vit qu’ils s’en allaient ; et plusieurs l’ayant reconnu, y accoururent à pied de toutes les villes, et y arrivèrent avant eux, et s’assemblèrent auprès de lui.

34 Et Jésus étant sorti, vit là de grandes troupes, et il fut ému de compassion envers elles, de ce qu’elles étaient comme des brebis qui n’ont point de pasteur ; et il se mit à leur enseigner plusieurs choses.

35 Et comme il était déjà tard, ses disciples s’approchèrent de lui, en disant : Ce lieu est désert, et il est déjà tard.

36 Donne-leur congé, afin qu’ils s’en aillent aux villages et aux bourgades d’alentour, et qu’ils achètent des pains pour eux ; car ils n’ont rien à manger.

37 Et il leur répondit, et dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Et ils lui dirent : Irions-nous acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger ?

38 Et il leur dit : Combien avez-vous de pains ? Allez et regardez. Et après l’avoir su, ils dirent : Cinq, et deux poissons.

39 Alors il leur commanda de les faire tous asseoir par troupes sur l’herbe verte.

40 Et ils s’assirent par troupes, les unes de cent, et les autres de cinquante personnes.

41 Et quand il eut pris les cinq pains et les deux poissons, regardant vers le ciel, il bénit Dieu, et rompit les pains ; puis il les donna à ses disciples, afin qu’ils les missent devant eux, et il partagea à tous les deux poissons.

42 Et ils en mangèrent tous, et furent rassasiés.

43 Et on emporta des pièces de pain douze corbeilles pleines, et quelques restes des poissons.

44 Or ceux qui avaient mangé des pains étaient environ cinq mille hommes.

45 Et aussitôt après il obligea ses disciples de monter sur la nacelle, et d’aller devant lui au-delà de la mer vers Bethsaïda, pendant qu’il donnerait congé aux troupes.

46 Et quand il leur eut donné congé, il s’en alla sur la montagne pour prier.

47 Et le soir étant venu, la nacelle était au milieu de la mer, et lui seul était à terre.

48 Et il vit qu’ils avaient grande peine à ramer, parce que le vent leur était contraire ; et environ la quatrième veille de la nuit, il alla vers eux marchant sur la mer, et il les voulait devancer.

49 Mais quand ils le virent marchant sur la mer, ils crurent que c’était un fantôme, et ils s’écrièrent.

50 Car ils le virent tous, et ils furent troublés ; mais il leur parla aussitôt, et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi ; n’ayez point de peur.

51 Et il monta vers eux dans la nacelle, et le vent cessa ; ce qui augmenta beaucoup leur étonnement et leur admiration.

52 Car ils n’avaient pas bien fait réflexion au miracle des pains, à cause que leur cœur était stupide.

53 Et quand ils furent passés au-delà de la mer, ils arrivèrent en la contrée de Génézareth, où ils abordèrent.

54 Et après qu’ils furent sortis de la nacelle, ceux du lieu le reconnurent d’abord.

55 Et ils coururent çà et là par toute la contrée d’alentour, et se mirent à lui apporter de tous côtés les malades dans de petits lits, là où ils entendaient dire qu’il était.

56 Et partout où il était entré dans les bourgs, ou dans les villes, ou dans les villages, ils mettaient les malades dans les marchés, et ils le priaient de permettre qu’au moins ils pussent toucher le bord de sa robe ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.

CHAP. VII.

Jésus-Christ condamne les pharisiens d’hypocrisie en gardant leur tradition au lieu de la parole de Dieu. Il guérit une fille possédée, et un sourd qui était muet.


ALORS les pharisiens, et quelques scribes qui étaient venus de Jérusalem, s’assemblèrent auprès de lui.

2 Et ayant vu que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas avec des mains souillées, c’est-à-dire sans être lavées, ils les en blâmèrent.

3 (Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point qu’ils ne lavent souvent leurs mains, retenant les traditions des anciens.

4 Et étant de retour du marché, ils ne mangent point qu’ils ne se soient lavés. Il y a plusieurs autres observances dont ils se sont chargés, comme de laver les coupes, les pots, les vaisseaux d’airain, et les lits.)

5 Sur cela les pharisiens et les scribes l’interrogèrent, en disant : Pourquoi tes disciples ne se conduisent-ils pas selon la tradition des anciens, mais prennent leur repas sans laver les mains ?

6 Et il leur répondit, et leur dit : Certainement Esaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites, comme il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est bien éloigné de moi.

7 Mais ils m’honorent en vain, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandemens d’hommes.

8 Car en laissant le commandement de Dieu, vous retenez la tradition des hommes, savoir de laver les pots et les coupes, et vous faites beaucoup d’autres choses semblables.

9 Il leur dit aussi : Vous annullez bien le commandement de Dieu, afin de garder votre tradition.

10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère ; et que celui qui maudira son père ou sa mère, meure de mort.

11 Mais vous dites : Si quelqu’un dit à son père ou à sa mère : Le corban (c’est-à-dire le don) qui sera fait de par moi viendra à ton profit, il ne sera point coupable.

12 Et vous ne lui permettez plus de rien faire pour son père ou pour sa mère.

13 Anéantissant ainsi la parole de Dieu par votre tradition que vous avez établie ; et vous faites encore plusieurs choses semblables.

14 Puis ayant appelé toutes les troupes, il leur dit : Ecoutez-moi vous tous, et entendez.

15 Il n’y a rien de ce qui est hors de l’homme, qui, entrant au-dedans de lui, puisse le souiller ; mais les choses qui sortent de lui, ce sont celles qui souillent l’homme.

16 Si quelqu’un a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

17 Puis quand il fut entré dans la maison, s’étant retiré d’avec les troupes, ses disciples l’interrogèrent touchant cette similitude.

18 Et il leur dit : Et vous, êtes-vous aussi sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre de dehors dans l’homme ne peut point le souiller ?

19 Parce qu’il n’entre pas dans son cœur, mais dans l’estomac, d’où ensuite cela est jeté dans le lieu secret, en purifiant ainsi le corps de toutes les viandes.

20 Mais il leur disait : Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme.

21 Car du dedans, c’est-à-dire du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres,

22 les larcins, les mauvaises pratiques pour avoir le bien d’autrui, les méchancetés, la fraude, l’impudicité, le regard malin, les discours outrageux, la fierté, la folie.

23 Tous ces maux sortent du dedans, et souillent l’homme.

24 Puis partant de là, il s’en alla vers les frontières de Tyr et de Sidon ; et étant entré dans une maison, il ne voulait pas que personne le sût ; mais il ne put être caché.

25 Car une femme qui avait une petite fille possédée d’un esprit immonde, ayant ouï parler de lui, vint et se jeta à ses pieds ;

26 (Or cette femme était Grecque, Syro-Phénicienne de nation), et elle le pria qu’il chassât le démon hors de sa fille.

27 Mais Jésus lui dit : Laisse premièrement rassasier les enfans ; car il n’est pas raisonnable de prendre le pain des enfans, et de le jeter aux petits chiens.

28 Et elle lui répondit, et dit : Cela est vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent sous la table les miettes que les enfans laissent tomber.

29 Alors il lui dit : A cause de cette parole, va-t-en, le démon est sorti de ta fille.

30 Quand elle s’en fut donc allée en sa maison, elle trouva que le démon était sorti, et que sa fille était couchée sur le lit.

31 Puis Jésus étant encore parti des frontières de Tyr et de Sidon, il vint à la mer de Galilée par le milieu du pays de Décapolis.

32 Et on lui amena un sourd qui avait la parole empêchée, et on le pria de poser les mains sur lui.

33 Et Jésus l’ayant tiré à part, hors de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles ; et ayant craché, lui toucha la langue.

34 Puis regardant vers le ciel, il soupira, et lui dit : Hephphatah, c’est-à-dire, ouvre-toi.

35 Et aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, et le lien de sa langue se délia, et il parla aisément.

36 Et Jésus leur commanda de ne le dire à personne ; mais plus il le défendait, plus ils le publiaient.

37 Et ils en étaient extrêmement étonnés, disant : Il a tout bien fait ; il fait ouïr les sourds et parler les muets.

CHAP. VIII.

Jésus-Christ rassasie avec sept pains quatre mille personnes ; reprend l’incrédulité des pharisiens et le souci de ses disciples ; guérit un aveugle ; parle de sa personne et de sa Passion ; réprimande Pierre, et recommande aux siens de renoncer à tout.


EN ces jours-là, comme il y avait là une fort grande multitude, et qu’ils n’avaient rien à manger, Jésus appela ses disciples, et leur dit :

2 Je suis ému de compassion envers cette multitude, car il y a déjà trois jours qu’ils ne bougent d’avec moi, et ils n’ont rien à manger.

3 Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, ils tomberont en défaillance par le chemin ; car quelques-uns d’eux sont venus de loin.

4 Et ses disciples lui répondirent : D’où les pourra-t-on rassasier de pains ici dans un désert ?

5 Et il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Ils lui dirent : Sept.

6 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir par terre, et il prit les sept pains, et après avoir béni Dieu il les rompit, et les donna à ses disciples pour les mettre devant les troupes ; et ils les mirent devant elles.

7 Ils avaient aussi quelque peu de petits poissons ; et après qu’il eut béni Dieu, il commanda qu’ils les leur missent aussi devant.

8 Et ils en mangèrent, et furent rassasiés ; et on remporta du reste des pièces de pain sept corbeilles.

9 (Or ceux qui en avaient mangé étaient environ quatre mille), et ensuite il leur donna congé.

10 Et aussitôt après il monta dans une nacelle avec ses disciples, et alla aux quartiers de Dalmanutha.

11 Et il vint là des pharisiens qui se mirent à disputer avec lui, et qui, pour l’éprouver, lui demandèrent quelque miracle du ciel.

12 Alors Jésus soupirant profondément en son esprit, dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un miracle ? En vérité, je vous dis qu’il ne lui en sera point accordé.

13 Et les laissant, il remonta dans la nacelle, et passa à l’autre rivage.

14 Or ils avaient oublié de prendre des pains, et ils n’en avaient qu’un avec eux dans la nacelle.

15 Et il leur commanda, disant : Voyez, donnez-vous de garde du levain des pharisiens, et du levain d’Hérode.

16 Et ils discouraient entre eux, disant : C’est parce que nous n’avons point de pains.

17 Et Jésus connaissant cela, leur dit : Pourquoi discourez-vous touchant ce que vous n’avez point de pains ? Ne considérez-vous point encore, et ne comprenez-vous point ? Avez-vous encore votre cœur stupide ?

18 Ayant des yeux, ne voyez-vous point ? ayant des oreilles, n’entendez-vous point ? et n’avez-vous point de mémoire ?

19 Quand je distribuai les cinq pains aux cinq mille hommes, combien recueillîtes-vous de corbeilles pleines des pièces qu’il y eut de reste ? Ils lui dirent : Douze.

20 Et quand je distribuai les sept pains aux quatre mille hommes, combien recueillîtes-vous de corbeilles pleines des pièces qu’il y eut de reste ? Ils lui dirent : Sept.

21 Et il leur dit : Comment n’avez-vous point d’intelligence ?

22 Puis il vint à Bethsaïda, et on lui présenta un aveugle, en le priant qu’il le touchât.

23 Alors il prit la main de l’aveugle, et le mena hors de la bourgade ; et ayant mis de la salive sur ses yeux, et posé les mains sur lui, il lui demanda s’il voyait quelque chose.

24 Et cet homme ayant regardé, dit : Je vois des hommes qui marchent, et qui me paraissent comme des arbres.

25 Jésus lui mit encore les mains sur les yeux, et lui commanda de regarder ; et il fut rétabli, et les voyait tous de loin clairement.

26 Puis il le renvoya en sa maison, en lui disant : N’entre point dans la bourgade, et ne le dis à personne de la bourgade.

27 Et Jésus et ses disciples étant partis de là, ils vinrent aux bourgades de Césarée de Philippe ; et sur le chemin il interrogea ses disciples, leur disant : Qui disent les hommes que je suis ?

28 Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; et les autres, l’un des prophètes.

29 Alors il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Pierre répondant, lui dit : Tu es le Christ.

30 Et il leur défendit avec menaces de dire cela de lui à personne.

31 Et il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, et qu’il fût rejeté des anciens, et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après.

32 Et il tenait ces discours tout ouvertement ; sur quoi Pierre le prit en particulier, et se mit à le reprendre.

33 Mais lui se retournant, et regardant ses disciples, tança Pierre, en lui disant : Va arrière de moi, Satan ; car tu ne comprends pas les choses qui sont de Dieu, mais celles qui sont des hommes.

34 Puis ayant appelé les troupes et ses disciples, il leur dit : Quiconque veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, et qu’il charge sa croix, et me suive.

35 Car quiconque voudra sauver son âme, la perdra ; mais quiconque perdra son âme pour l’amour de moi et de l’évangile, celui-là la sauvera.

36 Car que profiterait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il faisait la perte de son âme ?

37 Ou que donnera l’homme en échange de son âme ?

38 Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles parmi cette nation adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il sera venu environné de la gloire de son Père avec les saints anges.

CHAP. IX.

Jésus-Christ transfiguré ; il prédit sa mort, sa résurrection et son règne ; déclare la venue d’Elie ; guérit un démoniaque muet ; instruit ses disciples à l’humilité d’enfant, à laisser chasser les diables, à couper les occasions aux scandales.


IL leur disait aussi : En vérité, je vous dis que parmi ceux qui sont ici présens, il y en a quelques-uns qui ne mourront point jusqu’à ce qu’ils aient vu le règne de Dieu venir avec puissance.

2 Et six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, et Jacques, et Jean, et les mena seuls à l’écart sur une haute montagne, et il fut transfiguré devant eux.

3 Et ses vêtemens devinrent reluisans et blancs comme de la neige, tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui les pût ainsi blanchir.

4 Et en même temps leur apparurent Elie et Moïse, qui parlaient avec Jésus.

5 Alors Pierre prenant la parole, dit à Jésus : Maître, il est bon que nous soyons ici ; faisons-y donc trois tabernacles, un pour toi, un pour Moïse et un pour Elie.

6 Or, il ne savait ce qu’il disait ; car ils étaient épouvantés.

7 Et il vint une nuée qui les couvrit de son ombre ; et il vint de la nuée une voix disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le.

8 Et aussitôt ayant regardé de tous côtés, ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul avec eux.

9 Et comme ils descendaient de la montagne, il leur commanda expressément de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, sinon après que le Fils de l’homme serait ressuscité des morts.

10 Et ils retinrent cette parole en eux-mêmes, s’entre-demandant ce que c’était que ressusciter des morts.

11 Puis ils l’interrogèrent, disant : Pourquoi les scribes disent-ils qu’il faut qu’Elie vienne premièrement ?

12 Il répondit, et leur dit : Il est vrai, Elie, étant venu premièrement, doit rétablir toutes choses ; et comme il est écrit du Fils de l’homme, il faut qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit chargé de mépris.

13 Mais je vous dis que même Elie est venu, et qu’ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu, comme il est écrit de lui.

14 Puis étant revenu vers les disciples, il vit autour d’eux une grande troupe, et des scribes qui disputaient avec eux.

15 Et dès que toute cette troupe le vit, elle fut saisie d’étonnement ; et ils accoururent pour le saluer.

16 Et il interrogea les scribes, disant : De quoi disputez-vous avec eux ?

17 Et quelqu’un de la troupe prenant la parole, dit : Maître, je t’ai amené mon fils qui a un esprit muet,

18 lequel l’agite cruellement partout où il le saisit, et il écume, et grince les dents, et devient sec ; et j’ai prié tes disciples de chasser ce démon, mais ils n’ont pu.

19 Alors Jésus leur répondant, dit : O génération incrédule ! jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi.

20 Et ils le lui amenèrent ; et quand il l’eut vu, l’esprit l’agita sur-le-champ avec violence, de sorte que l’enfant tomba à terre, et se tournait çà et là en écumant.

21 Et Jésus demanda au père de l’enfant : Combien y a-t-il de temps que ceci lui est arrivé ? Et il dit : Dès son enfance ;

22 et souvent il l’a jeté dans le feu et dans l’eau pour le faire périr ; mais si tu y peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers nous.

23 Alors Jésus lui dit : Si tu le peux croire, toutes choses sont possibles au croyant.

24 Et aussitôt le père de l’enfant s’écriant avec larmes, dit : Je crois, Seigneur ! aide-moi dans mon incrédulité.

25 Et quand Jésus vit que le peuple y accourait l’un sur l’autre, il censura fortement l’esprit immonde, en lui disant : Esprit muet et sourd, je te commande, moi, sors de cet enfant, et n’y entre plus.

26 Et le démon sortit en criant, et faisant beaucoup souffrir cet enfant, qui en devint comme mort, tellement que plusieurs disaient : Il est mort.

27 Mais Jésus l’ayant pris par la main, le redressa ; et il se leva.

28 Puis Jésus étant entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi ne l’avons-nous pu chasser ?

29 Et il leur répondit : Cette sorte de démons ne peut sortir, si ce n’est par la prière et par le jeûne.

30 Et étant partis de là, ils traversèrent la Galilée ; mais il ne voulut pas que personne le sût.

31 Or, il enseignait ses disciples, et leur disait : Le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir ; mais après qu’il aura été mis à mort, il ressuscitera le troisième jour.

32 Mais ils ne comprenaient point ce discours, et ils craignaient de l’interroger.

33 Après ces choses il vint à Capernaüm, et quand il fut arrivé à la maison, il leur demanda : De quoi disputiez-vous ensemble en chemin ?

34 Et ils se turent ; car ils avaient disputé ensemble en chemin qui d’entre eux était le plus grand.

35 Et après qu’il se fut assis, il appela les douze, et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier entre vous, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous.

36 Et ayant pris un petit enfant, il le mit au milieu d’eux, et après l’avoir pris entre ses bras, il leur dit :

37 Quiconque recevra l’un de tels petits enfans en mon nom, il me reçoit ; et quiconque me reçoit, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais il reçoit celui qui m’a envoyé.

38 Alors Jean prit la parole, et dit : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom, et qui pourtant ne nous suit point : et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne nous suit point.

39 Mais Jésus leur dit : Ne l’en empêchez point, parce qu’il n’y a personne qui fasse un miracle en mon nom, qui aussitôt puisse mal parler de moi.

40 Car qui n’est pas contre nous, il est pour nous.

41 Et quiconque vous donnera à boire un verre d’eau en mon nom, parce que vous êtes à Christ, en vérité je vous dis qu’il ne perdra pas sa récompense.

42 Mais quiconque scandalisera l’un de ces petits qui croient en moi, il lui vaudrait mieux qu’on mît une pierre de meule autour de son cou, et qu’on le jetât dans la mer.

43 Or si ta main te fait broncher, coupe-la ; il vaut mieux que tu entres manchot dans la vie, que d’avoir deux mains, et d’aller dans la géhenne au feu qui ne s’éteint point ;

44 là où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.

45 Et si ton pied te fait broncher, coupe-le ; il vaut mieux que tu entres boiteux dans la vie, que d’avoir deux pieds, et d’être jeté dans la géhenne au feu qui ne s’éteint point ;

46 là où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.

47 Et si ton œil te fait broncher, arrache-le ; il vaut mieux que tu entres dans le royaume de Dieu n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne du feu ;

48 là où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.

49 Car chacun sera salé de feu ; et toute oblation sera salée de sel.

50 C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel devient insipide, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur ?

51 Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous.

CHAP. X.

Doctrine de Jésus-Christ du divorce, du salut des enfans, du riche difficilement sauvé, de sa Passion et de l’ambition des siens ; enfin il guérit l’aveugle Bartimée.


PUIS étant parti de là, il vint sur les confins de la Judée, au-delà du Jourdain, et les troupes s’étant encore assemblées auprès de lui, il les enseignait comme il avait accoutumé.

2 Alors des pharisiens vinrent à lui, et pour l’éprouver ils lui demandèrent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme ?

3 Il répondit, et leur dit : Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ?

4 Ils dirent : Moïse a permis d’écrire la lettre de divorce, et de répudier ainsi sa femme.

5 Et Jésus répondant, leur dit : Il vous a donné ce commandement à cause de la dureté de votre cœur.

6 Mais au commencement de la création, Dieu fit un homme et une femme.

7 C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ;

8 et les deux seront une seule chair ; ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.

9 Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.

10 Puis ses disciples l’interrogèrent encore sur cela même dans la maison ;

11 et il leur dit : Quiconque laissera sa femme, et se mariera à une autre, il commet un adultère contre elle.

12 Pareillement si la femme laisse son mari, et se marie à un autre, elle commet un adultère.

13 Et on lui présenta de petits enfans, afin qu’il les touchât ; mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.

14 Et Jésus voyant cela, en fut indigné, et il leur dit : Laissez venir à moi les petits enfans, et ne les empêchez point ; car le royaume de Dieu appartient à ceux qui leur ressemblent.

15 En vérité, je vous dis que quiconque ne recevra comme un petit enfant le royaume de Dieu, il n’y entrera point.

16 Après les avoir donc pris entre ses bras, il les bénit, en posant les mains sur eux.

17 Et comme il sortait pour se mettre en chemin, un homme accourut, et se mit à genoux devant lui, et lui fit cette demande : Maître, qui es bon, que ferai-je pour hériter la vie éternelle ?

18 Et Jésus lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a nul être qui soit bon que Dieu.

19 Tu sais les commandemens : Ne commets point adultère ; ne tue point ; ne dérobe point ; ne dis point de faux témoignage ; ne fais aucun tort à personne ; honore ton père et ta mère.

20 Il répondit, et lui dit : Maître, j’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse.

21 Et Jésus ayant jeté l’œil sur lui, l’aima, et lui dit : Il te manque une chose ; va, et vends tout ce que tu as, et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor au ciel ; puis viens, et me suis, ayant chargé la croix.

22 Mais il fut fâché de ce mot, et s’en alla tout triste, parce qu’il avait de grands biens.

23 Alors Jésus ayant regardé à l’entour, dit à ses disciples : Combien difficilement ceux qui ont des richesses entreront-ils dans le royaume de Dieu !

24 Et ses disciples s’étonnèrent de ces paroles ; mais Jésus prenant encore la parole, leur dit : Mes enfans, qu’il est difficile à ceux qui se confient aux richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !

25 Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.

26 Et ils s’en étonnèrent encore davantage, disant entre eux : Et qui peut être sauvé ?

27 Mais Jésus les ayant regardés, leur dit : Cela est impossible quant aux hommes, mais non pas quant à Dieu ; car toutes choses sont possibles à Dieu.

28 Alors Pierre se mit à lui dire : Voici, nous avons tout quitté, et t’avons suivi.

29 Et Jésus répondant, dit : En vérité, je vous dis qu’il n’y a personne qui ait laissé ou maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfans, ou champs, pour l’amour de moi et de l’évangile,

30 qui n’en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant, maisons, et frères, et sœurs, et mère, et enfans, et champs, avec des persécutions ; et dans le siècle à venir, la vie éternelle.

31 Mais plusieurs qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers.

32 Or ils étaient en chemin, montant à Jérusalem, et Jésus allait devant eux ; et ils étaient épouvantés, et craignaient en le suivant, parce que Jésus ayant encore pris à l’écart les douze, s’était mis à leur déclarer les choses qui lui devaient arriver.

33 Disant : Voici, nous montons à Jérusalem ; et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes ; et ils le condamneront à mort, et le livreront aux Gentils ;

34 qui se moqueront de lui, et le fouetteront, et cracheront contre lui ; puis ils le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour.

35 Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, vinrent à lui, en disant : Maître, nous voudrions que tu fisses pour nous ce que nous te demanderons.

36 Et il leur dit : Que voulez-vous que je fasse pour vous ?

37 Et ils lui dirent : Accorde-nous que dans ta gloire nous soyons assis, l’un à ta droite, et l’autre à ta gauche.

38 Et Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez ; pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?

39 Ils lui répondirent : Nous le pouvons. Et Jésus leur dit : Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé ;

40 mais d’être assis à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de le donner ; mais il sera donné à ceux à qui il est préparé.

41 Ce que les dix autres ayant ouï, ils conçurent de l’indignation contre Jacques et Jean.

42 Et Jésus les ayant appelés, leur dit : Vous savez que ceux qui dominent sur les nations les maîtrisent, et que les grands d’entre eux usent d’autorité sur elles.

43 Mais il n’en sera pas ainsi entre vous ; mais quiconque voudra être le plus grand entre vous, sera votre serviteur.

44 Et quiconque d’entre vous voudra être le premier, sera le serviteur de tous.

45 Car aussi le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs.

46 Puis ils arrivèrent à Jérico ; et comme il partait de Jérico avec ses disciples et une grande troupe, un aveugle, appelé Bartimée, c’est-à-dire fils de Timée, était assis sur le chemin, et mendiait.

47 Et ayant entendu que c’était Jésus le Nazarien, il se mit à crier, et à dire : Jésus, fils de David, aie pitié de moi !

48 Et plusieurs le censuraient fortement, afin qu’il se tût ; mais il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !

49 Et Jésus s’étant arrêté, dit qu’on l’appelât ; on l’appela donc, en lui disant : Prends courage, lève-toi, il t’appelle.

50 Et jetant bas son manteau, il se leva, et s’en vint à Jésus.

51 Et Jésus prenant la parole, lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? Et l’aveugle lui dit : Maître, que je recouvre la vue.

52 Et Jésus lui dit : Va, ta foi t’a sauvé.

53 Et sur-le-champ il recouvra la vue, et il suivit Jésus par le chemin.

CHAP. XI.

Jésus-Christ fait son entrée dans Jérusalem ; maudit un figuier ; chasse du temple les vendeurs et les acheteurs. La foi peut transporter les montagnes. Pardon des injures. Réponse à la demande des scribes. Baptême de Jean.


ET comme ils approchaient de Jérusalem, étant près de Bethphagé, et de Béthanie, vers le mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples,

2 et il leur dit : Allez-vous-en à cette bourgade qui est vis-à-vis de vous ; et en y entrant, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel jamais homme ne s’assit ; détachez-le, et l’amenez.

3 Et si quelqu’un vous dit : Pourquoi faites-vous cela ? dites que le Seigneur en a besoin, et d’abord il l’enverra ici.

4 Ils partirent donc, et trouvèrent l’ânon qui était attaché dehors auprès de la porte, entre deux chemins, et ils le détachèrent.

5 Et quelques-uns de ceux qui étaient là, leur dirent : Pourquoi détachez-vous cet ânon ?

6 Et ils leur répondirent comme Jésus avait commandé ; et on les laissa faire.

7 Ils amenèrent donc l’ânon à Jésus, et mirent leurs vêtemens sur l’ânon, et il s’assit dessus.

8 Et plusieurs étendaient leurs vêtemens par le chemin, et d’autres coupaient des rameaux des arbres, et les répandaient par le chemin.

9 Et ceux qui allaient devant, et ceux qui suivaient, criaient, disant : Hosanna ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

10 Béni soit le règne de David notre père, le règne qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très-hauts !

11 Jésus entra ainsi dans Jérusalem, et au temple ; et après avoir regardé de tous côtés, comme il était déjà tard, il sortit pour aller à Béthanie avec les douze.

12 Et le lendemain, en revenant de Béthanie, il eut faim.

13 Et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; mais y étant venu, il n’y trouva rien que des feuilles ; car ce n’était pas la saison des figues.

14 Et Jésus prenant la parole dit au figuier : Que jamais personne ne mange de fruit de toi. Et ses disciples l’entendirent.

15 Ils vinrent donc à Jérusalem ; et quand Jésus fut entré au temple, il se mit à chasser dehors ceux qui vendaient, et ceux qui achetaient dans le temple, et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons.

16 Et il ne permettait point que personne portât aucun vaisseau par le temple.

17 Et il les enseignait, en leur disant : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière par toutes les nations ? mais vous en avez fait une caverne de voleurs.

18 Ce que les scribes et les principaux sacrificateurs ayant entendu, ils cherchaient comment ils feraient pour le perdre ; car ils le craignaient, à cause que tout le peuple avait de l’admiration pour sa doctrine.

19 Et le soir étant venu il sortit de la ville.

20 Et le matin, comme ils passaient auprès du figuier, ils virent qu’il était devenu sec jusqu’à la racine.

21 Et Pierre s’étant souvenu de ce qui s’était passé, dit à Jésus : Maître, voici, le figuier que tu as maudit est tout sec.

22 Et Jésus répondant, leur dit : Croyez en Dieu.

23 Car, en vérité, je vous dis que quiconque dira à cette montagne : Quitte ta place, et te jette dans la mer, et qui ne chancellera point en son cœur, mais croira que ce qu’il dit se fera, tout ce qu’il aura dit lui sera fait.

24 C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez, et il vous sera fait.

25 Mais quand vous vous présenterez pour faire votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui, afin que votre Père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes.

26 Mais si vous ne pardonnez point, votre Père qui est aux cieux ne vous pardonnera point aussi vos fautes.

27 Ils retournèrent encore à Jérusalem ; et comme il marchait dans le temple, les principaux sacrificateurs, et les scribes, et les anciens vinrent à lui,

28 et lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui est celui qui t’a donné cette autorité, pour faire les choses que tu fais ?

29 Et Jésus répondant, leur dit : Je vous interrogerai aussi d’une chose, et répondez-moi ; puis je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.

30 Le baptême de Jean, était-il du ciel, ou des hommes ? répondez-moi.

31 Et ils raisonnaient entre eux, disant : Si nous disons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc ne l’avez-vous point cru ?

32 Et si nous disons : Des hommes, nous avons à craindre le peuple ; car tous croyaient que Jean avait été un vrai prophète.

33 Alors pour réponse ils dirent à Jésus : Nous ne savons ; et Jésus répondant, leur dit : Je ne vous dirai point aussi par quelle autorité je fais ces choses.

CHAP. XII.

La parabole des vignerons ; la pierre rejetée par ceux qui bâtissent ; le tribut dû à César ; question des sadducéens touchant la résurrection ; quel est le plus grand commandement ; David a reconnu le Messie pour son Seigneur ; se donner de garde des scribes ; la veuve qui met deux petites pièces au tronc.


PUIS il se mit à leur dire par une parabole : Quelqu’un, dit-il, planta une vigne, et l’environna d’une haie, et il y creusa une fosse pour un pressoir, et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons, et s’en alla dehors.

2 Or en la saison des raisins il envoya un serviteur aux vignerons pour recevoir d’eux du fruit de la vigne.

3 Mais eux le prenant, le battirent et le renvoyèrent à vide.

4 Il leur envoya encore un autre serviteur ; et eux lui jetant des pierres, lui meurtrirent la tête, et le renvoyèrent, après l’avoir honteusement traité.

5 Il en envoya encore un autre, lequel ils tuèrent ; et plusieurs autres, desquels ils battirent les uns et tuèrent les autres.

6 Mais ayant encore un fils, son bien-aimé, il le leur envoya aussi pour le dernier, disant : Ils respecteront mon fils.

7 Mais ces vignerons dirent entre eux : C’est ici l’héritier, venez, tuons-le, et l’héritage sera nôtre.

8 L’ayant donc pris, ils le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne.

9 Que fera donc le seigneur de la vigne ? Il viendra, et fera périr ces vignerons, et donnera la vigne à d’autres.

10 Et n’avez-vous point lu cette écriture : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la maîtresse pierre du coin ?

11 Ceci a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux.

12 Alors ils tâchèrent de le saisir, mais ils craignirent le peuple ; car ils connurent qu’il avait dit cette similitude contre eux ; c’est pourquoi le laissant, ils s’en allèrent.

13 Mais ils lui envoyèrent quelques-uns des pharisiens et des Hérodiens, pour le surprendre dans ses discours ;

14 lesquels étant venus, lui dirent : Maître, nous savons que tu es véritable, et que tu ne considères personne ; car tu n’as point d’égard à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? le paierons-nous, ou ne le paierons-nous pas ?

15 Mais Jésus connaissant leur hypocrisie, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, que je le voie.

16 Et ils le lui présentèrent. Alors il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Ils lui répondirent : De César.

17 Et Jésus répondant, leur dit : Rendez à César les choses qui sont à César, et à Dieu celles qui sont à Dieu. Et ils en furent étonnés.

18 Alors les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent à lui, et l’interrogèrent, disant :

19 Maître, Moïse nous a laissé par écrit, que si le frère de quelqu’un est mort, et a laissé sa femme, et n’a point laissé d’enfans, son frère prenne sa femme, et qu’il suscite lignée à son frère.

20 Or il y avait sept frères, dont l’aîné prit une femme, et mourant ne laissa point d’enfans.

21 Et le second la prit, et mourut, et lui aussi ne laissa point d’enfans ; et le troisième tout de même.

22 Les sept donc la prirent, et ne laissèrent point d’enfans ; la femme aussi mourut la dernière de tous.

23 En la résurrection donc quand ils seront ressuscités duquel d’eux sera-t-elle la femme ? car les sept l’ont eue pour leur femme.

24 Et Jésus répondant, leur dit : La raison pour laquelle vous tombez dans l’erreur, c’est que vous ne connaissez point les écritures, ni la puissance de Dieu.

25 Car quand ils seront ressuscités des morts, ils ne prendront point de femme, et on ne leur donnera point de femme en mariage ; mais ils seront comme les anges qui sont aux cieux.

26 Et quant aux morts, pour vous montrer qu’ils ressuscitent, n’avez-vous point lu dans le livre de Moïse, comment Dieu lui parla dans le buisson, en disant : Je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ?

27 Or, il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivans. Vous êtes donc dans une grande erreur.

28 Et quelqu’un des scribes qui les avait ouïs disputer, voyant qu’il leur avait bien répondu, s’approcha de lui, et lui demanda : Quel est le premier de tous les commandemens ?

29 Et Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandemens est : Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur ;

30 et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. C’est là le premier commandement.

31 Et le second, qui est semblable au premier, est celui-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a point d’autre commandement plus grand que ceux-ci.

32 Et le scribe lui dit : Maître, tu as bien dit selon la vérité, qu’il y a un seul Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui ;

33 et que de l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme, et de toute sa force, et d’aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et les sacrifices.

34 Et Jésus voyant que ce scribe avait répondu prudemment, lui dit : Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. Et personne n’osait plus l’interroger.

35 Et comme Jésus enseignait dans le temple, il prit la parole, et il dit : Comment disent les scribes que le Christ est le fils de David ?

36 Car David lui-même a dit par le Saint-Esprit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds.

37 Puis donc que David lui-même l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? Et de grandes troupes prenaient plaisir à l’entendre.

38 Il leur disait aussi, en les enseignant : Donnez-vous de garde des scribes, qui prennent plaisir à se promener en robes longues, et qui aiment les salutations dans les marchés,

39 et les premiers siéges dans les synagogues, et les premières places dans les festins ;

40 qui dévorent entièrement les maisons des veuves, même sous le prétexte de faire de longues prières. Ils en recevront une plus grande condamnation.

41 Et Jésus étant assis vis-à-vis du tronc, prenait garde comment le peuple mettait de l’argent au tronc.

42 Et plusieurs riches y mettaient beaucoup ; et une pauvre veuve vint, qui y mit deux petites pièces, qui font la quatrième partie d’un sou.

43 Et Jésus ayant appelé ses disciples, il leur dit : En vérité, je vous dis que cette pauvre veuve a plus mis au tronc que ceux qui y ont mis.

44 Car tous y ont mis de leur superflu ; mais celle-ci y a mis de son indigence tout ce qu’elle avait, toute sa subsistance.

CHAP. XIII.

Prédictions de Jésus-Christ de la ruine du temple ; des séducteurs ; guerres ; persécutions ; de la prédication de l’évangile dans tout le monde ; de la désolation, et du dernier jour.


ET comme il se retirait du temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde quelles pierres et quels bâtimens.

2 Et Jésus répondant, lui dit : Vois-tu ces grands bâtimens ? Il n’y sera point laissé pierre sur pierre qui ne soit démolie.

3 Et comme il se fut assis au mont des Oliviers, vis-à-vis du temple, Pierre et Jacques, Jean et André l’interrogèrent en particulier.

4 disant : Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel signe il y aura quand toutes ces choses devront s’accomplir.

5 Et Jésus leur répondant, se mit à leur dire : Prenez garde que quelqu’un ne vous séduise.

6 Car plusieurs viendront en mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ, et ils en séduiront plusieurs.

7 Or quand vous entendrez des guerres, et des bruits de guerre, ne soyez point troublés, parce qu’il faut que ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.

8 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des tremblemens de terre de lieu en lieu, et des famines et des troubles ; ces choses ne seront que les premières douleurs.

9 Mais prenez garde à vous-mêmes, car ils vous livreront aux consistoires et aux synagogues ; vous serez fouettés, et vous serez présentés devant les gouverneurs et devant les rois, à cause de moi, pour leur être en témoignage.

10 Mais il faut que l’évangile soit auparavant prêché dans toutes les nations.

11 Et quand ils vous méneront pour vous livrer, ne soyez point auparavant en peine de ce que vous aurez à dire, et n’y méditez point ; mais tout ce qui vous sera donné à dire en ce moment-là, dites-le ; car ce n’est pas vous qui parlez, mais le Saint-Esprit.

12 Or le frère livrera son frère à la mort, et le père l’enfant, et les enfans se souléveront contre leurs pères et leurs mères, et les feront mourir.

13 Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom ; mais qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.

14 Or, quand vous verrez l’abomination qui cause la désolation, et qui a été prédite par Daniel le prophète, être établie où elle ne doit pas être (que celui qui lit ce prophète y fasse attention) : alors que ceux qui seront en Judée s’enfuient aux montagnes ;

15 et que celui qui sera sur la maison ne descende point dans la maison, et n’y entre point pour emporter quoi que ce soit de sa maison.

16 Et que celui qui sera aux champs ne retourne point en arrière, pour emporter son habillement.

17 Mais malheur à celles qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là.

18 Or priez Dieu que votre fuite n’arrive point en hiver.

19 Car en ces jours-là il y aura une telle affliction, qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement de la création des choses que Dieu a créées, jusqu’à maintenant, et il n’y en aura jamais qui l’égale.

20 Et si le Seigneur n’eût abrégé ces jours-là, il n’y aurait personne de sauvé ; mais il a abrégé ces jours, à cause des élus qu’il a élus.

21 Et alors si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou voici, il est là, ne le croyez point ;

22 Car il s’élevera de faux christs et de faux prophètes, qui feront des prodiges et des miracles pour séduire les élus même, s’il était possible.

23 Mais donnez-vous-en garde ; voici, je vous l’ai tout prédit.

24 Or en ces jours-là, après cette affliction, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera point sa clarté ;

25 et les étoiles du ciel tomberont, et les vertus qui sont dans les cieux seront ébranlées.

26 Et ils verront alors le Fils de l’homme venant sur les nuées, avec une grande puissance et une grande gloire.

27 Et alors il enverra ses anges, et il assemblera ses élus des quatre vents, depuis le bout de la terre jusqu’au bout du ciel.

28 Or apprenez cette similitude prise du figuier : Quand son rameau est en sève, et qu’il jette des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.

29 Ainsi, quand vous verrez que ces choses arriveront, sachez qu’il est proche, et à la porte.

30 En vérité, je vous dis que cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient arrivées.

31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

32 Or quant à ce jour et à cette heure, personne ne le sait, non pas même les anges qui sont au ciel, ni même le Fils, mais mon Père seul.

33 Faites attention à tout, veillez et priez ; car vous ne savez point quand ce temps arrivera.

34 C’est comme si un homme allant dehors, et laissant sa maison, donnait de l’emploi à ses serviteurs, et à chacun sa tâche, et qu’il commandât au portier de veiller.

35 Veillez donc ; car vous ne savez point quand le Seigneur de la maison viendra, si ce sera le soir, ou à minuit, ou à l’heure que le coq chante, ou au matin ;

36 de peur qu’arrivant tout-à-coup, il ne vous trouve dormant.

37 Or les choses que je vous dis, je les dis à tous ; veillez.

CHAP. XIV.

Jésus-Christ oint d’une femme, ordonne et fait la Pâque avec l’eucharistie ; prédit à ses disciples qu’ils l’abandonneraient, et se retire dans le jardin de Gethsémané, où il est dans l’agonie ; puis pris, amené au procès, et renié de Pierre.


OR la fête de Pâque et des pains sans levain était deux jours après ; et les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de Jésus par finesse, et le faire mourir.

2 Mais ils disaient : Non point durant la fête, de peur qu’il ne se fasse du tumulte parmi le peuple.

3 Et comme il était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, et qu’il était à table, il vint là une femme qui avait un vase d’albâtre, rempli d’un parfum de nard pur et de grand prix ; et elle rompit le vase, et répandit le parfum sur la tête de Jésus.

4 Et quelques-uns en furent indignés en eux-mêmes, et ils disaient : A quoi sert la perte de ce parfum ?

5 Car il pouvait être vendu plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres. Ainsi ils murmuraient contre elle.

6 Mais Jésus dit : Laissez-la ; pourquoi lui donnez-vous du déplaisir ? Elle a fait une bonne action envers moi.

7 Parce que vous aurez toujours des pauvres avec vous, et vous leur pourrez faire du bien toutes les fois que vous voudrez ; mais vous ne m’aurez pas toujours.

8 Elle a fait ce qui était en son pouvoir ; elle a anticipé d’oindre mon corps pour l’appareil de ma sépulture.

9 En vérité, je vous dis qu’en quelque lieu du monde que cet évangile sera prêché, ceci aussi qu’elle a fait sera récité en mémoire d’elle.

10 Alors Judas Iscariot, l’un des douze, s’en alla vers les principaux sacrificateurs pour le leur livrer.

11 Qui l’ayant ouï s’en réjouirent, et lui promirent de lui donner de l’argent ; et il cherchait comment il le livrerait commodément.

12 Or le premier jour des pains sans levain, auquel on sacrifiait l’agneau de Pâque, ses disciples lui dirent : Où veux-tu que nous allions t’apprêter à manger l’agneau de Pâque ?

13 Et il envoya deux de ses disciples, et leur dit : Allez à la ville, et un homme vous viendra à la rencontre, portant une cruche d’eau ; suivez-le.

14 Et en quelque lieu qu’il entre, dites au maître de la maison : Le maître dit : Où est le logis où je mangerai l’agneau de Pâque avec mes disciples ?

15 Et il vous montrera une grande chambre ornée et préparée ; apprêtez-nous là l’agneau de Pâque.

16 Ses disciples donc s’en allèrent ; et étant arrivés dans la ville, ils trouvèrent tout, comme il leur avait dit ; et ils apprêtèrent l’agneau de Pâque.

17 Et sur le soir Jésus vint lui-même avec les douze.

18 Et comme ils étaient à table, et qu’ils mangeaient, Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que l’un de vous, qui mange avec moi, me trahira.

19 Et ils commencèrent à s’attrister ; et ils lui dirent l’un après l’autre : Est-ce moi ? et l’autre : Est-ce moi ?

20 Mais il répondit, et leur dit : C’est l’un des douze qui trempe avec moi au plat.

21 Certes le Fils de l’homme s’en va, selon qu’il est écrit de lui ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est trahi ! il eût été bon à cet homme-là de n’être point né.

22 Et comme ils mangeaient, Jésus prit le pain, et après avoir béni Dieu, il le rompit, et le leur donna, et leur dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.

23 Puis ayant pris la coupe, il rendit grâces, et la leur donna ; et ils en burent tous.

24 Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang du nouveau testament, qui est répandu pour plusieurs.

25 En vérité, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’au jour que je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.

26 Et quand ils eurent chanté le cantique, ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers.

27 Et Jésus leur dit : Vous serez tous cette nuit scandalisés en moi ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.

28 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.

29 Et Pierre lui dit : Quand même tous seraient scandalisés, je ne le serai pourtant point.

30 Et Jésus lui dit : En vérité, je te dis qu’aujourd’hui en cette propre nuit, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois.

31 Mais Pierre disait encore plus fortement : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point ; et ils dirent tous la même chose.

32 Puis ils vinrent en un lieu nommé Gethsémané ; et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu’à ce que j’aie prié.

33 Et il prit avec lui Pierre, et Jacques, et Jean, et il commença à être effrayé et fort agité.

34 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici, et veillez.

35 Puis s’en allant un peu plus avant, il se jeta en terre, et il priait que, s’il était possible, l’heure passât arrière de lui.

36 Et il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles ; transporte cette coupe arrière de moi ; toutefois non point ce que je veux, mais ce que tu veux.

37 Puis il revint, et les trouva dormant ; et il dit à Pierre : Simon, dors-tu ? n’as-tu pu veiller une heure ?

38 Veillez et priez que vous n’entriez point en tentation ; car quant à l’esprit, il est prompt, mais la chair est faible.

39 Et il s’en alla encore, et il pria, disant les mêmes paroles.

40 Puis étant retourné, il les trouva encore dormant, car leurs yeux étaient appesantis ; et ils ne savaient que lui répondre.

41 Il vint encore pour la troisième fois, et leur dit : Dormez dorénavant, et vous reposez ; il suffit, l’heure est venue ; voici, le Fils de l’homme s’en va être livré entre les mains des méchans.

42 Levez-vous, allons ; voici, celui qui me trahit s’approche.

43 Et aussitôt, comme il parlait encore, Judas, qui était l’un des douze, vint, et avec lui une grande troupe ayant des épées et des bâtons, de la part des principaux sacrificateurs, et des scribes, et des anciens.

44 Or celui qui le trahissait avait donné un signal entre eux, disant : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le, et emmenez-le sûrement.

45 Quand donc il fut venu, il s’approcha aussitôt de lui, et lui dit : Maître, Maître ; et il le baisa.

46 Alors ils mirent les mains sur Jésus, et le saisirent.

47 Et quelqu’un de ceux qui étaient là présens tira son épée, et en frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille.

48 Alors Jésus prit la parole, et leur dit : Etes-vous sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour me prendre ?

49 J’étais tous les jours parmi vous enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi ; mais tout ceci est arrivé, afin que les écritures soient accomplies.

50 Alors tous ses disciples l’abandonnèrent, et s’enfuirent.

51 Et un certain jeune homme le suivait, enveloppé d’un linceul sur le corps nu ; et quelques jeunes gens le saisirent.

52 Mais abandonnant son linceul, il s’enfuit d’eux tout nu.

53 Et ils emmenèrent Jésus au souverain sacrificateur, chez qui s’assemblèrent tous les principaux sacrificateurs, les anciens et les scribes.

54 Et Pierre le suivait de loin jusque dans la cour du souverain sacrificateur ; et il était assis avec les serviteurs, et se chauffait près du feu.

55 Or les principaux sacrificateurs et tout le consistoire cherchaient quelque témoignage contre Jésus pour le faire mourir, mais ils n’en trouvaient point.

56 Car plusieurs disaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages n’étaient point suffisans.

57 Alors quelques-uns s’élevèrent, et portèrent de faux témoignages contre lui, disant :

58 Nous avons ouï qu’il disait : Je détruirai ce temple qui est fait de main, et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera point fait de main.

59 Mais encore avec tout cela leurs témoignages n’étaient point suffisans.

60 Alors le souverain sacrificateur se levant au milieu, interrogea Jésus, disant : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ceux-ci témoignent contre toi ?

61 Mais il se tut, et ne répondit rien. Le souverain sacrificateur l’interrogea encore, et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ?

62 Et Jésus lui dit : Je le suis ; et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.

63 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtemens, et dit : Qu’avons-nous encore affaire de témoins ?

64 Vous avez ouï le blasphème, que vous en semble ? Alors tous le condamnèrent comme étant digne de mort.

65 Et quelques-uns se mirent à cracher contre lui, et à lui couvrir le visage, et à lui donner des soufflets ; et ils lui disaient : Prophétise ; et les sergens lui donnaient des coups avec leurs verges.

66 Or comme Pierre était en bas dans la cour, une des servantes du souverain sacrificateur vint.

67 Et quand elle eut aperçu Pierre qui se chauffait, elle le regarda en face, et lui dit : Et toi, tu étais avec Jésus le Nazarien.

68 Mais il le nia, disant : Je ne le connais point, et je ne sais ce que tu dis ; puis il sortit dehors au vestibule, et le coq chanta.

69 Et la servante l’ayant regardé encore, elle se mit à dire à ceux qui étaient là présens : Celui-ci est de ces gens-là.

70 Mais il le nia une seconde fois. Et encore un peu après, ceux qui étaient là présens dirent à Pierre : Certainement tu es de ces gens-là, car tu es Galiléen, et ton langage s’y rapporte.

71 Alors il se mit à se maudire, et à jurer, disant : Je ne connais point cet homme-là dont vous parlez.

72 Et le coq chanta pour la seconde fois ; et Pierre se ressouvint de cette parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura.

CHAP. XV.

L’accusation, condamnation, passion, mort et sépulture de Jésus-Christ.


ET d’abord au matin, les principaux sacrificateurs, avec les anciens et les scribes, et tout le consistoire, ayant tenu conseil, firent lier Jésus, et l’emmenèrent, et le livrèrent à Pilate.

2 Et Pilate l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus répondant, lui dit : Tu le dis.

3 Or les principaux sacrificateurs l’accusaient de plusieurs choses ; mais il ne répondit rien.

4 Et Pilate l’interrogea encore, disant : Ne réponds-tu rien ? Vois combien de choses ils déposent contre toi.

5 Mais Jésus ne répondit rien non plus ; de sorte que Pilate s’en étonnait.

6 Or il leur relâchait à la fête un prisonnier, lequel que ce fût qu’ils demandassent.

7 Et il y en avait un nommé Barrabas, qui était prisonnier avec ses complices pour une sédition, dans laquelle ils avaient commis un meurtre.

8 Et le peuple criant tout haut, se mit à demander à Pilate qu’il fît comme il leur avait toujours fait.

9 Mais Pilate leur répondit, en disant : Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?

10 (Car il savait bien que les principaux sacrificateurs l’avaient livré par envie.)

11 Mais les principaux sacrificateurs excitèrent le peuple à demander que plutôt il relâchât Barrabas.

12 Et Pilate répondant, leur dit encore : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez roi des Juifs ?

13 Et ils s’écrièrent encore : Crucifie-le.

14 Alors Pilate leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils s’écrièrent encore plus fort : Crucifie-le.

15 Pilate donc voulant contenter le peuple, leur relâcha Barrabas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié.

16 Alors les soldats l’emmenèrent dans la cour, qui est le prétoire, et toute la cohorte s’étant là assemblée,

17 ils le vêtirent d’une robe de pourpre, et ayant fait une couronne d’épines entrelacées l’une dans l’autre, ils la lui mirent sur la tête ;

18 puis ils commencèrent à le saluer, en lui disant : Nous te saluons, roi des Juifs.

19 Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et crachaient contre lui ; et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.

20 Et après s’être ainsi moqués de lui, ils le dépouillèrent de la robe de pourpre, et le revêtirent de ses habits, et l’emmenèrent dehors pour le crucifier.

21 Et ils contraignirent un certain homme, nommé Simon, Cyrénien, père d’Alexandre et de Rufus, qui passait par là, revenant des champs, de porter sa croix.

22 Et ils le menèrent au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire, le lieu du crâne.

23 Et ils lui donnèrent à boire du vin mixtionné avec de la myrrhe ; mais il ne le prit point.

24 Et quand ils l’eurent crucifié, ils partagèrent ses vêtemens, en les jetant au sort, pour savoir ce que chacun en aurait.

25 Or il était trois heures quand ils le crucifièrent.

26 Et l’écriteau contenant la cause de sa condamnation était : le roi des juifs.

27 Ils crucifièrent aussi avec lui deux brigands, l’un à sa main droite, et l’autre à sa gauche.

28 Et ainsi fut accomplie l’écriture, qui dit : Et il a été mis au rang des malfaiteurs.

29 Et ceux qui passaient près de là lui disaient des outrages, branlant la tête, et disant : Hé ! toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours,

30 sauve-toi toi-même, et descends de la croix.

31 Les principaux sacrificateurs se moquant aussi avec les scribes, disaient entre eux : Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même.

32 Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous le voyions et que nous croyions ! Ceux aussi qui étaient crucifiés avec lui, lui disaient des outrages.

33 Mais quand il fut six heures, il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu’à neuf heures.

34 Et à neuf heures Jésus cria à haute voix, disant : Eloï ! Eloï ! lamma sabachtani ? c’est-à-dire : Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ?

35 Ce que quelques-uns de ceux qui étaient là présens, ayant entendu, ils dirent : Voilà, il appelle Elie.

36 Et quelqu’un accourut, qui remplit une éponge de vinaigre, et qui l’ayant mise au bout d’un roseau, lui en donna à boire, en disant : Laissez, voyons si Elie viendra pour l’ôter de la croix.

37 Et Jésus ayant jeté un grand cri, rendit l’esprit.

38 Et le voile du temple se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas.

39 Et le centenier, qui était là vis-à-vis de lui, voyant qu’il avait rendu l’esprit en criant ainsi, dit : Certainement cet homme était Fils de Dieu.

40 Il y avait là aussi des femmes qui regardaient de loin, entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses, et Salomé,

41 qui, lorsqu’il était en Galilée l’avaient suivi, et l’avaient servi ; il y avait là aussi plusieurs autres femmes qui étaient montées avec lui à Jérusalem.

42 Et le soir étant déjà venu, parce que c’était la préparation qui est avant le sabbat ;

43 Joseph d’Arimathée, conseiller honorable, qui attendait aussi le règne de Dieu, s’étant enhardi, vint à Pilate, et lui demanda le corps de Jésus.

44 Et Pilate s’étonna qu’il fût déjà mort ; et ayant appelé le centenier, il lui demanda s’il y avait long-temps qu’il était mort.

45 Ce qu’ayant appris du centenier, il donna le corps à Joseph.

46 Et Joseph ayant acheté un linceul, le descendit de la croix, et l’enveloppa du linceul, et le mit dans un sépulcre qui était taillé dans le roc, puis il roula une pierre sur l’entrée du sépulcre.

47 Et Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Joses, regardaient où on le mettait.

CHAP. XVI.

La résurrection, apparition et ascension de Jésus-Christ.


OR le jour du sabbat étant passé, Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour le venir embaumer.

2 Et de fort grand matin, le premier jour de la semaine, elles arrivèrent au sépulcre, le soleil étant levé.

3 Et elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre de l’entrée du sépulcre ?

4 Et ayant regardé, elles virent que la pierre était roulée ; car elle était fort grande.

5 Puis étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis à main droite, vêtu d’une robe blanche, et elles s’épouvantèrent.

6 Mais il leur dit : Ne vous épouvantez point ; vous cherchez Jésus le Nazarien qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où on l’avait mis.

7 Mais allez, et dites à ses disciples, et à Pierre ; qu’il s’en va devant vous en Galilée ; vous le verrez là, comme il vous l’a dit.

8 Elles partirent aussitôt, et s’enfuirent du sépulcre ; car le tremblement et la frayeur les avaient saisies, et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

9 Or Jésus étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, il apparut premièrement à Marie-Magdelaine, de laquelle il avait chassé sept démons.

10 Et elle s’en alla, et l’annonça à ceux qui avaient été avec lui, lesquels étaient dans le deuil, et pleuraient.

11 Mais quand ils ouïrent dire qu’il était vivant, et qu’elle l’avait vu, ils ne la crurent point.

12 Après cela, il se montra sous une autre forme à deux d’entre eux, qui étaient en chemin pour aller aux champs.

13 Et ceux-ci étant retournés l’annoncèrent aux autres ; mais ils ne les crurent point non plus.

14 Enfin, il se montra aux onze, qui étaient assis ensemble, et il leur reprocha leur incrédulité et leur dureté de cœur, en ce qu’ils n’avaient point cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

15 Et il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez l’évangile à toute créature.

16 Celui qui aura cru, et qui aura été baptisé, sera sauvé ; mais celui qui n’aura point cru, sera condamné.

17 Et ce sont ici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru ; ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront de nouveaux langages ;

18 ils saisiront les serpens avec la main, et quand ils auront bu quelque chose mortelle, elle ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux malades, et ils seront guéris.

19 Or le Seigneur, après leur avoir parlé de la sorte, fut élevé en haut au ciel, et s’assit à la droite de Dieu.

20 Et eux étant partis prêchèrent partout ; et le Seigneur coopérait avec eux, et confirmait la parole par les prodiges qui l’accompagnaient.


LE SAINT ÉVANGILE

SELON SAINT LUC.

CHAP. I.

Apparition de l’ange à Zacharie ; annonciation, visitation et cantique de Marie ; la naissance de Jean, et la prophétie de Zacharie.


PARCE que plusieurs se sont appliqués à mettre par ordre un récit des choses qui ont été pleinement certifiées entre nous ;

2 comme nous les ont données à connaître ceux qui les ont vues eux-mêmes dès le commencement, et qui ont été les ministres de la parole.

3 Il m’a aussi semblé bon, après avoir examiné exactement toutes choses depuis le commencement jusqu’à la fin, très-excellent Théophile, de t’en écrire par ordre ;

4 afin que tu connaisses la certitude des choses dont tu as été informé.

5 Au temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un certain sacrificateur nommé Zacharie, du rang d’Abia ; et sa femme était des filles d’Aaron, et son nom était Elisabeth.

6 Et ils étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandemens, et dans toutes les ordonnances du Seigneur, sans reproche.

7 Et ils n’avaient point d’enfans, à cause qu’Elisabeth était stérile, et qu’ils étaient l’un et l’autre fort avancés en âge.

8 Or il arriva que, comme Zacharie exerçait la sacrificature devant le Seigneur, à son tour,

9 selon la coutume d’exercer la sacrificature, le sort lui échut d’offrir le parfum, et d’entrer pour cet effet dans le temple du Seigneur.

10 Et toute la multitude du peuple était dehors, en prières, à l’heure qu’on offrait le parfum.

11 Et l’ange du Seigneur lui apparut, se tenant au côté droit de l’autel du parfum.

12 Et Zacharie fut troublé quand il le vit, et il fut saisi de crainte.

13 Mais l’ange lui dit : Zacharie, ne crains point ; car ta prière est exaucée, et Elisabeth ta femme enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jean.

14 Et tu en auras une grande joie, et plusieurs se réjouiront de sa naissance.

15 Car il sera grand devant le Seigneur, et il ne boira ni vin ni cervoise ; et il sera rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère.

16 Et il convertira plusieurs des enfans d’Israël au Seigneur leur Dieu.

17 Car il ira devant lui animé de l’esprit et de la vertu d’Elie, afin qu’il ramène les cœurs des pères dans les enfans, et les rebelles à la prudence des justes, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé.

18 Alors Zacharie dit à l’ange : Comment connaîtrai-je cela ? car je suis vieux, et ma femme est fort âgée.

19 Et l’ange répondant, lui dit : Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et qui ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer ces bonnes nouvelles.

20 Et voici, tu seras sans parler, et tu ne pourras point parler jusqu’au jour que ces choses arriveront ; parce que tu n’as point cru à mes paroles qui s’accompliront en leur temps.

21 Or le peuple attendait Zacharie, et on s’étonnait de ce qu’il tardait tant dans le temple.

22 Mais quand il fut sorti, il ne pouvait pas leur parler, et ils connurent qu’il avait vu quelque vision dans le temple ; car il le leur donnait à entendre par des signes ; et il demeura muet.

23 Et il arriva que, quand les jours de son ministère furent achevés, il retourna en sa maison.

24 Et après ces jours-là, Elisabeth sa femme conçut, et elle se cacha l’espace de cinq mois, en disant :

25 Certes, le Seigneur en a agi avec moi ainsi aux jours qu’il m’a regardée pour ôter mon opprobre d’entre les hommes.

26 Or, au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

27 vers une vierge fiancée à un homme nommé Joseph, qui était de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie.

28 Et l’ange étant entré dans le lieu où elle était, lui dit : Je te salue, ô toi qui es reçue en grâce ; le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes.

29 Et quand elle l’eut vu, elle fut fort troublée à cause de ses paroles ; et elle considérait en elle-même quelle était cette salutation.

30 Et l’ange lui dit : Marie, ne crains point ; car tu as trouvé grâce devant Dieu.

31 Et voici, tu concevras en ton ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Jesus.

32 Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.

33 Et il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et il n’y aura point de fin à son règne.

34 Alors Marie dit à l’ange : Comment arrivera ceci, vu que je ne connais point d’homme ?

35 Et l’ange répondant, lui dit : Le Saint-Esprit surviendra en toi, et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi ce qui naîtra de toi saint, sera appelé le Fils de Dieu.

36 Et voici, Elisabeth ta cousine a aussi conçu un fils en sa vieillesse ; et c’est ici le sixième mois de la grossesse de celle qui était appelée stérile.

37 Car rien ne sera impossible à Dieu.

38 Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! et l’ange se retira d’avec elle.

39 Or en ces jours-là Marie se leva, et s’en alla en hâte au pays des montagnes dans une ville de Juda.

40 Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth.

41 Et il arriva qu’aussitôt qu’Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, le petit enfant tressaillit en son ventre, et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit.

42 Et elle s’écria à haute voix, et dit : Tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit de ton ventre.

43 Et d’où me vient ceci, que la mère de mon Seigneur vienne vers moi ?

44 Car voici, dès que la voix de ta salutation est parvenue à mes oreilles, le petit enfant a tressailli de joie en mon ventre.

45 Or bienheureuse est celle qui a cru ; car les choses qui lui ont été dites par le Seigneur auront leur accomplissement.

46 Alors Marie dit : Mon âme magnifie le Seigneur ;

47 et mon esprit s’est égayé en Dieu, qui est mon Sauveur ;

48 car il a regardé la bassesse de sa servante ; voici, certes désormais tous les âges me diront bienheureuse.

49 Car le Puissant m’a fait de grandes choses, et son nom est Saint.

50 Et sa miséricorde est de génération en génération en faveur de ceux qui le craignent.

51 Il a puissamment opéré par son bras ; il a dissipé les desseins que les orgueilleux formaient dans leurs cœurs.

52 Il a renversé de dessus leurs trônes les puissans, et il a élevé les petits.

53 Il a rempli de biens ceux qui avaient faim ; il a renvoyé les riches vides.

54 Il a pris en sa protection Israël son serviteur, pour se souvenir de sa miséricorde ;

55 (selon qu’il en a parlé à nos pères, savoir à Abraham et à sa postérité) à jamais.

56 Et Marie demeura avec elle environ trois mois, puis elle s’en retourna en sa maison.

57 Or le terme d’Elisabeth fut accompli pour accoucher ; et elle mit au monde un fils.

58 Et ses voisins et ses parens ayant appris que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde envers elle, s’en réjouissaient avec elle.

59 Et il arriva qu’au huitième jour ils vinrent pour circoncire le petit enfant, et ils l’appelaient Zacharie, du nom de son père.

60 Mais sa mère prit la parole, et dit : Non, mais il sera nommé Jean.

61 Et ils lui dirent : Il n’y a personne en ta parenté qui soit appelé de ce nom.

62 Alors ils firent signe à son père, qu’il déclarât comment il voulait qu’il fût nommé.

63 Et Zacharie ayant demandé des tablettes, écrivit : Jean est son nom ; et tous en furent étonnés.

64 Et à l’instant sa bouche fut ouverte, et sa langue déliée, tellement qu’il parlait en louant Dieu.

65 Et tous ses voisins en furent saisis de crainte ; et toutes ces choses furent divulguées dans tout le pays des montagnes de Judée.

66 Et tous ceux qui les entendirent les mirent en leur cœur, disant : Que sera-ce de ce petit enfant ? Et la main du Seigneur était avec lui.

67 Alors Zacharie son père fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa, disant :

68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et délivré son peuple ;

69 et de ce qu’il nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur.

70 Selon ce qu’il avait dit par la bouche des saints prophètes, qui ont été de tout temps ;

71 que nous serions sauvés de la main de nos ennemis, et de la main de tous ceux qui nous haïssent ;

72 pour exercer sa miséricorde envers nos pères, et pour avoir mémoire de sa sainte alliance ;

73 qui est le serment qu’il a fait à Abraham, notre père ;

74 savoir, qu’il nous accorderait, qu’étant délivrés de la main de nos ennemis, nous le servirions sans crainte,

75 en sainteté et en justice devant lui, tous les jours de notre vie.

76 Et toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Très-Haut ; car tu iras devant la face du Seigneur pour préparer ses voies ;

77 et pour donner la connaissance du salut à son peuple, dans la rémission de leurs péchés ;

78 par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, desquelles l’Orient d’en haut nous a visités ;

79 afin de reluire à ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, et pour conduire nos pas dans le chemin de la paix.

80 Et le petit enfant croissait, et se fortifiait en esprit ; et il fut dans les déserts jusqu’au jour qu’il devait être manifesté à Israël.

CHAP. II.

Jésus-Christ né, annoncé et circoncis à Bethléhem ; présenté à Jérusalem dans le temple, et préconisé par Siméon, etc. ; porté à Nazareth, et croissant en sagesse à merveille.


OR il arriva en ces jours-là qu’un édit fut publié de la part de César Auguste, portant que tout le monde fût enregistré.

2 Et ce premier dénombrement fut fait lorsque Cyrénius avait le gouvernement de Syrie.

3 Ainsi tous allaient pour être enregistrés, chacun en sa ville.

4 Et Joseph monta aussi de Galilée en Judée, savoir de la ville de Nazareth, en la cité de David, appelée Bethléhem, à cause qu’il était de la maison et de la famille de David ;

5 pour être enregistré avec Marie, la femme qui lui avait été fiancée, laquelle était enceinte.

6 Et il arriva, comme ils étaient là, que son terme pour accoucher fut accompli.

7 Et elle mit au monde son Fils, premier-né, et l’emmaillota, et le coucha dans une crèche, à cause qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie.

8 Or il y avait en ces quartiers-là des bergers couchant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit.

9 Et voici, l’ange du Seigneur survint vers eux, et la clarté du Seigneur resplendit autour d’eux, et ils furent saisis d’une fort grande peur.

10 Mais l’ange leur dit : N’ayez point de peur ; car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera tel pour tout le peuple :

11 C’est qu’aujourd’hui dans la cité de David vous est né le Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.

12 Et c’est ici la marque à laquelle vous le reconnaîtrez, c’est que vous trouverez le petit enfant emmailloté et couché dans une crèche.

13 Et aussitôt avec l’ange il y eut une multitude de l’armée céleste, louant Dieu, et disant :

14 Gloire soit à Dieu dans les lieux très-hauts, que la paix soit sur la terre et la bonne volonté dans les hommes !

15 Et il arriva qu’après que les anges s’en furent allés d’avec eux au ciel, les bergers dirent entre eux : Allons donc jusqu’à Bethléhem, et voyons cette chose qui est arrivée, et que le Seigneur nous a découverte.

16 Ils allèrent donc en grande hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans une crèche.

17 Et quand ils l’eurent vu, ils divulguèrent ce qui leur avait été dit touchant ce petit enfant.

18 Et tous ceux qui les ouïrent s’étonnèrent des choses qui leur étaient dites par les bergers.

19 Et Marie gardait soigneusement toutes ces choses, et les repassait dans son esprit.

20 Puis les bergers s’en retournèrent glorifiant et louant Dieu de toutes ces choses qu’ils avaient ouïes et vues, selon qu’il leur en avait été parlé.

21 Et quand les huit jours furent accomplis pour circoncire l’enfant, alors son nom fut appelé Jesus, lequel avait été nommé par l’ange avant qu’il fût conçu dans le ventre.

22 Et quand les jours de la purification de Marie furent accomplis selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,

23 (selon ce qui est écrit dans la loi du Seigneur, Que tout mâle premier-né sera appelé saint au Seigneur.)

24 Et pour offrir l’oblation prescrite dans la loi du Seigneur, savoir une paire de tourterelles, ou deux pigeonneaux.

25 Or voici, il y avait à Jérusalem un homme qui avait nom Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu, et il attendait la consolation d’Israël ; et le Saint-Esprit était en lui.

26 Et il avait été averti divinement par le Saint-Esprit, qu’il ne mourrait point, que premièrement il n’eût vu le Christ du Seigneur.

27 Lui donc étant poussé par l’Esprit, vint au temple ; et comme le père et la mère portaient dans le temple le petit enfant Jésus, pour faire de lui selon l’usage de la loi,

28 il le prit entre ses bras, et bénit Dieu, et dit :

29 Seigneur, tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix selon ta parole.

30 Car mes yeux ont vu ton salut,

31 lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples,

32 la lumière pour éclairer les nations, et pour être la gloire de ton peuple d’Israël.

33 Et Joseph et sa mère s’étonnaient des choses qui étaient dites de lui.

34 Et Siméon les bénit, et dit à Marie sa mère : Voici, celui-ci est mis pour être une occasion de chute et de relèvement de plusieurs en Israël, et pour être un signe auquel on contredira,

35 (et même aussi une épée percera ta propre âme) afin que les pensées de plusieurs cœurs soient découvertes.

36 Il y avait aussi Anne la prophétesse, fille de Phanuël, de la tribu d’Aser, qui était déjà avancée en âge, et qui avait vécu avec son mari sept ans depuis sa virginité ;

37 et veuve d’environ quatre-vingt-quatre ans, elle ne bougeait point du temple, servant Dieu en jeûnes et en prières, nuit et jour.

38 Elle étant donc survenue en ce même moment, louait aussi le Seigneur, et parlait de lui à tous ceux qui attendaient la délivrance à Jérusalem.

39 Et quand ils eurent accompli tout ce qui est ordonné par la loi du Seigneur, ils s’en retournèrent en Galilée, à Nazareth leur ville.

40 Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était sur lui.

41 Or son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâque.

42 Et quand il eut atteint l’âge de douze ans, son père et sa mère étant montés à Jérusalem selon la coutume de la fête,

43 et s’en retournant après avoir accompli les jours de la fête, l’enfant Jésus demeura dans Jérusalem ; et Joseph et sa mère ne s’en aperçurent point ;

44 mais croyant qu’il était dans la troupe des voyageurs, ils marchèrent une journée ; puis ils le cherchèrent entre leurs parens et ceux de leur connaissance.

45 Et ne le trouvant point, ils s’en retournèrent à Jérusalem, en le cherchant.

46 Or il arriva que trois jours après ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant, et les interrogeant.

47 Et tous ceux qui l’entendaient s’étonnaient de sa sagesse et de ses réponses.

48 Et quand ils le virent, ils en furent étonnés, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi ? voici, ton père et moi te cherchions étant en grande peine.

49 Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? ne saviez-vous pas qu’il me faut être occupé aux affaires de mon Père ?

50 Mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait.

51 Alors il descendit avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis ; et sa mère conservait toutes ces paroles-là dans son cœur.

52 Et Jésus s’avançait en sagesse, et en stature, et en grâce envers Dieu et envers les hommes.

CHAP. III.

Jean-Baptiste prêchant et baptisant ; Jésus-Christ baptisé, et sa généalogie.


OR en la quinzième année de l’empire de Tibère César, lorsque Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, et qu’Hérode était tétrarque en Galilée, et son frère Philippe, tétrarque dans la contrée d’Iturée et de Trachonite, et Lysanias, tétrarque en Abilène ;

2 Anne et Caïphe étant souverains sacrificateurs, la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, au désert.

3 Et il vint dans tout le pays des environs du Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés ;

4 comme il est écrit au livre des paroles d’Esaïe le prophète, disant : La voix de celui qui crie dans le désert est : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers.

5 Toute vallée sera comblée, et toute montagne et toute colline sera abaissée, et les choses tortues seront redressées, et les chemins raboteux seront aplanis ;

6 et toute chair verra le salut de Dieu.

7 Il disait donc à la foule de ceux qui venaient pour être baptisés par lui : Races de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère à venir ?

8 Faites des fruits convenables à la repentance, et ne vous mettez point à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut faire naître, même de ces pierres, des enfans à Abraham.

9 Or la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne fait point de bon fruit, va être coupé et jeté au feu.

10 Alors les troupes l’interrogèrent, disant : Que ferons-nous donc ?

11 Et il répondit, et leur dit : Que celui qui a deux robes en donne une à celui qui n’en a point ; et que celui qui a de quoi manger en fasse de même.

12 Il vint aussi à lui des péagers pour être baptisés, qui lui dirent : Maître, que ferons-nous ?

13 Et il leur dit : N’exigez rien au-delà de ce qui vous est ordonné.

14 Les gens de guerre l’interrogèrent aussi, disant : Et nous, que ferons-nous ? Il leur dit : N’usez point de concussion, ni de fraude contre personne ; mais contentez-vous de vos gages.

15 Et comme le peuple était dans l’attente, et raisonnait en soi-même si Jean n’était point le Christ,

16 Jean prit la parole, et dit à tous : Pour moi, je vous baptise d’eau ; mais il en vient un plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier la courroie des souliers ; celui-là vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.

17 Il a son van en sa main, et il nettoiera entièrement son aire, et assemblera le froment dans son grenier ; mais il brûlera la paille au feu qui ne s’éteint point.

18 Et en faisant plusieurs autres exhortations, il évangélisait au peuple.

19 Mais Hérode le tétrarque étant repris par lui au sujet d’Hérodias, femme de Philippe son frère, et à cause de tous les maux qu’il avait faits,

20 ajouta encore à tous les autres celui de mettre Jean en prison.

21 Or il arriva que, comme tout le peuple était baptisé, Jésus aussi étant baptisé, et priant, le ciel s’ouvrit ;

22 et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme celle d’une colombe ; et il y eut une voix du ciel, qui lui dit : Tu es mon Fils bien-aimé, j’ai pris en toi mon bon plaisir.

23 Et Jésus commençait d’avoir environ trente ans, fils (comme on l’estimait) de Joseph, qui était fils d’Héli,

24 fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Janna, fils de Joseph,

25 fils de Matthatie, fils d’Amos, fils de Nahum, fils d’Héli, fils de Naggé,

26 fils de Maath, fils de Matthatie, fils de Séméi, fils de Joseph, fils de Juda,

27 fils de Johanna, fils de Rhésa, fils de Zorobabel, fils de Salathiël, fils de Néri,

28 fils de Melchi, fils d’Addi, fils de Cosam, fils d’Elmodam, fils d’Er,

29 fils de José, fils d’Eliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi,

30 fils de Siméon, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Jonan, fils d’Eliakim,

31 fils de Melca, fils de Maïnan, fils de Matthata, fils de Nathan, fils de David,

32 fils de Jessé, fils d’Obed, fils de Booz, fils de Salmon, fils de Naasson,

33 fils d’Aminadab, fils d’Aram, fils d’Esrom, fils de Pharès, fils de Juda,

34 fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham, fils de Thara, fils de Nachor,

35 fils de Sarug, fils de Ragau, fils de Phaleg, fils d’Héber, fils de Sala,

36 fils de Caïnan, fils d’Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamech,

37 fils de Mathusala, fils d’Hénoc, fils de Jared, fils de Mahalaléel, fils de Caïnan,

38 fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.

CHAP. IV.

Jésus-Christ tenté du diable, et rejeté à Nazareth, guérit dans Capernaüm plusieurs malades et possédés.


OR, Jésus étant rempli du Saint-Esprit s’en retourna de devers le Jourdain, et fut mené par la vertu de l’Esprit au désert.

2 Et il fut tenté du diable quarante jours, et ne mangea rien du tout durant ces jours-là ; mais après qu’ils furent passés, finalement il eut faim.

3 Et le diable lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain.

4 Et Jésus lui répondit, en disant : Il est écrit que l’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu.

5 Alors le diable l’emmena sur une haute montagne, et lui montra en un moment de temps tous les royaumes du monde.

6 Et le diable lui dit : Je te donnerai toute cette puissance et leur gloire ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.

7 Si tu veux donc te prosterner devant moi, tout sera tien.

8 Mais Jésus répondant, lui dit : Va arrière de moi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.

9 Il l’amena aussi à Jérusalem, et le mit sur la balustrade du temple, et lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas.

10 Car il est écrit qu’il ordonnera à ses anges de te conserver ;

11 et qu’ils te porteront en leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre quelque pierre.

12 Mais Jésus répondant, lui dit : Il a été dit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.

13 Et quand toute la tentation fut finie, le diable se retira d’avec lui pour un temps.

14 Et Jésus retourna en Galilée par la vertu de l’Esprit, et sa renommée se répandit par tout le pays d’alentour.

15 Car il enseignait dans leurs synagogues, et était honoré de tous.

16 Et il vint à Nazareth, où il avait été nourri, et entra dans la synagogue le jour du sabbat, selon sa coutume ; puis il se leva pour lire.

17 Et on lui donna le livre du prophète Esaïe ; et quand il eut déployé le livre, il trouva le passage où il est écrit :

18 L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint ; il m’a envoyé pour évangéliser aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur froissé ;

19 pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour mettre en liberté ceux qui sont foulés, et pour publier l’an agréable du Seigneur.

20 Puis ayant ployé le livre, et l’ayant rendu au ministre, il s’assit ; et les yeux de tous ceux qui étaient dans la synagogue étaient arrêtés sur lui.

21 Alors il commença à leur dire : Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant.

22 Et tous lui rendaient témoignage, et s’étonnaient des paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche ; et ils disaient : Celui-ci n’est-il pas le fils de Joseph ?

23 Et il leur dit : Assurément vous me direz ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même ; et fais ici dans ton pays toutes les choses que nous avons ouï dire que tu as faites à Capernaüm.

24 Mais il leur dit : En vérité, je vous dis qu’aucun prophète n’est bien reçu dans son pays.

25 Et certes je vous dis qu’il y avait plusieurs veuves en Israël, du temps d’Elie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois ; de sorte qu’il y eut une grande famine par tout le pays.

26 Et toutefois Elie ne fut envoyé vers aucune d’elles, mais seulement vers une femme veuve dans Sarepta de Sidon.

27 Il y avait aussi plusieurs lépreux en Israël du temps d’Elisée le prophète ; toutefois pas un d’eux ne fut guéri, mais seulement Naaman, qui était Syrien.

28 Et ils furent tous remplis de colère dans la synagogue, entendant ces choses.

29 Et s’étant levés, ils le mirent hors de la ville, et le menèrent jusqu’au bord de la montagne, sur laquelle leur ville était bâtie, pour le jeter du haut en bas.

30 Mais il passa au milieu d’eux, et s’en alla.

31 Et il descendit à Capernaüm, ville de Galilée, et il les enseignait là les jours de sabbat.

32 Et ils s’étonnaient de sa doctrine ; car sa parole était avec autorité.

33 Or il y avait dans la synagogue un homme qui était possédé d’un démon impur, lequel s’écria à haute voix,

34 en disant : Ha ! qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus Nazarien ? Es-tu venu pour nous détruire ? je sais qui tu es, le Saint de Dieu.

35 Et Jésus le censura fortement, en lui disant : Tais-toi, et sors de cet homme. Et le diable, après l’avoir jeté avec impétuosité au milieu de l’assemblée, sortit de cet homme sans lui avoir fait aucun mal.

36 Et ils furent tous saisis d’étonnement ; et ils parlaient entre eux, et disaient : Quelle parole est celle-ci, qu’il commande avec autorité et avec puissance aux esprits immondes, et ils sortent ?

37 Et sa renommée se répandit dans tous les quartiers du pays d’alentour.

38 Et quand Jésus se fut levé de la synagogue, il entra dans la maison de Simon, et la belle-mère de Simon était détenue d’une grosse fièvre, et on le pria pour elle.

39 Et s’étant penché sur elle, il tança la fièvre, et la fièvre la quitta, et incontinent elle se leva, et les servit.

40 Et comme le soleil se couchait, tous ceux qui avaient des malades de diverses maladies, les lui amenèrent ; et posant les mains sur chacun d’eux, il les guérissait.

41 Les démons aussi sortaient hors de plusieurs, criant et disant : Tu es le Christ, le Fils de Dieu ; mais il les censurait fortement, et ne leur permettait pas de dire qu’ils sussent qu’il était le Christ.

42 Et dès qu’il fut jour, il partit, et s’en alla en un lieu désert ; et les troupes le cherchaient, et étant venues à lui, elles le retenaient, afin qu’il ne partît point d’avec eux.

43 Mais il leur dit : Il faut que j’évangélise aussi aux autres villes le royaume de Dieu ; car je suis envoyé pour cela.

44 Et il prêchait dans les synagogues de la Galilée.

CHAP. V.

Jésus-Christ appelle Pierre, guérit un lépreux et un paralytique, et justifie sa conduite et celle des siens contre les pharisiens.


OR il arriva, comme la foule se jetait toute sur lui pour entendre la parole de Dieu, qu’il se tenait sur le bord du lac de Génézareth.

2 Et voyant deux nacelles qui étaient au bord du lac, et dont les pêcheurs étaient descendus, et lavaient leurs filets, il monta dans l’une de ces nacelles, qui était à Simon.

3 Et il le pria de la mener un peu loin de terre ; puis s’étant assis, il enseignait les troupes de dessus la nacelle.

4 Et quand il eut cessé de parler, il dit à Simon : Mène en pleine eau, et lâchez vos filets pour pêcher.

5 Et Simon répondant, lui dit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit, et nous n’avons rien pris ; toutefois à ta parole je lâcherai les filets.

6 Ce qu’ayant fait, ils enfermèrent une si grande quantité de poissons, que leurs filets se rompaient.

7 Et ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient dans l’autre nacelle, de venir les aider ; et étant venus ils remplirent les deux nacelles, tellement qu’elles s’enfonçaient.

8 Et quand Simon Pierre eut vu cela, il se jeta aux genoux de Jésus, en lui disant : Seigneur, retire-toi de moi ; car je suis un homme pécheur.

9 Parce que la frayeur l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la prise de poissons qu’ils venaient de faire ; de même que Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient compagnons de Simon.

10 Alors Jésus dit à Simon : N’aie point de peur ; dorénavant tu seras un pêcheur d’hommes vivans.

11 Et quand ils eurent amené les nacelles à terre, ils quittèrent tout, et le suivirent.

12 Or il arriva que, comme il était dans une des villes de ce pays-là, voici, un homme plein de lèpre voyant Jésus, se jeta en terre sur sa face, et le pria, disant : Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre net.

13 Et Jésus étendit la main, et le toucha, en disant : Je le veux, sois net ; et incontinent la lèpre le quitta.

14 Et il lui commanda de ne le dire à personne ; mais va, lui dit-il, et te montre au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a commandé pour leur servir de témoignage.

15 Et sa renommée se répandait de plus en plus, tellement que de grandes troupes s’assemblaient pour l’entendre, et pour être guéries par lui de leurs maladies.

16 Mais il se tenait retiré dans les déserts, et priait.

17 Or il arriva, un jour qu’il enseignait, que des pharisiens et des docteurs de la loi, qui étaient venus de toutes les bourgades de Galilée, et de Judée, et de Jérusalem, étaient là assis, et la puissance du Seigneur était là pour opérer des guérisons.

18 Et voici des hommes qui portaient dans un lit un homme qui était paralytique, et ils cherchaient le moyen de le porter dans la maison, et de le mettre devant lui.

19 Mais ne trouvant point par quel côté ils pourraient l’introduire, à cause de la foule, ils montèrent sur la maison, et ils le descendirent par les tuiles, avec le petit lit, au milieu, devant Jésus,

20 qui voyant leur foi, dit au paralytique : Homme, tes péchés te sont pardonnés.

21 Alors les scribes et les pharisiens commencèrent à raisonner en eux-mêmes, disant : Qui est celui-ci qui prononce des blasphèmes ? Qui est-ce qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ?

22 Mais Jésus connaissant leurs pensées, prit la parole, et leur dit : Pourquoi raisonnez-vous ainsi en vous-mêmes ?

23 Lequel est le plus aisé, ou de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, et marche ?

24 Or afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés, il dit au paralytique : Je te dis, lève-toi, charge ton petit lit, et t’en va en ta maison.

25 Et à l’instant le paralytique s’étant levé devant eux, chargea le lit où il était couché, et s’en alla en sa maison, glorifiant Dieu.

26 Et ils furent tous saisis d’étonnement, et ils glorifiaient Dieu ; et étant remplis de crainte, ils disaient : Certainement nous avons vu aujourd’hui des choses qu’on n’eût jamais attendues.

27 Après cela il sortit, et il vit un péager nommé Lévi, assis au lieu du péage, et il lui dit : Suis-moi.

28 Lequel abandonnant tout, se leva, et le suivit.

29 Et Lévi fit un grand festin dans sa maison, où il y avait une grosse assemblée de péagers, et d’autres gens qui étaient avec eux à table.

30 Et les scribes de ce lieu-là, et les pharisiens, murmuraient contre ses disciples, en disant : Pourquoi est-ce que vous mangez et que vous buvez avec des péagers et des gens de mauvaise vie ?

31 Mais Jésus prenant la parole, leur dit : Ceux qui sont en santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal.

32 Je ne suis point venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs.

33 Ils lui dirent aussi : Pourquoi est-ce que les disciples de Jean jeûnent souvent, et font des prières ; pareillement aussi ceux des pharisiens ; mais les tiens mangent et boivent ?

34 Et il leur dit : Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’époux pendant que l’époux est avec eux ?

35 Mais les jours viendront que l’époux leur sera ôté ; alors ils jeûneront en ces jours-là.

36 Puis il leur dit cette similitude : Personne ne met une pièce d’un vêtement neuf à un vieux vêtement ; autrement le neuf déchire le vieux, et la pièce du neuf ne se rapporte point au vieux.

37 Pareillement personne ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement le vin nouveau rompra les vaisseaux, et se répandra, et les vaisseaux seront perdus.

38 Mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs ; et ainsi ils se conservent l’un et l’autre.

39 Et il n’y a personne qui boive du vieux, qui veuille aussitôt du nouveau ; car il dit : Le vieux est meilleur.

CHAP. VI.

Jésus-Christ justifie ses disciples qui arrachent des épis au sabbat, et guérit la main sèche d’un homme ; nomme douze apôtres, et donne plusieurs instructions.


OR il arriva le jour de sabbat, appelé second-premier, qu’il passait par des blés, et ses disciples arrachaient des épis, et, les froissant entre leurs mains, ils en mangeaient.

2 Et quelques-uns des pharisiens leur dirent : Pourquoi faites-vous une chose qu’il n’est pas permis de faire les jours de sabbat ?

3 Et Jésus prenant la parole, leur dit : N’avez-vous point lu ce que fit David quand il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ?

4 Comment il entra dans la maison de Dieu, et prit les pains de proposition, et en mangea, et en donna aussi à ceux qui étaient avec lui, quoiqu’il ne soit permis qu’aux seuls sacrificateurs d’en manger ?

5 Puis il leur dit : Le Fils de l’homme est Seigneur même du sabbat.

6 Il arriva aussi un autre jour de sabbat, qu’il entra dans la synagogue, et qu’il enseignait ; et il y avait là un homme dont la main droite était sèche.

7 Or les scribes et les pharisiens prenaient garde s’il le guérirait le jour du sabbat, afin qu’ils trouvassent de quoi l’accuser.

8 Mais il connaissait leurs pensées ; et il dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi, et tiens-toi debout au milieu. Et lui se levant se tint debout.

9 Puis Jésus leur dit : Je vous demanderai une chose : Est-il permis de faire du bien les jours de sabbat, ou de faire du mal ? de sauver une personne, ou de la laisser mourir ?

10 Et quand il les eut tous regardés à l’environ, il dit à cet homme : Etends ta main. Ce qu’il fit ; et sa main fut rendue saine comme l’autre.

11 Et ils furent remplis de fureur ; et ils s’entretenaient ensemble touchant ce qu’ils pourraient faire à Jésus.

12 Or il arriva en ces jours-là, qu’il s’en alla sur une montagne pour prier, et qu’il passa toute la nuit à prier Dieu.

13 Et quand le jour fut venu, il appela ses disciples ; et en élut douze, lesquels il nomma aussi apôtres ;

14 savoir, Simon, qu’il nomma aussi Pierre, et André son frère ; Jacques et Jean, Philippe et Barthélemi,

15 Matthieu et Thomas, Jacques, fils d’Alphée ; et Simon, surnommé Zélotes ;

16 Jude, frère de Jacques, et Judas Iscariot, qui aussi fut traître.

17 Puis descendant avec eux, il s’arrêta dans une plaine avec la troupe de ses disciples, et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon, qui étaient venus pour l’entendre, et pour y être guéris de leurs maladies ;

18 et ceux aussi qui étaient tourmentés par des esprits immondes ; et ils furent guéris.

19 Et toute la multitude tâchait de le toucher ; car il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous.

20 Alors tournant les yeux vers ses disciples, il leur disait : Vous êtes bienheureux, vous pauvres ; car le royaume de Dieu vous appartient.

21 Vous êtes bienheureux, vous qui maintenant avez faim ; car vous serez rassasiés. Vous êtes bienheureux, vous qui pleurez maintenant ; car vous serez dans la joie.

22 Vous serez bienheureux quand les hommes vous haïront, et vous retrancheront de leur société, et vous diront des outrages, et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’homme.

23 Réjouissez-vous en ce jour-là, et tressaillez de joie ; car voici, votre récompense est grande au ciel ; et leurs pères en faisaient de même aux prophètes.

24 Mais malheur à vous, riches ; car vous remportez votre consolation.

25 Malheur à vous qui êtes remplis ; car vous aurez faim. Malheur à vous qui riez maintenant ; car vous lamenterez et pleurerez.

26 Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous ; car leurs pères en faisaient de même aux faux prophètes.

27 Mais à vous qui m’entendez, je vous dis : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent.

28 Bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui vous courent sus.

29 Et à celui qui te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre ; et si quelqu’un t’ôte ton manteau, ne l’empêche point de prendre aussi la tunique.

30 Et à tout homme qui te demande, donne-lui ; et à celui qui t’ôte ce qui t’appartient, ne le redemande point.

31 Et comme vous voulez que les hommes vous fassent, faites-leur aussi de même.

32 Mais si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? car les gens de mauvaise vie aiment aussi ceux qui les aiment.

33 Et si vous ne faites du bien qu’à ceux qui vous ont fait du bien, quel gré vous en saura-t-on ? car les gens de mauvaise vie font aussi le même.

34 Et si vous ne prêtez qu’à ceux de qui vous espérez de recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? car les gens de mauvaise vie prêtent aussi aux gens de mauvaise vie, afin qu’ils en reçoivent la pareille.

35 C’est pourquoi aimez vos ennemis, et faites du bien, et prêtez sans en rien espérer, et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut ; car il est bienfaisant envers les ingrats et les méchans.

36 Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.

37 Et ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; quittez, et il vous sera quitté.

38 Donnez, et il vous sera donné, on vous donnera dans le sein bonne mesure, pressée et entassée, et qui s’en ira par dessus ; car de la mesure que vous mesurerez, on vous mesurera réciproquement.

39 Il leur disait aussi cette similitude : Est-il possible qu’un aveugle puisse mener un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans la fosse ?

40 Le disciple n’est point par dessus son maître ; mais tout disciple accompli sera rendu conforme à son maître.

41 Et pourquoi regardes-tu le fétu qui est dans l’œil de ton frère, et tu n’aperçois pas une poutre dans ton propre œil ?

42 Ou comment peux-tu dire à ton frère : Mon frère, permets que j’ôte le fétu qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas une poutre qui est dans ton œil ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et après cela tu verras comment tu ôteras le fétu qui est dans l’œil de ton frère.

43 Certes un arbre n’est point bon, qui fait de mauvais fruit ; ni un arbre n’est point mauvais, qui fait de bon fruit.

44 Et chaque arbre est connu à son fruit ; car aussi les figues ne se cueillent pas des épines, et on ne vendange pas des raisins d’un buisson.

45 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et l’homme méchant tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur ; car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.

46 Mais pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et vous ne faites pas ce que je dis ?

47 Je vous montrerai à qui est semblable celui qui vient à moi, et qui entendant mes paroles, les met en pratique.

48 Il est semblable à un homme qui, bâtissant une maison, a foui et creusé profondément, et a mis le fondement sur la roche, de sorte qu’un débordement d’eaux étant survenu, le fleuve est bien allé donner contre cette maison ; mais il ne l’a pu ébranler, parce qu’elle était fondée sur la roche.

49 Mais celui, au contraire, qui, ayant entendu mes paroles, ne les a point mises en pratique, est semblable à un homme qui a bâti sa maison sur la terre, sans lui faire de fondement ; car le fleuve ayant donné contre cette maison, elle est tombée aussitôt ; et la ruine de cette maison a été grande.

CHAP. VII.

Jésus-Christ guérit le serviteur d’un centenier ; ressuscite le fils d’une veuve, donne témoignage de soi-même et de Jean-Baptiste contre les chansons et les censures des pharisiens, et pardonne à la pécheresse.


ET quand il eut achevé tout ce discours devant le peuple qui l’écoutait, il entra dans Capernaüm.

2 Or le serviteur d’un certain centenier, à qui il était fort cher, était malade, et s’en allait mourir.

3 Et quand le centenier eut entendu parler de Jésus, il envoya vers lui quelques anciens des Juifs pour le prier de venir guérir son serviteur.

4 Et étant venus à Jésus, ils le prièrent instamment, en lui disant qu’il était digne qu’on lui accordât cela ;

5 car, disaient-ils, il aime notre nation, et il nous a bâti la synagogue.

6 Jésus s’en alla donc avec eux ; et comme déjà il n’était plus guère loin de la maison, le centenier envoya ses amis au-devant de lui, pour lui dire : Seigneur, ne te fatigue point ; car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ;

7 c’est pourquoi aussi je ne me suis pas cru digne d’aller moi-même vers toi ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.

8 Car moi-même qui suis un homme constitué sous la puissance d’autrui, j’ai sous moi des gens de guerre ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.

9 Ce que Jésus ayant entendu, il l’admira ; et se tournant, il dit à la troupe qui le suivait : Je vous dis que je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi.

10 Et quand ceux qui avaient été envoyés, furent de retour à la maison, ils trouvèrent le serviteur, qui avait été malade, se portant bien.

11 Et le jour d’après il arriva que Jésus allait à une ville nommée Naïn, et plusieurs de ses disciples et une grosse troupe allaient avec lui.

12 Et comme il approchait de la porte de la ville, voici, on portait dehors un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve ; et une grande troupe de la ville était avec elle.

13 Et quand le Seigneur l’eut vue, il fut touché de compassion envers elle, et il lui dit : Ne pleure point.

14 Puis s’étant approché, il toucha la bière ; et ceux qui portaient le corps, s’arrêtèrent, et il dit : Jeune homme, je te dis, lève-toi.

15 Et le mort se leva en son séant, et commença à parler ; et Jésus le rendit à sa mère.

16 Et ils furent tous saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant : Certainement un grand prophète s’est levé parmi nous, et certainement Dieu a visité son peuple.

17 Et le bruit de ce miracle se répandit dans toute la Judée et dans tout le pays circonvoisin.

18 Et toutes ces choses ayant été rapportées à Jean par ses disciples,

19 Jean appela deux de ses disciples, et les envoya vers Jésus, pour lui dire : Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?

20 Et étant venus à lui, ils lui dirent : Jean-Baptiste nous a envoyés auprès de toi pour te dire : Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?

21 (Or en cette même heure-là il guérit plusieurs personnes de maladies et de fléaux, et des malins esprits ; et il donna la vue à plusieurs aveugles.)

22 Ensuite Jésus leur répondit, et leur dit : Allez, et rapportez à Jean ce que vous avez vu et ouï, que les aveugles recouvrent la vue, que les boiteux marchent, que les lépreux sont nettoyés, que les sourds entendent, que les morts ressuscitent, et que l’évangile est prêché aux pauvres.

23 Mais bienheureux est quiconque n’aura point été scandalisé à cause de moi.

24 Puis quand les messagers de Jean furent partis, il se mit à dire de Jean aux troupes : Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité du vent ?

25 Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu de précieux vêtemens ? Voici, c’est dans les palais des rois que se trouvent ceux qui sont magnifiquement vêtus, et qui vivent dans les délices.

26 Mais qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.

27 C’est de lui qu’il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, et il préparera ta voie devant toi.

28 Car je vous dis qu’entre ceux qui sont nés de femme il n’y a aucun prophète plus grand que Jean-Baptiste ; et toutefois le moindre dans le royaume de Dieu est plus grand que lui.

29 Et tout le peuple qui entendait cela, et les péagers qui avaient été baptisés du baptême de Jean, justifièrent Dieu.

30 Mais les pharisiens, et les docteurs de la loi, qui n’avaient point été baptisés par lui, rendirent le dessein de Dieu inutile à leur égard.

31 Alors le Seigneur dit : A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à quoi ressemblent-ils ?

32 Ils sont semblables aux enfans qui sont assis au marché, et qui crient les uns aux autres, et disent : Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous vous avons chanté des airs lugubres, et vous n’avez point pleuré.

33 Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant point de pain et ne buvant point de vin ; et vous dites : Il a un démon.

34 Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant ; et vous dites : Voici un mangeur et un buveur, un ami des péagers et des gens de mauvaise vie.

35 Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfans.

36 Or un des pharisiens le pria de manger chez lui ; et il entra dans la maison de ce pharisien, et se mit à table.

37 Et voici, il y avait dans la ville une femme de mauvaise vie, qui, ayant su que Jésus était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein d’une huile odoriférante.

38 Et se tenant derrière à ses pieds, et pleurant, elle se mit à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses propres cheveux, et lui baisait les pieds, et les oignait de cette huile odoriférante.

39 Mais le pharisien qui l’avait convié, voyant cela, dit en soi-même : Si celui-ci était prophète, certes il saurait qui et quelle est cette femme qui le touche ; car c’est une femme de mauvaise vie.

40 Et Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire ; et il dit : Maître, dis-la.

41 Un créancier avait deux débiteurs ; l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante.

42 Et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il quitta la dette à l’un et à l’autre. Dis donc lequel d’eux l’aimera le plus ?

43 Et Simon répondant, lui dit : J’estime que c’est celui à qui il a quitté davantage ; et Jésus lui dit : Tu as droitement jugé.

44 Alors se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour laver mes pieds ; mais elle a arrosé mes pieds de ses larmes, et les a essuyés avec ses propres cheveux.

45 Tu ne m’as point donné un baiser ; mais elle, depuis que je suis entré, n’a cessé de baiser mes pieds.

46 Tu n’as point oint ma tête d’huile ; mais elle a oint mes pieds d’une huile odoriférante.

47 C’est pourquoi je te dis que ses péchés, qui sont grands, lui seront pardonnés ; car elle a beaucoup aimé ; or celui à qui il est moins pardonné, aime moins.

48 Puis il dit à la femme : Tes péchés te sont pardonnés.

49 Et ceux qui étaient avec lui à table se mirent à dire entre eux : Qui est celui-ci, qui même pardonne les péchés ?

50 Mais il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée, va-t-en en paix.

CHAP. VIII.

Jésus-Christ enseignant par la parabole du semeur, de la chandelle, et des siens ; calme la tempête ; guérit un démoniaque et l’hémorroïsse ; et ressuscite la fille de Jaïrus.


OR il arriva après cela qu’il allait de ville en ville, et de bourgade en bourgade, prêchant et annonçant le royaume de Dieu ; et les douze disciples étaient avec lui ;

2 et quelques femmes aussi qu’il avait délivrées des malins esprits, et des maladies, savoir Marie, qu’on appelait Magdelaine, de laquelle étaient sortis sept démons ;

3 et Jeanne, femme de Chuzas, lequel avait le maniement des affaires d’Hérode ; et Suzanne, et plusieurs autres qui l’assistaient de leurs biens.

4 Et comme une grande troupe s’assemblait, et que plusieurs allaient à lui de toutes les villes, il leur dit cette parabole :

5 Un semeur sortit pour semer sa semence, et en semant une partie de la semence tomba le long du chemin, et fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent toute.

6 Et une autre partie tomba dans un lieu pierreux ; et quand elle fut levée, elle se sécha, parce qu’elle n’avait point d’humidité.

7 Et une autre partie tomba entre des épines ; et les épines se levèrent ensemble avec elle, et l’étouffèrent.

8 Et une autre partie tomba dans une bonne terre ; et quand elle fut levée, elle rendit du fruit cent fois autant. En disant ces choses, il criait : Qui a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

9 Et ses disciples l’interrogèrent, pour savoir ce que signifiait cette parabole.

10 Et il répondit : Il vous est donné de connaître les secrets du royaume de Dieu, mais il n’en est parlé aux autres qu’en similitudes, afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point.

11 Voici donc ce que signifie cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu.

12 Et ceux qui ont reçu la semence le long du chemin, ce sont ceux qui écoutent la parole ; mais ensuite vient le démon, qui ôte de leur cœur la parole, de peur qu’en croyant ils ne soient sauvés.

13 Et ceux qui ont reçu la semence dans un lieu pierreux, ce sont ceux qui ayant ouï la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine ; ils croient pour un temps, mais au temps de la tentation ils se retirent.

14 Et ce qui est tombé entre des épines, ce sont ceux qui ayant ouï la parole, et s’en étant allés, sont étouffés par les soucis, par les richesses, et par les voluptés de cette vie, et ils ne rapportent point de fruit à maturité.

15 Mais ce qui est tombé dans une bonne terre, ce sont ceux qui ayant ouï la parole, la retiennent dans un cœur honnête et bon, et rapportent du fruit avec patience.

16 Nul, après avoir allumé la lampe, ne la couvre d’un vaisseau, ni ne la met sous un lit ; mais il la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.

17 Car il n’y a point de secret qui ne soit manifesté, ni de chose cachée qui ne se connaisse, et qui ne vienne en lumière.

18 Regardez donc comment vous écoutez ; car à celui qui a, il sera donné ; mais à celui qui n’a rien, cela même qu’il croit avoir lui sera ôté.

19 Alors sa mère et ses frères vinrent vers lui ; mais ils ne pouvaient l’aborder, à cause de la foule.

20 Et il lui fut rapporté, en disant : Ta mère et tes frères sont là dehors, qui désirent de te voir.

21 Mais il répondit, et leur dit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.

22 Or il arriva qu’un jour il monta dans une nacelle avec ses disciples, et leur dit : Passons à l’autre côté du lac ; et ils partirent.

23 Et comme ils voguaient, il s’endormit ; et un vent impétueux s’étant levé sur le lac, la nacelle se remplissait d’eau, et ils étaient en grand péril.

24 Alors ils vinrent à lui, et l’éveillèrent, disant : Maître, Maître, nous périssons. Mais lui s’étant levé, parla en maître aux vents et aux flots, et ils s’appaisèrent ; et le calme revint.

25 Alors il leur dit : Où est votre foi ? Et eux, saisis de crainte et d’admiration, disaient entre eux : Mais qui est celui-ci, qu’il commande même aux vents et à l’eau, et ils lui obéissent ?

26 Puis ils naviguèrent vers le pays des Gadaréniens, qui est vis-à-vis de la Galilée.

27 Et quand il fut descendu à terre, il vint à sa rencontre un homme de cette ville-là, qui depuis long-temps était possédé des démons, et n’était point couvert d’habits, et ne demeurait point dans les maisons, mais dans les sépulcres.

28 Et ayant aperçu Jésus, il s’écria, et se prosterna devant lui, disant à haute voix : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je te prie, ne me tourmente point.

29 Car Jésus commandait à l’esprit immonde de sortir hors de cet homme, parce qu’il l’avait tenu enserré depuis long-temps ; et quoique cet homme fût lié de chaînes et gardé dans les fers, il brisait ses liens, et était emporté par le démon dans les déserts.

30 Et Jésus lui demanda : Comment as-tu nom ? Et il dit : Légion ; car plusieurs démons étaient entrés en lui.

31 Mais ils priaient Jésus qu’il ne leur commandât point d’aller dans l’abîme.

32 Or il y avait là un grand troupeau de pourceaux qui paissaient sur la montagne, et ils le priaient de leur permettre d’entrer dans ces pourceaux ; et il le leur permit.

33 Et les démons sortant de cet homme, entrèrent dans les pourceaux ; et le troupeau se jeta du haut en bas dans le lac, et fut étouffé.

34 Et quand ceux qui le gardaient eurent vu ce qui était arrivé, ils s’enfuirent, et allèrent le raconter dans la ville et par les champs.

35 Et les gens sortirent pour voir ce qui était arrivé, et vinrent à Jésus, et ils trouvèrent l’homme duquel les démons étaient sortis, assis aux pieds de Jésus, vêtu, et de sens rassis et posé ; et ils eurent peur.

36 Et ceux qui avaient vu tout cela, leur racontèrent comment le démoniaque avait été délivré.

37 Alors toute cette multitude venue de divers endroits voisins des Gadaréniens le prièrent de se retirer de chez eux ; car ils étaient saisis d’une grande crainte ; il remonta donc dans la nacelle, et s’en retourna.

38 Et l’homme duquel les démons étaient sortis, le priait qu’il fût avec lui ; mais Jésus le renvoya, en lui disant :

39 Retourne-t-en en ta maison, et raconte quelles grandes choses Dieu t’a faites. Il s’en alla donc, publiant par toute la ville toutes les choses que Jésus lui avait faites.

40 Et quand Jésus fut de retour, la multitude le reçut avec joie ; car tous l’attendaient.

41 Et voici, un homme appelé Jaïrus, qui était le principal de la synagogue, vint, et se jetant aux pieds de Jésus, le pria de venir en sa maison.

42 Car il avait une fille unique, âgée d’environ douze ans, qui se mourait ; et comme il s’en allait, les troupes le pressaient.

43 Et une femme qui avait une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien en médecins, sans qu’elle eût pu être guérie par aucun ;

44 s’approchant de lui par derrière, toucha le bord de son vêtement ; et à l’instant la perte de sang s’arrêta.

45 Et Jésus dit : Qui est-ce qui m’a touché ? Et comme tous niaient que ce fût eux, Pierre lui dit, et ceux aussi qui étaient avec lui : Maître, les troupes te pressent et te foulent, et tu dis : Qui est-ce qui m’a touché ?

46 Mais Jésus dit : Quelqu’un m’a touché ; car j’ai connu qu’une vertu est sortie de moi.

47 Alors la femme voyant que cela ne lui avait point été caché, vint toute tremblante, et se jetant à ses pieds, lui déclara devant tout le peuple pour quelle raison elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie dans le moment.

48 Et il lui dit : Ma fille, rassure-toi, ta foi t’a guérie : va-t-en en paix.

49 Et comme il parlait encore, quelqu’un vint de chez le principal de la synagogue, qui lui dit : Ta fille est morte, ne fatigue point le Maître.

50 Mais Jésus l’ayant entendu, répondit au père de la fille, disant : Ne crains point, crois seulement, et elle sera guérie.

51 Et quand il fut arrivé à la maison, il ne laissa entrer personne que Pierre, et Jacques et Jean, avec le père et la mère de la fille.

52 Or ils la pleuraient tous, et de douleur ils se frappaient la poitrine ; mais il leur dit : Ne pleurez point, elle n’est pas morte, mais elle dort.

53 Et ils se riaient de lui, sachant bien qu’elle était morte.

54 Mais lui les ayant tous mis dehors, et ayant pris la main de la fille, cria, en disant : Fille, lève-toi.

55 Et son esprit retourna, et elle se leva d’abord ; et il commanda qu’on lui donnât à manger.

56 Et le père et la mère de la fille en furent étonnés ; mais il leur commanda de ne dire à personne ce qui avait été fait.

CHAP. IX.

Jésus-Christ envoie ses apôtres pour prêcher et guérir ; rassasie cinq mille hommes de cinq pains ; parle aux siens de sa personne, de sa passion, et du renoncement à soi-même ; après cela, il est transfiguré ; il guérit un possédé ; enseigne l’humilité aux siens ; laisse un certain homme chasser les démons ; souffre le refus du logis, et veut que les siens le suivent sans regarder en arrière.


PUIS Jésus ayant assemblé ses douze disciples, leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les malades.

2 Et il les envoya prêcher le royaume de Dieu, et guérir les malades,

3 et leur dit : Ne portez rien pour le voyage, ni bâtons, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez point chacun deux robes.

4 Et en quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de là.

5 Et partout où l’on ne vous recevra point, en partant de cette ville-là secouez la poudre de vos pieds, en témoignage contre eux.

6 Eux donc étant partis allaient de bourgade en bourgade, évangélisant et guérissant partout.

7 Or Hérode le tétrarque ouït parler de toutes les choses que Jésus faisait ; et il ne savait que croire de ce que quelques-uns disaient que Jean était ressuscité des morts ;

8 et quelques-uns, qu’Elie était apparu ; et d’autres, que quelqu’un des anciens prophètes était ressuscité.

9 Et Hérode dit : J’ai fait décapiter Jean ; qui est donc celui-ci de qui j’entends dire de telles choses ? Et il cherchait à le voir.

10 Puis les apôtres étant de retour lui racontèrent toutes les choses qu’ils avaient faites. Et Jésus les emmena avec lui, et se retira dans un lieu désert, près de la ville appelée Bethsaïda.

11 Ce que les troupes ayant su, elles le suivirent, et il les reçut, et leur parlait du royaume de Dieu, et guérissait ceux qui avaient besoin d’être guéris.

12 Or le jour ayant commencé à baisser, les douze disciples vinrent à lui, et lui dirent : Donne congé à cette multitude, afin qu’ils s’en aillent aux bourgades et aux villages des environs, pour s’y retirer, et trouver à manger ; car nous sommes ici dans un pays désert.

13 Mais il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Et ils dirent : Nous n’avons pas plus de cinq pains et de deux poissons ; à moins que nous n’allions acheter des vivres pour tout ce peuple ;

14 car ils étaient environ cinq mille hommes. Et il dit à ses disciples : Faites-les arranger par troupes, de cinquante chacune.

15 Ils le firent ainsi, et les firent tous arranger.

16 Puis il prit les cinq pains et les deux poissons, et regardant vers le ciel, il les bénit, et les rompit, et il les distribua à ses disciples, afin qu’ils les missent devant cette multitude.

17 Et ils en mangèrent tous, et furent rassasiés, et on remporta douze corbeilles pleines des pièces de pain qu’il y avait eu de reste.

18 Or il arriva que, comme il était dans un lieu retiré pour prier, et que les disciples étaient avec lui, il les interrogea, disant : Qui disent les troupes que je suis ?

19 Ils lui répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; et les autres, Elie ; et les autres, que quelqu’un des anciens prophètes est ressuscité.

20 Il leur dit alors : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Et Pierre répondant, lui dit : Tu es le Christ de Dieu.

21 Mais usant de menaces, il leur commanda de ne le dire à personne.

22 Et il leur dit : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté des anciens, et des principaux sacrificateurs, et des scribes, et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour.

23 Puis il disait à tous : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, et qu’il charge de jour en jour sa croix, et me suive.

24 Car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra ; mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la sauvera.

25 Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il se détruit lui-même, et se perd lui-même ?

26 Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra en sa gloire, et dans celle du Père, et des saints anges.

27 Et je vous dis, en vérité, qu’entre ceux qui sont ici présens, il y en a qui ne mourront point jusqu’à ce qu’ils aient vu le règne de Dieu.

28 Or il arriva environ huit jours après ces paroles, qu’il prit avec lui Pierre, et Jean, et Jacques, et qu’il monta sur une montagne pour prier.

29 Et comme il priait, la forme de son visage devint toute autre, et son vêtement devint blanc, en sorte qu’il était resplendissant comme un éclair.

30 Et voici, deux personnages, savoir Moïse et Elie, parlaient avec lui.

31 Et ils apparurent environnés de gloire, et parlaient de sa mort qu’il devait souffrir à Jérusalem.

32 Or Pierre et ceux qui étaient avec lui étaient accablés de sommeil ; et quand ils furent réveillés, ils virent sa gloire, et les deux personnages qui étaient avec lui.

33 Et il arriva, comme ces personnages se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus : Maître, il est bon que nous soyons ici ; faisons-y donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie ; ne sachant ce qu’il disait.

34 Et comme il disait ces choses, une nuée vint qui les couvrit de son ombre ; et comme ils entraient dans la nuée, ils eurent peur.

35 Et une voix vint de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le.

36 Et comme la voix se prononçait, Jésus se trouva seul. Et ils se turent tous, et ils ne rapportèrent en ces jours-là à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

37 Or il arriva le jour suivant, qu’eux étant descendus de la montagne, une grande troupe vint à sa rencontre.

38 Et voici, un homme de la troupe s’écria, disant : Maître, je te prie, jette les yeux sur mon fils ; car je n’ai que celui-là.

39 Et voici, un esprit le saisit, qui aussitôt le fait crier, et l’agite avec violence en le faisant écumer, et à peine il se retire de lui, après l’avoir comme brisé.

40 Or j’ai prié tes disciples de le chasser dehors, mais ils n’ont pu.

41 Et Jésus répondant, dit : O génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous, et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils.

42 Et comme il approchait seulement, le démon l’agita violemment comme s’il l’eût voulu déchirer ; mais Jésus censura fortement l’esprit immonde, et guérit l’enfant, et le rendit à son père.

43 Et tous furent étonnés de la magnifique vertu de Dieu. Et comme tous s’étonnaient de tout ce qu’il faisait, il dit à ses disciples :

44 Vous, écoutez bien ces discours : Car il arrivera que le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes.

45 Mais ils ne comprirent point cette parole, et elle leur était tellement obscure, qu’ils ne la comprenaient pas ; et ils craignaient de l’interroger touchant cette parole.

46 Puis ils entrèrent en dispute, pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand.

47 Mais Jésus voyant la pensée de leur cœur, prit un petit enfant, et le mit auprès de lui.

48 Puis il leur dit : Quiconque recevra ce petit enfant en mon nom, me reçoit ; et quiconque me recevra, reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui qui est le plus petit d’entre vous tous, c’est celui qui sera grand.

49 Et Jean prenant la parole, dit : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom ; et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne te suit point avec nous.

50 Mais Jésus lui dit : Ne l’en empêchez point ; car celui qui n’est pas contre nous est pour nous.

51 Or il arriva, quand les jours de son élévation s’accomplissaient, qu’il dressa sa face, tout résolu d’aller à Jérusalem.

52 Et il envoya devant lui des messagers, qui étant partis entrèrent dans une bourgade des Samaritains, pour lui préparer un logis.

53 Mais les Samaritains ne le reçurent point, parce qu’il paraissait qu’il allait à Jérusalem.

54 Et quand Jacques et Jean, ses disciples, virent cela, ils dirent : Seigneur, veux-tu que nous disions, comme fit Elie, que le feu descende du ciel, et qu’il les consume ?

55 Mais Jésus se tournant les censura fortement, en leur disant : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés ;

56 Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour faire périr les âmes des hommes, mais pour les sauver. Ainsi ils s’en allèrent à une autre bourgade.

57 Et il arriva, comme ils allaient par le chemin, qu’un certain homme lui dit : Je te suivrai, Seigneur, partout où tu iras.

58 Mais Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.

59 Puis il dit à un autre : Suis-moi. Et celui-ci lui répondit : Permets-moi premièrement d’aller ensevelir mon père.

60 Et Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; mais toi, va, et annonce le royaume de Dieu.

61 Un autre aussi lui dit : Seigneur, je te suivrai ; mais permets-moi de prendre premièrement congé de ceux qui sont dans ma maison.

62 Mais Jésus lui répondit : Nul qui met la main à la charrue, et qui regarde en arrière, n’est bien disposé pour le royaume de Dieu.

CHAP. X.

Jésus-Christ envoie ses soixante-dix disciples pour prêcher et guérir ; se réjouit en esprit du bonheur des siens ; montre à un docteur de la loi son prochain en la parabole du Samaritain, et instruit Marthe sur le meilleur choix de Marie.


OR après ces choses, le Seigneur en ordonna aussi soixante-dix autres, et les envoya deux à deux devant lui, dans toutes les villes et dans tous les lieux où il devait aller.

2 Et il leur disait : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers ; priez donc le Seigneur de la moisson qu’il pousse des ouvriers dans sa moisson.

3 Allez, voici, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.

4 Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers ; et ne saluez personne dans le chemin.

5 Et en quelque maison que vous entriez, dites premièrement : Paix soit à cette maison.

6 Que s’il y a là quelqu’un qui soit digne de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon elle retournera à vous.

7 Et demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qui sera mis devant vous ; car l’ouvrier est digne de son salaire. Ne passez point de maison en maison.

8 Et en quelque ville que vous entriez, et qu’on vous reçoive, mangez de ce qui sera mis devant vous.

9 Et guérissez les malades qui y seront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est approché de vous.

10 Mais en quelque ville que vous entriez, si on ne vous reçoit point, sortez dans ses rues, et dites :

11 Nous secouons contre vous-mêmes la poussière de votre ville qui s’est attachée à nous ; toutefois sachez que le royaume de Dieu est approché de vous.

12 Et je vous dis qu’en cette journée-là ceux de Sodome seront traités moins rigoureusement que cette ville-là.

13 Malheur à toi, Corazin ! malheur à toi, Bethsaïda ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a long-temps qu’elles se seraient repenties, couvertes d’un sac, et assises sur la cendre.

14 C’est pourquoi Tyr et Sidon seront traités moins rigoureusement que vous au jour du jugement.

15 Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusque dans l’enfer.

16 Celui qui vous écoute, m’écoute ; et celui qui vous rejette, me rejette ; or celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé.

17 Or les soixante-dix s’en revinrent avec joie, en disant : Seigneur, les démons mêmes nous sont assujettis en ton nom.

18 Et il leur dit : Je contemplais Satan tombant du ciel comme un éclair.

19 Voici : Je vous donne la puissance de marcher sur les serpens, et sur les scorpions, et sur toute la force de l’ennemi, et rien ne vous nuira.

20 Toutefois ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis, mais plutôt réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.

21 En ce même instant Jésus se réjouit en esprit, et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligens, et que tu les as révélées aux petits enfans ; il est ainsi, ô Père ! parce que telle a été ta bonne volonté.

22 Toutes choses m’ont été données en main par mon Père ; et personne ne connaît qui est le Fils sinon le Père, ni qui est le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils l’aura voulu révéler.

23 Puis se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : Bienheureux sont les yeux qui voient ce que vous voyez !

24 Car je vous dis que plusieurs prophètes et plusieurs rois ont désiré de voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont point vues ; et d’ouïr les choses que vous entendez, et ils ne les ont point entendues.

25 Alors voici, un docteur de la loi s’étant levé pour l’éprouver, lui dit : Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?

26 Et il lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment lis-tu ?

27 Et il répondit, et dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta force, et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.

28 Et Jésus lui dit : Tu as bien répondu ; fais cela, et tu vivras.

29 Mais lui se voulant justifier, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?

30 Et Jésus répondant, lui dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jérico, et il tomba entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent, et qui, après l’avoir blessé de plusieurs coups, s’en allèrent, le laissant à demi-mort.

31 Or par rencontre un sacrificateur descendait par le même chemin, et quand il le vit, il passa de l’autre côté.

32 Un lévite aussi étant arrivé en cet endroit-là, et voyant cet homme, passa tout de même de l’autre côté.

33 Mais un Samaritain faisant son chemin vint à lui, et le voyant il fut touché de compassion.

34 Et s’approchant lui banda ses plaies, et y versa de l’huile et du vin ; puis le mit sur sa propre monture, et le mena dans l’hôtellerie, et eut soin de lui.

35 Et le lendemain en partant il tira de sa bourse deux deniers, et les donna à l’hôte, en lui disant : Aie soin de lui ; et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour.

36 Lequel donc de ces trois te semble-t-il avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ?

37 Il répondit : C’est celui qui a usé de miséricorde envers lui. Jésus donc lui dit : Va, et toi aussi fais de même.

38 Et il arriva, comme ils s’en allaient, qu’il entra dans une bourgade ; et une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison.

39 Et elle avait une sœur nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole.

40 Mais Marthe était distraite par divers soins ; et étant venue à Jésus, elle dit : Seigneur, ne te soucies-tu point que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc qu’elle m’aide de son côté.

41 Et Jésus répondant, lui dit : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses ;

42 mais une chose est nécessaire ; et Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.

CHAP. XI.

Jésus-Christ instruit les siens à prier et à ne cesser ; guérit un démoniaque ; parle des démons jetés dehors et retournans ; du bonheur des fidèles et du malheur des méchans impurs au-dedans, qu’il répète souvent aux scribes et aux pharisiens hypocrites.


ET il arriva, comme il était en prières en un certain lieu, qu’après qu’il eut cessé de prier, quelqu’un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, ainsi que Jean a enseigné ses disciples.

2 Et il leur dit : Quand vous prierez, dites : Notre Père qui es aux cieux, ton nom soit sanctifié. Ton règne vienne. Ta volonté soit faite en la terre comme au ciel.

3 Donne-nous chaque jour notre pain quotidien.

4 Et pardonne-nous nos péchés ; car nous quittons aussi les dettes à tous ceux qui nous doivent. Et ne nous induis point en tentation, mais délivre-nous du mal.

5 Puis il leur dit : Qui sera celui d’entre vous, lequel ayant un ami qui aille à lui sur le minuit, et lui dise : Mon ami, prête-moi trois pains ;

6 car un de mes amis m’est survenu en passant, et je n’ai rien pour lui présenter ?

7 Et que celui qui est dedans réponde et dise : Ne m’importune point ; car ma porte est déjà fermée, et mes petits enfans sont avec moi au lit ; je ne puis me lever pour t’en donner ?

8 Je vous dis qu’encore qu’il ne se lève point pour lui en donner, à cause qu’il est son ami, il se levera pourtant à cause de son importunité, et lui en donnera autant qu’il en aura besoin.

9 Ainsi je vous dis : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert.

10 Car quiconque demande, reçoit ; et quiconque cherche, trouve ; et il sera ouvert à celui qui heurte.

11 Que si un enfant demande du pain à quelqu’un d’entre vous qui soit son père, lui donnera-t-il une pierre ? ou s’il demande du poisson, lui donnera-t-il au lieu du poisson un serpent ?

12 Ou s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ?

13 Si donc vous, qui êtes méchans, savez bien donner à vos enfans de bonnes choses, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ?

14 Alors il chassa un démon qui était muet ; et il arriva que quand le démon fut sorti, le muet parla, et les troupes s’en étonnèrent.

15 Et quelques-uns d’entre eux dirent : C’est par Béelzebul, prince des démons, qu’il chasse les démons.

16 Mais les autres, pour l’éprouver, lui demandaient un miracle du ciel.

17 Mais lui connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre soi-même sera réduit en désert ; et toute maison divisée contre elle-même tombe en ruine.

18 Que si Satan est aussi divisé contre lui-même, comment subsistera son règne ? car vous dites que je chasse les démons par Béelzebul.

19 Que si je chasse les démons par Béelzebul, vos fils par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.

20 Mais si je chasse les démons par le doigt de Dieu, certes le règne de Dieu est parvenu à vous.

21 Quand un homme fort et bien armé garde son hôtel, les choses qu’il a sont en sûreté.

22 Mais s’il en survient un autre plus fort que lui qui le surmonte, il lui ôte toutes ses armes auxquelles il se confiait, et fait le partage de ses dépouilles.

23 Celui qui n’est point avec moi est contre moi ; et celui qui n’assemble point avec moi, disperse.

24 Quand l’esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos ; et n’en trouvant point, il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti.

25 Et y étant venu, il la trouve balayée et parée.

26 Alors il s’en va, et prend avec soi sept autres esprits plus méchans que lui, et ils entrent et demeurent là ; de sorte que la dernière condition de cet homme-là est pire que la première.

27 Or il arriva, comme il disait ces choses, qu’une femme d’entre les troupes éleva sa voix, et lui dit : Bienheureux est le ventre qui t’a porté, et les mamelles que tu as tétées.

28 Et il dit : Mais plutôt bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent.

29 Et comme les troupes s’amassaient, il se mit à dire : Cette génération est méchante ; elle demande un miracle, mais il ne lui sera point accordé d’autre miracle que le miracle de Jonas le prophète.

30 Car comme Jonas fut un signe à ceux de Ninive, ainsi le Fils de l’homme en sera un à cette génération.

31 La Reine du midi se levera au jour du jugement contre les hommes de cette génération, et les condamnera ; parce qu’elle vint du bout de la terre pour entendre la sagesse de Salomon ; et voici, il y a ici plus que Salomon.

32 Les gens de Ninive se leveront au jour du jugement contre cette génération, et la condamneront, parce qu’ils se sont repentis à la prédication de Jonas ; et voici, il y a ici plus que Jonas.

33 Or nul qui allume une lampe, ne la met dans un lieu caché, ou sous un boisseau, mais sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.

34 La lumière du corps c’est l’œil ; si donc ton œil est net, tout ton corps aussi sera éclairé ; mais s’il est mauvais, ton corps aussi sera ténébreux.

35 Regarde donc que la lumière qui est en toi ne soit des ténèbres.

36 Si donc tout ton corps est éclairé, n’ayant aucune partie ténébreuse, il sera éclairé partout, comme quand la lampe t’éclaire par sa lumière.

37 Et comme il parlait, un pharisien le pria de dîner chez lui ; et Jésus y entra, et se mit à table.

38 Mais le pharisien s’étonna de voir qu’il ne s’était point premièrement lavé avant le diner.

39 Mais le Seigneur lui dit : Vous autres pharisiens vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans de vous est plein de rapine et de méchanceté.

40 Insensés, celui qui a fait le dehors, n’a-t-il pas fait aussi le dedans ?

41 Mais plutôt donnez l’aumône de ce que vous avez, et voici, toutes choses vous seront nettes.

42 Mais malheur à vous, pharisiens : car vous payez la dîme de la menthe, et de la rue, et de toute sorte d’herbage, et vous négligez le jugement et l’amour de Dieu ; il fallait faire ces choses-ci, et ne laisser point celles-là.

43 Malheur à vous, pharisiens, qui aimez les premières places dans les synagogues, et les salutations dans les marchés.

44 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ; car vous êtes comme les sépulcres qui ne paraissent point, en sorte que les hommes qui passent par dessus n’en savent rien.

45 Alors quelqu’un des docteurs de la loi prit la parole, et lui dit : Maître, en disant ces choses tu nous dis aussi des injures.

46 Et Jésus lui dit : Malheur aussi à vous, docteurs de la loi ; car vous chargez les hommes de fardeaux insupportables, mais vous-mêmes ne touchez point ces fardeaux de l’un de vos doigts.

47 Malheur à vous ; car vous bâtissez les sépulcres des prophètes que vos pères ont tués.

48 Certes, vous témoignez que vous consentez aux actions de vos pères ; car ils les ont tués, et vous bâtissez leurs sépulcres.

49 C’est pourquoi aussi la sagesse de Dieu a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres, et ils en tueront, et en chasseront.

50 Afin que le sang de tous les prophètes, qui a été répandu dès la fondation du monde, soit redemandé à cette nation.

51 Depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui fut tué entre l’autel et le temple ; oui, je vous dis qu’il sera redemandé à cette nation.

52 Malheur à vous, docteurs de la loi ; parce qu’ayant enlevé la clef de la science, vous-mêmes n’êtes point entrés, et vous avez empêché ceux qui entraient.

53 Et comme il leur disait ces choses, les scribes et les pharisiens se mirent à le presser encore plus fortement, et à lui tirer de la bouche plusieurs choses ;

54 lui dressant des piéges, et tâchant de recueillir captieusement quelque chose de sa bouche, pour avoir de quoi l’accuser.

CHAP. XII.

Jésus-Christ instruit les siens de se garder de l’hypocrisie, de l’avarice, etc. ; de veiller à leur charge en attendant le Maître ; de bien discerner la saison, et d’être prêts à la réconciliation.


CEPENDANT les troupes s’étant assemblées par milliers, en sorte qu’ils se foulaient les uns les autres, il se mit à dire à ses disciples : Donnez-vous de garde surtout du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie.

2 Car il n’y a rien de caché, qui ne doive être révélé ; ni rien de si secret, qui ne doive être connu.

3 C’est pourquoi les choses que vous avez dites dans les ténèbres, seront ouïes dans la lumière ; et ce dont vous avez parlé à l’oreille dans les chambres, sera prêché sur les maisons.

4 Et je vous dis à vous, mes amis : Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui après cela ne sauraient rien faire davantage.

5 Mais je vous montrerai qui vous devez craindre ; craignez celui qui a la puissance, après qu’il a tué, d’envoyer dans la géhenne ; oui, vous dis-je, craignez celui-là.

6 Ne donne-t-on pas cinq petits passereaux pour deux pites ? et cependant un seul d’eux n’est point oublié devant Dieu.

7 Tous les cheveux même de votre tête sont comptés ; ne craignez donc point ; vous valez mieux que beaucoup de passereaux.

8 Or, je vous dis que quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu.

9 Mais quiconque me reniera devant les hommes, il sera renié devant les anges de Dieu.

10 Et quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais à celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera point pardonné.

11 Et quand ils vous meneront aux synagogues, et aux magistrats, et aux puissances, ne soyez point en peine comment, ou quelle chose vous répondrez, ou de ce que vous aurez à dire.

12 Car le Saint-Esprit vous enseignera dans ce même instant ce qu’il faudra dire.

13 Et quelqu’un de la troupe lui dit : Maître, dis à mon frère qu’il partage avec moi l’héritage.

14 Mais il lui répondit : O homme ! qui est-ce qui m’a établi sur vous pour être votre juge, et pour faire vos partages ?

15 Puis il leur dit : Voyez, et gardez-vous d’avarice ; car encore que les biens abondent à quelqu’un, il n’a pourtant pas la vie par ses biens.

16 Et il leur dit cette parabole : Les champs d’un homme riche avaient rapporté en abondance ;

17 et il pensait en lui-même, disant : Que ferai-je, car je n’ai point de place où je puisse assembler mes fruits ?

18 Puis il dit : Voici ce que je ferai ; j’abattrai mes greniers, et j’en bâtirai de plus grands, et j’y assemblerai tous mes revenus et mes biens.

19 Puis je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens assemblés pour beaucoup d’années ; repose-toi, mange, bois, et fais grande chère.

20 Mais Dieu lui dit : Insensé ! en cette même nuit ton âme te sera redemandée ; et les choses que tu as préparées à qui seront-elles ?

21 Il en est ainsi de celui qui fait de grands amas de biens pour soi-même, et qui n’est pas riche en Dieu.

22 Alors il dit à ses disciples : A cause de cela je vous dis : Ne soyez point en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus.

23 La vie est plus que la nourriture, et le corps est plus que le vêtement.

24 Considérez les corbeaux, ils ne sèment, ni ne moissonnent, et ils n’ont point de cellier, ni de grenier, et cependant Dieu les nourrit ; combien valez-vous mieux que les oiseaux ?

25 Et qui est celui de vous qui par son souci puisse ajouter une coudée à sa stature ?

26 Si donc vous ne pouvez pas même ce qui est très-petit, pourquoi êtes-vous en souci du reste ?

27 Considérez comment croissent les lis ; ils ne travaillent ni ne filent, et cependant je vous dis que Salomon même dans toute sa gloire n’était point vêtu comme l’un d’eux.

28 Que si Dieu revêt ainsi l’herbe qui est aujourd’hui au champ, et qui demain est mise au four, combien plus vous vêtira-t-il, ô gens de petite foi ?

29 Ne dites donc point : Que mangerons-nous, ou que boirons-nous ? et ne soyez point en suspens.

30 Car les gens de ce monde sont après à rechercher toutes ces choses ; mais votre Père sait que vous avez besoin de ces choses.

31 Mais plutôt cherchez le royaume de Dieu, et toutes ces choses vous seront données par dessus.

32 Ne crains point, petit troupeau ; car il a plu à votre Père de vous donner le royaume.

33 Vendez ce que vous avez, et donnez-en l’aumône ; faites-vous des bourses qui ne s’envieillissent point, et un trésor dans les cieux qui ne défaille jamais, d’où le larron n’approche point, et où la teigne ne gâte rien ;

34 car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur.

35 Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées.

36 Et soyez semblables aux serviteurs qui attendent le maître quand il retournera des noces, afin que quand il viendra, et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt.

37 Bienheureux sont ces serviteurs que le maître trouvera veillans, quand il arrivera. En vérité, je vous dis qu’il se ceindra, et les fera mettre à table, et s’avançant il les servira.

38 Que s’il arrive sur la seconde veille, ou sur la troisième, et qu’il les trouve ainsi veillans, bienheureux sont ces serviteurs-là.

39 Or sachez ceci, que si le père de famille savait à quelle heure le larron doit venir, il veillerait, et ne laisserait point percer sa maison.

40 Vous donc aussi tenez-vous prêts ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous n’y penserez point.

41 Et Pierre lui dit : Seigneur, dis-tu cette parabole pour nous, ou aussi pour tous ?

42 Et le Seigneur dit : Qui est donc le dispensateur fidèle et prudent, que le maître aura établi sur toute la troupe de ses serviteurs pour leur donner l’ordinaire dans le temps qu’il faut ?

43 Bienheureux est ce serviteur-là que son maître trouvera faisant ainsi quand il viendra.

44 En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tout ce qu’il a.

45 Mais si ce serviteur-là dit en son cœur : Mon maître tarde long-temps à venir, et qu’il se mette à battre les serviteurs et les servantes, et à manger, et à boire, et à s’enivrer,

46 le maître de ce serviteur viendra au jour qu’il ne l’attend point, et à l’heure qu’il ne sait point, et il le séparera, et le mettra au rang des infidèles.

47 Or le serviteur qui a connu la volonté de son maître, et qui ne s’est pas tenu prêt, et n’a point fait selon sa volonté, sera battu de plusieurs coups.

48 Mais celui qui ne l’a point connue, et qui a fait des choses dignes de châtiment, sera battu de moins de coups ; car à chacun à qui il aura été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé ; et à celui à qui il aura été beaucoup confié, il sera plus redemandé.

49 Je suis venu mettre le feu en la terre ; et que veux-je, s’il est déjà allumé ?

50 Or j’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je pressé jusqu’à ce qu’il soit accompli ?

51 Pensez-vous que je sois venu mettre la paix en la terre ? Non, vous dis-je, mais plutôt la division.

52 Car désormais ils seront cinq dans une maison, divisés, trois contre deux, et deux contre trois.

53 Le père sera divisé contre le fils, et le fils contre le père ; la mère contre la fille, et la fille contre la mère ; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère.

54 Puis il disait aux troupes : Quand vous voyez une nuée qui se lève de l’Occident, vous dites d’abord : La pluie vient ; et cela arrive ainsi.

55 Et quand vous voyez souffler le vent du Midi, vous dites qu’il fera chaud ; et cela arrive.

56 Hypocrites, vous savez bien discerner les apparences du ciel et de la terre ; et comment ne discernez-vous point cette saison ?

57 Et pourquoi aussi ne reconnaissez-vous pas de vous-mêmes ce qui est juste ?

58 Or quand tu vas au magistrat avec ta partie adverse, tâche en chemin d’en être délivré ; de peur qu’elle ne te tire devant le juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que le sergent ne te mette en prison.

59 Je te dis que tu ne sortiras point de là jusqu’à ce que tu aies rendu la dernière pite.

CHAP. XIII.

Jésus-Christ exhorte à la repentance à l’occasion des Galiléens massacrés et du figuier coupé ; guérit une femme malade au sabbat ; compare le royaume de Dieu au grain et au levain, exhortant à y entrer par la porte étroite, et criant malheur sur Jérusalem.


EN ce même temps, quelques-uns, qui se trouvaient là présens, lui racontèrent ce qui s’était passé touchant les Galiléens, desquels Pilate avait mêlé le sang avec leurs sacrifices.

2 Et Jésus répondant, leur dit : Croyez-vous que ces Galiléens fussent plus pécheurs que tous les Galiléens, parce qu’ils ont souffert de telles choses ?

3 Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous de la même manière.

4 Ou croyez-vous que ces dix-huit, sur qui la tour de Siloé tomba, et les tua, fussent plus coupables que tous les habitans de Jérusalem ?

5 Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous de la même manière.

6 Il disait aussi cette parabole : Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne, et il y vint chercher du fruit, mais il n’y en trouva point.

7 Et il dit au vigneron : Voici, il y a trois ans que je viens chercher du fruit en ce figuier, et je n’y en trouve point ; coupe-le ; pourquoi occupe-t-il inutilement la terre ?

8 Et le vigneron répondant, lui dit : Seigneur, laisse-le encore pour cette année, jusqu’à ce que je l’aie déchaussé, et que j’y aie mis du fumier.

9 Que s’il fait du fruit, tu le laisseras ; sinon, tu le couperas après cela.

10 Or comme il enseignait dans une de leurs synagogues un jour de sabbat,

11 voici, il y avait là une femme qui était possédée d’un démon qui la rendait malade depuis dix-huit ans, et elle était courbée, et ne pouvait nullement se redresser.

12 Et quand Jésus l’eut vue il l’appela, et lui dit : Femme, tu es délivrée de ta maladie.

13 Et il posa les mains sur elle ; et dans ce moment elle fut redressée, et glorifiait Dieu.

14 Mais le maître de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait guéri au jour du sabbat, prenant la parole, dit à l’assemblée : Il y a six jours auxquels il faut travailler ; venez donc ces jours-là, et soyez guéris, et non point au jour du sabbat.

15 Et le Seigneur lui répondit, et dit : Hypocrite, chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la crèche le jour du sabbat, et ne les mène-t-il pas boire ?

16 Et ne fallait-il pas délier de ce lien au jour du sabbat celle-ci qui est fille d’Abraham, laquelle Satan avait liée il y a déjà dix-huit ans ?

17 Comme il disait ces choses, tous ses adversaires étaient confus ; mais toutes les troupes se réjouissaient de toutes les choses glorieuses qu’il opérait.

18 Il disait aussi : A quoi est semblable le royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je ?

19 Il est semblable au grain de semence de moutarde qu’un homme prit, et mit en son jardin, lequel crût, et devint un grand arbre, tellement que les oiseaux du ciel faisaient leurs nids dans ses branches.

20 Il dit encore : A quoi comparerai-je le royaume de Dieu ?

21 Il est semblable au levain qu’une femme prit, et qu’elle mit parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce qu’elle fût toute levée.

22 Puis il s’en allait par les villes et par les bourgades, enseignant, et tenant le chemin de Jérusalem.

23 Et quelqu’un lui dit : Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?

24 Et il leur dit : Faites effort pour entrer par la porte étroite ; car je vous dis que plusieurs tâcheront d’entrer, et ils ne le pourront.

25 Et après que le père de famille se sera levé, et qu’il aura fermé la porte, et que vous étant dehors vous vous mettrez à heurter à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ; et que lui vous répondant, vous dira : Je ne sais d’où vous êtes ;

26 alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné dans nos rues.

27 Mais il dira : Je vous dis que je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous qui faites le métier d’iniquité.

28 Là il y aura des pleurs et des grincemens de dents ; quand vous verrez Abraham, et Isaac, et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.

29 Il en viendra aussi d’Orient, et d’Occident, et du Septentrion, et du Midi, qui seront à table dans le royaume de Dieu.

30 Et voici, ceux qui sont les derniers seront les premiers, et ceux qui sont les premiers seront les derniers.

31 En ce même jour-là quelques pharisiens vinrent à lui, et lui dirent : Retire-toi, et t’en va d’ici ; car Hérode veut te tuer.

32 Et il leur répondit : Allez, et dites à ce renard : Voici, je chasse les démons, et j’achève aujourd’hui et demain de faire des guérisons, et le troisième jour je prends fin.

33 C’est pourquoi il me faut marcher aujourd’hui et demain, et le jour suivant ; car il n’arrive point qu’un prophète meure hors de Jérusalem.

34 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfans, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez point voulu ?

35 Voici, votre maison va être déserte ; et je vous dis, en vérité, que vous ne me verrez point jusqu’à ce qu’il arrivera que vous direz : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

CHAP. XIV.

Jésus-Christ guérit un hydropique le jour du sabbat ; donne des leçons aux pharisiens sur la préséance ; et aux conviés à table par la parabole du grand souper ; et plusieurs instructions aux siens sur le renoncement à soi-même.


IL arriva aussi que Jésus étant entré un jour de sabbat dans la maison d’un des principaux des pharisiens, pour prendre son repas, ils l’observaient.

2 Et voici, un homme hydropique était là devant lui.

3 Et Jésus, prenant la parole, parla aux docteurs de la loi, et aux pharisiens, disant : Est-il permis de guérir au jour du sabbat ?

4 Et ils ne dirent mot. Alors ayant pris le malade, il le guérit et le renvoya.

5 Puis, s’adressant à eux, il leur dit : Qui sera celui d’entre vous qui, ayant un âne ou un bœuf, lequel vienne à tomber dans un puits, ne l’en retire aussitôt le jour du sabbat ?

6 Et ils ne pouvaient répliquer à ces choses.

7 Il proposait aussi aux conviés une similitude, prenant garde comment ils choisissaient les premières places à table ; et il leur disait :

8 Quand tu seras convié par quelqu’un à des noces, ne te mets point à table à la première place, de peur qu’il n’arrive qu’un plus honorable que toi soit aussi convié ;

9 et que celui qui vous aura convié ne vienne, et ne te dise : Donne ta place à celui-ci ; et qu’alors tu ne commences avec honte de te mettre à la dernière place.

10 Mais quand tu seras convié, va, et te mets à la dernière place, afin que quand celui qui t’a convié viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut ; et alors cela te tournera à honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi.

11 Car quiconque s’élève, sera abaissé ; et quiconque s’abaisse, sera élevé.

12 Il disait aussi à celui qui l’avait convié : Quand tu fais un dîner ou un souper, n’invite point tes amis, ni tes frères, ni tes parens, ni tes riches voisins, de peur qu’ils ne te convient à leur tour, et que la pareille ne te soit rendue.

13 Mais quand tu feras un festin, convie les pauvres, les impotens, les boiteux et les aveugles ;

14 et tu seras bienheureux de ce qu’ils n’ont pas de quoi te rendre la pareille ; car la pareille te sera rendue en la résurrection des justes.

15 Et un de ceux qui étaient à table, ayant entendu ces paroles, lui dit : Bienheureux sera celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu.

16 Et Jésus dit : Un homme fit un grand souper, et y convia beaucoup de gens.

17 Et à l’heure du souper il envoya son serviteur pour dire aux conviés : Venez, car tout est déjà prêt.

18 Mais ils commencèrent tous unanimement à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté un héritage, et il me faut nécessairement partir pour l’aller voir ; je te prie, tiens-moi pour excusé.

19 Un autre dit : J’ai acheté cinq couples de bœufs, et je m’en vais les éprouver ; je te prie, tiens-moi pour excusé.

20 Et un autre dit : J’ai épousé une femme, c’est pourquoi je n’y puis aller.

21 Ainsi le serviteur s’en retourna, et rapporta ces choses à son maître. Alors le père de famille, tout en colère, dit à son serviteur : Va-t-en promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, et les impotens, et les boiteux, et les aveugles.

22 Puis le serviteur dit : Maître, il a été fait ainsi que tu as commandé, et il y a encore de la place.

23 Et le maître dit au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie.

24 Car je vous dis qu’aucun de ces hommes qui avaient été conviés ne goûtera de mon souper.

25 Or de grandes troupes allaient avec lui ; et lui se tournant, leur dit :

26 Si quelqu’un vient vers moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfans, et ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

27 Et quiconque ne porte sa croix, et ne vient après moi, il ne peut être mon disciple.

28 Mais qui est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’asseie premièrement, et ne calcule la dépense pour voir s’il a de quoi l’achever,

29 de peur qu’après en avoir jeté le fondement, et n’ayant pu l’achever, tous ceux qui le verront ne commencent à se moquer de lui,

30 en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ?

31 Ou, qui est le roi qui parte pour donner bataille à un autre roi, qui premièrement ne s’asseie, et ne consulte s’il pourra avec dix mille hommes aller à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt mille ?

32 Autrement il lui envoie une ambassade, pendant qu’il est encore loin, et demande la paix.

33 Ainsi donc chacun de vous qui ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple.

34 Le sel est bon ; mais si le sel devient insipide, avec quoi le salera-t-on ?

35 Il n’est propre ni pour la terre, ni pour le fumier ; mais on le jette dehors. Qui a des oreilles pour ouïr, qu’il entende.

CHAP. XV.

Jésus-Christ justifie sa conduite envers les pécheurs par les paraboles de la brebis, de la drachme, et de l’enfant prodigue.


OR tous les péagers et les gens de mauvaise vie s’approchaient de lui pour l’entendre.

2 Mais les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Celui-ci reçoit les gens de mauvaise vie, et mange avec eux.

3 Mais il leur proposa cette parabole, disant :

4 Qui est l’homme d’entre vous qui ayant cent brebis, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf au désert, et ne s’en aille après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ;

5 et qui, l’ayant trouvée, ne la mette sur ses épaules bien joyeux ;

6 et, étant de retour en sa maison, n’appelle ses amis et ses voisins, et ne leur dise : Réjouissez-vous avec moi ; car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue ?

7 Je vous dis qu’il y aura de même de la joie au ciel pour un seul pécheur qui vient à se repentir, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.

8 Ou, qui est la femme qui ayant dix drachmes, si elle perd une drachme, n’allume la chandelle, et ne balaie la maison, et ne la cherche diligemment, jusqu’à ce qu’elle l’ait trouvée ;

9 et qui, après l’avoir trouvée, n’appelle ses amies et ses voisines, en leur disant : Réjouissez-vous avec moi ; car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue ?

10 Ainsi je vous dis qu’il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui vient à se repentir.

11 Il leur dit aussi : Un homme avait deux fils ;

12 et le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part du bien qui m’appartient ; et il leur partagea ses biens.

13 Et peu de jours après, quand le plus jeune fils eut tout ramassé, il s’en alla dehors en un pays éloigné ; et là il dissipa son bien en vivant dans la débauche.

14 Et après qu’il eut tout dépensé, une grande famine survint en ce pays-là ; et il commença d’être dans la disette.

15 Alors il s’en alla, et se mit au service d’un des habitans du pays, qui l’envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux.

16 Et il désirait de se rassasier des gousses que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait.

17 Or, étant revenu à lui-même, il dit : Combien y a-t-il de mercenaires dans la maison de mon père qui ont du pain en abondance, et moi je meurs de faim ?

18 Je me leverai, et je m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et devant toi,

19 et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires.

20 Il se leva donc, et vint vers son père ; et comme il était encore loin, son père le vit, et fut touché de compassion ; et courant à lui, se jeta à son cou, et le baisa.

21 Mais le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et devant toi, et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.

22 Et le père dit à ses serviteurs : Apportez la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds ;

23 et amenez-moi le veau gras, et le tuez ; et faisons bonne chère en le mangeant.

24 Car mon fils, que voici, était mort, mais il est ressuscité ; il était perdu, mais il est retrouvé. Et ils commencèrent à faire bonne chère.

25 Or son fils aîné était aux champs ; et comme il revenait et qu’il approchait de la maison, il entendit la mélodie et les danses.

26 Et ayant appelé un des serviteurs, il lui demanda ce que c’était.

27 Et ce serviteur lui dit : Ton frère est venu, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il l’a recouvré sain et sauf.

28 Mais il se mit en colère, et ne voulut point entrer ; et son père étant sorti, le priait d’entrer.

29 Mais il répondit, et dit à son père : Voici, il y a tant d’années que je te sers, et jamais je n’ai transgressé ton commandement, et cependant tu ne m’as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis.

30 Mais quand celui-ci, ton fils, qui a mangé ton bien avec des femmes de mauvaise vie, est venu, tu lui as tué le veau gras.

31 Et le père lui dit : Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tous mes biens sont à toi.

32 Or il fallait faire bonne chère, et se réjouir, parce que celui-ci, ton frère, était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé.

CHAP. XVI.

Jésus-Christ enseigne par les paraboles de l’économe injuste, des serviteurs de Dieu et de Mammon, du riche et de Lazare.


IL disait aussi à ses disciples : Il y avait un homme riche qui avait un économe, lequel fut accusé devant lui comme dissipateur de ses biens.

2 Sur quoi l’ayant appelé, il lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration ; car tu n’auras plus le pouvoir d’administrer mes biens.

3 Alors l’économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration ? Je ne puis pas fouir la terre, et j’ai honte de mendier.

4 Je sais ce que je ferai, afin que quand mon administration me sera ôtée, quelques-uns me reçoivent dans leurs maisons.

5 Alors il appela chacun des débiteurs de son maître, et il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ?

6 Il dit : Cent mesures d’huile. Et il lui dit : Prends ton obligation, et t’assieds sur-le-champ, et n’en écris que cinquante.

7 Puis il dit à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Et il dit : Cent mesures de froment. Et il lui dit : Prends ton obligation, et n’en écris que quatre-vingts.

8 Et le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Ainsi les enfans de ce siècle sont plus prudens en leur génération que les enfans de lumière.

9 Et moi aussi je vous dis : Faites-vous des amis des richesses iniques, afin que, quand vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.

10 Celui qui est fidèle en très-peu de chose, est fidèle aussi dans les grandes choses ; et celui qui est injuste en très-peu de chose, est injuste aussi dans les grandes choses.

11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses iniques, qui vous confiera les vraies richesses ?

12 Et si en ce qui est à autrui vous n’avez pas été fidèles, qui vous donnera ce qui est vôtre ?

13 Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses.

14 Or les pharisiens aussi, qui étaient avares, entendaient toutes ces choses, et ils se moquaient de lui.

15 Et il leur dit : Vous vous justifiez vous-mêmes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; c’est pourquoi ce qui est grand devant les hommes, est en abomination devant Dieu.

16 La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean ; depuis ce temps-là le règne de Dieu est évangélisé, et chacun le force.

17 Or il est plus aisé que le ciel et la terre passent, que non pas qu’il tombe un seul point de la loi.

18 Quiconque répudie sa femme, et se marie à une autre, commet un adultère ; et quiconque prend celle qui a été répudiée par son mari, commet un adultère.

19 Or il y avait un homme riche qui se vêtait de pourpre et de fin lin, et qui tous les jours se traitait splendidement.

20 Il y avait aussi un pauvre, nommé Lazare, couché à la porte du riche, et tout couvert d’ulcères ;

21 et qui désirait d’être rassasié des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient et lui léchaient ses ulcères.

22 Et il arriva que le pauvre mourut, et il fut porté par les anges au sein d’Abraham ; le riche mourut aussi, et fut enseveli.

23 Et étant en enfer, et élevant ses yeux, comme il était dans les tourmens, il vit de loin Abraham et Lazare dans son sein.

24 Et s’écriant, il dit : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, qui mouillant dans l’eau le bout de son doigt, vienne rafraîchir ma langue ; car je suis grièvement tourmenté dans cette flamme.

25 Et Abraham répondit : Mon fils, souviens-toi que tu as reçu tes biens en ta vie, et que Lazare y a eu ses maux ; mais il est maintenant consolé, et tu es grièvement tourmenté.

26 Et outre tout cela, il y a un grand abîme entre nous et vous ; tellement que ceux qui veulent passer d’ici vers vous ne le peuvent, non plus que ceux qui veulent passer de là ici.

27 Et il dit : Je te prie donc, père, de l’envoyer en la maison de mon père ;

28 car j’ai cinq frères, afin qu’il leur rende témoignage de l’état où je suis, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de tourment.

29 Abraham lui répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.

30 Mais il dit : Non, père Abraham ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront.

31 Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent point Moïse et les prophètes, ils ne seront pas non plus persuadés, quand quelqu’un des morts ressusciterait.

CHAP. XVII.

Jésus-Christ entretient ses disciples du scandale, du pardon et de l’efficace de la foi, des serviteurs inutiles ; guérit dix lépreux, et parle de la venue du règne de Dieu, et du jour du Fils de l’homme.


OR il dit à ses disciples : Il ne se peut faire qu’il n’arrive des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent.

2 Il lui vaudrait mieux qu’on lui mît une pierre de meule autour de son cou, et qu’il fût jeté dans la mer, que de scandaliser un seul de ces petits.

3 Soyez attentifs sur vous-mêmes. Si donc ton frère a péché contre toi, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui.

4 Et si sept fois le jour il a péché contre toi, et que sept fois le jour il retourne à toi, disant : Je me repens, tu lui pardonneras.

5 Alors les apôtres dirent au Seigneur : Augmente-nous la foi.

6 Et le Seigneur dit : Si vous aviez de la foi aussi gros qu’un grain de semence de moutarde, vous pourriez dire à ce mûrier : Déracine-toi, et te plante dans la mer : et il vous obéirait.

7 Mais qui est celui d’entre vous qui, ayant un serviteur labourant, ou paissant le bétail, et qui, le voyant retourner des champs, lui dise incontinent : Avance-toi, et mets-toi à table ;

8 et qui plutôt ne lui dise : Apprête-moi à souper, ceins-toi, et me sers jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; et après cela tu mangeras et tu boiras ?

9 Mais est-il pour cela obligé à ce serviteur de ce qu’il a fait ce qu’il lui avait commandé ? Je ne le pense pas.

10 Vous aussi de même, quand vous aurez fait toutes les choses qui vous sont commandées, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, parce que ce que nous avons fait, nous étions obligés de le faire.

11 Et il arriva qu’en allant à Jérusalem, il passait par le milieu de la Samarie, et de la Galilée.

12 Et comme il entrait dans une bourgade, dix hommes lépreux le rencontrèrent, et ils s’arrêtèrent de loin ;

13 et élevant leurs voix, ils lui dirent : Jésus, Maître, aie pitié de nous !

14 Et quand il les eut vus, il leur dit : Allez, montrez-vous aux sacrificateurs. Et il arriva qu’en s’en allant ils furent rendus nets.

15 Et l’un d’eux, voyant qu’il était guéri, s’en retourna, glorifiant Dieu à haute voix ;

16 et il se jeta en terre sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces. Or c’était un Samaritain.

17 Alors Jésus prenant la parole, dit : Les dix n’ont-ils pas été rendus nets ? et les neuf, où sont-ils ?

18 Il n’y a eu que cet étranger qui soit retourné pour rendre gloire à Dieu.

19 Alors il lui dit : Lève-toi, va-t-en ; ta foi t’a sauvé.

20 Or étant interrogé par les pharisiens, quand viendrait le règne de Dieu, il répondit, et leur dit : Le règne de Dieu ne viendra point avec apparence.

21 Et on ne dira point : Voici, il est ici ; ou voilà, il est là ; car voici, le règne de Dieu est au-dedans de vous.

22 Il dit aussi à ses disciples : Les jours viendront que vous désirerez de voir un des jours du Fils de l’homme, mais vous ne le verrez point.

23 Et l’on vous dira : Voici, il est ici ; ou voilà, il est là ; mais n’y allez point, et ne les suivez point.

24 Car, comme l’éclair brille de l’un des côtés de dessous le ciel, et reluit jusqu’à l’autre qui est sous le ciel ; tel sera aussi le Fils de l’homme en son jour.

25 Mais il faut premièrement qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette nation.

26 Et comme il arriva aux jours de Noé, il arrivera de même aux jours du Fils de l’homme.

27 On mangeait et on buvait ; on prenait et on donnait des femmes en mariage, jusqu’au jour que Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint qui les fit tous périr.

28 Il arriva aussi la même chose aux jours de Lot ; on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait et on bâtissait ;

29 mais, au jour que Lot sortit de Sodome, il plut du feu et du soufre du ciel qui les fit tous périr.

30 Il en sera de même au jour que le Fils de l’homme sera manifesté.

31 En ce jour-là que celui qui sera sur la maison, et qui aura son ménage dans la maison, ne descende point pour l’emporter ; et que celui qui sera aux champs, ne retourne point non plus à ce qui est demeuré en arrière.

32 Souvenez-vous de la femme de Lot.

33 Quiconque cherchera à sauver sa vie, la perdra ; et quiconque la perdra, la vivifiera.

34 Je vous dis qu’en cette nuit-là deux seront dans un même lit ; l’un sera pris, et l’autre laissé.

35 Il y aura deux femmes qui moudront ensemble ; l’une sera prise, et l’autre laissée.

36 Deux seront aux champs ; un sera pris, et l’autre laissé.

37 Et eux répondant, lui dirent : Où sera-ce, Seigneur ? Et il leur dit : En quelque lieu que sera le corps mort, là aussi s’assembleront les aigles.

CHAP. XVIII.

Jésus-Christ recommande la persévérance dans la prière par la parabole du juge inique ; exhorte à l’humilité du péager repentant ; embrasse les enfans ; donne de la terreur aux riches, et de la consolation à ceux qui ont tout quitté pour lui ; monte à Jérusalem prédisant sa passion, et guérissant un aveugle.


IL leur proposa aussi une parabole, pour faire voir qu’il faut toujours prier, et ne se lasser point ;

2 disant : Il y avait dans une ville un juge, qui ne craignait point Dieu, et qui ne respectait personne.

3 Et dans la même ville il y avait une veuve, qui l’allait souvent trouver, et lui dire : Fais-moi justice de ma partie adverse.

4 Pendant long-temps il n’en voulut rien faire. Mais après cela il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et que je ne respecte personne,

5 néanmoins parce que cette veuve me donne de la peine, je lui ferai justice, de peur qu’elle ne vienne perpétuellement me rompre la tête.

6 Et le Seigneur dit : Ecoutez ce que dit le juge inique.

7 Et Dieu ne vengera-t-il point ses élus qui crient à lui jour et nuit, quoiqu’il diffère de s’irriter pour l’amour d’eux ?

8 Je vous dis que bientôt il les vengera. Mais quand le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ?

9 Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes d’être justes, et qui tenaient les autres pour rien.

10 Deux hommes montèrent au temple pour prier, l’un pharisien, et l’autre péager.

11 Le pharisien se tenant à l’écart priait en lui-même en ces termes : O Dieu ! je te rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères ; ni même comme ce péager.

12 Je jeûne deux fois la semaine, et je donne la dîme de tout ce que je possède.

13 Mais le péager se tenant loin, n’osait pas même lever les yeux vers le ciel, mais frappait sa poitrine, en disant : O Dieu ! sois apaisé envers moi qui suis pécheur !

14 Je vous dis que celui-ci descendit en sa maison justifié plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève, sera abaissé ; et quiconque s’abaisse, sera élevé.

15 Et quelques-uns lui présentèrent aussi de petits enfans, afin qu’il les touchât ; ce que les disciples voyant, ils censurèrent ceux qui les présentaient.

16 Mais Jésus les ayant fait venir à lui, dit : Laissez venir à moi les petits enfans, et ne les en empêchez point ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.

17 En vérité, je vous dis que quiconque ne recevra point comme un enfant le royaume de Dieu, n’y entrera point.

18 Et un seigneur l’interrogea, disant : Maître, qui es bon, que ferai-je pour hériter la vie éternelle ?

19 Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a nul bon qu’un seul, qui est Dieu.

20 Tu sais les commandemens : Tu ne commettras point adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; honore ton père et ta mère.

21 Et il lui dit : J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse.

22 Et quand Jésus eut entendu cela, il lui dit : Il te manque encore une chose ; vends tout ce que tu as, et le distribue aux pauvres, et tu auras un trésor au ciel ; puis viens, et me suis.

23 Mais lui ayant entendu ces choses devint fort triste, car il était extrêmement riche.

24 Et Jésus voyant qu’il était devenu fort triste, dit : Qu’il est malaisé que ceux qui ont des biens entrent dans le royaume de Dieu !

25 Il est certes plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.

26 Et ceux qui entendirent cela, dirent : Et qui peut donc être sauvé ?

27 Et il leur dit : Les choses qui sont impossibles aux hommes sont possibles à Dieu.

28 Et Pierre dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi.

29 Et il leur dit : En vérité, je vous dis qu’il n’y en a pas un qui ait quitté sa maison, ou ses parens, ou ses frères, ou sa femme, ou ses enfans, pour l’amour du royaume de Dieu,

30 qui ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ci, et au siècle à venir la vie éternelle.

31 Puis Jésus prit à part les douze, et il leur dit : Voici, nous montons à Jérusalem, et toutes les choses qui sont écrites par les prophètes touchant le Fils de l’homme seront accomplies ;

32 car il sera livré aux Gentils ; il sera moqué et injurié, et on lui crachera au visage.

33 Et après qu’ils l’auront fouetté, ils le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour.

34 Mais ils ne comprirent rien de tout cela ; et ce discours était si obscur pour eux, qu’ils ne comprirent point ce qu’il leur disait.

35 Or il arriva, comme il approchait de Jérico, qu’il y avait un aveugle assis près du chemin, et qui mendiait.

36 Et entendant la multitude qui passait, il demanda ce que c’était.

37 Et on lui dit que Jésus le Nazarien passait.

38 Alors il cria, disant : Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !

39 Et ceux qui allaient devant, le reprenaient, afin qu’il se tût ; mais il criait beaucoup plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !

40 Et Jésus s’étant arrêté, commanda qu’on le lui amenât ; et quand il se fut approché, il l’interrogea,

41 disant : Que veux-tu que je te fasse ? Il répondit : Seigneur, que je recouvre la vue.

42 Et Jésus lui dit : Recouvre la vue, ta foi t’a sauvé.

43 Et à l’instant il recouvra la vue, et il suivait Jésus, glorifiant Dieu. Et tout le peuple voyant cela, en loua Dieu.

CHAP. XIX.

Jésus-Christ appelle Zachée ; propose la parabole des dix marcs ; fait son entrée à Jérusalem, dont il pleure la ruine prochaine, et purge le temple.


ET Jésus étant entré dans Jérico, allait par la ville.

2 Et voici, un homme, appelé Zachée, qui était principal péager, et qui était riche,

3 tâchait de voir lequel était Jésus ; mais il ne pouvait à cause de la foule, car il était petit.

4 C’est pourquoi il accourut devant, et monta sur un sycomore pour le voir ; car il devait passer par là.

5 Et quand Jésus fut venu à cet endroit-là, regardant en haut, il le vit, et lui dit : Zachée, descends promptement ; car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison.

6 Et il descendit promptement, et le reçut avec joie.

7 Et tous voyant cela murmuraient, disant qu’il était entré chez un homme de mauvaise vie pour y loger.

8 Et Zachée se présentant là, dit au Seigneur : Voici, Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres ; et si j’ai fait tort à quelqu’un en quelque chose, j’en rends le quadruple.

9 Et Jésus lui dit : Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison ; parce que celui-ci aussi est fils d’Abraham.

10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

11 Et comme ils entendaient ces choses, Jésus poursuivit son discours, et proposa une parabole, parce qu’il était près de Jérusalem, et qu’ils pensaient qu’à l’instant le règne de Dieu devait être manifesté.

12 Il dit donc : Un homme noble s’en alla dans un pays éloigné pour se mettre en possession d’un royaume, mais dans la vue de revenir.

13 Et ayant appelé dix de ses serviteurs, il leur donna dix marcs d’argent, et leur dit : Faites-les valoir jusqu’à ce que je vienne.

14 Or ses citoyens le haïssaient ; c’est pourquoi ils envoyèrent après lui une députation pour lui dire : Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous.

15 Il arriva donc après qu’il fut retourné, et qu’il se fut mis en possession du royaume, qu’il commanda qu’on lui appelât ces serviteurs à qui il avait confié son argent, afin qu’il sût combien chacun aurait gagné par son trafic.

16 Alors le premier vint, disant : Seigneur, ton marc a produit dix autres marcs.

17 Et il lui dit : Cela va bien, bon serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de chose, aie puissance sur dix villes.

18 Et un autre vint, disant : Seigneur, ton marc en a produit cinq autres.

19 Et il dit aussi à celui-ci : Et toi, sois établi sur cinq villes.

20 Et un autre vint, disant : Seigneur, voici ton marc que j’ai tenu enveloppé dans un linge ;

21 car je t’ai craint, parce que tu es un homme sévère ; tu prends ce que tu n’as point mis, et tu moissonnes ce que tu n’as point semé.

22 Et il lui dit : Méchant serviteur, je te jugerai par ta propre parole ; tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n’ai point mis, et moissonnant ce que je n’ai point semé ;

23 pourquoi donc n’as-tu pas mis mon argent à la banque, et à mon retour je l’eusse retiré avec l’intérêt ?

24 Alors il dit à ceux qui étaient présens : Otez-lui le marc, et donnez-le à celui qui a les dix.

25 Et ils lui dirent : Seigneur, il a dix marcs.

26 Ainsi je vous dis qu’à chacun qui aura, il sera donné ; et à celui qui n’a rien, cela même qu’il a lui sera ôté.

27 Au reste, amenez ici ces ennemis qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les devant moi.

28 Et ayant dit ces choses, il allait devant eux, montant à Jérusalem.

29 Et il arriva, comme il approchait de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne appelée des Oliviers, qu’il envoya deux de ses disciples,

30 en leur disant : Allez à la bourgade qui est vis-à-vis de vous, et y étant entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel jamais homme n’est monté ; détachez-le, et amenez-le-moi.

31 Que si quelqu’un vous demande pourquoi vous le détachez, vous lui direz ainsi : c’est parce que le Seigneur en a besoin.

32 Et ceux qui étaient envoyés s’en allèrent, et trouvèrent l’ânon comme il le leur avait dit.

33 Et comme ils détachaient l’ânon, les maîtres leur dirent : Pourquoi détachez-vous cet ânon ?

34 Ils répondirent : Le Seigneur en a besoin.

35 Ils l’emmenèrent donc à Jésus, et ils jetèrent leurs vêtemens sur l’ânon ; puis ils mirent Jésus dessus.

36 En même temps qu’il marchait, ils étendaient leurs vêtemens par le chemin.

37 Et lorsqu’il fut proche de la descente de la montagne des Oliviers, toute la multitude des disciples se réjouissant, se mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus,

38 disant : Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur ! Que la paix soit dans le ciel, et la gloire dans les lieux très-hauts !

39 Et quelques-uns d’entre les pharisiens de la troupe lui dirent : Maître, reprends tes disciples.

40 Et Jésus répondant, leur dit : Je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres même crieront.

41 Et quand il fut proche, voyant la ville, il pleura sur elle, en disant :

42 O ! si toi aussi eusses connu, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux.

43 Car les jours viendront sur toi que tes ennemis t’environneront de tranchées ; ils t’enfermeront, et t’enserreront de tous côtés ;

44 et te raseront, toi et tes enfans qui sont au-dedans de toi ; et ils ne laisseront en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps de ta visitation.

45 Puis étant entré au temple, il commença à chasser dehors ceux qui y vendaient et qui y achetaient,

46 leur disant : Il est écrit : Ma maison est la maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.

47 Et il était tous les jours enseignant dans le temple, et les principaux sacrificateurs, et les scribes, et les principaux du peuple, tâchaient de le faire mourir.

48 Mais ils ne trouvaient rien qu’ils lui pussent faire ; car tout le peuple était fort attentif à l’écouter.

CHAP. XX.

Jésus-Christ répond aux questions des scribes sur sa mission, par une contre-demande sur celle de Jean-Baptiste, et par les paraboles des vignerons et de la pierre rejetée ; confirme le tribut dû à César ; instruit les sadducéens de la résurrection, et du Messie, Fils et Seigneur de David ; condamnant l’hypocrisie des scribes.


ET il arriva un de ces jours-là, comme il enseignait le peuple dans le temple, et qu’il évangélisait, que les principaux sacrificateurs et les scribes survinrent avec les anciens.

2 Et ils lui parlèrent, en disant : Dis-nous par quelle autorité tu fais ces choses, ou qui est celui qui t’a donné cette autorité ?

3 Et Jésus répondant, leur dit : Je vous interrogerai aussi sur un article, et répondez-moi.

4 Le baptême de Jean était-il du ciel, ou des hommes ?

5 Or ils disputaient entre eux, disant : Si nous disons, du ciel ; il dira, pourquoi donc ne l’avez-vous point cru ?

6 Et si nous disons, des hommes, tout le peuple nous lapidera ; car ils sont persuadés que Jean était un prophète.

7 C’est pourquoi ils répondirent, qu’ils ne savaient d’où il était.

8 Et Jésus leur dit : Je ne vous dirai point aussi par quelle autorité je fais ces choses.

9 Alors il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne, et la loua à des vignerons, et fut long-temps dehors.

10 Et dans la saison du fruit, il envoya un serviteur vers les vignerons, afin qu’ils lui donnassent du fruit de la vigne ; mais les vignerons l’ayant battu, le renvoyèrent à vide.

11 Il leur envoya encore un autre serviteur ; mais ils le battirent aussi, et après l’avoir traité indignement, ils le renvoyèrent à vide.

12 Il en envoya encore un troisième, mais ils le blessèrent aussi, et le jetèrent dehors.

13 Alors le seigneur de la vigne dit : Que ferai-je ? J’y enverrai mon fils le bien-aimé ; peut-être que quand ils le verront, ils le respecteront.

14 Mais quand les vignerons le virent, ils raisonnèrent entre eux, en disant : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous.

15 Et ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. Que leur fera donc le maître de la vigne ?

16 Il viendra, et fera périr ces vignerons-là, et il donnera la vigne à d’autres. Ce qu’eux ayant entendu, ils dirent : A Dieu ne plaise !

17 Alors il les regarda, et dit : Que veut donc dire ce qui est écrit : La pierre que ceux qui bâtissent ont rejetée est devenue la maîtresse pierre du coin.

18 Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé ; et elle écrasera celui sur qui elle tombera.

19 Et les principaux sacrificateurs et les scribes cherchèrent dans ce même instant à mettre les mains sur lui ; car ils connurent bien qu’il avait dit cette parabole contre eux, mais ils craignaient le peuple.

20 Et l’observant ils envoyèrent des gens concertés, qui contrefaisaient les gens de bien, pour le surprendre en paroles, afin de le livrer à la domination et à la puissance du gouverneur,

21 lesquels l’interrogèrent, en disant : Maître, nous savons que tu parles, et que tu enseignes conformément à la justice, et que tu ne regardes point à l’apparence des personnes, mais que tu enseignes la voie de Dieu en vérité.

22 Nous est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?

23 Mais lui ayant aperçu leur ruse, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ?

24 Montrez-moi un denier ; de qui a-t-il l’image et l’inscription ? Ils lui répondirent : De César.

25 Et il leur dit : Rendez donc à César les choses qui sont à César, et à Dieu les choses qui sont à Dieu.

26 Ainsi ils ne purent rien trouver à redire dans sa réponse en présence du peuple ; mais tout étonnés de sa réponse, ils se turent.

27 Alors quelques-uns des sadducéens, qui nient formellement la résurrection, s’approchèrent, et l’interrogèrent,

28 disant : Maître, Moïse nous a laissé par écrit, que si le frère de quelqu’un est mort ayant une femme, et qu’il soit mort sans enfans, son frère prenne sa femme, et qu’il suscite des enfans à son frère.

29 Or il y eut sept frères, dont l’aîné prit une femme, et mourut sans enfans.

30 Et le second la prit, et mourut aussi sans enfans.

31 Puis le troisième la prit, et de même tous les sept ; et ils moururent sans avoir laissé des enfans.

32 Et après tous la femme aussi mourut.

33 Duquel d’eux donc sera-t-elle femme en la résurrection ? car les sept l’ont eue pour femme.

34 Et Jésus répondant, leur dit : Les enfans de ce siècle prennent et sont pris en mariage.

35 Mais ceux qui seront faits dignes d’obtenir ce siècle-là et la résurrection des morts, ne prendront ni ne seront pris en mariage.

36 Car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection.

37 Or que les morts ressuscitent, Moïse même l’a montré auprès du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob.

38 Or il n’est point le Dieu des morts, mais des vivans ; car tous vivent en lui.

39 Et quelques-uns des scribes prenant la parole, dirent : Maître, tu as bien dit.

40 Et ils ne l’osèrent plus interroger sur rien.

41 Mais lui leur dit : Comment dit-on que le Christ est Fils de David ?

42 Car David lui-même dit au livre des psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite,

43 jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds.

44 Puis donc que David l’appelle son Seigneur, comment est-il son Fils ?

45 Et comme tout le peuple écoutait, il dit à ses disciples :

46 Donnez-vous de garde des scribes, qui se plaisent à se promener en robes longues, et qui aiment les salutations dans les marchés, et les premières chaires dans les synagogues, et les premières places dans les festins,

47 et qui dévorent entièrement les maisons des veuves, même sous prétexte de faire de longues prières ; car ils en recevront une plus grande condamnation.

CHAP. XXI.

Jésus-Christ prisant l’offrande de la veuve, prédit la persécution des siens, et la désolation de Jérusalem, etc., exhortant à veiller.


ET comme Jésus regardait, il vit des riches qui mettaient leurs dons au tronc.

2 Il vit aussi une pauvre veuve qui y mettait deux petites pièces de monnaie.

3 Et il dit : Certes, je vous dis que cette pauvre veuve a plus mis que tous les autres.

4 Car tous ceux-ci ont mis aux offrandes de Dieu de leur superflu ; mais celle-ci y a mis de sa disette tout ce qu’elle avait pour vivre.

5 Et comme quelques-uns disaient du temple, qu’il était orné de belles pierres et de dons, il dit :

6 Est-ce cela que vous regardez ? les jours viendront qu’il n’y sera laissé pierre sur pierre qui ne soit démolie.

7 Et ils l’interrogèrent, en disant : Maître, quand sera-ce donc que ces choses arriveront ? et quel signe y aura-t-il quand ces choses devront arriver ?

8 Et il dit : Prenez garde que vous ne soyez point séduits ; car plusieurs viendront en mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et même le temps approche ; n’allez donc point après eux.

9 Et quand vous entendrez des guerres et des séditions, ne vous épouvantez point ; car il faut que ces choses arrivent premièrement ; mais la fin ne sera pas tout aussitôt.

10 Alors il leur dit : Une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume.

11 Et il y aura de grands tremblemens de terre en tous lieux, et des famines, et des pestes, et des épouvantemens, et de grands signes du ciel.

12 Mais avant toutes ces choses ils mettront les mains sur vous, et vous persécuteront, vous livrant aux synagogues, et vous mettant en prison ; et ils vous méneront devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom.

13 Et cela vous sera pour témoignage.

14 Mettez donc en vos cœurs de ne point préméditer comment vous aurez à répondre ;

15 car je vous donnerai une bouche et une sagesse, à laquelle tous ceux qui vous seront contraires ne pourront contredire ni résister.

16 Vous serez aussi livrés par vos pères, et par vos mères, et par vos frères, et par vos parens, et par vos amis ; et ils en feront mourir plusieurs d’entre vous.

17 Et vous serez haïs de tous, à cause de mon nom.

18 Mais un cheveu de votre tête ne sera point perdu.

19 Possédez vos âmes par votre patience.

20 Et quand vous verrez Jérusalem être environnée d’armées, sachez alors que sa désolation est proche.

21 Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient aux montagnes ; et que ceux qui sont dans Jérusalem s’en retirent ; et que ceux qui sont aux champs n’entrent point en elle.

22 Car ce seront là les jours de la vengeance, afin que toutes les choses qui sont écrites soient accomplies.

23 Or malheur à celles qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là ; car il y aura une grande calamité sur le pays, et une grande colère contre ce peuple.

24 Et ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et seront menés captifs dans toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée par les Gentils, jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis.

25 Et il y aura des signes dans le soleil, et dans la lune, et dans les étoiles, et une telle détresse des nations, qu’on ne saura que devenir sur la terre ; la mer et les ondes faisant un grand bruit.

26 De sorte que les hommes seront comme rendant l’âme de peur, et à cause de l’attente des choses qui surviendront dans toute la terre ; car les vertus des cieux seront ébranlées.

27 Et alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et grande gloire.

28 Or quand ces choses commenceront d’arriver, regardez en haut, et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche.

29 Et il leur proposa cette comparaison : Voyez le figuier et tous les autres arbres.

30 Quand ils commencent à pousser, vous connaissez de vous-mêmes en regardant que l’été est déjà près.

31 Vous aussi de même, quand vous verrez arriver ces choses, sachez que le règne de Dieu est près.

32 En vérité, je vous dis que cette génération ne passera point, que toutes ces choses ne soient arrivées.

33 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

34 Prenez donc garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise et l’ivrognerie, et par les soucis de cette vie ; et que ce jour-là ne vous surprenne subitement.

35 Car il surprendra comme un filet tous ceux qui habitent sur le dessus de toute la terre.

36 Veillez donc, priant en tout temps, afin que vous soyez faits dignes d’éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et afin que vous puissiez subsister devant le Fils de l’homme.

37 Or il enseignait le jour dans le temple ; et il sortait et demeurait la nuit dans la montagne qui est appelée des Oliviers.

38 Et, dès le point du jour, tout le peuple venait vers lui au temple pour l’entendre.

CHAP. XXII.

Complot de Judas contre Jésus-Christ, qui après la Pâque et l’Eucharistie, sortant, est dans l’agonie ; pris et mené au pontife ; renié par Pierre, outragé, etc.


OR la fête des pains sans levain, qu’on appelle Pâque, approchait.

2 Et les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient comment ils le pourraient faire mourir ; car ils craignaient le peuple.

3 Mais Satan entra dans Judas, surnommé Iscariot, qui était du nombre des douze ;

4 lequel s’en alla, et parla avec les principaux sacrificateurs et les capitaines, de la manière dont il le leur livrerait.

5 Et ils en furent joyeux, et convinrent qu’ils lui donneraient de l’argent.

6 Et il le leur promit ; et il cherchait le temps propre pour le leur livrer sans tumulte.

7 Or le jour des pains sans levain, auquel il fallait sacrifier l’agneau de Pâque, arriva.

8 Et Jésus envoya Pierre et Jean, en leur disant : Allez, et apprêtez-nous l’agneau de Pâque, afin que nous le mangions.

9 Et ils lui dirent : Où veux-tu que nous l’apprêtions ?

10 Et il leur dit : Voici, quand vous serez entrés dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le en la maison où il entrera.

11 Et dites au maître de la maison : Le Maître t’envoie dire où est le logis où je mangerai l’agneau de Pâque avec mes disciples ?

12 Et il vous montrera une grande chambre haute parée ; apprêtez là l’agneau de Pâque.

13 S’en étant donc allés, ils trouvèrent tout comme il le leur avait dit ; et ils apprêtèrent l’agneau de Pâque.

14 Et quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui.

15 Et il leur dit : J’ai fort désiré de manger cet agneau de Pâque avec vous avant que je souffre.

16 Car je vous dis que je n’en mangerai plus jusqu’à ce qu’il soit accompli dans le royaume de Dieu.

17 Et ayant pris la coupe, il rendit grâces, et il dit : Prenez-la, et la distribuez entre vous.

18 Car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’à ce que le règne de Dieu soit venu.

19 Puis prenant le pain, et ayant rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.

20 De même aussi il leur donna la coupe après le souper, en disant : Cette coupe est le Nouveau-Testament en mon sang, qui est répandu pour vous.

21 Cependant voici, la main de celui qui me trahit est avec moi à table.

22 Et certes le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est déterminé : Toutefois malheur à cet homme par qui il est trahi.

23 Alors ils se mirent à s’entre-demander l’un à l’autre, qui serait celui d’entre eux à qui il arriverait de commettre cette action.

24 Il arriva aussi une contestation entre eux, pour savoir lequel d’entre eux serait estimé le plus grand.

25 Mais il leur dit : Les rois des nations les maîtrisent ; et ceux qui usent d’autorité sur elles sont nommés bienfaiteurs.

26 Mais il n’en sera pas ainsi de vous ; au contraire, que le plus grand parmi vous soit comme le moindre, et celui qui gouverne comme celui qui sert.

27 Car lequel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Or je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

28 Or vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations.

29 C’est pourquoi je vous confie le royaume comme mon Père me l’a confié ;

30 afin que vous mangiez, et que vous buviez à ma table dans mon royaume ; et que vous soyez assis sur des trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.

31 Le Seigneur dit aussi : Simon, Simon, voici, Satan a demandé instamment à vous cribler comme le blé ;

32 mais j’ai prié pour toi que ta foi ne défaille point ; toi donc, quand tu seras un jour converti, fortifie tes frères.

33 Et Pierre lui dit : Seigneur, je suis tout prêt à aller avec toi, soit en prison, soit à la mort.

34 Mais Jésus lui dit : Pierre, je te dis que le coq ne chantera point aujourd’hui que premièrement tu ne renies par trois fois de m’avoir connu.

35 Puis il leur dit : Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac, et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Ils répondirent : De rien.

36 Et il leur dit : Mais maintenant que celui qui a une bourse la prenne, et de même celui qui a un sac ; et que celui qui n’a point d’épée vende sa robe, et achète une épée.

37 Car je vous dis qu’il faut que ceci aussi qui est écrit soit accompli en moi : Et il a été mis au rang des iniques. Car certainement les choses qui ont été prédites de moi s’en vont être accomplies.

38 Et ils dirent : Seigneur, voici deux épées. Et il leur dit : C’est assez.

39 Puis il partit, et s’en alla, selon sa coutume, au mont des Oliviers ; et ses disciples le suivirent.

40 Et quand il fut arrivé en ce lieu-là, il leur dit : Priez que vous n’entriez point en tentation.

41 Puis s’étant éloigné d’eux environ d’un jet de pierre, et s’étant mis à genoux, il priait,

42 disant : Père, si tu voulais transporter cette coupe loin de moi ; toutefois que ma volonté ne soit point faite, mais la tienne.

43 Et un ange lui apparut du ciel, le fortifiant.

44 Et lui étant en agonie, priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant en terre.

45 Puis s’étant levé de sa prière, il revint à ses disciples, lesquels il trouva dormant de tristesse ;

46 et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, et priez que vous n’entriez point en tentation.

47 Et comme il parlait encore, voici, une troupe, et celui qui avait nom Judas, l’un des douze, vint devant eux, et s’approcha de Jésus pour le baiser.

48 Et Jésus lui dit : Judas, trahis-tu le Fils de l’homme par un baiser ?

49 Alors ceux qui étaient autour de lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur, frapperons-nous de l’épée ?

50 Et l’un d’eux frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille droite.

51 Mais Jésus prenant la parole, dit : Laissez-les-faire jusqu’ici. Et lui ayant touché l’oreille, il le guérit.

52 Puis Jésus dit aux principaux sacrificateurs, et aux capitaines du temple, et aux anciens qui étaient venus contre lui : Etes-vous venus comme après un brigand, avec des épées et des bâtons ?

53 Quoique j’aie été tous les jours avec vous au temple, vous n’avez pas mis la main sur moi ; mais c’est ici votre heure, et la puissance des ténèbres.

54 Se saisissant donc de lui, ils l’emmenèrent, et le firent entrer dans la maison du souverain sacrificateur ; et Pierre suivait de loin.

55 Or ces gens ayant allumé du feu au milieu de la cour, et s’étant assis ensemble, Pierre s’assit parmi eux.

56 Et une servante le voyant assis auprès du feu, et ayant l’œil arrêté sur lui, dit : Celui-ci aussi était avec lui.

57 Mais il le nia, disant : Femme, je ne le connais point.

58 Et un peu après, un autre le voyant, dit : Tu es aussi de ces gens-là. Mais Pierre dit : O homme ! je n’en suis point.

59 Et environ l’espace d’une heure après, quelque autre affirmait, et disait : Certainement celui-ci aussi était avec lui ; car il est Galiléen.

60 Et Pierre dit : O homme ! je ne sais ce que tu dis. Et dans ce moment, comme il parlait encore, le coq chanta.

61 Et le Seigneur se tournant, regarda Pierre ; et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur, qui lui avait dit : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois.

62 Alors Pierre étant sorti dehors, pleura amèrement.

63 Or ceux qui tenaient Jésus se moquaient de lui, et le frappaient.

64 Et lui ayant bandé les yeux, ils lui donnaient des coups sur le visage, et l’interrogeaient, disant : Devine qui est celui qui t’a frappé ?

65 Et ils disaient plusieurs autres choses contre lui, en l’outrageant de paroles.

66 Et quand le jour fut venu, les anciens du peuple, et les principaux sacrificateurs, et les scribes s’assemblèrent, et l’emmenèrent dans le conseil,

67 et lui dirent : Si tu es le Christ, dis-le-nous. Et il leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez point.

68 Que si aussi je vous interroge, vous ne me répondrez point, et vous ne me laisserez point aller.

69 Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu.

70 Alors ils dirent tous : Es-tu donc le Fils de Dieu ? Il leur dit : Vous le dites vous-mêmes que je le suis.

71 Et ils dirent : Qu’avons-nous besoin encore de témoignage ? car nous-mêmes nous l’avons ouï de sa bouche.

CHAP. XXIII.

Jésus-Christ mené à Pilate et à Hérode, condamné ; crucifié ; mort et enseveli.


PUIS ils se levèrent tous et le menèrent à Pilate.

2 Et ils se mirent à l’accuser, disant : Nous avons trouvé cet homme sollicitant la nation à la révolte, et défendant de donner le tribut à César, et se disant être le Christ, le roi.

3 Et Pilate l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus répondant, lui dit : Tu le dis.

4 Alors Pilate dit aux principaux sacrificateurs et à la troupe du peuple : Je ne trouve aucun crime en cet homme.

5 Mais ils insistaient encore davantage, disant : Il émeut le peuple, enseignant par toute la Judée, et ayant commencé depuis la Galilée jusqu’ici.

6 Or quand Pilate entendit parler de la Galilée, il demanda si cet homme était Galiléen.

7 Et ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui en ces jours-là était aussi à Jérusalem.

8 Et lorsqu’Hérode vit Jésus, il en fut fort joyeux ; car il y avait long-temps qu’il désirait de le voir, à cause qu’il entendait dire plusieurs choses de lui ; et il espérait qu’il lui verrait faire quelque miracle.

9 Il l’interrogea donc par divers discours ; mais Jésus ne lui répondit rien.

10 Et les principaux sacrificateurs et les scribes comparurent, l’accusant avec une grande véhémence.

11 Mais Hérode avec ses gens l’ayant méprisé, et s’étant moqué de lui, après qu’il l’eut revêtu d’un vêtement blanc, le renvoya à Pilate.

12 Et en ce même jour Pilate et Hérode devinrent amis entre eux ; car auparavant ils étaient ennemis.

13 Alors Pilate ayant appelé les principaux sacrificateurs, et les gouverneurs, et le peuple, il leur dit :

14 Vous m’avez présenté cet homme comme soulevant le peuple ; et voici, l’en ayant fait répondre devant vous, je n’ai trouvé en cet homme aucun de ces crimes dont vous l’accusez ;

15 ni Hérode non plus ; car je vous ai renvoyés à lui, et voici, rien ne lui a été fait qui marque qu’il soit digne de mort.

16 Quand donc je l’aurai fait fouetter, je le relâcherai.

17 Or il fallait qu’il leur relâchât quelqu’un à la fête.

18 Et toutes les troupes s’écrièrent ensemble, en disant : Ote celui-ci, et relâche-nous Barrabas ;

19 qui avait été mis en prison pour quelque sédition faite dans la ville, avec meurtre.

20 Pilate donc leur parla encore, voulant relâcher Jésus.

21 Mais ils s’écriaient, disant : Crucifie ! crucifie-le !

22 Et il leur dit pour la troisième fois : Mais quel mal a fait cet homme ? je ne trouve rien en lui qui soit digne de mort ; l’ayant donc fait fouetter, je le relâcherai.

23 Mais ils insistaient à grands cris, demandant qu’il fût crucifié ; et leurs cris et ceux des principaux sacrificateurs se renforçaient.

24 Alors Pilate prononça que ce qu’ils demandaient fût fait.

25 Et il leur relâcha celui qui pour sédition et pour meurtre avait été mis en prison ; et lequel ils demandaient ; et il abandonna Jésus à leur volonté.

26 Et comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon, Cyrénien, qui venait des champs, et le chargèrent de la croix pour la porter après Jésus.

27 Or il était suivi d’une grande multitude de peuple et de femmes, qui se frappaient la poitrine, et le pleuraient.

28 Mais Jésus se tournant vers elles, leur dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfans.

29 Car voici, les jours viendront auxquels on dira : Bienheureuses sont les stériles, et celles qui n’ont pas eu d’enfant, et les mamelles qui n’ont point nourri.

30 Alors ils se mettront à dire aux montagnes : Tombez sur nous ; et aux coteaux : Couvrez-nous.

31 Car s’ils font ces choses au bois vert, que sera-t-il fait au bois sec ?

32 Deux autres aussi qui étaient des malfaiteurs, furent menés pour les faire mourir avec lui.

33 Et quand ils furent venus au lieu qui est appelé le crâne, ils le crucifièrent là, et les malfaiteurs aussi, l’un à la droite, et l’autre à la gauche.

34 Mais Jésus disait : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Ils firent ensuite le partage de ses vêtemens, et ils les jetèrent au sort.

35 Et le peuple se tenait là regardant ; et les gouverneurs aussi se moquaient de lui avec eux, disant : Il a sauvé les autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu.

36 Les soldats aussi se moquaient de lui, s’approchant, et lui présentant du vinaigre ;

37 et disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même.

38 Or il y avait au-dessus de lui un écriteau en lettres grecques, et romaines, et hébraïques, en ces mots : celui-ci est le roi des juifs.

39 Et l’un des malfaiteurs qui étaient pendus, l’outrageait, disant : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi.

40 Mais l’autre prenant la parole le censurait fortement, disant : Au moins ne crains-tu point Dieu, puisque tu es dans la même condamnation ?

41 Et pour nous, nous y sommes justement ; car nous recevons des choses dignes de nos crimes, mais celui-ci n’a rien fait qui ne se dût faire.

42 Puis il disait à Jésus : Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras en ton règne.

43 Et Jésus lui dit : En vérité, je te dis qu’aujourd’hui tu seras avec moi en paradis.

44 Or il était environ six heures, et il se fit des ténèbres par tout le pays jusqu’à neuf heures ;

45 et le soleil fut obscurci, et le voile du temple se déchira par le milieu.

46 Et Jésus, criant à haute voix, dit : Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, ayant dit cela, il rendit l’esprit.

47 Or le centenier, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, disant : Certes cet homme était juste.

48 Et toutes les troupes qui s’étaient assemblées à ce spectacle, voyant les choses qui étaient arrivées, s’en retournaient frappant leurs poitrines.

49 Et tous ceux de sa connaissance, et les femmes qui l’avaient suivi de Galilée, se tenaient loin, regardant ces choses.

50 Et voici, un personnage appelé Joseph, conseiller, homme de bien, et juste,

51 qui n’avait point consenti à leur résolution, ni à leur action, lequel était d’Arimathée, ville des Juifs, et qui aussi attendait le règne de Dieu ;

52 étant venu à Pilate, lui demanda le corps de Jésus.

53 Et l’ayant descendu de la croix, il l’enveloppa dans un linceul, et le mit en un sépulcre taillé dans le roc, où personne n’avait encore été mis.

54 Or c’était le jour de la préparation, et le jour du sabbat allait commencer.

55 Et les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus, ayant suivi Joseph, regardèrent le sépulcre, et comment le corps de Jésus y était mis.

56 Puis s’en étant retournées, elles préparèrent des drogues aromatiques et des parfums ; et le jour du sabbat elles se reposèrent selon le commandement de la loi.

CHAP. XXIV.

Résurrection, apparition et ascension de Jésus-Christ.


MAIS le premier jour de la semaine, comme il était encore fort matin, elles vinrent au sépulcre, et quelques autres avec elles, apportant les aromates qu’elles avaient préparés.

2 Et elles trouvèrent la pierre roulée à côté du sépulcre.

3 Et étant entrées, elles ne trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus.

4 Et il arriva que, comme elles étaient en grande perplexité touchant cela, voici, deux personnages parurent devant elles en vêtemens tout couverts de lumière.

5 Et comme elles étaient tout épouvantées, et baissaient le visage en terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?

6 Il n’est point ici ; mais il est ressuscité ; qu’il vous souvienne comment il vous parla quand il était encore en Galilée,

7 disant : Qu’il fallait que le Fils de l’homme fût livré entre les mains des pécheurs, et qu’il fût crucifié, et qu’il ressuscitât le troisième jour.

8 Et elles se souvinrent de ses paroles.

9 Puis s’en étant retournées du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze disciples et à tous les autres.

10 Or ce fut Marie-Magdelaine, et Jeanne, et Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles, qui dirent ces choses aux apôtres.

11 Mais les paroles de ces femmes leur semblèrent comme des rêveries, et ils ne les crurent point.

12 Néanmoins Pierre s’étant levé, courut au sépulcre, et s’étant courbé pour regarder, il ne vit que les linceuls mis à côté ; puis il partit, admirant en lui-même ce qui était arrivé.

13 Or voici, deux d’entre eux étaient ce jour-là en chemin, pour aller à une bourgade nommée Emmaüs, qui était loin de Jérusalem environ soixante stades.

14 Et ils s’entretenaient ensemble de toutes ces choses qui étaient arrivées.

15 Et il arriva que, comme ils parlaient et conféraient entre eux, Jésus lui-même s’étant approché, se mit à marcher avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient retenus, de sorte qu’ils ne le reconnaissaient pas.

17 Et il leur dit : Quels sont ces discours que vous tenez entre vous en marchant ? et pourquoi êtes-vous tout tristes ?

18 Et l’un d’eux, qui avait nom Cléopas, répondit, et lui dit : Es-tu seul étranger dans Jérusalem, qui ne saches point les choses qui y sont arrivées ces jours-ci ?

19 Et il leur dit : Quelles ? Ils répondirent : C’est touchant Jésus le Nazarien, qui était un prophète, puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple ;

20 et comment les principaux sacrificateurs et nos gouverneurs l’ont livré pour être condamné à mort, et l’ont crucifié.

21 Or nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; mais avec tout cela, c’est aujourd’hui le troisième jour que ces choses sont arrivées.

22 Toutefois quelques femmes d’entre nous nous ont fort étonnés, car elles ont été de grand matin au sépulcre ;

23 et, n’ayant point trouvé son corps, elles sont revenues, en disant que même elles avaient vu une apparition d’anges, qui disaient qu’il est vivant.

24 Et quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre, et ont trouvé ainsi que les femmes avaient dit ; mais pour lui, ils ne l’ont point vu.

25 Alors il leur dit : O gens dépourvus de sens, et tardifs de cœur à croire toutes les choses que les prophètes ont prononcées !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât en sa gloire ?

27 Puis commençant par Moïse, et continuant par tous les prophètes, il leur expliquait dans toutes les écritures les choses qui le regardaient.

28 Et comme ils furent près de la bourgade où ils allaient, il faisait semblant d’aller plus loin.

29 Mais ils le forcèrent, en lui disant : Demeure avec nous, car le soir approche, et le jour commence à baisser. Il entra donc pour demeurer avec eux.

30 Et il arriva que, comme il était à table avec eux, il prit le pain, et il le bénit ; et l’ayant rompu, il le leur distribua.

31 Alors leurs yeux furent ouverts, en sorte qu’ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux.

32 Et ils dirent entre eux : Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu’il nous parlait par le chemin, et qu’il nous expliquait les écritures ?

33 Et se levant dans ce moment, ils s’en retournèrent à Jérusalem, où ils trouvèrent les onze assemblés, et ceux qui étaient avec eux ;

34 qui disaient : Le Seigneur est véritablement ressuscité, et il est apparu à Simon.

35 Et ceux-ci aussi racontèrent les choses qui leur étaient arrivées en chemin, et comment il avait été reconnu d’eux en rompant le pain.

36 Et comme ils tenaient ces discours, Jésus se présenta lui-même au milieu d’eux, et leur dit : Que la paix soit avec vous !

37 Mais eux, tout troublés et épouvantés, croyaient voir un esprit.

38 Et il leur dit : Pourquoi vous troublez-vous ? et pourquoi monte-t-il des pensées dans vos cœurs ?

39 Voyez mes mains et mes pieds ; car c’est moi-même : touchez-moi, et me considérez bien ; car un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai.

40 Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

41 Mais comme encore de joie ils ne croyaient point, et qu’ils s’étonnaient, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ?

42 Et ils lui présentèrent une pièce de poisson rôti, et d’un rayon de miel ;

43 Et l’ayant pris, il mangea devant eux.

44 Puis il leur dit : Ce sont ici les discours que je vous tenais quand j’étais encore avec vous, qu’il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies.

45 Alors il leur ouvrit l’esprit pour entendre les écritures.

46 Et il leur dit : Il est ainsi écrit ; et ainsi il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât des morts le troisième jour ;

47 et qu’on prêchât en son nom la repentance et la rémission des péchés parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

48 Et vous êtes témoins de ces choses ; et voici, je m’en vais envoyer sur vous la promesse de mon Père.

49 Vous donc demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la vertu d’en haut.

50 Après quoi il les mena dehors jusqu’en Béthanie, et levant ses mains en haut, il les bénit.

51 Et il arriva qu’en les bénissant, il se sépara d’eux, et fut élevé au ciel.

52 Et eux l’ayant adoré, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie.

53 Et ils étaient toujours dans le temple, louant et bénissant Dieu. Amen.


LE SAINT ÉVANGILE

SELON SAINT JEAN.

CHAP. I.

Jésus-Christ, la parole de Dieu faite chair, montré par Jean, est suivi par André et Simon, Philippe et Nathanaël.


AU commencement était la parole, et la parole était avec Dieu ; et cette parole était Dieu.

2 Elle était au commencement avec Dieu.

3 Toutes choses ont été faites par elle, et sans elle rien de ce qui a été fait n’a été fait.

4 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

5 Et la lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont point reçue.

6 Il y eut un homme appelé Jean, qui fut envoyé de Dieu.

7 Il vint pour rendre témoignage, pour rendre, dis-je, témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

8 Il n’était pas la lumière, mais il était envoyé pour rendre témoignage à la lumière.

9 Cette lumière était la véritable, qui éclaire tout homme venant au monde.

10 Elle était au monde, et le monde a été fait par elle ; mais le monde ne l’a point connue.

11 Il est venu chez soi ; et les siens ne l’ont point reçu.

12 Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être faits enfans de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ;

13 lesquels ne sont point nés de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme ; mais ils sont nés de Dieu.

14 Et la parole a été faite chair ; elle a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, qui a été une gloire, comme la gloire du Fils unique du Père, pleine de grâce et de vérité.

15 Jean a donc rendu témoignage de lui, et a crié, disant : C’est celui duquel je disais : Celui qui vient après moi m’est préféré, car il était avant moi.

16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce.

17 Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

18 Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est au sein du Père, est celui qui nous l’a révélé.

19 Et c’est ici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des lévites pour l’interroger, et lui dire : Toi, qui es-tu ?

20 Car il l’avoua, et ne le nia point ; il l’avoua, dis-je, en disant : Ce n’est pas moi qui suis le Christ.

21 Sur quoi ils lui demandèrent : Qui es-tu donc ? Es-tu Elie ? et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? et il répondit : Non.

22 Ils lui dirent donc : Qui es-tu, afin que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dis-tu de toi-même ?

23 Il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Esaïe le prophète.

24 Or ceux qui avaient été envoyés vers lui étaient d’entre les pharisiens.

25 Ils l’interrogèrent encore, et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es point le Christ, ni Elie, ni le prophète ?

26 Jean leur répondit, et leur dit : Pour moi, je baptise d’eau ; mais il y en a un au milieu de vous, que vous ne connaissez point.

27 C’est celui qui vient après moi, qui m’est préféré, et duquel je ne suis pas digne de délier la courroie du soulier.

28 Ces choses arrivèrent à Béthabara, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

29 Le lendemain Jean vit Jésus venir à lui, et il dit : Voilà l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.

30 C’est celui duquel je disais : Après moi vient un personnage qui m’est préféré ; car il était avant moi.

31 Et pour moi, je ne le connaissais point ; mais afin qu’il soit manifesté à Israël, je suis venu à cause de cela baptiser d’eau.

32 Jean rendit aussi témoignage, en disant : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et s’arrêter sur lui.

33 Et pour moi je ne le connaissais point ; mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et se fixer sur lui, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit.

34 Et je l’ai vu, et j’ai rendu témoignage, que c’est lui qui est le Fils de Dieu.

35 Le lendemain encore Jean s’arrêta, et avec lui deux de ses disciples ;

36 et regardant Jésus qui marchait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu.

37 Et les deux disciples l’entendirent tenant ce discours, et ils suivirent Jésus.

38 Et Jésus se retournant, et voyant qu’ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi, (c’est-à-dire, Maître), où demeures-tu ?

39 Il leur dit : Venez, et le voyez. Ils y allèrent, et ils virent où il demeurait ; et ils demeurèrent avec lui ce jour-là, car il était environ dix heures.

40 Or André, frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui en avaient ouï parler à Jean, et qui l’avaient suivi.

41 Celui-ci trouva le premier Simon, son frère, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie, c’est-à-dire, le Christ.

42 Et il le mena vers Jésus, et Jésus ayant jeté la vue sur lui, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas, c’est-à-dire, Pierre.

43 Le lendemain Jésus voulut aller en Galilée, et il trouva Philippe, auquel il dit : Suis-moi.

44 Or Philippe était de Bethsaïda, la ville d’André et de Pierre.

45 Philippe trouva Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé Jésus, qui est de Nazareth, fils de Joseph, celui duquel Moïse a écrit dans la loi, et duquel aussi les prophètes ont écrit.

46 Et Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : Viens, et vois.

47 Jésus aperçut Nathanaël venir vers lui, et il dit de lui : Voici vraiment un Israélite en qui il n’y a point de fraude.

48 Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus répondit, et lui dit : Avant que Philippe t’eût appelé quand tu étais sous le figuier, je te voyais.

49 Nathanaël répondit, et lui dit : Maître, tu es le Fils de Dieu ; tu es le roi d’Israël.

50 Jésus répondit, et lui dit : Parce que je t’ai dit que je te voyais sous le figuier, tu crois ; tu verras bien de plus grandes choses que ceci.

51 Il lui dit aussi : En vérité, en vérité, je vous dis : Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l’homme.

CHAP. II.

Jésus-Christ change aux noces de Cana de l’eau en vin ; chasse les vendeurs du temple, et prédit sa résurrection, etc.


OR trois jours après on faisait des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus était là.

2 Et Jésus fut aussi convié aux noces avec ses disciples.

3 Et le vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont point de vin.

4 Mais Jésus lui répondit : Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? mon heure n’est point encore venue.

5 Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira.

6 Or il y avait là six vaisseaux de pierre, mis selon l’usage de la purification des Juifs, dont chacun tenait deux ou trois mesures.

7 Et Jésus leur dit : Emplissez d’eau ces vaisseaux. Et ils les emplirent jusqu’au haut.

8 Puis il leur dit : Versez-en maintenant, et portez-en au maître d’hôtel. Et ils lui en portèrent.

9 Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau qui avait été changée en vin (or il ne savait pas d’où cela venait ; mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient bien), il s’adressa à l’époux,

10 et lui dit : Tout homme sert le bon vin le premier, et puis le moindre après qu’on a bu plus largement ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant.

11 Jésus fit ce premier miracle à Cana de Galilée, et il manifesta sa gloire ; et ses disciples crurent en lui.

12 Après cela, il descendit à Capernaüm avec sa mère, et ses frères, et ses disciples ; mais ils y demeurèrent peu de jours.

13 Car la pâque des Juifs était proche ; c’est pourquoi Jésus monta à Jérusalem.

14 Et il trouva dans le temple des gens qui vendaient des bœufs, et des brebis, et des pigeons, et les changeurs qui y étaient assis.

15 Et ayant fait un fouet avec de petites cordes, il les chassa tous du temple, avec les brebis et les bœufs ; et il répandit la monnaie des changeurs, et renversa les tables.

16 Et il dit à ceux qui vendaient des pigeons : Otez ces choses d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père un lieu de marché.

17 Alors ses disciples se souvinrent qu’il était écrit : Le zèle de ta maison m’a rongé.

18 Mais les Juifs prenant la parole, lui dirent : Quel miracle nous montres-tu, pour entreprendre de faire de telles choses ?

19 Jésus répondit, et leur dit : Abattez ce temple, et en trois jours je le relèverai.

20 Et les Juifs dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et tu le relèveras dans trois jours.

21 Mais il parlait du temple de son corps.

22 C’est pourquoi lorsqu’il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il leur avait dit cela ; et ils crurent à l’écriture, et à la parole que Jésus avait dite.

23 Et comme il était à Jérusalem le jour de la fête de Pâques, plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait.

24 Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous ;

25 et qu’il n’avait pas besoin que personne lui rendît témoignage d’aucun homme ; car lui-même savait ce qui était dans l’homme.

CHAP. III.

Jésus-Christ s’entretient avec Nicodème sur la régénération, etc. Jean-Baptiste lui rend témoignage.


OR il y avait un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, qui était un des principaux d’entre les Juifs ;

2 lequel vint de nuit à Jésus, et lui dit : Maître, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui.

3 Jésus répondit, et lui dit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut point voir le royaume de Dieu.

4 Nicodème lui dit : Comment peut naître un homme quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère, et naître une seconde fois ?

5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et d’esprit, il ne peut point entrer dans le royaume de Dieu.

6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit.

7 Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il vous faut être nés de nouveau.

8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va ; il en est ainsi de tout homme qui est né de l’esprit.

9 Nicodème répondit, et lui dit : Comment se peuvent faire ces choses ?

10 Jésus répondit, et lui dit : Tu es docteur d’Israël, et tu ne connais point ces choses !

11 En vérité, en vérité, je te dis : Que ce que nous savons nous le disons ; et ce que nous avons vu nous le témoignons ; mais vous ne recevez point notre témoignage.

12 Si je vous ai dit des choses terrestres, et que vous ne les croyiez point ; comment croirez-vous si je vous dis des choses célestes ?

13 Car personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, savoir le Fils de l’homme qui est au ciel.

14 Or comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé ;

15 afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

16 Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

17 Car Dieu n’a point envoyé son Fils au monde pour condamner le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui.

18 Celui qui croit en lui ne sera point condamné ; mais celui qui ne croit point est déjà condamné ; parce qu’il n’a point cru au nom du Fils unique de Dieu.

19 Or c’est ici le sujet de la condamnation, que la lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

20 Car quiconque s’adonne à des choses mauvaises, hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient censurées.

21 Mais celui qui s’adonne à la vérité, vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites selon Dieu.

22 Après ces choses, Jésus vint avec ses disciples au pays de Judée ; et il demeurait là avec eux, et baptisait.

23 Or Jean baptisait aussi en Enon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau ; et on venait là, et on y était baptisé.

24 Car Jean n’avait pas encore été mis en prison.

25 Or il y eut une question mue par les disciples de Jean avec les Juifs, touchant la purification.

26 Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Maître, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, et à qui tu as rendu témoignage, voilà, il baptise, et tous viennent à lui.

27 Jean répondit, et dit : L’homme ne peut recevoir aucune chose, si elle ne lui est donnée du ciel.

28 Vous-mêmes m’êtes témoins que j’ai dit : Ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais je suis envoyé devant lui.

29 Celui qui possède l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux qui assiste, et qui l’entend, est tout réjoui par la voix de l’époux ; c’est pourquoi cette joie que j’ai, est accomplie.

30 Il faut qu’il croisse, et que je diminue.

31 Celui qui est venu d’en haut, est au-dessus de tous ; celui qui est venu de la terre, est de la terre, et il parle comme venu de la terre ; celui qui est venu du ciel, est au-dessus de tous.

32 Et ce qu’il a vu et ouï, il le témoigne ; mais personne ne reçoit son témoignage.

33 Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est véritable.

34 Car celui que Dieu a envoyé annonce les paroles de Dieu ; car Dieu ne lui donne point l’esprit par mesure.

35 Le Père aime le Fils, et il lui a donné toutes choses en main.

36 Qui croit au Fils, a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils, ne verra point la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui.

CHAP. IV.

Jésus-Christ s’entretient avec la Samaritaine ; plusieurs croient en lui, comme aussi un seigneur dont il guérit le fils.


OR quand le Seigneur eut connu que les pharisiens avaient ouï dire qu’il faisait et baptisait plus de disciples que Jean ;

2 toutefois Jésus ne baptisait point lui-même, mais c’étaient ses disciples ;

3 il laissa la Judée, et s’en alla encore en Galilée.

4 Or il fallait qu’il traversât par la Samarie.

5 Il vint donc en une ville de Samarie, nommée Sichar, qui est près de la possession que Jacob donna à Joseph son fils.

6 Or il y avait là une fontaine de Jacob ; et Jésus étant lassé du chemin, se tenait là assis sur la fontaine ; c’était environ les six heures.

7 Et une femme samaritaine étant venue pour puiser de l’eau, Jésus lui dit : Donne-moi à boire.

8 Car ses disciples s’en étaient allés à la ville pour acheter des vivres.

9 Mais cette femme samaritaine lui dit : Comment, toi qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? car les Juifs n’ont point de communication avec les Samaritains.

10 Jésus répondit, et lui dit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui en eusses demandé toi-même, et il t’eût donné de l’eau vive.

11 La femme lui dit : Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où as-tu donc cette eau vive ?

12 Es-tu plus grand que Jacob notre père, qui nous a donné le puits, et lui-même en a bu, et ses enfans, et son bétail ?

13 Jésus répondit, et lui dit : Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ;

14 mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif ; mais l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une fontaine d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.

15 La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici puiser de l’eau.

16 Jésus lui dit : Va, et appelle ton mari, et viens ici.

17 La femme répondit, et lui dit : Je n’ai point de mari. Jésus lui dit : Tu as bien dit, je n’ai point de mari ;

18 car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est point ton mari ; en cela tu as dit la vérité.

19 La femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es un prophète.

20 Nos pères ont adoré sur cette montagne-là, et vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer.

21 Jésus lui dit : Femme, crois-moi ; l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem.

22 Vous adorez ce que vous ne connaissez point ; nous adorons ce que nous connaissons ; car le salut vient des Juifs.

23 Mais l’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en demande de tels qui l’adorent.

24 Dieu est esprit ; et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.

25 La femme lui répondit : Je sais que le Messie, c’est-à-dire le Christ, doit venir ; quand donc il sera venu, il nous annoncera toutes choses.

26 Jésus lui dit : C’est moi-même qui parle avec toi.

27 Sur cela ses disciples vinrent, et ils s’étonnèrent de ce qu’il parlait avec une femme ; toutefois nul ne dit : Que demandes-tu ? ou pourquoi parles-tu avec elle ?

28 La femme donc laissa sa cruche et s’en alla à la ville, et elle dit aux habitans :

29 Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il point le Christ ?

30 Ils sortirent donc de la ville, et vinrent vers lui.

31 Cependant les disciples le priaient, disant : Maître, mange.

32 Mais il leur dit : J’ai à manger d’une viande que vous ne savez point.

33 Sur quoi les disciples disaient entre eux : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ?

34 Jésus leur dit : Ma viande est que je fasse la volonté de celui qui m’a envoyé, et que j’accomplisse son œuvre.

35 Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois, et la moisson viendra ? Voici, je vous dis : Levez vos yeux, et regardez les campagnes, car elles sont déjà blanches pour être moissonnées.

36 Or celui qui moissonne reçoit le salaire, et assemble le fruit en vie éternelle ; afin que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble.

37 Or ce que l’on dit d’ordinaire, que l’un sème, et l’autre moissonne, est vrai en ceci,

38 que je vous ai envoyés moissonner ce en quoi vous n’avez point travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail.

39 Or plusieurs des Samaritains de cette ville-là crurent en lui, pour la parole de la femme, qui avait rendu ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait.

40 Quand donc les Samaritains furent venus vers lui, ils le prièrent de demeurer avec eux ; et il demeura là deux jours.

41 Et beaucoup plus de gens crurent pour sa parole ;

42 et ils disaient à la femme : Ce n’est plus pour ta parole que nous croyons ; car nous-mêmes l’avons entendu, et nous savons que celui-ci est véritablement le Christ, le Sauveur du monde.

43 Or deux jours après il partit de là, et s’en alla en Galilée.

44 Car Jésus avait rendu témoignage qu’un prophète n’est point honoré en son pays.

45 Quand donc il fut venu en Galilée, les Galiléens le reçurent, ayant vu toutes les choses qu’il avait faites à Jérusalem le jour de la fête ; car eux aussi étaient venus à la fête.

46 Jésus donc vint encore à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or il y avait à Capernaüm un seigneur de la cour, duquel le fils était malade ;

47 qui ayant entendu que Jésus était venu de Judée en Galilée, s’en alla vers lui, et le pria de descendre pour guérir son fils ; car il s’en allait mourir.

48 Mais Jésus lui dit : Si vous ne voyez des prodiges et des miracles, vous ne croyez point.

49 Et ce seigneur de la cour lui dit : Seigneur, descends avant que mon fils meure.

50 Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla.

51 Et comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui apportèrent des nouvelles, disant : Ton fils vit.

52 Et il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux, et ils lui dirent : Hier sur les sept heures la fièvre le quitta.

53 Le père donc connut que c’était à cette même heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit. Et il crut avec toute sa maison.

54 Jésus fit encore ce second miracle, quand il fut venu de Judée en Galilée.

CHAP. V.

Jésus-Christ guérit un paralytique au sabbat, et dispute sur cela et sur sa personne, etc., contre les Juifs.


APRES ces choses, il y avait une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem.

2 Or il y a à Jérusalem, au marché aux brebis, un lavoir appelé en hébreu Béthesda, ayant cinq portiques ;

3 dans lesquels étaient couchés un grand nombre de malades, d’aveugles, de boiteux, et de gens qui avaient les membres secs, attendant le mouvement de l’eau.

4 Car un ange descendait en certain temps au lavoir, et troublait l’eau ; et alors le premier qui descendait au lavoir après que l’eau en avait été troublée, était guéri, de quelque maladie qu’il fût détenu.

5 Or il y avait là un homme malade depuis trente-huit ans.

6 Et Jésus le voyant couché par terre, et connaissant qu’il avait déjà été là long-temps, lui dit : Veux-tu être guéri ?

7 Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne qui me jette au lavoir quand l’eau est troublée ; et pendant que j’y viens, un autre y descend avant moi.

8 Jésus lui dit : Lève-toi, charge ton petit lit, et marche.

9 Et sur-le-champ l’homme fut guéri, et chargea son petit lit, et il marchait. Or c’était un jour de sabbat.

10 Les Juifs donc dirent à celui qui avait été guéri : C’est un jour de sabbat ; il ne t’est pas permis de charger ton petit lit.

11 Il leur répondit : Celui qui m’a guéri m’a dit : Charge ton petit lit, et marche.

12 Alors ils lui demandèrent : Qui est celui qui t’a dit : Charge ton petit lit, et marche ?

13 Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ; car Jésus s’était éclipsé du milieu de la foule qui était en ce lieu-là.

14 Depuis, Jésus le trouva au temple, et lui dit : Voici, tu as été guéri ; ne péche plus désormais, de peur que pis ne t’arrive.

15 Cet homme s’en alla, et rapporta aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.

16 C’est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus, et cherchaient à le faire mourir, parce qu’il avait fait ces choses le jour du sabbat.

17 Mais Jésus leur répondit : Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et je travaille aussi.

18 Et à cause de cela les Juifs tâchaient encore plus de le faire mourir, parce que non seulement il avait violé le sabbat, mais aussi parce qu’il disait que Dieu était son propre Père, se faisant égal à Dieu.

19 Mais Jésus répondit, et leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis que le Fils ne peut rien faire de soi-même, sinon qu’il le voie faire au Père ; car quelque chose que le Père fasse, le Fils aussi le fait de même.

20 Car le Père aime le Fils, et lui montre toutes les choses qu’il fait ; et il lui montrera de plus grandes œuvres que celle-ci, afin que vous en soyez dans l’admiration.

21 Car comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut.

22 Car le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils ;

23 afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père ; celui qui n’honore point le Fils, n’honore point le Père qui l’a envoyé.

24 En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne sera point exposé à la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie.

25 En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est même déjà venue, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront.

26 Car comme le Père a la vie en soi-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en soi-même.

27 Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est le Fils de l’homme.

28 Ne soyez point étonnés de cela ; car l’heure viendra, en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix.

29 Et ils sortiront, savoir, ceux qui auront bien fait, en résurrection de vie ; et ceux qui auront mal fait, en résurrection de condamnation.

30 Je ne puis rien faire de moi-même ; je juge conformément à ce que j’entends, et mon jugement est juste ; car je ne cherche point ma volonté, mais la volonté du Père qui m’a envoyé.

31 Si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas digne de foi.

32 C’est un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu’il rend de moi est digne de foi.

33 Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.

34 Or je ne cherche point le témoignage des hommes ; mais je dis ces choses afin que vous soyez sauvés.

35 Il était une lampe ardente et brillante ; et vous avez voulu vous réjouir pour un peu de temps en sa lumière.

36 Mais moi j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que mon Père m’a données pour les accomplir, ces œuvres même que je fais témoignent de moi que mon Père m’a envoyé.

37 Et le Père qui m’a envoyé, a lui-même rendu témoignage de moi ; jamais vous n’ouïtes sa voix, ni ne vîtes sa face.

38 Et vous n’avez point sa parole demeurante en vous, puisque vous ne croyez point à celui qu’il a envoyé.

39 Enquérez-vous diligemment des écritures ; car vous estimez avoir par elles la vie éternelle, et ce sont elles qui portent témoignage de moi.

40 Mais vous ne voulez point venir à moi pour avoir la vie.

41 Je ne tire point ma gloire des hommes.

42 Mais je connais bien que vous n’avez point l’amour de Dieu en vous.

43 Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez point ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez.

44 Comment pouvez-vous croire, puisque vous cherchez la gloire l’un de l’autre, et que vous ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ?

45 Ne croyez point que je vous doive accuser devant mon Père ; Moïse, sur qui vous vous fondez, est celui qui vous accusera.

46 Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, vu qu’il a écrit de moi.

47 Mais si vous ne croyez point à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?

CHAP. VI.

Jésus-Christ rassasie cinq mille hommes de cinq pains ; marche sur l’eau, et s’entretient avec le peuple sur le vrai pain du ciel, etc.


APRES ces choses, Jésus s’en alla au-delà de la mer de Galilée, qui est la mer de Tibériade.

2 Et de grandes troupes le suivaient, à cause qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait en ceux qui étaient malades.

3 Mais Jésus monta sur une montagne, et il s’assit là avec ses disciples.

4 Or le jour de Pâque, qui était la fête des Juifs, était proche.

5 Et Jésus ayant levé les yeux, et voyant que de grandes troupes venaient à lui, dit à Philippe : D’où acheterons-nous des pains, afin que ceux-ci aient à manger ?

6 Or il disait cela pour l’éprouver ; car il savait bien ce qu’il devait faire.

7 Philippe lui répondit : Quand nous aurions pour deux cents deniers de pain, cela ne leur suffirait pas, quoique chacun d’eux n’en prît que tant soit peu.

8 Et l’un de ses disciples, savoir, André, frère de Simon-Pierre, lui dit :

9 Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ?

10 Alors Jésus dit : Faites asseoir les gens (or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu-là) ; les gens donc s’assirent au nombre d’environ cinq mille.

11 Et Jésus prit les pains ; et après avoir rendu grâces, il les distribua aux disciples, et les disciples à ceux qui étaient assis, et de même des poissons, autant qu’ils en voulaient.

12 Et après qu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Amassez les pièces qui sont de reste, afin que rien ne soit perdu.

13 Ils les amassèrent donc, et ils remplirent douze corbeilles de pièces de cinq pains d’orge, qui étaient demeurées de reste à ceux qui en avaient mangé.

14 Or ces gens ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète qui devait venir au monde.

15 Mais Jésus ayant connu qu’ils devaient venir l’enlever, afin de le faire roi, se retira encore tout seul en la montagne.

16 Et quand le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer.

17 Et étant montés dans la nacelle, ils passaient au-delà de la mer vers Capernaüm ; et il était déjà nuit, que Jésus n’était pas encore venu à eux.

18 Et la mer s’éleva par un grand vent qui soufflait.

19 Mais après qu’ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer, et s’approchant de la nacelle ; et ils eurent peur.

20 Mais il leur dit : C’est moi ; ne craignez point.

21 Ils le reçurent donc avec plaisir dans la nacelle, et aussitôt la nacelle prit terre au lieu où ils allaient.

22 Le lendemain les troupes qui étaient demeurées de l’autre côté de la mer, voyant qu’il n’y avait point là d’autre nacelle que celle-là seule dans laquelle ses disciples étaient entrés, et que Jésus n’était point entré avec ses disciples dans la nacelle, mais que ses disciples s’en étaient allés seuls ;

23 et d’autres nacelles étant venues de Tibériade près du lieu où ils avaient mangé le pain, après que le Seigneur eut rendu grâces ;

24 ces troupes donc qui voyaient que Jésus n’était point là, ni ses disciples, montèrent aussi dans ces nacelles, et vinrent à Capernaüm, cherchant Jésus.

25 Et l’ayant trouvé au-delà de la mer, ils lui dirent : Maître, quand es-tu arrivé ici ?

26 Jésus leur répondit, et leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis, vous me cherchez non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains, et que vous avez été rassasiés.

27 Travaillez, non point après la viande qui périt, mais après celle qui est permanente jusque dans la vie éternelle, laquelle le Fils de l’homme vous donnera ; car le Père, savoir Dieu, l’a approuvé de son cachet.

28 Ils lui dirent donc : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ?

29 Jésus répondit, et leur dit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.

30 Alors ils lui dirent : Quel miracle fais-tu donc, afin que nous le voyions, et que nous te croyions ? Quelle œuvre fais-tu ?

31 Nos pères ont mangé la manne au désert, selon ce qui est écrit : Il leur a donné à manger le pain du ciel.

32 Mais Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel ;

33 car le pain de Dieu c’est celui qui est descendu du ciel, et qui donne la vie au monde.

34 Ils lui dirent donc : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là.

35 Et Jésus leur dit : Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura point de faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif.

36 Mais je vous ai dit que vous m’avez vu, et cependant vous ne croyez point.

37 Tout ce que mon Père me donne, viendra à moi, et je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi.

38 Car je suis descendu du ciel non point pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.

39 Et c’est ici la volonté du Père qui m’a envoyé, que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour.

40 Et c’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé, que quiconque contemple le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; c’est pourquoi je le ressusciterai au dernier jour.

41 Or les Juifs murmuraient contre lui de ce qu’il avait dit : Je suis le pain descendu du ciel.

42 Car ils disaient : N’est-ce pas ici Jésus, le fils de Joseph, duquel nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit celui-ci : Je suis descendu du ciel ?

43 Jésus donc répondit, et leur dit : Ne murmurez point entre vous.

44 Nul ne peut venir à moi, si le Père, qui m’a envoyé, ne le tire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

45 Il est écrit dans les prophètes : Et ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque donc a écouté le Père, et a été instruit de ses intentions, vient à moi.

46 Non point qu’aucun ait vu le Père, sinon celui qui est de Dieu, celui-là a vu le Père.

47 En vérité, en vérité, je vous dis, qui croit en moi a la vie éternelle.

48 Je suis le pain de vie.

49 Vos pères ont mangé la manne au désert, et ils sont morts.

50 C’est ici le pain qui est descendu du ciel, afin que si quelqu’un en mange, il ne meure point.

51 Je suis le pain vivifiant qui suis descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai c’est ma chair, laquelle je donnerai pour la vie du monde.

52 Les Juifs donc disputaient entre eux, et disaient : Comment celui-ci nous peut-il donner sa chair à manger ?

53 Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis que si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes.

54 Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour.

55 Car ma chair est une véritable nourriture, et mon sang est un véritable breuvage.

56 Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.

57 Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je suis vivant par le Père ; ainsi celui qui me mangera, vivra aussi par moi.

58 C’est ici le pain qui est descendu du ciel, non point comme vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; celui qui mangera ce pain vivra éternellement.

59 Il dit ces choses dans la synagogue, enseignant à Capernaüm.

60 Et plusieurs de ses disciples l’ayant entendu, dirent : Cette parole est dure, qui peut l’ouïr ?

61 Mais Jésus sachant en lui-même que ses disciples murmuraient de cela, leur dit : Ceci vous scandalise-t-il ?

62 Que sera-ce donc si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était premièrement ?

63 C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne profite de rien, les paroles que je vous dis sont esprit et vie.

64 Mais il y en a plusieurs entre vous qui ne croient point ; car Jésus savait dès le commencement qui seraient ceux qui ne croiraient point, et qui serait celui qui le trahirait.

65 Il leur dit donc : C’est pour cela que je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, s’il ne lui est donné de mon Père.

66 Dès cette heure-là plusieurs de ses disciples l’abandonnèrent, et ils ne marchaient plus avec lui.

67 Et Jésus dit aux douze : Et vous ne voulez-vous point aussi vous en aller ?

68 Mais Simon-Pierre lui répondit : Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? tu as les paroles de la vie éternelle.

69 Et nous avons cru, et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

70 Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas choisis vous douze ? et toutefois l’un de vous est un démon.

71 Or il disait cela de Judas Iscariot, fils de Simon ; car c’était celui à qui il devait arriver de le trahir, quoiqu’il fût l’un des douze.

CHAP. VII.

Jésus-Christ suivant ses frères en cachette à Jérusalem, dispute avec les Juifs sur sa personne et sa doctrine.


APRES ces choses, Jésus demeurait en Galilée ; car il ne voulait point demeurer en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.

2 Or la fête des Juifs, appelée des tabernacles, était proche.

3 Et ses frères lui dirent : Pars d’ici, et t’en va en Judée, afin que tes disciples aussi contemplent les œuvres que tu fais.

4 Car on ne fait rien en secret, lorsqu’on cherche de se porter franchement ; si tu fais ces choses-ci, montre-toi toi-même au monde.

5 Car ses frères mêmes ne croyaient point en lui.

6 Et Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt.

7 Le monde ne peut pas vous avoir en haine, mais il me hait, parce que je rends témoignage contre lui que ses œuvres sont mauvaises.

8 Montez vous autres à cette fête ; pour moi je ne monte point encore à cette fête, parce que mon temps n’est pas encore accompli.

9 Et leur ayant dit ces choses, il demeura en Galilée.

10 Mais comme ses frères furent montés, alors il monta aussi à la fête non point publiquement, mais comme en secret.

11 Or les Juifs le cherchaient à la fête, et ils disaient : Où est-il ?

12 Et il y avait un grand murmure sur son sujet parmi les troupes. Les uns disaient : Il est homme de bien ; et les autres disaient : Non, mais il séduit le peuple.

13 Toutefois personne ne parlait franchement de lui, à cause de la crainte qu’on avait des Juifs.

14 Et comme la fête était déjà à demi passée, Jésus monta au temple, et il enseignait.

15 Et les Juifs s’en étonnaient, disant : Comment celui-ci sait-il les écritures, vu qu’il ne les a point apprises ?

16 Jésus leur répondit, et dit : Ma doctrine n’est pas mienne, mais elle est de celui qui m’a envoyé.

17 Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine, savoir, si elle est de Dieu, ou si je parle de moi-même.

18 Celui qui parle de soi-même, cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, est véritable, et il n’y a point d’injustice en lui.

19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? et cependant nul de vous n’observe la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ?

20 Les troupes répondirent : Tu as un démon ; qui est-ce qui cherche à te faire mourir ?

21 Jésus répondit, et leur dit : J’ai fait une œuvre, et vous vous en êtes tous étonnés.

22 Et vous, parce que Moïse vous a donné la circoncision, laquelle n’est pourtant pas de Moïse, mais des pères, vous circoncisez bien un homme le jour du sabbat.

23 Si donc l’homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit point violée, êtes-vous fâchés contre moi de ce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ?

24 Ne jugez point sur les apparences, mais jugez suivant l’équité.

25 Alors quelques-uns de ceux de Jérusalem disaient : N’est-ce pas celui qu’ils cherchent à faire mourir ?

26 Et cependant voici, il parle librement, et ils ne lui disent rien ; les gouverneurs auraient-ils connu certainement que celui-ci est véritablement le Christ ?

27 Or nous savons bien d’où est celui-ci ; mais quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est.

28 Jésus donc criait dans le temple, enseignant et disant : Et vous me connaissez, et vous savez d’où je suis. Et je ne suis point venu de moi-même ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez point.

29 Mais moi, je le connais ; car je suis issu de lui, et c’est lui qui m’a envoyé.

30 Alors ils cherchaient à le prendre ; mais personne ne mit les mains sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

31 Et plusieurs d’entre les troupes crurent en lui, et ils disaient : Quand le Christ sera venu, fera-t-il plus de miracles que celui-ci n’a faits ?

32 Les pharisiens entendirent la troupe murmurant ces choses de lui ; et les pharisiens avec les principaux sacrificateurs envoyèrent des huissiers pour le prendre.

33 Et Jésus leur dit : Je suis encore pour un peu de temps avec vous, puis je m’en vais à celui qui m’a envoyé.

34 Vous me chercherez, mais vous ne me trouverez point ; et là où je serai, vous n’y pouvez venir.

35 Les Juifs donc dirent entre eux : Où doit-il aller que nous ne le trouverons point ? Doit-il aller vers ceux qui sont dispersés parmi les Grecs, et enseigner les Grecs ?

36 Quel est ce discours qu’il a tenu : Vous me chercherez, mais vous ne me trouverez point ; là où je serai, vous n’y pouvez venir ?

37 Et en la dernière et grande journée de la fête, Jésus se trouva là, criant, et disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.

38 Celui qui croit en moi, selon ce que dit l’écriture, des fleuves d’eau vive découleront de son ventre.

39 (Or il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car le Saint-Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié.)

40 Plusieurs donc de la troupe ayant entendu ce discours, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète.

41 Les autres disaient : Celui-ci est le Christ. Et les autres disaient : Mais le Christ viendra-t-il de Galilée ?

42 L’écriture ne dit-elle pas que le Christ viendra de la semence de David, et de la bourgade de Bethléhem où demeurait David ?

43 Il y eut donc de la division entre le peuple à cause de lui.

44 Et quelques-uns d’entre eux voulaient le saisir, mais personne ne mit les mains sur lui.

45 Ainsi les huissiers s’en retournèrent vers les principaux sacrificateurs et les pharisiens, qui leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous point amené ?

46 Les huissiers répondirent : Jamais homme ne parla comme cet homme.

47 Mais les pharisiens leur répondirent : N’avez-vous point été séduits, vous aussi ?

48 Aucun des gouverneurs ou des pharisiens a-t-il cru en lui ?

49 Mais cette populace, qui ne sait ce que c’est que la loi, est plus qu’exécrable.

50 Nicodème (celui qui était venu vers Jésus de nuit, et qui était l’un d’entre eux,) leur dit :

51 Notre loi juge-t-elle un homme avant de l’avoir entendu, et d’avoir connu ce qu’il a fait ?

52 Ils répondirent, et lui dirent : N’es-tu pas aussi de Galilée ? enquiers-toi, et sache qu’aucun prophète n’a été suscité de Galilée.

53 Et chacun s’en alla en sa maison.

CHAP. VIII.

Jésus-Christ laissant la femme surprise en adultère, dispute avec les Juifs sur son témoignage de soi-même, d’Abraham et d’eux.


MAIS Jésus s’en alla à la montagne des Oliviers.

2 Et à la pointe du jour il vint encore au temple, et tout le peuple vint à lui, et s’étant assis, il les enseignait.

3 Et les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère ; et, l’ayant placée au milieu,

4 ils lui dirent : Maître, cette femme a été surprise sur le fait même commettant adultère.

5 Or Moïse nous a commandé dans la loi de lapider celles qui sont dans son cas ; toi donc qu’en dis-tu ?

6 Or ils disaient cela pour l’éprouver, afin qu’ils eussent de quoi l’accuser. Mais Jésus, s’étant penché en bas, écrivait avec son doigt sur la terre.

7 Et comme ils continuaient à l’interroger, s’étant relevé, il leur dit : Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle.

8 Et, s’étant encore baissé, il écrivait sur la terre.

9 Or quand ils eurent entendu cela, étant condamnés par leur conscience, ils sortirent un à un, en commençant depuis les plus anciens jusqu’aux derniers ; de sorte que Jésus demeura seul avec la femme qui était là au milieu.

10 Alors Jésus s’étant relevé, et ne voyant personne que la femme, il lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Nul ne t’a-t-il condamnée ?

11 Elle dit : Nul, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus ; va, et ne péche plus.

12 Et Jésus leur parla encore, en disant : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.

13 Alors les pharisiens lui dirent : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n’est pas digne de foi.

14 Jésus répondit, et leur dit : Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est digne de foi ; car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous ne savez d’où je viens, ni où je vais.

15 Vous jugez selon la chair ; mais moi, je ne juge personne.

16 Que si même je juge, mon jugement est digne de foi ; car je ne suis point seul ; mais il y a et moi et le Père qui m’a envoyé.

17 Il est même écrit dans votre loi, que le témoignage de deux hommes est digne de foi.

18 Je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m’a envoyé rend aussi témoignage de moi.

19 Alors ils lui dirent : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père.

20 Jésus dit ces paroles dans la trésorerie, enseignant au temple ; mais personne ne le saisit, parce que son heure n’était pas encore venue.

21 Et Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez : mais vous mourrez en votre péché ; là où je vais, vous n’y pouvez venir.

22 Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il lui-même, qu’il dise : Là où je vais, vous n’y pouvez venir.

23 Alors il leur dit : Vous êtes d’en bas, mais moi, je suis d’en haut ; vous êtes de ce monde, mais moi, je ne suis point de ce monde.

24 C’est pourquoi je vous ai dit : Que vous mourrez en vos péchés ; car si vous ne croyez que je suis l’envoyé de Dieu, vous mourrez en vos péchés.

25 Alors ils lui dirent : Toi, qui es-tu ? Et Jésus leur dit : Ce que je vous dis dès le commencement.

26 J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et les choses que j’ai ouïes de lui, je les dis au monde.

27 Ils ne connurent point qu’il leur parlait du Père.

28 Jésus donc leur dit : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez alors que je suis l’envoyé de Dieu, et que je ne fais rien de moi-même ; mais que je dis ces choses ainsi que mon Père m’a enseigné.

29 Car celui qui m’a envoyé est avec moi ; le Père ne m’a point laissé seul, parce que je fais toujours les choses qui lui plaisent.

30 Comme il disait ces choses, plusieurs crurent en lui.

31 Et Jésus disait aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous persistez en ma parole, vous serez vraiment mes disciples.

32 Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.

33 Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et jamais nous ne servîmes personne ; comment donc dis-tu : Vous serez rendus libres ?

34 Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous dis : Quiconque fait le péché, est esclave du péché.

35 Or l’esclave ne demeure point toujours dans la maison ; le fils y demeure toujours.

36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres.

37 Je sais que vous êtes la postérité d’Abraham ; mais pourtant vous tâchez de me faire mourir, parce que ma parole n’est pas reçue dans vos cœurs.

38 Je vous dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous aussi vous faites les choses que vous avez vues chez votre père.

39 Ils répondirent, et lui dirent : Notre père, c’est Abraham. Jésus leur dit : Si vous étiez enfans d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham.

40 Mais maintenant vous tâchez de me faire mourir, moi qui suis un homme qui vous ai dit la vérité, laquelle j’ai ouïe de Dieu : Abraham n’a point fait cela.

41 Vous faites les actions de votre père. Et ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfans bâtards ; nous avons un père qui est Dieu.

42 Mais Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, certes vous m’aimeriez, puisque je suis issu de Dieu, et que je viens de lui ; car je ne suis point venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé.

43 Pourquoi n’entendez-vous point mon langage ? C’est parce que vous ne pouvez pas écouter ma parole.

44 Le père dont vous êtes issus c’est le démon, et vous voulez faire les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il n’a point persévéré dans la vérité, car la vérité n’est point en lui. Toutes les fois qu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge.

45 Mais pour moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez point.

46 Qui est celui d’entre vous qui me reprendra de péché ? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous point ?

47 Celui qui est de Dieu, entend les paroles de Dieu ; mais vous ne les entendez point, parce que vous n’êtes point de Dieu.

48 Alors les Juifs répondirent, et lui dirent : Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as un démon ?

49 Jésus répondit : Je n’ai point un démon ; mais j’honore mon Père, et vous me déshonorez.

50 Or je ne cherche point ma gloire ; il y en a un qui la cherche, et qui en juge.

51 En vérité, en vérité, je vous dis que si quelqu’un garde ma parole, il ne mourra point.

52 Les Juifs donc lui dirent : Maintenant nous connaissons que tu as un démon ; Abraham est mort, et les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne mourra point.

53 Es-tu plus grand que notre père Abraham qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts : qui te fais-tu toi-même ?

54 Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; mon Père est celui qui me glorifie, celui duquel vous dites qu’il est votre Dieu.

55 Toutefois vous ne l’avez point connu, mais moi, je le connais ; et si je dis que je ne le connais point, je serai menteur, semblable à vous ; mais je le connais, et je garde sa parole.

56 Abraham, votre père, a tressailli de joie de voir cette mienne journée ; et il l’a vue, et s’en est réjoui.

57 Sur cela les Juifs lui dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham !

58 Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Avant qu’Abraham fût, je suis.

59 Alors ils levèrent des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple, ayant passé au travers d’eux ; et ainsi il s’en alla.

CHAP. IX.

Jésus-Christ guérit au sabbat un aveugle-né, qui sur cela examiné et chassé des pharisiens, croit en lui, etc.


ET comme Jésus passait, il vit un homme aveugle dès sa naissance.

2 Et ses disciples l’interrogèrent, disant : Maître, qui a péché ? Celui-ci, ou son père, ou sa mère, pour être ainsi né aveugle ?

3 Jésus répondit : Ni celui-ci n’a péché, ni son père, ni sa mère ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.

4 Il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour ; la nuit vient en laquelle personne ne peut travailler.

5 Pendant que je suis au monde, je suis la lumière du monde.

6 Ayant dit ces paroles, il cracha en terre, et fit de la boue avec sa salive, et mit de cette boue sur les yeux de l’aveugle.

7 Et lui dit : Va, et te lave au réservoir de Siloé (qui veut dire envoyé) ; il y alla donc, et se lava, et il revint voyant.

8 Or, les voisins, et ceux qui auparavant avaient vu qu’il était aveugle, disaient : N’est-ce pas celui qui était assis, et qui mendiait ?

9 Les uns disaient : C’est lui ; et les autres disaient : Il lui ressemble ; mais lui, il disait : C’est moi-même.

10 Ils lui dirent donc : Comment ont été ouverts tes yeux ?

11 Il répondit, et dit : Cet homme qu’on appelle Jésus, a fait de la boue, et il l’a mise sur mes yeux, et m’a dit : Va au réservoir de Siloé, et te lave ; après donc que j’y suis allé, et que je me suis lavé, j’ai recouvré la vue.

12 Alors ils lui dirent : Où est cet homme-là ? Il dit : Je ne sais.

13 Ils amenèrent aux pharisiens celui qui auparavant avait été aveugle.

14 Or, c’était en un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue, et qu’il avait ouvert les yeux de l’aveugle.

15 C’est pourquoi les pharisiens l’interrogèrent encore, comment il avait reçu la vue, et il leur dit : Il a mis de la boue sur mes yeux, et je me suis lavé, et je vois.

16 Sur quoi quelques-uns d’entre les pharisiens dirent : Cet homme n’est point un envoyé de Dieu, car il ne garde point le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un méchant homme pourrait-il faire de tels prodiges ? Et il y avait de la division entre eux.

17 Ils dirent encore à l’aveugle : Toi, que dis-tu de lui, sur ce qu’il t’a ouvert les yeux ? Il répondit : C’est un prophète.

18 Mais les Juifs ne crurent point que cet homme eût été aveugle, et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent appelé le père et la mère de celui qui avait recouvré la vue.

19 Et ils les interrogèrent, disant : Est-ce ici votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?

20 Son père et sa mère leur répondirent, et dirent : Nous savons que c’est ici notre fils, et qu’il est né aveugle ;

21 mais comment il voit maintenant, ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons point ; il a de l’âge, interrogez-le, il parlera de ce qui le regarde.

22 Son père et sa mère dirent ces choses, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car les Juifs avaient déjà arrêté que si quelqu’un l’avouait être le Christ, il serait chassé de la synagogue.

23 Pour cette raison, son père et sa mère dirent : Il a de l’âge, interrogez-le lui-même.

24 Ils appelèrent donc pour la seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : Donne gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un méchant.

25 Il répondit, et dit : Je ne sais point s’il est méchant ; mais je sais bien une chose, c’est que j’étais aveugle, et maintenant je vois.

26 Ils lui dirent donc encore : Que t’a-t-il fait ? Comment a-t-il ouvert tes yeux ?

27 Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous ne l’avez point écouté. Pourquoi le voulez-vous encore ouïr ? voulez-vous aussi être ses disciples ?

28 Alors ils l’injurièrent, et lui dirent : Toi, sois son disciple ; pour nous, nous sommes les disciples de Moïse.

29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais pour celui-ci, nous ne savons d’où il est.

30 L’homme répondit, et leur dit : Certes, c’est une chose étrange que vous ne sachiez point d’où il est ; et toutefois il a ouvert mes yeux.

31 Or, nous savons que Dieu n’exauce point les méchans ; mais si quelqu’un est le serviteur de Dieu, et fait sa volonté, Dieu l’exauce.

32 On n’a jamais ouï dire que personne ait ouvert les yeux d’un aveugle-né.

33 Si celui-ci n’était point un envoyé de Dieu, il ne pourrait rien faire de semblable.

34 Ils répondirent et lui dirent : Tu es entièrement né dans le péché, et tu nous enseignes ! Et ils le chassèrent dehors.

35 Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé dehors ; et l’ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ?

36 Cet homme lui répondit, et dit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ?

37 Jésus lui dit : Tu l’as vu et c’est celui qui te parle.

38 Alors il dit : J’y crois Seigneur ; et il l’adora.

39 Et Jésus dit : Je suis venu en ce monde pour exercer le jugement, afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.

40 Ce que quelques-uns d’entre les pharisiens qui étaient avec lui, ayant entendu, ils lui dirent : Et nous, sommes-nous aussi aveugles ?

41 Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez point de péché ; mais maintenant vous dites : Nous voyons ; et c’est à cause de cela que votre péché demeure.

CHAP. X.

Jésus-Christ se dit le seul bon berger et le Fils de Dieu, sur quoi les Juifs disputent avec lui et le menacent.


EN vérité, en vérité, je vous dis que celui qui n’entre point par la porte dans la bergerie des brebis, mais y monte par ailleurs, est un larron et un voleur.

2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis.

3 Le portier ouvre à celui-là, et les brebis entendent sa voix ; et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors.

4 Et quand il a mis ses brebis dehors, il va devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.

5 Mais elles ne suivront point un étranger ; au contraire, elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent point la voix des étrangers.

6 Jésus leur dit cette parabole ; mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait.

7 Jésus donc leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous dis que je suis la porte par où entrent les brebis.

8 Tout autant qu’il en est venu avant moi, sont des larrons et des voleurs ; mais les brebis ne les ont point écoutés.

9 Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et sortira, et il trouvera de la pâture.

10 Le larron ne vient que pour dérober, et pour tuer et détruire ; je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient même en abondance.

11 Je suis le bon berger ; le bon berger met sa vie pour ses brebis.

12 Mais le mercenaire, et celui qui n’est point berger, à qui n’appartiennent point les brebis, voyant venir le loup, abandonne les brebis, et s’enfuit ; et le loup ravit et disperse les brebis.

13 Ainsi le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se soucie point des brebis.

14 Je suis le bon berger, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent.

15 Comme le Père me connaît, je connais aussi le Père, et je donne ma vie pour mes brebis.

16 J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; et il me les faut aussi amener, et elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul berger.

17 A cause de ceci le Père m’aime, c’est que je laisse ma vie, afin que je la reprenne.

18 Personne ne me l’ôte, mais je la laisse de moi-même ; j’ai la puissance de la laisser, et la puissance de la reprendre ; j’ai reçu ce commandement de mon Père.

19 Il y eut encore de la division parmi les Juifs à cause de ces discours.

20 Car plusieurs disaient : Il a un démon, et il est hors du sens ; pourquoi l’écoutez-vous ?

21 Et les autres disaient : Ces paroles ne sont point d’un démoniaque ; le démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?

22 Or la fête de la dédicace se fit à Jérusalem, et c’était en hiver.

23 Et Jésus se promenait dans le temple, au portique de Salomon.

24 Et les Juifs l’environnèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiens-tu notre âme en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement.

25 Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne le croyez point : les œuvres que je fais au nom de mon Père, rendent témoignage de moi.

26 Mais vous ne croyez point, parce que vous n’êtes point de mes brebis, comme je vous l’ai dit.

27 Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent.

28 Et moi, je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main.

29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne les peut ravir des mains de mon Père.

30 Moi et le Père sommes un.

31 Alors les Juifs prirent encore des pierres pour le lapider.

32 Mais Jésus leur répondit : Je vous ai fait voir plusieurs bonnes œuvres de la part de mon Père ; pour laquelle donc de ces œuvres me lapidez-vous ?

33 Les Juifs répondirent, en lui disant : Nous ne te lapidons point pour aucune bonne œuvre, mais pour un blasphème ; et parce que, n’étant qu’un homme, tu te fais Dieu.

34 Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit en votre loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ?

35 Si elle a donc appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu est adressée, et cependant l’écriture ne peut être anéantie,

36 dites-vous que je blasphème, moi que le Père a sanctifié, et qu’il a envoyé au monde, parce que j’ai dit : Je suis le fils de Dieu ?

37 Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez point.

38 Mais si je les fais, et que vous ne vouliez pas me croire, croyez à ces œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi, et moi en lui.

39 A cause de cela ils cherchaient encore à le saisir ; mais il échappa de leurs mains.

40 Et il s’en alla encore au-delà du Jourdain, à l’endroit où Jean avait baptisé au commencement, et il demeura là.

41 Et plusieurs vinrent à lui, et ils disaient : Quant à Jean, il n’a fait aucun miracle ; mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci étaient véritables.

42 Et plusieurs crurent là en lui.

CHAP. XI.

Lazare, frère de Marie et de Marthe, mourant, est ressuscité par Jésus-Christ ; sur quoi le conseil des Juifs s’assemble.


OR il y avait un certain homme malade, appelé Lazare, qui était de Béthanie, la bourgade de Marie et de Marthe sa sœur.

2 Et Marie était celle qui oignit le Seigneur d’une huile odoriférante, et qui essuya ses pieds de ses cheveux ; et Lazare, qui était malade, était son frère.

3 Ses sœurs donc envoyèrent vers lui pour lui dire : Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.

4 Et Jésus l’ayant entendu, dit : Cette maladie n’est point à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.

5 Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare.

6 Et après qu’il eut entendu que Lazare était malade, il demeura deux jours au même lieu où il était.

7 Et après cela il dit à ses disciples : Retournons en Judée.

8 Les disciples lui dirent : Maître, il n’y a que peu de temps que les Juifs cherchaient à te lapider, et tu y vas encore !

9 Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche point ; car il voit la lumière de ce monde.

10 Mais si quelqu’un marche de nuit, il bronche ; car il n’y a point de lumière avec lui.

11 Il dit ces choses, et puis il leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais j’y vais pour l’éveiller.

12 Et ses disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri.

13 Or Jésus avait dit cela de sa mort ; mais ils pensaient qu’il parlait du dormir du sommeil.

14 Jésus leur dit donc alors ouvertement : Lazare est mort ;

15 et j’ai de la joie pour l’amour de vous de ce que je n’y étais point, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui.

16 Alors Thomas, appelé Didyme, dit à ses condisciples : Allons-y aussi, afin que nous mourions avec lui.

17 Jésus y étant donc arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours au sépulcre.

18 Or Béthanie n’était éloignée de Jérusalem que d’environ quinze stades.

19 Et plusieurs des Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler au sujet de leur frère.

20 Et quand Marthe eut ouï dire que Jésus venait, elle alla au-devant de lui ; mais Marie se tenait assise à la maison.

21 Et Marthe dit à Jésus : Seigneur, si tu eusses été ici mon frère ne fût pas mort.

22 Mais maintenant je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera.

23 Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera.

24 Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour.

25 Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, il vivra.

26 Et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela ?

27 Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir au monde.

28 Et quand elle eut dit cela, elle alla appeler secrètement Marie, sa sœur, en lui disant : Le Maître est ici, et il t’appelle.

29 Et aussitôt qu’elle l’eut entendu, elle se leva promptement, et s’en vint à lui.

30 Or Jésus n’était point encore venu à la bourgade ; mais il était au lieu où Marthe l’avait rencontré.

31 Alors les Juifs, qui étaient avec Marie à la maison, et qui la consolaient, ayant vu qu’elle s’était levée si promptement, et qu’elle était sortie, la suivirent, en disant : Elle s’en va au sépulcre pour y pleurer.

32 Quand donc Marie fut venue où était Jésus, l’ayant vu, elle se jeta à ses pieds, en lui disant : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.

33 Et quand Jésus la vit pleurer, de même que les Juifs qui étaient venus là avec elle, il frémit en son esprit, et s’émut.

34 Et il dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur, viens, et vois.

35 Et Jésus pleura.

36 Sur quoi les Juifs dirent : Voyez comme il l’aimait.

37 Et quelques-uns d’entre eux disaient : Celui-ci qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point ?

38 Alors Jésus frémissant encore en soi-même, vint au sépulcre (or c’était une grotte, et il y avait une pierre mise dessus).

39 Jésus dit : Levez la pierre. Mais Marthe, la sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà ; car il est depuis quatre jours.

40 Jésus lui dit : Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?

41 Ils levèrent donc la pierre de dessus le lieu où le mort était couché. Et Jésus levant ses yeux au ciel, dit : Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé.

42 Or je savais bien que tu m’exauces toujours ; mais je l’ai dit à cause des troupes qui sont autour de moi, afin qu’elles croient que tu m’as envoyé.

43 Et ayant dit ces choses, il cria à haute voix : Lazare, sors dehors.

44 Alors le mort sortit, ayant les mains et les pieds liés de bandes ; et son visage était enveloppé d’un couvre-chef. Jésus leur dit : Déliez-le, et laissez-le aller.

45 C’est pourquoi plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

46 Mais quelques-uns d’entre eux s’en allèrent aux pharisiens, et leur dirent les choses que Jésus avait faites.

47 Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le conseil, et ils dirent : Que faisons-nous, car cet homme fait beaucoup de miracles ?

48 Si nous le laissons faire, chacun croira en lui, et les Romains viendront, qui nous extermineront, nous, et le lieu, et la nation.

49 Alors l’un d’eux, appelé Caïphe, qui était le souverain sacrificateur de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien.

50 Et vous ne considérez pas qu’il est de notre intérêt qu’un homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse point.

51 Or, il ne dit pas cela de lui-même ; mais, étant souverain sacrificateur de cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation.

52 Et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour assembler les enfans de Dieu, qui étaient dispersés.

53 Depuis ce jour-là donc, ils consultèrent ensemble pour le faire mourir.

54 C’est pourquoi Jésus ne marchait plus ouvertement parmi les Juifs ; mais il s’en alla de là dans la contrée qui est près du désert, en une ville appelée Ephraïm ; et il demeura là avec ses disciples.

55 Or, la Pâque des Juifs était proche, et plusieurs de ces pays-là montèrent à Jérusalem avant la Pâque, afin de se purifier.

56 Et ils cherchaient Jésus, et se disaient l’un à l’autre dans le temple : Que vous semble ? Croyez-vous qu’il ne viendra point à la fête ?

57 Or, les principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient donné ordre que, si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin de se saisir de lui.

CHAP. XII.

Jésus-Christ soupant chez Lazare ressuscité, est oint par Marie ; fait son entrée à Jérusalem, et s’entretient sur sa personne, etc.


JESUS donc, six jours avant Pâques, vint à Béthanie, où était Lazare qui avait été mort, et qu’il avait ressuscité des morts.

2 Et on lui fit là un souper, et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui.

3 Alors Marie ayant pris une livre de nard pur de grand prix, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum.

4 Alors Judas Iscariot, fils de Simon, l’un de ses disciples, celui à qui il devait arriver de le trahir, dit :

5 Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers, et cet argent donné aux pauvres ?

6 Or il dit cela, non point qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était larron, et qu’il avait la bourse, et portait ce qu’on y mettait.

7 Mais Jésus lui dit : Laisse-la faire ; elle l’a gardé pour le jour de l’appareil de ma sépulture.

8 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais vous ne m’aurez pas toujours.

9 Et de grandes troupes de Juifs ayant su qu’il était là, y vinrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité des morts.

10 Sur quoi les principaux sacrificateurs résolurent de faire mourir aussi Lazare.

11 Car plusieurs des Juifs se retiraient d’avec eux à cause de lui, et croyaient en Jésus.

12 Le lendemain une grande quantité de peuple qui était venu à la fête, ayant ouï dire que Jésus venait à Jérusalem,

13 prirent des rameaux de palmes, et sortirent au-devant de lui, et ils criaient : Hosanna ! béni soit le Roi d’Israël qui vient au nom du Seigneur !

14 et Jésus ayant recouvré un ânon, s’assit dessus, suivant ce qui est écrit :

15 Ne crains point, fille de Sion ; voici, ton Roi vient, assis sur le poulain d’une ânesse.

16 Or, ses disciples n’entendirent pas d’abord ces choses ; mais quand Jésus fut glorifié, ils se souvinrent alors que ces choses étaient écrites de lui, et qu’ils avaient fait ces choses à son égard.

17 Et la troupe qui était avec lui rendait témoignage qu’il avait appelé Lazare hors du sépulcre, et qu’il l’avait ressuscité des morts.

18 C’est pourquoi aussi le peuple alla au-devant de lui ; car ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle.

19 Sur quoi les pharisiens dirent entre eux : Ne voyez-vous pas que vous n’avancez rien ? voici, le monde va après lui.

20 Or, il y avait quelques Grecs d’entre ceux qui étaient montés pour adorer Dieu pendant la fête,

21 lesquels vinrent à Philippe, qui était de Bethsaïda de Galilée, et le prièrent, disant : Seigneur, nous désirons de voir Jésus.

22 Philippe vint, et le dit à André, et André et Philippe le dirent à Jésus.

23 Et Jésus leur répondit, disant : L’heure est venue que le Fils de l’homme doit être glorifié.

24 En vérité, en vérité, je vous dis : Si le grain de froment tombant dans la terre ne meurt point, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

25 Celui qui aime sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera jusque dans la vie éternelle.

26 Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je serai, là aussi sera celui qui me sert ; et si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

27 Maintenant mon âme est agitée ; et que dirai-je ? O Père ! délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure.

28 Père, glorifie ton nom. Alors une voix vint du ciel, disant : Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore.

29 Et la troupe qui était là, et qui avait ouï cette voix, disait que c’était un tonnerre qui avait été fait ; les autres disaient : Un ange lui a parlé.

30 Jésus prit la parole, et dit : Cette voix n’est point venue pour moi, mais pour vous.

31 Maintenant est venu le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde sera jeté dehors.

32 Et moi, quand je serai élevé de la terre, je tirerai tous les hommes à moi.

33 Or il disait cela, signifiant de quelle mort il devait mourir.

34 Les troupes lui répondirent : Nous avons appris par la loi que le Christ demeure éternellement ; comment donc dis-tu qu’il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce Fils de l’homme ?

35 Alors Jésus leur dit : La lumière est encore avec vous pour un peu de temps ; marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent ; car celui qui marche dans les ténèbres, ne sait où il va.

36 Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez enfans de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla et se cacha de devant eux.

37 Et quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent point en lui.

38 De sorte que cette parole, qui a été dite par Esaïe le prophète, fut accomplie : Seigneur, qui a cru à notre parole, et à qui a été révélé le bras du Seigneur ?

39 C’est pourquoi ils ne pouvaient croire, à cause qu’Esaïe dit encore :

40 Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur cœur, afin qu’ils ne voient point de leurs yeux, et qu’ils n’entendent du cœur, et qu’ils ne soient convertis, et que je ne les guérisse.

41 Esaïe dit ces choses, quand il vit sa gloire, et qu’il parla de lui.

42 Cependant plusieurs des principaux mêmes crurent en lui ; mais ils ne le confessaient point, à cause des pharisiens, de peur d’être chassés hors de la synagogue.

43 Car ils ont mieux aimé la gloire des hommes que la gloire de Dieu.

44 Or Jésus s’écria, et dit : Celui qui croit en moi, ne croit point seulement en moi, mais en celui qui m’a envoyé.

45 Et celui qui me contemple, contemple celui qui m’a envoyé.

46 Je suis venu au monde pour en être la lumière, afin que quiconque croit en moi, ne demeure point dans les ténèbres.

47 Et si quelqu’un entend mes paroles, et ne les croit point, je ne le juge point ; car je ne suis point venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde.

48 Celui qui me rejette, et ne reçoit point mes paroles, il a qui le juge ; la parole que j’ai annoncée sera celle qui le jugera au dernier jour.

49 Car je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé m’a prescrit ce que j’ai à dire et de quoi je dois parler.

50 Et je sais que son commandement est la vie éternelle ; les choses donc que je dis, je les dis comme mon Père me les a dites.

CHAP. XIII.

Jésus-Christ lave les pieds des apôtres et les exhorte à l’humilité, etc., prédisant que Judas le trahirait et Pierre le renierait.


OR, avant la fête de Pâque, Jésus sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, comme il avait aimé les siens, qui étaient au monde, il les aima jusqu’à la fin.

2 Et après le souper, le démon ayant déjà mis au cœur de Judas Iscariot, fils de Simon, de le trahir ;

3 et Jésus sachant que le Père lui avait donné toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu,

4 se leva du souper, et ôta sa robe ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit.

5 Puis il mit de l’eau dans un bassin, et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.

6 Alors il vint à Simon-Pierre ; mais Pierre lui dit : Seigneur, me laves-tu les pieds ?

7 Jésus répondit, et lui dit : Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras après ceci.

8 Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi.

9 Simon-Pierre lui dit : Seigneur, non seulement mes pieds, mais aussi les mains et la tête.

10 Jésus lui dit : Celui qui est lavé, n’a besoin sinon qu’on lui lave les pieds, et alors il est tout net ; or vous êtes nets, mais non pas tous.

11 Car il savait qui était celui qui le trahirait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous nets.

12 Après donc qu’il eut lavé leurs pieds, il reprit ses vêtemens, et s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous bien ce que je vous ai fait ?

13 Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien ; car je le suis.

14 Si donc moi qui suis le Seigneur et le Maître j’ai lavé vos pieds, vous devez aussi vous laver les pieds les uns les autres.

15 Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez de même.

16 En vérité, en vérité, je vous dis que le serviteur n’est point plus grand que son maître, ni l’ambassadeur plus grand que celui qui l’a envoyé.

17 Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites.

18 Je ne parle point de vous tous, je sais ceux que j’ai élus ; mais il faut que cette écriture soit accomplie, qui dit : Celui qui mange le pain avec moi, a levé son talon contre moi.

19 Je vous dis ceci dès maintenant, et avant qu’il arrive ; et afin que quand il sera arrivé, vous croyiez que c’est moi que le Père a envoyé.

20 En vérité, en vérité, je vous dis : Si j’envoie quelqu’un, celui qui le reçoit, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.

21 Quand Jésus eut dit ces choses, il fut ému dans son esprit, et il déclara, et dit : En vérité, en vérité, je vous dis que l’un de vous me trahira.

22 Alors les disciples se regardaient les uns les autres, étant en perplexité duquel il parlait.

23 Or un des disciples de Jésus, celui que Jésus aimait, était à table en son sein ;

24 et Simon-Pierre lui fit signe de demander qui était celui dont Jésus parlait.

25 Lui donc étant penché dans le sein de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ?

26 Jésus répondit : C’est celui à qui je donnerai le morceau trempé ; et ayant trempé le morceau, il le donna à Judas Iscariot, fils de Simon.

27 Et après le morceau, alors Satan entra en lui. Jésus donc lui dit : Fais bientôt ce que tu fais.

28 Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui avait dit cela.

29 Car quelques-uns pensaient qu’à cause que Judas avait la bourse, Jésus lui eût dit : Achète ce qui nous est nécessaire pour la fête ; ou qu’il donnât quelque chose aux pauvres.

30 Après donc que Judas eut pris le morceau, il partit aussitôt. Or il était nuit.

31 Et comme il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.

32 Que si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en soi-même, et même bientôt il le glorifiera.

33 Mes petits enfans, je suis encore pour un peu de temps avec vous ; vous me chercherez ; mais comme j’ai dit aux Juifs, que là où je vais ils n’y pouvaient venir, je vous le dis aussi maintenant.

34 Je vous donne un nouveau commandement : Que vous vous aimiez l’un l’autre, et que, comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi l’un l’autre.

35 En ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour l’un pour l’autre.

36 Simon-Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu ? Jésus lui répondit : Là où je vais, tu ne me peux maintenant suivre ; mais tu me suivras ci-après.

37 Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne te puis-je pas maintenant suivre ? J’exposerai ma vie pour toi.

38 Jésus lui répondit : Tu exposeras ta vie pour moi ? En vérité, en vérité, je te dis que le coq ne chantera point que tu ne m’aies renié trois fois.

CHAP. XIV.

Jésus-Christ instruit les siens sur diverses choses présentes et à venir.


QUE votre cœur ne soit point alarmé ; vous croyez en Dieu ; croyez aussi en moi.

2 Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; s’il était autrement, je vous l’eusse dit : Je vais vous préparer le lieu.

3 Et quand je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je retournerai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi.

4 Et vous savez où je vais, et vous en savez le chemin.

5 Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons point où tu vas ; comment donc pouvons-nous en savoir le chemin ?

6 Jésus lui dit : Je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi.

7 Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; mais dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu.

8 Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.

9 Jésus lui répondit : Je suis depuis si long-temps avec vous, et tu ne m’as point connu ? Philippe, celui qui m’a vu, a vu mon Père ; et comment dis-tu : Montre-nous le Père ?

10 Ne crois-tu pas que je suis en mon Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais le Père qui demeure en moi est celui qui fait les œuvres.

11 Croyez-moi que je suis en mon Père, et que le Père est en moi, sinon croyez-moi à cause de ces œuvres.

12 En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit en moi, fera les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes que celles-ci, parce que je m’en vais à mon Père.

13 Et quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié par le Fils.

14 Si vous demandez en mon nom quelque chose, je le ferai.

15 Si vous m’aimez, gardez mes commandemens.

16 Et je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur pour demeurer avec vous éternellement ;

17 savoir l’Esprit de vérité, lequel le monde ne peut point recevoir ; parce qu’il ne le voit point, et qu’il ne le connaît point ; mais vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.

18 Je ne vous laisserai point orphelins ; je viendrai vers vous.

19 Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus, mais vous me verrez ; et parce que je vis, vous aussi vous vivrez.

20 En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous.

21 Celui qui a mes commandemens, et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; je l’aimerai, et je me manifesterai à lui.

22 Jude (non pas Iscariot) lui dit : Seigneur, d’où vient que tu te feras connaître à nous, et non pas au monde ?

23 Jésus répondit, et lui dit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.

24 Celui qui ne m’aime point, ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est point ma parole, mais c’est celle du Père qui m’a envoyé.

25 Je vous ai dit ces choses demeurant avec vous.

26 Mais le consolateur, qui est le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et il vous rappellera le souvenir de toutes les choses que je vous ai dites.

27 Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous la donne point comme le monde la donne. Que votre cœur ne soit point agité ni craintif.

28 Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens à vous. Si vous m’aimiez, vous seriez certes joyeux de ce que j’ai dit : Je m’en vais au Père ; car le Père est plus grand que moi.

29 Et maintenant je vous l’ai dit avant que cela soit arrivé ; afin que quand il sera arrivé, vous croyiez.

30 Je ne parlerai plus guère avec vous ; car le Prince de ce monde vient ; cependant il n’a aucun empire sur moi.

31 Mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et que je fais ce que le Père m’a commandé. Levez-vous, partons d’ici.

CHAP. XV.

Jésus-Christ continue d’instruire les siens sur diverses choses.


JE suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron.

2 Il retranche tout le sarment qui ne porte point de fruit en moi, et il émonde tout celui qui porte du fruit, afin qu’il porte plus de fruit.

3 Vous êtes déjà nets par la parole que je vous ai enseignée.

4 Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut point de lui-même porter de fruit, s’il ne demeure au cep, vous ne le pouvez point aussi, si vous ne demeurez en moi.

5 Je suis le cep, et vous en êtes les sarmens. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruit ; car hors de moi, vous ne pouvez rien produire.

6 Si quelqu’un ne demeure point en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il se sèche ; puis on l’amasse, et on le met au feu, et il brûle.

7 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et il vous sera fait.

8 En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ; et vous serez alors mes disciples.

9 Comme le Père m’a aimé, ainsi je vous ai aimés ; demeurez en mon amour.

10 Si vous gardez mes commandemens, vous demeurerez en mon amour ; comme j’ai gardé les commandemens de mon Père, et je demeure en son amour.

11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit parfaite.

12 C’est ici mon commandement : Que vous vous aimiez l’un l’autre, comme je vous ai aimés.

13 Personne n’a un plus grand amour que celui-ci, savoir, quand quelqu’un expose sa vie pour ses amis.

14 Vous serez mes amis, si vous faites tout ce que je vous commande.

15 Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait point ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père.

16 Ce n’est pas vous qui m’avez élu ; mais c’est moi qui vous ai élus, et qui vous ai établis, afin que vous alliez partout, et que vous produisiez du fruit, et que votre fruit soit permanent, afin que tout ce que vous demanderez au Père, en mon nom, il vous le donne.

17 Je vous commande ces choses, afin que vous vous aimiez l’un l’autre.

18 Si le monde vous hait, sachez que j’en ai été haï avant vous.

19 Si vous eussiez été du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai élus du monde, à cause de cela le monde vous hait.

20 Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, que le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre.

21 Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé.

22 Si je ne fusse point venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché.

23 Celui qui me hait, hait aussi mon Père.

24 Si je n’eusse pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils les ont vues, et toutefois ils ont haï et moi et mon Père.

25 Mais c’est afin que soit accomplie la parole qui est écrite en leur loi : Ils m’ont haï sans sujet.

26 Mais quand le consolateur sera venu, lequel je vous enverrai de la part de mon Père, savoir l’Esprit de vérité, qui procède de mon Père, celui-là rendra témoignage de moi.

27 Et vous aussi vous en rendrez témoignage ; car vous êtes dès le commencement avec moi.

CHAP. XVI.

Discours de Jésus-Christ aux siens touchant leur persécution, et le Saint-Esprit qui, les confortant, convaincra le monde.


JE vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez point scandalisés.

2 Ils vous chasseront des synagogues ; même le temps vient que quiconque vous fera mourir, croira servir Dieu.

3 Et ils vous feront ces choses, parce qu’ils n’ont point connu le Père ni moi.

4 Mais je vous ai dit ces choses, afin que quand l’heure sera venue, il vous souvienne que je vous les ai dites ; et je ne vous ai point dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous.

5 Mais maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où vas-tu ?

6 Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur.

7 Toutefois je vous dis la vérité ; il vous est avantageux que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais, le consolateur ne viendra point à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.

8 Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement.

9 De péché, parce qu’ils ne croient point en moi.

10 De justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus.

11 De jugement, parce que le Prince de ce monde est déjà jugé.

12 J’ai à vous dire encore plusieurs choses, mais elles sont encore au-dessus de votre portée.

13 Mais quand celui-là, savoir, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira en toute vérité ; car il ne parlera point de soi-même, mais il dira tout ce qu’il aura ouï, et il vous annoncera les choses à venir.

14 Celui-là me glorifiera ; car il prendra du mien, et il vous l’annoncera.

15 Tout ce que mon Père a est mien ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prendra du mien, et qu’il vous l’annoncera.

16 Dans peu de temps vous ne me verrez point ; et après un peu de temps, vous me verrez ; car je m’en vais à mon Père.

17 Et quelques-uns de ses disciples dirent entre eux : Qu’est-ce qu’il nous dit : Dans peu de temps vous ne me verrez point, et un peu de temps après vous me verrez ; car je m’en vais à mon Père ?

18 Ils disaient donc : Que signifient ces mots : Un peu de temps ? Nous ne comprenons pas ce qu’il dit.

19 Et Jésus connaissant qu’ils le voulaient interroger, leur dit : Vous demandez entre vous touchant ce que j’ai dit : Dans peu de temps vous ne me verrez plus, et un peu de temps après vous me verrez.

20 En vérité, en vérité, je vous dis que vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ; vous serez, dis-je, attristés ; mais votre tristesse sera changée en joie.

21 Quand une femme enfante, elle sent des douleurs, parce que son terme est venu ; mais après qu’elle a fait un petit enfant, il ne lui souvient plus de ses douleurs, à cause de la joie qu’elle a de ce qu’elle a mis un homme au monde.

22 Vous avez donc aussi maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai encore, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ôtera votre joie.

23 Et en ce jour-là vous ne m’interrogerez de rien. En vérité, en vérité, je vous dis que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera.

24 Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite.

25 Je vous ai dit ces choses par des similitudes ; mais l’heure vient que je ne vous parlerai plus par des paraboles, mais je vous parlerai ouvertement de mon Père.

26 En ce jour-là, vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ;

27 car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis issu de Dieu.

28 Je suis issu du Père, et je suis venu au monde ; et encore, je laisse le monde, et je m’en vais au Père.

29 Ses disciples lui dirent : Voici, maintenant tu parles ouvertement, et tu n’uses plus de paraboles.

30 Maintenant nous connaissons que tu sais toutes choses, et que tu n’as pas besoin que personne t’interroge ; à cause de cela, nous croyons que tu es issu de Dieu.

31 Jésus leur répondit : Croyez-vous maintenant ?

32 Voici, l’heure vient, et elle est déjà venue, que vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; mais je ne suis point seul, car le Père est avec moi.

33 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi ; vous aurez de l’angoisse au monde ; mais ayez bon courage, j’ai vaincu le monde.

CHAP. XVII.

La prière sacerdotale de Jésus-Christ.


JESUS dit ces choses ; puis, levant les yeux au ciel, il dit : Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ;

2 comme tu lui as donné pouvoir sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.

3 Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.

4 Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’avais donnée à faire.

5 Et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi, de la gloire que j’ai eue chez toi avant que le monde fût fait.

6 J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient tiens, et tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole.

7 Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi.

8 Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues ; et ils ont vraiment connu que je suis issu de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.

9 Je prie pour eux ; je ne prie point pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont tiens.

10 Et tout ce qui est mien est tien, et ce qui est tien est mien ; et je suis glorifié en eux.

11 Et maintenant je ne suis plus au monde, mais ceux-ci sont au monde, et moi je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom, ceux, dis-je, que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un.

12 Quand j’étais avec eux au monde, je les gardais en ton nom ; j’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et pas un d’eux n’est péri, sinon le fils de perdition, afin que l’écriture fût accomplie.

13 Et maintenant je viens à toi, et je dis ces choses étant encore au monde, afin qu’ils aient ma joie parfaite en eux-mêmes.

14 Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont point du monde, comme aussi je ne suis point du monde.

15 Je ne prie point que tu les ôtes du monde, mais de les préserver du mal.

16 Ils ne sont point du monde, comme aussi je ne suis point du monde.

17 Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité.

18 Comme tu m’as envoyé au monde, ainsi je les ai envoyés au monde.

19 Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés dans la vérité.

20 Or je ne prie point seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole.

21 Afin que tous soient un, ainsi que toi, Père, es en moi et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous, et que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé.

22 Et je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un.

23 Je suis en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que c’est toi qui m’as envoyé, et que tu les aimes comme tu m’as aimé.

24 Père, mon désir est touchant ceux que tu m’as donnés, que là où je suis ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, laquelle tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.

25 Père juste, le monde ne t’a point connu ; mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont connu que c’est toi qui m’as envoyé.

26 Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux.

CHAP. XVIII.

Jésus-Christ trahi et mené chez le pontife, où Pierre le renie ; et chez Pilate, où Barrabas lui est préféré.


APRES que Jésus eut dit ces choses, il s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.

2 Or Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu-là ; car Jésus s’y était souvent assemblé avec ses disciples.

3 Judas donc ayant pris une compagnie de soldats et des huissiers de la part des principaux sacrificateurs et des pharisiens, s’en vint là avec des lanternes, et des flambeaux, et des armes.

4 Et Jésus sachant toutes les choses qui lui devaient arriver, s’avança, et leur dit : Qui cherchez-vous ?

5 Ils lui répondirent : Jésus le Nazarien. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas, qui le trahissait, était aussi avec eux.

6 Or, après que Jésus leur eut dit : C’est moi, ils reculèrent, et tombèrent par terre.

7 Il leur demanda une seconde fois : Qui cherchez-vous ? Et ils répondirent : Jésus le Nazarien.

8 Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci.

9 C’était afin que la parole qu’il avait dite fût accomplie : Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés.

10 Or Simon-Pierre ayant une épée, la tira, et en frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l’oreille droite ; et ce serviteur avait nom Malchus.

11 Mais Jésus dit à Pierre : Remets ton épée au fourreau : ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée ?

12 Alors la compagnie, le capitaine et les huissiers des Juifs se saisirent de Jésus, et le lièrent.

13 Et ils l’emmenèrent premièrement à Anne ; car il était beau-père de Caïphe, qui était le souverain sacrificateur de cette année-là.

14 Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs, qu’il était utile qu’un homme mourût pour le peuple.

15 Or, Simon-Pierre, avec un autre disciple, suivait Jésus ; et ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur.

16 Mais Pierre était dehors à la porte, et l’autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit dehors, et parla à la portière, laquelle fit entrer Pierre.

17 Et la servante, qui était la portière, dit à Pierre : N’es-tu point aussi des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis point.

18 Or les serviteurs et les huissiers ayant fait du feu, étaient là, parce qu’il faisait froid, et ils se chauffaient ; Pierre aussi était avec eux, et se chauffait.

19 Et le souverain sacrificateur interrogea Jésus touchant ses disciples, et touchant sa doctrine.

20 Jésus lui répondit : J’ai ouvertement parlé au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue, et dans le temple, où les Juifs s’assemblent toujours, et je n’ai rien dit en secret.

21 Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge ceux qui ont ouï ce que je leur ai dit ; voilà, ils savent ce que j’ai dit.

22 Quand il eut dit ces choses, un des huissiers qui se tenait là donna un coup de sa verge à Jésus, en lui disant : Est-ce ainsi que tu réponds au souverain sacrificateur ?

23 Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal ; et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?

24 Or Anne l’avait envoyé lié à Caïphe, souverain sacrificateur.

25 Et Simon Pierre était là, et se chauffait ; et ils lui dirent : N’es-tu pas aussi de ses disciples ? Il le nia, et dit : Je n’en suis point.

26 Et un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu au jardin avec lui ?

27 Mais Pierre le nia encore, et incontinent le coq chanta.

28 Puis ils menèrent Jésus de chez Caïphe au prétoire (or c’était le matin) ; mais ils n’entrèrent point au prétoire, de peur qu’ils ne fussent souillés, et afin de pouvoir manger l’agneau de Pâque.

29 C’est pourquoi Pilate sortit vers eux, et leur dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?

30 Ils répondirent, et lui dirent : Si ce n’était pas un criminel, nous ne te l’eussions pas livré.

31 Alors Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. Mais les Juifs lui dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir personne.

32 Et cela arriva ainsi, afin que la parole que Jésus avait dite fût accomplie, indiquant de quelle mort il devait mourir.

33 Pilate donc entra encore au prétoire, et ayant appelé Jésus, il lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?

34 Jésus lui répondit : Dis-tu ceci de toi-même, ou sont-ce les autres qui te l’ont dit de moi ?

35 Pilate répondit : Suis-je Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?

36 Jésus répondit : Mon règne n’est pas de ce monde. Si mon règne était de ce monde, mes gens combattraient, afin que je ne fusse point livré aux Juifs ; mais maintenant mon règne n’est point d’ici-bas.

37 Alors Pilate lui dit : Es-tu donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis que je suis roi ; je suis né pour cela, et c’est pour cela que je suis venu au monde, afin que je rende témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité entend ma voix.

38 Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Et quand il eut dit cela, il sortit encore vers les Juifs, et il leur dit : Je ne trouve aucun crime en lui.

39 Or vous avez une coutume, qui est que je vous relâche un prisonnier à la fête de Pâque ; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ?

40 Et tous s’écrièrent encore, disant : Non pas celui-ci, mais Barrabas. Or, Barrabas était un brigand.

CHAP. XIX.

Jésus-Christ outragé, crucifié, mort et enseveli.


PILATE fit donc alors prendre Jésus, et le fit fouetter.

2 Et les soldats firent une couronne d’épines qu’ils mirent sur sa tête, et le vêtirent d’un vêtement de pourpre.

3 Puis ils lui disaient : Roi des Juifs, nous te saluons ; et ils lui donnaient des coups avec leurs verges.

4 Et Pilate sortit encore dehors, et leur dit : Voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve aucun crime en lui.

5 Jésus donc sortit, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre ; et Pilate leur dit : Voici l’homme.

6 Mais quand les principaux sacrificateurs et leurs huissiers le virent, ils s’écrièrent, en disant : Crucifie-le, crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le crucifiez ; car je ne trouve point de crime en lui.

7 Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir ; car il s’est fait Fils de Dieu.

8 Or, quand Pilate eut ouï cette parole, il craignit encore davantage.

9 Et il rentra dans le prétoire, et dit à Jésus : D’où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse.

10 Et Pilate lui dit : Ne me parles-tu point ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier, et le pouvoir de te délivrer ?

11 Jésus lui répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’était donné d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi, a fait un plus grand péché.

12 Depuis cela Pilate tâchait de le délivrer ; mais les Juifs criaient, en disant : Si tu délivres celui-ci, tu n’es point ami de César ; car quiconque se fait roi est contraire à César.

13 Quand Pilate eut ouï cette parole, il amena Jésus dehors, et s’assit au siége judicial, dans le lieu qui est appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha.

14 Or, c’était la préparation de la Pâque, et il était environ six heures ; et Pilate dit aux Juifs : Voilà votre roi.

15 Mais ils criaient : Ote, ôte, crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons point d’autre roi que César.

16 Alors donc il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l’emmenèrent.

17 Et Jésus, portant sa croix, vint au lieu appelé le Calvaire, et en hébreu Golgotha ;

18 où ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.

19 Or Pilate fit un écriteau, qu’il mit sur la croix, où étaient écrits ces mots : Jesus, nazarien, le roi des Juifs.

20 Et plusieurs des Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus était crucifié était près de la ville, et que cet écriteau était en hébreu, en grec, et en latin.

21 C’est pourquoi les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate : N’écris point : Le roi des Juifs ; mais que celui-ci a dit : Je suis le roi des Juifs.

22 Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.

23 Or quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses vêtemens, et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat ; ils prirent aussi la tunique ; mais elle était sans couture, tissue depuis le haut jusqu’en bas.

24 Et ils dirent entre eux : Ne la mettons point en pièces, mais jetons-la au sort, pour savoir à qui elle sera. Et cela arriva ainsi, afin que l’écriture fût accomplie, disant : Ils ont partagé entre eux mes vêtemens, et ils ont jeté au sort ma robe. Les soldats donc firent ces choses.

25 Or, près de la croix de Jésus était sa mère, et la sœur de sa mère, savoir Marie, femme de Cléopas, et Marie-Magdelaine.

26 Et Jésus voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : Femme, voilà ton fils.

27 Puis il dit au disciple : Voilà ta mère ; et dès cette heure-là ce disciple la reçut chez lui.

28 Après cela, Jésus sachant que toutes choses étaient déjà accomplies, il dit, afin que l’écriture fût accomplie : J’ai soif.

29 Et il y avait là un vase plein de vinaigre. Ils emplirent donc de vinaigre une éponge, et la mirent au bout d’une branche d’hysope, et la lui présentèrent à la bouche.

30 Et quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli ; et ayant baissé la tête, il rendit l’esprit.

31 Alors les Juifs, afin que les corps ne demeurassent point en croix au jour du sabbat, parce que c’était la préparation (or c’était un grand jour de sabbat), prièrent Pilate qu’on leur rompît les jambes, et qu’on les ôtât.

32 Les soldats donc vinrent, et rompirent les jambes au premier, et de même à l’autre qui était crucifié avec lui.

33 Puis étant venu à Jésus, et voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes ;

34 mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et d’abord il en sortit du sang et de l’eau.

35 Et celui qui l’a vu l’a témoigné, et son témoignage est digne de foi ; et celui-là sait qu’il dit vrai, afin que vous le croyiez.

36 Car ces choses-là sont arrivées, afin que cette écriture fût accomplie : Pas un de ses os ne sera cassé.

37 Et encore une autre écriture, qui dit : Ils verront celui qu’ils ont percé.

38 Or, après ces choses, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, secret toutefois, parce qu’il craignait les Juifs, pria Pilate qu’il lui permît d’ôter le corps de Jésus ; et Pilate le lui ayant permis, il vint, et prit le corps de Jésus.

39 Nicodème aussi, celui qui auparavant était allé de nuit à Jésus, y vint apportant une mixtion de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres.

40 Et ils prirent le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linge avec des aromates, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir.

41 Or, il y avait au lieu où il fut crucifié un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne n’avait encore été mis.

42 Et ils mirent là Jésus, à cause de la préparation des Juifs, parce que le sépulcre était près.

CHAP. XX.

La résurrection et l’apparition de Jésus-Christ, et l’incrédulité de Thomas.


OR, le premier jour de la semaine, Marie-Magdelaine vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre.

2 Et elle courut, et vint à Simon-Pierre, et à l’autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit : On a enlevé le Seigneur hors du sépulcre, mais nous ne savons pas où on l’a mis.

3 Alors Pierre partit avec l’autre disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre.

4 Et ils couraient tous deux ensemble ; mais l’autre disciple courait plus vite que Pierre, et il arriva le premier au sépulcre.

5 Et s’étant baissé, il vit les linges à terre ; mais il n’y entra point.

6 Alors Simon-Pierre qui le suivait, arriva, et entra dans le sépulcre, et vit les linges à terre,

7 et le suaire qui avait été sur la tête de Jésus, lequel n’était point mis avec les linges, mais était enveloppé en un lieu à part.

8 Alors l’autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, y entra aussi, et il vit, et crut.

9 Car ils ne savaient pas encore l’écriture, qui porte qu’il devait ressusciter des morts.

10 Et les disciples s’en retournèrent chez eux.

11 Mais Marie se tenait près du sépulcre dehors, en pleurant ; et comme elle pleurait, elle se baissa dans le sépulcre,

12 et vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête, et l’autre aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché.

13 Et ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais point où on l’a mis.

14 Et quand elle eut dit cela, se tournant en arrière, elle vit Jésus qui était là ; mais elle ne savait pas que ce fût Jésus.

15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que ce fût le jardinier, lui dit : Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je l’ôterai.

16 Jésus lui dit : Marie ! Et elle, s’étant retournée, lui dit : Rabboni ! c’est-à-dire, mon Maître.

17 Jésus lui dit : Ne me touche point ; car je ne suis point encore monté vers mon Père ; mais va à mes frères, et leur dis : Je monte vers mon Père, et vers votre Père ; vers mon Dieu, et vers votre Dieu.

18 Marie-Magdelaine vint annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses.

19 Et quand le soir de ce jour-là, qui était le premier de la semaine, fut venu, et que les portes du lieu où les disciples étaient assemblés à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs étaient fermées, Jésus vint, et fut là au milieu d’eux, et il leur dit : Que la paix soit avec vous !

20 Et quand il leur eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté ; et les disciples eurent une grande joie quand ils virent le Seigneur.

21 Et Jésus leur dit encore : Que la paix soit avec vous ! Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie.

22 Et quand il eut dit cela, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.

23 A quiconque vous pardonnerez les péchés, ils seront pardonnés ; et à quiconque vous les retiendrez, ils seront retenus.

24 Or Thomas, appelé Didyme, qui était l’un des douze, n’était point avec eux quand Jésus vint.

25 Et les autres disciples lui dirent : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois les marques des clous en ses mains, et si je ne mets mon doigt où étaient les clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne le croirai point.

26 Et huit jours après, ses disciples étant encore dans la maison, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et fut là au milieu d’eux, et il leur dit : Que la paix soit avec vous !

27 Puis il dit à Thomas : Mets ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et la mets dans mon côté ; et ne sois point incrédule, mais fidèle.

28 Et Thomas répondit, et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu !

29 Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru ; bienheureux sont ceux qui n’ont point vu, et qui ont cru.

30 Jésus fit aussi en la présence de ses disciples plusieurs autres miracles, qui ne sont point écrits dans ce livre.

31 Mais ces choses sont écrites, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom.

CHAP. XXI.

Jésus-Christ apparaît à ses disciples qui pêchent, où il prédit le martyre à Pierre, paissant ses brebis, et une longue vie à Jean.


APRES cela, Jésus se fit voir encore à ses disciples, près de la mer de Tibériade, et il s’y fit voir en cette manière.

2 Simon-Pierre et Thomas, appelé Didyme, et Nathanaël, qui était de Cana de Galilée, et les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples, étaient ensemble.

3 Simon-Pierre leur dit : Je m’en vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons avec toi. Ils partirent donc, et ils montèrent d’abord dans la nacelle ; mais ils ne prirent rien cette nuit-là.

4 Et le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage ; mais les disciples ne connurent point que ce fût Jésus.

5 Et Jésus leur dit : Mes enfans, avez-vous quelque petit poisson à manger ? Ils lui répondirent : Non.

6 Et il leur dit : Jetez le filet au côté droit de la nacelle, et vous en trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne le pouvaient tirer à cause de la multitude des poissons.

7 C’est pourquoi le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : C’est le Seigneur. Et quand Simon-Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il ceignit sa tunique, parce qu’il était nu, et se jeta dans la mer.

8 Et les autres disciples vinrent dans la nacelle ; car ils n’étaient pas loin de terre, mais seulement environ deux cents coudées, traînant le filet de poissons.

9 Et quand ils furent descendus à terre, ils virent de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain.

10 Jésus leur dit : Apportez des poissons que vous venez maintenant de prendre.

11 Simon-Pierre monta, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois grands poissons ; et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne fut point rompu.

12 Jésus leur dit : Venez et dînez. Et aucun de ses disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? voyant bien que c’était le Seigneur.

13 Jésus donc vint, et prit du pain, et leur en donna, et du poisson aussi.

14 Ce fut déjà la troisième fois que Jésus se fit voir à ses disciples, après être ressuscité des morts.

15 Et après qu’ils eurent dîné, Jésus dit à Simon-Pierre : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Pais mes agneaux.

16 Il lui dit encore : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Pais mes brebis.

17 Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.

18 En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais plus jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te menera où tu ne voudras pas.

19 Or il dit cela pour marquer de quelle mort il devait glorifier Dieu ; et quand il eut dit ces choses, il lui dit : Suis-moi.

20 Et Pierre se retournant vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, et qui durant le souper s’était penché sur le sein de Jésus, et avait dit : Seigneur, qui est celui à qui il arrivera de te trahir ?

21 Quand donc Pierre le vit, il dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ?

22 Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi.

23 Or cette parole courut entre les frères, que ce disciple-là ne mourrait point. Cependant Jésus ne lui avait pas dit : Il ne mourra point ; mais : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?

24 C’est ce disciple-là qui rend témoignage de ces choses, et qui a écrit ces choses, et nous savons que son témoignage est digne de foi.

25 Il y a aussi plusieurs autres choses que Jésus a faites, lesquelles étant écrites en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’on en écrirait. Amen.


LES ACTES

DES SAINTS APÔTRES.

CHAP. I.

Jésus-Christ promet le Saint-Esprit ; monte au ciel. Matthias élu apôtre en la place de Judas.


NOUS avons rempli le premier traité, Théophile, de toutes les choses que Jésus a faites et enseignées,

2 jusqu’au jour qu’il fut élevé au ciel, après avoir donné par le Saint-Esprit ses ordres aux apôtres qu’il avait élus ;

3 à qui aussi, après avoir souffert, il se présenta soi-même vivant, avec plusieurs preuves assurées, étant vu par eux durant quarante jours, et leur parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu ;

4 et les ayant assemblés, il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d’y attendre l’effet de la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez ouïe de moi.

5 Car Jean a baptisé d’eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit dans peu de jours.

6 Eux donc étant assemblés, l’interrogèrent, disant : Seigneur, sera-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le royaume d’Israël ?

7 Mais il leur dit : Ce n’est point à vous de connaître les temps ou les momens qui ne dépendent que de mon Père.

8 Mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui viendra sur vous ; et vous me serez témoins, tant à Jérusalem qu’en toute la Judée, et dans la Samarie, et jusqu’au bout de la terre.

9 Et quand il eut dit ces choses, il fut élevé au ciel, eux le regardant, et une nuée le soutenant l’emporta de devant leurs yeux.

10 Et comme ils avaient les yeux arrêtés vers le ciel, à mesure qu’il s’en allait, voici, deux hommes en vêtemens blancs se présentèrent devant eux,

11 qui leur dirent : Hommes galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous au ciel, en descendra de la même manière que vous l’avez contemplé montant au ciel.

12 Alors ils s’en retournèrent à Jérusalem, de la montagne appelée la montagne des Oliviers, qui est près de Jérusalem le chemin d’un sabbat.

13 Et quand ils furent entrés dans la ville, ils montèrent en une chambre haute, où demeuraient Pierre et Jacques, Jean et André, Philippe et Thomas, Barthélemi et Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, et Simon Zélotes, et Jude, frère de Jacques.

14 Tous ceux-ci persévéraient unanimement en prières et en oraisons, avec les femmes, et avec Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.

15 Et en ces jours-là Pierre se leva au milieu des disciples, qui étaient là assemblés au nombre d’environ cent-vingt personnes, et il leur dit :

16 Hommes frères, il fallait que fût accompli ce qui a été écrit, et que le Saint-Esprit a prédit par la bouche de David touchant Judas, qui a été le guide de ceux qui ont pris Jésus.

17 Car il était de notre corps, et il avait reçu sa part de ce ministère.

18 Mais s’étant acquis un champ avec le salaire injuste qui lui avait été donné, et s’étant précipité, son corps s’est crevé par le milieu, et toutes ses entrailles ont été répandues.

19 Ce qui a été connu de tous les habitans de Jérusalem ; tellement que ce champ-là a été appelé en leur propre langue, Haceldama, c’est-à-dire, le champ du sang.

20 Car il est écrit au livre des psaumes : Que sa demeure soit déserte, et qu’il n’y ait personne qui y habite ; et : Qu’un autre prenne son emploi.

21 Il faut donc que d’entre ces hommes qui se sont assemblés avec nous pendant tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu entre nous,

22 en commençant depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour qu’il a été enlevé d’avec nous, quelqu’un d’entre eux soit témoin avec nous de sa résurrection.

23 Et ils en présentèrent deux, savoir Joseph, appelé Barsabas, qui était surnommé Juste, et Matthias.

24 Et en priant, ils dirent : Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, montre lequel de ces deux tu as élu ;

25 afin qu’il prenne sa part de ce ministère et de cet apostolat, que Judas a abandonné, pour s’en aller en son lieu.

26 Puis ils les tirèrent au sort ; et le sort tomba sur Matthias, qui d’une commune voix fut mis au nombre des onze apôtres.

CHAP. II.

La descente du Saint-Esprit ; prédication de Pierre, et conversion de plusieurs mille âmes.


ET comme le jour de la Pentecôte était venu, ils étaient tous ensemble dans un même lieu.

2 Et il se fit tout-à-coup un son du ciel, comme est le son d’un vent qui souffle avec véhémence, et il remplit toute la maison où ils étaient assis.

3 Et il leur apparut des langues divisées, comme de feu qui se posèrent sur chacun d’eux.

4 Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et commencèrent à parler des langues étrangères, selon que l’Esprit les faisait parler.

5 Or, il y avait à Jérusalem des Juifs qui y séjournaient, hommes dévots, de toute nation qui est sous le ciel.

6 Et ce bruit ayant été fait, une multitude vint ensemble, qui fut tout émue de ce que chacun les entendait parler en sa propre langue.

7 Ils en étaient donc tout surpris, et s’en étonnaient, disant l’un à l’autre : Voici, tous ceux-ci qui parlent, ne sont-ils pas Galiléens ?

8 Comment donc chacun de nous les entendons-nous parler la propre langue du pays où nous sommes nés ?

9 Parthes, Médes, Elamites, et nous qui habitons, les uns dans la Mésopotamie, les autres en Judée et en Cappadoce, au pays du Pont et en Asie ;

10 en Phrygie, en Pamphylie, en Égypte, et dans les quartiers de la Libye qui est près de Cyrène, et nous qui demeurons à Rome ?

11 tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler chacun en notre langue des merveilles de Dieu.

12 Ils étaient donc tout étonnés, et ils ne savaient que penser, disant l’un à l’autre : Que veut dire ceci ?

13 Mais les autres se moquant, disaient : C’est qu’ils sont pleins de vin doux.

14 Mais Pierre se présentant avec les onze, éleva sa voix, et leur dit : Hommes juifs, et vous tous qui habitez à Jérusalem, apprenez ceci, et faites attention à mes paroles.

15 Car ceux-ci ne sont point ivres, comme vous pensez, vu que c’est la troisième heure du jour.

16 Mais c’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël :

17 Et il arrivera aux derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; et vos fils et vos filles prophétiseront, et vos jeunes gens verront des visions, et vos anciens songeront des songes.

18 Et même en ces jours-là je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront.

19 Et je ferai des choses merveilleuses dans le ciel en haut, et des prodiges sur la terre en bas, du sang, et du feu, et une vapeur de fumée.

20 Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que ce grand et notable jour du Seigneur vienne.

21 Mais il arrivera que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

22 Hommes israélites, écoutez ces paroles : Jésus le Nazarien, personnage approuvé de Dieu entre vous par les miracles, les merveilles, et les prodiges que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme aussi vous le savez ;

23 ayant été livré par le conseil défini et par la providence de Dieu, vous l’avez pris et mis en croix, et vous l’avez fait mourir par les mains des iniques ;

24 mais Dieu l’a ressuscité, ayant brisé les liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle.

25 Car David dit de lui : Je contemplais toujours le Seigneur en ma présence ; car il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé.

26 C’est pourquoi mon cœur s’est réjoui, et ma langue a tressailli de joie ; et de plus, ma chair reposera en espérance.

27 Car tu ne laisseras point mon âme au sépulcre, et tu ne permettras point que ton saint sente la corruption.

28 Tu m’as fait connaître le chemin de la vie, tu me rempliras de joie en ta présence.

29 Hommes frères, je puis bien vous dire librement, touchant le patriarche David, qu’il est mort, et qu’il a été enseveli, et que son sépulcre est parmi nous jusqu’à ce jour.

30 Mais comme il était prophète, et qu’il savait que Dieu lui avait promis, avec serment, que du fruit de ses reins il ferait naître selon la chair le Christ, pour le faire asseoir sur son trône ;

31 il a dit de la résurrection de Christ en la prévoyant, que son âme n’a point été laissée au sépulcre, et que sa chair n’a point senti la corruption.

32 Dieu a ressuscité ce Jésus ; de quoi nous sommes tous témoins.

33 Après donc qu’il a été élevé au ciel par la puissance de Dieu, et qu’il a reçu de son Père la promesse du Saint-Esprit, il a répandu ce que maintenant vous voyez et ce que vous entendez.

34 Car David n’est pas monté aux cieux ; mais lui-même dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite,

35 jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds.

36 Que donc toute la maison d’Israël sache certainement que Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus, dis-je, que vous avez crucifié.

37 Ayant ouï ces choses, ils eurent le cœur touché de componction, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ?

38 Et Pierre leur dit : Amendez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour obtenir le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit.

39 Car à vous et à vos enfans est faite la promesse, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera à soi.

40 Et par plusieurs autres paroles, il les conjurait et les exhortait, en disant : Séparez-vous de cette génération perverse.

41 Ceux donc qui reçurent de bon cœur sa parole furent baptisés ; et en ce jour-là furent ajoutées à l’église environ trois mille âmes.

42 Et ils persévéraient tous en la doctrine des apôtres, et en la communion et la fraction du pain, et dans les prières.

43 Or toute personne avait de la crainte, et beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient par les apôtres.

44 Et tous ceux qui croyaient étaient ensemble en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes ;

45 et ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon que chacun en avait besoin.

46 Et tous les jours ils persévéraient tous d’un accord dans le temple ; et rompant le pain de maison en maison, ils prenaient leur repas avec joie et avec simplicité de cœur,

47 louant Dieu, et se rendant agréables à tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’église des gens pour être sauvés.

CHAP. III.

Saint-Pierre guérit le boiteux, et exhorte les Juifs à se convertir au Messie.


ET comme Pierre et Jean montaient ensemble au temple à l’heure de la prière, qui était à neuf heures,

2 un homme boiteux dès sa naissance y était porté, lequel on mettait tous les jours à la porte du temple, nommée la Belle, pour demander l’aumône à ceux qui entraient au temple.

3 Cet homme voyant Pierre et Jean qui allaient entrer au temple, les pria de lui donner l’aumône.

4 Mais Pierre ayant, avec Jean, arrêté sa vue sur lui, Pierre lui dit : Regarde-nous.

5 Et il les regardait attentivement, s’attendant de recevoir quelque chose d’eux.

6 Mais Pierre lui dit : Je n’ai ni argent ni or ; mais ce que j’ai je te le donne : Au nom de Jésus-Christ le Nazarien, lève-toi et marche.

7 Et l’ayant pris par la main droite, il le leva ; et aussitôt les plantes et les chevilles de ses pieds devinrent fermes.

8 Et faisant un saut, il se tint debout, et marcha ; et il entra avec eux au temple, marchant, sautant, et louant Dieu.

9 Et tout le peuple le vit marchant et louant Dieu.

10 Et reconnaissant que c’était celui-là même qui était assis à la belle porte du temple, pour avoir l’aumône, ils furent remplis d’admiration et d’étonnement de ce qui lui était arrivé.

11 Et comme le boiteux, qui avait été guéri, tenait par la main Pierre et Jean, tout le peuple étonné courut à eux au portique qu’on appelle de Salomon.

12 Mais Pierre voyant cela, dit au peuple : Hommes israélites, pourquoi vous étonnez-vous de ceci ? ou pourquoi avez-vous l’œil arrêté sur nous, comme si par notre puissance, ou par notre sainteté, nous avions fait marcher cet homme ?

13 Le Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son fils Jésus, que vous avez livré, et que vous avez renié devant Pilate, quoiqu’il jugeât qu’il devait être délivré.

14 Mais vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous relâchât un meurtrier.

15 Vous avez mis à mort le Prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité des morts ; de quoi nous sommes témoins.

16 Et par la foi en son nom, son nom a raffermi les pieds de cet homme que vous voyez et que vous connaissez ; la foi, dis-je, que nous avons en lui, a donné à celui-ci cette entière disposition de tous ses membres, en la présence de vous tous.

17 Et maintenant, mes frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, de même que vos gouverneurs.

18 Mais Dieu a ainsi accompli les choses qu’il avait prédites par la bouche de tous ses prophètes, que le Christ devait souffrir.

19 Amendez-vous donc, et vous convertissez, afin que vos péchés soient effacés.

20 Quand les temps de refraîchissement seront venus par la présence du Seigneur, et qu’il aura envoyé Jésus-Christ qui vous a été auparavant annoncé ;

21 et lequel il faut que le ciel contienne, jusqu’au temps du rétablissement de toutes les choses que Dieu a prononcées par la bouche de tous ses saints prophètes, dès le commencement du monde.

22 Car Moïse lui-même a dit à nos pères : Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera d’entre vos frères un prophète tel que moi ; vous l’écouterez dans tout ce qu’il vous dira.

23 Et il arrivera que toute personne qui n’aura point écouté ce prophète, sera exterminée d’entre le peuple.

24 Et même tous les prophètes, depuis Samuël et ceux qui l’ont suivi, tout autant qu’il y en a eu qui ont parlé, ont aussi prédit ces jours.

25 Vous êtes les enfans des prophètes, et de l’alliance que Dieu a traitée avec nos pères, disant à Abraham : Et en ta semence seront bénies toutes les familles de la terre.

26 C’est pour vous premièrement que Dieu ayant suscité son Fils Jésus, l’a envoyé pour vous bénir, en retirant chacun de vous de vos méchancetés.

CHAP. IV.

Persécution des apôtres ; nombre des fidèles unis en esprit et en charité.


MAIS comme ils parlaient au peuple, les sacrificateurs, et le capitaine du temple, et les sadducéens survinrent,

2 étant en grande peine de ce qu’ils enseignaient le peuple, et qu’ils annonçaient la résurrection des morts au nom de Jésus.

3 Et les ayant fait arrêter, ils les mirent en prison jusqu’au lendemain, parce qu’il était déjà tard.

4 Et plusieurs de ceux qui avaient ouï la parole, crurent ; et le nombre des personnes fut d’environ cinq mille.

5 Or il arriva que le lendemain leurs gouverneurs, les anciens et les scribes s’assemblèrent à Jérusalem,

6 avec Anne, souverain sacrificateur, et Caïphe, et Jean, et Alexandre, et tous ceux qui étaient de la race sacerdotale.

7 Et ayant fait comparaître devant eux Pierre et Jean, ils leur demandèrent : Par quelle puissance, ou au nom de qui avez-vous fait cette guérison ?

8 Alors Pierre étant rempli du Saint-Esprit, leur dit : Gouverneurs du peuple, et vous, anciens d’Israël ;

9 puisque nous sommes recherchés aujourd’hui pour un bien qui a été fait en la personne d’un impotent pour savoir comment il a été guéri,

10 sachez, vous tous, et tout le peuple d’Israël, que ç’a été au nom de Jésus-Christ le Nazarien, que vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts ; c’est, dis-je, en son nom que cet homme qui paraît ici devant vous a été guéri.

11 C’est cette pierre, rejetée par vous qui bâtissez, qui a été faite la pierre angulaire.

12 Et il n’y a point de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point sous le ciel d’autre nom qui soit donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés.

13 Eux, voyant la hardiesse de Pierre et de Jean, et sachant aussi qu’ils étaient des hommes sans lettres et idiots, s’en étonnaient, et ils reconnaissaient bien qu’ils avaient été avec Jésus.

14 Et voyant que l’homme qui avait été guéri était présent avec eux, ils ne pouvaient contredire en rien.

15 Alors leur ayant commandé de sortir hors du conseil, ils conféraient entre eux,

16 disant : Que ferons-nous à ces gens ? car il est connu à tous les habitans de Jérusalem qu’un miracle a été fait par eux ; et cela est si évident, que nous ne le pouvons nier.

17 Mais afin qu’il ne soit plus divulgué parmi le peuple, défendons-leur avec menaces expresses qu’ils n’aient plus à parler en ce nom à qui que ce soit.

18 Les ayant donc appelés, ils leur commandèrent de ne parler plus, ni d’enseigner, en aucune manière, au nom de Jésus.

19 Mais Pierre et Jean répondant, leur dirent : Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu.

20 Car nous ne pouvons que nous ne disions les choses que nous avons vues et ouïes.

21 Alors ils les relâchèrent avec menaces, ne trouvant point comment ils les pourraient punir à cause du peuple, parce que tous glorifiaient Dieu de ce qui avait été fait.

22 Car l’homme en qui avait été faite cette miraculeuse guérison avait plus de quarante ans.

23 Or, après qu’on les eut laissés aller, ils vinrent vers les leurs, et leur racontèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les anciens leur avaient dit.

24 Ce qu’ayant entendu, ils élevèrent tous ensemble la voix à Dieu, et dirent : Seigneur, tu es le Dieu qui as fait le ciel et la terre, la mer, et toutes les choses qui y sont ;

25 et qui as dit par la bouche de David, ton serviteur : Pourquoi se sont émues les nations, et les peuples ont-ils projeté des choses vaines ?

26 Les rois de la terre se sont trouvés en personne, et les princes se sont joints ensemble contre le Seigneur et contre son Christ.

27 En effet, contre ton saint Fils Jésus, que tu as oint, se sont assemblés Hérode et Ponce-Pilate, avec les Gentils et les peuples d’Israël,

28 pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient auparavant déterminé devoir être faites.

29 Maintenant donc, Seigneur, fais attention à leurs menaces, et donne à tes serviteurs d’annoncer ta parole avec toute hardiesse ;

30 en étendant ta main, afin qu’il se fasse des guérisons, et des prodiges, et des merveilles, par le nom de ton saint Fils Jésus.

31 Et quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ; et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse.

32 Or la multitude de ceux qui croyaient n’était qu’un cœur et qu’une âme ; et nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait qu’elle fût à lui, mais toutes choses étaient communes entre eux.

33 Aussi les apôtres rendaient témoignage, avec une grande force, à la résurrection du Seigneur Jésus ; et une grande grâce était sur eux tous.

34 Car il n’y avait entre eux aucune personne nécessiteuse ; parce que tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient ; et ils apportaient le prix des choses vendues,

35 et le mettaient aux pieds des apôtres, et il était distribué à chacun selon qu’il en avait besoin.

36 Or Joses, qui par les apôtres fut surnommé Barnabas, c’est-à-dire fils de consolation, lévite, et Cyprien de nation,

37 ayant une possession, la vendit, et en apporta le prix, et le mit aux pieds des apôtres.

CHAP. V.

Mort d’Ananias et de Saphira ; malades guéris ; les apôtres mis en prison, et délivrés, prêchent et souffrent avec joie.


OR un homme nommé Ananias, ayant, avec Saphira, sa femme, vendu une possession,

2 retint une partie du prix, du consentement de sa femme, et en apporta quelque partie, et la mit aux pieds des apôtres.

3 Mais Pierre lui dit : Ananias, comment Satan s’est-il emparé de ton cœur, jusqu’à t’inciter à mentir au Saint-Esprit, et à soustraire une partie du prix de la possession ?

4 Si tu l’eusses gardée, ne te demeurait-elle pas ? et étant vendue, n’était-elle pas en ta puissance ? Pourquoi as-tu formé un tel dessein dans ton cœur ? Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu.

5 Et Ananias, entendant ces paroles, tomba, et rendit l’esprit ; ce qui causa une grande crainte à tous ceux qui en entendirent parler.

6 Et quelques jeunes hommes se levant, le prirent, et l’emportèrent dehors, et l’enterrèrent.

7 Et il arriva environ trois heures après, que sa femme aussi, ne sachant point ce qui était arrivé, entra ;

8 et Pierre prenant la parole, lui dit : Dis-moi, avez-vous autant vendu le champ ? Et elle dit : Oui, autant.

9 Alors Pierre lui dit : Pourquoi avez-vous fait un complot entre vous de tenter l’Esprit du Seigneur ? Voilà à la porte les pieds de ceux qui ont enterré ton mari, et ils t’emporteront.

10 Et au même instant elle tomba à ses pieds, et rendit l’esprit. Et quand les jeunes hommes furent entrés, ils la trouvèrent morte, et ils l’emportèrent dehors, et ils l’enterrèrent auprès de son mari.

11 Et cela donna une grande crainte à toute l’église, et à tous ceux qui entendaient ces choses.

12 Et beaucoup de prodiges et de miracles se faisaient parmi le peuple, par les mains des apôtres ; et ils étaient tous d’un accord au portique de Salomon.

13 Cependant nul des autres n’osait se joindre à eux ; mais le peuple les louait hautement.

14 Et le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, tant d’hommes que de femmes, se multipliait de plus en plus.

15 Et on apportait les malades dans les rues, et on les mettait sur de petits lits et sur des couchettes, afin que quand Pierre viendrait, au moins son ombre passât sur quelqu’un d’eux.

16 Le peuple aussi des villes voisines s’assemblait à Jérusalem, apportant les malades, et ceux qui étaient tourmentés des esprits immondes ; et tous étaient guéris.

17 Alors le souverain sacrificateur se leva, lui et tous ceux qui étaient avec lui, qui étaient de la secte des sadducéens, et ils furent remplis d’envie ;

18 et mettant les mains sur les apôtres, ils les firent conduire dans la prison publique.

19 Mais l’ange du Seigneur ouvrit de nuit les portes de la prison, et les ayant mis dehors, il leur dit :

20 Allez, et vous présentant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie.

21 Ce qu’ayant entendu, ils entrèrent dès le point du jour dans le temple, et ils enseignaient ; mais le souverain sacrificateur étant venu, et ceux qui étaient avec lui, ils assemblèrent le conseil et tous les anciens des enfans d’Israël, et ils envoyèrent à la prison pour les faire amener.

22 Mais quand les huissiers y furent venus, ils ne les trouvèrent point dans la prison ; ainsi ils s’en retournèrent, et ils rapportèrent,

23 disant : Nous avons bien trouvé la prison fermée avec toute sûreté, et les gardes aussi qui étaient devant les portes ; mais, après l’avoir ouverte, nous n’avons trouvé personne dedans.

24 Et quand le souverain sacrificateur, et le capitaine du temple, et les principaux sacrificateurs eurent ouï ces paroles, ils furent fort en peine à leur sujet, ne sachant ce que cela deviendrait.

25 Mais quelqu’un survint qui leur dit : Voilà, les hommes que vous aviez mis en prison sont au temple, et se tenant là ils enseignent le peuple.

26 Alors le capitaine du temple avec les huissiers s’en alla, et il les amena sans violence ; car ils craignaient d’être lapidés par le peuple.

27 Et les ayant amenés, ils les présentèrent au conseil. Et le souverain sacrificateur les interrogea,

28 disant : Ne vous avons-nous pas défendu expressément de n’enseigner point en ce nom ? Et cependant voici, vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme.

29 Alors Pierre et les autres apôtres répondant, dirent : Il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes.

30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir, le pendant au bois.

31 Et Dieu l’a élevé par sa puissance pour être Prince et Sauveur, afin de donner à Israël la repentance et la rémission des péchés.

32 Et nous lui sommes témoins de ce que nous disons, et le Saint-Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent, en est aussi témoin.

33 Mais eux, ayant entendu ces choses, grinçaient les dents, et consultaient pour les faire mourir.

34 Mais un pharisien, nommé Gamaliël, docteur de la loi, honoré de tout le peuple, se levant dans le conseil, commanda que les apôtres se retirassent dehors pour un peu de temps.

35 Puis il leur dit : Hommes israélites, prenez garde à ce que vous devez faire touchant ces gens.

36 Car avant ce temps-ci s’éleva Theudas, se disant être quelque chose, auquel se joignit un nombre d’hommes d’environ quatre cents ; mais il a été défait, et tous ceux qui s’étaient joints à lui ont été dissipés et réduits à rien.

37 Après lui parut Judas le Galiléen, aux jours du dénombrement, et il attira à lui un grand peuple ; mais celui-ci aussi est péri, et tous ceux qui s’étaient joints à lui ont été dispersés.

38 Maintenant donc je vous dis : Ne continuez plus vos poursuites contre ces hommes, et laissez-les ; car si cette entreprise, ou cette œuvre, est des hommes, elle sera détruite ;

39 mais si elle est de Dieu, vous ne la pourrez détruire ; et prenez garde que même vous ne soyez trouvés faire la guerre à Dieu. Et ils furent de son avis.

40 Puis ayant appelé les apôtres, ils leur commandèrent, après les avoir fouettés, de ne parler point au nom de Jésus, après quoi ils les laissèrent aller.

41 Et les apôtres se retirèrent de devant le conseil, joyeux d’avoir été rendus dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus ;

42 et ils ne cessaient tous les jours d’enseigner, et d’annoncer Jésus-Christ dans le temple, et de maison en maison.

CHAP. VI.

Sept diacres pour les aumônes. Etienne accusé de blasphème.


ET en ces jours-là, comme les disciples se multipliaient, il s’éleva un murmure des Grecs contre les Hébreux sur ce que leurs veuves étaient méprisées dans le service ordinaire.

2 C’est pourquoi les douze ayant appelé la multitude des disciples, dirent : Il n’est pas raisonnable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables.

3 Regardez donc, mes frères, de choisir sept hommes d’entre vous, de qui on ait bon témoignage, pleins du Saint-Esprit et de sagesse, auxquels nous commettions cette affaire.

4 Et pour nous, nous continuerons de vaquer à la prière et à l’administration de la parole.

5 Et ce discours plut à toute l’assemblée qui était là présente ; et ils élurent Etienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit, et Philippe, et Procore, et Nicanor, et Timon, et Parménas, et Nicolas, prosélyte d’Antioche.

6 Et ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains.

7 Et la parole de Dieu croissait, et le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem : un grand nombre aussi de sacrificateurs obéissait à la foi.

8 Or Etienne, plein de foi et de puissance, faisait de grands miracles et de grands prodiges parmi le peuple.

9 Et quelques-uns de la synagogue, appelée la synagogue des Libertins, et de celle des Cyréniens, et de celle des Alexandrins, et de ceux qui étaient de Cilicie et d’Asie, se levèrent pour disputer contre Etienne.

10 Mais ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l’esprit par lequel il parlait.

11 Alors ils subornèrent des hommes, qui disaient : Nous lui avons ouï proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu.

12 Et ils soulevèrent le peuple, et les anciens et les scribes ; et se jetant sur lui, ils l’enlevèrent, et l’amenèrent dans le conseil.

13 Et ils présentèrent de faux témoins, qui disaient : Cet homme ne cesse de proférer des paroles blasphématoires contre ce saint lieu et contre la loi.

14 Car nous lui avons ouï dire que ce Jésus le Nazarien détruira ce lieu-ci, et qu’il changera les ordonnances que Moïse nous a données.

15 Et comme tous ceux qui étaient assis dans le conseil avaient les yeux arrêtés sur lui, ils virent son visage comme le visage d’un ange.

CHAP. VII.

Etienne plaidant sa cause avec reproches aux Juifs, est lapidé en priant pour eux.


ALORS le souverain sacrificateur lui dit : Ces choses sont-elles ainsi ?

2 Et Etienne répondit : Hommes, frères et pères, écoutez-moi ; le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, du temps qu’il était en Mésopotamie, avant qu’il demeurât à Carran,

3 et lui dit : Sors de ton pays, et d’avec ta parenté, et viens au pays que je te montrerai.

4 Il sortit donc du pays des Caldéens, et alla demeurer à Carran ; et de là, après que son père fut mort, Dieu le fit passer en ce pays où vous habitez maintenant.

5 Et il ne lui donna aucun héritage en ce pays, non pas même d’un pied de terre, quoiqu’il lui eût promis de le lui donner en possession, et à sa postérité après lui, dans un temps où il n’avait point encore d’enfant.

6 Et Dieu lui parla ainsi : Ta postérité séjournera quatre cents ans dans une terre étrangère ; et là on l’asservira, et on la maltraitera.

7 Mais je jugerai la nation à laquelle ils auront été asservis, dit Dieu ; et après cela ils sortiront, et me serviront en ce lieu-ci.

8 Puis il lui donna l’alliance de la circoncision ; et après cela Abraham engendra Isaac, lequel il circoncit le huitième jour ; et Isaac engendra Jacob, et Jacob les douze patriarches.

9 Et les patriarches étant pleins d’envie vendirent Joseph pour être mené en Égypte ; mais Dieu était avec lui,

10 qui le délivra de toutes ses afflictions ; et l’ayant rempli de sagesse, il le rendit agréable à Pharaon, roi d’Égypte, qui l’établit gouverneur sur l’Égypte, et sur toute sa maison.

11 Or il survint dans tout le pays d’Égypte en Canaan une famine et une grande angoisse ; tellement que nos pères ne pouvaient trouver des vivres.

12 Mais quand Jacob eut ouï dire qu’il y avait du blé en Égypte, il y envoya pour la première fois nos pères ;

13 et y étant retournés une seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères, et la famille de Joseph fut déclarée à Pharaon.

14 Alors Joseph envoya quérir Jacob son père, et toute sa famille, qui était soixante-quinze personnes.

15 Jacob donc descendit en Égypte, et il mourut, lui et nos pères,

16 qui furent transportés à Sichem, et mis dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent des fils d’Emmor, fils de Sichem.

17 Mais comme le temps de la promesse pour laquelle Dieu avait juré à Abraham s’approchait, le peuple s’augmenta et se multiplia en Égypte,

18 jusqu’à ce qu’il parut en Égypte un autre roi, qui n’avait point connu Joseph,

19 et qui usant de ruse contre notre nation, maltraita nos pères, jusqu’à leur faire exposer leurs enfans à l’abandon, afin d’en faire périr la race.

20 En ce temps-là naquit Moïse, qui fut divinement beau ; et il fut nourri trois mois dans la maison de son père.

21 Mais ayant été exposé à l’abandon, la fille de Pharaon l’emporta, et le nourrit pour soi comme son fils.

22 Et Moïse fut instruit dans toute la science des Egyptiens ; et il était puissant en paroles et en actions.

23 Mais quand il fut parvenu à l’âge de quarante ans, il forma le dessein d’aller visiter ses frères, les enfans d’Israël.

24 Et voyant un d’eux à qui on faisait tort, il le défendit, et vengea celui qui était outragé, en tuant l’Egyptien.

25 Or il croyait que ses frères comprendraient par-là que Dieu les délivrerait par son moyen ; mais ils ne le comprirent point.

26 Et le jour suivant il se trouva entre eux comme ils se querellaient, et il tâcha de les mettre d’accord, en leur disant : Hommes, vous êtes frères ; pourquoi vous faites-vous tort l’un à l’autre ?

27 Mais celui qui faisait tort à son prochain, le rebuta, lui disant : Qui t’a établi prince et juge sur nous ?

28 Me veux-tu tuer, comme tu tuas hier l’Egyptien ?

29 Alors Moïse s’enfuit sur un tel discours, et fut étranger dans le pays de Madian, où il eut deux fils.

30 Et quarante ans étant accomplis, l’ange du Seigneur lui apparut au désert de la montagne de Sinaï, dans une flamme de feu qui était en un buisson.

31 Et quand Moïse le vit, il fut étonné de la vision ; et comme il approchait pour considérer ce que c’était, la voix du Seigneur lui fut adressée,

32 disant : Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. Et Moïse, tout tremblant, n’osait considérer ce que c’était.

33 Et le Seigneur lui dit : Déchausse les souliers de tes pieds ; car le lieu où tu es est une terre sainte.

34 J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai ouï leur gémissement, et je suis descendu pour les délivrer ; maintenant donc viens, je t’enverrai en Égypte.

35 Ce Moïse, lequel ils avaient rejeté, en disant : Qui t’a établi prince et juge ? c’est celui que Dieu envoya pour prince et pour libérateur, par le moyen de l’ange qui lui était apparu au buisson.

36 C’est celui qui les tira dehors, en faisant des miracles et des prodiges, dans la mer Rouge et au désert, durant quarante ans.

37 C’est ce Moïse qui a dit aux enfans d’Israël : Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera un prophète tel que moi, d’entre vos frères ; écoutez-le.

38 C’est celui qui fut en l’assemblée au désert avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï, et qui fut avec nos pères, et reçut les paroles de vie pour nous les donner ;

39 auquel nos pères ne voulurent point obéir ; mais ils le rejetèrent, et se détournèrent en leur cœur pour retourner en Égypte,

40 disant à Aaron : Fais-nous des dieux qui aillent devant nous ; car nous ne savons point ce qui est arrivé à Moïse qui nous a amenés hors du pays d’Égypte.

41 Ils firent donc en ces jours-là un veau, et ils offrirent des sacrifices à l’idole, et se réjouirent dans les œuvres de leurs mains.

42 C’est pourquoi aussi Dieu se détourna d’eux, et les abandonna à servir l’armée du ciel, ainsi qu’il est écrit au livre des prophètes : Maison d’Israël, m’avez-vous offert des sacrifices et des oblations pendant quarante ans au désert ?

43 Mais vous avez porté le tabernacle de Moloc, et l’étoile de votre dieu Remphan, qui sont des figures que vous avez faites pour les adorer ; c’est pourquoi je vous transporterai au-delà de Babylone.

44 Le tabernacle du témoignage a été avec nos pères au désert, comme avait ordonné celui qui avait dit à Moïse de le faire selon le modèle qu’il en avait vu.

45 Et nos pères ayant reçu ce tabernacle, ils le portèrent, sous la conduite de Josué, au pays qui était possédé par les nations que Dieu chassa de devant nos pères, où il demeura jusqu’aux jours de David ;

46 qui trouva grâce devant Dieu, et qui demanda de pouvoir dresser un tabernacle au Dieu de Jacob.

47 Et Salomon lui bâtit une maison.

48 Mais le Souverain n’habite point dans des temples faits de main, selon ces paroles du prophète :

49 Le ciel est mon trône, et la terre est le marchepied de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel pourrait être le lieu de mon repos ?

50 Ma main n’a-t-elle pas fait toutes ces choses ?

51 Gens de cou roide, et incirconcis de cœur et d’oreille, vous vous obstinez toujours contre le Saint-Esprit ; vous faites comme vos pères ont fait.

52 Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils point persécuté ? Ils ont même tué ceux qui ont prédit l’avénement du Juste, duquel maintenant vous avez été les traîtres et les meurtriers,

53 vous qui avez reçu la loi par la disposition des anges, et qui ne l’avez point gardée.

54 En entendant ces choses leur cœur s’enflamma de colère, et ils grinçaient les dents contre lui.

55 Mais lui étant rempli du Saint-Esprit, et ayant les yeux attachés au ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus étant à la droite de Dieu.

56 Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme étant à la droite de Dieu.

57 Alors ils s’écrièrent à haute voix, et bouchèrent leurs oreilles, et tous d’un accord ils se jetèrent sur lui.

58 Et l’ayant tiré hors de la ville, ils le lapidèrent, et les témoins mirent leurs vêtemens aux pieds d’un jeune homme nommé Saul.

59 Et ils lapidaient Etienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit.

60 Et s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit.

CHAP. VIII.

Persécution dans Jérusalem par Saul. Conversion des Samaritains, de Simon le magicien, et de l’eunuque éthiopien.


OR Saul consentait à la mort d’Etienne ; et en ce temps-là, il se fit une grande persécution contre l’église qui était à Jérusalem ; et tous furent dispersés dans les quartiers de la Judée et de la Samarie, excepté les apôtres.

2 Et quelques hommes craignant Dieu emportèrent Etienne pour l’ensevelir, et menèrent un grand deuil sur lui.

3 Mais Saul ravageait l’église, entrant dans toutes les maisons ; et, traînant par force hommes et femmes, il les mettait en prison.

4 Ceux donc qui furent dispersés allaient çà et là annonçant la parole de Dieu.

5 Et Philippe étant descendu en une ville de Samarie, leur prêcha Christ.

6 Et les troupes étaient toutes ensemble attentives à ce que Philippe disait, l’écoutant, et voyant les miracles qu’il faisait.

7 Car les esprits immondes sortaient, en criant à haute voix hors de plusieurs qui en étaient possédés, et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris.

8 Ce qui causa une grande joie dans cette ville-là.

9 Or il y avait auparavant dans la ville un homme nommé Simon, qui exerçait l’art d’enchanteur, et ensorcelait le peuple de Samarie, se disant être quelque grand personnage,

10 auquel tous étaient attentifs, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, disant : Celui-ci est la grande vertu de Dieu.

11 Et ils étaient attachés à lui, parce que depuis long-temps il les avait éblouis par sa magie.

12 Mais quand ils eurent cru ce que Philippe leur annonçait touchant le royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ, tant les hommes que les femmes furent baptisés.

13 Et Simon crut aussi lui-même ; et après avoir été baptisé, il ne bougeait d’auprès de Philippe ; et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il était comme ravi hors de lui-même.

14 Or quand les apôtres, qui étaient à Jérusalem, eurent entendu que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean,

15 qui y étant descendus, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit ;

16 car il n’était pas encore descendu sur aucun d’eux ; mais seulement ils étaient baptisés au nom du Seigneur Jésus.

17 Puis ils leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.

18 Alors Simon ayant vu que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur présenta de l’argent,

19 en leur disant : Donnez-moi aussi cette puissance, que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent le Saint-Esprit.

20 Mais Pierre lui dit : Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as estimé que le don de Dieu s’acquière avec de l’argent.

21 Tu n’as point de part ni d’héritage en cette affaire ; car ton cœur n’est point droit devant Dieu.

22 Repens-toi donc de cette méchanceté, et prie Dieu, afin que, s’il est possible, la pensée de ton cœur te soit pardonnée.

23 Car je vois que tu es dans un fiel très-amer, et dans un lien d’iniquité.

24 Alors Simon répondit, et dit : Vous, priez le Seigneur pour moi, afin que rien ne vienne sur moi des choses que vous avez dites.

25 Eux donc, après avoir prêché et annoncé la parole du Seigneur, retournèrent à Jérusalem, et annoncèrent l’évangile en plusieurs bourgades des Samaritains.

26 Puis l’ange du Seigneur parla à Philippe, en disant : Lève-toi, et t’en va vers le Midi, au chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, celle qui est déserte.

27 Lui donc se levant, s’en alla. Et voici un homme éthiopien, eunuque, qui était un des principaux seigneurs de la cour de Candace, reine des Ethiopiens, commis sur toutes ses richesses, et qui était venu pour adorer à Jérusalem,

28 s’en retournait, assis dans son chariot ; et il lisait le prophète Esaïe.

29 Et l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi, et te joins à ce chariot.

30 Et Philippe y étant accouru, il l’entendit lisant le prophète Esaïe ; et il lui dit : Mais comprends-tu ce que tu lis ?

31 Et il lui dit : Mais comment le pourrai-je comprendre, si quelqu’un ne me guide ? Et il pria Philippe de monter et de s’asseoir avec lui.

32 Or le passage de l’écriture qu’il lisait était celui-ci : Il a été mené comme une brebis à la boucherie, et comme un agneau muet devant celui qui le tond ; en sorte qu’il n’a point ouvert sa bouche.

33 En son abaissement, son jugement a été haussé. Mais qui racontera sa durée ? Car sa vie est enlevée de la terre.

34 Et l’eunuque prenant la parole, dit à Philippe : Je te prie, de qui est-ce que le prophète dit cela ? Est-ce de lui-même, ou de quelque autre ?

35 Alors Philippe ouvrant sa bouche, et commençant par cette écriture, lui annonça Jésus.

36 Et comme ils continuaient leur chemin, ils arrivèrent à un lieu où il y avait de l’eau ; et l’eunuque dit : Voici de l’eau, qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ?

37 Et Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela t’est permis ; et l’eunuque répondant, dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.

38 Et ayant commandé qu’on arrêtât le chariot, ils descendirent tous deux dans l’eau, Philippe et l’eunuque ; et Philippe le baptisa.

39 Et quand ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus ; et tout joyeux il continua son chemin.

40 Mais Philippe se trouva dans Azote, et en passant il annonça l’évangile dans toutes les villes, jusqu’à ce qu’il fut arrivé à Césarée.

CHAP. IX.

Conversion de Saul ou Paul. Pierre guérit un paralytique, et ressuscite Tabitha.


OR Saul ne respirant encore que menaces et carnage contre les disciples du Seigneur, s’étant adressé au souverain sacrificateur,

2 lui demanda des lettres de sa part pour porter à Damas aux synagogues, afin que, s’il en trouvait quelques-uns de cette secte, soit hommes, soit femmes, il les amenât liés à Jérusalem.

3 Or il arriva qu’en marchant il approcha de Damas, et tout-à-coup une lumière resplendit du ciel comme un éclair tout autour de lui.

4 Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?

5 Et il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus que tu persécutes ; il t’est dur de regimber contre les aiguillons.

6 Et lui tout tremblant et tout effrayé dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et entre dans la ville, et là il te sera dit ce que tu dois faire.

7 Et les hommes qui marchaient avec lui s’arrêtèrent tout épouvantés, entendant bien la voix, mais ne voyant personne.

8 Et Saul se leva de terre, et ouvrant les yeux il ne voyait personne ; c’est pourquoi ils le conduisirent par la main, et le menèrent à Damas,

9 où il fut trois jours sans voir, sans manger ni boire.

10 Or il y avait à Damas un disciple, nommé Ananias, à qui le Seigneur dit en vision : Ananias. Et il répondit : Me voici, Seigneur.

11 Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et t’en va en la rue nommée la Droite, et cherche dans la maison de Judas un homme appelé Saul, qui est de Tarse ; car voilà, il prie.

12 (Or Saul avait vu en vision un homme nommé Ananias, entrant, et lui imposant les mains, afin qu’il recouvrât la vue).

13 Et Ananias répondit : Seigneur, j’ai ouï parler à plusieurs de cet homme-là ; et combien de maux il a faits à tes saints dans Jérusalem.

14 Il a même ici le pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom.

15 Mais le Seigneur lui dit : Va, car il m’est un vaisseau que j’ai choisi pour porter mon nom devant les Gentils, et les rois, et les enfans d’Israël.

16 Car je lui montrerai combien il aura à souffrir pour mon nom.

17 Ananias donc s’en alla, et entra dans la maison ; et lui imposant les mains, il lui dit : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t’est apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé afin que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli du Saint-Esprit.

18 Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles ; et à l’instant il recouvra la vue ; puis il se leva, et fut baptisé.

19 Et ayant mangé, il reprit ses forces. Et Saul fut quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas.

20 Et il prêcha incessamment dans les synagogues que Christ était le Fils de Dieu.

21 Et tous ceux qui l’entendaient étaient comme ravis hors d’eux-mêmes, et ils disaient : N’est-ce pas celui-là qui a détruit à Jérusalem ceux qui invoquaient ce nom, et qui est venu ici exprès pour les amener liés aux principaux sacrificateurs ?

22 Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, prouvant que Jésus était le Christ.

23 Or long-temps après les Juifs conspirèrent ensemble pour le faire mourir.

24 Mais leurs embûches vinrent à la connaissance de Saul. Or ils gardaient les portes jour et nuit, afin de le faire mourir.

25 Mais les disciples le prenant de nuit, le descendirent par la muraille, en le dévalant dans une corbeille.

26 Et quand Saul fut venu à Jérusalem, il tâchait de se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût disciple.

27 Mais Barnabas le prit et le mena aux apôtres, et leur raconta comment par le chemin il avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment il avait parlé franchement à Damas au nom de Jésus.

28 Et il était avec eux à Jérusalem, se montrant publiquement,

29 et parlant sans déguisement au nom du Seigneur Jésus, il disputait contre les Grecs ; mais ils tâchaient de le faire mourir.

30 Ce que les frères ayant connu, ils le menèrent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse.

31 Ainsi donc les églises par toute la Judée, la Galilée et la Samarie étaient en paix, étant édifiées et marchant dans la crainte du Seigneur ; et elles étaient multipliées par la consolation du Saint-Esprit.

32 Or il arriva que, comme Pierre les visitait tous, il vint aussi vers les saints qui demeuraient à Lydde.

33 Et il trouva là un homme nommé Enée qui depuis huit ans était couché dans un petit lit ; car il était paralytique.

34 Et Pierre lui dit : Enée, Jésus-Christ te guérisse ; lève-toi, et fais ton lit. Et sur-le-champ il se leva.

35 Et tous ceux qui habitaient à Lydde et à Saron le virent, et ils furent convertis au Seigneur.

36 Or il y avait à Joppe une femme, disciple, nommée Tabitha, qui signifie en grec Dorcas, laquelle était pleine de bonnes œuvres et d’aumônes qu’elle faisait.

37 Et il arriva en ces jours-là qu’elle tomba malade, et mourut ; et quand ils l’eurent lavée, ils la mirent dans une chambre haute.

38 Et parce que Lydde était près de Joppe, les disciples ayant appris que Pierre était à Lydde, ils envoyèrent vers lui deux hommes, le priant qu’il ne tardât point de venir chez eux.

39 Et Pierre s’étant levé, s’en vint avec eux. Et quand il fut arrivé, ils le menèrent en la chambre haute ; et toutes les veuves se présentèrent à lui en pleurant, et montrant combien Dorcas faisait de robes et de vêtemens quand elle était avec elles.

40 Mais Pierre, après les avoir fait tous sortir, se mit à genoux, et pria ; puis se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi. Et elle ouvrit les yeux, et voyant Pierre, elle se rassit.

41 Et il lui donna la main, et la leva ; puis ayant appelé les saints et les veuves, il la leur présenta vivante.

42 Et cela fut connu dans tout Joppe, et plusieurs crurent au Seigneur.

43 Et il arriva qu’il demeura plusieurs jours à Joppe, chez un certain Simon, corroyeur.

CHAP. X.

Conversion de Corneille et d’autres Gentils par Pierre.


OR, il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centenier d’une cohorte de la légion appelée Italique ;

2 homme dévot et craignant Dieu, avec toute sa famille, faisant aussi beaucoup d’aumônes au peuple, et priant Dieu continuellement ;

3 lequel vit clairement en vision, environ sur les neuf heures du jour, un ange de Dieu qui vint à lui, et qui lui dit : Corneille !

4 Et Corneille ayant les yeux arrêtés sur lui et étant tout effrayé, lui dit : Qu’y a-t-il, Seigneur ? Et il lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées en mémoire devant Dieu.

5 Maintenant donc envoie des gens à Joppe, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre.

6 Il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a sa maison près de la mer ; c’est lui qui te dira ce qu’il faut que tu fasses.

7 Et quand l’ange qui parlait à Corneille s’en fut allé, il appela deux de ses serviteurs, et un soldat craignant Dieu, d’entre ceux qui se tenaient autour de lui ;

8 auxquels, ayant tout raconté, il les envoya à Joppe.

9 Or le lendemain, comme ils marchaient, et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur la maison pour prier, environ vers les six heures.

10 Et il arriva qu’ayant faim, il voulut prendre son repas ; et comme ceux de la maison lui apprêtaient à manger, il lui survint un ravissement d’esprit ;

11 et il vit le ciel ouvert, et un vaisseau descendant sur lui comme un grand linceul, lié par les quatre bouts, et descendant en terre,

12 dans lequel il y avait de toutes sortes d’animaux terrestres à quatre pieds, des bêtes sauvages, des reptiles, et des oiseaux du ciel.

13 Et une voix lui fut adressée, disant : Pierre, lève-toi ; tue, et mange.

14 Mais Pierre répondit : Je n’ai garde, Seigneur ; car jamais je n’ai mangé aucune chose immonde ou souillée.

15 Et la voix lui dit encore pour la seconde fois : Les choses que Dieu a purifiées, ne les tiens point pour souillées.

16 Et cela arriva jusqu’à trois fois, et puis le vaisseau se retira au ciel.

17 Or, comme Pierre était en peine en lui-même, pour savoir quel était le sens de cette vision qu’il avait vue, alors voici, les hommes envoyés par Corneille s’enquérant de la maison de Simon, arrivèrent à la porte.

18 Et ayant appelé quelqu’un, ils demandèrent si Simon, qui était surnommé Pierre, était logé là.

19 Et comme Pierre pensait à la vision, l’Esprit lui dit : Voilà trois hommes qui te demandent.

20 Lève-toi donc, et descends, et t’en va avec eux sans en faire difficulté ; car c’est moi qui les ai envoyés.

21 Pierre donc étant descendu vers les gens qui lui avaient été envoyés par Corneille, leur dit : Voici, je suis celui que vous cherchez ; quelle est la cause pour laquelle vous êtes venus ?

22 Et ils dirent : Corneille, centenier, homme juste, craignant Dieu, et ayant un bon témoignage de toute la nation des Juifs, a été averti de Dieu par un saint ange de t’envoyer querir pour venir en sa maison, et t’ouïr parler.

23 Alors Pierre les ayant fait entrer, les logea ; et le lendemain il s’en alla avec eux, et quelques-uns des frères de Joppe lui tinrent compagnie.

24 Et le lendemain ils entrèrent à Césarée. Or, Corneille les attendait, ayant appelé ses parens et ses familiers amis.

25 Et il arriva que, comme Pierre entrait, Corneille venant au-devant de lui, et se jetant à ses pieds, l’adora.

26 Mais Pierre le releva, en lui disant : Lève-toi, je suis aussi un homme.

27 Puis en parlant avec lui, il entra, et trouva plusieurs personnes qui étaient là assemblées.

28 Et il leur dit : Vous savez qu’il n’est pas permis à un homme juif de se lier avec un étranger, ou d’aller chez lui ; mais Dieu m’a montré que je ne devais estimer aucun homme être impur ou souillé.

29 C’est pourquoi, dès que vous m’avez envoyé querir, je suis venu sans en faire difficulté. Je vous demande donc pour quel sujet vous m’avez envoyé querir.

30 Et Corneille lui dit : Il y a quatre jours, à cette heure-ci, que j’étais en jeûne, et que je faisais la prière à neuf heures dans ma maison ; et voici, un homme se présenta devant moi en un vêtement éclatant,

31 et il me dit : Corneille, ta prière est exaucée, et Dieu s’est souvenu de tes aumônes.

32 Envoie donc à Joppe, et fais venir de là Simon, surnommé Pierre, qui est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer, lequel étant venu, te parlera.

33 C’est pourquoi j’ai d’abord envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Or maintenant nous sommes tous présens devant Dieu, pour entendre tout ce que Dieu t’a commandé de nous dire.

34 Alors Pierre prenant la parole, dit : En vérité, je reconnais que Dieu n’a point d’égard à l’apparence des personnes ;

35 mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui s’adonne à la justice, lui est agréable.

36 C’est ce qu’il a envoyé signifier aux enfans d’Israël, en annonçant la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous.

37 Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché :

38 savoir, comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus le Nazarien, qui a passé de lieu en lieu, en faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon ; car Dieu était avec Jésus.

39 Et nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites, tant au pays des Juifs qu’à Jérusalem ; et comment ils l’ont fait mourir, le pendant au bois.

40 Mais Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et l’a donné pour être manifesté ;

41 non à tout le peuple, mais aux témoins auparavant ordonnés de Dieu ; à nous, dis-je, qui avons mangé et bu avec lui après qu’il a été ressuscité des morts.

42 Et il nous a commandé de prêcher au peuple, et de témoigner que c’est lui qui est destiné de Dieu pour être le juge des vivans et des morts.

43 Tous les prophètes lui rendent témoignage, que quiconque croira en lui, recevra la rémission de ses péchés par son nom.

44 Comme Pierre tenait encore ce discours, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole.

45 Mais les fidèles de la circoncision, qui étaient venus avec Pierre, s’étonnèrent de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les Gentils.

46 Car ils les entendaient parler diverses langues, et glorifier Dieu.

47 Alors Pierre, prenant la parole, dit : Qui est-ce qui pourrait s’opposer à ce que ceux-ci, qui ont reçu comme nous le Saint-Esprit, ne soient baptisés d’eau ?

48 Il commanda donc qu’ils fussent baptisés au nom du Seigneur. Alors ils le prièrent de demeurer là quelques jours.

CHAP. XI.

Apologie de Pierre pour les Gentils, et fondation de l’église à Antioche.


OR, les apôtres et les frères qui étaient en Judée, apprirent que les Gentils aussi avaient reçu la parole de Dieu.

2 Et quand Pierre fut remonté à Jérusalem, ceux de la circoncision disputaient avec lui,

3 disant : Tu es entré chez des hommes incirconcis, et tu as mangé avec eux.

4 Alors Pierre commençant, leur exposa le tout par ordre, disant :

5 J’étais en prière dans la ville de Joppe, et étant ravi en esprit je vis une vision, savoir un vaisseau comme un grand linceul, qui descendait du ciel, lié par les quatre bouts, et qui vint jusqu’à moi ;

6 dans lequel ayant jeté les yeux, j’y aperçus et j’y vis des animaux terrestres à quatre pieds, des bêtes sauvages, des reptiles, et des oiseaux du ciel.

7 J’ouïs aussi une voix qui me dit : Pierre, lève-toi ; tue, et mange.

8 Et je répondis : Je n’ai garde, Seigneur ; car jamais chose immonde ou souillée n’entra dans ma bouche.

9 Et la voix me répondit encore du ciel : Ce que Dieu a purifié, ne le tiens point pour souillé.

10 Et cela se fit jusqu’à trois fois ; et puis toutes ces choses furent retirées au ciel.

11 Et voici, en ce même instant, trois hommes qui avaient été envoyés de Césarée vers moi, se présentèrent à la maison où j’étais ;

12 Et l’Esprit me dit que j’allasse avec eux, sans en faire difficulté ; et ces six frères-ci vinrent aussi avec moi, et nous entrâmes dans la maison de cet homme.

13 Et il nous raconta comme il avait vu dans sa maison un ange qui s’était présenté à lui, et qui lui avait dit : Envoie des gens à Joppe, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre ;

14 qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison.

15 Et quand j’eus commencé à parler, le Saint-Esprit descendit sur eux, comme aussi il était descendu sur nous au commencement.

16 Alors je me souvins de cette parole du Seigneur, et comment il avait dit : Jean a baptisé d’eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit.

17 Puis donc que Dieu leur a accordé un pareil don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je moi, qui pusse m’opposer à Dieu ?

18 Alors ayant ouï ces choses, ils s’appaisèrent, et ils glorifièrent Dieu, en disant : Dieu a donc donné aussi aux Gentils la repentance pour avoir la vie !

19 Or quant à ceux qui avaient été dispersés par la persécution excitée à l’occasion d’Etienne, ils passèrent jusqu’en Phénicie, et en Chypre, et à Antioche, sans annoncer la parole à personne qu’aux Juifs seulement.

20 Mais il y en eut quelques-uns d’entre eux, Chypriens et Cyréniens, qui étant entrés dans Antioche, parlaient aux Grecs, annonçant le Seigneur Jésus.

21 Et la main du Seigneur était avec eux ; tellement qu’un grand nombre ayant cru, furent converti au Seigneur.

22 Et le bruit en vint aux oreilles de l’église qui était à Jérusalem : c’est pourquoi ils envoyèrent Barnabas pour passer à Antioche ;

23 lequel y étant arrivé, et ayant vu la grâce de Dieu, il s’en réjouit ; et il les exhortait tous de demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur.

24 Car il était homme de bien, et plein du Saint-Esprit et de foi ; et un grand nombre de personnes se joignirent au Seigneur.

25 Puis Barnabas s’en alla à Tarse pour chercher Saul.

26 Et l’ayant trouvé, il le mena à Antioche ; et il arriva que, durant un an tout entier, ils s’assemblèrent avec l’église, et enseignèrent un grand peuple ; de sorte que ce fut premièrement à Antioche que les disciples furent nommés Chrétiens.

27 Or, en ces jours-là, quelques prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche.

28 Et l’un d’eux, nommé Agabus, se leva, et déclara par l’Esprit qu’une grande famine devait arriver dans tout le monde ; et, en effet, elle arriva sous Claude César.

29 Et les disciples, chacun selon son pouvoir, déterminèrent d’envoyer quelque chose pour subvenir aux frères qui demeuraient en Judée.

30 Ce qu’ils firent aussi, l’envoyant aux anciens par les mains de Barnabas et de Saul.

CHAP. XII.

Jacques tué, et Pierre emprisonné par Hérode, qui meurt rongé des vers.


EN ce même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques-uns de ceux de l’église,

2 et fit mourir par l’épée Jacques, frère de Jean.

3 Et voyant que cela était agréable aux Juifs, il continua, en faisant prendre aussi Pierre.

4 Or c’étaient les jours des pains sans levain ; et quand il l’eut fait prendre, il le mit en prison, et le donna à garder à quatre bandes, de quatre soldats chacune, le voulant produire au supplice devant le peuple, après la fête de Pâque.

5 Ainsi Pierre était gardé dans la prison ; mais l’église faisait sans cesse des prières à Dieu pour lui.

6 Or dans le temps qu’Hérode était prêt à l’envoyer au supplice, cette nuit-là même Pierre dormait entre deux soldats, lié de deux chaînes ; et les gardes qui étaient devant la porte gardaient la prison.

7 Et voici, un ange du Seigneur survint, et une lumière resplendit dans la prison ; et l’ange, frappant le côté de Pierre, le réveilla, en lui disant : Lève-toi légèrement. Et les chaînes tombèrent de ses mains.

8 Et l’ange lui dit : Ceins-toi, et chausse tes souliers ; ce qu’il fit. Puis il lui dit : Jette ta robe sur toi, et me suis.

9 Lui donc sortant le suivit ; mais il ne savait point que ce qui se faisait par l’ange fût réel ; car il croyait voir quelque vision.

10 Et quand ils eurent passé la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer, par où l’on va à la ville, et cette porte s’ouvrit à eux d’elle-même ; et étant sortis, ils passèrent une rue, et subitement l’ange se retira d’auprès de lui.

11 Alors Pierre étant revenu à soi, dit : Je connais à présent pour sûr que le Seigneur a envoyé son ange, et qu’il m’a délivré de la main d’Hérode, et de toute l’attente du peuple juif.

12 Et ayant considéré le tout, il vint à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où plusieurs étaient assemblés, et faisaient des prières.

13 Et quand il eut heurté à la porte du vestibule, une servante, nommée Rhode, vint pour écouter ;

14 laquelle ayant connu la voix de Pierre, de joie n’ouvrit point le vestibule ; mais elle courut dans la maison, et annonça que Pierre était devant la porte.

15 Et ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle assurait que ce qu’elle disait était vrai ; et eux disaient : C’est son ange.

16 Mais Pierre continuait à heurter ; et quand ils eurent ouvert, ils le virent, et furent comme ravis hors d’eux-mêmes.

17 Et lui leur ayant fait signe de la main qu’ils fissent silence, leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de la prison, et il leur dit : Annoncez ces choses à Jacques et aux frères. Puis sortant de là, il s’en alla en un autre lieu.

18 Mais le jour étant venu, il y eut un grand trouble entre les soldats, pour savoir ce que Pierre était devenu.

19 Et Hérode l’ayant cherché, et ne le trouvant point, après en avoir fait le procès aux gardes, il commanda qu’ils fussent menés au supplice. Puis il descendit de Judée à Césarée, où il séjourna.

20 Or il était dans le dessein de faire la guerre aux Tyriens et aux Sidoniens ; mais ils vinrent à lui d’un commun accord ; et ayant gagné Blaste, qui était chambellan du roi, ils demandèrent la paix, parce que leur pays était nourri de celui du roi.

21 Dans un jour marqué, Hérode, revêtu d’une robe royale, s’assit sur son trône, et les haranguait.

22 Sur quoi le peuple s’écria : Voix d’un Dieu, et non point d’un homme !

23 Et à l’instant un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait point donné gloire à Dieu ; et il fut rongé des vers, et rendit l’esprit.

24 Mais la parole de Dieu faisait des progrès, et se répandait.

25 Barnabas aussi et Saul, après avoir achevé leur commission, s’en retournèrent de Jérusalem, ayant aussi pris avec eux Jean, qui était surnommé Marc.

CHAP. XIII.

Barnabas et Saul envoyés. Elymas aveuglé. Incrédulité des Juifs. Paul se tourne vers les Gentils.


OR il y avait dans l’église, qui était à Antioche, des prophètes et des docteurs, savoir Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius le Cyrénien, Manahem, qui avait été nourri avec Hérode le tétrarque, et Saul.

2 Et comme ils servaient le Seigneur dans leur ministère, et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit : Séparez-moi Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés.

3 Alors ayant jeûné et prié, et leur ayant imposé les mains, ils les laissèrent partir.

4 Eux donc étant envoyés par le Saint-Esprit, descendirent en Séleucie, et de là ils naviguèrent en Chypre.

5 Et quand ils furent à Salamis, ils annoncèrent la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs ; et ils avaient aussi Jean pour leur aider.

6 Puis ayant traversé l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent là un certain enchanteur, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus,

7 qui était avec le proconsul Serge Paul, homme prudent, lequel fit appeler Barnabas et Saul, désirant d’ouïr la parole de Dieu.

8 Mais Elymas, c’est-à-dire l’enchanteur, car c’est ce que signifie ce nom d’Elymas, leur résistait, tâchant de détourner de la foi le proconsul.

9 Mais Saul, qui est aussi appelé Paul, étant rempli du Saint-Esprit, et ayant les yeux arrêtés sur lui, dit :

10 O homme plein de toute fraude et de toute ruse, fils du démon, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu point de renverser les voies du Seigneur qui sont droites ?

11 C’est pourquoi voici, la main du Seigneur va être sur toi, et tu seras aveugle, sans voir le soleil jusqu’à un certain temps. Et à l’instant une obscurité et des ténèbres tombèrent sur lui ; et, tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main.

12 Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant rempli d’admiration pour la doctrine du Seigneur.

13 Et quand Paul et ceux qui étaient avec lui furent partis de Paphos, ils vinrent à Perge, ville de Pamphylie. Mais Jean s’étant retiré d’avec eux, s’en retourna à Jérusalem.

14 Et eux étant partis de Perge, vinrent à Antioche, ville de Pisidie ; et étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s’assirent.

15 Et après la lecture de la loi et des prophètes, les principaux de la synagogue leur envoyèrent dire : Hommes frères, s’il y a de votre part quelque parole d’exhortation pour le peuple, dites-la.

16 Alors Paul s’étant levé, et ayant fait signe de la main qu’on fît silence, dit : Hommes israélites, et vous qui craignez Dieu, écoutez :

17 Le Dieu de ce peuple d’Israël a élu nos pères, et a distingué glorieusement ce peuple du temps qu’ils demeuraient au pays d’Égypte, et il les en fit sortir avec un bras élevé.

18 Et il les supporta au désert environ quarante ans.

19 Et ayant détruit sept nations au pays de Canaan, il leur en distribua le pays par le sort.

20 Et environ quatre cent cinquante ans après, il leur donna des juges jusqu’à Samuël le prophète.

21 Puis ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Kis, homme de la tribu de Benjamin ; et ainsi se passèrent quarante ans.

22 Et Dieu l’ayant ôté, leur suscita David pour roi, duquel aussi il rendit ce témoignage, et dit : J’ai trouvé David, fils de Jessé, un homme selon mon cœur, et qui fera toute ma volonté.

23 Ç’a été de sa semence que Dieu, selon sa promesse, a suscité Jésus pour Sauveur à Israël,

24 Jean ayant auparavant prêché le baptême de repentance à tout le peuple d’Israël, avant la venue de Jésus.

25 Et comme Jean achevait sa course, il disait : Que pensez-vous que je sois ? je ne suis point le Christ ; mais voici, il en vient un après moi dont je ne suis pas digne de délier le soulier de ses pieds.

26 Hommes frères, enfans qui descendez d’Abraham, et ceux d’entre vous qui craignez Dieu, c’est à vous que la parole de ce salut a été envoyée.

27 Car les habitans de Jérusalem et leurs gouverneurs ne l’ayant point connu, ont même, en le condamnant, accompli les paroles des prophètes, qui se lisent chaque sabbat.

28 Et quoiqu’ils ne trouvassent rien en lui qui fût digne de mort, ils prièrent Pilate de le faire mourir.

29 Et après qu’ils eurent accompli toutes les choses qui avaient été écrites de lui, on l’ôta du bois, et on le mit dans un sépulcre.

30 Mais Dieu l’a ressuscité des morts.

31 Et il a été vu durant plusieurs jours par ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, qui sont ses témoins devant le peuple.

32 Et nous vous annonçons, quant à la promesse qui a été faite à nos pères,

33 que Dieu l’a accomplie envers nous qui sommes leurs enfans, ayant suscité Jésus, selon qu’il est écrit au psaume second : Tu es mon Fils, je t’ai aujourd’hui engendré.

34 Et pour montrer qu’il l’a ressuscité des morts, pour ne devoir plus retourner au sépulcre, il a dit ainsi : Je vous donnerai les saintetés de David assurées.

35 C’est pourquoi il dit aussi dans un autre endroit : Tu ne permettras point que ton Saint sente la corruption.

36 Car certes David, après avoir servi en son temps au conseil de Dieu, s’est endormi, et a été mis avec ses pères, et a senti la corruption.

37 Mais celui que Dieu a ressuscité n’a point senti de corruption.

38 Sachez donc hommes frères, que c’est par lui que vous est annoncée la rémission des péchés ;

39 et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui.

40 Prenez donc garde qu’il ne vous arrive ce qui est dit dans les prophètes :

41 Voyez, contempteurs, et vous en étonnez, et soyez dissipés ; car je vais faire une œuvre en votre temps, une œuvre que vous ne croirez point, si quelqu’un vous la raconte.

42 Puis étant sortis de la synagogue des Juifs, les Gentils les prièrent qu’au sabbat suivant ils leur annonçassent ces paroles.

43 Et quand l’assemblée fut séparée, plusieurs des Juifs et des prosélytes qui servaient Dieu suivirent Paul et Barnabas, qui en leur parlant les exhortaient à persévérer en la grâce de Dieu.

44 Et le sabbat suivant, presque toute la ville s’assembla pour ouïr la parole de Dieu.

45 Mais les Juifs, voyant toute cette multitude, furent remplis d’envie, et contredisaient à ce que Paul disait, le contredisant et le blasphémant.

46 Alors Paul et Barnabas s’étant enhardis, leur dirent : C’était bien à vous premièrement qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les Gentils ;

47 car le Seigneur nous l’a ainsi commandé, disant : Je t’ai établi pour être la lumière des Gentils, afin que tu sois en salut jusqu’au bout de la terre.

48 Et les Gentils, entendant cela, s’en réjouissaient, et ils glorifiaient la parole du Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent.

49 Ainsi la parole du Seigneur se répandait par tout le pays.

50 Mais les Juifs excitèrent quelques femmes dévotes et distinguées, et les principaux de la ville, et ils émurent une persécution contre Paul et Barnabas, et les chassèrent de leurs quartiers.

51 Mais eux, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, s’en vinrent à Iconie.

52 Et les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit.

CHAP. XIV.

Actes de Saint Paul dans Iconie, à Lystre, à Derbe et à Antioche.


OR, il arriva qu’étant à Iconie, ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et ils parlèrent d’une telle manière, qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs crut.

2 Mais ceux d’entre les Juifs qui furent rebelles, émurent et irritèrent les esprits des Gentils contre les frères.

3 Ils demeurèrent donc là assez long-temps, parlant hardiment pour le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, faisant en sorte que des prodiges et des miracles s’opérassent par leur moyen.

4 Mais la multitude de la ville fut partagée en deux ; et les uns étaient du côté des Juifs, et les autres du côté des apôtres.

5 Et comme il s’était fait une émeute tant des Gentils que des Juifs, et de leurs gouverneurs, pour insulter les apôtres, et pour les lapider ;

6 eux l’ayant su, s’enfuirent aux villes de Lycaonie, savoir à Lystre et à Derbe, et aux quartiers d’alentour.

7 Et ils y annoncèrent l’évangile.

8 Or il y avait à Lystre un homme, impotent de ses pieds, perclus dès le ventre de sa mère, qui n’avait jamais marché, et qui se tenait là assis.

9 Cet homme ouït parler Paul, qui, ayant arrêté ses yeux sur lui, et voyant qu’il avait la foi pour être guéri,

10 lui dit à haute voix : Lève-toi droit sur tes pieds. Et il se leva en sautant, et marcha.

11 Et les gens qui étaient là assemblés ayant vu ce que Paul avait fait, élevèrent leur voix, disant en langue lycaonienne : Les dieux s’étant faits semblables aux hommes, sont descendus vers nous.

12 Et ils appelaient Barnabas, Jupiter ; et Paul, Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole.

13 Et même le sacrificateur de Jupiter, qui était devant leur ville, ayant amené des taureaux couronnés jusqu’à l’entrée de la porte, voulait leur sacrifier avec la foule.

14 Mais les apôtres Barnabas et Paul ayant appris cela, ils déchirèrent leurs vêtemens, et se jetèrent au milieu de la foule, en s’écriant,

15 et disant : O hommes, pourquoi faites-vous ces choses ? Nous sommes aussi des hommes, sujets aux mêmes passions que vous ; et nous vous annonçons que de ces choses vaines vous vous convertissiez au Dieu vivant, qui a fait le ciel et la terre, la mer, et toutes les choses qui y sont ;

16 lequel, dans les siècles passés, a laissé toutes les nations marcher dans leurs voies,

17 quoiqu’il ne se soit pas laissé sans témoignage, en faisant du bien, et en nous donnant des pluies du ciel, et des saisons fertiles, et en remplissant nos cœurs de viande et de joie.

18 Et en disant ces choses, à peine empêchèrent-ils les troupes de leur sacrifier.

19 Sur quoi quelques Juifs d’Antioche et d’Iconie étant survenus, ils gagnèrent le peuple ; de sorte qu’ayant lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il fût mort.

20 Mais les disciples s’étant assemblés autour de lui, il se leva, et entra dans la ville ; et le lendemain il s’en alla avec Barnabas à Derbe.

21 Et après qu’ils eurent annoncé l’évangile en cette ville-là, et instruit plusieurs personnes, ils retournèrent à Lystre, à Iconie et à Antioche,

22 fortifiant l’esprit des disciples, et les exhortant à persévérer en la foi, et leur faisant sentir que c’est par plusieurs afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.

23 Et après que, par l’avis des assemblées, ils eurent établi des anciens dans chaque église, ayant prié avec jeûnes, ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru.

24 Puis ayant traversé la Pisidie, ils allèrent en Pamphylie.

25 Et ayant annoncé la parole à Perge, ils descendirent à Attalie ;

26 et de là ils naviguèrent à Antioche, d’où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu, pour l’œuvre qu’ils avaient finie.

27 Et quand ils furent arrivés, et qu’ils eurent assemblé l’église, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites par eux, et comment il avait ouvert aux Gentils la porte de la foi.

28 Et ils demeurèrent là long-temps avec les disciples.

CHAP. XV.

Concile des apôtres sur la circoncision et la justification par la loi.


OR, quelques-uns qui étaient descendus de Judée, enseignaient les frères, en disant : Si vous n’êtes circoncis suivant l’usage de Moïse, vous ne pouvez point être sauvés.

2 Sur quoi une grande contestation et une grande dispute s’étant excitée entre Paul et Barnabas, et eux, il fut résolu que Paul et Barnabas, et quelques autres d’entre eux, monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens, pour cette question.

3 Eux donc étant envoyés de la part de l’église, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils ; et ils causèrent une grande joie à tous les frères ;

4 et étant arrivés à Jérusalem, ils furent reçus de l’église, et des apôtres, et des anciens, et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites par leur moyen.

5 Mais quelques-uns, disaient-ils, de la secte des pharisiens qui ont cru, se sont levés, disant qu’il les faut circoncire, et leur commander de garder la loi de Moïse.

6 Alors les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire.

7 Et après une grande discussion, Pierre se leva, et leur dit : Hommes frères, vous savez que depuis long-temps Dieu m’a choisi entre nous, afin que les Gentils ouïssent par ma bouche la parole de l’évangile, et qu’ils crussent.

8 Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint-Esprit, de même qu’à nous.

9 Et il n’a point fait de différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi.

10 Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ?

11 Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, comme eux aussi.

12 Alors toute l’assemblée se tut ; et ils écoutaient Barnabas et Paul, qui racontaient quels prodiges et quelles merveilles Dieu avait faits par leur moyen parmi les Gentils.

13 Et après qu’ils se furent tus, Jacques prit la parole, et dit : Hommes frères, écoutez-moi :

14 Simon a raconté comment Dieu a premièrement regardé les Gentils pour en tirer un peuple consacré à son nom.

15 Et c’est à cela que s’accordent les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit :

16 Après cela je retournerai et rebâtirai le tabernacle de David, qui est tombé ; je réparerai ses ruines, et je le releverai.

17 Afin que le reste des hommes recherche le Seigneur, et toutes les nations aussi sur lesquelles mon nom est réclamé, dit le Seigneur, qui fait toutes ces choses.

18 De tout temps sont connues à Dieu toutes ses œuvres.

19 C’est pourquoi je suis d’avis de ne point inquiéter ceux des Gentils qui se convertissent à Dieu ;

20 mais de leur écrire qu’ils aient à s’abstenir des souillures des idoles, et de la fornication, et des bêtes étouffées, et du sang.

21 Car quant à Moïse, il y a de toute ancienneté dans chaque ville des gens qui le prêchent, vu qu’il est lu dans les synagogues chaque jour de sabbat.

22 Alors il sembla bon aux apôtres et aux anciens, avec toute l’église, d’envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas, des hommes choisis entre eux, savoir Judas, surnommé Barsabas, et Silas, qui étaient des principaux entre les frères.

23 Et ils écrivirent par eux en ces termes : Les apôtres, et les anciens, et les frères, aux frères d’entre les Gentils à Antioche, et en Syrie, et en Cilicie, salut.

24 Parce que nous avons entendu que quelques-uns étant partis d’entre nous, vous ont troublés par certains discours, agitant vos âmes, en vous commandant d’être circoncis, et de garder la loi, sans que nous leur en eussions donné aucun ordre ;

25 nous avons été d’avis, étant assemblés tous d’un commun accord, d’envoyer vers vous, avec nos très-chers Barnabas et Paul, des hommes que nous avons choisis ;

26 et qui sont des hommes qui ont abandonné leurs vies pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ.

27 Nous avons donc envoyé Judas et Silas, qui vous feront entendre les mêmes choses de bouche.

28 Car il a semblé bon au Saint-Esprit, et à nous, de ne mettre point de plus grande charge sur vous que ces choses-ci, qui sont nécessaires ;

29 savoir, que vous vous absteniez des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et des bêtes étouffées, et de la fornication ; desquelles choses, si vous vous gardez, vous ferez bien. Bien vous soit.

30 Après avoir donc pris congé, ils vinrent à Antioche ; et ayant assemblé l’église, ils rendirent les lettres.

31 Et quand ceux d’Antioche les eurent lues, ils furent réjouis par la consolation qu’elles leur donnèrent.

32 De même Judas et Silas, qui étaient aussi prophètes, exhortèrent les frères par plusieurs discours, et les fortifièrent.

33 Et après avoir demeuré là quelque temps, ils furent renvoyés en paix par les frères vers les apôtres.

34 Mais il sembla bon à Silas de demeurer là.

35 Et Paul et Barnabas demeurèrent aussi à Antioche, enseignant et annonçant, avec plusieurs autres, la parole du Seigneur.

36 Et quelques jours après, Paul dit à Barnabas : Retournons-nous-en, et visitons nos frères par toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir quel est leur état.

37 Or Barnabas conseillait de prendre avec eux Jean, surnommé Marc.

38 Mais il ne semblait pas raisonnable à Paul, que celui qui s’était séparé d’eux dès la Pamphylie, et qui n’était point allé avec eux pour cette œuvre-là, leur fût adjoint.

39 Sur quoi il y eut entre eux une contestation qui fit qu’ils se séparèrent l’un de l’autre, et que Barnabas, prenant Marc, navigua en Chypre.

40 Mais Paul ayant choisi Silas, pour l’accompagner, partit de là, après avoir été recommandé à la grâce de Dieu par les frères.

41 Et il traversa la Syrie et la Cilicie, fortifiant les églises.

CHAP. XVI.

Actes et souffrances de Saint Paul à Lystre, à Troas, à Philippes, etc.


ET il arriva à Derbe et à Lystre ; et voici, il y avait là un disciple, nommé Timothée, fils d’une femme juive, fidèle, mais d’un père grec ;

2 lequel avait un bon témoignage des frères qui étaient à Lystre et à Iconie.

3 C’est pourquoi Paul voulut qu’il allât avec lui ; et l’ayant pris avec lui, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient en ces lieux-là ; car ils savaient tous que son père était grec.

4 Eux donc passant par les villes, les instruisaient de garder les ordonnances décrétées par les apôtres et par les anciens de Jérusalem.

5 Ainsi les églises étaient affermies dans la foi, et croissaient en nombre chaque jour.

6 Puis ayant traversé la Phrygie et le pays de Galatie, il leur fut défendu par le Saint-Esprit d’annoncer la parole en Asie.

7 Et étant venus en Mysie, ils essayaient d’aller en Bithynie ; mais l’Esprit de Jésus ne le leur permit point.

8 C’est pourquoi ayant passé la Mysie, ils descendirent à Troas.

9 Et Paul eut de nuit une vision d’un homme macédonien qui se présenta devant lui, et le pria, disant : Passe en Macédoine, et nous aide.

10 Quand donc il eut vu cette vision, nous tâchâmes aussitôt d’aller en Macédoine, concluant de là que le Seigneur nous avait appelés pour leur évangéliser.

11 Ainsi étant partis de Troas, nous tirâmes droit à Samothrace, et le lendemain à Néapolis ;

12 et de là à Philippes, qui est la première ville du quartier de Macédoine, et est une colonie ; et nous séjournâmes quelque temps dans la ville.

13 Et le jour du sabbat nous sortîmes de la ville, et allâmes au lieu où on avait accoutumé de faire la prière près du fleuve, et nous étant là assis, nous parlâmes aux femmes qui y étaient assemblées.

14 Et une femme, nommée Lydie, marchande de pourpre, qui était de la ville de Thyatire, et qui servait Dieu, nous ouït ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur, afin qu’elle se rendît attentive aux choses que Paul disait.

15 Et après qu’elle eut été baptisée avec sa famille, elle nous pria, disant : Si vous m’estimez être fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et y demeurez. Et elle nous y contraignit.

16 Or il arriva que, comme nous allions à la prière, nous fûmes rencontrés par une servante qui avait un esprit de Python, et qui apportait un grand profit à ses maîtres en devinant.

17 Et elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant, et disant : Ces hommes sont les serviteurs du Dieu souverain, et ils vous annoncent la voie du salut.

18 Et elle fit cela durant plusieurs jours ; mais Paul en étant importuné, se tourna, et dit à l’esprit : Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette fille ; et il en sortit.

19 Mais ses maîtres, voyant que l’espérance de leur gain était perdue, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent dans la place publique devant les magistrats.

20 Et ils les présentèrent aux gouverneurs, en disant : Ces hommes-ci, qui sont Juifs, troublent notre ville ;

21 car ils annoncent des maximes qu’il ne nous est pas permis de recevoir, ni de garder, vu que nous sommes Romains.

22 Le peuple aussi se souleva ensemble contre eux, et les gouverneurs leur ayant fait déchirer leurs robes, commandèrent qu’ils fussent fouettés.

23 Et après leur avoir donné plusieurs coups de fouet, ils les mirent en prison, en commandant au geolier de les garder sûrement.

24 Et le geolier, ayant reçu cet ordre, les mit au fond de la prison, et leur serra les pieds dans des ceps.

25 Or, sur le minuit, Paul et Silas priaient, en chantant les louanges de Dieu ; en sorte que les prisonniers les entendaient.

26 Et tout d’un coup il se fit un si grand tremblement de terre, que les fondemens de la prison croulaient ; et incontinent toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent détachés.

27 Sur quoi le geolier s’étant éveillé, et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée, et voulait se tuer, croyant que les prisonniers s’étaient enfuis.

28 Mais Paul cria à haute voix, en disant : Ne te fais point de mal ; car nous sommes tous ici.

29 Alors ayant demandé de la lumière, il courut dans le cachot, et tout tremblant se jeta aux pieds de Paul et de Silas.

30 Et les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

31 Ils dirent : Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé, toi et ta maison.

32 Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui étaient en sa maison.

33 Après cela, les prenant en cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt après il fut baptisé avec tous ceux de sa maison.

34 Et les ayant amenés en sa maison, il leur servit à manger, et se réjouit, parce qu’avec toute sa maison il avait cru en Dieu.

35 Et quand il fut jour, les gouverneurs envoyèrent des huissiers pour lui dire : Elargis ces gens-là.

36 Et le geolier rapporta ces paroles à Paul, disant : Les gouverneurs ont envoyé dire qu’on vous élargît ; sortez donc maintenant, et allez-vous-en en paix.

37 Mais Paul dit aux huissiers : Après nous avoir fouettés publiquement, sans forme de jugement, nous qui sommes Romains, ils nous ont mis en prison ; et maintenant ils nous mettent dehors en secret. Il n’en sera pas ainsi ; mais qu’ils viennent eux-mêmes, et qu’ils nous mettent dehors.

38 Et les huissiers rapportèrent ces paroles aux gouverneurs, qui craignirent, ayant entendu qu’ils étaient Romains.

39 C’est pourquoi ils vinrent vers eux, et les prièrent ; puis les ayant élargis, ils les supplièrent de partir de la ville.

40 Alors étant sortis de la prison, ils entrèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les consolèrent, et ensuite ils partirent.

CHAP. XVII.

Actes et souffrances de Saint Paul à Thessalonique, à Bérée et à Athènes.


PUIS ayant traversé par Amphipolis et par Apollonie, ils vinrent à Thessalonique, où il y avait une synagogue de Juifs.

2 Et Paul, selon sa coutume, s’y rendit, et durant trois sabbats il disputait avec eux par les écritures ;

3 expliquant et prouvant qu’il avait fallu que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât des morts ; et que ce Jésus, lequel, disait-il, je vous annonce, était le Christ.

4 Et quelques-uns d’entre eux crurent, et se joignirent à Paul et à Silas, et une grande multitude de Grecs qui servaient Dieu, et des femmes de qualité en assez grand nombre.

5 Mais les Juifs rebelles étant pleins d’envie, prirent quelques fainéans remplis de malice, qui ayant fait un amas de peuple, firent une émeute dans la ville, et qui ayant forcé la maison de Jason, cherchèrent Paul et Silas pour les amener au peuple.

6 Mais ne les ayant point trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les gouverneurs de la ville, en criant : Ceux-ci, qui ont remué tout le monde, sont aussi venus ici.

7 Et Jason les a retirés chez lui ; et ils contreviennent tous aux ordonnances de César, en disant qu’il y a un autre roi qu’ils nomment Jésus.

8 Ils soulevèrent donc le peuple et les gouverneurs de la ville, qui entendaient ces choses.

9 Mais après avoir reçu caution de Jason et des autres, ils les laissèrent aller.

10 Et d’abord les frères mirent de nuit hors de la ville Paul et Silas, pour aller à Bérée, où étant arrivés ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.

11 Or ceux-ci furent plus généreux que les Juifs de Thessalonique, car ils reçurent la parole avec toute promptitude, conférant tous les jours les écritures, pour savoir si les choses étaient telles qu’on leur disait.

12 Plusieurs donc d’entre eux crurent, et des femmes grecques de distinction, et des hommes aussi, en assez grand nombre.

13 Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que la parole de Dieu était aussi annoncée par Paul à Bérée, ils y vinrent et émurent le peuple.

14 Mais alors les frères firent aussitôt sortir Paul hors de la ville, comme pour aller vers la mer ; mais Silas et Timothée demeurèrent encore là.

15 Et ceux qui avaient pris la charge de mettre Paul en sûreté, le menèrent jusqu’à Athènes ; et ils en partirent après avoir reçu ordre de Paul de dire à Silas et à Timothée qu’ils le vinssent bientôt rejoindre.

16 Et comme Paul les attendait à Athènes, son esprit s’aigrissait en lui-même, en considérant cette ville entièrement adonnée à idolâtrie.

17 Il disputait donc dans la synagogue avec les Juifs et avec les dévots, et tous les jours dans la place publique avec ceux qui s’y rencontraient.

18 Et quelques-uns d’entre les philosophes épicuriens et d’entre les stoïciens se mirent à parler avec lui, et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? Et les autres disaient : Il semble être annonciateur de dieux étrangers ; parce qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection.

19 Et l’ayant pris, ils le menèrent dans l’aréopage, et lui dirent : Ne pourrons-nous point savoir quelle est cette nouvelle doctrine dont tu parles ?

20 Car tu nous remplis les oreilles de certaines choses étranges ; nous voulons donc savoir ce que veulent dire ces choses.

21 Or, tous les Athéniens et les étrangers qui demeuraient à Athènes, ne s’occupaient à autre chose qu’à dire ou à ouïr quelque nouvelle.

22 Paul étant donc au milieu de l’aréopage, leur dit : Hommes Athéniens, je vous vois comme trop dévots en toutes choses.

23 Car en passant et en contemplant vos dévotions, j’ai trouvé même un autel sur lequel était écrit : au dieu inconnu. Celui donc que vous honorez sans le connaître, c’est celui que je vous annonce.

24 Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans les temples faits de main ;

25 et il n’est point servi par les mains des hommes, comme s’il avait besoin de quelque chose, vu que c’est lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses ;

26 et il a fait d’un seul sang tout le genre humain, pour habiter sur toute l’étendue de la terre, ayant déterminé les saisons qu’il a établies, et les bornes de leur habitation ;

27 afin qu’ils cherchent le Seigneur, pour voir s’ils pourraient en quelque sorte le toucher en tâtonnant, et le trouver ; quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous.

28 Car par lui nous avons la vie, le mouvement et l’être ; selon ce que quelques-uns même de vos poètes ont dit : Car aussi nous sommes sa race.

29 Etant donc la race de Dieu, nous ne devons point estimer que la divinité soit semblable à l’or, ou à l’argent, ou à la pierre taillée par l’art et l’industrie des hommes.

30 Mais Dieu, passant par-dessus ces temps de l’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils se repentent.

31 Parce qu’il a arrêté un jour auquel il doit juger, selon la justice, le monde universel, par l’homme qu’il a destiné pour cela; de quoi il a donné une preuve certaine à tous, en l’ayant ressuscité d’entre les morts.

32 Mais quand ils ouïrent ce mot de la résurrection des morts, les uns s’en moquaient, et les autres disaient : Nous t’entendrons encore sur cela.

33 Et Paul sortit ainsi du milieu d’eux.

34 Quelques-uns pourtant se joignirent à lui, et crurent ; entre lesquels même était Denis l’aréopagite, et une femme nommée Damaris, et quelques autres avec eux.

CHAP. XVIII.

Actes de Saint Paul à Corinthe, etc., et d’Apollos à Ephèse.


APRES cela, Paul étant parti d’Athènes, vint à Corinthe.

2 Et y ayant trouvé un Juif, nommé Aquile, originaire du pays de Pont, qui un peu auparavant était venu d’Italie avec Priscille sa femme, parce que Claude avait commandé que tous les Juifs sortissent de Rome, il s’adressa à eux.

3 Et parce qu’il était du même métier, il demeura avec eux, et il travaillait. Or leur métier était de faire des tentes.

4 Et chaque sabbat il disputait dans la synagogue, et persuadait tant les Juifs que les Grecs.

5 Et quand Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul, étant poussé par l’Esprit, témoignait aux Juifs que Jésus était le Christ.

6 Et comme ils le contredisaient, et qu’ils blasphémaient, il secoua ses vêtemens, et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ! j’en suis net ; je m’en vais dès à présent vers les Gentils.

7 Et étant sorti de là, il entra dans la maison d’un homme appelé Juste, qui servait Dieu, et duquel la maison tenait à la synagogue.

8 Mais Crispe, principal de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison ; et plusieurs autres aussi des Corinthiens l’ayant ouï, crurent, et ils furent baptisés.

9 Or le Seigneur dit la nuit à Paul dans une vision : Ne crains point, mais parle, et ne te tais point ;

10 parce que je suis avec toi, et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal ; car j’ai un grand peuple en cette ville.

11 Il demeura donc là un an et six mois, enseignant parmi eux la parole de Dieu.

12 Mais du temps que Gallion était proconsul d’Achaïe, les Juifs, tous d’un commun accord, s’élevèrent contre Paul, et l’amenèrent devant le siége judicial,

13 en disant : Cet homme persuade les gens de servir Dieu contre la loi.

14 Et comme Paul voulait ouvrir la bouche, Gallion dit aux Juifs : O Juifs ! s’il était question de quelque injustice, ou de quelque crime, je vous supporterais autant qu’il serait raisonnable ;

15 mais s’il est question de paroles et de mots, et de votre loi, vous y mettrez ordre vous-mêmes ; car je ne veux point être juge de ces choses.

16 Et il les fit retirer de devant le siége judicial.

17 Alors tous les Grecs ayant saisi Sosthènes, qui était le principal de la synagogue, le battaient devant le siége judicial, sans que Gallion s’en mît en peine.

18 Et quand Paul eut demeuré là encore assez long-temps, il prit congé des frères, et navigua en Syrie, et avec lui Priscille et Aquile, après qu’il se fut fait raser la tête à Cenchrée, parce qu’il avait fait un vœu.

19 Puis il arriva à Ephèse, et les y laissa ; mais étant entré dans la synagogue, il discourut avec les Juifs,

20 qui le prièrent de demeurer encore plus long-temps avec eux ; mais il ne voulut point le leur accorder.

21 Et il prit congé d’eux, en leur disant : Il me faut absolument faire la fête prochaine à Jérusalem, mais je reviendrai encore vers vous, s’il plaît à Dieu. Ainsi il désancra d’Ephèse.

22 Et quand il fut descendu à Césarée, il monta à Jérusalem, et après avoir salué l’église, il descendit à Antioche.

23 Et y ayant séjourné quelque temps, il s’en alla, et traversa tout de suite la contrée de Galatie et de Phrygie, fortifiant tous les disciples.

24 Mais il vint à Ephèse un Juif, nommé Apollos, Alexandrin de nation, homme éloquent, et savant dans les écritures ;

25 qui était, en quelque manière, instruit dans la voie du Seigneur ; et comme il avait un grand zèle, il expliquait et enseignait fort exactement les choses qui concernent le Seigneur, quoiqu’il ne connût que le baptême de Jean.

26 Il commença donc à parler avec hardiesse dans la synagogue ; et quand Priscille et Aquile l’eurent entendu, ils le prirent avec eux, et lui expliquèrent plus particulièrement la voie de Dieu.

27 Et comme il voulut passer en Achaïe, les frères qui l’y avaient exhorté, écrivirent aux disciples de le recevoir ; et quand il y fut arrivé, il profita beaucoup à ceux qui avaient cru par la grâce ;

28 car il convainquait publiquement les Juifs avec une grande véhémence, démontrant par les écritures que Jésus était le Christ.

CHAP. XIX.

Actes de Saint Paul à Ephèse, et émeute contre lui.


OR il arriva, comme Apollos était à Corinthe, que Paul, après avoir traversé tous les quartiers d’en haut, vint à Ephèse, où ayant trouvé de certains disciples, il leur dit :

2 Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru ? Et ils lui répondirent : Nous n’avons pas même ouï dire s’il y a un Saint-Esprit.

3 Et il leur dit : De quel baptême donc avez-vous été baptisés ? Ils répondirent : Du baptême de Jean.

4 Alors Paul dit : Il est vrai que Jean a baptisé du baptême de repentance, disant au peuple qu’ils crussent en celui qui venait après lui, c’est-à-dire, en Jésus-Christ.

5 Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus.

6 Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ainsi ils parlèrent divers langages, et prophétisèrent.

7 Et tous ces hommes-là étaient environ douze.

8 Puis étant entré dans la synagogue, il parla avec hardiesse l’espace de trois mois, disputant, et persuadant les choses du royaume de Dieu.

9 Mais comme quelques-uns s’endurcissaient, et étaient rebelles, parlant mal de la voie du Seigneur devant la multitude, lui s’étant retiré d’avec eux, sépara les disciples, et il disputait tous les jours dans l’école d’un nommé Tyrannus.

10 Et cela continua l’espace de deux ans ; de sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie, tant Juifs que Grecs, ouïrent la parole du Seigneur Jésus.

11 Et Dieu faisait des prodiges extraordinaires par les mains de Paul ;

12 de sorte que même on portait de dessus son corps des mouchoirs et des linges sur les malades, et ils étaient guéris de leurs maladies, et les esprits malins sortaient des possédés.

13 Alors quelques-uns d’entre les Juifs exorcistes, qui couraient çà et là, essayèrent d’invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui étaient possédés des esprits malins, en disant : Nous vous conjurons par ce Jésus que Paul prêche.

14 Et ceux qui faisaient cela étaient sept fils de Scéva, Juif, principal sacrificateur.

15 Mais le malin esprit répondant, dit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?

16 Et l’homme en qui était le malin esprit, sauta sur eux, et s’en étant rendu le maître, les traita si mal, qu’ils s’enfuirent de cette maison tout nus et blessés.

17 Or cela vint à la connaissance de tous les Juifs et des Grecs qui demeuraient à Ephèse ; et ils furent tous saisis de crainte, et le nom du Seigneur Jésus était glorifié.

18 Et plusieurs de ceux qui avaient cru venaient, confessant et déclarant ce qu’ils avaient fait.

19 Plusieurs aussi de ceux qui s’étaient adonnés à des pratiques curieuses, apportèrent leurs livres, et les brûlèrent devant tous, dont ayant supputé le prix, on trouva qu’il montait à cinquante mille pièces d’argent.

20 Ainsi la parole du Seigneur se répandait sensiblement, et produisait de grands effets.

21 Or, après que ces choses furent faites, Paul se proposa par un mouvement de l’Esprit, de passer par la Macédoine et par l’Achaïe, et d’aller à Jérusalem, disant : Après que j’aurai été là, il me faut aussi voir Rome.

22 Et ayant envoyé en Macédoine deux de ceux qui l’assistaient, savoir Timothée et Eraste, il demeura quelque temps en Asie.

23 Mais en ce temps-là il arriva un grand trouble, à cause de la doctrine.

24 Car un certain homme nommé Démétrius, qui travaillait en argenterie, et faisait de petits temples d’argent de Diane, et qui apportait beaucoup de profit aux ouvriers du métier,

25 les assembla, avec d’autres qui travaillaient à de semblables ouvrages, et il leur dit : O hommes ! vous savez que tout notre gain vient de cet ouvrage.

26 Or vous voyez et vous entendez comment non seulement à Ephèse, mais presque par toute l’Asie, ce Paul-ci, par ses persuasions, a détourné beaucoup de monde, en disant que ceux-là ne sont point des dieux, qui sont faits de main.

27 Et il n’y a pas seulement de danger pour nous que notre métier ne vienne à être décrié, mais aussi que le temple de la grande déesse Diane ne soit plus rien estimé, et qu’il n’arrive que sa majesté, laquelle toute l’Asie et le monde universel révère, ne soit anéantie.

28 Et quand ils eurent entendu ces choses, ils furent tous remplis de colère, et s’écrièrent, disant : Grande est la Diane des Ephésiens !

29 Et toute la ville fut remplie de confusion ; et ils se jetèrent en foule dans le théâtre, et enlevèrent Gaïe et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul.

30 Et comme Paul voulait entrer vers le peuple, les disciples ne le lui permirent point.

31 Quelques-uns aussi d’entre les asiarques, qui étaient ses amis, envoyèrent vers lui pour le prier de ne point se présenter au théâtre.

32 Les uns donc criaient d’une façon, et les autres d’une autre ; car l’assemblée était confuse, et plusieurs même ne savaient pas pourquoi ils étaient assemblés.

33 Alors Alexandre fut contraint de sortir hors de la foule, les Juifs le poussant à parler ; et Alexandre, faisant signe de la main, voulait alléguer quelque excuse au peuple.

34 Mais quand ils eurent connu qu’il était Juif, il s’éleva une voix de tous, durant l’espace presque de deux heures, en criant : Grande est la Diane des Ephésiens !

35 Mais le secrétaire de la ville ayant apaisé cette multitude de peuple, dit : Hommes Ephésiens, et qui est celui des hommes qui ne sache que la ville des Ephésiens est dédiée au service de la grande déesse Diane, et à son image descendue de Jupiter ?

36 Ces choses donc étant telles sans contradiction, il faut que vous vous apaisiez, et que vous ne fassiez rien imprudemment ;

37 car ces gens que vous avez amenés, ne sont ni sacriléges, ni blasphémateurs de votre déesse.

38 Mais si Démétrius et les ouvriers qui sont avec lui ont quelque chose à dire contre quelqu’un, on tient la cour, et il y a des proconsuls ; qu’ils s’y appellent donc les uns les autres.

39 Et si vous avez quelque autre chose à demander, cela se pourra décider dans une assemblée duement convoquée.

40 Car nous sommes en danger d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, puisqu’il n’y a aucun sujet que nous puissions alléguer pour rendre raison de cette émeute. Et quand il eut dit ces choses, il congédia l’assemblée.

CHAP. XX.

Voyages et actes de Saint Paul en Grèce et en Asie.


OR, après que le trouble fut cessé, Paul fit venir les disciples, et les ayant embrassés, il partit pour aller en Macédoine.

2 Et quand il eut passé par ces quartiers-là, et qu’il y eut fait plusieurs exhortations, il vint en Grèce.

3 Et après y avoir séjourné trois mois, les Juifs lui ayant dressé des embûches au cas qu’il fût allé s’embarquer pour la Syrie, on fut d’avis de retourner par la Macédoine.

4 Et Sopater Béréen le devait accompagner jusqu’en Asie ; et d’entre les Thessaloniciens, Aristarque et Second, avec Gaïe Derbien, et Timothée ; et de ceux d’Asie, Tychique et Trophime.

5 Ceux-ci donc étant allés devant, nous attendirent à Troas.

6 Et nous, ayant levé l’ancre à Philippes, après les jours des pains sans levain, nous arrivâmes au bout de cinq jours auprès d’eux à Troas, et nous y séjournâmes sept jours.

7 Et le premier jour de la semaine, les disciples étant assemblés pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, leur fit un discours, qu’il étendit jusqu’à minuit.

8 Or il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute où ils étaient assemblés.

9 Et un jeune homme nommé Eutyche, qui était assis sur une fenêtre, étant abattu d’un profond sommeil pendant le long discours de Paul, emporté du sommeil, tomba en bas du troisième étage, et fut levé mort.

10 Mais Paul, étant descendu, se pencha sur lui, et l’embrassa, et dit : Ne vous troublez point, car son âme est en lui.

11 Et après qu’il fut remonté, et qu’il eut rompu le pain, et mangé, et qu’il eut parlé long-temps jusqu’à l’aube du jour, il partit.

12 Et ils amenèrent là le jeune homme vivant, de quoi ils furent extrêmement consolés.

13 Or, étant entrés dans le navire, nous fûmes portés à Assos, où nous devions reprendre Paul ; car il l’avait ainsi ordonné, ayant résolu de faire ce chemin à pied.

14 Et lorsqu’il nous eut rejoints à Assos, nous le prîmes avec nous, et nous allâmes à Mitylène.

15 Puis étant partis de là, le jour suivant nous abordâmes vis-à-vis de Chios ; le lendemain nous arrivâmes à Samos ; et nous étant arrêtés à Trogyle, nous vînmes le jour d’après à Milet.

16 Car Paul s’était proposé de passer au-delà d’Ephèse, afin de ne point séjourner en Asie, parce qu’il se hâtait d’être, s’il lui était possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem.

17 Or il envoya de Milet à Ephèse, pour faire venir les pasteurs de l’église,

18 qui étant venus vers lui, il leur dit : Vous savez de quelle manière je me suis conduit avec vous dès le premier jour que je suis entré en Asie ;

19 servant le Seigneur en toute humilité, et avec beaucoup de larmes, et parmi beaucoup d’épreuves, qui me sont arrivées par les embûches des Juifs ;

20 et comment je ne me suis épargné en rien de ce qui vous était utile, vous ayant prêché, et ayant enseigné publiquement, et par les maisons ;

21 conjurant les Juifs et les Grecs de se convertir à Dieu, et de croire en Jésus-Christ notre Seigneur.

22 Et maintenant, voici, étant lié par l’Esprit, je m’en vais à Jérusalem, ignorant les choses qui m’y doivent arriver ;

23 sinon que le Saint-Esprit m’avertit de ville en ville, disant que des liens et des tribulations m’attendent.

24 Mais je ne fais cas de rien, et ma vie ne m’est point précieuse, pourvu qu’avec joie j’achève ma course, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, pour rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu.

25 Et maintenant, voici, je sais qu’aucun de vous tous, parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, ne me verra plus.

26 C’est pourquoi je vous prends aujourd’hui à témoin, que je suis net du sang de tous ;

27 car je ne me suis point épargné à vous annoncer tout le conseil de Dieu.

28 Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’église de Dieu, laquelle il a acquise par son propre sang.

29 Car je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups très-dangereux, qui n’épargneront point le troupeau ;

30 et qu’il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines corrompues, dans la vue d’attirer des disciples après eux.

31 C’est pourquoi veillez, vous souvenant que, durant l’espace de trois ans, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous.

32 Et maintenant, mes frères, je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, lequel est puissant pour achever de vous édifier, et pour vous donner l’héritage avec tous les saints.

33 Je n’ai convoité ni l’argent, ni l’or, ni la robe de personne.

34 Et vous savez vous-mêmes que ces mains m’ont fourni les choses qui m’étaient nécessaires, et à ceux qui étaient avec moi.

35 Je vous ai montré en toutes choses qu’en travaillant ainsi il faut supporter les infirmes, et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit qu’on est plus heureux de pouvoir donner que d’être appelé à recevoir.

36 Et quand Paul eut dit ces paroles, il se mit à genoux, et fit la prière avec eux tous.

37 Alors tous fondirent en larmes, et se jetant au cou de Paul, ils le baisaient,

38 étant tristes principalement à cause de cette parole qu’il leur avait dite, qu’ils ne le verraient plus. Et ils le conduisirent au navire.

CHAP. XXI.

Voyages et actes de Saint Paul en Syrie et à Jérusalem.


AINSI donc étant partis, et nous étant éloignés d’eux, nous tirâmes droit à Coos, et le jour suivant à Rhodes, et de là à Patara.

2 Et ayant trouvé là un navire qui traversait en Phénicie, nous montâmes dessus et partîmes.

3 Puis ayant découvert Chypre, nous la laissâmes à main gauche, et tirant vers la Syrie, nous arrivâmes à Tyr ; car le navire y devait laisser sa charge.

4 Et ayant trouvé là des disciples, nous y demeurâmes sept jours. Or ils disaient par l’Esprit à Paul, qu’il ne montât point à Jérusalem.

5 Mais ces jours-là étant passés, nous partîmes, et nous nous mîmes en chemin, étant conduits de tous avec leurs femmes et leurs enfans jusque hors de la ville, et ayant mis les genoux en terre sur le rivage, nous fîmes la prière.

6 Et après nous être embrassés les uns les autres, nous montâmes sur le navire, et les autres retournèrent chez eux.

7 Et ainsi achevant notre navigation, nous vînmes de Tyr à Ptolémaïs ; et, après avoir salué les frères, nous demeurâmes un jour avec eux.

8 Et le lendemain Paul et sa compagnie partant de là, nous vînmes à Césarée : et étant entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, qui était l’un des sept, nous demeurâmes chez lui.

9 Or il avait quatre filles vierges qui prophétisaient.

10 Et comme nous fûmes là plusieurs jours, il y arriva de Judée un prophète, nommé Agabus ;

11 qui nous étant venu voir, prit la ceinture de Paul, et s’en liant les mains et les pieds, il dit : Le Saint-Esprit dit ces choses : Les Juifs lieront ainsi à Jérusalem l’homme à qui est cette ceinture, et ils le livreront entre les mains des Gentils.

12 Quand nous eûmes entendu ces choses, nous, et ceux qui étaient du lieu, nous le priâmes qu’il ne montât point à Jérusalem.

13 Mais Paul répondit : Que faites-vous, en pleurant et en affligeant mon cœur ? Pour moi, je suis tout prêt, non seulement d’être lié, mais aussi de mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus.

14 Ainsi, parce qu’il ne pouvait être persuadé, nous nous tûmes là-dessus, en disant : La volonté du Seigneur soit faite !

15 Quelques jours après, ayant chargé nos hardes, nous montâmes à Jérusalem.

16 Et quelques-uns des disciples vinrent aussi de Césarée avec nous, amenant avec eux un homme appelé Mnason, Chyprien, qui était un ancien disciple, chez qui nous devions loger.

17 Et quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.

18 Et le jour suivant, Paul vint avec nous chez Jacques, et tous les anciens y vinrent.

19 Et après qu’il les eut embrassés, il raconta en détail les choses que Dieu avait faites parmi les Gentils par son ministère.

20 Ce qu’ayant ouï, ils glorifièrent le Seigneur, et ils dirent à Paul : Frère, tu vois combien il y a de milliers de Juifs qui ont cru ; et ils sont tous zélés pour la loi.

21 Or ils ont ouï dire de toi, que tu enseignes tous les Juifs qui sont parmi les Gentils, de renoncer à Moïse, en leur disant qu’ils ne doivent point circoncire leurs enfans, ni vivre selon les ordonnances de la loi.

22 Que faut-il donc faire ? Il faut absolument assembler la multitude des fidèles ; car ils entendront dire que tu es arrivé.

23 Fais donc ce que nous allons te dire : Nous avons quatre hommes qui ont fait un vœu ;

24 prends-les avec toi, et te purifie avec eux, et contribue avec eux, afin qu’ils se rasent la tête, et que tous sachent qu’il n’est rien des choses qu’ils ont ouï dire de toi, mais que tu continues aussi de garder la loi.

25 Mais à l’égard de ceux d’entre les Gentils qui ont cru, nous en avons écrit, ayant ordonné qu’ils n’observent rien de semblable ; mais seulement qu’ils s’abstiennent de ce qui est sacrifié aux idoles, du sang, des bêtes étouffées, et de la fornication.

26 Paul ayant donc pris ces hommes avec lui, et le jour suivant s’étant purifié avec eux, il entra au temple, en dénonçant quel jour leur purification devait s’achever, et continuant ainsi jusqu’à ce que l’oblation fût présentée pour chacun d’eux.

27 Et comme les sept jours s’accomplissaient, quelques Juifs d’Asie ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent tout le peuple, et mirent les mains sur lui,

28 en criant : Hommes israélites, aidez-nous ! Voici cet homme qui partout enseigne tout le monde contre le peuple, contre la loi, et contre ce lieu ; et qui de plus a aussi amené des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu.

29 Car avant cela ils avaient vu avec lui, dans la ville, Trophime, Ephésien, et ils croyaient que Paul l’avait amené dans le temple.

30 Et toute la ville fut émue, et le peuple y accourut ; et ayant saisi Paul, ils le traînèrent hors du temple, et on ferma aussitôt les portes.

31 Mais comme ils tâchaient de le tuer, le bruit vint au capitaine de la compagnie de la garnison, que tout Jérusalem était en trouble ;

32 et aussitôt il prit des soldats et des centeniers, et courut vers eux ; mais eux voyant le capitaine et les soldats, ils cessèrent de battre Paul.

33 Et le capitaine s’étant approché, se saisit de lui, et commanda qu’on le liât de deux chaînes ; puis il demanda qui il était, et ce qu’il avait fait.

34 Mais les uns criaient d’une manière, et les autres d’une autre, dans la foule ; et parce qu’il ne pouvait en apprendre rien de certain à cause du bruit, il commanda que Paul fût mené dans la forteresse.

35 Et quand il fut venu aux degrés, il arriva qu’il fut porté par les soldats à cause de la violence de la foule ;

36 car la multitude du peuple le suivait, en criant : Fais-le mourir.

37 Et comme on allait faire entrer Paul dans la forteresse, il dit au capitaine : M’est-il permis de te dire quelque chose ? Et le capitaine lui demanda : Sais-tu parler grec ?

38 N’es-tu pas l’Egyptien qui ces jours passés a excité une sédition, et a emmené au désert quatre mille brigands ?

39 Et Paul lui dit : Certes je suis Juif, citoyen, natif de Tarse, ville renommée de la Cilicie ; mais, je te prie, permets-moi de parler au peuple.

40 Et quand il le lui eut permis, Paul se tenant sur les degrés, fit signe de la main au peuple ; et s’étant fait un grand silence, il leur parla en langue hébraïque, disant :

CHAP. XXII.

Saint Paul fait l’histoire de sa conversion, et se garantit du fouet, comme bourgeois de Rome.


HOMMES frères et pères, écoutez mon apologie.

2 Et quand ils ouïrent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils firent encore plus de silence ; et il dit :

3 Certes je suis Juif, né à Tarse de Cilicie, mais nourri en cette ville aux pieds de Gamaliël, ayant été exactement instruit dans la loi de nos pères, zélé pour la loi de Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui ;

4 et j’ai persécuté cette doctrine jusqu’à la mort, liant et mettant dans les prisons hommes et femmes ;

5 comme le souverain sacrificateur lui-même et toute l’assemblée des anciens m’en sont témoins ; desquels aussi ayant reçu des lettres pour les frères, j’allai à Damas, afin d’amener aussi liés à Jérusalem ceux qui étaient là, pour les faire punir.

6 Or il arriva, comme je marchais, et que j’approchais de Damas, environ sur le midi, que tout d’un coup une grande lumière, venant du ciel, resplendit comme un éclair à l’entour de moi.

7 Et je tombai sur la place ; et j’entendis une voix qui me dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?

8 Et je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus le Nazarien, que tu persécutes.

9 Or ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, et ils en furent tout effrayés ; mais ils n’entendirent point la voix de celui qui me parlait.

10 Et je dis : Seigneur, que ferai-je ? Et le Seigneur me dit : Lève-toi, et t’en va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire.

11 Or parce que je ne voyais rien, à cause de la splendeur de cette lumière, ceux qui étaient avec moi me menèrent par la main, et je vins à Damas.

12 Et un homme nommé Ananias, qui craignait Dieu selon la loi, et qui avait un bon témoignage de tous les Juifs qui demeuraient là, vint me trouver.

13 Et étant près de moi, il me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue ; et sur l’heure même je tournai les yeux vers lui, et je le vis.

14 Et il me dit : Le Dieu de nos pères t’a préordonné pour connaître sa volonté, et pour voir le Juste, et pour ouïr la voix de sa bouche.

15 Car tu lui seras témoin, envers tous les hommes, des choses que tu as vues et ouïes.

16 Et maintenant que tardes-tu ? Lève-toi, et sois baptisé et purifié de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur.

17 Or il arriva qu’après que je fus retourné à Jérusalem, comme je priais dans le temple, je fus ravi en extase ;

18 et je vis le Seigneur, qui me dit : Hâte-toi, et pars en diligence de Jérusalem ; car ils ne recevront point le témoignage que tu leur rendras de moi.

19 Et je dis : Seigneur, eux-mêmes savent que je mettais en prison et que je fouettais dans les synagogues ceux qui croyaient en toi.

20 Et lorsque le sang d’Etienne, ton martyr, fut répandu, j’y étais aussi présent, je consentais à sa mort, et je gardais les vêtemens de ceux qui le faisaient mourir.

21 Mais il me dit : Va, car je t’enverrai loin vers les Gentils.

22 Et ils l’écoutèrent jusqu’à ce mot ; mais alors ils élevèrent leur voix, en disant : Ote de la terre un tel homme, car il n’est point convenable qu’il vive.

23 Et comme ils criaient à haute voix, et secouaient leurs vêtemens, et jetaient de la poussière en l’air,

24 le tribun commanda qu’on le menât dans la forteresse ; et il ordonna qu’il fût examiné par le fouet, afin de savoir pour quel sujet ils criaient ainsi contre lui.

25 Et quand ils l’eurent garrotté de courroies, Paul dit au centenier qui était près de lui : Vous est-il permis de fouetter un homme romain, et qui n’est pas même condamné ?

26 Ce que le centenier ayant entendu, il s’en alla au tribun pour l’avertir, disant : Regarde ce que tu as à faire ; car cet homme est Romain.

27 Et le tribun vint à Paul, et lui dit : Dis-moi, es-tu Romain ? Et il répondit : Oui, certainement.

28 Et le tribun lui dit : J’ai acquis cette bourgeoisie à grand prix d’argent ; et Paul dit : Mais moi, je l’ai par ma naissance.

29 C’est pourquoi ceux qui le devaient examiner se retirèrent aussitôt d’auprès de lui ; et quand le tribun eut connu qu’il était bourgeois de Rome, il craignit, à cause qu’il l’avait fait lier.

30 Et le lendemain, voulant savoir au vrai pour quel sujet il était accusé des Juifs, il le fit délier ; et ayant commandé que les principaux sacrificateurs et tout le conseil s’assemblassent, il fit amener Paul, et il le présenta devant eux.

CHAP. XXIII.

Paul devant le Sanhédrin, frappé, cherché pour être mis à mort, et conduit à Césarée.


ET Paul regardant fixement le conseil, dit : Hommes frères, je me suis conduit en toute bonne conscience devant Dieu jusqu’à ce jour.

2 Sur quoi le souverain sacrificateur Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui, de le frapper sur le visage.

3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, paroi blanchie, puisqu’étant assis pour me juger selon la loi, tu commandes, en violant la loi, que je sois frappé.

4 Et ceux qui étaient présens lui dirent : Injuries-tu le souverain sacrificateur de Dieu ?

5 Et Paul dit : Mes frères, je ne savais pas qu’il fût souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne médiras point du prince de ton peuple.

6 Et Paul sachant qu’une partie d’entre eux était des sadducéens, et l’autre des pharisiens, il s’écria dans le conseil : Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisien ; je suis tiré en cause pour l’espérance et pour la résurrection des morts.

7 Et quand il eut dit cela, il s’émut une dissension entre les pharisiens et les sadducéens ; et l’assemblée fut divisée.

8 Car les sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, ni d’ange, ni d’esprit ; mais les pharisiens soutiennent l’un et l’autre.

9 Et il se fit un grand cri. Alors les scribes du parti des pharisiens se levèrent et contestèrent, disant : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme-ci ; mais si un esprit ou un ange lui a parlé, ne combattons point contre Dieu.

10 Et comme il se fit une grande division, le tribun craignant que Paul ne fût mis en pièces par eux, commanda que les soldats descendissent, et qu’ils l’enlevassent du milieu d’eux, et l’amenassent en la forteresse.

11 Et la nuit suivante, le Seigneur se présenta à lui, et lui dit : Paul, aie bon courage, car comme tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, tout de même il faut que tu me rendes aussi témoignage à Rome.

12 Et quand le jour fut venu, quelques Juifs firent un complot et un serment avec exécration, disant qu’ils ne mangeraient ni ne boiraient jusqu’à ce qu’ils eussent tué Paul.

13 Et ils étaient plus de quarante qui avaient fait cette conjuration.

14 Et ils s’adressèrent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, et leur dirent : Nous avons fait un vœu, avec exécration de serment, que nous ne goûterions de rien jusqu’à ce que nous ayons tué Paul.

15 Vous donc maintenant faites savoir au tribun, par l’avis du conseil, qu’il vous l’amène demain, comme si vous vouliez connaître de lui quelque chose plus exactement ; et nous serons tout prêts pour le tuer avant qu’il approche.

16 Mais le fils de la sœur de Paul ayant appris cette conjuration, vint et entra dans la forteresse, et le rapporta à Paul.

17 Et Paul ayant appelé un des centeniers, lui dit : Mène ce jeune homme au tribun ; car il a quelque chose à lui rapporter.

18 Il le prit donc, et le mena au tribun, et il lui dit : Paul qui est prisonnier m’a appelé, et m’a prié de t’amener ce jeune homme qui a quelque chose à te dire.

19 Et le tribun le prenant par la main, se retira à part, et lui demanda : Qu’est-ce que tu as à me rapporter ?

20 Et il lui dit : Les Juifs ont conspiré de te prier que demain tu envoies Paul au conseil, comme s’ils voulaient s’enquérir de lui plus exactement de quelque chose.

21 Mais n’y consens point ; car plus de quarante hommes d’entre eux sont en embûches contre lui, qui ont fait un vœu, avec exécration de serment, de ne manger ni boire jusqu’à ce qu’ils l’aient tué ; et ils sont maintenant tout prêts, attendant ce que tu leur permettras.

22 Le tribun donc renvoya le jeune homme, et lui commanda de ne dire à personne qu’il lui eût déclaré ces choses.

23 Puis ayant appelé deux centeniers, il leur dit : Tenez prêts à trois heures de la nuit deux cents soldats, et soixante-dix cavaliers, et deux cents archers, pour aller à Césarée ;

24 et ayez soin qu’il y ait des montures prêtes, afin qu’ayant fait monter Paul, ils le mènent sûrement au gouverneur Félix.

25 Et il lui écrivit une lettre en ces termes :

26 Claude Lysias, au très-excellent gouverneur Félix, salut.

27 Comme cet homme, qui avait été saisi par les Juifs, était prêt d’être tué par eux, je suis survenu avec la garnison, et je le leur ai ôté, après avoir connu qu’il était citoyen romain.

28 Et voulant savoir de quoi ils l’accusaient, je l’ai mené à leur conseil ;

29 où j’ai trouvé qu’il était accusé touchant des questions de leur loi, n’ayant commis aucun crime digne de mort ou d’emprisonnement.

30 Et ayant été averti des embûches que les Juifs avaient dressées contre lui, je te l’ai incessamment envoyé ; ayant aussi commandé aux accusateurs de dire devant toi les choses qu’ils ont contre lui. Bien te soit !

31 Les soldats donc, selon qu’il leur était enjoint, prirent Paul, et le menèrent de nuit à Antipatris.

32 Et le lendemain ils s’en retournèrent à la forteresse, ayant laissé Paul sous la conduite des cavaliers ;

33 qui, étant arrivés à Césarée, rendirent la lettre au gouverneur, et lui présentèrent aussi Paul.

34 Et quand le gouverneur eut lu la lettre, et qu’il eut demandé à Paul de quelle province il était ; ayant entendu qu’il était de Cilicie,

35 je t’entendrai, lui dit-il, plus amplement quand tes accusateurs seront aussi venus. Et il commanda qu’il fût gardé au palais d’Hérode.

CHAP. XXIV.

Accusation et défense de Saint Paul devant le gouverneur Félix.


OR cinq jours après, Ananias le souverain sacrificateur descendit avec les anciens, et un certain orateur, nommé Tertulle, qui comparurent devant le gouverneur contre Paul.

2 Et Paul étant appelé, Tertulle commença à l’accuser, en disant :

3 Très-excellent Félix, nous connaissons en toutes choses et avec toute sorte de remercîment, que nous avons obtenu une grande tranquillité par ton moyen, et par les bons réglemens que tu as faits pour ce peuple, selon ta prudence.

4 Mais afin de ne t’arrêter pas long-temps, je te prie de nous entendre, selon ton équité, dans ce que nous allons te dire en peu de paroles.

5 Nous avons trouvé que c’est ici un homme fort dangereux, qui excite des séditions parmi tous les Juifs dans tout le monde, et qui est le chef de la secte des Nazariens.

6 Il a même tenté de profaner le temple, et nous l’avons saisi, et l’avons voulu juger selon notre loi.

7 Mais le tribun Lysias étant survenu, il nous l’a ôté d’entre les mains avec une grande violence,

8 commandant que ses accusateurs vinssent vers toi ; et tu pourras toi-même savoir de lui, en l’interrogeant, toutes ces choses desquelles nous l’accusons.

9 Les Juifs acquiescèrent à cela, et dirent que les choses étaient ainsi.

10 Et après que le gouverneur eut fait signe à Paul de parler, il répondit : Sachant qu’il y a déjà plusieurs années que tu es le juge de cette nation, je réponds pour moi avec plus de courage,

11 puisque tu peux connaître qu’il n’y a pas plus de douze jours que je suis monté à Jérusalem pour adorer Dieu.

12 Mais ils ne m’ont point trouvé dans le temple disputant avec personne, ni faisant un amas de peuple, soit dans les synagogues, soit dans la ville ;

13 et ils ne sauraient soutenir les choses dont ils m’accusent présentement.

14 Or, je te confesse bien ce point, que selon la voie qu’ils appellent secte, je sers ainsi le Dieu de mes pères, croyant toutes les choses qui sont écrites dans la loi et dans les prophètes ;

15 et ayant espérance en Dieu que la résurrection des morts, tant des justes que des injustes, laquelle ceux-ci attendent aussi eux-mêmes, arrivera.

16 C’est pourquoi aussi je travaille d’avoir toujours la conscience pure devant Dieu et devant les hommes.

17 Or, après plusieurs années, je suis venu pour faire des aumônes et des oblations dans ma nation.

18 Et comme je m’occupais à cela, ils m’ont trouvé purifié dans le temple, sans attroupement et sans tumulte.

19 Et c’étaient de certains Juifs d’Asie,

20 qui devaient comparaître devant toi, et m’accuser s’ils avaient quelque chose contre moi.

21 Ou que ceux-ci eux-mêmes disent, s’ils ont trouvé en moi quelque injustice, quand j’ai été présenté au conseil ;

22 sinon cette seule parole que j’ai dite hautement devant eux : Aujourd’hui je suis tiré en cause par vous, pour la résurrection des morts.

23 Et Félix ayant ouï ces choses, le remit à une autre fois, en disant : Après que j’aurai plus exactement connu ce que c’est de cette secte, quand le tribun Lysias sera descendu, je connaîtrai entièrement de vos affaires.

24 Et il commanda à un centenier que Paul fût gardé, mais qu’il eût aussi quelque relâche, et qu’on n’empêchât aucun des siens de le servir, ou de venir vers lui.

25 Or, quelques jours après, Félix vint avec Drusille sa femme, qui était Juive, et il envoya quérir Paul, et l’ouït parler de la foi qui est en Christ.

26 Et comme il parlait de la justice, et de la tempérance, et du jugement à venir, Félix, tout effrayé, répondit : Pour le présent va-t-en, et quand j’aurai la commodité je te rappellerai.

27 Espérant aussi en même temps que Paul lui donnerait quelque argent pour le délivrer ; c’est pourquoi il l’envoyait quérir souvent, et s’entretenait avec lui.

28 Or, après deux ans accomplis, Félix eut pour successeur Portius Festus ; et Félix voulant faire plaisir aux Juifs, laissa Paul en prison.

CHAP. XXV.

Saint Paul, plaidant devant Festus, en appelle à l’Empereur.


FESTUS donc étant arrivé dans la province, monta trois jours après de Césarée à Jérusalem.

2 Et le souverain sacrificateur, et les premiers d’entre les Juifs, comparurent devant lui contre Paul, et ils priaient Festus ;

3 et lui demandaient cette grâce contre Paul, qu’il le fît venir à Jérusalem ; car ils avaient dressé des embûches pour le tuer par le chemin.

4 Mais Festus leur répondit que Paul était bien gardé à Césarée, où il devait retourner lui-même bientôt.

5 C’est pourquoi, dit-il, que ceux d’entre vous qui le peuvent faire, y descendent avec moi ; et s’il y a quelque crime en cet homme, qu’ils l’accusent.

6 Et n’ayant pas demeuré parmi eux plus de dix jours, il descendit à Césarée ; et le lendemain il s’assit au siége judicial, et il commanda que Paul fût amené.

7 Et comme il fut venu là, les Juifs qui étaient descendus de Jérusalem, l’environnèrent, le chargeant de plusieurs grands crimes, lesquels ils ne pouvaient prouver.

8 Paul répondant qu’il n’avait péché en rien, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César.

9 Mais Festus voulant faire plaisir aux Juifs, répondit à Paul, et dit : Veux-tu monter à Jérusalem, et y être jugé de ces choses devant moi ?

10 Et Paul dit : Je comparais devant le siége judicial de César, où il faut que je sois jugé ; je n’ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le connais toi-même très-bien.

11 Que si je leur ai fait tort, ou que j’aie fait quelque chose digne de mort, je ne refuse point de mourir ; mais s’il n’est rien de ce dont ils m’accusent, personne ne me peut livrer à eux ; j’en appelle à César.

12 Alors Festus, ayant conféré avec le conseil, lui répondit : En as-tu appelé à César ? tu iras à César.

13 Or, quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice arrivèrent à Césarée pour saluer Festus.

14 Et après avoir demeuré là plusieurs jours, Festus fit mention au roi de l’affaire de Paul, disant : Un homme a été laissé prisonnier par Félix,

15 sur le sujet duquel, comme j’étais à Jérusalem, les principaux sacrificateurs et les anciens des Juifs sont comparus, sollicitant sa condamnation ;

16 mais je leur ai répondu que ce n’est point l’usage des Romains de livrer quelqu’un à la mort, avant que celui qui est accusé ait ses accusateurs présens, et qu’il ait lieu de se défendre du crime.

17 Quand donc ils furent venus ici, sans que j’usasse d’aucun délai, le jour suivant, étant assis au siége judicial, je commandai que cet homme fût amené ;

18 et ses accusateurs étant là présens, ils n’alléguèrent aucun des crimes dont je pensais qu’ils l’accuseraient.

19 Mais ils avaient quelques disputes contre lui touchant leurs superstitions, et touchant un certain Jésus mort, que Paul affirmait être vivant.

20 Or, comme j’étais fort en peine pour savoir ce que c’était, je demandai à cet homme s’il voulait aller à Jérusalem, et y être jugé de ces choses.

21 Mais parce qu’il en appela, demandant d’être réservé à la connaissance d’Auguste, je commandai qu’il fût gardé jusqu’à ce que je l’envoyasse à César.

22 Alors Agrippa dit à Festus : Je voudrais bien aussi entendre cet homme. Demain, dit-il, tu l’entendras.

23 Le lendemain donc Agrippa et Bérénice étant venus avec une grande pompe, et étant entrés dans l’auditoire avec les tribuns et les principaux de la ville, Paul fut amené par le commandement de Festus.

24 Et Festus dit : Roi Agrippa, et vous tous qui êtes ici avec nous, vous voyez cet homme contre lequel toute la multitude des Juifs m’est venue solliciter, tant à Jérusalem qu’ici, criant qu’il ne le fallait plus laisser vivre.

25 Mais moi, ayant trouvé qu’il n’avait rien fait qui fût digne de mort, et lui-même en ayant appelé à Auguste, j’ai résolu de le lui envoyer.

26 Mais parce que je n’ai rien de certain à en écrire à l’empereur, je vous l’ai présenté, et principalement à toi, roi Agrippa, afin qu’après en avoir fait l’examen, j’aie de quoi écrire.

27 Car il me semble qu’il n’est pas raisonnable d’envoyer un prisonnier, sans marquer les faits dont on l’accuse.

CHAP. XXVI.

Saint Paul fait son apologie devant le roi Agrippa.


ET Agrippa dit à Paul : Il t’est permis de parler pour toi. Alors Paul ayant étendu la main, parla ainsi pour sa défense :

2 Roi Agrippa, je m’estime heureux de ce que je dois répondre aujourd’hui devant toi de toutes les choses dont je suis accusé par les Juifs.

3 Et surtout parce que je sais que tu as une entière connaissance de toutes les coutumes et questions qui sont entre les Juifs ; c’est pourquoi je te prie de m’écouter avec patience.

4 Pour ce qui est donc de la vie que j’ai menée dès ma jeunesse, telle qu’elle a été du commencement parmi ma nation à Jérusalem, tous les Juifs savent ce qui en est.

5 Car ils savent depuis long-temps, s’ils en veulent rendre témoignage, que dès mes ancêtres j’ai vécu pharisien, selon la secte la plus exacte de notre religion.

6 Et maintenant je comparais en jugement pour l’espérance de la promesse que Dieu a faite à nos pères,

7 à laquelle nos douze tribus, qui servent Dieu continuellement nuit et jour, espèrent de parvenir ; et c’est pour cette espérance, ô roi Agrippa ! que je suis accusé par les Juifs.

8 Quoi ! tenez-vous pour une chose incroyable que Dieu ressuscite les morts ?

9 Il est vrai que, pour moi, j’ai cru qu’il fallait que je fisse de grands efforts contre le nom de Jésus le Nazarien.

10 Ce que j’ai aussi exécuté dans Jérusalem ; car j’ai fait prisonniers plusieurs des saints, après en avoir reçu le pouvoir des principaux sacrificateurs ; et quand on les faisait mourir, j’y donnais ma voix.

11 Et souvent par toutes les synagogues, en les punissant, je les contraignais de blasphémer ; et étant transporté de fureur contre eux, je les persécutais jusque dans les villes étrangères.

12 Et étant occupé à cela, comme j’allais aussi à Damas avec pouvoir et commission des principaux sacrificateurs,

13 je vis, ô roi ! par le chemin, en plein midi, une lumière du ciel, plus grande que la splendeur du soleil, laquelle resplendit autour de moi, et de ceux qui étaient en chemin avec moi.

14 Et étant tous tombés à terre, j’entendis une voix qui me parlait, et qui disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il t’est dur de regimber contre les aiguillons.

15 Alors je dis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il répondit : Je suis Jésus que tu persécutes.

16 Mais lève-toi, et te tiens sur tes pieds ; car ce que je te suis apparu, c’est pour t’établir ministre et témoin tant des choses que tu as vues, que de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai,

17 en te délivrant du peuple et des Gentils, vers lesquels je t’envoie maintenant,

18 pour ouvrir leurs yeux, afin qu’ils soient convertis des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu ; et qu’ils reçoivent la rémission de leurs péchés, et leur part avec ceux qui sont sanctifiés par la foi qu’ils ont en moi.

19 Ainsi, ô roi Agrippa ! je n’ai point été rebelle à la vision céleste.

20 Mais j’ai annoncé premièrement à ceux qui étaient à Damas, et puis à Jérusalem, et par tout le pays de Judée, et aux Gentils, qu’ils se repentissent, et se convertissent à Dieu, en faisant des œuvres convenables à la repentance.

21 C’est pour cela que les Juifs, m’ayant pris dans le temple, ont tâché de me tuer ;

22 mais ayant été secouru par l’aide de Dieu, je suis vivant jusqu’à ce jour, rendant témoignage aux petits et aux grands, et ne disant rien que ce que les prophètes et Moïse ont prédit devoir arriver.

23 Savoir, qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il fût le premier des ressuscités, pour porter la lumière au peuple et aux Gentils.

24 Et comme il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit à haute voix : Tu es hors du sens, Paul ; ton grand savoir dans les lettres te met hors du sens.

25 Et Paul dit : Je ne suis point hors du sens, très-excellent Festus ; mais je dis des paroles de vérité et de sens rassis.

26 Car le roi a la connaissance de ces choses ; et je parle hardiment devant lui, parce que j’estime qu’il n’ignore rien de ces choses ; car ceci n’a point été fait en secret.

27 O roi Agrippa ! crois-tu aux prophètes ? Je sais que tu y crois.

28 Et Agrippa répondit à Paul : Tu me persuades à peu près d’être Chrétien.

29 Et Paul lui dit : Je souhaiterais devant Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, devinssent non seulement à peu près, mais parfaitement, tels que je suis, hormis ces liens.

30 Paul ayant dit ces choses, le roi se leva, avec le gouverneur et Bérénice, et ceux qui étaient assis avec eux ;

31 et quand ils se furent retirés à part, ils conférèrent entre eux, et ils dirent : Cet homme n’a rien commis qui soit digne de mort ou de prison.

32 Et Agrippa dit à Festus : Cet homme pouvait être relâché, s’il n’avait point appelé à César.

CHAP. XXVII.

La navigation de Saint Paul en Italie, et de ses compagnons ; leur naufrage.


OR, après qu’il eut été résolu que nous naviguerions en Italie, ils remirent Paul, avec quelques autres prisonniers, à un nommé Jule, centenier d’une cohorte de la légion appelée Auguste.

2 Et étant montés dans un navire d’Adramite, nous partîmes pour tirer vers les quartiers d’Asie, et Aristarque, Macédonien de la ville de Thessalonique, était avec nous.

3 Le jour suivant nous arrivâmes à Sidon ; et Jule, traitant humainement Paul, lui permit d’aller vers ses amis, afin qu’ils eussent soin de lui.

4 Puis étant partis de là, nous tînmes notre route au-dessous de Chypre, parce que les vents étaient contraires.

5 Et après avoir passé la mer qui est vis-à-vis de la Cilicie et de la Pamphylie, nous vînmes à Myra, ville de Lycie ;

6 où le centenier trouva un navire d’Alexandrie qui allait en Italie ; dans lequel il nous fit monter.

7 Et comme nous naviguions pesamment durant plusieurs jours, en sorte qu’à grande peine pûmes-nous arriver jusqu’à la vue de Gnide, parce que le vent ne nous poussait point, nous passâmes au-dessous de Crète, vers Salmone.

8 Et la côtoyant avec peine nous vînmes en un lieu qui est appelé Beaux-Ports, près duquel était la ville de Lasée.

9 Et parce qu’il s’était écoulé beaucoup de temps, et que la navigation était déjà périlleuse, vu que même le jeûne était déjà passé, Paul les exhortait,

10 en leur disant : Hommes, je vois que la navigation sera périlleuse, et que nous serons exposés non seulement à la perte de la charge du vaisseau, mais même de nos propres vies.

11 Mais le centenier croyait plus le pilote, et le maître du navire, que ce que Paul disait.

12 Et parce que le port n’était pas propre pour y passer l’hiver, la plupart furent d’avis de partir de là, pour tâcher d’aborder à Phénix, qui est un port de Crète, situé contre le vent d’Afrique, et du couchant septentrional, afin d’y passer l’hiver.

13 Et le vent du Midi commençant à souffler doucement, ils crurent venir à bout de leur dessein, et étant partis, ils côtoyèrent Crète de plus près.

14 Mais un peu après, un vent orageux du Nord-Est, qu’on appelle Euroclydon, se leva du côté de l’île.

15 Et le navire étant emporté par le vent, de telle sorte qu’il ne pouvait point résister, nous fûmes emportés, ayant abandonné le navire au vent.

16 Et ayant passé au-dessous d’une petite île appelée Clauda, à grande peine pûmes-nous être maîtres de la chaloupe ;

17 mais l’ayant tirée à nous, les matelots cherchaient tous les remèdes possibles, en liant le navire par dessous ; et comme ils craignaient de tomber sur des bancs de sable, ils abattirent les voiles, et ils étaient portés de cette manière.

18 Or, parce que nous étions agités d’une grande tempête, le jour suivant ils jetèrent les marchandises dans la mer.

19 Puis le troisième jour nous jetâmes de nos propres mains les agrès du navire.

20 Et comme il ne nous parut durant plusieurs jours ni soleil ni étoiles, et qu’une grande tempête nous agitait violemment, toute espérance de nous pouvoir sauver à l’avenir nous fut ôtée.

21 Mais après qu’ils eurent été long-temps sans manger, Paul se tenant alors debout au milieu d’eux, leur dit : O hommes ! certes il fallait me croire, et ne point partir de Crète, afin d’éviter cette tempête et cette perte.

22 Mais maintenant je vous exhorte d’avoir bon courage ; car nul de vous ne perdra la vie, et le navire seul périra.

23 Car en cette propre nuit un ange du Dieu à qui je suis, et lequel je sers, s’est présenté à moi,

24 me disant : Paul, ne crains point, il faut que tu sois présenté à César ; et voici, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi.

25 C’est pourquoi, ô hommes ! ayez bon courage ; car j’ai cette confiance en Dieu que la chose arrivera comme elle m’a été dite.

26 Mais il faut que nous soyons jetés contre quelque île.

27 Quand donc la quatorzième nuit fut venue, comme nous étions portés çà et là sur la mer Adriatique, les matelots eurent opinion, environ sur le minuit, qu’ils approchaient de quelque contrée.

28 Et ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; puis étant passés un peu plus loin, et ayant encore jeté la sonde, ils trouvèrent quinze brasses.

29 Mais craignant de donner contre quelque écueil, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, désirant que le jour vînt.

30 Et comme les matelots cherchaient à s’enfuir du navire, ayant descendu la chaloupe en mer, sous prétexte d’aller porter loin les ancres du côté de la proue,

31 Paul dit au centenier et aux soldats : Si ceux-ci ne demeurent dans le navire, vous ne pouvez point vous sauver.

32 Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe et la laissèrent tomber.

33 Et jusqu’à ce que le jour vint, Paul les exhorta tous de prendre quelque nourriture, en leur disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour qu’en attendant vous êtes demeurés à jeun, et n’avez rien pris.

34 Je vous exhorte donc à prendre quelque nourriture, vu que cela est nécessaire pour votre conservation ; car il ne tombera pas un cheveu de la tête d’aucun de vous.

35 Et quand il eut dit ces choses, il prit du pain, et rendit grâce à Dieu en présence de tous, et l’ayant rompu il commença à manger.

36 Alors ayant tous pris courage, ils commencèrent aussi à manger.

37 Or, nous étions en tout dans le navire deux cent soixante-seize personnes.

38 Et quand ils eurent mangé jusqu’à être rassasiés, ils allégèrent le navire, en jetant le blé dans la mer.

39 Et le jour étant venu, ils ne reconnaissaient point le pays ; mais ils aperçurent un golfe ayant rivage, et ils résolurent d’y faire échouer le navire, s’il leur était possible.

40 C’est pourquoi ayant retiré les ancres, ils abandonnèrent le navire à la mer, lâchant en même temps les attaches des gouvernails ; et ayant tendu la voile de l’artimon, ils tirèrent vers le rivage.

41 Mais étant tombés en un lieu où deux courans se rencontraient, ils y heurtèrent le navire, et la proue s’y étant enfoncée demeurait ferme ; mais la poupe se rompait par la violence des vagues.

42 Alors le conseil des soldats fut de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un s’étant sauvé à la nage s’enfuit.

43 Mais le centenier voulant sauver Paul, les empêcha d’exécuter ce conseil, et il commanda que ceux qui pourraient nager se jetassent dehors les premiers, et se sauvassent à terre ;

44 et le reste, les uns sur des planches, et les autres sur quelques pièces du navire ; et ainsi il arriva que tous se sauvèrent à terre.

CHAP. XXVIII.

Aventures de Saint Paul à Malte et à Rome.


S’ETANT donc sauvés, ils reconnurent que l’île s’appelait Malte.

2 Et les barbares usèrent d’une singulière humanité envers nous ; car ils allumèrent un grand feu, et nous reçurent tous, à cause de la pluie qui nous pressait, et à cause du froid.

3 Et Paul ayant ramassé quelque quantité de sarmens, comme il les eut mis au feu, une vipère en sortit à cause de la chaleur, et lui saisit la main.

4 Et quand les barbares virent cette bête pendante à sa main, ils se dirent l’un à l’autre : Certainement cet homme est un meurtrier, puisqu’après être échappé de la mer, la vengeance ne permet pas qu’il vive.

5 Mais Paul ayant secoué la bête dans le feu, il n’en reçut aucun mal ;

6 au lieu qu’ils s’attendaient qu’il dût enfler, ou tomber subitement mort. Mais quand ils eurent long-temps attendu, et qu’ils eurent vu qu’il ne lui en arrivait aucun mal, ils changèrent de langage, et dirent que c’était un dieu.

7 Or en cet endroit-là étaient les possessions du principal de l’île, nommé Publius, qui nous reçut et nous logea durant trois jours avec beaucoup de bonté.

8 Et il arriva que le père de Publius était au lit, malade de la fièvre et de la dyssenterie ; et Paul l’étant allé voir, il fit la prière, lui imposa les mains, et le guérit.

9 Ce qui étant arrivé, tous les autres malades de l’île vinrent à lui, et ils furent guéris.

10 Lesquels aussi nous firent de grands honneurs, et à notre départ nous fournirent ce qui nous était nécessaire.

11 Trois mois après, nous partîmes sur un navire d’Alexandrie, qui avait hiverné dans l’île, et qui avait pour enseigne Castor et Pollux.

12 Et étant arrivés à Syracuse, nous y demeurâmes trois jours.

13 De-là, en côtoyant, nous arrivâmes à Rhège ; et un jour après, le vent du Midi s’étant levé, nous vînmes le deuxième jour à Pouzzol.

14 Où ayant trouvé des frères, nous fûmes priés de demeurer avec eux sept jours ; et ensuite nous arrivâmes à Rome.

15 Et quand les frères qui y étaient eurent reçu de nos nouvelles, ils vinrent au-devant de nous jusqu’au marché d’Appius, et aux Trois-Boutiques ; et Paul les voyant, rendit grâces à Dieu, et prit courage.

16 Et lorsque nous fûmes arrivés à Rome, le centenier livra les prisonniers au préfet du prétoire ; mais quant à Paul, il lui fut permis de demeurer à part avec un soldat qui le gardait.

17 Or il arriva trois jours après, que Paul convoqua les principaux des Juifs ; et quand ils furent venus, il leur dit : Hommes frères, quoique je n’aie rien commis contre le peuple, ni contre les coutumes des pères, toutefois j’ai été arrêté prisonnier à Jérusalem, et livré entre les mains des Romains,

18 qui après m’avoir examiné me voulaient relâcher, parce qu’il n’y avait en moi aucun crime digne de mort.

19 Mais les Juifs s’y opposant, j’ai été contraint d’en appeler à César, sans que j’aie pourtant dessein d’accuser ma nation.

20 C’est donc là le sujet pour lequel je vous ai appelés, afin de vous voir et de vous parler ; car c’est pour l’espérance d’Israël que je suis chargé de cette chaîne.

21 Mais ils lui répondirent : Nous n’avons point reçu de lettres de Judée qui parlent de toi, ni aucun des frères n’est venu qui ait rapporté ou dit quelque mal de toi.

22 Cependant nous entendrons volontiers de toi quel est ton sentiment ; car quant à cette secte, il nous est connu qu’on la contredit partout.

23 Et après lui avoir assigné un jour, plusieurs vinrent auprès de lui dans son logis, auxquels il expliquait par plusieurs témoignages le royaume de Dieu ; et, depuis le matin jusqu’au soir, il les portait à croire ce qui concerne Jésus, tant par la loi de Moïse que par les prophètes.

24 Et les uns furent persuadés par les choses qu’il disait ; et les autres n’y croyaient point.

25 C’est pourquoi n’étant pas d’accord entre eux, ils se retirèrent, après que Paul leur eut dit cette parole : Le Saint-Esprit a bien parlé à nos pères par Esaïe le prophète,

26 en disant : Va vers ce peuple, et lui dis : Vous écouterez de vos oreilles, et vous n’entendrez point ; et en regardant vous verrez, et vous n’apercevrez point.

27 Car le cœur de ce peuple est engraissé, et ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ont fermé leurs yeux ; de peur qu’ils ne voient des yeux, qu’ils n’entendent des oreilles, qu’ils ne comprennent du cœur, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.

28 Sachez donc que ce salut de Dieu est envoyé aux Gentils, et ils l’entendront.

29 Quand il eut dit ces choses, les Juifs se retirèrent d’avec lui, y ayant une grande contestation entre eux.

30 Mais Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée pour lui, où il recevait tous ceux qui le venaient voir,

31 prêchant le royaume de Dieu, et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus-Christ, avec toute liberté de parler et sans aucun empêchement.


ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX ROMAINS.

CHAP. I.

La justice vient de la grâce de l’évangile, et non pas de la loi de la nature corrompue.


PAUL, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’évangile de Dieu.

2 Lequel il avait auparavant promis par ses prophètes dans les saintes écritures ;

3 touchant son Fils, qui est né de la famille de David, selon la chair,

4 et qui a été pleinement déclaré Fils de Dieu en puissance, selon l’esprit de sanctification, par sa résurrection d’entre les morts, c’est-à-dire notre Seigneur Jésus-Christ,

5 par lequel nous avons reçu la grâce et la charge d’apôtre, afin de porter tous les Gentils à croire en son nom.

6 Entre lesquels aussi vous êtes, vous qui êtes appelés par Jésus-Christ.

7 A vous tous qui êtes à Rome, bien-aimés de Dieu, appelés à être saints, que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !

8 Premièrement je rends grâces, touchant vous tous, à mon Dieu par Jésus-Christ, de ce que votre foi est renommée par tout le monde.

9 Car Dieu, que je sers en mon esprit dans l’évangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous ;

10 demandant continuellement dans mes prières que je puisse enfin trouver par la volonté de Dieu quelque moyen favorable pour aller vers vous.

11 Car je désire extrêmement de vous voir pour vous faire part de quelque don spirituel, afin que vous soyez affermis.

12 C’est-à-dire, afin qu’étant parmi vous, je sois consolé avec vous par la foi qui nous est commune.

13 Or, mes frères, je ne veux point que vous ignoriez que je me suis souvent proposé d’aller vers vous, afin de recueillir quelque fruit aussi bien parmi vous que parmi les autres nations ; mais j’en ai été empêché jusqu’à présent.

14 Je suis débiteur tant aux Grecs qu’aux Barbares, tant aux sages qu’aux ignorans.

15 Ainsi, en tant qu’il est en moi, je suis prêt à annoncer aussi l’évangile à vous qui êtes à Rome.

16 Car je n’ai pas de honte de l’évangile de Christ, vu qu’il est la puissance de Dieu en salut à tout croyant ; au Juif premièrement, puis aussi au Grec.

17 Car la justice de Dieu se révèle en lui pleinement de foi en foi, selon qu’il est écrit : Or le juste vivra de foi.

18 Car la colère de Dieu se révèle pleinement du ciel sur toute impiété et injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive,

19 parce que ce qui se peut connaître de Dieu est manifesté en eux ; car Dieu le leur a manifesté.

20 Car les choses invisibles de Dieu, savoir tant sa puissance éternelle que sa divinité, se voient comme à l’œil par la création du monde, étant considérées dans ses ouvrages ; de sorte qu’ils sont inexcusables.

21 Parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ils ne lui ont point rendu grâces ; mais ils sont devenus vains en leurs discours, et leur cœur destitué d’intelligence a été rempli de ténèbres.

22 Se disant être sages, ils sont devenus fous.

23 Et ils ont changé la gloire de Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image de l’homme corruptible, et des oiseaux, et des bêtes à quatre pieds, et des reptiles.

24 C’est pourquoi aussi Dieu les a livrés aux convoitises de leurs propres cœurs ; de sorte qu’ils se sont abandonnés à l’impureté, déshonorant entre eux-mêmes leurs propres corps ;

25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en fausseté, et qui ont adoré et servi la créature, en abandonnant le Créateur, qui est béni éternellement. Amen.

26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à leurs affections infâmes ; car même les femmes parmi eux ont changé l’usage naturel en celui qui est contre la nature.

27 Et les hommes tout de même, laissant l’usage naturel de la femme, se sont embrasés en leur convoitise l’un envers l’autre, commettant, homme avec homme, des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes la récompense de leur égarement telle qu’il fallait.

28 Car comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, aussi Dieu les a livrés à un esprit dépourvu de tout jugement, pour commettre des choses qui ne sont nullement convenables.

29 Etant remplis de toute injustice, d’impureté, de méchanceté, d’avarice, de malignité ; pleins d’envie, de meurtre, de querelle, de fraude, de mauvaises mœurs.

30 Rapporteurs, médisans, haïssant Dieu, outrageux, orgueilleux, vains, inventeurs de maux, rebelles à pères et à mères.

31 Sans entendement, ne tenant point ce qu’ils ont promis, sans affection naturelle, gens qui jamais ne s’apaisent, sans miséricorde.

32 Et qui, bien qu’ils aient connu le droit de Dieu, savoir, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort, ne les commettent pas seulement, mais encore ils favorisent ceux qui les commettent.

CHAP. II.

Les Juifs pèchent comme les Gentils, contre Dieu et leur loi.


C’EST pourquoi, ô homme ! qui que tu sois, qui juges les autres, tu es sans excuse ; car en ce que tu juges les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, commets les mêmes choses.

2 Or nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité sur ceux qui commettent de telles choses.

3 Et penses-tu, ô homme ! qui juges ceux qui commettent de telles choses, et qui les commets, que tu doives échapper au jugement de Dieu ?

4 Ou méprises-tu les richesses de sa douceur, et de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance ?

5 Mais par ta dureté, et par ton cœur qui est sans repentance, tu t’amasses la colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu,

6 qui rendra à chacun selon ses œuvres ;

7 savoir, la vie éternelle à ceux qui, persévérant à bien faire, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité.

8 Mais il y aura de l’indignation et de la colère contre ceux qui sont contentieux, et qui se rebellent contre la vérité, et obéissent à l’injustice.

9 Il y aura tribulation et angoisse sur toute âme d’homme qui fait le mal ; du Juif premièrement, puis aussi du Grec ;

10 mais gloire, honneur et paix à chacun qui fait le bien ; au Juif premièrement, puis aussi au Grec.

11 Parce que Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes.

12 Car tous ceux qui auront péché sans la loi, périront aussi sans la loi ; et tous ceux qui auront péché en la loi, seront jugés par la loi.

13 (Parce que ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi, qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui observent la loi, qui seront justifiés.

14 Or, quand les Gentils, qui n’ont point la loi, font naturellement les choses qui sont de la loi, n’ayant point la loi, ils sont loi à eux-mêmes.

15 Et ils montrent par là que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience leur rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant entre elles, ou aussi s’excusant.)

16 Tous, dis-je donc, seront jugés au jour que Dieu jugera les secrets des hommes par Jésus-Christ, selon mon évangile.

17 Voici, tu portes le nom de Juif, tu te reposes entièrement sur la loi, et tu te glorifies en Dieu ;

18 tu connais sa volonté, et tu sais discerner ce qui est contraire, étant instruit par la loi ;

19 et tu crois être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres,

20 le docteur des ignorans, le maître des idiots, ayant le modèle de la connaissance et de la vérité dans la loi.

21 Toi donc, qui enseignes les autres, ne t’enseignes-tu point toi-même ? Toi qui prêches qu’on ne doit point dérober, tu dérobes.

22 Toi qui dis qu’on ne doit point commettre adultère, tu commets adultère. Toi qui as en abomination les idoles, tu commets des sacriléges.

23 Toi qui te glorifies en la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi.

24 Car le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous, parmi les Gentils, comme il est écrit.

25 Or, il est vrai que la circoncision est profitable, si tu gardes la loi ; mais si tu es transgresseur de la loi, ta circoncision devient prépuce.

26 Mais si celui qui a le prépuce garde les ordonnances de la loi, son prépuce ne lui sera-t-il point réputé pour circoncision ?

27 Et si celui qui a naturellement le prépuce accomplit la loi, ne te jugera-t-il pas, toi qui, dans la lettre et dans la circoncision, es transgresseur de la loi ?

28 Car celui-là n’est point Juif, qui ne l’est qu’au dehors, et celle-là n’est point la véritable circoncision, qui est faite par dehors en la chair.

29 Mais celui-là est Juif, qui l’est au-dedans ; et la véritable circoncision est celle qui est du cœur, en esprit, et non pas dans la lettre ; et la louange de ce Juif n’est point des hommes, mais de Dieu.

CHAP. III.

L’homme est justifié par la grâce et la foi, non pas par les œuvres.


QUEL est donc l’avantage du Juif, ou quel est le profit de la circoncision ?

2 Il est grand en toute manière, surtout en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés.

3 Car qu’est-ce, si quelques-uns n’ont point cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ?

4 Non, sans doute ; mais que Dieu soit véritable, et tout homme menteur, selon ce qui est écrit : Afin que tu sois trouvé juste en tes paroles, et que tu aies gain de cause quand tu es jugé.

5 Or, si notre injustice recommande la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu est-il injuste quand il punit ? (Je parle en homme.)

6 Non, sans doute ; autrement, comment Dieu jugera-t-il le monde ?

7 Et si la vérité de Dieu est par mon mensonge plus abondante pour sa gloire, pourquoi suis-je encore condamné comme pécheur ?

8 Mais plutôt, selon que nous sommes blâmés, et que quelques-uns disent que nous disons : Pourquoi ne faisons-nous du mal, afin qu’il en arrive du bien ? Desquels la condamnation est juste.

9 Quoi donc ! sommes-nous plus excellens ? Nullement. Car nous avons ci-devant convaincu que tous, tant Juifs que Grecs, sont assujettis au péché,

10 selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, non pas même un seul.

11 Il n’y a personne qui ait de l’intelligence ; il n’y a personne qui recherche Dieu.

12 Ils se sont tous égarés, ils se sont tous ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui fasse le bien, non pas même un seul.

13 C’est un sépulcre ouvert que leur gosier ; ils ont frauduleusement usé de leurs langues ; il y a du venin d’aspic sous leurs lèvres.

14 Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume.

15 Leurs pieds sont légers pour répandre le sang.

16 La destruction et la misère sont dans leurs voies.

17 Ils n’ont point connu la voie de la paix.

18 La crainte de Dieu n’est point devant leurs yeux.

19 Or, nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit coupable devant Dieu.

20 C’est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant lui par les œuvres de la loi ; car par la loi est donnée la connaissance du péché.

21 Mais maintenant la justice de Dieu est manifestée sans la loi, lui étant rendu témoignage par la loi et par les prophètes.

22 La justice, dis-je, de Dieu, par la foi en Jésus-Christ, s’étend à tous et sur tous ceux qui croient ; car il n’y a nulle différence, vu que tous ont péché, et qu’ils sont entièrement privés de la gloire de Dieu ;

23 étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ ;

24 lequel Dieu a établi de tout temps pour être une victime de propitiation par la foi en son sang, afin de montrer sa justice par la rémission des péchés précédens, selon la patience de Dieu ;

25 pour montrer, dis-je, sa justice dans le temps présent, afin qu’il soit trouvé juste, et justifiant celui qui est de la foi de Jésus.

26 Où est donc le sujet de se glorifier ? Il est exclus. Par quelle loi ? est-ce par la loi des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi.

27 Nous concluons donc que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi.

28 Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Certes il l’est aussi des Gentils.

29 Car il y a un seul Dieu qui justifiera par la foi la circoncision, et le prépuce aussi par la foi.

30 Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Non, sans doute ; mais, au contraire, nous affermissons la loi.

CHAP. IV.

La justification à l’exemple d’Abraham par la foi.


QUE dirons-nous donc qu’Abraham, notre père, a trouvé selon la chair ?

2 Certes, si Abraham a été justifié par les œuvres, il a de quoi se glorifier ; mais non pas envers Dieu.

3 Car que dit l’écriture ? Abraham a cru à Dieu, et cela lui a été imputé à justice.

4 Or, à celui qui fait les œuvres, le salaire ne lui est pas imputé comme une grâce, mais comme une chose due.

5 Mais à celui qui ne fait pas les œuvres, mais qui croit en celui qui justifie le méchant, sa foi lui est imputée à justice.

6 Comme aussi David exprime la béatitude de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres, en disant :

7 Bienheureux sont ceux à qui les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts !

8 Bienheureux est l’homme à qui le Seigneur n’aura point imputé son péché !

9 Cette déclaration donc de la béatitude est-elle seulement pour la circoncision, ou aussi pour le prépuce ? Car nous disons que la foi a été imputée à Abraham à justice.

10 Comment donc lui a-t-elle été imputée ? est-ce lorsqu’il était déjà circoncis, ou lorsqu’il était encore dans le prépuce ? Ce n’a point été dans la circoncision, mais dans le prépuce.

11 Puis il reçut le signe de la circoncision pour un sceau de la justice de la foi, laquelle il avait reçue étant dans le prépuce, afin qu’il fût le père de tous ceux qui croient étant dans le prépuce, et que la justice leur fût aussi imputée.

12 Et qu’il fût aussi le père de la circoncision, c’est-à-dire, de ceux qui ne sont pas seulement de la circoncision, mais qui aussi suivent les traces de la foi de notre père Abraham, laquelle il a eue dans le prépuce.

13 Car la promesse d’être héritier du monde n’a pas été faite à Abraham, ou à sa semence, par la loi, mais par la justice de la foi.

14 Or, si ceux qui sont de la loi sont héritiers, la foi est anéantie, et la promesse est abolie ;

15 vu que la loi produit la colère ; car où il n’y a pas de loi, il n’y a point aussi de transgression.

16 C’est donc par la foi, afin que ce soit par la grâce, et afin que la promesse soit assurée à toute la semence ; non seulement à celle qui est de la loi, mais aussi à celle qui est de la foi d’Abraham, qui est le père de nous tous,

17 selon qu’il est écrit : Je t’ai établi père de plusieurs nations, devant Dieu en qui il a cru ; lequel fait vivre les morts, et qui appelle les choses qui ne sont point, comme si elles étaient.

18 Et Abraham, ayant espéré contre espérance, crut qu’il deviendrait le père de plusieurs nations, selon ce qui lui avait été dit : Ainsi sera ta postérité.

19 Et n’étant pas faible en la foi, il n’eut point égard à son corps qui était déjà amorti, vu qu’il avait environ cent ans, ni à l’âge de Sara qui était hors d’état d’avoir des enfans.

20 Et il ne forma point de doute sur la promesse de Dieu par défiance ; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu,

21 étant pleinement persuadé que celui qui lui avait fait la promesse, était puissant aussi pour l’accomplir.

22 C’est pourquoi cela lui a été imputé à justice.

23 Or, que cela lui ait été imputé à justice, il n’a point été écrit seulement pour lui ;

24 mais aussi pour nous, à qui aussi il sera imputé ; à nous, dis-je, qui croyons en celui qui a ressuscité des morts, Jésus notre Seigneur ;

25 lequel a été livré pour nos offenses, et qui est ressuscité pour notre justification.

CHAP. V.

Fruits de la justice de la foi ; comparaison de Christ et d’Adam.


ETANT donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ,

2 par lequel aussi nous avons été amenés par la foi à cette grâce dans laquelle nous nous tenons fermes ; et nous nous glorifions en l’espérance de la gloire de Dieu.

3 Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience ;

4 et la patience l’épreuve, et l’épreuve l’espérance.

5 Or, l’espérance ne confond point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

6 Car, lorsque nous étions encore privés de toute force, Christ est mort en son temps pour nous, qui étions des impies.

7 Or à grande peine arrive-t-il que quelqu’un meure pour un juste ; mais encore il pourrait être que quelqu’un voudrait bien mourir pour un bienfaiteur.

8 Mais Dieu signale son amour envers nous, en ce que, lorsque nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous.

9 Beaucoup plutôt donc, étant maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par lui.

10 Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt étant déjà réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ;

11 et non seulement cela, mais nous nous glorifions même en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation.

12 C’est pourquoi comme par un seul homme le péché est entré au monde, la mort y est aussi entrée par le péché ; et ainsi la mort est parvenue sur tous les hommes, parce que tous ont péché.

13 Car jusqu’à la loi le péché était au monde ; or, le péché n’est point imputé quand il n’y a point de loi.

14 Mais la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient point péché de la manière en laquelle avait péché Adam, qui est la figure de celui qui devait venir.

15 Mais il n’en est pas du don comme de l’offense ; car si par l’offense d’un seul plusieurs sont morts, beaucoup plutôt la grâce de Dieu, et le don par la grâce, qui est d’un seul homme, savoir, de Jésus-Christ, a abondé sur plusieurs.

16 Et il n’en est pas du don comme de ce qui est arrivé par un seul qui a péché ; car la condamnation vient d’une seule faute ; mais le don de la justification s’étend à plusieurs péchés.

17 Car si par l’offense d’un seul la mort a régné par un seul, beaucoup plutôt ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront en vie par un seul, qui est Jésus-Christ.

18 Comme donc par un seul péché les hommes sont assujettis à la condamnation, ainsi par une seule justice justifiante le don est venu sur tous les hommes en justification de vie.

19 Car comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs, ainsi par l’obéissance d’un seul plusieurs seront rendus justes.

20 Or la loi est intervenue, afin que l’offense abondât ; mais où le péché a abondé, la grâce y a abondé par-dessus ;

21 afin que comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice, pour conduire à la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur.

CHAP. VI.

De la sanctification et nouvelle obéissance selon la justice de la foi.


QUE dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ?

2 A Dieu ne plaise ! Car nous qui sommes morts au péché, comment y vivrons-nous encore ?

3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, avons été baptisés en sa mort ?

4 Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort par le baptême ; afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous marchions aussi en nouveauté de vie.

5 Car si nous avons été faits une même plante avec lui par la conformité de sa mort, nous le serons aussi par la conformité de sa résurrection ;

6 sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit ; afin que nous ne servions plus le péché.

7 Car celui qui est mort est quitte du péché.

8 Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.

9 Sachant que Christ étant ressuscité des morts ne meurt plus, et que la mort n’a plus d’empire sur lui.

10 Car ce qu’il est mort, il est mort une fois à cause du péché ; mais ce qu’il est vivant, il est vivant à Dieu.

11 Vous aussi tout de même, faites votre compte que vous êtes morts au péché, mais que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.

12 Que le péché ne règne donc point en votre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises.

13 Et n’appliquez point vos membres pour être des instrumens d’iniquité au péché ; mais appliquez-vous à Dieu, comme de morts étant faits vivans ; et appliquez vos membres pour être des instrumens de justice à Dieu.

14 Car le péché n’aura point d’empire sur vous, parce que vous n’êtes point sous la loi, mais sous la grâce.

15 Quoi donc ! pécherons-nous, parce que nous ne sommes point sous la loi, mais sous la grâce ? A Dieu ne plaise !

16 Ne savez-vous pas bien qu’à quiconque vous vous rendez esclaves pour obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché qui conduit à la mort, soit de l’obéissance qui conduit à la justice ?

17 Or grâces à Dieu de ce qu’ayant été les esclaves du péché, vous avez obéi du cœur à la forme expresse de la doctrine dans laquelle vous avez été élevés.

18 Ayant donc été affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice.

19 (Je parle à la façon des hommes, à cause de l’infirmité de votre chair). Comme donc vous avez appliqué vos membres pour servir à la souillure et à l’iniquité, pour commettre l’iniquité ; ainsi appliquez maintenant vos membres pour servir à la justice en sainteté.

20 Car, lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice.

21 Quel fruit donc aviez-vous alors des choses dont maintenant vous avez honte ? Certes leur fin est la mort.

22 Mais maintenant que vous êtes affranchis du péché, et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sanctification, et pour fin la vie éternelle.

23 Car les gages du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle par Jésus-Christ notre Seigneur.

CHAP. VII.

De l’usage et de la liberté de la loi. Combat de la chair contre l’esprit.


NE savez-vous pas, mes frères (car je parle à ceux qui entendent ce que c’est que la loi), que la loi exerce son pouvoir sur l’homme durant tout le temps qu’il est en vie ?

2 Car la femme qui est sous la puissance d’un mari, est liée à son mari par la loi, tandis qu’il est en vie ; mais si son mari meurt, elle est délivrée de la loi du mari.

3 Le mari donc étant vivant, si elle épouse un autre mari, elle sera appelée adultère ; mais son mari étant mort, elle est délivrée de la loi, tellement qu’elle ne sera point adultère si elle épouse un autre mari.

4 Ainsi, mes frères, vous êtes aussi morts à la loi par le corps de Christ, pour être à un autre, savoir à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous fructifiions à Dieu.

5 Car quand nous étions en la chair, les affections des péchés étant excitées par la loi, avaient vigueur en nos membres pour fructifier à la mort.

6 Mais maintenant nous sommes délivrés de la loi, étant morts à celle sous laquelle nous étions retenus, afin que nous servions Dieu en nouveauté d’esprit, et non point en vieillesse de lettre.

7 Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? A Dieu ne plaise ! Au contraire, je n’ai point connu le péché, sinon par la loi ; car je n’eusse pas connu la convoitise, si la loi n’eût dit : Tu ne convoiteras point.

8 Mais le péché ayant pris occasion par le commandement, a produit en moi toute sorte de convoitise, parce que sans la loi le péché est mort.

9 Car autrefois que j’étais sans la loi, je vivais ; mais quand le commandement est venu, le péché a commencé à revivre.

10 Et moi je suis mort ; et le commandement qui m’était donné pour avoir la vie, a été trouvé me donner la mort.

11 Car le péché prenant occasion du commandement, m’a séduit, et par lui m’a mis à mort.

12 La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon.

13 Ce qui est bon, m’est-il devenu mortel ? Nullement. Mais le péché, afin qu’il parût péché, m’a causé la mort par le bien ; afin que le péché fût rendu par le commandement excessivement péchant.

14 Car nous savons que la loi est spirituelle ; mais je suis charnel, vendu au péché.

15 Car je n’approuve point ce que je fais, puisque je ne fais point ce que je veux, mais je fais ce que je hais.

16 Or, si ce que je fais je ne le veux point, je reconnais par cela même que la loi est bonne.

17 Maintenant donc ce n’est plus moi qui fais cela, mais c’est le péché qui habite en moi.

18 Car je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ; vu que le vouloir est bien attaché à moi, mais je ne trouve pas le moyen d’accomplir le bien ;

19 car je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux point.

20 Or, si je fais ce que je ne veux point, ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.

21 Je trouve donc cette loi au-dedans de moi, que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.

22 Car je prends bien plaisir à la loi de Dieu quant à l’homme intérieur ;

23 mais je vois dans mes membres une autre loi qui combat contre la loi de mon entendement, et qui me rend prisonnier à la loi du péché, qui est dans mes membres.

24 Ah ! misérable que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ?

25 Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. Je sers donc moi-même, de l’entendement, à la loi de Dieu, mais, de la chair, à la loi du péché.

CHAP. VIII.

De l’esprit de liberté, des souffrances et de la consolation du chrétien.


IL n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, lesquels ne marchent point selon la chair, mais selon l’Esprit.

2 Parce que la loi de l’Esprit de vie, qui est en Jésus-Christ, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort.

3 Parce que ce qui était impossible à la loi, à cause qu’elle était faible en la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en forme de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché en la chair ;

4 afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui ne marchons point selon la chair, mais selon l’Esprit.

5 Car ceux qui sont selon la chair, sont affectionnés aux choses de la chair ; mais ceux qui sont selon l’Esprit, sont affectionnés aux choses de l’Esprit.

6 Or, l’affection de la chair est la mort ; mais l’affection de l’Esprit est la vie et la paix.

7 Parce que l’affection de la chair est inimitié contre Dieu ; car elle ne se rend point sujette à la loi de Dieu ; et aussi ne le peut-elle point.

8 C’est pourquoi ceux qui sont en la chair ne peuvent point plaire à Dieu.

9 Or vous n’êtes point en la chair, mais dans l’Esprit, si toutefois l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a point l’Esprit de Christ, celui-là n’est point à lui.

10 Et si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché ; mais l’Esprit est vie à cause de la justice.

11 Or, si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus des morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ des morts vivifiera aussi vos corps mortels à cause de son Esprit qui habite en vous.

12 Ainsi donc, mes frères, nous sommes débiteurs, non point à la chair, pour vivre selon la chair.

13 Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous mortifiez les actions du corps, vous vivrez.

14 Or tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont enfans de Dieu.

15 Car vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions Abba, c’est-à-dire Père.

16 C’est ce même Esprit qui rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfans de Dieu.

17 Et si nous sommes enfans, nous sommes donc héritiers ; héritiers, dis-je, de Dieu, et cohéritiers de Christ, si nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui.

18 Car tout bien compté, j’estime que les souffrances du temps présent ne sont point comparables à la gloire à venir qui doit être révélée en nous.

19 Car le grand et ardent désir des créatures est, qu’elles attendent que les enfans de Dieu soient révélés ;

20 (parce que les créatures sont sujettes à la vanité, non de leur volonté, mais à cause de celui qui les y a assujetties), elles l’attendent, dis-je, dans l’espérance qu’elles seront aussi délivrées de la servitude de la corruption, pour être en la liberté de la gloire des enfans de Dieu.

21 Car nous savons que toutes les créatures soupirent et sont en travail ensemble jusqu’à maintenant ;

22 et non seulement elles, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit ; nous-mêmes, dis-je, soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, c’est-à-dire la rédemption de notre corps.

23 Car ce que nous sommes sauvés, c’est en espérance ; or l’espérance qu’on voit, n’est point espérance ; car pourquoi même quelqu’un espérerait-il ce qu’il voit ?

24 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons point, c’est que nous l’attendons par la patience.

25 De même aussi l’Esprit soulage de sa part nos faiblesses. Car nous ne savons pas comme il faut ce que nous devons demander ; mais l’Esprit lui-même prie pour nous par des soupirs qui ne se peuvent exprimer.

26 Mais celui qui sonde les cœurs, connaît quelle est l’affection de l’Esprit ; car il prie pour les saints selon Dieu.

27 Or, nous savons aussi que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, c’est-à-dire de ceux qui sont appelés selon son propos arrêté.

28 Car ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin qu’il soit le premier-né entre plusieurs frères.

29 Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

30 Que dirons-nous donc à ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

31 Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ?

32 Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie.

33 Qui sera celui qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et qui plus est qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu, et qui même prie pour nous.

34 Qui est-ce qui nous séparera de l’amour de Christ ? sera-ce l’oppression, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la famine, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ?

35 Ainsi qu’il est écrit : Nous sommes livrés à la mort pour l’amour de toi tous les jours, et nous sommes estimés comme des brebis de la boucherie.

36 Au contraire, en toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.

37 Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir,

38 ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature, ne nous pourra séparer de l’amour de Dieu, qu’il nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur.

CHAP. IX.

L’élection ne dépend pas des prérogatives de la chair, mais de la grâce de Dieu.


JE dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience me rendant témoignage par le Saint-Esprit,

2 que j’ai une grande tristesse et un continuel tourment en mon cœur.

3 Car moi-même je souhaiterais d’être séparé de Christ pour mes frères, qui sont mes parens selon la chair ;

4 qui sont Israélites, desquels sont l’adoption, la gloire, les alliances, l’ordonnance de la loi, le service divin, et les promesses.

5 Desquels sont les pères, et desquels selon la chair est descendu Christ, qui est Dieu sur toutes choses, béni éternellement. Amen.

6 Toutefois il ne se peut pas faire que la parole de Dieu soit anéantie ; mais tous ceux qui sont d’Israël, ne sont pas pourtant Israël.

7 Car pour être de la semence d’Abraham ils ne sont pas tous ses enfans ; mais c’est en Isaac qu’on doit considérer sa postérité.

8 C’est-à-dire, que ce ne sont pas ceux qui sont enfans de la chair, qui sont enfans de Dieu ; mais que ce sont les enfans de la promesse, qui sont réputés pour semence.

9 Car voici la parole de la promesse : Je viendrai en cette même saison, et Sara aura un fils.

10 Et non seulement cela ; mais aussi Rébecca, lorsqu’elle conçut d’un, savoir de notre père Isaac.

11 Car avant que les enfans fussent nés, et qu’ils eussent fait ni bien ni mal, afin que le dessein arrêté selon l’élection de Dieu demeurât, non point par les œuvres, mais par celui qui appelle,

12 il lui fut dit : Le plus grand sera asservi au moindre ;

13 ainsi qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü.

14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l’iniquité en Dieu ? A Dieu ne plaise !

15 Car il dit à Moïse : J’aurai compassion de celui de qui j’aurai compassion, et je ferai miséricorde à celui à qui je ferai miséricorde.

16 Ce n’est donc point de celui qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde.

17 Car l’écriture dit à Pharaon : Je t’ai fait subsister dans le but de démontrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié dans toute la terre.

18 Il a donc compassion de celui qu’il veut, et il endurcit celui qu’il veut.

19 Or tu me diras : Pourquoi se plaint-il encore ? car qui est celui qui peut résister à sa volonté ?

20 Mais plutôt, ô homme ! qui es-tu, toi qui contestes contre Dieu ? La chose formée dira-t-elle à celui qui l’a formée : Pourquoi m’as-tu ainsi faite ?

21 Le potier de terre n’a-t-il pas la puissance de faire d’une même masse de terre un vaisseau à honneur, et un autre à déshonneur ?

22 Et qu’est-ce si Dieu, en voulant montrer sa colère, et donner à connaître sa puissance, a toléré avec une grande patience les vaisseaux de colère préparés pour la perdition ?

23 Et afin de donner à connaître les richesses de sa gloire dans les vaisseaux de miséricorde, qu’il a préparés pour la gloire ;

24 et qu’il a appelés, savoir nous, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les Gentils,

25 selon ce qu’il dit en Osée : J’appellerai mon peuple celui qui n’était point mon peuple ; et la bien-aimée, celle qui n’était point la bien-aimée ;

26 et il arrivera, qu’au lieu où il leur a été dit : Vous n’êtes point mon peuple, là ils seront appelés les enfans du Dieu vivant.

27 Aussi Esaïe s’écrie au sujet d’Israël : Quand le nombre des enfans d’Israël serait comme le sable de la mer, il n’y en aura qu’un petit reste de sauvé.

28 Car le Seigneur consomme et abrège l’affaire en justice ; il fera, dis-je, une affaire abrégée sur la terre.

29 Et comme Esaïe avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées ne nous eût laissé quelque semence, nous eussions été faits comme Sodome, et eussions été semblables à Gomorrhe.

30 Que dirons-nous donc ? que les Gentils qui ne cherchaient point la justice ont atteint la justice, la justice, dis-je, qui est par la foi.

31 Mais Israël cherchant la loi de la justice, n’est point parvenu à la loi de la justice.

32 Pourquoi ? Parce que ce n’a point été par la foi, mais comme par les œuvres de la loi ; car ils ont heurté contre la pierre d’achoppement,

33 selon ce qui est écrit : Voici, je mets en Sion la pierre d’achoppement, et la pierre qui occasionnera des chutes ; et quiconque croit en lui ne sera point confus.

CHAP. X.

La justice de la foi comparée avec celle de la loi.


MES frères, quant à la bonne affection de mon cœur, et à la prière que je fais à Dieu pour Israël, c’est qu’ils soient sauvés.

2 Car je leur rends témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu ; mais sans connaissance ;

3 parce que ne connaissant point la justice de Dieu, et cherchant d’établir leur propre justice, ils ne se sont point soumis à la justice de Dieu.

4 Car Christ est la fin de la loi, en justice à tout croyant.

5 Or Moïse décrit ainsi la justice qui est par la loi, savoir que l’homme qui fera ces choses vivra par elles.

6 Mais la justice qui est par la foi, s’exprime ainsi : Ne dis point en ton cœur : Qui montera au ciel ? Cela est ramener Christ d’en haut.

7 Ou : Qui descendra dans l’abîme ? Cela est ramener Christ des morts.

8 Mais que dit-elle ? La parole est près de toi en ta bouche, et en ton cœur. Or c’est là la parole de la foi, laquelle nous prêchons.

9 C’est pourquoi, si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu croies en ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé.

10 Car de cœur on croit à justice, et de bouche on fait confession à salut.

11 Car l’écriture dit : Quiconque croit en lui ne sera point confus.

12 Parce qu’il n’y a point de différence du Juif et du Grec ; car il y a un même Seigneur de tous qui est riche envers tous ceux qui l’invoquent.

13 Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

14 Mais comment invoqueront-ils celui en qui ils n’ont point cru ? et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont point entendu parler ? et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a quelqu’un qui leur prêche ?

15 Et comment prêchera-t-on, sinon qu’il y en ait qui soient envoyés ? ainsi qu’il est écrit : O que les pieds de ceux qui annoncent la paix sont beaux, les pieds, dis-je, de ceux qui annoncent de bonnes choses !

16 Mais tous n’ont pas obéi à l’évangile ; car Esaïe dit : Seigneur, qui est-ce qui a cru à notre prédication ?

17 La foi donc est de l’ouïe ; et l’ouïe par la parole de Dieu.

18 Mais je demande : Ne l’ont-ils point ouï ? Au contraire, leur voix est allée par toute la terre, et leur parole jusqu’aux bouts du monde.

19 Mais je demande : Israël ne l’a-t-il point connu ? Moïse le premier dit : Je vous exciterai à la jalousie par celui qui n’est point peuple ; je vous exciterai à la colère par une nation destituée d’intelligence.

20 Et Esaïe s’enhardit tout-à-fait, et dit : J’ai été trouvé de ceux qui ne me cherchaient point, et je me suis clairement manifesté à ceux qui ne s’enquéraient point de moi.

21 Mais quant à Israël, il dit : J’ai tout le jour étendu mes mains vers un peuple rebelle et contredisant.

CHAP. XI.

L’élection est immuable, mais non pas la chute des Juifs.


JE demande donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? A Dieu ne plaise ! car je suis aussi Israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin.

2 Dieu n’a point rejeté son peuple, lequel il a auparavant connu. Et ne savez-vous pas ce que l’écriture dit d’Elie, comme il a fait requête à Dieu contre Israël, disant :

3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, et ils ont démoli tes autels, et je suis demeuré moi seul ; et ils tâchent de m’ôter la vie.

4 Mais que lui fut-il répondu de Dieu ? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n’ont point fléchi le genou devant Bahal.

5 Ainsi donc il y a aussi à présent un résidu, selon l’élection de la grâce.

6 Or, si c’est par la grâce, ce n’est plus par les œuvres ; autrement la grâce n’est plus la grâce ; mais si c’est par les œuvres, ce n’est plus par la grâce ; autrement l’œuvre n’est plus une œuvre.

7 Quoi donc ? c’est que ce qu’Israël cherchait, il ne l’a point obtenu ; mais l’élection l’a obtenu, et les autres ont été endurcis ;

8 ainsi qu’il est écrit : Dieu leur a donné un esprit assoupi, et des yeux pour ne point voir, et des oreilles pour ne point ouïr, jusqu’au jour présent.

9 Et David dit : Que leur table leur soit un filet, un piége, une occasion de chute, et cela pour leur récompense.

10 Que leurs yeux soient obscurcis pour ne point voir ; et courbe continuellement leur dos.

11 Mais je demande : Ont-ils bronché pour tomber ? Nullement. Mais par leur chute le salut est accordé aux Gentils, pour les exciter à la jalousie.

12 Or, si leur chute est la richesse du monde, et leur diminution la richesse des Gentils, combien plus le sera leur abondance ?

13 Car je parle à vous, Gentils ; certes en tant que je suis apôtre des Gentils, je rends honorable mon ministère ;

14 pour voir si en quelque façon je puis exciter ceux de ma nation à la jalousie, et en sauver quelques-uns.

15 Car si leur réjection est la réconciliation du monde, quelle sera leur réception, sinon une vie d’entre les morts ?

16 Or, si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi.

17 Que si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, as été enté en leur place, et fait participant de la racine et de la graisse de l’olivier,

18 ne te glorifie pas contre les branches ; car si tu te glorifies, ce n’est pas toi qui portes la racine, mais c’est la racine qui te porte.

19 Mais tu diras : Les branches ont été retranchées, afin que j’y fusse enté.

20 C’est bien dit ; elles ont été retranchées à cause de leur incrédulité, et tu es debout par la foi ; ne t’élève donc point par orgueil, mais crains.

21 Car si Dieu n’a point épargné les branches naturelles, prends garde qu’il ne t’épargne point aussi.

22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu ; la sévérité sur ceux qui sont tombés ; et la bonté envers toi, si tu persévères en sa bonté ; car autrement tu seras aussi coupé.

23 Et eux-mêmes aussi, s’ils ne persistent point dans leur incrédulité, ils seront entés ; car Dieu est puissant pour les enter de nouveau.

24 Car si tu as été coupé de l’olivier qui de sa nature était sauvage, et as été enté contre la nature sur l’olivier franc, combien plus ceux qui le sont selon la nature, seront-ils entés sur leur propre olivier ?

25 Car, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous en fassiez pas accroire ; c’est qu’il est arrivé de l’endurcissement en Israël dans une partie, jusqu’à ce que la plénitude des Gentils soit entrée ;

26 et ainsi tout Israël sera sauvé ; selon ce qui est écrit : Le Libérateur viendra de Sion, et il détournera de Jacob les infidélités ;

27 et c’est là l’alliance que je ferai avec eux, lorsque j’ôterai leurs péchés.

28 Ils sont certes ennemis par rapport à l’évangile, à cause de vous ; mais ils sont bien-aimés en égard à l’élection, à cause des pères.

29 Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance.

30 Or comme vous avez été vous-mêmes autrefois rebelles à Dieu, et que maintenant vous avez obtenu miséricorde par la rébellion de ceux-ci ;

31 ceux-ci tout de même sont maintenant devenus rebelles, afin qu’ils obtiennent aussi miséricorde par la miséricorde qui vous a été faite.

32 Car Dieu les a tous renfermés sous la rébellion, afin de faire miséricorde à tous.

33 O profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugemens sont incompréhensibles, et ses voies impossibles à trouver !

34 Car qui est-ce qui a connu la pensée du Seigneur ? ou qui a été son conseiller ?

35 Ou qui est-ce qui lui a donné le premier ; et il lui sera rendu ?

36 Car de lui, et par lui, et pour lui sont toutes choses. À lui soit gloire éternellement. Amen.

CHAP. XII.

Du culte raisonnable et des règles de la vie chrétienne.


JE vous exhorte donc, mes frères, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable.

2 Et ne vous conformez point à ce présent siècle, mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite.

3 Or par la grâce qui m’est donnée, je dis à chacun d’entre vous : Que nul ne présume d’être plus sage qu’il ne faut ; mais que chacun pense modestement de soi-même, selon que Dieu a départi à chacun la mesure de la foi.

4 Car comme nous avons plusieurs membres en un seul corps, et que tous les membres n’ont pas une même fonction ;

5 ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ ; et chacun réciproquement les membres l’un de l’autre.

6 Or ayant des dons différens, selon la grâce qui nous est donnée ; soit de prophétie, prophétisons selon l’analogie de la foi ;

7 soit de ministre, appliquons-nous au ministère ; soit que quelqu’un soit appelé à enseigner, qu’il enseigne ;

8 soit que quelqu’un se trouve appelé à exhorter, qu’il exhorte ; soit que quelqu’un distribue, qu’il le fasse en simplicité ; soit que quelqu’un préside, qu’il le fasse soigneusement ; soit que quelqu’un exerce la miséricorde, qu’il le fasse joyeusement.

9 Que la charité soit sincère. Ayez en horreur le mal, vous tenant collés au bien.

10 Etant portés par la charité fraternelle à vous aimer mutuellement ; vous prévenant l’un l’autre par honneur.

11 N’étant point paresseux à vous employer pour autrui ; étant fervens d’esprit, servant le Seigneur.

12 Soyez joyeux dans l’espérance, patiens dans la tribulation, persévérans dans la prière.

13 Prenant part aux nécessités des saints, exerçant l’hospitalité.

14 Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez-]es, et ne les maudissez point.

15 Soyez en joie avec ceux qui sont en joie, et pleurez avec ceux qui pleurent.

16 Ayant un même sentiment les uns envers les autres, n’affectant point des choses hautes, mais vous accommodant aux choses basses. Ne soyez point sages à votre propre jugement.

17 Ne rendez à personne mal pour mal. Recherchez les choses honnêtes devant tous les hommes.

18 S’il se peut faire, et autant que cela dépend de vous, ayez la paix avec tous les hommes.

19 Ne vous vengez point vous-mêmes, mes bien-aimés ; mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : A moi appartient la vengeance ; je le rendrai, dit le Seigneur.

20 Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela tu retireras des charbons de feu qui sont sur sa tête.

21 Ne sois point surmonté par le mal, mais surmonte le mal par le bien.

CHAP. XIII.

Du devoir envers les puissances, le prochain et soi-même.


QUE toute personne soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et les puissances qui subsistent sont ordonnées de Dieu.

2 C’est pourquoi celui qui résiste à la puissance, résiste à l’ordonnance de Dieu ; et ceux qui y résistent, feront venir la condamnation sur eux-mêmes.

3 Car les princes ne sont point à craindre pour de bonnes actions, mais pour de mauvaises. Or, veux-tu ne point craindre la puissance ? fais bien, et tu en recevras de la louange.

4 Car le prince est le serviteur de Dieu pour ton bien ; mais si tu fais le mal, crains ; parce qu’il ne porte point vainement l’épée, car il est le serviteur de Dieu, ordonné pour faire justice en punissant celui qui fait le mal.

5 C’est pourquoi il faut être soumis, non seulement à cause de la punition, mais aussi à cause de la conscience.

6 Car c’est aussi pour cela que vous leur payez les tributs, parce qu’ils sont les ministres de Dieu, s’employant à rendre la justice.

7 Rendez donc à tous ce qui leur est dû ; à qui le tribut, le tribut ; à qui le péage, le péage ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur.

8 Ne devez rien à personne, sinon que vous vous aimiez l’un l’autre ; car celui qui aime les autres, a accompli la loi.

9 Parce que ce qui est dit : Tu ne commettras point adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne diras point de faux témoignage, tu ne convoiteras point, et tel autre commandement, est sommairement compris dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

10 La charité ne fait point de mal au prochain ; l’accomplissement donc de la loi, c’est la charité.

11 Même vu la saison, parce qu’il est déjà temps de nous réveiller du sommeil ; car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru.

12 La nuit est passée, et le jour est approché ; rejetons donc les œuvres de ténèbres, et soyons revêtus des armes de lumière.

13 Conduisons-nous honnêtement et comme en plein jour ; non point en gourmandises, ni en ivrogneries ; non point en impudicités, ni en dissolutions ; non point en querelles, ni en envie.

14 Mais soyez revêtus du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez point soin de la chair pour accomplir ses convoitises.

CHAP. XIV.

De la tolérance des faibles, et de la liberté édifiante.


OR, quant à celui qui est faible en la foi, recevez-le, et n’ayez point avec lui des contestations ni des disputes.

2 L’un croit qu’on peut manger de toutes choses, et l’autre qui est faible mange des herbes.

3 Que celui qui mange de toutes choses ne méprise pas celui qui n’en mange point ; et que celui qui n’en mange point ne juge point celui qui en mange ; car Dieu l’a pris à soi.

4 Qui es-tu, toi qui juges le serviteur d’autrui ? S’il se tient ferme, ou s’il bronche, c’est pour son propre maître ; et même ce chrétien faible sera affermi ; car Dieu est puissant pour l’affermir.

5 L’un estime un jour plus que l’autre, et l’autre estime tous les jours également ; mais que chacun soit pleinement persuadé en son esprit.

6 Celui qui a égard au jour, y a égard à cause du Seigneur ; et celui aussi qui n’a point égard au jour, il n’y a point égard à cause du Seigneur ; celui qui mange de toutes choses en mange à cause du Seigneur ; et il rend grâces à Dieu ; et celui qui n’en mange point, n’en mange point aussi à cause du Seigneur, et il rend grâces à Dieu.

7 Car nul de nous ne vit pour soi-même, et nul ne meurt pour soi-même.

8 Mais soit que nous vivions, nous vivons au Seigneur ; ou soit que nous mourions, nous mourons au Seigneur ; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur.

9 Car c’est pour cela que Christ est mort, qu’il est ressuscité, et qu’il a repris une nouvelle vie ; afin qu’il domine tant sur les morts que sur les vivans.

10 Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Ou toi aussi, pourquoi méprises-tu ton frère ? Certes nous comparaîtrons tous devant le siège judicial de Christ.

11 Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, que tout genou se ploiera devant moi, et que toute langue donnera louange à Dieu.

12 Ainsi donc chacun de nous rendra compte pour soi-même à Dieu.

13 Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre ; mais usez plutôt de discernement en ceci, qui est de ne mettre point d’achoppement ou de scandale devant votre frère.

14 Je sais, et je suis persuadé par le Seigneur Jésus, que rien n’est souillé de soi-même ; mais cependant si quelqu’un croit qu’une chose est souillée, elle lui est souillée.

15 Mais si ton frère est attristé de te voir manger d’une viande, tu ne te conduis point en cela par la charité. Ne détruis point par la viande celui pour lequel Christ est mort.

16 Que l’avantage dont vous jouissez ne soit point exposé à être blâmé.

17 Car le royaume de Dieu n’est point viande ni breuvage ; mais il est justice, paix, et joie par le Saint-Esprit.

18 Et celui qui sert Christ en ces choses-là est agréable à Dieu, et il est approuvé des hommes.

19 Recherchons donc les choses qui vont à la paix, et qui sont d’une édification mutuelle.

20 Ne ruine point l’œuvre de Dieu par ta viande. Il est vrai que toutes choses sont pures ; mais celui-là fait mal qui mange en donnant du scandale.

21 Il est bon de ne point manger de viande, de ne point boire de vin, et de ne faire aucune autre chose qui puisse faire broncher ton frère, ou dont il soit scandalisé, ou dont il soit blessé.

22 As-tu la foi ? aie-la en toi-même devant Dieu. Car bienheureux est celui qui ne condamne point soi-même en ce qu’il approuve.

23 Mais celui qui en fait scrupule, est condamné s’il en mange, parce qu’il n’en mange point avec foi ; or tout ce qui n’est point de la foi est un péché.

CHAP. XV.

Du devoir de fortifier les faibles, à l’exemple de Christ et de saint Paul.


OR nous devons, nous qui sommes forts, supporter les infirmités des faibles, et non pas nous complaire à nous-mêmes.

2 Que chacun de nous donc complaise à son prochain pour son bien, pour son édification.

3 Car même Jésus-Christ n’a point voulu complaire à soi-même, mais selon ce qui est écrit de lui : Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi.

4 Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction ; afin que par la patience et la consolation des écritures nous ayons espérance.

5 Or le Dieu de patience et de consolation vous fasse la grâce d’avoir tous un même sentiment selon Jésus-Christ ;

6 afin que tous d’un même cœur, et d’une même bouche, vous glorifiiez Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ.

7 C’est pourquoi recevez-vous l’un l’autre, comme aussi Christ nous a reçus à lui pour la gloire de Dieu.

8 Or, je dis que Jésus-Christ a été ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu, afin de ratifier les promesses faites aux pères.

9 Et afin que les Gentils honorent Dieu pour sa miséricorde ; selon ce qui est écrit : Je célébrerai à cause de cela ta louange parmi les Gentils, et je psalmodierai à ton nom.

10 Et il est dit encore : Gentils, réjouissez-vous avec son peuple.

11 Et encore : Toutes les nations, louez le Seigneur ; et vous tous, peuples, célébrez-le.

12 Esaïe a dit aussi : Il y aura une racine de Jessé, et un rejeton s’élèvera pour gouverner les Gentils, et les Gentils auront espérance en lui.

13 Le Dieu d’espérance donc vous veuille remplir de toute joie et de toute paix, en croyant ; afin que vous abondiez en espérance par la puissance du Saint-Esprit.

14 Or, mes frères, je suis aussi moi-même persuadé que vous êtes aussi pleins de bonté, remplis de toute connaissance, et que vous pouvez même vous exhorter l’un l’autre.

15 Mais, mes frères, je vous ai écrit en quelque sorte plus librement, comme vous faisant ressouvenir de ces choses, à cause de la grâce qui m’a été donnée de Dieu,

16 afin que je sois ministre de Jésus-Christ envers les Gentils, m’employant au sacrifice de l’évangile de Dieu ; afin que l’oblation des Gentils soit agréable, étant sanctifiée par le Saint-Esprit.

17 J’ai donc de quoi me glorifier en Jésus-Christ dans les choses qui regardent Dieu.

18 Car je ne saurais rien dire que Christ n’ait fait par moi, pour amener les Gentils à l’obéissance par la parole et par les œuvres,

19 avec la vertu des prodiges et des miracles, par la puissance de l’Esprit de Dieu ; tellement que depuis Jérusalem, et les lieux d’alentour, jusque dans l’Illyrie, j’ai tout rempli de l’évangile de Christ.

20 M’attachant ainsi avec affection à annoncer l’évangile là où Christ n’avait pas encore été prêché, afin que je n’édifiasse point sur un fondement qu’un autre eût déjà posé ;

21 mais, selon qu’il est écrit : Ceux à qui il n’a point été annoncé le verront ; et ceux qui n’en ont point ouï parler l’entendront.

22 Et c’est aussi ce qui m’a souvent empêché de vous aller voir.

23 Mais maintenant que je n’ai aucun sujet de m’arrêter en ce pays, et que depuis plusieurs années j’ai un grand désir d’aller vers vous,

24 j’irai vers vous lorsque je partirai pour aller en Espagne ; et j’espère que je vous verrai en passant par votre pays, et que vous me conduirez là après que j’aurai été premièrement rassasié en partie d’avoir été avec vous.

25 Mais, pour le présent, je vais à Jérusalem pour assister les saints.

26 Car il a semblé bon aux Macédoniens et aux Achaïens de faire une contribution pour les pauvres d’entre les saints qui sont à Jérusalem.

27 Il leur a, dis-je, ainsi semblé bon, et aussi leur sont-ils obligés ; car si les Gentils ont été participans de leurs biens spirituels, ils leur doivent aussi faire part des biens temporels.

28 Après donc que j’aurai achevé cela, et que je leur aurai remis fidèlement ce fruit, j’irai en Espagne, en passant par vos quartiers.

29 Et je sais que quand j’irai vers vous, j’irai avec une abondance de bénédictions de l’évangile de Christ.

30 Or je vous exhorte, mes frères, par notre Seigneur Jésus-Christ, et par la charité de l’Esprit, que vous combattiez avec moi dans vos prières à Dieu pour moi ;

31 afin que je sois délivré des rebelles qui sont en Judée, et que mon administration que j’ai à faire à Jérusalem soit rendue agréable aux saints ;

32 afin que j’aille vers vous avec joie par la volonté de Dieu, et que je me récrée avec vous.

33 Or le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen.

CHAP. XVI.

Diverses salutations, avec exhortation contre les partialités.


JE vous recommande notre sœur Phœbé, qui est diaconesse de l’église de Cenchrée ;

2 afin que vous la receviez selon le Seigneur, comme il faut recevoir les saints ; et que vous l’assistiez en tout ce dont elle aura besoin ; car elle a exercé l’hospitalité à l’égard de plusieurs, et même à mon égard.

3 Saluez Priscille et Aquile, mes compagnons d’œuvre en Jésus-Christ,

4 qui ont soumis leur cou pour ma vie, et auxquels je ne rends pas grâces moi seul, mais aussi toutes les églises des Gentils.

5 Saluez aussi l’église qui est dans leur maison. Saluez Epainète, mon bien-aimé, qui est les prémices d’Achaïe en Christ.

6 Saluez Marie, qui a fort travaillé pour nous.

7 Saluez Andronique et Junias, mes cousins, qui ont été prisonniers avec moi, et qui sont distingués parmi les apôtres, et qui même ont été avant moi en Christ.

8 Saluez Amplias, mon bien-aimé au Seigneur.

9 Saluez Urbain, notre compagnon d’œuvre en Christ, et Stachys, mon bien-aimé.

10 Saluez Appelles, approuvé en Christ. Saluez ceux de chez Aristobule.

11 Saluez Hérodion, mon cousin. Saluez ceux de chez Narcisse qui sont en notre Seigneur.

12 Saluez Tryphène et Tryphose, lesquelles travaillent en notre Seigneur. Saluez Perside la bien-aimée, qui a beaucoup travaillé en notre Seigneur.

13 Saluez Rufus, élu au Seigneur, et sa mère, que je regarde comme la mienne.

14 Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermas, Patrobas, Hermès, et les frères qui sont avec eux.

15 Saluez Philologue, et Julie, Nérée, et sa sœur, et Olympe, et tous les saints qui sont avec eux.

16 Saluez-vous l’un l’autre par un saint baiser. Les églises de Christ vous saluent.

17 Or je vous exhorte, mes frères, de prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et de vous éloigner d’eux.

18 Car ces sortes de gens ne servent point notre Seigneur Jésus-Christ, mais leur propre ventre ; et par de douces paroles et des flatteries ils séduisent les cœurs des simples.

19 Car votre obéissance est venue à la connaissance de tous. Je me réjouis donc de vous ; mais je désire que vous soyez prudens quant au bien, et simples quant au mal.

20 Or, le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds. La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. Amen.

21 Timothée, mon compagnon d’œuvre, vous salue, comme aussi Lucius, et Jason, et Sosipater, mes cousins.

22 Moi, Tertius, qui ai écrit cette épître, je vous salue en notre Seigneur.

23 Gaïus, mon hôte, et celui de toute l’église, vous salue. Eraste, le procureur de la ville, vous salue ; et Quartus, notre frère.

24 La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous ! Amen.

25 Or à celui qui est puissant pour vous affermir selon mon évangile, et selon la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère qui a été caché dans les temps passés ;

26 mais qui est maintenant manifesté par les écritures des prophètes, suivant le commandement du Dieu éternel, et qui est annoncé parmi tous les peuples pour les amener à la foi.

27 A Dieu, dis-je, seul sage, soit gloire éternellement par Jésus-Christ ! Amen.


PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX CORINTHIENS.

CHAP. I.

Exhortation à la réunion et à la sapience de la croix, confondant la sagesse du monde.


PAUL appelé, par la volonté de Dieu, à être apôtre de Jésus-Christ, et le frère Sosthènes,

2 à l’église de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés en Jésus-Christ qui êtes appelés à être saints, avec tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre.

3 Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !

4 Je rends toujours grâces à mon Dieu à cause de vous, pour la grâce de Dieu qui vous a été donnée en Jésus-Christ,

5 de ce qu’en toutes choses vous êtes enrichis en lui de tout don de parole, et de toute connaissance ;

6 selon que le témoignage de Jésus-Christ a été confirmé en vous ;

7 tellement qu’il ne vous manque aucun don, pendant que vous attendez la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ,

8 qui aussi vous affermira jusqu’à la fin, pour être irrépréhensibles en la journée de notre Seigneur Jésus-Christ.

9 Et Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ notre Seigneur, est fidèle.

10 Or je vous prie, mes frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, que vous parliez tous un même langage, et qu’il n’y ait point de divisions entre vous, mais que vous soyez bien unis dans un même sentiment et dans un même avis.

11 Car, mes frères, il m’a été dit de vous par ceux qui sont de chez Chloé, qu’il y a des dissensions parmi vous.

12 Voici donc ce que je dis, c’est que chacun de vous dit : Pour moi, je suis de Paul ; et moi, je suis d’Apollos ; et moi, de Céphas ; et moi, de Christ.

13 Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous ? ou avez-vous été baptisés au nom de Paul ?

14 Je rends grâces à Dieu que je n’ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaïus ;

15 afin que personne ne dise que j’ai baptisé en mon nom.

16 J’ai bien aussi baptisé la famille de Stéphanas ; du reste, je ne sais pas si j’ai baptisé quelque autre.

17 Car Christ ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser, non point avec les discours de la sagesse humaine, afin que la croix de Christ ne soit point anéantie.

18 Car la parole de la croix est une folie à ceux qui périssent ; mais à nous, qui obtenons le salut, elle est la vertu de Dieu.

19 Vu qu’il est écrit : J’abolirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des hommes intelligens.

20 Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas manifesté la folie de la sagesse de ce monde ?

21 Car puisqu’en la sagesse de Dieu, le monde n’a point connu Dieu par la sagesse, le bon plaisir de Dieu a été de sauver les croyans par la folie de la prédication.

22 Car les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse.

23 Mais pour nous, nous prêchons Christ crucifié, qui est un scandale pour les Juifs et une folie pour les Grecs.

24 A ceux, dis-je, qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, nous leur prêchons Christ, la puissance de Dieu, et la sagesse de Dieu.

25 Parce que la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.

26 Car, mes frères, vous voyez votre vocation, que vous n’êtes pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissans, ni beaucoup de nobles.

27 Mais Dieu a choisi les choses folles de ce monde pour rendre confuses les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles de ce monde pour rendre confuses les fortes ;

28 et Dieu a choisi les choses viles de ce monde, et les méprisées, même celles qui ne sont point, pour abolir celles qui sont.

29 Afin que nulle chair ne se glorifie devant lui.

30 Or, c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, qui vous a été fait de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ;

31 afin que, comme il est écrit : Celui qui se glorifie, se glorifie au Seigneur.

CHAP. II.

Mépris de saint Paul pour la sagesse mondaine, en prêchant l’évangile de l’Esprit.


POUR moi donc, mes frères, quand je suis venu vers vous, je n’y suis point venu avec des discours pompeux, remplis de la sagesse humaine, en vous annonçant le témoignage de Dieu ;

2 parce que je ne me suis proposé de savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.

3 Et j’ai même été parmi vous dans la faiblesse, dans la crainte, et dans un grand tremblement.

4 Et ma parole et ma prédication n’a point été en paroles persuasives de la sagesse humaine, mais en évidence d’esprit et de puissance ;

5 afin que votre foi ne soit point l’effet de la sagesse des hommes, mais de la puissance de Dieu.

6 Or nous proposons une sagesse entre les parfaits, une sagesse, dis-je, qui n’est point de ce monde, ni des princes de ce siècle, qui vont être anéantis.

7 Mais nous proposons la sagesse de Dieu, qui est en mystère, c’est-à-dire cachée ; laquelle Dieu avait, avant les siècles, déterminée à notre gloire.

8 Et laquelle aucun des princes de ce siècle n’a connue ; car s’ils l’eussent connue, jamais ils n’eussent crucifié le Seigneur de gloire.

9 Mais ainsi qu’il est écrit : Ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point ouïes, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, lesquelles Dieu a préparées à ceux qui l’aiment.

10 Mais Dieu nous les a révélées par son Esprit ; car l’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu.

11 Car qui est-ce des hommes qui sache les choses de l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même aussi nul n’a connu les choses de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu.

12 Or, nous avons reçu non point l’esprit de ce monde, mais l’Esprit qui est de Dieu ; afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu ;

13 lesquelles aussi nous proposons, non point avec les paroles que la sagesse humaine enseigne, mais avec celles qu’enseigne le Saint-Esprit, appropriant les choses spirituelles à ceux qui sont spirituels.

14 Or, l’homme animal ne comprend point les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont une folie ; et il ne peut même les entendre, parce qu’elles se discernent spirituellement.

15 Mais l’homme spirituel discerne toutes choses, et il n’est jugé de personne.

16 Car qui a connu la pensée du Seigneur pour le pouvoir instruire ? mais nous, nous avons connu la pensée de Christ.

CHAP. III.

Comment on doit bâtir sur le fondement qui est Christ, et non pas sur les ministres divisés entre eux.


ET pour moi, mes frères, je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, c’est-à-dire, comme à des enfans de Christ.

2 Je vous ai donné du lait à boire, et non pas de la viande, parce que vous ne la pouviez pas encore supporter ; même maintenant vous ne le pouvez pas encore, parce que vous êtes encore charnels.

3 Car puisqu’il y a parmi vous de l’envie, et des dissensions, et des divisions, n’êtes-vous pas charnels, et ne vous conduisez-vous pas à la manière des hommes ?

4 Car quand l’un dit : Pour moi, je suis de Paul ; et l’autre : Pour moi, je suis d’Apollos ; n’êtes-vous pas charnels ?

5 Qui est donc Paul, et qui est Apollos, sinon des ministres par lesquels vous avez cru, selon que le Seigneur a donné à chacun ?

6 J’ai planté ; Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui a donné l’accroissement.

7 Or ni celui qui plante, ni celui qui arrose, ne sont rien ; mais Dieu, qui donne l’accroissement.

8 Et tant celui qui plante, que celui qui arrose, ne sont qu’une même chose ; mais chacun recevra sa récompense selon son travail.

9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu ; et vous êtes le labourage de Dieu, et l’édifice de Dieu.

10 Selon la grâce de Dieu, qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre édifie dessus ; mais que chacun examine comment il édifie dessus.

11 Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus-Christ.

12 Que si quelqu’un édifie sur ce fondement, de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume ;

13 l’œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle sera manifestée par le feu, et le feu éprouvera quelle sera l’œuvre de chacun.

14 Si l’œuvre de quelqu’un qui aura édifié dessus, demeure, il en recevra la récompense.

15 Si l’œuvre de quelqu’un brûle, il en fera la perte ; mais pour lui, il sera sauvé, toutefois comme par le feu.

16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?

17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple.

18 Que personne ne s’abuse lui-même ; si quelqu’un d’entre vous croit être sage en ce monde, qu’il se rende fou, afin de devenir sage.

19 Parce que la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu ; car il est écrit : Il surprend les sages en leur ruse.

20 Et encore : Le Seigneur connaît que les discours des sages sont vains.

21 Que personne donc ne se glorifie dans les hommes ; car toutes choses sont à vous ;

22 soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir, toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu.

CHAP. IV.

Devoirs des ministres de Jésus-Christ à l’exemple de saint Paul, et manquement de considération pour lui.


QUE chacun nous tienne pour ministres de Christ, et pour dispensateurs des mystères de Dieu.

2 Mais, au reste, il est exigé des dispensateurs que chacun soit trouvé fidèle.

3 Pour moi, je me soucie fort peu d’être jugé de vous, ou de jugement d’homme ; et aussi je ne me juge point moi-même.

4 Car je ne me sens coupable de rien ; mais pour cela je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge, c’est le Seigneur.

5 C’est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui aussi mettra en lumière les choses cachées dans les ténèbres, et qui manifestera les conseils des cœurs ; et alors Dieu rendra à chacun sa louange.

6 Or, mes frères, j’ai tourné, par une façon de parler, ce discours sur moi et sur Apollos, à cause de vous, afin que vous appreniez de nous à ne point présumer au-delà de ce qui est écrit, de peur que l’un pour l’autre vous ne vous enfliez contre autrui.

7 Car qui est-ce qui met de la différence entre toi et un autre ? et qu’est-ce que tu as, que tu ne l’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu ne l’avais point reçu ?

8 Vous êtes déjà rassasiés, vous êtes déjà enrichis, vous êtes faits rois sans nous ; et plût à Dieu que vous régnassiez, afin que nous régnassions aussi avec vous !

9 Car je pense que Dieu nous a exposés publiquement, nous qui sommes les derniers apôtres, comme des gens condamnés à la mort, vu que nous sommes rendus le spectacle du monde, des anges et des hommes.

10 Nous sommes fous pour l’amour de Christ, mais vous êtes sages en Christ ; nous sommes faibles, et vous êtes forts ; vous êtes dans l’estime, et nous sommes dans le mépris.

11 Jusqu’à cette heure nous souffrons la faim et la soif, et nous sommes nus ; nous sommes souffletés, et nous sommes errans çà et là.

12 Et nous nous fatiguons en travaillant de nos propres mains : on dit du mal de nous, et nous bénissons ; nous sommes persécutés, et nous le souffrons.

13 Nous sommes blâmés, et nous prions ; nous sommes faits comme les balayures du monde, et comme le rebut de tous, jusqu’à maintenant.

14 Je n’écris point ces choses pour vous faire honte ; mais je vous donne des avis comme à mes chers enfans.

15 Car quand vous auriez dix mille maîtres en Christ, vous n’avez pourtant pas plusieurs pères ; car c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’évangile.

16 Je vous prie donc d’être mes imitateurs.

17 C’est pour cela que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon fils bien-aimé, et qui est fidèle en notre Seigneur ; afin qu’il vous fasse souvenir de mes voies en Christ, et comment j’enseigne partout dans chaque église.

18 Or, quelques-uns se sont glorifiés comme si je ne devais point aller vers vous.

19 Mais j’irai bientôt vers vous, si le Seigneur le veut, et je connaîtrai, non point la parole de ceux qui se sont glorifiés, mais l’efficace.

20 Car le royaume de Dieu ne consiste point en paroles, mais en efficace.

21 Que voulez-vous ? Irai-je à vous avec la verge, ou avec charité, et un esprit de douceur ?

CHAP. V.

De l’incestueux livré à Satan, et de n’avoir point de commerce avec les vicieux.


ON entend dire de toutes parts qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et même une telle impudicité, qu’entre les Gentils il n’est point fait mention de semblable ; c’est que quelqu’un d’entre vous entretient la femme de son père.

2 Et cependant vous êtes enflés d’orgueil, et vous n’avez pas plutôt mené deuil, afin que celui qui a commis cette action fût retranché du milieu de vous.

3 Mais moi, étant absent de corps, mais présent en esprit, j’ai déjà ordonné comme si j’étais présent, touchant celui qui a ainsi commis une telle action.

4 Vous et mon esprit étant assemblés au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, j’ai, dis-je, ordonné, par la puissance de notre Seigneur Jésus-Christ,

5 qu’un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de la chair ; afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus.

6 Votre vanité est mal fondée ; ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ?

7 Otez donc le vieux levain, afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain ; car Christ, notre pâque, a été sacrifié pour nous.

8 C’est pourquoi faisons la fête, non point avec le vieux levain, ni avec un levain de méchanceté et de malice, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.

9 Je vous ai écrit dans ma lettre que vous ne vous mêliez point avec les fornicateurs ;

10 mais non pas absolument avec les fornicateurs de ce monde, ou avec les avares, ou les ravisseurs, ou les idolâtres ; car autrement, certes, il vous faudrait sortir du monde.

11 Or maintenant je vous écris que vous ne vous mêliez point avec eux ; c’est-à-dire, que si quelqu’un qui se nomme frère, est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur, vous ne mangiez pas même avec un tel homme.

12 Car aussi qu’ai-je affaire de juger ceux qui sont de dehors ? Ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ?

13 Mais Dieu juge ceux qui sont de dehors. Otez donc d’entre vous-mêmes le méchant.

CHAP. VI.

Censure des plaideurs. Exhortation à éviter les impuretés de la chair.


QUAND quelqu’un d’entre vous a une affaire contre un autre, ose-t-il bien aller en jugement devant les iniques, et il ne va pas devant les saints ?

2 Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? Or, si le monde doit être jugé par vous, êtes-vous indignes de juger des plus petites choses ?

3 Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Combien plus donc devons-nous juger des choses qui concernent cette vie ?

4 Si donc vous avez des procès pour les affaires de cette vie, prenez pour juges ceux qui sont des moins estimés dans l’église.

5 Je le dis à votre honte ; n’y a-t-il donc point de sages parmi vous, non pas même un seul qui puisse juger entre ses frères ?

6 Mais un frère a des procès contre son frère, et cela devant les infidèles.

7 C’est même déjà un grand défaut en vous, que vous ayez des procès entre vous. Pourquoi n’endurez-vous pas plutôt qu’on vous fasse tort ? Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt du dommage ?

8 Mais, au contraire, vous faites tort, et vous causez du dommage, et même à vos frères.

9 Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ?

10 Ne vous trompez point vous-mêmes : ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni ceux qui commettent des péchés contre nature, ni les larrons, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisans, ni les ravisseurs, n’hériteront point le royaume de Dieu.

11 Et quelques-uns de vous étiez tels ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu.

12 Toutes choses me sont permises, mais toutes choses ne conviennent pas ; toutes choses me sont permises, mais je ne serai point assujetti sous la puissance d’aucune chose.

13 Les viandes sont pour l’estomac, et l’estomac est pour les viandes ; mais Dieu détruira l’un et l’autre. Or, le corps n’est point pour la fornication, mais pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps.

14 Et Dieu qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.

15 Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Christ ? Oterai-je donc les membres de Christ pour en faire les membres d’une prostituée ? A Dieu ne plaise !

16 Ne savez-vous pas que celui qui s’unit avec une prostituée, devient un même corps avec elle ? Car deux, est-il dit, seront une même chair.

17 Mais celui qui est uni au Seigneur, est un même esprit avec lui.

18 Fuyez la fornication ; quelque autre péché que l’homme commette, il est hors du corps ; mais le fornicateur péche contre son propre corps.

19 Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? Et vous n’êtes point à vous-mêmes ;

20 car vous avez été achetés par prix. Glorifiez donc Dieu en votre corps, et en votre esprit, qui appartiennent à Dieu.

CHAP. VII.

Avis sur le mariage, la virginité et la viduité.


OR, quant aux choses dont vous m’avez écrit, je vous dis qu’il est bon à l’homme de ne pas se marier.

2 Toutefois, pour éviter l’impureté, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.

3 Que le mari rende à sa femme la bienveillance qui lui est due, et que la femme de même la rende à son mari.

4 Car la femme n’a pas son propre corps en sa puissance, mais il est en celle du mari ; et le mari tout de même n’a pas en sa puissance son propre corps, mais il est en celle de la femme.

5 Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n’est par un consentement mutuel, pour un temps, afin que vous vaquiez au jeûne et à la prière ; mais après cela retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence.

6 Or, je dis ceci par conseil et non par commandement.

7 Car je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun a son propre don, lequel il a reçu de Dieu, l’un en une manière, et l’autre en une autre.

8 Or, je dis à ceux qui ne sont point mariés, et aux veuves, qu’il leur est bon de demeurer comme moi.

9 Mais s’ils ne sont pas continens, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.

10 Et quant à ceux qui sont mariés, je leur commande, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point du mari :

11 et si elle s’en sépare, qu’elle demeure sans être mariée, ou qu’elle se réconcilie avec son mari ; que le mari aussi ne quitte point sa femme.

12 Mais aux autres je leur dis, et non pas le Seigneur : Si quelque frère a une femme infidèle, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la quitte point.

13 Et si quelque femme a un mari infidèle, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne le quitte point.

14 Car le mari infidèle est sanctifié en la femme, et la femme infidèle est sanctifiée dans le mari ; autrement vos enfans seraient impurs : or maintenant ils sont saints.

15 Que si l’infidèle se sépare, qu’il se sépare ; le frère ou la sœur n’est point asservi dans ce cas-là ; mais Dieu nous a appelés à la paix.

16 Car que sais-tu, femme, si tu ne sauveras point ton mari ? ou que sais-tu, mari, si tu ne sauveras point ta femme ?

17 Toutefois que chacun se conduise selon le don qu’il a reçu de Dieu, chacun selon que le Seigneur l’y a appelé ; et c’est ainsi que j’en ordonne dans toutes les églises.

18 Quelqu’un est-il appelé étant circoncis ? qu’il ne ramène point le prépuce. Quelqu’un est-il appelé étant dans le prépuce ? qu’il ne se fasse point circoncire.

19 La circoncision n’est rien, et le prépuce aussi n’est rien, mais l’observation des commandemens de Dieu.

20 Que chacun demeure dans la condition où il était quand il a été appelé.

21 Es-tu appelé étant esclave ? ne t’en mets point en peine ; mais aussi si tu peux être mis en liberté, uses-en plutôt.

22 Car celui qui étant esclave est appelé à notre Seigneur, il est l’affranchi du Seigneur ; et de même celui qui est appelé étant libre, il est l’esclave de Christ.

23 Vous avez été achetés par prix ; ne devenez point les esclaves des hommes.

24 Mes frères, que chacun demeure envers Dieu dans l’état où il était quand il a été appelé.

25 Pour ce qui concerne les vierges, je n’ai point de commandement du Seigneur ; mais j’en donne avis comme ayant obtenu miséricorde du Seigneur pour être fidèle.

26 J’estime donc que cela est bon pour la nécessité présente, en tant qu’il est bon à l’homme d’être ainsi.

27 Es-tu lié à une femme ? ne cherche point d’en être séparé. Es-tu détaché de ta femme ? ne cherche point de femme.

28 Que si tu te maries, tu ne péches point ; et si la vierge se marie, elle ne péche point aussi ; mais ceux qui sont mariés auront des afflictions en la chair ; or, je vous épargne.

29 Mais je vous dis ceci, mes frères, que le temps est court ; et ainsi que ceux qui ont une femme, soient comme s’ils n’en avaient point ;

30 et ceux qui sont dans les pleurs, comme s’ils n’étaient point dans les pleurs ; et ceux qui sont dans la joie, comme s’ils n’étaient point dans la joie, et ceux qui achètent, comme s’ils ne possédaient point.

31 Et ceux qui usent de ce monde, comme n’en abusant point ; car la figure de ce monde passe.

32 Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n’est point marié a soin des choses qui sont du Seigneur, comment il plaira au Seigneur.

33 Mais celui qui est marié a soin des choses de ce monde, et comment il plaira à sa femme, et ainsi il est divisé.

34 La femme qui n’est point mariée, et la vierge, a soin des choses qui sont du Seigneur, pour être sainte de corps et d’esprit ; mais celle qui est mariée a soin des choses qui sont du monde, comment elle plaira à son mari.

35 Or, je dis ceci, ayant égard à ce qui vous est utile, non point pour vous tendre un piége, mais pour vous porter à ce qui est bienséant, et propre à vous unir au Seigneur sans aucune distraction.

36 Mais si quelqu’un croit que ce soit un déshonneur à sa fille de passer la fleur de son âge, et qu’il faille la marier, qu’il fasse ce qu’il voudra, il ne péche point ; qu’elle soit mariée.

37 Mais celui qui demeure ferme en son cœur, n’y ayant point de nécessité qu’il marie sa fille ; mais étant le maître de sa propre volonté, a arrêté en son cœur de garder sa fille, il a fait bien.

38 Celui donc qui la marie fait bien, mais celui qui ne la marie pas fait mieux.

39 La femme est liée par la loi pendant tout le temps que son mari est en vie ; mais si son mari meurt, elle est en liberté de se marier à qui elle veut ; seulement que ce soit en notre Seigneur.

40 Elle est néanmoins plus heureuse si elle demeure ainsi, selon mon avis ; or, j’estime que j’ai aussi l’Esprit de Dieu.

CHAP. VIII.

Des viandes sacrifiées aux idoles, et de la liberté sans scandale.


POUR ce qui regarde les choses qui sont sacrifiées aux idoles, nous savons que nous avons tous de la connaissance. La science enfle, mais la charité édifie.

2 Et si quelqu’un croit savoir quelque chose, il n’a encore rien connu comme il faut connaître ;

3 mais si quelqu’un aime Dieu, il est connu de lui.

4 Pour ce qui regarde donc de manger des choses sacrifiées aux idoles, nous savons que l’idole n’est rien au monde, et qu’il n’y a aucun autre Dieu qu’un seul ;

5 car encore qu’il y en ait qui soient appelés dieux, soit au ciel, soit en la terre, (comme il y a plusieurs dieux, et plusieurs seigneurs,)

6 nous n’avons pourtant qu’un seul Dieu, qui est le Père ; duquel sont toutes choses, et nous en lui ; et un seul Seigneur Jésus-Christ par lequel sont toutes choses, et nous par lui.

7 Mais il n’y a pas en tous la même connaissance ; car quelques-uns qui jusqu’à présent font conscience, à cause de l’idole, de manger des choses qui ont été sacrifiées à l’idole, en mangent pourtant ; c’est pourquoi leur conscience étant faible, elle en est souillée.

8 Or, la viande ne nous rend pas agréables à Dieu ; car si nous mangeons, nous n’en avons rien davantage ; et si nous ne mangeons point, nous n’en avons pas moins.

9 Mais prenez garde que cette liberté que vous avez ne soit en quelque sorte en scandale aux faibles.

10 Car si quelqu’un te voit, toi, qui as de la connaissance, être à table au temple des idoles, la conscience de celui qui est faible ne sera-t-elle pas induite à manger des choses sacrifiées à l’idole ?

11 Et ainsi ton frère qui est faible, pour lequel Christ est mort, périra par ta connaissance.

12 Or, quand vous péchez ainsi contre vos frères, et que vous blessez leur conscience qui est faible, vous péchez contre Christ.

13 C’est pourquoi si la viande scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair pour ne point scandaliser mon frère.

CHAP. IX.

Du ministère de saint Paul adouci par la charité et la condescendance.


NE suis-je pas apôtre ? ne suis-je pas libre ? n’ai-je pas vu notre Seigneur Jésus-Christ ? n’êtes-vous pas mon ouvrage au Seigneur ?

2 Si je ne suis pas apôtre pour les autres, je le suis au moins pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat au Seigneur.

3 C’est là mon apologie envers ceux qui me condamnent.

4 N’avons-nous pas le pouvoir de manger et de boire ?

5 N’avons-nous pas le pouvoir de mener avec nous une sœur femme, ainsi que les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ?

6 N’y a-t-il que Barnabas et moi qui n’ayons pas le pouvoir de ne point travailler ?

7 Qui est-ce qui va jamais à la guerre à ses dépens ? qui est-ce qui plante la vigne, et ne mange point de son fruit ? qui est-ce qui paît le troupeau, et ne mange pas du lait du troupeau ?

8 Dis-je ces choses selon l’homme ? La loi ne dit-elle pas aussi la même chose ?

9 Car il est écrit dans la loi de Moïse : Tu n’emmuseleras point le bœuf qui foule le grain. Or, Dieu a-t-il soin des bœufs ?

10 Et n’est-ce pas entièrement pour nous qu’il a dit ces choses : Certes elles sont écrites pour nous ; car celui qui laboure, doit labourer avec espérance ; et celui qui foule le blé, le foule avec espérance d’en être participant.

11 Si nous avons semé parmi vous des biens spirituels, est-ce une grande chose que nous recueillions de vos biens charnels ?

12 Et si d’autres usent de ce pouvoir à votre égard, pourquoi n’en userons-nous pas plutôt qu’eux ? Cependant nous n’avons point usé de ce pouvoir, mais, au contraire, nous supportons toutes sortes d’incommodités, afin de ne donner aucun empêchement à l’évangile de Christ.

13 Ne savez-vous pas que ceux qui s’emploient aux choses sacrées, mangent de ce qui est sacré ; et que ceux qui servent à l’autel, participent à l’autel ?

14 Le Seigneur a ordonné tout de même que ceux qui annoncent l’évangile, vivent de l’évangile.

15 Cependant je ne me suis point prévalu d’aucune de ces choses, et je n’écris pas même ceci afin qu’on en use de cette manière envers moi ; car j’aimerais mieux mourir, que de voir que quelqu’un anéantît ma gloire.

16 Car encore que j’évangélise, je n’ai pas de quoi m’en glorifier, parce que la nécessité m’en est imposée ; et malheur à moi, si je n’évangélise pas !

17 Mais si je le fais de bon cœur, j’en aurai la récompense ; mais si c’est à regret, je ne fais que m’acquitter de la commission qui m’en a été donnée.

18 Quelle récompense en ai-je donc ? C’est qu’en prêchant l’évangile, je prêche l’évangile de Christ sans apporter aucune dépense, afin que je n’abuse pas de mon pouvoir dans l’évangile.

19 Car bien que je sois en liberté à l’égard de tous, je me suis pourtant asservi à tous, afin de gagner plus de personnes.

20 Et je me suis fait aux Juifs comme Juif, afin de gagner les Juifs ; à ceux qui sont sous la loi, comme si j’étais sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi ;

21 à ceux qui sont sans loi, comme si j’étais sans loi (quoique je ne sois point sans loi quant à Dieu, mais je suis sous la loi de Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi.

22 Je me suis fait comme faible aux faibles, afin de gagner les faibles ; je me suis fait toutes choses à tous, afin qu’absolument j’en sauve quelques-uns.

23 Et je fais cela à cause de l’évangile, afin que j’en sois fait aussi participant avec les autres.

24 Ne savez-vous pas que quand on court dans la lice, tous courent bien, mais un seul remporte le prix ? Courez donc tellement que vous le remportiez.

25 Or quiconque lutte, vit entièrement de régime ; et quant à ceux-là, ils le font pour avoir une couronne corruptible ; mais nous, pour en avoir une incorruptible.

26 Je cours donc, mais non pas sans savoir comment ; je combats, mais non pas comme battant l’air.

27 Mais je mortifie mon corps, et je me le soumets ; de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois trouvé moi-même en quelque sorte non recevable.

CHAP. X.

De la sécurité de la chair, et de la convoitise à manger de tout.


OR, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, et qu’ils ont tous passé par la mer ;

2 et qu’ils ont tous été baptisés par Moïse en la nuée et en la mer ;

3 et qu’ils ont tous mangé d’une même viande spirituelle ;

4 et qu’ils ont tous bu d’un même breuvage spirituel ; car ils buvaient de l’eau de la pierre spirituelle qui les suivait ; et la pierre était Christ.

5 Mais Dieu n’a point pris plaisir en plusieurs d’eux ; car ils ont été accablés au désert.

6 Or ces choses ont été des exemples pour nous, afin que nous ne convoitions point des choses mauvaises, comme eux-mêmes les ont convoitées ;

7 et que vous ne deveniez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux ; ainsi qu’il est écrit : Le peuple s’est assis pour manger et pour boire, et puis ils se sont levés pour jouer.

8 Et afin que nous ne nous laissions point aller à la fornication, comme quelques-uns d’eux s’y sont abandonnés, et il en est tombé en un jour vingt-trois mille ;

9 et que nous ne tentions point Christ, comme quelques-uns d’eux l’ont tenté, et ont été détruits par les serpens.

10 Et que vous ne murmuriez point, comme quelques-uns d’eux ont murmuré, et sont péris par le destructeur.

11 Or toutes ces choses leur arrivaient en exemple, et elles sont écrites pour notre instruction, comme étant ceux auxquels les derniers temps sont parvenus.

12 Que celui donc qui croit demeurer debout, prenne garde qu’il ne tombe.

13 Aucune tentation ne vous a éprouvés, qui n’ait été une tentation humaine ; et Dieu est fidèle, qui ne permettra point que vous soyez tentés au-delà de vos forces : mais avec la tentation il vous en fera trouver l’issue, afin que vous la puissiez soutenir.

14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie.

15 Je vous parle comme à des personnes intelligentes ; jugez vous-mêmes de ce que je dis.

16 La coupe de bénédiction, laquelle nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ ? et le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ ?

17 Parce qu’il n’y a qu’un seul pain, nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps ; car nous sommes tous participans du même pain.

18 Voyez l’Israël selon la chair, ceux qui mangent les sacrifices ne sont-ils pas participans de l’autel ?

19 Que dis-je donc ? Que l’idole soit quelque chose ? ou que ce qui est sacrifié à l’idole soit quelque chose ? Non.

20 Mais je dis que les choses que les Gentils sacrifient, ils les sacrifient aux démons, et non pas à Dieu ; or, je ne veux pas que vous soyez participans des démons.

21 Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez être participans de la table du Seigneur et de la table des démons.

22 Voulons-nous inciter le Seigneur à la jalousie ? Sommes-nous plus forts que lui ?

23 Toutes choses me sont permises, mais toutes choses ne sont pas convenables ; toutes choses me sont permises, mais toutes choses n’édifient pas.

24 Que personne ne cherche ce qui lui est propre, mais que chacun cherche ce qui est pour autrui.

25 Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie, sans vous en enquérir pour la conscience.

26 Car la terre est au Seigneur, avec tout ce qu’elle contient.

27 Que si quelqu’un des infidèles vous convie, et que vous y vouliez aller, mangez de tout ce qui est mis devant vous, sans vous en enquérir pour la conscience.

28 Mais si quelqu’un vous dit : Cela est sacrifié aux idoles, n’en mangez point à cause de celui qui vous en a avertis, et à cause de la conscience ; car la terre est au Seigneur, avec tout ce qu’elle contient.

29 Or, je dis la conscience, non pas la tienne, mais celle de l’autre : car pourquoi ma liberté serait-elle condamnée par la conscience d’un autre ?

30 Et si par la grâce j’en suis participant, pourquoi suis-je blâmé pour une chose dont je rends grâces ?

31 Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou que vous fassiez quelque autre chose, faites tout à la gloire de Dieu.

32 Soyez tels que vous ne donniez aucun scandale, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’église de Dieu.

33 Comme aussi je complais à tous en toutes choses, ne cherchant point ma commodité propre, mais celle de plusieurs, afin qu’ils soient sauvés.

CHAP. XI.

De l’abus des couvertures et de l’eucharistie.


SOYEZ mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ.

2 Or, mes frères, je vous loue de ce que vous vous souvenez de tout ce qui me concerne, et de ce que vous gardez mes ordonnances comme je vous les ai données.

3 Mais je veux que vous sachiez que le Chef de tout homme, c’est Christ ; et que le chef de la femme, c’est l’homme ; et que le Chef de Christ, c’est Dieu.

4 Tout homme qui prie, ou qui prophétise, ayant quelque chose sur la tête, déshonore sa tête.

5 Mais toute femme qui prie, ou qui prophétise sans avoir la tête couverte, déshonore sa tête ; car c’est la même chose que si elle était rasée.

6 Si donc la femme n’est pas couverte, qu’on lui coupe les cheveux. Or, s’il est déshonnête à la femme d’avoir les cheveux coupés, ou d’être rasée, qu’elle soit couverte.

7 Car pour ce qui est de l’homme, il ne doit point couvrir sa tête, vu qu’il est l’image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l’homme,

8 parce que l’homme n’a point été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme.

9 Et aussi l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme.

10 C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque qu’elle est sous la puissance de son mari.

11 Toutefois ni l’homme n’est point sans la femme, ni la femme sans l’homme, en notre Seigneur.

12 Car comme la femme est par l’homme, aussi l’homme est par la femme ; mais toutes choses procèdent de Dieu.

13 Jugez-en entre vous-mêmes ; est-il convenable que la femme prie Dieu sans être couverte ?

14 La nature même ne vous enseigne-t-elle pas que si l’homme nourrit sa chevelure, ce lui est du déshonneur ;

15 mais que si la femme nourrit sa chevelure, ce lui est de la gloire, parce que la chevelure lui est donnée pour couverture ?

16 Que si quelqu’un aime à contester, nous n’avons pas une telle coutume, ni aussi les églises de Dieu.

17 Or, en ce que je vais vous dire, je ne vous loue point, c’est que vos assemblées ne sont pas mieux réglées qu’elles l’étaient ; elles le sont moins.

18 Car premièrement quand vous vous assemblez dans l’église, j’apprends qu’il y a des divisions parmi vous ; et j’en crois une partie ;

19 car il faut qu’il y ait même des hérésies parmi vous, afin que ceux qui sont dignes d’approbation soient manifestés parmi vous.

20 Quand donc vous vous assemblez ainsi tous ensemble, ce n’est pas manger la cène du Seigneur.

21 Car lorsqu’il s’agit de prendre le repas, chacun prend par avance son souper particulier, en sorte que l’un a faim, et l’autre fait bonne chère.

22 N’avez-vous donc pas des maisons pour manger et pour boire ? ou méprisez-vous l’église de Dieu ? et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dirai-je ? vous louerai-je ? Je ne vous loue point en ceci.

23 Car j’ai reçu du Seigneur ce qu’aussi je vous ai donné, c’est que le Seigneur Jésus, la nuit qu’il fut trahi, prit du pain ;

24 et après avoir rendu grâces, il le rompit, et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon corps qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.

25 De même aussi après le souper, il prit la coupe en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci toutes les fois que vous en boirez en mémoire de moi.

26 Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne.

27 C’est pourquoi quiconque mangera de ce pain, ou boira de la coupe du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur.

28 Que chacun donc s’éprouve soi-même, et ainsi qu’il mange de ce pain, et qu’il boive de cette coupe ;

29 car celui qui en mange et qui en boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant point le corps du Seigneur.

30 Et c’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et que plusieurs dorment.

31 Car si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions point jugés.

32 Mais quand nous sommes jugés, nous sommes enseignés par le Seigneur, afin que nous ne soyons point condamnés avec le monde.

33 C’est pourquoi, mes frères, quand vous vous assemblez pour manger, attendez-vous l’un l’autre.

34 Et si quelqu’un a faim, qu’il mange en sa maison, afin que vous ne vous assembliez pas pour votre condamnation. Touchant les autres points, j’en ordonnerai quand je serai arrivé.

CHAP. XII.

De la diversité et de l’usage des dons spirituels.


OR, pour ce qui regarde les dons spirituels, je ne veux point, mes frères, que vous en soyez ignorans.

2 Vous savez que vous étiez Gentils, entraînés après les idoles muettes, selon que vous étiez menés.

3 C’est pourquoi je vous fais savoir que nul homme, parlant par l’Esprit de Dieu, ne dit que Jésus doit être rejeté ; et que nul ne peut dire que par le Saint-Esprit, que Jésus est le Seigneur.

4 Or il y a diversité de dons, mais il n’y a qu’un même Esprit.

5 Il y a aussi diversité de ministères, mais il n’y a qu’un même Seigneur.

6 Il y a aussi diversité d’opérations, mais il n’y a qu’un même Dieu qui opère toutes choses en tous.

7 Or, à chacun est donnée la lumière de l’Esprit pour procurer l’utilité commune.

8 Car à l’un est donnée par l’Esprit la parole de sagesse, et à l’autre par le même Esprit la parole de connaissance ;

9 et à un autre la foi par ce même Esprit ; à un autre les dons de guérison par ce même Esprit ;

10 et à un autre les opérations des miracles ; à un autre la prophétie ; à un autre le don de discerner les esprits ; à un autre la diversité des langues ; et à un autre le don d’interpréter les langues.

11 Mais un seul et même Esprit fait toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons comme il le trouve à propos.

12 Car comme le corps n’est qu’un, et cependant il a plusieurs membres, mais tous les membres de ce corps, qui n’est qu’un, quoiqu’ils soient plusieurs, ne sont qu’un corps ; il en est de même de Christ.

13 Car nous avons tous été baptisés d’un même Esprit, pour être un même corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, nous avons tous, dis-je, été abreuvés d’un même Esprit.

14 Car aussi le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs.

15 Si le pied dit : Parce que je ne suis pas la main, je ne suis point du corps ; n’est-il pas pourtant du corps ?

16 Et si l’oreille dit : Parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis point du corps ; n’est-elle pas pourtant du corps ?

17 Si tout le corps est l’œil, où sera l’ouïe ? si tout est l’ouïe, où sera l’odorat ?

18 Mais maintenant Dieu a placé chaque membre dans le corps comme il a voulu.

19 Et si tous étaient un seul membre, où serait le corps ?

20 Mais maintenant il y a plusieurs membres, toutefois il n’y a qu’un seul corps.

21 Et l’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai que faire de toi ; ni aussi la tête aux pieds : Je n’ai que faire de vous.

22 Et qui plus est, les membres du corps qui semblent être les plus faibles, sont beaucoup plus nécessaires.

23 Et ceux que nous estimons être les moins honorables au corps, nous les ornons avec plus de soin, et les parties qui sont en nous les moins belles à voir sont les plus parées.

24 Car les parties qui sont belles en nous, n’en ont pas besoin ; mais Dieu a apporté ce tempérament dans notre corps, qu’il a donné plus d’honneur à ce qui en manquait ;

25 afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un soin mutuel les uns des autres.

26 Et soit que l’un des membres souffre quelque chose, tous les membres souffrent avec lui ; ou soit que l’un des membres soit honoré, tous les membres ensemble s’en réjouissent.

27 Or vous êtes le corps de Christ, et vous êtes chacun un de ses membres.

28 Et Dieu a mis dans l’église d’abord des apôtres, ensuite des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite les miracles ; puis les dons de guérison, les secours, les gouvernemens, les diversités de langues.

29 Tous sont-ils apôtres ? tous sont-ils prophètes ? tous sont-ils docteurs ? tous ont-ils le don des miracles ?

30 Tous ont-ils les dons de guérison ? tous parlent-ils diverses langues ? tous interprètent-ils ?

31 Or, désirez avec ardeur des dons plus excellens, et je vais vous en montrer un chemin qui surpasse encore de beaucoup.

CHAP. XIII.

Les caractères et prérogatives de la charité.


QUAND je parlerais toutes les langues des hommes, et même des anges, si je n’ai pas la charité, je suis comme l’airain qui résonne, ou comme la cymbale retentissante.

2 Et quand j’aurais le don de prophétie, que je connaîtrais tous les mystères, et que j’aurais toute sorte de science ; et quand j’aurais toute la foi qu’on puisse avoir, en sorte que je transportasse les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien.

3 Et quand je distribuerais tout mon bien pour la nourriture des pauvres, et que je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien.

4 La charité est patiente ; elle est douce ; la charité n’est point envieuse ; la charité n’use point d’insolence ; elle ne s’enorgueillit point.

5 Elle ne se porte point déshonnêtement ; elle ne cherche point son propre profit ; elle ne s’aigrit point ; elle ne pense point à mal.

6 Elle ne se réjouit point de l’injustice ; mais elle se réjouit de la vérité.

7 Elle endure tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.

8 La charité ne périt jamais, au lieu que quant aux prophéties, elles seront abolies, et quant aux langues, elles cesseront ; et quant à la connaissance, elle sera abolie.

9 Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie.

10 Mais quand la perfection sera venue, alors ce qui est en partie sera aboli.

11 Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je jugeais comme un enfant, je pensais comme un enfant, mais quand je suis devenu homme, j’ai aboli ce qui était de l’enfance.

12 Car nous voyons maintenant par un miroir obscurément, mais alors nous verrons face à face ; maintenant je connais en partie, mais alors je connaîtrai selon que j’ai été aussi connu.

13 Or maintenant ces trois choses demeurent, la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus excellente de ces vertus c’est la charité.

CHAP. XIV.

De l’usage des langues pour l’édification de l’église.


RECHERCHEZ la charité. Désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout celui de prophétiser.

2 Parce que celui qui parle une langue inconnue, ne parle point aux hommes, mais à Dieu ; car personne ne l’entend, et les mystères qu’il prononce ne sont que pour lui.

3 Mais celui qui prophétise, édifie, exhorte et console les hommes qui l’entendent.

4 Celui qui parle une langue inconnue, s’édifie lui-même ; mais celui qui prophétise, édifie l’église.

5 Je désire bien que vous parliez tous diverses langues, mais beaucoup plus que vous prophétisiez ; car celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle diverses langues, si ce n’est qu’il interprète, afin que l’église en reçoive de l’édification.

6 Maintenant donc, mes frères, si je viens à vous, et que je parle des langues inconnues, que vous servira cela, si je ne vous parle par révélation, ou par science, ou par prophétie, ou par doctrine ?

7 De même si les choses inanimées qui rendent leur son, soit un hautbois, soit une harpe, ne forment des tons différens, comment connaîtra-t-on ce qui est sonné sur le hautbois, ou sur la harpe ?

8 Et si la trompette rend un son qu’on n’entend pas, qui est-ce qui se préparera à la bataille ?

9 De même si vous ne prononcez dans votre langage une parole qui puisse être entendue, comment entendra-t-on ce qui se dit ? car vous parlerez en l’air.

10 Il y a, selon qu’il se rencontre, tant de divers sons dans le monde, et cependant aucun de ces sons n’est muet.

11 Mais si je ne sais point ce qu’on veut signifier par la parole, je serai barbare à celui qui parle ; et celui qui parle me sera barbare.

12 Ainsi puisque vous désirez avec ardeur des dons spirituels, cherchez d’en avoir abondamment pour l’édification de l’église.

13 C’est pourquoi que celui qui parle une langue inconnue, prie de telle sorte qu’il interprète.

14 Car si je prie en une langue inconnue, mon esprit prie, mais l’intelligence que j’en ai est sans fruit.

15 Quoi donc ? je prierai d’esprit, mais je prierai aussi d’une manière à être entendu ; je chanterai d’esprit, mais je chanterai aussi d’une manière à être entendu.

16 Autrement si tu bénis d’esprit, comment celui qui est du simple peuple, dira-t-il Amen à ton action de grâces, puisqu’il ne sait ce que tu dis ?

17 Il est bien vrai que tu rends grâces ; mais un autre n’en est pas édifié.

18 Je rends grâces à mon Dieu que je parle plus de langues que vous tous.

19 Mais j’aime mieux prononcer dans l’église cinq paroles d’une manière à être entendu, afin que j’instruise aussi les autres, que dix mille paroles en une langue inconnue.

20 Mes frères, ne soyez point des enfans en prudence, mais soyez de petits enfans en malice ; et par rapport à la prudence, soyez des hommes faits.

21 Il est écrit dans la loi : Je parlerai à ce peuple par des gens d’une autre langue, et par des lèvres étrangères ; et ainsi ils ne m’entendront point, dit le Seigneur.

22 C’est pourquoi les langues sont pour un signe, non point aux croyans, mais aux infidèles ; la prophétie, au contraire, est un signe non point aux infidèles, mais aux croyans.

23 Si donc toute l’église s’assemble en un corps, et que tous parlent des langues étrangères, et qu’il entre des gens du commun, ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes hors du sens ?

24 Mais si tous prophétisent, et qu’il entre quelque infidèle, ou quelqu’un du commun, il est convaincu par tous, et il est jugé de tous.

25 Et ainsi les secrets de son cœur sont manifestés, de sorte qu’il se jettera sur sa face, et adorera Dieu, et il publiera que Dieu est véritablement parmi vous.

26 Que sera-ce donc, mes frères ? c’est que toutes les fois que vous vous assemblerez, selon que chacun de vous aura ou un psaume, ou une instruction, ou une langue étrangère, ou une révélation, ou une interprétation, que tout se fasse pour l’édification.

27 Et si quelqu’un parle une langue inconnue, que cela se fasse par deux ou tout au plus par trois, et cela par tour ; mais qu’il y en ait un qui interprète.

28 Que s’il n’y a point d’interprète, que cet homme se taise dans l’église, et qu’il parle à soi-même et à Dieu.

29 Et que deux ou trois prophètes parlent, et que les autres en jugent.

30 Et si quelque chose est révélée à un autre qui est assis, que le premier se taise,

31 car vous pouvez tous prophétiser l’un après l’autre, afin que tous apprennent, et que tous soient consolés.

32 Et les esprits des prophètes sont sujets aux prophètes.

33 Car Dieu n’est point un Dieu de confusion, mais de paix, comme on le voit dans toutes les églises des saints.

34 Que les femmes qui sont parmi vous se taisent dans les églises ; car il ne leur est point permis de parler, mais elles doivent être soumises, comme aussi la loi le dit.

35 Et si elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris dans la maison ; car il est malhonnête que les femmes parlent dans l’église.

36 La parole de Dieu est-elle procédée de vous, ou est-elle parvenue seulement à vous ?

37 Si quelqu’un croit être prophète, ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont des commandemens du Seigneur.

38 Et si quelqu’un est ignorant, qu’il soit ignorant.

39 C’est pourquoi, mes frères, désirez avec ardeur de prophétiser, et n’empêchez point de parler diverses langues.

40 Que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre.

CHAP. XV.

De la résurrection, et de la gloire des corps ressuscités.


OR, mes frères, je vous fais savoir l’évangile que je vous ai annoncé, et que vous avez reçu, et auquel vous vous tenez fermes ;

2 et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez en quelle manière je vous l’ai annoncé ; à moins que vous n’ayez cru en vain.

3 Car, avant toutes choses, je vous ai donné ce que j’avais aussi reçu, savoir que Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures ;

4 et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les écritures.

5 Et qu’il a été vu de Céphas, et ensuite des douze.

6 Depuis il a été vu de plus de cinq cents frères en une fois, dont plusieurs sont encore vivans, et quelques-uns sont morts.

7 Ensuite il a été vu de Jacques, et puis de tous les apôtres.

8 Et après tous, il a été vu aussi de moi, comme d’un avorton.

9 Car je suis le moindre des apôtres, qui ne suis pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’église de Dieu.

10 Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis ; et sa grâce envers moi n’a point été vaine ; mais j’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous ; toutefois non point moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.

11 Soit donc moi, soit eux, nous prêchons ainsi, et vous l’avez cru ainsi.

12 Or, si on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment disent quelques-uns d’entre vous qu’il n’y a point de résurrection des morts ?

13 Car s’il n’y a point de résurrection des morts, Christ aussi n’est point ressuscité.

14 Et si Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine.

15 Et même nous sommes de faux témoins de la part de Dieu ; car nous avons rendu témoignage de la part de Dieu qu’il a ressuscité Christ ; lequel pourtant il n’a pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point.

16 Car si les morts ne ressuscitent point, Christ aussi n’est point ressuscité.

17 Et si Christ n’est point ressuscité, votre foi est vaine, et vous êtes encore dans vos péchés.

18 Ceux donc aussi qui dorment en Christ sont péris.

19 Si nous n’avons d’espérance en Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus misérables de tous les hommes.

20 Mais maintenant Christ est ressuscité des morts, et il a été fait les prémices de ceux qui dorment.

21 Car puisque la mort est par un seul homme, la résurrection des morts est aussi par un seul homme.

22 Car comme tous meurent en Adam, de même aussi tous seront vivifiés en Christ.

23 Mais chacun en son rang, les prémices, c’est Christ ; puis ceux qui sont de Christ seront vivifiés en son avénement.

24 Et après viendra la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, et quand il aura aboli tout empire, et toute puissance, et toute force.

25 Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds.

26 L’ennemi qui sera détruit le dernier, c’est la mort.

27 Car Dieu a assujetti toutes choses sous ses pieds. Or, quand il est dit que toutes choses lui sont assujetties, il est évident que celui qui lui a assujetti toutes choses est excepté.

28 Et après que toutes choses lui auront été assujetties, alors aussi le Fils lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.

29 Autrement que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si absolument les morts ne ressuscitent point ? Pourquoi donc sont-ils baptisés pour les morts ?

30 Pourquoi aussi sommes-nous en danger à toute heure ?

31 Par notre gloire que j’ai en notre Seigneur Jésus-Christ, je meurs de jour en jour.

32 Si j’ai combattu contre les bêtes à Ephèse, par des vues humaines, quel profit en ai-je, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons et buvons ; car demain nous mourrons.

33 Ne soyez point séduits ; les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs.

34 Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez point ; car quelques-uns sont sans la connaissance de Dieu ; je vous le dis à votre honte.

35 Mais quelqu’un dira : Comment ressuscitent les morts, et en quel corps viendront-ils ?

36 O fou ! ce que tu sèmes n’est point vivifié, s’il ne meurt.

37 Et quant à ce que tu sèmes, tu ne sèmes point le corps qui naîtra, mais le grain nu, selon qu’il se rencontre, de blé, ou de quelque autre grain.

38 Mais Dieu lui donne le corps comme il veut, et à chacune des semences son propre corps.

39 Toute chair n’est pas une même sorte de chair ; mais autre est la chair des hommes, et autre la chair des bêtes, et autre celle des poissons, et autre celle des oiseaux.

40 Il y a aussi des corps célestes, et des corps terrestres ; mais autre est la gloire des célestes, et autre celle des terrestres.

41 Autre est la gloire du soleil, et autre la gloire de la lune, et autre la gloire des étoiles ; car une étoile est différente d’une autre étoile en gloire.

42 Il en sera aussi de même en la résurrection des morts ; le corps est semé en corruption, il ressuscitera incorruptible.

43 Il est semé en déshonneur, il ressuscitera en gloire ; il est semé en faiblesse, il ressuscitera en force.

44 Il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel ; il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel.

45 Comme aussi il est écrit : Le premier homme Adam a été fait en âme vivante, et le dernier Adam en esprit vivifiant.

46 Or, ce qui est spirituel n’est pas le premier ; mais ce qui est animal ; et puis ce qui est spirituel.

47 Le premier homme étant de la terre, est tiré de la poussière ; mais le second homme, savoir le Seigneur, est du ciel.

48 Tel qu’est celui qui est tiré de la poussière, tels aussi sont ceux qui sont tirés de la poussière ; et tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes.

49 Et comme nous avons porté l’image de celui qui est tiré de la poussière, nous porterons aussi l’image du céleste.

50 Voici donc ce que je dis, mes frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent point hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite point l’incorruptibilité.

51 Voici, je vous dis un mystère : Nous ne dormirons pas tous, mais nous serons tous transmués ;

52 en un moment, et en un clin d’œil, à la dernière trompette ; car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transmués.

53 Car il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité.

54 Or, quand ce corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce mortel aura revêtu l’immortalité, alors cette parole de l’écriture sera accomplie : La mort est détruite par la victoire.

55 Où est, ô mort, ton aiguillon ? où est, ô sépulcre, ta victoire ?

56 Or, l’aiguillon de la mort c’est le péché ; et la puissance du péché c’est la loi.

57 Mais grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ.

58 C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, vous appliquant toujours avec un nouveau zèle à l’œuvre du Seigneur ; sachant que votre travail ne vous sera pas inutile auprès du Seigneur.

CHAP. XVI.

Des collectes d’aumônes, et de la fermeté en la foi.


TOUCHANT la collecte qui se fait pour les saints, faites comme j’en ai ordonné aux églises de Galatie.

2 C’est que chaque premier jour de la semaine, chacun de vous mette à part chez soi ce qu’il pourra assembler suivant la prospérité que Dieu lui accordera, afin que lorsque je viendrai les collectes ne soient point à faire.

3 Puis, quand je serai arrivé, j’enverrai ceux que vous approuverez par vos lettres pour porter votre libéralité à Jérusalem.

4 Et, s’il est à propos que j’y aille moi-même, ils viendront aussi avec moi.

5 J’irai donc vers vous, ayant passé par la Macédoine ; car je passerai par la Macédoine.

6 Et peut-être que je séjournerai parmi vous, ou même que j’y passerai l’hiver ; afin que vous me conduisiez partout où j’irai.

7 Car je ne veux point vous voir maintenant en passant, mais j’espère que je demeurerai avec vous quelque temps, si le Seigneur le permet.

8 Toutefois je demeurerai à Ephèse jusqu’à la Pentecôte,

9 car une grande porte et de grande efficace, m’y est ouverte ; mais il y a plusieurs adversaires.

10 Que si Timothée vient, prenez garde qu’il soit en sûreté parmi vous ; car il s’emploie à l’œuvre du Seigneur comme moi-même.

11 Que personne donc ne le méprise ; mais conduisez-le en toute sûreté, afin qu’il vienne me trouver, car je l’attends avec les frères.

12 Quant à Apollos, notre frère, je l’ai beaucoup prié d’aller vers vous avec les frères ; mais il n’a nullement eu la volonté d’y aller maintenant ; toutefois il y ira quand il en aura la commodité.

13 Veillez, soyez fermes en la foi, portez-vous vaillamment, fortifiez-vous.

14 Que toutes vos affaires se fassent en charité.

15 Or, mes frères, vous connaissez la famille de Stéphanas, et vous savez qu’elle est les prémices de l’Achaïe, et qu’ils se sont entièrement appliqués au service des saints.

16 Je vous prie de vous soumettre à eux, et à chacun de ceux qui s’emploient à l’œuvre du Seigneur, et qui travaillent avec nous.

17 Or, je me réjouis de la venue de Stéphanas, de Fortunat, et d’Achaïque ; parce qu’ils ont suppléé à ce que vous ne pouvez pas faire pour moi ;

18 car ils ont récréé mon esprit et le vôtre ; ayez donc de la considération pour de telles personnes.

19 Les églises d’Asie vous saluent ; Aquile et Priscille, avec l’église qui est en leur maison, vous saluent affectueusement en notre Seigneur.

20 Tous les frères vous saluent. Saluez-vous l’un l’autre par un saint baiser.

21 La salutation est de la propre main de moi, Paul.

22 S’il y a quelqu’un qui n’aime point le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème, Maranatha.

23 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous !

24 Mon amour s’étend à vous tous en Jésus-Christ. Amen.


SECONDE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX CORINTHIENS.

CHAP. I.

Consolations de saint Paul dans ses prédications et ses afflictions.


PAUL, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée, à l’église de Dieu qui est à Corinthe, avec tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe ;

2 que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !

3 Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation ;

4 qui nous console dans toute notre affliction, afin que par la consolation dont nous nous sommes nous-mêmes consolés de Dieu, nous puissions consoler ceux qui sont en quelque affliction que ce soit.

5 Car comme les souffrances de Christ abondent en nous, de même notre consolation abonde aussi par Christ.

6 Et soit que nous soyons affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut, qui se produit en endurant les mêmes souffrances que nous endurons aussi ; soit que nous soyons consolés, c’est pour votre consolation et pour votre salut.

7 Or, l’espérance que nous avons de vous est ferme, sachant que comme vous êtes participans des souffrances, de même aussi vous le serez de la consolation.

8 Car, mes frères, nous voulons bien que vous sachiez notre affliction, qui nous est arrivée en Asie, c’est que nous avons été chargés excessivement au-delà de ce que nous pouvions porter ; tellement que nous avions perdu l’espérance de conserver notre vie.

9 Car nous nous sommes vus comme si nous eussions reçu en nous-mêmes la sentence de mort ; afin que nous n’eussions point de confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts ;

10 et qui nous a délivrés d’une si grande mort, et qui nous en délivre, et en qui nous espérons qu’il nous en délivrera aussi à l’avenir.

11 Etant aussi aidés par la prière que vous faites pour nous, afin que des actions de grâces soient rendues pour nous par plusieurs personnes, à cause du don qui nous aura été fait en faveur de plusieurs.

12 Car c’est ici notre gloire, savoir, le témoignage de notre conscience, de ce qu’en simplicité et sincérité devant Dieu, et non point avec une sagesse charnelle, mais selon la grâce de Dieu, nous avons conversé dans le monde, et particulièrement avec vous.

13 Car nous ne vous écrivons point d’autres choses que celles que vous lisez, et que même vous connaissez ; et j’espère que vous les reconnaîtrez aussi jusqu’à la fin ;

14 selon que vous avez reconnu en partie, que nous sommes votre gloire, comme vous êtes aussi la nôtre pour le jour du Seigneur Jésus.

15 Et dans une telle confiance je voulais premièrement aller vers vous, afin que vous eussiez une seconde grâce ;

16 et passer de chez vous en Macédoine, puis de Macédoine revenir vers vous, et être conduit par vous en Judée.

17 Or, quand je me proposais cela, ai-je usé de légèreté ? ou les choses que je pense, les pensé-je selon la chair, en sorte qu’il y ait eu en moi le oui et le non ?

18 Mais Dieu est fidèle, que notre parole de laquelle j’ai usé envers vous n’a point été oui et non.

19 Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui a été prêché par nous entre vous, savoir, par moi, et par Silvain, et par Timothée, n’a point été oui et non ; mais il a été oui en lui.

20 Car tout autant qu’il y a de promesses de Dieu, elles sont oui en lui, et amen en lui, à la gloire de Dieu par nous.

21 Or celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu,

22 qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit en nos cœurs.

23 Or, j’appelle Dieu à témoin sur mon âme, que ç’a été pour vous épargner, que je ne suis pas encore allé à Corinthe.

24 Non que nous dominions sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie, puisque vous êtes demeurés fermes dans la foi.

CHAP. II.

L’incestueux rétabli. L’évangile est odeur de vie et odeur de mort.


MAIS j’avais résolu en moi-même de ne revenir point chez vous avec tristesse.

2 Car si je vous attriste, qui est-ce qui me réjouira, à moins que ce ne soit celui que j’aurai moi-même affligé ?

3 Et je vous ai même écrit ceci, afin que quand j’arriverai je n’aie point de tristesse de la part de ceux de qui je devais recevoir de la joie, m’assurant de vous tous que ma joie est celle de vous tous ;

4 car je vous ai écrit dans une grande affliction et angoisse de cœur, avec beaucoup de larmes ; non afin que vous fussiez attristés, mais afin que vous connussiez la charité toute particulière que j’ai pour vous.

5 Que si quelqu’un a été cause de cette tristesse, ce n’est pas moi seul qu’il a affligé, mais en quelque sorte (afin que je ne le surcharge point) c’est vous tous qu’il a attristés.

6 C’est assez pour un tel homme, de cette censure qui lui a été faite par plusieurs.

7 De sorte que vous devez plutôt lui faire grâce, et le consoler ; afin qu’un tel homme ne soit point accablé par une trop grande tristesse.

8 C’est pourquoi je vous prie de ratifier envers lui votre charité.

9 Car c’est aussi pour cela que je vous ai écrit, afin de vous éprouver, et de connaître si vous êtes obéissans en toutes choses.

10 Or à celui à qui vous pardonnez quelque chose, je pardonne aussi ; car de ma part aussi, si j’ai pardonné quelque chose à celui à qui j’ai pardonné, je l’ai fait à cause de vous, devant la face de Christ,

11 afin que Satan n’ait pas le dessus sur nous ; car nous n’ignorons pas ses machinations.

12 Au reste, étant venu à Troas pour l’évangile de Christ, quoique la porte m’y fût ouverte par le Seigneur,

13 je n’ai pourtant point eu de relâche en mon esprit, parce que je n’ai pas trouvé Tite mon frère ; mais ayant pris congé d’eux, je m’en suis venu en Macédoine.

14 Or, grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui manifeste par nous l’odeur de sa connaissance en tous lieux.

15 Car nous sommes la bonne odeur de Christ de la part de Dieu, en ceux qui sont sauvés, et en ceux qui périssent ;

16 à ceux-ci, une odeur mortelle qui les tue ; et à ceux-là, une odeur vivifiante qui les conduit à la vie. Mais qui est suffisant pour ces choses ?

17 Car nous ne falsifions pas la parole de Dieu, comme font plusieurs ; mais nous parlons de Christ comme avec sincérité, comme de la part de Dieu, et devant Dieu.

CHAP. III.

Du ministère de la lettre, et de celui de l’esprit à face découverte.


COMMENCONS-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes ? ou avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation envers vous, ou de lettres de recommandation de votre part ?

2 Vous êtes vous-mêmes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes.

3 Car il paraît en vous que vous êtes la lettre de Christ, dressée par notre ministère, et écrite, non avec de l’encre, mais par l’Esprit du Dieu vivant ; non sur des tables de pierre, mais sur les tables charnelles du cœur.

4 Or, nous avons une telle confiance en Dieu par Christ.

5 Non que nous soyons capables de nous-mêmes de penser quelque chose, comme de nous-mêmes, mais notre capacité vient de Dieu,

6 qui nous a aussi rendus capables d’être les ministres du Nouveau-Testament, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie.

7 Or, si le ministère de mort écrit avec des lettres, et gravé sur des pierres, a été glorieux ; tellement que les enfans d’Israël ne pouvaient regarder le visage de Moïse, à cause de la gloire de son visage, laquelle devait prendre fin,

8 comment le ministère de l’Esprit ne sera-t-il pas plus glorieux ?

9 Car si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère de la justice le surpasse de beaucoup en gloire.

10 Et même le premier ministère, qui a été glorieux, ne l’a pas été autant que le second, qui l’emporte de beaucoup en gloire.

11 Car si ce qui devait prendre fin a été glorieux, ce qui est permanent est beaucoup plus glorieux.

12 Ayant donc une telle espérance, nous usons d’une grande hardiesse de parler.

13 Et nous ne sommes pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, afin que les enfans d’Israël ne regardassent point à la consommation de ce qui devait prendre fin.

14 Mais leurs entendemens sont endurcis ; car jusqu’à aujourd’hui ce même voile, qui est aboli par Christ, demeure dans la lecture de l’Ancien-Testament, sans être ôté.

15 Mais jusqu’à aujourd’hui quand on lit Moïse, le voile demeure sur leur cœur.

16 Mais quand il se sera converti au Seigneur, le voile sera ôté.

17 Or, le Seigneur est cet Esprit-là ; et où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.

18 Ainsi nous tous qui contemplons, comme en un miroir, la gloire du Seigneur à face découverte, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur.

CHAP. IV.

L’évangile est couvert aux incrédules, et reluit dans les fidèles sous la croix.


C’EST pourquoi, ayant ce ministère selon la miséricorde que nous avons reçue, nous ne nous relâchons point.

2 Mais nous avons entièrement rejeté les choses honteuses que l’on cache, ne marchant point avec ruse, et ne falsifiant point la parole de Dieu, mais nous rendant approuvés à toute conscience des hommes devant Dieu, par la manifestation de la vérité.

3 Que si notre évangile est encore voilé, il ne l’est que pour ceux qui périssent.

4 Desquels le Dieu de ce siècle a aveuglé les entendemens, c’est-à-dire des incrédules, afin que la lumière de l’évangile de la gloire de Christ, lequel est l’image de Dieu, ne leur resplendît point.

5 Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons Jésus-Christ le Seigneur ; et nous déclarons que nous sommes vos serviteurs pour l’amour de Jésus.

6 Car Dieu, qui a dit que la lumière resplendît des ténèbres, est celui qui a relui dans nos cœurs pour manifester la connaissance de la gloire de Dieu qui se trouve en Jésus-Christ.

7 Mais nous avons ce trésor dans des vaisseaux de terre, afin que l’excellence de cette force soit de Dieu, et non pas de nous.

8 Etant affligés à tous égards, mais non pas réduits entièrement à l’étroit ; étant en perplexité, mais non pas sans secours.

9 Etant persécutés, mais non pas abandonnés ; étant abattus, mais non pas perdus.

10 Portant toujours partout en notre corps la mort du Seigneur Jésus ; afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée en notre corps.

11 Car nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée en notre chair mortelle.

12 De sorte que la mort se déploie en nous, mais la vie en vous.

13 Or, ayant un même esprit de foi, selon qu’il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ; nous croyons aussi, et c’est aussi pourquoi nous parlons ;

14 sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi par Jésus, et nous fera comparaître en sa présence avec vous.

15 Car toutes choses sont pour vous, afin que cette grande grâce abonde à la gloire de Dieu par le remercîment de plusieurs.

16 C’est pourquoi nous ne nous relâchons point ; mais quoique notre homme extérieur se détruise, toutefois l’intérieur est renouvelé de jour en jour.

17 Car notre légère affliction, qui ne fait que passer produit en nous un poids éternel d’une gloire souverainement excellente ;

18 quand nous ne regardons point aux choses visibles, mais aux invisibles, car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles.

CHAP. V.

Consolation des fidèles sous la croix en vertu de l’évangile.


CAR nous savons que si notre habitation terrestre de cette tente est détruite, nous avons un édifice qui vient de Dieu, savoir une maison éternelle dans les cieux, qui n’est point faite de main.

2 Car c’est aussi pour cela que nous gémissons, désirant avec ardeur d’être revêtus de notre domicile, qui est du ciel ;

3 si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non point nus.

4 Car nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons étant chargés ; vu que nous désirons, non pas d’être dépouillés, mais d’être revêtus ; afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie.

5 Or, celui qui nous a formés à cela même, c’est Dieu, qui aussi nous a donné les arrhes de l’Esprit.

6 Nous avons donc toujours confiance ; et nous savons que logeant dans ce corps, nous sommes absens du Seigneur ;

7 car nous marchons par la foi, et non par la vue.

8 Nous avons, dis-je, de la confiance, et nous aimons mieux être absens de ce corps, et être avec le Seigneur.

9 C’est pourquoi aussi nous nous efforçons de lui être agréables, et présens, et absens.

10 Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun remporte en son corps selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal.

11 Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous sollicitons les hommes à la foi, et nous sommes manifestés à Dieu, et je m’attends aussi que nous sommes manifestés en vos consciences.

12 Car nous ne nous recommandons pas de nouveau à vous, mais nous vous donnons occasion de vous glorifier de nous ; afin que vous ayez de quoi répondre à ceux qui se glorifient de l’apparence, et non pas du cœur.

13 Car soit que nous soyons dans l’extase, nous sommes unis à Dieu ; soit que nous soyons de sens rassis, nous le sommes à vous.

14 Parce que la charité de Christ nous unit étroitement, tenant ceci pour certain, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts ;

15 et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.

16 C’est pourquoi dès à présent nous ne connaissons personne selon la chair, même quoique nous ayons connu Christ selon la chair, toutefois nous ne le connaissons plus ainsi maintenant.

17 Si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles.

18 Or, tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation.

19 Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec soi, en ne leur imputant point leurs péchés, et il a mis en nous la parole de la réconciliation.

20 Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, et c’est comme si Dieu vous exhortait par notre ministère ; nous vous supplions donc, pour l’amour de Christ, de vous réconcilier avec Dieu.

21 Car il a fait celui qui n’a point connu de péché, être péché pour nous, afin que nous devinssions justes devant Dieu par lui.

CHAP. VI.

Du ministère de la croix ; du commerce avec les méchans.


AINSI donc, étant ouvriers avec lui, nous vous prions aussi que vous n’ayez point reçu la grâce de Dieu en vain.

2 Car il dit : Je t’ai exaucé au temps favorable, et t’ai secouru au jour du salut ; voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut.

3 Ne donnant aucun scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit point blâmé.

4 Mais nous rendant recommandables en toutes choses, comme ministres de Dieu, en grande patience, en afflictions, en nécessités, en angoisses,

5 en blessures, en prisons, en troubles, en travaux,

6 en veilles, en jeûnes, en pureté ; par la connaissance, par un esprit patient, par la douceur, par le Saint-Esprit, par une charité sincère,

7 par la parole de la vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de justice que l’on porte à la main droite et à la main gauche.

8 Parmi l’honneur et l’ignominie, parmi la calomnie et la bonne réputation ;

9 comme séducteurs, et toutefois étant véritables ; comme inconnus, et toutefois étant reconnus ; comme mourans, et voici nous vivons ; comme châtiés, et toutefois non mis à mort ;

10 comme attristés, et toutefois toujours joyeux ; comme pauvres, et toutefois enrichissant plusieurs ; comme n’ayant rien, et toutefois possédant toutes choses.

11 O Corinthiens ! notre bouche est ouverte pour vous, notre cœur s’est élargi.

12 Vous n’êtes point à l’étroit au-dedans de nous, mais vous êtes à l’étroit dans vos entrailles.

13 Or, pour nous traiter de la même manière (je vous parle comme à mes enfans), élargissez-vous aussi à notre égard.

14 Ne portez pas un même joug avec les infidèles ; car quelle participation y a-t-il de la justice avec l’iniquité ? et quelle communication y a-t-il de la lumière avec les ténèbres ?

15 Et quel accord y a-t-il de Christ avec Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ?

16 Et quelle convenance y a-t-il du temple de Dieu avec les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.

17 C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et vous en séparez, dit le Seigneur ; et ne touchez à aucune chose souillée, et je vous recevrai ;

18 et je vous serai pour père, et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur tout-puissant.

CHAP. VII.

Exhortation à la sanctification, et à la tristesse selon Dieu.


OR donc, mes bien-aimés, puisque nous avons de telles promesses, nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, perfectionnant la sanctification en la crainte de Dieu.

2 Recevez-nous, nous n’avons fait tort à personne, nous n’avons corrompu personne, nous n’avons pillé personne.

3 Je ne dis point ceci pour vous condamner ; car je vous ai déjà dit que vous êtes dans nos cœurs à mourir et à vivre ensemble.

4 J’ai une grande liberté envers vous, j’ai grand sujet de me glorifier de vous ; je suis rempli de consolation, je suis plein de joie dans toute notre affliction.

5 Car après être venu en Macédoine, notre chair n’a eu aucun relâche, mais nous avons été affligés en toutes manières, ayant eu des combats au-dehors, et des craintes au-dedans.

6 Mais Dieu, qui console les abattus, nous a consolés par la venue de Tite.

7 Et non seulement par sa venue, mais aussi par la consolation qu’il a reçue de vous ; car il nous a raconté votre grand désir, vos larmes, votre affection ardente envers moi ; de sorte que je m’en suis extrêmement réjoui.

8 Car bien que je vous aie attristés par ma lettre, je ne m’en repens point, quoique je m’en fusse déjà repenti, parce que je vois que si cette lettre vous a affligés, ce n’a été que pour peu de temps.

9 Je me réjouis donc maintenant, non de ce que vous avez été affligés, mais de ce que vous avez été attristés à repentance ; car vous avez été attristés selon Dieu, de sorte que vous n’avez reçu aucun dommage de notre part.

10 Puisque la tristesse qui est selon Dieu, produit une repentance à salut, dont on ne se repent jamais ; mais la tristesse de ce monde produit la mort.

11 Car voici, cela même que vous avez été attristés selon Dieu, quel soin n’a-t-il pas produit en vous ? Quelle satisfaction, quelle indignation, quelle crainte, quel grand désir, quel zèle, quelle vengeance ? Vous vous êtes montrés de toutes manières purs dans cette affaire.

12 Quoique je vous aie donc écrit, ce n’a point été à cause de celui qui a commis la faute, ni à cause de celui envers qui elle a été commise, mais pour faire voir parmi vous le soin que j’ai de vous devant Dieu.

13 C’est pourquoi nous avons été consolés de ce que vous avez fait pour notre consolation ; mais nous nous sommes encore plus réjouis de la joie qu’a eue Tite, en ce que son esprit a été récréé par vous tous.

14 Parce que si en quelque chose je me suis glorifié de vous dans ce que je lui en ai dit, je n’en ai point eu de confusion ; mais comme nous vous avons dit toutes choses selon la vérité, ainsi ce dont je m’étais glorifié de vous dans ce que j’en ai dit à Tite, s’est trouvé être la vérité même.

15 C’est pourquoi, quand il se souvient de l’obéissance de vous tous, et comment vous l’avez reçu avec crainte et tremblement, son affection pour vous en est beaucoup plus grande.

16 Je me réjouis donc de ce qu’en toutes choses je me puis assurer de vous.

CHAP. VIII.

Exhortation à la collecte pour les églises de Judée.


AU reste, mes frères, nous voulons vous faire connaître la grâce que Dieu a faite aux églises de Macédoine.

2 C’est qu’au milieu de leur grande épreuve d’affliction, leur joie a été augmentée, et que leur profonde pauvreté s’est répandue en richesses par leur prompte libéralité.

3 Car je suis témoin qu’ils ont été volontaires à donner selon leur pouvoir, et même au-delà de leur pouvoir ;

4 nous pressant avec de grandes prières de recevoir la grâce et la communication de cette contribution en faveur des saints.

5 Et ils n’ont pas fait seulement comme nous l’avions espéré, mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, et puis à nous, par la volonté de Dieu.

6 Afin que nous exhortassions Tite, que comme il avait auparavant commencé, il achevât aussi cette grâce envers vous.

7 C’est pourquoi comme vous abondez en toutes choses, en foi, en parole, en connaissance, en toute diligence, et en la charité que vous avez pour nous, faites que vous abondiez aussi en cette grâce.

8 Je ne le dis point par commandement, mais pour éprouver aussi par la diligence des autres la sincérité de votre charité.

9 Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui étant riche, s’est rendu pauvre pour vous ; afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches.

10 Et en cela je vous donne cet avis, parce qu’il vous est convenable qu’ayant non seulement déjà commencé d’agir pour cette collecte, mais en ayant même eu la volonté dès l’année passée ;

11 vous acheviez maintenant de la faire, afin que comme vous avez été prompts à en avoir la volonté, vous l’accomplissiez aussi selon votre pouvoir.

12 Car si la promptitude de la volonté précède, on est agréable selon ce qu’on a, et non point selon ce qu’on n’a pas.

13 Or, ce n’est pas afin que les autres soient soulagés, et que vous soyez foulés, mais afin que ce soit par égalité.

14 Que votre abondance donc supplée maintenant à leur indigence, afin que leur abondance serve aussi à votre indigence, et qu’ainsi il y ait de l’égalité.

15 Selon ce qui est écrit : Celui qui avait beaucoup, n’a rien eu de superflu ; et celui qui avait peu, n’en a pas eu moins.

16 Or grâces soient rendues à Dieu, qui a mis le même soin pour vous au cœur de Tite,

17 lequel a fort bien reçu mon exhortation, et étant lui-même fort affectionné, il s’en est allé vers vous de son propre mouvement.

18 Et nous avons aussi envoyé avec lui le frère dont la louange, qu’il s’est acquise dans la prédication de l’évangile, est répandue par toutes les églises ;

19 (et non seulement cela, mais aussi il a été établi par les églises notre compagnon de voyage, pour cette grâce qui est administrée par nous à la gloire du Seigneur même, et pour servir à la promptitude de votre zèle.)

20 Nous donnant garde que personne ne nous reprenne dans cette abondance qui est administrée par nous.

21 Et procurant ce qui est bon, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes.

22 Nous avons envoyé aussi avec eux notre autre frère, que nous avons souvent éprouvé en plusieurs choses être diligent, et maintenant encore beaucoup plus diligent, à cause de la grande confiance qu’il a en vous.

23 Ainsi donc quant à Tite, il est mon associé et mon compagnon d’œuvre envers vous ; et quant à nos frères, ils sont les envoyés des églises, et la gloire de Christ.

24 Montrez donc envers eux et devant les églises une preuve de votre charité, et du sujet que nous avons de nous glorifier de vous.

CHAP. IX.

Semer libéralement ; Dieu récompense nos charités.


CAR de vous écrire touchant la collecte qui se fait pour les saints, ce me serait une chose superflue,

2 vu que je sais la promptitude de votre zèle, en quoi je me glorifie de vous devant ceux de Macédoine, leur faisant entendre que l’Achaïe est prête dès l’année passée ; et votre zèle en a excité plusieurs.

3 Or, j’ai envoyé ces frères, afin que ce en quoi je me suis glorifié de vous ne soit pas vain en cette occasion, et que vous soyez prêts, comme j’ai dit.

4 De peur que ceux de Macédoine venant avec moi, et ne vous trouvant pas prêts, nous n’ayons de la honte (pour ne pas dire vous-mêmes) de l’assurance avec laquelle nous nous sommes glorifiés de vous.

5 C’est pourquoi j’ai estimé qu’il était nécessaire de prier les frères d’aller premièrement vers vous, et d’achever de préparer votre libéralité que vous avez déjà promise ; afin qu’elle soit prête comme une libéralité, et non pas comme un fruit de l’avarice.

6 Or, je vous dis ceci : Que celui qui sème chichement, recueillera aussi chichement ; et que celui qui sème libéralement, recueillera aussi libéralement.

7 Mais que chacun contribue selon qu’il se l’est proposé en son cœur, non point à regret, ou par contrainte, car Dieu aime celui qui donne gaiement.

8 Et Dieu est puissant pour faire abonder toute grâce en vous, afin qu’ayant toujours tout ce qui suffit en toute chose, vous soyez abondans en toute bonne œuvre ;

9 selon ce qui est écrit : Il a répandu, il a donné aux pauvres, sa justice demeure éternellement.

10 Or, celui qui fournit de la semence au semeur, veuille aussi vous donner du pain à manger, et multiplier votre semence, et augmenter les revenus de votre justice,

11 étant pleinement enrichis pour exercer une parfaite libéralité, laquelle fait que nous en rendons grâces à Dieu.

12 Car l’administration de cette oblation n’est pas seulement suffisante pour subvenir aux nécessités des saints, mais elle abonde aussi de telle sorte, que plusieurs ont de quoi en rendre grâces à Dieu.

13 Glorifiant Dieu pour l’épreuve qu’ils font de cette assistance, en ce que vous vous soumettez à l’évangile de Christ ; et de votre prompte et libérale communication envers eux, et envers tous.

14 Ils prient Dieu pour vous, et ils vous aiment très-affectueusement à cause de la grâce excellente que Dieu vous a accordée.

15 Or, grâces soient rendues à Dieu à cause de son don inexprimable.

CHAP. X.

Les armes et l’humilité de saint Paul. Vanité des faux docteurs.


AU reste, moi, Paul, je vous prie par la douceur et la bonté de Christ, moi qui m’humilie lorsque je suis en votre présence, mais qui étant absent suis hardi à votre égard.

2 Je vous prie, dis-je, que lorsque je serai présent il ne faille point que j’use de hardiesse, par cette assurance de laquelle je me propose de me porter hardiment envers quelques-uns qui nous regardent comme marchant selon la chair.

3 Mais en marchant en la chair, nous ne combattons pas selon la chair.

4 Car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes par la vertu de Dieu, pour la destruction des forteresses ;

5 détruisant les conseils, et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée prisonnière à l’obéissance de Christ ;

6 et ayant la vengeance toute prête contre toute désobéissance, après que votre obéissance aura été entière.

7 Considérez-vous les choses selon l’apparence ? Si quelqu’un se confie en soi-même d’être à Christ, qu’il pense encore cela en soi-même, que comme il est à Christ, nous aussi nous sommes à Christ.

8 Car si même je veux me glorifier davantage de notre puissance, laquelle le Seigneur nous a donnée pour l’édification, et non pas pour votre destruction, je n’en recevrai point de honte ;

9 afin qu’il ne semble pas que je veuille vous épouvanter par mes lettres.

10 Car mes lettres (disent-ils) sont bien graves et fortes, mais la présence du corps est faible, et la parole est méprisable.

11 Que celui qui est tel, considère que tels que nous sommes de parole par nos lettres, étant absens, tels aussi nous sommes de fait, étant présens.

12 Car nous n’osons pas nous joindre ni nous comparer à quelques-uns, qui se recommandent eux-mêmes ; mais ils ne comprennent pas qu’ils se mesurent eux-mêmes par eux-mêmes, et qu’ils se comparent eux-mêmes à eux-mêmes.

13 Mais pour nous, nous ne nous glorifierons point de ce qui n’est pas de notre mesure ; mais selon la mesure réglée, laquelle mesure Dieu nous a départie, nous nous glorifierons d’être parvenus même jusqu’à vous.

14 Car nous ne nous étendons pas nous-mêmes plus qu’il ne faut, comme si nous n’étions point parvenus jusqu’à vous ; vu que nous sommes parvenus même jusqu’à vous par la prédication de l’évangile de Christ.

15 Ne nous glorifiant point dans ce qui n’est point de notre mesure, c’est-à-dire dans les travaux d’autrui ; mais nous avons espérance que votre foi venant à croître en vous, nous serons amplement accrus dans ce qui nous a été départi selon la mesure réglée,

16 jusqu’à évangéliser dans les lieux qui sont au-delà de vous ; et non pas à nous glorifier dans ce qui a été départi aux autres selon la mesure réglée, dans les choses déjà toutes préparées.

17 Mais que celui qui se glorifie, se glorifie au Seigneur ;

18 car ce n’est pas celui qui se loue soi-même, qui est approuvé ; mais c’est celui que le Seigneur loue.

CHAP. XI.

Continuation de la vanité des faux docteurs, et de la dignité de l’apostolat de saint Paul.


PLUT à Dieu que vous me supportassiez un peu dans mon imprudence ; mais encore supportez-moi.

2 Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu ; parce que je vous ai unis à un seul mari, pour vous présenter à Christ comme une vierge chaste.

3 Mais je crains que comme le serpent séduisit Eve par sa ruse, vos pensées aussi ne se corrompent, en se détournant de la simplicité qui est en Christ.

4 Car si quelqu’un venait qui vous prêchât un autre Jésus que nous n’avons prêché ; ou si vous receviez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez reçu, feriez-vous bien de l’endurer ?

5 Mais j’estime que je n’ai été en rien moindre que les plus excellens apôtres.

6 Que si je suis comme quelqu’un du vulgaire par rapport au langage, je ne le suis pourtant pas en connaissance ; mais nous avons été entièrement manifestés en toutes choses envers vous.

7 Ai-je commis une faute en ce que je me suis abaissé moi-même, afin que vous fussiez élevés, parce que sans rien prendre je vous ai annoncé l’évangile de Dieu ?

8 J’ai dépouillé les autres églises, prenant de quoi m’entretenir pour vous servir.

9 Et lorsque j’étais avec vous, et que j’ai été en nécessité, je ne me suis point relâché du travail afin de n’être à charge à personne ; car les frères qui étaient venus de Macédoine ont suppléé à ce qui me manquait ; et je me suis gardé de vous être à charge en aucune chose, et je m’en garderai encore.

10 La vérité de Christ est en moi, que cette gloire ne me sera point ravie dans les contrées de l’Achaïe.

11 Pourquoi ? Est-ce parce que je ne vous aime point ? Dieu le sait.

12 Mais ce que je fais, je le ferai encore, pour retrancher l’occasion à ceux qui cherchent l’occasion ; afin qu’en ce de quoi ils se glorifient, ils soient aussi trouvés tout tels que nous sommes.

13 Car tels faux apôtres sont des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres de Christ.

14 Et cela n’est pas étonnant ; car Satan lui-même se déguise en ange de lumière.

15 Ce n’est donc pas un grand sujet d’étonnement si ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice mais leur fin sera conforme à leurs œuvres.

16 Je le dis encore, afin que personne ne pense que je sois imprudent ; ou bien supportez-moi comme un imprudent, afin que je me glorifie aussi un peu.

17 Ce que je vais dire, en rapportant les sujets que j’aurais de me glorifier, je ne le dirai pas selon le Seigneur, mais comme par imprudence.

18 Puis donc que plusieurs se vantent selon la chair, je me vanterai moi aussi.

19 Car vous souffrez volontiers les imprudens, parce que vous êtes sages.

20 Même si quelqu’un vous asservit, si quelqu’un vous mange, si quelqu’un prend votre bien, si quelqu’un s’élève sur vous, si quelqu’un vous frappe au visage, vous le souffrez.

21 Je le dis avec honte, même comme si nous avions été sans aucune force ; mais si en quelque chose quelqu’un ose se glorifier, (je parle en imprudent) j’ai la même hardiesse.

22 Sont-ils Hébreux ? je le suis aussi. Sont-ils Israélites ? je le suis aussi. Sont-ils de la semence d’Abraham ? je le suis aussi.

23 Sont-ils ministres de Christ ? (je parle comme un imprudent) je le suis plus qu’eux ; en travaux davantage, en blessures plus qu’eux, en prison davantage, en danger de mort plusieurs fois.

24 J’ai reçu des Juifs cinq fois quarante coups, moins un.

25 J’ai été battu de verges trois fois ; j’ai été lapidé une fois ; j’ai fait naufrage trois fois ; j’ai passé un jour et une nuit en la profonde mer.

26 En voyages souvent, en périls des fleuves, en périls des brigands, en périls de ma nation, en périls des Gentils, en périls dans les villes, en périls dans les déserts, en périls en mer, en périls parmi de faux frères,

27 en peine et en travail, en veilles souvent, en faim et en soif, en jeûnes souvent, dans le froid et dans la nudité.

28 Outre les choses de dehors, ce qui me tient assiégé tous les jours, c’est le soin que j’ai de toutes les églises.

29 Qui est-ce qui est affaibli, que je ne sois aussi affaibli ? qui est-ce qui est scandalisé, que je n’en sois aussi comme brûlé ?

30 S’il faut se glorifier, je me glorifierai des choses qui sont de mon infirmité.

31 Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point.

32 À Damas, le gouverneur pour le roi Arétas avait mis des gardes dans la ville des Damascéniens pour me prendre ;

33 mais on me descendit de la muraille, dans une corbeille, par une fenêtre, et ainsi j’échappai de ses mains.

CHAP. XII.

Gloire de saint Paul en comparaison des faux apôtres.


CERTES il ne m’est pas convenable de me glorifier ; car je viendrai jusqu’aux visions et aux révélations du Seigneur.

2 Je connais un homme en Christ il y a quatorze ans passés (si ce fut en corps, je ne sais ; si ce fut hors du corps, je ne sais ; Dieu le sait), qui a été ravi jusqu’au troisième ciel.

3 Et je sais qu’un tel homme (si ce fut en corps, ou si ce fut hors du corps, je ne sais ; Dieu le sait,)

4 a été ravi dans le paradis, et a ouï des secrets qu’il n’est pas permis à l’homme de révéler.

5 Je me glorifierai d’un tel homme ; mais je ne me glorifierai point de moi-même, sinon dans mes infirmités.

6 Or, quand je voudrais me glorifier, je ne serais point imprudent, car je dirais la vérité ; mais je m’en abstiens, afin que personne ne m’estime au-dessus de ce qu’il me voit être, ou de ce qu’il entend dire de moi.

7 Mais de peur que je ne m’élevasse à cause de l’excellence des révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter, afin que je ne m’élevasse point.

8 C’est pourquoi j’ai prié trois fois le Seigneur de faire que cet ange de Satan se retirât de moi.

9 Mais le Seigneur m’a dit : Ma grâce te suffit ; car ma vertu manifeste sa force dans l’infirmité. Je me glorifierai donc très-volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la vertu de Christ habite en moi.

10 Et à cause de cela je prends plaisir dans les infirmités, dans les injures, dans les nécessités, dans les persécutions, et dans les angoisses pour Christ, car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.

11 J’ai été imprudent en me glorifiant ; mais vous m’y avez contraint, car je devais être recommandé par vous, vu que je n’ai été moindre en aucune chose que les plus excellens apôtres, quoique je ne sois rien.

12 Certainement les marques de mon apostolat ont été efficaces parmi vous avec toute patience, par des signes, des prodiges, et des miracles.

13 Car en quoi avez-vous été inférieurs aux autres églises, sinon en ce que je ne suis point devenu lâche au travail à votre préjudice ? Pardonnez-moi ce tort.

14 Voici pour la troisième fois que je suis prêt d’aller vers vous ; et je ne m’épargnerai pas à travailler, pour ne vous être point à charge ; car je ne demande pas votre bien, mais c’est vous-mêmes que je demande ; aussi ce ne sont pas les enfans qui doivent faire amas pour leurs pères, mais les pères pour leurs enfans.

15 Et quant à moi, je dépenserai très-volontiers, et je serai même dépensé pour vos âmes ; bien que vous aimant beaucoup plus, je sois moins aimé.

16 Mais soit, dira-t-on, que je ne vous aie point été à charge, mais qu’étant rusé, je vous aie pris par finesse.

17 Ai-je donc fait mon profit de vous par aucun de ceux que je vous ai envoyés ?

18 J’ai prié Tite, et j’ai envoyé un de nos frères avec lui ; mais Tite a-t-il fait son profit de vous ? Et n’avons-nous pas lui et moi marché d’un même esprit ? N’avons-nous pas marché sur les mêmes traces ?

19 Avez-vous encore la pensée que nous voulions nous justifier envers vous ? Nous parlons devant Dieu en Christ, et le tout, ô très-chers, est pour votre édification.

20 Car je crains qu’il n’arrive que quand je viendrai, je ne vous trouve point tels que je voudrais, et que je sois trouvé de vous tel que vous ne voudriez pas, et qu’il n’y ait en quelque sorte parmi vous des querelles, des envies, des colères, des débats, des médisances, des murmures, des enflures d’orgueil, des désordres, et des troubles.

21 Et qu’étant revenu chez vous, mon Dieu ne m’humilie sur votre sujet, en sorte que je sois affligé à l’occasion de plusieurs de ceux qui ont péché auparavant, et qui ne se sont point repentis de l’impureté, de la fornication, et de l’impudicité dont ils se sont rendus coupables.

CHAP. XIII.

Exhortation à la connaissance de soi-même, et à la perfection.


C’EST ici la troisième fois que je viens à vous : en la bouche de deux ou de trois témoins toute parole sera confirmée.

2 Je l’ai déjà dit, et je le dis encore comme si j’étais présent pour la seconde fois, et maintenant étant absent, j’écris à ceux qui ont péché auparavant, et à tous les autres, que si je viens encore une fois, je n’épargnerai personne ;

3 puisque vous cherchez la preuve que Christ parle par moi, lequel n’est point faible envers vous, mais qui est puissant en vous.

4 Car quoiqu’il ait été crucifié par infirmité, il est néanmoins vivant par la puissance de Dieu ; et nous aussi nous souffrons diverses infirmités à cause de lui, mais nous vivrons avec lui par la puissance que Dieu a déployée envers vous.

5 Examinez-vous vous-mêmes pour savoir si vous êtes en la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes, ne reconnaissez-vous point vous-mêmes ; savoir que Jésus-Christ est en vous ? si ce n’est qu’en quelque sorte vous fussiez réprouvés.

6 Mais j’espère que vous connaîtrez que pour nous, nous ne sommes point réprouvés.

7 Or, je prie Dieu que vous ne fassiez aucun mal ; non afin que nous soyons trouvés approuvés, mais afin que vous fassiez ce qui est bon, et que nous soyons comme réprouvés.

8 Car nous ne pouvons rien contre la vérité, mais pour la vérité.

9 Or, nous nous réjouissons si nous sommes faibles, et que vous soyez forts ; et même nous souhaitons ceci, c’est à savoir votre entier accomplissement.

10 C’est pourquoi j’écris ces choses étant absent, afin que quand je serai présent, je n’use point de rigueur, selon la puissance que le Seigneur m’a donnée, pour l’édification, et non point pour la destruction.

11 Au reste, mes frères, réjouissez-vous, tendez à vous rendre parfaits, soyez consolés, ayez un même sentiment, vivez en paix ; et le Dieu de charité et de paix sera avec vous.

12 Saluez-vous l’un l’autre par un saint baiser. Tous les saints vous saluent.

13 Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, et la charité de Dieu, et la communication du Saint Esprit soient avec vous tous ! Amen.


ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX GALATES.

CHAP. I.

De l’inconstance des Galates dans l’évangile, et de l’apostolat de saint Paul.


PAUL, apôtre, non de la part des hommes, ni de la part d’aucun homme, mais de la part de Jésus-Christ, et de la part de Dieu le Père, qui l’a ressuscité des morts ;

2 et tous les frères qui sont avec moi, aux églises de Galatie.

3 Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu le Père, et de la part de notre Seigneur Jésus-Christ,

4 qui s’est donné lui-même pour nos péchés, afin que selon la volonté de Dieu, notre Père, il nous retirât du présent siècle mauvais.

5 A lui soit gloire aux siècles des siècles ! Amen.

6 Je m’étonne qu’abandonnant Jésus-Christ, qui vous avait appelés par sa grâce, vous ayez passé si promptement à un autre évangile,

7 qui n’est pas un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’évangile de Christ.

8 Mais quand nous-mêmes vous évangéliserions, ou quand un ange du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème.

9 Comme nous l’avons déjà dit, je le dis encore maintenant : Si quelqu’un vous évangélise autre chose que ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème.

10 Car maintenant prêché-je les hommes ou Dieu ? ou cherché-je à complaire aux hommes ? Certes, si je complaisais encore aux hommes, je ne serais pas le serviteur de Christ.

11 Or, mes frères, je vous déclare que l’évangile que j’ai annoncé n’est point selon l’homme ;

12 parce que je ne l’ai point reçu ni appris d’aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ.

13 Car vous avez appris quelle a été autrefois ma conduite dans le judaïsme, et comment je persécutais à outrance l’église de Dieu, et la ravageais ;

14 et j’avançais dans le judaïsme plus que plusieurs de mon âge dans ma nation, étant le plus ardent zélateur des traditions de mes pères.

15 Mais quand ç’a été le bon plaisir de Dieu, qui m’avait choisi dès le ventre de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce,

16 de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonçasse parmi les Gentils, je ne commençai pas d’abord par prendre conseil de la chair et du sang ;

17 et je ne retournai point à Jérusalem vers ceux qui avaient été apôtres avant moi ; mais je m’en allai en Arabie, et je repassai à Damas.

18 Puis je retournai trois ans après à Jérusalem pour visiter Pierre, et je demeurai chez lui quinze jours ;

19 et je ne vis aucun des autres apôtres, sinon Jacques, le frère du Seigneur.

20 Or, dans les choses que je vous écris, voici, je vous dis devant Dieu que je ne mens point.

21 J’allai ensuite dans les pays de Syrie et de Cilicie.

22 Or, j’étais inconnu de visage aux églises de Judée qui étaient en Christ ;

23 mais elles avaient seulement ouï dire : Celui qui autrefois nous persécutait, annonce maintenant la foi qu’il détruisait autrefois.

24 Et elles glorifiaient Dieu à cause de moi.

CHAP. II.

Comparaison de saint Paul avec Pierre, repris par lui. La justification par la foi.


DEPUIS, je montai encore à Jérusalem quatorze ans après, avec Barnabas, et je pris aussi avec moi Tite.

2 Or, j’y montai par révélation, et je conférai avec ceux de Jérusalem, touchant l’évangile que je prêche parmi les Gentils, même en particulier avec ceux qui sont en estime, afin qu’en quelque sorte je ne courusse, ou n’eusse couru en vain.

3 Et même on n’obligea point Tite, qui était avec moi, à se faire circoncire, quoiqu’il fût Grec.

4 Et ce fut à cause des faux frères qui s’étaient introduits dans l’église, et qui y étaient entrés secrètement pour épier notre liberté, que nous avons en Jésus-Christ, afin de nous ramener dans la servitude.

5 Et nous ne leur avons point cédé par aucune sorte de soumission, non pas même un moment, afin que la vérité de l’évangile demeurât parmi vous.

6 Et je ne suis en rien différent de ceux qui semblent être quelque chose, quels qu’ils aient été autrefois (Dieu n’ayant point d’égard à l’apparence extérieure de l’homme) ; car ceux qui sont en estime ne m’ont rien communiqué de plus.

7 Mais, au contraire, quand ils virent que la prédication de l’évangile du prépuce m’était commise, comme celle de la circoncision l’était à Pierre ;

8 (car celui qui a opéré avec efficace par Pierre en la charge d’apôtre envers la circoncision, a aussi opéré avec efficace par moi envers les Gentils.)

9 Jacques, dis-je, Céphas, et Jean (qui sont estimés être les colonnes) ayant reconnu la grâce que j’avais reçue, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main d’association, afin que nous allassions vers les Gentils, et qu’ils allassent eux vers ceux de la circoncision ;

10 nous recommandant seulement de nous souvenir des pauvres ; ce que je me suis aussi efforcé de faire.

11 Mais quand Pierre fut venu à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il méritait d’être repris.

12 Car avant que quelques-uns fussent venus de la part de Jacques, il mangeait avec les Gentils ; mais quand ceux-là furent venus, il s’en retira, et s’en sépara, craignant ceux qui étaient de la circoncision.

13 Les autres Juifs usaient aussi de dissimulation comme lui, tellement que Barnabas lui-même se laissait entraîner par leur dissimulation.

14 Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas de droit pied selon la vérité de l’évangile, je dis à Pierre devant tous : Si toi, qui es Juif, vis comme les Gentils, et non pas comme les Juifs, pourquoi contrains-tu les Gentils à judaïser ?

15 Nous qui sommes Juifs de naissance, et non point pécheurs d’entre les Gentils,

16 sachant que l’homme n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais seulement par la foi en Jésus-Christ, nous, dis-je, nous avons cru en Jésus-Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi en Christ, et non point par les œuvres de la loi ; parce que personne ne sera justifié par les œuvres de la loi.

17 Or si, en cherchant d’être justifiés par Christ, nous sommes aussi trouvés pécheurs, Christ est-il pourtant ministre du péché ? A Dieu ne plaise !

18 Car si je rebâtissais les choses que j’ai renversées, je montrerais que j’ai été moi-même un prévaricateur.

19 Mais par la loi je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu.

20 Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non pas maintenant moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis en la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé, et qui s’est donné lui-même pour moi.

21 Je n’anéantis point la grâce de Dieu ; car si la justice est par la loi, Christ est donc mort inutilement.

CHAP. III.

Continuation de la justification par la foi et non par la loi.


O GALATES insensés ! qui est-ce qui vous a ensorcelés pour faire que vous n’obéissiez point à la vérité, vous à qui Jésus-Christ a été auparavant dépeint devant les yeux, et comme crucifié entre vous ?

2 Je voudrais seulement entendre ceci de vous : Avez-vous reçu l’Esprit par les œuvres de la loi, ou par la prédication de la foi ?

3 Etes-vous si insensés, qu’en ayant commencé par l’Esprit, maintenant vous finissiez par la chair ?

4 Avez-vous tant souffert en vain ? si toutefois c’est en vain.

5 Celui donc qui vous donne l’Esprit, et qui produit en vous les dons miraculeux, le fait-il par les œuvres de la loi, ou par la prédication de la foi ?

6 Comme Abraham a cru à Dieu, et il lui a été imputé à justice,

7 sachez aussi que ceux qui sont de la foi sont enfans d’Abraham.

8 Aussi l’écriture prévoyant que Dieu justifierait les Gentils par la foi, l’a auparavant évangélisé à Abraham, en lui disant : Toutes les nations seront bénies en toi.

9 C’est pourquoi ceux qui sont de la foi sont bénis avec le fidèle Abraham.

10 Mais tous ceux qui sont des œuvres de la loi, sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire.

11 Or, que par la loi personne ne soit justifié devant Dieu, cela paraît par ce qui est dit, que le juste vivra de la foi.

12 Or, la loi n’est pas de la foi ; mais l’homme qui aura fait ces choses vivra par elles.

13 Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, quand il a été fait malédiction pour nous (car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois.)

14 Afin que la bénédiction d’Abraham parvînt aux Gentils par Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l’Esprit qui avait été promis.

15 Mes frères, je vais vous parler à la manière des hommes : Si une alliance faite par un homme est confirmée, nul ne la casse ni n’y ajoute.

16 Or, les promesses ont été faites à Abraham et à sa semence ; il n’est pas dit, et aux semences, comme s’il avait parlé de plusieurs, mais comme parlant d’une seule, et à ta semence, qui est Christ.

17 Voici donc ce que je dis : C’est que quant à l’alliance qui a été auparavant confirmée par Dieu en Christ, la loi qui est venue quatre cent trente ans après, ne peut point l’annuller pour abolir la promesse.

18 Car si l’héritage est par la loi, il n’est point par la promesse. Or, Dieu l’a donné à Abraham par la promesse.

19 A quoi donc sert la loi ? Elle a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la semence à l’égard de laquelle la promesse avait été faite ; et elle a été ordonnée par les anges, par le ministère d’un médiateur.

20 Or, le médiateur n’est pas d’un seul ; mais Dieu est un seul.

21 La loi donc a-t-elle été ajoutée contre les promesses de Dieu ? nullement. Car si la loi eût été donnée pour pouvoir vivifier, véritablement la justice serait de la loi.

22 Mais l’écriture a montré que tous les hommes étaient pécheurs, afin que la promesse par la foi en Jésus-Christ fût donnée à ceux qui croient.

23 Or, avant que la foi vînt, nous étions gardés sous la loi, étant renfermés sous l’attente de la foi qui devait être révélée.

24 La loi a donc été notre conducteur pour nous amener à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi.

25 Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce conducteur.

26 Parce que vous êtes tous enfans de Dieu par la foi en Jésus-Christ.

27 Car vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ ;

28 il n’y a ni Juif ni Grec ; il n’y a ni esclave ni libre ; il n’y a ni mâle ni femelle ; car vous êtes tous un en Jésus-Christ.

29 Or, si vous êtes de Christ, vous êtes donc la semence d’Abraham, et héritiers selon la promesse.

CHAP. IV.

L’état de l’homme sous la loi et sous la grâce ; Agar et Sara.


OR, je dis que, pendant tout le temps que l’héritier est un enfant, il n’est en rien différent du serviteur, quoiqu’il soit maître de tout.

2 Mais il est sous des tuteurs et des curateurs jusqu’au temps déterminé par le père.

3 Nous aussi, lorsque nous étions des enfans, nous étions asservis sous les rudimens du monde.

4 Mais quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, et soumis à la loi ;

5 afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi, et que nous reçussions l’adoption des enfans.

6 Et parce que vous êtes enfans, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos cœurs, criant : Abba, c’est-à-dire, Père.

7 Maintenant donc tu n’es plus serviteur, mais fils ; or, si tu es fils, tu es aussi héritier de Dieu par Christ.

8 Mais, lorsque vous ne connaissiez point Dieu, vous serviez ceux qui de leur nature ne sont point dieux.

9 Et maintenant que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous avez été connus de Dieu, comment retournez-vous encore à ces faibles et misérables élémens, auxquels vous voulez encore vous asservir comme auparavant ?

10 Vous observez les jours, les mois, les temps et les années.

11 Je crains pour vous que peut-être je n’aie travaillé en vain parmi vous.

12 Soyez comme moi ; car je suis aussi comme vous, je vous en prie, mes frères ; vous ne m’avez fait aucun tort.

13 Et vous savez comment je vous ai ci-devant évangélisés dans l’infirmité de la chair.

14 Et vous n’avez point méprisé ni rejeté mon épreuve, telle qu’elle était en ma chair ; mais vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, et comme Jésus-Christ même.

15 Quelle était donc la déclaration que vous faisiez de votre bonheur ? car je vous rends témoignage que, s’il eût été possible, vous eussiez arraché vos yeux, et vous me les eussiez donnés.

16 Suis-je donc devenu votre ennemi, en vous disant la vérité ?

17 Ils sont jaloux de vous, mais ce n’est pas comme il faut ; au contraire, ils vous veulent exclure, afin que vous soyez jaloux d’eux.

18 Mais il est bon d’être toujours zélé pour le bien, et de ne l’être pas seulement quand je suis présent avec vous.

19 Mes petits enfans, pour lesquels enfanter je travaille de nouveau, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous.

20 Je voudrais être maintenant avec vous, et changer de langage ; car je suis en perplexité sur votre sujet.

21 Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n’entendez-vous point la loi ?

22 Car il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, l’un de la servante, et l’autre de la femme libre.

23 Mais celui qui était de la servante, naquit selon la chair ; et celui qui était de la femme libre, naquit par la promesse.

24 Or, ces choses doivent être entendues par allégorie ; car ce sont les deux alliances ; l’une du mont de Sina, qui ne produit que des esclaves, et c’est Agar.

25 Car ce nom d’Agar veut dire Sina, qui est une montagne en Arabie, et correspondante à la Jérusalem de maintenant, laquelle sert avec ses enfans.

26 Mais la Jérusalem d’en haut est la femme libre, et c’est la mère de nous tous.

27 Car il est écrit : Réjouis-toi, stérile, qui n’enfantais point ; efforce-toi, et pousse des cris, toi qui n’étais point en travail d’enfant ; car il y a beaucoup plus d’enfans de celle qui avait été laissée, que de celle qui avait un mari.

28 Or, pour nous, mes frères, nous sommes enfans de la promesse, ainsi qu’Isaac.

29 Mais comme alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’esprit, il en est de même aussi maintenant.

30 Mais que dit l’écriture ? Chasse la servante et son fils ; car le fils de la servante ne sera point héritier avec le fils de la femme libre.

31 Or, mes frères, nous ne sommes point enfans de la servante, mais de la femme libre.

CHAP. V.

Usage de la liberté évangélique. Œuvres de la chair et de l’Esprit.


TENEZ-VOUS donc fermes dans la liberté, à l’égard de laquelle Christ nous a affranchis, et ne vous soumettez plus au joug de la servitude.

2 Voici, je vous dis, moi Paul, que si vous êtes circoncis, Christ ne vous profitera de rien.

3 Et de plus je proteste à tout homme qui se circoncit, qu’il est obligé d’accomplir toute la loi.

4 Christ devient inutile à l’égard de vous tous qui voulez être justifiés par la loi ; et vous êtes déchus de la grâce.

5 Mais, pour nous, nous espérons par l’Esprit d’être justifiés par la foi.

6 Car, en Jésus-Christ, ni la circoncision ni le prépuce n’ont aucune efficace, mais la foi opérante par la charité.

7 Vous couriez bien : qui est-ce donc qui vous a empêchés d’obéir à la vérité ?

8 Cette persuasion ne vient pas de celui qui vous appelle.

9 Un peu de levain fait lever toute la pâte.

10 Je m’assure de vous, en notre Seigneur, que vous n’aurez point d’autre sentiment ; mais celui qui vous trouble en portera la condamnation, quel qu’il soit.

11 Et pour moi, mes frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi est-ce que je souffre encore la persécution ? le scandale de la croix est donc aboli ?

12 Plût à Dieu que ceux qui vous troublent fussent retranchés !

13 Car, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement ne prenez pas une telle liberté pour une occasion de vivre selon la chair ; mais servez-vous l’un l’autre avec charité.

14 Car toute la loi est accomplie dans cette seule parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

15 Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez consumés l’un par l’autre.

16 Je vous dis donc : Marchez selon l’Esprit ; et vous n’accomplirez point les convoitises de la chair.

17 Car la chair convoite contre l’esprit, et l’esprit contre la chair ; et ces choses sont opposées l’une à l’autre ; tellement que vous ne faites point les choses que vous voudriez.

18 Or, si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi.

19 Car les œuvres de la chair sont évidentes, lesquelles sont l’adultère, la fornication, la souillure, l’impudicité ;

20 l’idolâtrie, l’empoisonnement, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les colères, les disputes, les divisions, les sectes ;

21 les envies, les meurtres, les ivrogneries, les gourmandises, et les choses semblables à celles-là ; au sujet desquelles je vous prédis, comme je vous l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront point le royaume de Dieu.

22 Mais le fruit de l’Esprit est la charité, la joie, la paix, un esprit patient, la bonté, la bénéficence, la fidélité, la douceur, la tempérance.

23 Or, la loi ne condamne point de telles choses.

24 Or, ceux qui sont de Christ ont crucifié la chair avec ses affections et ses convoitises.

25 Si nous vivons par l’Esprit, conduisons-nous aussi par l’Esprit.

26 Ne désirons point la vaine gloire, en nous provoquant l’un l’autre, et en nous portant envie l’un à l’autre.

CHAP. VI.

Exhortation à la charité mutuelle et à la tolérance.


MES frères, lorsqu’un homme est surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme avec un esprit de douceur ; et toi, prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté.

2 Portez les charges les uns des autres, et accomplissez ainsi la loi de Christ.

3 Car si quelqu’un s’estime être quelque chose, quoiqu’il ne soit rien, il se séduit lui-même.

4 Or, que chacun examine ses actions, et alors il aura de quoi se glorifier en lui-même seulement, et non dans les autres.

5 Car chacun portera son propre fardeau.

6 Que celui qui est enseigné dans la parole, fasse participant de tous ses biens celui qui l’enseigne.

7 Ne vous abusez point, on ne se moque pas de Dieu ; car ce que l’homme aura semé, il le moissonnera aussi.

8 C’est pourquoi celui qui sème pour sa chair, moissonnera aussi de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit, moissonnera de l’Esprit la vie éternelle.

9 Or, ne nous relâchons point en faisant le bien ; car nous moissonnerons en la propre saison, si nous ne devenons point lâches.

10 C’est pourquoi, pendant que nous en avons le temps, faisons du bien à tous ; mais principalement aux domestiques de la foi.

11 Vous voyez quelle grande lettre je vous ai écrite de ma propre main.

12 Tous ceux qui cherchent à se rendre agréables dans ce qui regarde la chair, sont ceux qui vous contraignent d’être circoncis, afin seulement qu’ils ne souffrent point de persécution pour la croix de Christ.

13 Car ceux-là même qui sont circoncis ne gardent point la loi ; mais ils veulent que vous soyez circoncis, afin de se glorifier en votre chair.

14 Mais pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par lequel le monde m’est crucifié, et moi au monde.

15 Car en Jésus-Christ, ni la circoncision, ni le prépuce, n’ont aucune efficace, mais la nouvelle créature.

16 Et, à l’égard de tous ceux qui marcheront selon cette règle, que la paix et la miséricorde soient sur eux, et sur l’Israël de Dieu !

17 Au reste, que personne ne me donne du chagrin ; car je porte en mon corps les flétrissures du Seigneur Jésus.

18 Mes frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit ! Amen.


ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX ÉPHÉSIENS.

CHAP. I.

Les grâces que Dieu nous fait en Jésus-Christ, qui est le chef de l’église.


PAUL, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, aux saints et fidèles en Jésus-Christ, qui sont à Ephèse ;

2 que la grâce et la paix vous soient données par Dieu, notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !

3 Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ;

4 selon qu’il nous avait élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui en charité ;

5 nous ayant prédestinés pour nous adopter à soi par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté.

6 A la louange de la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables en son bien-aimé.

7 En qui nous avons la rédemption par son sang, savoir, la rémission des offenses, selon les richesses de sa grâce,

8 laquelle il a fait abonder sur nous en toute sagesse et intelligence ;

9 nous ayant donné à connaître, selon son bon plaisir, le secret de sa volonté ; lequel il avait premièrement arrêté en soi-même.

10 Afin que dans l’accomplissement des temps qu’il avait réglés, il réunît tout en Christ, tant ce qui est aux cieux, que ce qui est sur la terre, en lui-même.

11 En qui aussi nous sommes faits son héritage, ayant été prédestinés, suivant la résolution de celui qui accomplit avec efficace toutes choses, selon le conseil de sa volonté ;

12 afin que nous soyons à la louange de sa gloire, nous qui avons les premiers espéré en Christ.

13 En qui vous êtes aussi, ayant ouï la parole de la vérité, qui est l’évangile de votre salut, et auquel ayant cru vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse ;

14 lequel est l’arrhe de notre héritage jusqu’à la rédemption de la possession qu’il a acquise, à la louange de sa gloire.

15 C’est pourquoi aussi ayant entendu parler de la foi que vous avez au Seigneur Jésus, et de la charité que vous avez envers tous les saints,

16 je ne cesse point de rendre grâces pour vous dans mes prières ;

17 afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation, dans ce qui regarde sa connaissance ;

18 qu’il éclaire les yeux de votre entendement, afin que vous sachiez quelle est l’espérance de sa vocation, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints ;

19 et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’efficace de la puissance de sa force,

20 laquelle il a déployée avec efficace en Christ, quand il l’a ressuscité des morts, et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes,

21 au-dessus de toute principauté, de toute puissance, de toute dignité, et de toute domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement en ce siècle, mais aussi en celui qui est à venir.

22 Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a établi sur toutes choses pour être le chef de l’église,

23 qui est son corps, et l’accomplissement de celui qui accomplit tout en tous.

CHAP. II.

Description de l’homme irrégénéré, et de la vivification en Christ.


ET lorsque vous étiez morts en vos fautes et en vos péchés,

2 dans lesquels vous avez marché autrefois suivant le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, qui est l’esprit qui agit maintenant avec efficace dans les enfans rebelles à Dieu,

3 entre lesquels aussi nous avons tous conversé autrefois dans les convoitises de notre chair, accomplissant les désirs de la chair et de nos pensées ; et nous étions de notre nature des enfans de colère comme les autres.

4 Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, par sa grande charité de laquelle il nous a aimés,

5 lors, dis-je, que nous étions morts en nos fautes, il nous a vivifiés ensemble avec Christ, par la grâce duquel vous êtes sauvés.

6 Et il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Jésus-Christ,

7 afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, par sa bonté envers nous par Jésus-Christ.

8 Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi ; et cela ne vient point de vous, c’est le don de Dieu ;

9 non point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie.

10 Car nous sommes son ouvrage, étant créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous marchions en elles.

11 C’est pourquoi souvenez-vous que vous étiez autrefois Gentils en la chair, et qui étiez appelés prépuce, par celle qui est appelée la circoncision, faite de main en la chair,

12 étiez en ce temps-là hors de Christ, n’ayant rien de commun avec la république d’Israël, étant étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant point d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde.

13 Mais maintenant par Jésus-Christ, vous qui étiez autrefois loin, êtes approchés par le sang de Christ.

14 Car il est notre paix, qui des deux en a fait un, ayant rompu la clôture de la paroi mitoyenne ;

15 ayant aboli en sa chair l’inimitié, savoir la loi des commandemens qui consiste en ordonnances ; afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un homme nouveau, en faisant la paix ;

16 et qu’il réunît les uns et les autres pour former un corps devant Dieu par la croix, ayant détruit en elle l’inimitié.

17 Et étant venu, il a évangélisé la paix à vous qui étiez loin, et à ceux qui étaient près.

18 Car nous avons par lui les uns et les autres accès auprès du Père en un même Esprit.

19 Vous n’êtes donc plus étrangers, ni des gens de dehors, mais les concitoyens des saints, et les domestiques de Dieu.

20 Etant édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, et Jésus-Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin ;

21 en qui tout l’édifice, posé et ajusté ensemble, s’élève pour être un temple saint au Seigneur,

22 en qui vous êtes édifiés ensemble, pour être un tabernacle de Dieu en esprit.

CHAP. III.

Mystère de la vocation des Gentils, et de la grandeur incompréhensible de l’amour de Christ envers son église.


C’EST pour cela que moi Paul, je suis prisonnier de Jésus-Christ pour vous Gentils.

2 Si toutefois vous avez entendu quel est le ministère de la grâce de Dieu qui m’a été donnée pour vous ;

3 comment par la révélation le mystère m’a été manifesté (ainsi que je l’ai écrit ci-dessus en peu de mots ;

4 d’où vous pouvez voir, en le lisant, quelle est l’intelligence que j’ai du mystère de Christ),

5 lequel n’a point été manifesté aux enfans des hommes dans les autres âges, comme il a été maintenant révélé par l’Esprit à ses saints apôtres, et à ses prophètes ;

6 savoir que les Gentils sont cohéritiers, et d’un même corps, et qu’ils participent ensemble à sa promesse en Christ par l’évangile,

7 duquel j’ai été fait le ministre, selon le don de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée suivant l’efficace de sa puissance.

8 Cette grâce, dis-je, m’a été donnée à moi, qui suis le moindre de tous les saints pour annoncer parmi les Gentils les richesses incompréhensibles de Christ ;

9 et pour mettre en évidence devant tous quelle est la communication qui nous a été accordée du mystère qui était caché de tout temps en Dieu, lequel a créé toutes choses par Jésus-Christ ;

10 afin que la sagesse de Dieu, qui est diverse en toutes sortes, soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes par l’église ;

11 suivant le dessein arrêté dès les siècles, lequel il a établi en Jésus-Christ notre Seigneur,

12 par lequel nous avons hardiesse et accès en confiance, par la foi que nous avons en lui.

13 C’est pourquoi je vous prie de ne vous point relâcher à cause de mes afflictions que je souffre pour l’amour de vous, ce qui est votre gloire.

14 A cause de cela je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ;

15 (duquel toute la parenté est nommée dans les cieux et sur la terre.)

16 Afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d’être puissamment fortifiés par son esprit, en l’homme intérieur ;

17 tellement que Christ habite dans vos cœurs par la foi ;

18 afin qu’étant enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur ;

19 et connaître la charité de Christ, laquelle surpasse toute connaissance ; afin que vous soyez remplis de toute plénitude de Dieu.

20 Or, à celui qui par la puissance qui agit en nous avec efficace, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons,

21 à lui soit gloire dans l’église, en Jésus-Christ, dans tous les âges du siècle des siècles ! Amen.

CHAP. IV.

Exhortation à l’union en Christ contre la corruption du siècle.


JE vous prie donc, moi qui suis prisonnier pour le Seigneur, de vous conduire d’une manière digne de la vocation à laquelle vous êtes appelés,

2 avec toute humilité et douceur, avec un esprit patient, vous supportant l’un l’autre en charité ;

3 étant soigneux de garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix.

4 Il y a un seul corps et un seul esprit, comme aussi vous êtes appelés à une seule espérance de votre vocation.

5 Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ;

6 un seul Dieu et Père de tous, qui est sur tous, parmi tous, et en vous tous.

7 Mais la grâce est donnée à chacun de nous, selon la mesure du don de Christ.

8 C’est pourquoi il est dit : Etant monté en haut il a emmené captive une grande multitude de captifs, et il a donné des dons aux hommes.

9 Or ce qu’il est monté, qu’est-ce autre chose sinon que premièrement il était descendu dans les parties les plus basses de la terre ?

10 Celui qui est descendu, c’est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses.

11 Lui-même donc a donné les uns pour être apôtres, les autres pour être prophètes, les autres pour être évangélistes, les autres pour être pasteurs et docteurs ;

12 pour travailler à la perfection des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps de Christ ;

13 jusqu’à ce que nous nous rencontrions tous dans l’unité de la foi, et de la connaissance du Fils de Dieu, dans l’état d’un homme parfait, dans la mesure de la parfaite stature de Christ.

14 Afin que nous ne soyons plus des enfans flottans, et emportés çà et là à tous vents de doctrine, par la tromperie des hommes, et par leur ruse à séduire artificieusement ;

15 mais afin que, suivant la vérité avec la charité, nous croissions en toutes choses en celui qui est le chef, c’est-à-dire Christ,

16 duquel tout le corps bien ajusté et serré ensemble par toutes les jointures du fournissement, prend l’accroissement du corps, selon la vigueur qui est dans la mesure de chaque partie, pour l’édification de soi-même en charité.

17 Je vous dis donc, et je vous conjure de la part du Seigneur, de ne plus vous conduire comme le reste des Gentils, qui suivent la vanité de leurs pensées ;

18 ayant leur entendement obscurci de ténèbres, et étant éloignés de la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux par l’endurcissement de leur cœur ;

19 lesquels, ayant perdu tout sentiment, se sont abandonnés à la dissolution, pour commettre toute souillure, à qui en ferait pis.

20 Mais vous n’avez pas ainsi appris Christ ;

21 si toutefois vous l’avez écouté, et si vous avez été enseignés par lui, selon que la vérité est en Jésus ;

22 savoir que vous dépouilliez le vieil homme quant à la conversation précédente, lequel se corrompt par les convoitises qui séduisent ;

23 et que vous soyez renouvelés dans l’esprit de votre entendement ;

24 et que vous soyez revêtus du nouvel homme, créé selon Dieu en justice et en vraie sainteté.

25 C’est pourquoi ayant dépouillé le mensonge, parlez en vérité chacun avec son prochain ; car nous sommes les membres les uns des autres.

26 Si vous vous mettez en colère, ne péchez point. Que le soleil ne se couche point sur votre colère ;

27 et ne donnez point lieu au démon de vous perdre.

28 Que celui qui dérobait, ne dérobe plus ; mais que plutôt il travaille en faisant de ses mains ce qui est bon ; afin qu’il ait de quoi donner à celui qui en a besoin.

29 Qu’aucun discours malhonnête ne sorte de votre bouche, mais seulement celui qui est propre à édifier, afin qu’il soit agréable à ceux qui l’écoutent.

30 Et n’attristez point le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption.

31 Que toute amertume, colère, irritation, crierie et médisance soient ôtées du milieu de vous, avec toute malice.

32 Mais soyez doux les uns envers les autres, pleins de compassion, et vous pardonnant les uns aux autres, ainsi que Dieu vous a pardonnés par Christ.

CHAP. V.

Avis sur la vie sainte. Le mariage et l’union de l’église avec Jésus-Christ.


SOYEZ donc les imitateurs de Dieu, comme ses chers enfans ;

2 et marchez dans la charité, ainsi que Christ aussi nous a aimés, et s’est donné lui-même pour nous en oblation et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur.

3 Que ni la fornication, ni aucune souillure, ni l’avarice, ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu’il est convenable à des saints ;

4 ni aucune chose déshonnête, ni parole folle, ni plaisanterie ; car ce sont là des choses qui ne sont pas bienséantes, mais plutôt des actions de grâces.

5 Car vous savez ceci, que nul fornicateur, ni impur, ni avare, qui est un idolâtre, n’a point d’héritage dans le royaume de Christ et de Dieu.

6 Que personne ne vous séduise par de vains discours ; car à cause de ces choses, la colère de Dieu vient sur les rebelles.

7 Ne soyez donc point leurs associés.

8 Car vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière au Seigneur ; conduisez-vous donc comme des enfans de lumière.

9 Car le fruit de l’Esprit consiste en toute bonté, justice et vérité ;

10 éprouvant ce qui est agréable au Seigneur.

11 Et ne communiquez point aux œuvres infructueuses des ténèbres ; mais, au contraire, reprenez-les.

12 Car il est même déshonnête de dire les choses qu’ils font en secret.

13 Mais toutes choses étant mises en évidence par la lumière, sont rendues manifestes ; car la lumière est celle qui manifeste tout.

14 C’est pourquoi il est dit : Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts, et Christ t’éclairera.

15 Prenez donc garde comment vous vous conduirez soigneusement, non point comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ;

16 rachetant le temps ; car les jours sont mauvais.

17 C’est pourquoi ne soyez point sans prudence ; mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.

18 Et ne vous enivrez point de vin dans lequel il y a de la dissolution ; mais soyez remplis de l’Esprit.

19 Vous entretenant par des psaumes, des cantiques, et des chansons spirituelles ; chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur.

20 Rendant toujours grâces pour toutes choses au nom de notre Seigneur Jésus-Christ à notre Dieu et Père.

21 Vous soumettant les uns aux autres en la crainte de Dieu.

22 Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ;

23 car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’église, et il est aussi le Sauveur de son corps.

24 Comme donc l’église est soumise à Christ, que les femmes le soient de même à leurs maris en toutes choses.

25 Et vous, maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’église, et s’est donné lui-même pour elle,

26 afin qu’il la sanctifiât, après l’avoir nettoyée dans le baptême d’eau et par sa parole ;

27 afin qu’il se la rendît une église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni autre chose semblable ; mais afin qu’elle fût sainte et irrépréhensible.

28 Les maris donc doivent aimer leurs femmes comme leur propre corps ; celui qui aime sa femme s’aime soi-même.

29 Car personne n’a jamais eu en haine sa propre chair ; mais il la nourrit et l’entretient, comme le Seigneur entretient l’église.

30 Car nous sommes membres de son corps, étant de sa chair et de ses os.

31 C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, et il s’unira à sa femme, et les deux seront une même chair.

32 Ce mystère est grand ; or, je parle de Christ et de l’église.

33 Que chacun de vous aime donc sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari.

CHAP. VI.

Devoirs domestiques, et armure du fidèle au combat.


ENFANS, obéissez à vos pères et à vos mères dans ce qui est selon le Seigneur ; car cela est juste.

2 Honore ton père et ta mère (ce qui est le premier commandement, avec promesse),

3 afin qu’il te soit bien, et que tu vives long-temps sur la terre.

4 Et vous pères, n’irritez point vos enfans ; mais nourrissez-les sous la discipline, et en leur donnant les instructions du Seigneur.

5 Serviteurs, obéissez à ceux qui sont vos maîtres selon la chair, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme à Christ.

6 Ne les servant point seulement sous leurs yeux, comme cherchant à plaire aux hommes ; mais comme serviteurs de Christ, faisant de bon cœur la volonté de Dieu ;

7 servant avec affection le Seigneur, et non pas les hommes ;

8 sachant que chacun, soit esclave, soit libre, recevra du Seigneur le bien qu’il aura fait.

9 Et vous, maîtres, faites envers eux la même chose, et modérez les menaces, sachant que le Seigneur et d’eux et de vous est au ciel, et qu’il n’y a point en lui acception de personnes.

10 Au reste, mes frères, fortifiez-vous en notre Seigneur, et en la puissance de sa force.

11 Soyez revêtus de toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister aux embûches du démon.

12 Car nous n’avons point à combattre contre le sang et la chair ; mais contre les principautés, contre les puissances, contre les seigneurs du monde, gouverneurs des ténèbres de ce siècle, contre les malices spirituelles qui sont dans les airs.

13 C’est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister au mauvais jour, et après avoir tout surmonté, demeurer fermes.

14 Soyez donc fermes, ayant vos reins ceints de la vérité, et étant revêtus de la cuirasse de la justice.

15 Et ayant les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix ;

16 prenant surtout le bouclier de la foi, par lequel vous puissiez éteindre tous les dards enflammés du malin.

17 Prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.

18 Priant en votre esprit par toutes sortes de prières et de supplications en tout temps, veillant à cela avec une entière persévérance, et priant pour tous les saints,

19 et pour moi aussi, afin qu’il me soit donné de parler en toute liberté, et avec hardiesse, pour donner à connaître le mystère de l’évangile,

20 pour lequel je suis ambassadeur, quoique chargé de chaînes ; afin, dis-je, que je parle librement, ainsi qu’il faut que je parle.

21 Or, afin que vous aussi sachiez mon état, et ce que je fais, Tychique, notre frère bien-aimé, et fidèle ministre du Seigneur, vous fera savoir le tout.

22 Car je vous l’ai envoyé tout exprès, afin que vous appreniez par lui quel est notre état, et qu’il console vos cœurs.

23 Que la paix soit avec les frères et la charité avec la foi, de la part de Dieu le Père, et du Seigneur Jésus-Christ.

24 Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ en pureté ! Amen.


ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX PHILIPPIENS.

CHAP. I.

Affection de l’apôtre envers les Philippiens, et fruit de ses afflictions ; Christ lui est gain.


PAUL et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, avec les évêques et les diacres.

2 Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ notre Seigneur !

3 Je rends grâces à mon Dieu toutes les fois que je fais mention de vous ;

4 en priant toujours pour vous tous avec joie dans toutes mes prières,

5 à cause de votre attachement à l’évangile, depuis le premier jour jusqu’à maintenant ;

6 étant assuré de cela même, que celui qui a commencé cette bonne œuvre en vous, l’achevera jusqu’à la journée de Jésus-Christ.

7 Comme il est juste que je pense ainsi de vous tous, parce que je retiens dans mon cœur que vous avez tous été participans de la grâce avec moi dans mes liens, et dans la défense et la confirmation de l’évangile.

8 Car Dieu m’est témoin que je vous aime tous tendrement, conformément à la charité de Jésus-Christ.

9 Et je lui demande cette grâce, que votre charité abonde encore de plus en plus avec connaissance et toute intelligence,

10 afin que vous discerniez les choses contraires, pour être purs et sans achoppement jusqu’à la journée de Christ ;

11 étant remplis de fruits de justice, qui sont par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.

12 Or, mes frères, je veux bien que vous sachiez que les choses qui me sont arrivées sont arrivées pour un plus grand avancement de l’évangile ;

13 de sorte que mes liens en Christ ont été rendus célèbres dans tout le prétoire, et partout ailleurs ;

14 et que plusieurs de nos frères en notre Seigneur, étant rassurés par mes liens, osent annoncer la parole plus hardiment, et sans crainte.

15 Il est vrai que quelques-uns prêchent Christ par envie et par un esprit de dispute, et que les autres le font, au contraire, par une bonne volonté.

16 Les uns, dis-je, annoncent Christ par un esprit de dispute, et non pas purement, croyant ajouter de l’affliction à mes liens.

17 Mais les autres le font par charité, sachant que je suis établi pour la défense de l’évangile.

18 Quoi donc ? Toutefois en quelque manière que ce soit, par ostentation, ou par amour de la vérité, Christ est annoncé ; et c’est de quoi je me réjouis, et je me réjouirai.

19 Or, je sais que ceci me tournera à salut par votre prière, et par le secours de l’Esprit de Jésus-Christ ;

20 selon ma ferme attente et mon espérance, que je ne serai confus en rien ; mais qu’en toute assurance, Christ sera maintenant, comme il l’a toujours été, glorifié en mon corps, soit par la vie, soit par la mort.

21 Car Christ m’est gain à vivre et à mourir.

22 Mais s’il m’est utile de vivre en la chair, et ce que je dois choisir, je n’en sais rien.

23 Car je suis pressé des deux côtés, mon désir tendant bien à déloger, et à être avec Christ, ce qui m’est beaucoup meilleur ;

24 mais il est plus nécessaire pour vous que je demeure en la chair.

25 Et je sais cela comme tout assuré que je demeurerai, et que je continuerai d’être avec vous tous pour votre avancement, et pour la joie de votre foi ;

26 afin que vous ayez en moi un sujet de vous glorifier de plus en plus en Jésus-Christ, par mon retour au milieu de vous.

27 Seulement conduisez-vous d’une manière digne de l’évangile de Christ ; afin que, soit que je vienne, et que je vous voie ; soit que je sois absent, j’entende, quant à votre état, que vous persistez en un même esprit, combattant ensemble d’un même courage par la foi de l’évangile, et n’étant en rien épouvantés par les adversaires ;

28 ce qui leur est une démonstration de perdition, mais à vous, de salut ; et cela de la part de Dieu ;

29 parce qu’il vous a été gratuitement donné dans ce qui a rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui ;

30 ayant à soutenir le même combat que vous avez vu en moi, et que vous apprenez être maintenant en moi.

CHAP. II.

Exhortation à l’union en Christ, avec Paul, Timothée, Epaphrodite.


SI donc il y a quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelque communion d’esprit, s’il y a quelques cordiales affections, et quelques compassions,

2 rendez ma joie parfaite, étant d’un même sentiment, ayant un même amour, n’étant qu’une même âme, et consentant tous à une même chose.

3 Que rien ne se fasse par un esprit de dispute, ou par vaine gloire ; mais que par humilité de cœur l’un estime l’autre plus excellent que soi-même.

4 Ne regardez point chacun à votre intérêt particulier ; mais que chacun ait égard aussi à ce qui concerne les autres.

5 Qu’il y ait donc en vous un même sentiment qui a été en Jésus-Christ,

6 lequel étant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une usurpation d’être égal à Dieu.

7 Cependant il s’est anéanti lui-même, ayant pris la forme de serviteur, fait à la ressemblance des hommes ;

8 et étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, et a été obéissant jusqu’à la mort, à la mort même de la croix.

9 C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ;

10 afin qu’au nom de Jésus tout genou se ploie, tant de ceux qui sont aux cieux, que de ceux qui sont sur la terre, et au-dessous de la terre ;

11 et que toute langue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

12 C’est pourquoi, mes bien-aimés, ainsi que vous avez toujours obéi, non seulement comme en ma présence, mais beaucoup plus maintenant en mon absence, employez-vous à votre propre salut avec crainte et tremblement.

13 Car c’est Dieu qui produit en vous avec efficace le vouloir et l’exécution, selon son bon plaisir.

14 Faites toutes choses sans murmures, et sans disputes ;

15 afin que vous soyez sans reproches, et purs, des enfans de Dieu, irrépréhensibles au milieu de la génération corrompue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des flambeaux au monde, qui portent au-devant d’eux la parole de la vie ;

16 pour me glorifier, en la journée de Christ, de n’avoir point couru en vain, ni travaillé en vain.

17 Que si même je sers d’aspersion sur le sacrifice et le service de votre foi, j’en suis joyeux ; et je m’en réjouis avec vous tous.

18 Vous aussi pareillement soyez-en joyeux, et réjouissez-vous-en avec moi.

19 Or, j’espère, avec la grâce du Seigneur Jésus, de vous envoyer bientôt Timothée, afin que j’aie aussi plus de courage quand j’aurai connu votre état.

20 Car je n’ai personne d’un pareil courage, et qui soit vraiment soigneux de ce qui vous concerne ;

21 parce que tous cherchent leur intérêt particulier, et non les intérêts de Jésus-Christ.

22 Mais vous savez l’épreuve que j’ai faite de lui, puisqu’il a servi avec moi en l’évangile, comme l’enfant sert son père.

23 J’espère donc de l’envoyer dès que j’aurai pourvu à mes affaires.

24 Et je m’assure en notre Seigneur que moi-même aussi j’irai vous voir bientôt.

25 Mais j’ai cru nécessaire de vous envoyer Epaphrodite, mon frère, mon compagnon d’œuvre, et mon compagnon d’armes, qui aussi m’a été envoyé de votre part pour me fournir ce dont j’ai eu besoin.

26 Car aussi il désirait ardemment de vous voir tous, et il était fort affligé de ce que vous aviez appris qu’il avait été malade.

27 En effet il a été malade, et fort proche de la mort ; mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n’eusse pas tristesse sur tristesse.

28 Je l’ai donc envoyé à cause de cela avec plus de soin, afin qu’en le revoyant vous ayez de la joie, et que j’aie moins de tristesse.

29 Recevez-le donc en notre Seigneur, avec toute sorte de joie ; et ayez de l’estime pour ceux qui sont tels que lui.

30 Car il a été proche de la mort pour l’œuvre de Christ, n’ayant eu aucun égard à sa propre vie, afin de suppléer au défaut de votre service envers moi.

CHAP. III.

Renoncement de saint Paul à toutes choses pour Jésus-Christ.


AU reste, mes frères, réjouissez-vous en notre Seigneur. Il ne m’est point fâcheux, et c’est votre sûreté, que je vous écrive les mêmes choses.

2 Prenez garde aux chiens ; prenez garde aux mauvais ouvriers ; prenez garde à la circoncision ;

3 car c’est nous qui sommes la circoncision, nous qui servons Dieu en esprit, et qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui n’avons point de confiance en la chair ;

4 quoique je pourrais bien aussi avoir confiance en la chair ; même si quelqu’un estime qu’il a de quoi se confier en la chair, j’en ai encore davantage ;

5 moi qui ai été circoncis le huitième jour, qui suis de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu, d’Hébreux, pharisien de religion.

6 Quant au zèle, persécutant l’église ; et quant à la justice qui est de la loi, étant sans reproche.

7 Mais ce qui m’était un gain, je l’ai regardé comme m’étant nuisible, et cela pour l’amour de Christ.

8 Et, certes, je regarde toutes les autres choses comme m’étant nuisibles, en comparaison de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ, mon Seigneur, pour l’amour duquel je me suis privé de toutes ces choses, et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ ;

9 et que je sois trouvé en lui, ayant non point ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, c’est-à-dire la justice qui est de Dieu par la foi ;

10 pour connaître Jésus-Christ, et la vertu de sa résurrection, et la communion de ses afflictions, étant rendu conforme à sa mort ;

11 essayant si en quelque manière je puis parvenir à la résurrection des morts.

12 Non que j’aie déjà atteint le but, ou que je sois déjà rendu accompli ; mais je poursuis ce but pour tâcher d’y parvenir, c’est pourquoi aussi j’ai été pris par Jésus-Christ.

13 Mes frères, pour moi, je ne me persuade pas d’avoir atteint le but ;

14 mais je fais une chose, c’est qu’en oubliant les choses qui sont derrière moi, et m’avançant vers celles qui sont devant moi, je cours vers le but, savoir au prix de la céleste vocation, qui est de Dieu en Jésus-Christ ;

15 c’est pourquoi, nous tous qui sommes parfaits, ayons ce même sentiment ; et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, Dieu vous le révélera aussi.

16 Cependant, marchons suivant une même règle pour les choses auxquelles nous sommes parvenus, et ayons un même sentiment.

17 Soyez tous ensemble mes imitateurs, mes frères, et considérez ceux qui marchent suivant le modèle que vous avez en nous.

18 Car il y en a plusieurs qui marchent d’une telle manière, que je vous ai souvent dit, et maintenant je le dis encore en pleurant, qu’ils sont ennemis de la croix de Christ ;

19 desquels la fin est la perdition, desquels le dieu est le ventre, et desquels la gloire est dans leur confusion, n’ayant d’affection que pour les choses de la terre.

20 Mais pour nous, notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ,

21 qui transformera notre corps vil, afin qu’il soit rendu conforme à son corps glorieux, selon cette efficace par laquelle il peut même s’assujettir toutes choses.

CHAP. IV.

Exhortation à la persévérance. Désintéressement de saint Paul.


C’EST pourquoi, mes très-chers frères que j’aime tendrement, vous qui êtes ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes en notre Seigneur, mes bien-aimés.

2 Je prie Evodie, et je prie aussi Syntiche d’avoir un même sentiment au Seigneur.

3 Je te prie aussi, toi, mon vrai compagnon, aide-leur, comme à celles qui ont combattu avec moi dans l’évangile, avec Clément, et mes autres compagnons d’œuvre, dont les noms sont écrits au livre de vie.

4 Réjouissez-vous en notre Seigneur, je vous le dis encore, réjouissez-vous.

5 Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est près.

6 Ne vous inquiétez de rien mais en toutes choses présentez vos demandes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.

7 Et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos sentimens en Jésus-Christ.

8 Au reste, mes frères, que toutes les choses qui sont véritables, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée, toutes celles où il y a quelque vertu et quelque louange, pensez à ces choses ;

9 car aussi vous les avez apprises, reçues, entendues et vues en moi. Faites ces choses, et le Dieu de paix sera avec vous.

10 Or, je me suis fort réjoui en notre Seigneur, de ce qu’à la fin vous avez fait revivre le soin que vous avez de moi ; à quoi aussi vous pensiez, mais vous n’en aviez pas l’occasion.

11 Je ne dis pas ceci ayant égard à quelque indigence ; car j’ai appris à être content des choses selon que je me trouve.

12 Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l’abondance ; partout et en toutes choses je suis instruit tant à être rassasié qu’à avoir faim, tant à être dans l’abondance que dans la disette.

13 Je puis toutes choses en Christ qui me fortifie.

14 Néanmoins vous avez bien fait de prendre part à mon affliction.

15 Vous savez aussi, vous Philippiens, qu’au commencement de la prédication de l’évangile, quand je partis de Macédoine, aucune église ne me communiqua rien en matière de donner et de recevoir, excepté vous seuls.

16 Et même lorsque j’étais à Thessalonique, vous m’avez envoyé une fois, et même deux fois, ce dont j’avais besoin.

17 Ce n’est pas que je recherche des présens, mais je cherche le fruit qui abonde pour votre compte.

18 J’ai tout reçu, et je suis dans l’abondance, et j’ai été comblé de biens en recevant d’Epaphrodite ce qui m’a été envoyé de votre part, comme un parfum de bonne odeur, comme un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable.

19 Aussi mon Dieu suppléera selon ses richesses à tout ce dont vous aurez besoin, et vous donnera sa gloire en Jésus-Christ.

20 Or à notre Dieu et notre Père soit gloire aux siècles des siècles. Amen.

21 Saluez chacun des saints en Jésus-Christ. Les frères qui sont avec moi vous saluent.

22 Tous les saints vous saluent, et principalement ceux qui sont de la maison de César.

23 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.


ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX COLOSSIENS.

CHAP. I.

La foi des Colossiens et les souffrances de saint Paul.


PAUL, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, et le frère Timothée ;

2 aux saints et frères, fidèles en Christ, qui sont à Colosses : que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et de la part de notre Seigneur Jésus-Christ.

3 Nous rendons grâces à Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et nous prions toujours pour vous,

4 ayant ouï parler de votre foi en Jésus-Christ, et de votre charité envers tous les saints ;

5 à cause de l’espérance des biens qui vous sont réservés dans les cieux, et dont vous avez eu ci-devant connaissance par la parole de la vérité, c’est-à-dire par l’évangile,

6 qui est parvenu jusqu’à vous, comme il l’est aussi dans tout le monde ; et il y fructifie, de même que parmi vous, depuis le jour que vous avez entendu et connu la grâce de Dieu dans la vérité.

7 Comme vous avez été instruits aussi par Epaphras, notre cher compagnon de service, qui est fidèle ministre de Christ pour vous ;

8 et qui nous a appris quelle est la charité que vous avez par le Saint-Esprit.

9 C’est pourquoi, depuis le jour que nous avons appris ces choses, nous ne cessons point de prier pour vous, et de demander à Dieu que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle ;

10 afin que vous vous conduisiez dignement, comme il est séant selon le Seigneur, pour lui plaire à tous égards, fructifiant en toute bonne œuvre, et croissant en la connaissance de Dieu ;

11 étant fortifiés en toute force selon la puissance de sa gloire, en toute patience et tranquillité d’esprit, avec joie ;

12 rendant grâces au Père, qui nous a rendus capables de participer à l’héritage des saints dans la lumière ;

13 qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a transportés au royaume de son Fils bien-aimé ;

14 en qui nous avons la rédemption par son sang, savoir la rémission des péchés ;

15 lequel est l’image de Dieu invisible, le premier-né de toutes les créatures.

16 Car par lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit les trônes, ou les dominations, ou les principautés, ou les puissances ; toutes choses ont été créées par lui et pour lui.

17 Et il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par lui.

18 Et c’est lui qui est le chef du corps de l’église, et qui est le commencement et le premier-né d’entre les morts, afin qu’il tienne le premier rang en toutes choses.

19 Car le bon plaisir du Père a été que toute plénitude habitât en lui ;

20 et de réconcilier par lui toutes choses avec soi, ayant fait la paix par le sang de sa croix, savoir, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre.

21 Et vous, qui étiez autrefois éloignés de lui, et qui étiez ses ennemis en votre entendement et en mauvaises œuvres,

22 il vous a maintenant réconciliés, par le corps de sa chair, en sa mort, pour vous rendre saints, sans tache, et irrépréhensibles devant lui.

23 Si toutefois vous demeurez en la foi, étant fondés et fermes, et n’étant point transportés hors de l’espérance de l’évangile que vous avez ouï, lequel est prêché à toute créature qui est sous le ciel, et duquel moi Paul, j’ai été fait le ministre.

24 Je me réjouis donc maintenant en mes souffrances pour vous, et j’accomplis le reste des afflictions de Christ en ma chair, pour son corps, qui est l’église ;

25 de laquelle j’ai été fait le ministre, selon la dispensation de Dieu qui m’a été donnée envers vous, pour accomplir la parole de Dieu ;

26 savoir, le mystère qui avait été caché dans tous les siècles et dans tous les âges, mais qui est maintenant manifesté à ses saints,

27 auxquels Dieu a voulu donner à connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère parmi les Gentils, c’est à savoir Christ, qui a été prêché parmi vous, et qui est l’espérance de la gloire,

28 lequel nous annonçons, en exhortant tout homme, et en enseignant tout homme en toute sagesse, afin que nous rendions tout homme parfait en Jésus-Christ.

29 A quoi aussi je travaille, en combattant selon son efficace, qui agit puissamment en moi.

CHAP. II.

Trésor de sapience en Jésus-Christ, et sa croix, qui a effacé l’obligation.


OR, je veux que vous sachiez combien est grand le combat que j’ai pour vous, et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour tous ceux qui n’ont point vu ma présence en la chair,

2 afin que leurs cœurs soient consolés, étant unis ensemble dans la charité, et dans toutes les richesses d’une pleine certitude d’intelligence, pour la connaissance du mystère de notre Dieu et Père, et de Christ,

3 en qui se trouvent tous les trésors de sagesse et de science.

4 Or je dis ceci, afin que personne ne vous trompe par des discours séduisans.

5 Car quoique je sois absent de corps, toutefois je suis avec vous en esprit, me réjouissant, et voyant votre bon ordre et la fermeté de votre foi, que vous avez en Christ.

6 Comme donc vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui ;

7 étant enracinés et édifiés en lui, et fortifiés en la foi, selon que vous avez été enseignés, abondant en elle avec actions de grâces.

8 Prenez garde que personne ne vous gagne par la philosophie, et par de vains raisonnemens conformes à la tradition des hommes et aux élémens du monde, et non point à la doctrine de Christ ;

9 car toute la plénitude de la divinité habite en lui corporellement.

10 Et vous êtes rendus accomplis en lui, qui est le Chef de toute principauté et puissance ;

11 en qui aussi vous êtes circoncis d’une circoncision faite sans main, qui consiste à dépouiller le corps des péchés de la chair, ce qui est la circoncision de Christ ;

12 étant ensevelis avec lui par le baptême ; en qui aussi vous êtes ensemble ressuscités par la foi de l’efficace de Dieu, qui l’a ressuscité des morts.

13 Et lorsque vous étiez morts dans vos offenses, et dans le prépuce de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, vous ayant gratuitement pardonné toutes vos offenses ;

14 ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en des ordonnances, et nous était contraire, et laquelle il a entièrement abolie, l’ayant attachée à la croix.

15 ayant dépouillé les principautés et les puissances, qu’il a produites en public, triomphant d’elles en la croix.

16 Que personne donc ne vous condamne pour le manger ou pour le boire, ou pour la distinction d’un jour de fête, ou pour un jour de nouvelle lune, ou pour les sabbats ;

17 lesquelles choses sont l’ombre de celles qui étaient à venir, mais le corps en est en Christ.

18 Que personne ne vous maîtrise à son plaisir par humilité d’esprit, et par le service des anges, s’ingérant dans des choses qu’il n’a point vues, étant témérairement enflé du sens de sa chair ;

19 et ne retenant point le chef, duquel tout le corps, étant fourni et ajusté ensemble par les jointures et les liaisons, croît d’un accroissement de Dieu.

20 Si donc vous êtes morts avec Christ, quant aux élémens du monde, pourquoi vous charge-t-on d’ordonnances, comme si vous viviez au monde ?

21 Savoir : Ne mange, ne goûte, ne touche point ;

22 qui sont toutes choses périssables par l’usage, et établies suivant les commandemens et les doctrines des hommes ;

23 et qui ont pourtant quelque apparence de sagesse en dévotion volontaire, et en humilité d’esprit, et en ce qu’elles n’épargnent nullement le corps, et n’ont aucun égard au rassasiement de la chair.

CHAP. III.

Pratique de la piété, et devoirs domestiques.


SI donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu.

2 Pensez aux choses qui sont en haut, et non point à celles qui sont sur la terre.

3 Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu.

4 Quand Christ, qui est votre vie, apparaîtra, vous paraîtrez aussi alors avec lui en gloire.

5 Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, la fornication, la souillure, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et l’avarice, qui est une idolâtrie ;

6 pour lesquelles choses la colère de Dieu vient sur les enfans rebelles ;

7 et dans lesquelles vous avez marché autrefois, quand vous viviez en elles.

8 Mais rejetez maintenant toutes ces choses, la colère, l’animosité, la médisance ; et qu’aucune parole déshonnête ne sorte de votre bouche.

9 Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions,

10 et ayant revêtu le nouvel homme, qui se renouvelle en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé ;

11 en qui il n’y a ni Grec, ni Juif, ni circoncis, ni prépuce, ni Barbare, ni Scythe, ni esclave, ni libre ; mais Christ y est tout, et en tous.

12 Soyez donc comme étant des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtus des entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, d’esprit patient ;

13 vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant les uns aux autres ; et si l’un a querelle contre l’autre, comme Christ vous a pardonné, vous aussi faites-en de même.

14 Et outre tout cela, soyez revêtus de la charité, qui est le lien de la perfection.

15 Et que la paix de Dieu, à laquelle vous êtes appelés pour être un seul corps, tienne le principal lieu dans vos cœurs ; et soyez reconnaissans.

16 Que la parole de Christ habite en vous abondamment en toute sagesse, vous enseignant et vous exhortant l’un l’autre par des psaumes, des hymnes, et des cantiques spirituels, avec grâce, chantant de votre cœur au Seigneur.

17 Et quelque chose que vous fassiez, soit par parole ou par œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à notre Dieu et Père.

18 Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il est convenable selon le Seigneur.

19 Maris, aimez vos femmes, et ne vous aigrissez point contre elles.

20 Enfans, obéissez à vos pères et à vos mères en toutes choses ; car cela est agréable au Seigneur.

21 Pères, n’irritez point vos enfans, afin qu’ils ne perdent pas courage.

22 Serviteurs, obéissez en toutes choses à ceux qui sont vos maîtres selon la chair, ne servant point seulement sous leurs yeux, comme voulant complaire aux hommes, mais en simplicité de cœur, craignant Dieu.

23 Et quelque chose que vous fassiez, faites tout de bon cœur, comme le faisant pour le Seigneur, et non pas pour les hommes ;

24 sachant que vous recevrez du Seigneur le salaire de l’héritage ; car vous servez Christ le Seigneur.

25 Mais celui qui agit injustement, recevra ce qu’il aura fait injustement ; car en Dieu il n’y a point d’égard à l’apparence des personnes.

CHAP. IV.

De la persévérance à prier, et de la conduite chrétienne.


MAITRES, rendez le droit et l’équité à vos serviteurs, sachant que vous avez aussi un Seigneur dans les cieux.

2 Persévérez dans la prière, veillant dans cet exercice avec des actions de grâces.

3 Priez aussi tous ensemble pour nous, afin que Dieu nous ouvre la porte de la parole, pour annoncer le mystère de Christ, pour lequel aussi je suis prisonnier ;

4 afin que je le manifeste selon qu’il faut que j’en parle.

5 Conduisez-vous sagement envers ceux de dehors, rachetant le temps.

6 Que votre parole soit toujours assaisonnée de sel avec grâce, afin que vous sachiez comment vous avez à répondre à chacun.

7 Tychique, notre frère bien-aimé, et fidèle ministre, et compagnon de service en notre Seigneur, vous fera savoir tout mon état.

8 Je l’ai envoyé vers vous expressément, afin qu’il connaisse quel est votre état, et qu’il console vos cœurs ;

9 avec Onésime, notre fidèle et bien-aimé frère, qui est des vôtres ; ils vous avertiront de toutes les affaires d’ici.

10 Aristarque, qui est prisonnier avec moi, vous salue aussi, et Marc, qui est le cousin de Barnabas, touchant lequel vous avez reçu un ordre, s’il vient à vous, recevez-le ;

11 et Jésus, appelé Juste, qui sont de la circoncision ; ceux-ci qui sont mes compagnons d’œuvre au royaume de Dieu, sont aussi les seuls qui m’ont été en consolation.

12 Epaphras, qui est des vôtres, serviteur de Christ, vous salue, combattant toujours pour vous par ses prières, afin que vous demeuriez parfaits et accomplis en toute la volonté de Dieu.

13 Car je lui rends témoignage qu’il a un grand zèle pour vous, et pour ceux de Laodicée, et pour ceux d’Hiérapolis.

14 Luc, le médecin bien-aimé, vous salue, et Démas aussi.

15 Saluez les frères qui sont à Laodicée, et Nymphas, avec l’église qui est en sa maison.

16 Et quand cette lettre aura été lue parmi vous, faites qu’elle soit aussi lue dans l’église des Laodicéens ; et vous aussi, lisez celle qui est venue de Laodicée.

17 Et dites à Archippe : Prends garde à l’administration que tu as reçue en notre Seigneur, afin que tu l’accomplisses.

18 La salutation est de la propre main de moi Paul. Souvenez-vous de mes liens. Que la grâce soit avec vous ! Amen.



PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX THESSALONICIENS.

CHAP. I.

Exhortation à la persévérance dans la piété et dans le zèle.


PAUL, et Silvain, et Timothée, à l’église des Thessaloniciens, qui est en Dieu le Père, et en notre Seigneur Jésus-Christ ; que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !

2 Nous rendons toujours grâces à Dieu pour vous tous, faisant mention de vous dans nos prières ;

3 et nous remettant sans cesse en mémoire l’œuvre de votre foi, le travail de votre charité, et la patience de votre espérance, que vous avez en notre Seigneur Jésus-Christ, devant notre Dieu et Père ;

4 sachant, mes frères bien-aimés de Dieu, votre élection.

5 Car la prédication que nous avons faite de l’évangile au milieu de vous, n’a pas été en parole seulement, mais aussi en vertu, et en Saint-Esprit, et en preuves convaincantes, ainsi que vous savez quels nous avons été parmi vous pour l’amour de vous.

6 Aussi avez-vous été nos imitateurs et ceux du Seigneur, ayant reçu avec la joie du Saint-Esprit la parole, accompagnée de grande affliction ;

7 tellement que vous avez été pour modèle à tous les fidèles de la Macédoine et de l’Achaïe.

8 Car la parole du Seigneur a retenti de chez vous, non seulement dans la Macédoine et dans l’Achaïe, mais aussi en tous lieux ; et votre foi envers Dieu est si célèbre, qu’il ne nous est pas besoin d’en rien dire.

9 Car eux-mêmes racontent de nous quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous avez été convertis des idoles à Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai ;

10 et pour attendre des cieux son Fils Jésus, qu’il a ressuscité des morts, et qui nous délivre de la colère à venir.

CHAP. II.

Intégrité de l’apôtre en la prédication de l’évangile ; patience des Thessaloniciens.


CAR, mes frères, vous savez vous-mêmes que notre entrée au milieu de vous n’a point été vaine.

2 Mais quoique nous eussions été auparavant affligés et outragés à Philippes, comme vous savez, nous avons eu le courage, appuyés sur notre Dieu, de vous annoncer l’évangile de Dieu, au milieu de grands combats.

3 Car il n’y a eu dans l’exhortation que nous vous avons faite, ni séduction, ni mauvais motif, ni fraude.

4 Mais, comme nous avons été approuvés de Dieu, afin que la prédication de l’évangile nous fût commise, nous parlons aussi, non comme voulant plaire aux hommes, mais à Dieu, qui approuve nos cœurs.

5 Car aussi nous n’avons jamais été surpris en parole de flatterie, comme vous le savez, ni en prétexte d’avarice ; Dieu en est témoin.

6 Et nous n’avons point cherché la gloire de la part des hommes, ni de vous, ni des autres ; quoique nous eussions pu montrer de l’autorité comme apôtres de Christ ;

7 mais nous avons été doux au milieu de vous, comme une nourrice qui nourrit tendrement ses enfans.

8 Etant donc ainsi affectionnés envers vous, nous souhaitions de vous donner non seulement l’évangile de Dieu, mais aussi nos propres âmes, parce que vous étiez fort aimés de nous.

9 Car, mes frères, vous vous souvenez de notre peine et de notre travail, vu que nous vous avons prêché l’évangile de Dieu, en travaillant nuit et jour pour n’être point à charge à aucun de vous.

10 Vous êtes témoins, et Dieu aussi, comment nous nous sommes conduits saintement et justement, et sans reproche envers vous qui croyez ;

11 et vous savez que nous avons exhorté et consolé chacun de vous, comme un père exhorte et console ses enfans ;

12 et que nous vous avons conjurés de vous conduire d’une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire.

13 C’est pourquoi nous rendons sans cesse grâces à Dieu, de ce que quand vous avez reçu de nous la parole de la prédication de Dieu, vous l’avez reçue, non comme une parole des hommes, mais (ainsi qu’elle est véritablement) comme la parole de Dieu, laquelle aussi agit avec efficace en vous qui croyez.

14 Car, mes frères, vous avez imité les églises de Dieu qui sont dans la Judée en Jésus-Christ, parce que vous avez aussi souffert les mêmes choses de ceux de votre propre nation, comme eux aussi de la part des Juifs ;

15 qui ont même mis à mort le Seigneur Jésus, et leurs propres prophètes, et qui nous ont chassés ; et qui déplaisent à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes ;

16 nous empêchant de parler aux Gentils afin qu’ils soient sauvés ; comblant ainsi toujours la mesure de leurs péchés. Or la colère de Dieu est parvenue sur eux jusqu’au plus haut degré.

17 Et pour nous, mes frères, qui avons été séparés de vous en un moment de temps, de vue, et non de cœur, nous avons d’autant plus tâché de vous aller voir, que nous en avions un fort grand désir :

18 c’est pourquoi nous avons voulu aller vers vous, au moins moi Paul, une ou deux fois ; mais Satan nous en a empêchés.

19 Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire ? N’est-ce pas vous qui l’êtes devant notre Seigneur Jésus-Christ au jour de son avénement ?

20 Certes vous êtes notre gloire et notre joie.

CHAP. III.

Souci et vœux de saint Paul pour les Thessaloniciens.


C’EST pourquoi, ne pouvant plus soutenir la privation de vos nouvelles, nous avons trouvé bon de demeurer seuls à Athènes.

2 Et nous avons envoyé Timothée, notre frère, ministre de Dieu, et notre compagnon d’œuvre en l’évangile de Christ, pour vous affermir, et vous exhorter touchant votre foi.

3 Afin que nul ne soit troublé dans ces afflictions, puisque vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela.

4 Car, quand nous étions avec vous, nous vous prédisions que nous aurions à souffrir des afflictions, comme cela est aussi arrivé, et vous le savez.

5 C’est pourquoi, dis-je, ne pouvant plus soutenir cette inquiétude, j’ai envoyé Timothée pour reconnaître l’état de votre foi, de peur que celui qui tente ne vous eût tentés en quelque sorte, et que notre travail ne fût rendu inutile.

6 Or Timothée étant revenu depuis peu de chez vous, il nous a apporté d’agréables nouvelles de votre foi et de votre charité, et que vous vous souvenez toujours de nous, désirant fort de nous voir, comme nous aussi nous désirons de vous voir.

7 C’est pourquoi, mes frères, vous nous avez été en grande consolation à cause de votre foi, dans toute notre affliction et dans notre nécessité.

8 Car maintenant nous vivons, si vous vous tenez fermes au Seigneur.

9 Et quelles actions de grâces n’avons-nous point à rendre à Dieu à cause de vous, pour toute la joie que nous recevons de vous, devant notre Dieu,

10 le priant jour et nuit, de plus en plus, que nous puissions vous revoir, afin de suppléer à ce qui manque à votre foi ?

11 Or, notre Dieu et Père, et notre Seigneur Jésus-Christ, veuillent nous ouvrir le chemin pour nous rendre auprès de vous.

12 Et le Seigneur vous fasse croître et abonder de plus en plus en charité les uns envers les autres, et envers tous, comme nous abondons aussi en charité envers vous ;

13 pour affermir vos cœurs sans reproche en sainteté devant Dieu qui est notre Père, à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, accompagné de tous ses saints.

CHAP. IV.

Exhortation à la sainteté, et consolation en la résurrection des morts.


AU reste, mes frères, nous vous prions donc et nous vous conjurons, par le Seigneur Jésus, que comme vous avez appris de nous de quelle manière on doit se conduire et plaire à Dieu, vous y fassiez tous les jours de nouveaux progrès.

2 Car vous savez quels préceptes nous vous avons donnés de la part du Seigneur Jésus ;

3 parce que c’est ici la volonté de Dieu, savoir votre sanctification, et que vous vous absteniez de la fornication ;

4 afin que chacun de vous sache posséder son vaisseau en sanctification et en honneur,

5 et sans se laisser aller aux désirs de la convoitise, comme les Gentils, qui ne connaissent point Dieu.

6 Que personne ne foule son frère, ou ne fasse son profit au dommage de son frère en aucune affaire ; parce que le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses, comme nous vous l’avons dit auparavant, et comme nous vous l’avons assuré.

7 Car Dieu ne vous a point appelés à la souillure, mais à la sanctification.

8 C’est pourquoi celui qui rejette ceci, ne rejette point un homme, mais Dieu, qui a aussi mis son Saint-Esprit en nous.

9 Quant à la charité fraternelle, vous n’avez pas besoin que je vous en écrive, parce que vous-mêmes vous êtes enseignés de Dieu à vous aimer l’un l’autre.

10 Et c’est aussi ce que vous faites à l’égard de tous les frères qui sont par toute la Macédoine ; mais, mes frères, nous vous prions de vous perfectionner tous les jours davantage ;

11 et de tâcher de vivre paisiblement, de faire vos propres affaires, et de travailler de vos propres mains, ainsi que nous vous l’avons ordonné ;

12 afin que vous vous conduisiez honnêtement envers ceux de dehors, et que vous n’ayez besoin de rien.

13 Or, mes frères, je ne veux point que vous ignoriez ce qui regarde ceux qui dorment, afin que vous ne soyez point attristés comme les autres qui n’ont point d’espérance.

14 Car si nous croyons que Jésus est mort, et qu’il est ressuscité ; de même aussi ceux qui dorment en Jésus, Dieu les ramènera avec lui.

15 Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur, que nous, qui vivrons et resterons à la venue du Seigneur, ne préviendrons point ceux qui dorment.

16 Car le Seigneur lui-même, avec un cri d’exhortation, et une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ;

17 puis nous, qui vivrons et qui resterons, serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, au-devant du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.

18 C’est pourquoi, consolez-vous l’un l’autre par ces paroles.

CHAP. V.

Exhortation à être sobre, et à veiller en attendant le jour du Seigneur.


OR, touchant le temps et le moment, mes frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive ;

2 puisque vous savez vous-mêmes très-bien que le jour du Seigneur viendra comme le larron en la nuit.

3 Car, quand ils diront : Nous sommes en paix et en sûreté, alors il leur surviendra une subite destruction, comme le travail à celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point.

4 Mais quant à vous, mes frères, vous n’êtes point dans les ténèbres, de sorte que ce jour-là vous surprenne comme le larron.

5 Vous êtes tous des enfans de la lumière et du jour ; nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres.

6 Ainsi donc ne dormons point comme les autres, mais veillons, et soyons sobres.

7 Car ceux qui dorment, dorment la nuit ; et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit.

8 Mais nous, qui sommes enfans du jour, soyons sobres, étant revêtus de la cuirasse de la foi et de la charité, et ayant pour casque l’espérance du salut.

9 Car Dieu ne nous a point destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut, par notre Seigneur Jésus-Christ,

10 qui est mort pour nous, afin que soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions avec lui.

11 C’est pourquoi exhortez-vous l’un l’autre, et édifiez-vous tous l’un l’autre, comme aussi vous le faites.

12 Or, mes frères, nous vous prions de reconnaître ceux qui travaillent parmi vous, et qui président sur vous en notre Seigneur, et qui vous exhortent ;

13 et d’avoir un amour singulier pour eux, à cause de l’œuvre qu’ils font. Soyez en paix entre vous.

14 Nous vous prions aussi, mes frères, de reprendre les déréglés, de consoler ceux qui ont l’esprit abattu, de soulager les faibles, et d’être d’un esprit patient envers tous.

15 Prenez garde que nul ne rende à personne le mal pour le mal ; mais cherchez toujours ce qui est bon, et entre vous et à l’égard de tous les hommes.

16 Soyez toujours joyeux.

17 Priez sans cesse.

18 Rendez grâces pour toutes choses ; car c’est la volonté de Dieu par Jésus-Christ.

19 N’éteignez point l’Esprit.

20 Ne méprisez point les prophéties.

21 Eprouvez toutes choses, retenez ce qui est bon.

22 Abstenez-vous de toute apparence de mal.

23 Or le Dieu de paix vous veuille sanctifier entièrement, et faire que votre esprit entier, et l’âme et le corps soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.

24 Celui qui vous appelle est fidèle ; c’est pourquoi il fera ces choses en vous.

25 Mes frères, priez pour nous.

26 Saluez tous les frères par un saint baiser.

27 Je vous conjure, par le Seigneur, que cette épître soit lue à tous les saints frères.

28 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ! Amen.



SECONDE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX THESSALONICIENS.

CHAP. I.

Exhortation à la piété et à la constance dans les afflictions.


PAUL, et Silvain, et Timothée, à l’église des Thessaloniciens, qui est en Dieu, notre Père, et en notre Seigneur Jésus-Christ ;

2 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu, notre Père, et de la part du Seigneur Jésus-Christ !

3 Mes frères, nous devons toujours rendre grâces à Dieu à cause de vous, comme il est bien raisonnable, parce que votre foi s’augmente beaucoup, et que votre charité mutuelle fait des progrès.

4 De sorte que nous-mêmes nous nous glorifions de vous dans les églises de Dieu, à cause de votre patience et de votre foi dans toutes vos persécutions, et dans les afflictions que vous soutenez,

5 qui sont une manifeste démonstration de juste jugement de Dieu ; afin que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu, pour lequel aussi vous souffrez ;

6 puisque c’est une chose juste devant Dieu, qu’il rende l’affliction à ceux qui vous affligent ;

7 et qu’il vous donne du relâche à vous qui êtes affligés, de même qu’à nous, lorsque le Seigneur Jésus sera révélé du ciel avec les anges de sa puissance ;

8 avec des flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent point Dieu, et contre ceux qui n’obéissent point à l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ,

9 lesquels seront punis d’une peine éternelle, par la présence du Seigneur et par la gloire de sa force ;

10 quand il viendra pour être glorifié en ce jour-là dans ses saints, et pour être rendu admirable en tous ceux qui croient, parce que vous avez cru le témoignage que nous vous en avons rendu.

11 C’est pourquoi nous prions toujours pour vous, que notre Dieu vous rende dignes de sa vocation, et qu’il accomplisse puissamment en vous tout le bon plaisir de sa bonté, et l’œuvre de la foi ;

12 afin que le nom de notre Seigneur Jésus-Christ soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ.

CHAP. II.

Description de l’antéchrist. Vœux pour les Thessaloniciens.


OR, mes frères, nous vous prions pour ce qui regarde l’avénement de notre Seigneur Jésus-Christ, et notre réunion en lui,

2 de ne vous laisser point subitement ébranler de votre sentiment, ni troubler par esprit, ni par parole, ni par épître, comme si c’était une épître que nous eussions écrite, et comme si le jour de Christ était proche.

3 Que personne donc ne vous séduise en quelque manière que ce soit ; car ce jour-là ne viendra point que la révolte ne soit arrivée auparavant, et que l’homme de péché, le fils de perdition, ne soit révélé,

4 lequel s’oppose et s’élève contre tout ce qui est nommé Dieu, ou qu’on adore, jusqu’à être assis comme Dieu au temple de Dieu ; voulant se faire passer pour un Dieu.

5 Ne vous souvient-il pas que quand j’étais encore avec vous, je vous disais ces choses ?

6 Mais maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il soit révélé en son temps.

7 Car déjà le mystère d’iniquité se met en train, seulement celui qui obtient maintenant, obtiendra jusqu’à ce qu’il soit aboli.

8 Et alors le méchant sera révélé ; mais le Seigneur le détruira par le souffle de sa bouche, et l’anéantira par son illustre avénement.

9 Et quant à l’avénement du méchant, il est selon l’efficace de Satan, en toute puissance, en prodiges et en miracles de mensonge ;

10 et en toute séduction d’iniquité dans ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés.

11 C’est pourquoi Dieu leur enverra une erreur efficace, de sorte qu’ils croiront au mensonge ;

12 afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont point cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’iniquité.

13 Mais, mes frères, les bien-aimés du Seigneur, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, de ce que Dieu vous a élus dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’esprit, et par la foi de la vérité.

14 A quoi il vous a appelés par notre évangile, afin que vous possédiez la gloire qui nous a été acquise par notre Seigneur Jésus-Christ.

15 C’est pourquoi, mes frères, demeurez fermes, et retenez les enseignemens que vous avez appris, soit par notre parole, soit par notre épître.

16 Or lui-même Jésus-Christ, notre Seigneur, et notre Dieu et Père, qui nous a aimés, et qui nous a donné une consolation éternelle, et une bonne espérance par sa grâce,

17 veuille consoler vos cœurs, et vous affermir en toute bonne parole, et en toute bonne œuvre.

CHAP. III.

Exhortation à prier pour l’avancement de l’évangile, et à se détourner des personnes scandaleuses.


AU reste, mes frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur ait son cours, et qu’elle soit glorifiée comme elle l’est parmi vous ;

2 et que nous soyons délivrés des hommes fâcheux et méchans ; car la foi n’est point de tous.

3 Or, le Seigneur est fidèle, qui vous affermira et vous gardera du mal.

4 Aussi nous assurons-nous de vous par le Seigneur, que vous faites et que vous ferez toutes les choses que nous vous commandons.

5 Or, le Seigneur veuille diriger vos cœurs à l’amour de Dieu et à l’attente du Christ.

6 Nous vous recommandons aussi, mes frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous retirer de tout frère qui se conduit d’une manière irrégulière, et non pas selon l’enseignement qu’il a reçu de nous.

7 Car vous savez vous-mêmes comment il faut que vous nous imitiez, vu qu’il n’y a eu rien d’irrégulier dans la manière dont nous nous sommes conduits parmi vous ;

8 et que nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne, mais dans le travail et dans la peine, travaillant nuit et jour, afin de ne charger aucun de vous ;

9 non que nous n’en ayons bien le pouvoir ; mais afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèle, afin que vous nous imitiez.

10 Car aussi, quand nous étions avec vous, nous vous dénoncions ceci, que si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange point aussi.

11 Car nous apprenons qu’il y en a quelques-uns parmi vous qui se conduisent d’une manière déréglée, ne faisant rien, mais vivant dans la curiosité.

12 Nous dénonçons donc à ceux qui sont tels, et nous les exhortons, par notre Seigneur Jésus-Christ, qu’en travaillant ils mangent leur pain paisiblement.

13 Mais pour vous, mes frères, ne vous lassez point de bien faire.

14 Et si quelqu’un n’obéit point à notre parole, renfermée dans cette épître, faites-le connaître ; et ne conversez point avec lui, afin qu’il en ait honte.

15 Toutefois ne le tenez point comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère.

16 Or, le Seigneur de paix vous donne toujours la paix en toute manière ! Le Seigneur soit avec vous tous !

17 La salutation qui est de la propre main de moi Paul, et qui est un signe dans toutes mes épîtres, c’est que j’écris ainsi.

18 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.



PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

À TIMOTHÉE.

CHAP. I.

Doctrine de la loi et de l’évangile déclarée par l’exemple de saint Paul.


PAUL, apôtre de Jésus-Christ, par le commandement de Dieu, notre Sauveur, et du Seigneur Jésus-Christ, notre espérance ;

2 à Timothée, mon vrai fils en la foi, que la grâce, la miséricorde et la paix te soient données de la part de Dieu notre Père, et de la part de Jésus-Christ, notre Seigneur.

3 Suivant la prière que je te fis de demeurer à Ephèse, lorsque j’allais en Macédoine, je te prie encore d’annoncer à certaines personnes de n’enseigner point une autre doctrine ;

4 et de ne pas s’adonner aux fables et aux généalogies, qui sont sans fin, et qui produisent plutôt des disputes, que l’édification de Dieu, laquelle consiste en la foi.

5 Or, la fin du commandement, c’est la charité, qui procède d’un cœur pur, et d’une bonne conscience, et d’une foi sincère ;

6 desquelles choses quelques-uns s’étant écartés, se sont détournés à un vain babil ;

7 voulant être docteurs de la loi, mais n’entendant point ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils assurent.

8 Or, nous savons que la loi est bonne, si quelqu’un en use légitimement.

9 Sachant ceci, que la loi n’est point donnée pour le juste, mais pour les iniques, et pour ceux qui ne peuvent point se soumettre, pour ceux qui sont sans pitié et qui vivent mal ; pour des gens sans religion, et pour les profanes ; pour les meurtriers de père et de mère, et pour les homicides ;

10 pour les fornicateurs, pour ceux qui commettent des péchés contre nature, pour ceux qui dérobent des hommes, pour les menteurs, pour les parjures, et contre telle autre chose qui est contraire à la saine doctrine ;

11 suivant l’évangile de la gloire de Dieu bienheureux, lequel évangile m’a été commis.

12 Et je rends grâces à celui qui m’a fortifié, c’est-à-dire, à Jésus-Christ notre Seigneur, de ce qu’il m’a estimé fidèle, m’ayant établi dans le ministère ;

13 moi, qui auparavant étais un blasphémateur, et un persécuteur, et un oppresseur ; mais j’ai obtenu miséricorde, parce que j’ai agi par ignorance, étant dans l’infidélité.

14 Or, la grâce de notre Seigneur a surabondé en moi, avec la foi et avec l’amour qui est en Jésus-Christ.

15 Cette parole est certaine, et digne d’être entièrement reçue, que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, desquels je suis le premier.

16 Mais j’ai obtenu grâce, afin que Jésus-Christ montrât en moi le premier toute sa clémence, pour servir d’exemple à ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle.

17 Or, au roi des siècles, immortel, invisible, à Dieu, seul sage, soit honneur et gloire, aux siècles des siècles ! Amen.

18 Mon fils Timothée, je te recommande ce commandement que, conformément aux prophéties qui auparavant ont été faites de toi, tu t’acquittes, selon elles, du devoir de combattre en cette bonne guerre ;

19 gardant la foi avec une bonne conscience, laquelle quelques-uns ayant rejetée, ont fait naufrage quant à la foi ;

20 entre lesquels sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan ; afin qu’ils apprennent par ce châtiment à ne plus blasphémer.

CHAP. II.

De la prière pour tous les hommes, et de la modestie bienséante aux femmes.


J’EXHORTE donc qu’avant toutes choses, on fasse des requêtes, des prières, des supplications, et des actions de grâces pour tous les hommes ;

2 pour les rois, et pour tous ceux qui sont constitués en dignité, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté.

3 Car cela est bon et agréable devant Dieu, notre Sauveur,

4 qui veut que tous les hommes soient sauvés, et qu’ils viennent à la connaissance de la vérité.

5 Car il y a un seul Dieu, et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, savoir, Jésus-Christ homme ;

6 qui s’est donné soi-même en rançon pour tous, témoignage qui a été rendu en son temps.

7 C’est dans cette vue que j’ai été établi prédicateur, apôtre (je dis la vérité en Christ, je ne mens point), et docteur des Gentils en la foi et en la vérité.

8 Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, levant leurs mains pures, sans colère et sans dispute.

9 Que les femmes aussi se parent d’un vêtement honnête, avec pudeur et modestie, non point avec des tresses, ni avec de l’or, ni des perles, ni des habillemens somptueux ;

10 mais qu’elles soient ornées de bonnes œuvres, comme il est séant à des femmes qui font profession de servir Dieu.

11 Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission ;

12 car je ne permets point à la femme d’enseigner, ni d’user d’autorité sur le mari ; mais elle doit demeurer dans le silence.

13 Car Adam a été formé le premier, et puis Eve.

14 Et ce n’a point été Adam qui a été séduit ; mais la femme ayant été séduite, a été la cause de la transgression.

15 Elle sera néanmoins sauvée en mettant des enfans au monde, pourvu qu’elle persévère dans la foi, dans la charité et dans la sanctification, avec modestie.

CHAP. III.

Qualités de l’évêque, des diacres, et de l’église.


CETTE parole est certaine, que si quelqu’un désire d’être évêque, il désire une œuvre excellente.

2 Mais il faut que l’évêque soit irrépréhensible, mari d’une seule femme, vigilant, modéré, honorable, hospitalier, propre à enseigner,

3 non sujet au vin, non batteur, non convoiteux d’un gain déshonnête ; mais doux, non querelleur, non avare.

4 Conduisant honnêtement sa propre maison, tenant ses enfans soumis en toute pureté de mœurs.

5 Car, si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment pourra-t-il gouverner l’église de Dieu ?

6 Qu’il ne soit point nouvellement converti ; de peur qu’étant enflé d’orgueil, il ne tombe dans la condamnation du calomniateur.

7 Il faut aussi qu’il ait un bon témoignage de ceux de dehors ; qu’il ne tombe point dans des fautes qui puissent lui être reprochées, et dans le piége du démon.

8 Que les diacres aussi soient graves, non doubles en paroles, non sujets à beaucoup de vin, non convoiteux d’un gain déshonnête.

9 Retenant le mystère de la foi dans une conscience pure.

10 Que ceux-ci aussi soient premièrement éprouvés, et qu’ensuite ils servent, après avoir été trouvés sans reproche.

11 De même que leurs femmes soient honnêtes, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses.

12 Que les diacres soient maris d’une seule femme, conduisant honnêtement leurs enfans, et leurs propres familles.

13 Car ceux qui auront bien servi acquièrent un bon degré pour eux, et une grande liberté dans la foi qui est en Jésus-Christ.

14 Je t’écris ces choses, espérant que j’irai bientôt vers toi.

15 Mais en cas que je tarde, je t’écris ces choses, afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité.

16 Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand, savoir, que Dieu a été manifesté en chair, justifié en esprit, vu des anges, prêché aux Gentils, cru au monde, et élevé dans la gloire.

CHAP. IV.

Prédiction d’une grande apostasie, et exhortation à la piété.


OR, l’Esprit dit expressément, qu’aux derniers temps quelques-uns se révolteront de la foi, s’adonnant aux esprits séducteurs, et aux doctrines des démons ;

2 enseignant des mensonges par hypocrisie, et ayant une conscience cautérisée ;

3 défendant de se marier, commandant de s’abstenir des viandes que Dieu a créées pour les fidèles, et pour ceux qui ont connu la vérité, afin d’en user avec des actions de grâces.

4 Car toute créature de Dieu est bonne, et il n’y en a point qui soit à rejeter, étant prise avec actions de grâces,

5 parce qu’elle est sanctifiée par la parole de Dieu et par la prière.

6 Si tu proposes ces choses aux frères, tu seras bon ministre de Jésus-Christ, nourri dans les paroles de la foi, et de la bonne doctrine que tu as soigneusement suivie.

7 Mais rejette les fables profanes, et semblables aux récits des personnes dont l’esprit est affaibli, et exerce-toi dans la piété.

8 Car l’exercice corporel est utile à peu de chose ; mais la piété est utile à toutes choses, ayant les promesses de la vie présente, et de celle qui est à venir.

9 C’est là une parole certaine, et digne d’être entièrement reçue.

10 Car c’est aussi pour cela que nous travaillons et que nous sommes en opprobre, parce que nous espérons au Dieu vivant, qui est le conservateur de tous les hommes, mais principalement des fidèles.

11 Annonce ces choses, et les enseigne.

12 Que personne ne méprise ta jeunesse ; mais sois le modèle des fidèles en paroles, en conduite, en charité, en esprit, en foi, en pureté.

13 Sois attentif à la lecture, à l’exhortation et à l’instruction, jusqu’à ce que je vienne.

14 Ne néglige point le don qui est en toi, et qui t’a été conféré suivant la prophétie, par l’imposition des mains de la compagnie des anciens.

15 Pratique ces choses, et y sois attentif ; afin qu’il soit connu à tous que tu profites.

16 Prends garde à toi et à la doctrine, persévère en ces choses ; car en faisant cela tu te sauveras, et ceux qui t’écoutent.

CHAP. V.

Avis aux pasteurs sur leur conduite envers les autres et envers eux-mêmes.


NE reprends pas rudement l’homme âgé ; mais exhorte-le comme un père ; les jeunes gens, comme des frères ;

2 les femmes âgées, comme des mères ; les jeunes, comme des sœurs, en toute pureté.

3 Honore les veuves qui sont vraiment veuves.

4 Mais si quelque veuve a des enfans, ou des enfans de ses enfans, qu’ils apprennent premièrement à montrer leur piété envers leur propre maison, et à rendre la pareille à ceux dont ils sont descendus ; car cela est bon et agréable devant Dieu.

5 Or, celle qui est vraiment veuve, et qui est laissée seule, espère en Dieu, et persévère en prières et en oraisons nuit et jour.

6 Mais celle qui vit dans les délices est morte en vivant.

7 Avertis-les donc de ces choses, afin qu’elles soient irrépréhensibles.

8 Que si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle.

9 Que la veuve soit enregistrée n’ayant pas moins de soixante ans, et n’ayant eu qu’un seul mari ;

10 ayant le témoignage d’avoir fait de bonnes œuvres, comme d’avoir nourri ses propres enfans, d’avoir logé les étrangers, d’avoir lavé les pieds des saints, d’avoir secouru les affligés, et de s’être ainsi constamment appliquée à toutes sortes de bonnes œuvres.

11 Mais refuse les veuves qui sont plus jeunes ; car quand elles sont devenues lascives contre Christ, elles veulent se marier.

12 Ayant leur condamnation, en ce qu’elles ont faussé leur première foi.

13 Et avec cela aussi étant oisives, elles apprennent à aller de maison en maison ; et sont non seulement oisives, mais aussi causeuses, et curieuses, discourant de choses malséantes.

14 Je veux donc que les jeunes veuves se marient, qu’elles aient des enfans, qu’elles gouvernent leur ménage, et qu’elles ne donnent aucune occasion à l’adversaire de médire.

15 Car quelques-unes se sont déjà détournées après Satan.

16 Que si quelque homme, ou quelque femme fidèle, a des veuves, qu’ils les assistent ; mais que l’église n’en soit point chargée, afin qu’il y ait assez pour celles qui sont vraiment veuves.

17 Que les anciens qui président dûment, soient réputés dignes d’un double honneur ; principalement ceux qui travaillent à la prédication et à l’instruction.

18 Car l’écriture dit : Tu n’emmuseleras point le bœuf qui foule le grain ; et l’ouvrier est digne de son salaire.

19 Ne reçois point d’accusation contre l’ancien, que sur la déposition de deux ou de trois témoins.

20 Reprends publiquement ceux qui péchent, afin que les autres aussi en aient de la crainte.

21 Je te conjure devant Dieu, et devant le Seigneur Jésus-Christ, et devant les anges élus, de garder ces choses sans préférer l’une à l’autre, ne faisant rien en penchant d’un côté.

22 N’impose les mains à personne avec précipitation, et ne participe point aux péchés d’autrui ; garde-toi pour toi-même.

23 Ne bois plus uniquement de l’eau ; mais use d’un peu de vin, à cause de ton estomac, et des maladies que tu as souvent.

24 Les péchés de quelques-uns se manifestent auparavant, et précèdent pour leur condamnation ; mais en d’autres ils suivent après.

25 Les bonnes œuvres aussi se manifestent auparavant, et celles qui sont autrement ne peuvent point être cachées.

CHAP. VI.

Avis aux pasteurs, serviteurs, et riches avares.


QUE tous les esclaves sachent qu’ils doivent à leurs maîtres toute sorte d’honneur ; afin qu’on ne blasphème point le nom de Dieu et sa doctrine.

2 Que ceux aussi qui ont des maîtres fidèles ne les méprisent point, sous prétexte qu’ils sont leurs frères ; mais plutôt qu’ils les servent, à cause qu’ils sont fidèles, et bien-aimés de Dieu, étant participans de la grâce. Enseigne ces choses, et exhorte.

3 Si quelqu’un enseigne autrement, et ne se soumet point aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ, et à la doctrine qui est selon la piété,

4 il est enflé d’orgueil, ne sachant rien ; mais il est malade après des questions et des disputes de paroles, d’où naissent des envies, des querelles, des médisances, et de mauvais soupçons,

5 de vaines disputes d’hommes corrompus d’entendement, et privés de la vérité, qui estiment que la piété est un moyen de gagner. Retire-toi de ces sortes de gens.

6 Or la piété, avec le contentement d’esprit, est un grand gain.

7 Car nous n’avons rien apporté au monde, et aussi il est évident que nous n’en pouvons rien emporter.

8 Mais ayant la nourriture, et de quoi nous puissions être couverts, cela nous suffira.

9 Or ceux qui veulent devenir riches, tombent dans la tentation, et dans le piége, et en plusieurs désirs fous et nuisibles, qui plongent les hommes dans le malheur et dans la perdition.

10 Car c’est la racine de tous les maux que la convoitise des richesses, de laquelle quelques-uns étant possédés, ils se sont détournés de la foi, et se sont embarrassés eux-mêmes dans plusieurs douleurs.

11 Mais toi, homme de Dieu, fuis ces choses, et recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur ;

12 combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle aussi tu es appelé, et dont tu as fait une belle profession devant beaucoup de témoins.

13 Je t’ordonne devant Dieu, qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ, qui a fait cette belle confession devant Ponce-Pilate,

14 de garder ce commandement, en te conservant sans tache et irrépréhensible, jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ,

15 laquelle le bienheureux et seul prince, Roi des rois, et Seigneur des seigneurs, montrera en sa propre saison ;

16 lui qui seul possède l’immortalité, et qui habite une lumière inaccessible ; lequel nul des hommes n’a vu et ne peut voir, et auquel soit l’honneur et la force éternelle. Amen.

17 Dénonce à ceux qui sont riches en ce monde, qu’ils ne soient pas hautains, et qu’ils ne mettent pas leur confiance dans l’incertitude des richesses, mais au Dieu vivant, qui nous donne toutes choses abondamment pour en jouir.

18 Qu’ils fassent du bien ; qu’ils soient riches en bonnes œuvres ; qu’ils soient prompts à donner, libéraux ;

19 se faisant un trésor pour l’avenir, appuyé sur un fondement solide, afin qu’ils obtiennent la vie éternelle.

20 Timothée, garde le dépôt, en fuyant les disputes vaines et profanes, et les contradictions d’une science faussement ainsi nommée,

21 de laquelle quelques-uns faisant profession, se sont détournés de la foi. Que la grâce soit avec toi ! Amen.


SECONDE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

À TIMOTHÉE.

CHAP. I.

Affection de saint Paul envers Timothée ; exhortation à la constance.


PAUL, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, selon la promesse de la vie qui est en Jésus-Christ ;

2 à Timothée, mon fils bien-aimé ; que la grâce, la miséricorde et la paix te soient données de la part de Dieu le Père, et de la part de Jésus-Christ notre Seigneur.

3 Je rends grâces à Dieu, lequel je sers dès mes ancêtres avec une pure conscience, faisant sans cesse mention de toi dans mes prières nuit et jour.

4 Me souvenant de tes larmes, je désire fort de te voir, afin que je sois rempli de joie ;

5 et me souvenant de la foi sincère qui est en toi, et qui a premièrement habité en Loïs, ta grand’mère, et en Eunice, ta mère, et je suis persuadé qu’elle habite aussi en toi.

6 C’est pourquoi je t’exhorte de ranimer le don de Dieu qui est en toi, par l’imposition de mes mains.

7 Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, de charité et de prudence.

8 Ne prends donc point à honte le témoignage de notre Seigneur, ni moi, qui suis son prisonnier ; mais prends part aux afflictions de l’évangile, selon la puissance de Dieu,

9 qui nous a sauvés, et qui nous a appelés par une sainte vocation, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels ;

10 et qui maintenant a été manifestée par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort, et qui a mis en lumière la vie et l’immortalité par l’évangile ;

11 pour lequel j’ai été établi prédicateur, apôtre, et docteur des Gentils.

12 C’est pourquoi aussi je souffre ces choses ; mais je n’en ai point de honte ; car je connais celui en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à cette journée-là.

13 Retiens le modèle des saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ.

14 Garde le bon dépôt, par le Saint-Esprit qui habite en nous.

15 Tu sais ceci, que tous ceux qui sont en Asie se sont éloignés de moi, entre lesquels sont Phygelle et Hermogène.

16 Le Seigneur fasse miséricorde à la maison d’Onésiphore ; car souvent il m’a consolé, et il n’a point eu honte de ma chaîne ;

17 au contraire, quand il a été à Rome, il m’a cherché très-soigneusement, et il m’a trouvé.

18 Le Seigneur lui fasse trouver miséricorde devant le Seigneur en cette journée-là ; et tu sais mieux que personne combien il m’a rendu de services à Ephèse.

CHAP. II.

Exhortation à Timothée de faire sa charge, en souffrant avec fermeté et avec courage.


TOI donc, mon fils, sois fortifié dans la grâce qui est en Jésus-Christ.

2 Et les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins, commets-les à des personnes fidèles qui soient capables de les enseigner aussi à d’autres.

3 Toi donc, endure les travaux, comme un bon soldat de Jésus-Christ.

4 Nul qui va à la guerre ne s’embarrasse des affaires de cette vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre.

5 De même, si quelqu’un combat dans la lice, il n’est point couronné s’il n’a combattu selon les lois.

6 Il faut aussi que le laboureur travaille premièrement, et ensuite il recueille les fruits.

7 Considère ce que je dis ; or le Seigneur te donne de l’intelligence en toutes choses.

8 Souviens-toi que Jésus-Christ, qui est de la semence de David, est ressuscité des morts selon mon évangile ;

9 pour lequel je souffre beaucoup de maux, jusqu’à être mis dans les chaînes, comme un malfaiteur ; mais cependant la parole de Dieu n’est point liée.

10 C’est pourquoi je souffre tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Jésus-Christ, avec la gloire éternelle.

11 Cette parole est certaine, que si nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui.

12 Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, il nous reniera aussi.

13 Si nous sommes des perfides, il demeure fidèle ; il ne peut se renier soi-même.

14 Remets ces choses en mémoire, protestant devant le Seigneur qu’on ne dispute point de paroles, ce qui est une chose dont il ne revient aucun profit, mais elle est la ruine des auditeurs.

15 Etudie-toi de te rendre approuvé de Dieu, ouvrier sans reproche, enseignant purement la parole de la vérité.

16 Mais réprime les disputes vaines et profanes, car elles passeront plus avant dans l’impiété ;

17 et leur parole rongera comme une gangrène, et entre ceux-là sont Hyménée et Philète ;

18 qui se sont écartés de la vérité, en disant que la résurrection est déjà arrivée, et qui renversent la foi de quelques-uns.

19 Toutefois le fondement de Dieu demeure ferme, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ; et, quiconque invoque le nom de Christ, qu’il se retire de l’iniquité.

20 Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vaisseaux d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre ; les uns à honneur, et les autres à déshonneur.

21 Si quelqu’un donc se purifie de ces choses, il sera un vaisseau sanctifié à honneur, et utile au Seigneur, et préparé à toute bonne œuvre.

22 Fuis aussi les désirs de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, la charité et la paix avec ceux qui invoquent d’un cœur pur le Seigneur ;

23 et rejette les questions folles, et qui sont sans instruction, sachant qu’elles ne font que produire des querelles.

24 Or il ne faut pas que le serviteur du Seigneur soit querelleur, mais doux envers tout le monde, propre à enseigner, supportant patiemment les mauvais ;

25 enseignant avec douceur ceux qui ont un sentiment contraire, afin d’essayer si quelque jour Dieu leur donnera la repentance pour reconnaître la vérité ;

26 et afin qu’ils se réveillent pour sortir des piéges du démon, par lequel ils ont été pris pour faire sa volonté.

CHAP. III.

Prédiction d’une grande corruption de mœurs. Eloge de l’Ecriture.


OR sache ceci, qu’aux derniers jours il surviendra des temps fâcheux.

2 Car les hommes seront idolâtres d’eux-mêmes, avares, vains, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissans à leurs pères et à leurs mères, ingrats, profanes ;

3 sans affection naturelle, sans fidélité, calomniateurs, incontinens, cruels, haïssant les gens de bien ;

4 traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amateurs des voluptés plutôt que de Dieu.

5 ayant l’apparence de la piété, mais en ayant renié la force. Eloigne-toi donc de telles gens.

6 Or d’entre ceux-ci sont ceux qui se glissent dans les maisons, et qui tiennent captives les femmes chargées de péchés, et agitées de diverses convoitises ;

7 qui apprennent toujours, mais qui ne peuvent jamais parvenir à la pleine connaissance de la vérité.

8 Et comme Janès et Jambrès ont résisté à Moïse, ceux-ci de même résistent à la vérité, étant des gens qui ont l’esprit corrompu, et qui sont réprouvés quant à la foi.

9 Mais ils n’avanceront pas plus avant ; car leur folie sera manifestée à tous, comme le fut celle de ceux-là.

10 Mais, pour toi, tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite, mon intention, ma foi, ma douceur, ma charité, ma patience.

11 Et tu sais les persécutions et les afflictions qui me sont arrivées à Antioche, à Iconie, et à Lystre ; quelles persécutions, dis-je, j’ai soutenues, et comment le Seigneur m’a délivré de toutes.

12 Or tous ceux aussi qui veulent vivre selon la piété en Jésus-Christ, souffriront persécution.

13 Mais les hommes méchans et séducteurs iront en empirant, séduisant et étant séduits.

14 Mais toi, demeure ferme dans les choses que tu as apprises, et qui t’ont été confiées, sachant de qui tu les as apprises ;

15 vu même que dès ton enfance tu as la connaissance des saintes lettres, qui te peuvent rendre sage à salut, par la foi en Jésus-Christ.

16 Toute l’écriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, et pour instruire selon la justice ;

17 afin que l’homme de Dieu soit accompli, et parfaitement instruit pour toute bonne œuvre.

CHAP. IV.

Du devoir des pasteurs. Combat de saint Paul ; sa confiance.


JE te conjure donc devant Dieu, et devant le Seigneur Jésus-Christ, qui doit juger les vivans et les morts, en son apparition et en son règne ;

2 prêche la parole, insiste dans toutes les occasions ; reprends, censure, exhorte avec toute douceur d’esprit, et avec doctrine.

3 Car le temps viendra auquel ils ne souffriront point la saine doctrine, mais aimant qu’on leur chatouille les oreilles, par des discours agréables, ils chercheront des docteurs qui répondent à leurs désirs ;

4 et ils détourneront leurs oreilles de la vérité, et se tourneront aux fables.

5 Mais toi, veille en toutes choses, souffre les afflictions ; fais l’œuvre d’un évangéliste ; rends ton ministère pleinement approuvé.

6 Car pour moi, je vais maintenant être mis pour l’aspersion du sacrifice, et le temps de mon départ est proche.

7 J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi.

8 Au reste, la couronne de justice m’est réservée, et le Seigneur, juste juge, me la rendra en cette journée-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé son apparition.

9 Hâte-toi de venir bientôt vers moi ;

10 car Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle, et il s’en est allé à Thessalonique ; Crescens est allé en Galatie, et Tite en Dalmatie.

11 Luc est seul avec moi. Prends Marc, et amène-le avec toi ; car il m’est fort utile pour le ministère.

12 J’ai aussi envoyé Tychique à Ephèse.

13 Quand tu viendras, apporte avec toi le manteau que j’ai laissé à Troas chez Carpus, et les livres aussi ; mais principalement mes parchemins.

14 Alexandre le forgeron m’a fait beaucoup de maux ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres.

15 Garde-toi donc de lui, car il s’est fort opposé à nos paroles.

16 Personne ne m’a assisté dans ma première défense, mais tous m’ont abandonné ; toutefois que cela ne leur soit point imputé.

17 Mais le Seigneur m’a assisté et fortifié, afin que ma prédication fût rendue pleinement approuvée, et que tous les Gentils l’ouïssent ; et j’ai été délivré de la gueule du lion.

18 Le Seigneur aussi me délivrera de toute mauvaise œuvre, et me sauvera dans son royaume céleste. À lui soit gloire aux siècles des siècles ! Amen.

19 Salue Prisce et Aquile, et la famille d’Onésiphore.

20 Eraste est demeuré à Corinthe, et j’ai laissé Trophime malade à Milet.

21 Hâte-toi de venir avant l’hiver. Eubulus, et Pudens, et Linus, et Claudia, et tous les frères, te saluent.

22 Le Seigneur Jésus-Christ soit avec ton esprit ! Que la grâce soit avec vous ! Amen.



ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

À TITE.

CHAP. I.

Des qualités et de la conduite des pasteurs, et du caractère des Crétois.


PAUL, serviteur de Dieu, et apôtre de Jésus-Christ, selon la foi des élus de Dieu, et la connaissance de la vérité, qui est selon la piété ;

2 sous l’espérance de la vie éternelle, laquelle Dieu, qui ne peut mentir, avait promise avant les temps éternels ;

3 mais qu’il a manifestée en son propre temps, savoir sa parole, dans la prédication qui m’est commise par le commandement de Dieu notre Sauveur ;

4 à Tite, mon vrai fils, selon la foi qui nous est commune ; que la grâce, la miséricorde et la paix te soient données de la part de Dieu, notre Père, et de la part du Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur.

5 La raison pour laquelle je t’ai laissé en Crète, c’est afin que tu achèves de mettre en bon ordre les choses qui restent à régler, et que tu établisses des anciens de ville en ville, suivant ce que je t’ai ordonné ;

6 ne choisissant aucun homme qui ne soit irrépréhensible, mari d’une seule femme, et dont les enfans soient fidèles, et qui ne soient pas accusés de dissolution, ni désobéissans.

7 Car il faut que l’évêque soit irrépréhensible, comme étant dispensateur dans la maison de Dieu, non adonné à son sens, non colère, non sujet au vin, non batteur, non convoiteux d’un gain déshonnête ;

8 mais hospitalier, aimant les gens de bien, sage, juste, saint, continent ;

9 retenant ferme la parole de la vérité comme elle lui a été enseignée, afin qu’il soit capable tant d’exhorter par la saine doctrine, que de convaincre les contredisans.

10 Car il y en a plusieurs qui ne veulent point se soumettre, vains discoureurs et séducteurs d’esprit, principalement ceux qui sont de la circoncision, auxquels il faut fermer la bouche.

11 Et qui renversent les maisons toutes entières, enseignant pour un gain déshonnête des choses qu’on ne doit point enseigner.

12 Quelqu’un d’entre eux, qui était leur propre prophète, a dit : Les Crétois sont toujours menteurs, de mauvaises bêtes, des ventres paresseux.

13 Ce témoignage est véritable ; c’est pourquoi reprends-les vivement, afin qu’ils soient saints en la foi ;

14 ne s’adonnant point aux fables judaïques, et aux commandemens des hommes qui se détournent de la vérité.

15 Toutes choses sont bien pures pour ceux qui sont purs ; mais rien n’est pur pour les impurs et les infidèles ; mais leur entendement et leur conscience sont souillés.

16 Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renoncent par leurs œuvres ; car ils sont abominables, et rebelles, et réprouvés par toute bonne œuvre.

CHAP. II.

Règles de l’obéissance à la grâce salutaire pour divers états.


MAIS toi, enseigne les choses qui conviennent à la saine doctrine.

2 Que les vieillards soient sobres, graves, prudens, saints en la foi, en la charité, et en la patience.

3 De même, que les femmes âgées règlent leur extérieur d’une manière convenable à la sainteté ; qu’elles ne soient ni médisantes, ni sujettes à beaucoup de vin, mais qu’elles enseignent de bonnes choses ;

4 afin qu’elles instruisent les jeunes femmes à être modestes, à aimer leurs maris, à aimer leurs enfans ;

5 à être sages, pures, gardant la maison, bonnes, soumises à leurs maris, afin que la parole de Dieu ne soit point blasphémée.

6 Exhorte aussi les jeunes hommes à être modérés ;

7 te montrant toi-même pour modèle de bonnes œuvres en toutes choses, en une doctrine exempte de toute altération, en gravité, en intégrité,

8 en paroles saines, que l’on ne puisse point condamner, afin que celui qui vous est contraire soit rendu confus, n’ayant aucun mal à dire de vous.

9 Que les serviteurs soient soumis à leurs maîtres, leur complaisant en toutes choses, n’étant point contre-disans ;

10 ne détournant rien de ce qui appartient à leurs maîtres, mais faisant toujours paraître une grande fidélité, afin de rendre honorable en toutes choses la doctrine de Dieu notre Sauveur.

11 Car la grâce de Dieu, salutaire à tous les hommes, a été manifestée.

12 Nous enseignant qu’en renonçant à l’impiété et aux passions mondaines, nous vivions, dans ce présent siècle, sobrement, justement et religieusement.

13 En attendant la bienheureuse espérance, et l’apparition de la gloire du grand Dieu, et notre Sauveur Jésus-Christ ;

14 qui s’est donné soi-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de nous purifier, pour lui être un peuple qui lui appartienne en propre, et qui soit zélé pour les bonnes œuvres.

15 Enseigne ces choses, exhorte et reprends avec toute autorité de commander. Que personne ne te méprise.

CHAP. III.

De s’appliquer à la bénignité de Dieu et aux bonnes œuvres, sans contestation.


AVERTIS-les d’être soumis aux principautés et aux puissances, d’obéir aux gouverneurs, d’être prêts à faire toutes sortes de bonnes actions ;

2 de ne médire de personne, de n’être point querelleurs ; mais doux, et montrant une parfaite douceur envers tous les hommes.

3 Car nous étions aussi autrefois insensés, rebelles, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés ; vivant dans la malice et dans l’envie, dignes d’être haïs, et nous haïssant l’un l’autre.

4 Mais quand la bonté de Dieu notre Sauveur, et son amour envers les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés ;

5 non par des œuvres de justice que nous eussions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération, et le renouvellement du Saint-Esprit ;

6 lequel il a répandu abondamment en nous par Jésus-Christ, notre Sauveur ;

7 afin qu’ayant été justifiés par sa grâce, nous soyons les héritiers de la vie éternelle selon notre espérance.

8 Cette parole est certaine et je veux que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui ont cru en Dieu, aient soin les premiers de s’appliquer aux bonnes œuvres ; voilà les choses qui sont bonnes et utiles aux hommes.

9 Mais réprime les folles questions, les généalogies, les contestations et les disputes de la loi ; car elles sont inutiles et vaines.

10 Rejette l’homme hérétique, après le premier et le second avertissement.

11 Sachant qu’un tel homme est perverti, et qu’il péche, étant condamné par lui-même.

12 Quand j’enverrai vers toi Artémas, ou Tychique, hâte-toi de venir vers moi à Nicopolis ; car j’ai résolu d’y passer l’hiver.

13 Accompagne soigneusement Zénas, docteur de la loi, et Apollos, afin que rien ne leur manque.

14 Que les nôtres aussi apprennent à être les premiers à s’appliquer aux bonnes œuvres, pour les usages nécessaires, afin qu’ils ne soient point sans fruit.

15 Tous ceux qui sont avec moi te saluent. Salue ceux qui nous aiment en la foi. Que la grâce soit avec vous tous ! Amen.



ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

À PHILÉMON.

Pour réveiller sa foi et sa charité envers l’esclave Onésime.


PAUL, prisonnier de Jésus-Christ, et le frère Timothée, à Philémon notre bien-aimé, et compagnon d’œuvre ;

2 et à Apphie notre bien-aimée, et à Archippe notre compagnon d’armes, et à l’église qui est en ta maison.

3 Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu, notre Père, et de la part du Seigneur Jésus-Christ.

4 Je rends grâces à mon Dieu, faisant toujours mention de toi dans mes prières ;

5 apprenant la foi que tu as au Seigneur Jésus, et ta charité envers tous les saints ;

6 afin que la communication de ta foi montre son efficace, en se faisant connaître par tout le bien qui est en vous par Jésus-Christ.

7 Car, mon frère, nous avons une grande joie et une grande consolation de ta charité, en ce que tu as réjoui les entrailles des saints.

8 C’est pourquoi bien que j’aie une grande liberté en Christ de te commander ce qui est de ton devoir ;

9 cependant je te prie plutôt par la charité, bien que je sois ce que je suis, savoir Paul, ancien, et même maintenant prisonnier de Jésus-Christ ;

10 je te prie donc pour mon fils Onésime, que j’ai engendré dans mes liens ;

11 qui t’a été autrefois inutile, mais qui maintenant est bien utile et à toi et à moi, et lequel je te renvoie.

12 Reçois-le donc comme mes propres entrailles.

13 Je voulais le retenir auprès de moi, afin qu’il me servît à ta place dans les liens de l’évangile.

14 Mais je n’ai rien voulu faire sans ton avis, afin que ce ne fût point comme par contrainte, mais volontairement, que tu me laissasses un bien qui est à toi.

15 Car peut-être n’a-t-il été séparé de toi pour un temps, qu’afin que tu le recouvrasses pour toujours,

16 non plus comme un esclave, mais comme étant au-dessus d’un esclave, savoir, comme un frère bien-aimé, principalement de moi ; et combien plus de toi, soit selon la chair, soit selon le Seigneur.

17 Si donc tu me tiens pour ton compagnon, reçois-le comme moi-même.

18 Que s’il t’a fait quelque tort, ou s’il te doit quelque chose, mets-le-moi en compte.

19 Moi, Paul, j’ai écrit ceci de ma propre main ; je te le paierai, pour ne pas te dire que tu te dois toi-même à moi.

20 Oui, mon frère, que je reçoive ce plaisir de toi en notre Seigneur ; réjouis mes entrailles en notre Seigneur.

21 Je t’ai écrit, étant persuadé de ton obéissance, et sachant que tu feras même plus que je ne te dis.

22 Mais aussi en même temps prépare-moi un logement ; car j’espère que je vous serai donné par vos prières.

23 Epaphras, qui est prisonnier avec moi en Jésus-Christ, te salue ;

24 Marc aussi, et Aristarque, et Démas, et Luc, mes compagnons d’œuvre.

25 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit ! Amen.



ÉPÎTRE DE SAINT PAUL, APÔTRE,

AUX HÉBREUX.

CHAP. I.

Jésus-Christ, Fils de Dieu, élevé au-dessus des anges et de toutes les créatures.


DIEU, ayant anciennement parlé à nos pères par les prophètes, à plusieurs fois et en plusieurs manières,

2 nous a parlé en ces derniers jours par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a fait les siècles ;

3 et qui, étant la splendeur de sa gloire et l’empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, ayant fait par lui-même la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les lieux très-hauts.

4 Etant fait d’autant plus excellent que les anges, qu’il a hérité un nom plus excellent que le leur.

5 Car auquel des anges a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, je t’ai aujourd’hui engendré ? Et ailleurs : Je lui serai Père, et il me sera Fils ?

6 Et encore, quand il introduit dans le monde son Fils premier-né, il est dit : Et que tous les anges de Dieu l’adorent.

7 Car quant aux anges, il est dit : Faisant des vents ses anges, et de la flamme de feu ses ministres.

8 Mais il est dit, quant au Fils : O Dieu ! ton trône demeure aux siècles des siècles, et le sceptre de ton royaume est un sceptre d’équité ;

9 tu as aimé la justice, et tu as haï l’iniquité ; c’est pourquoi, ô Dieu ! ton Dieu t’a oint d’une huile de joie, par-dessus tous tes semblables.

10 Et dans un autre endroit : Toi, Seigneur, tu as fondé la terre dès le commencement, et les cieux sont les ouvrages de tes mains ;

11 ils périront, mais tu es permanent ; et ils vieilliront tous comme un vêtement ;

12 et tu les plieras en rouleau comme un habit, et ils seront changés ; mais toi, tu es le même, et tes ans ne finiront point.

13 Et auquel des anges a-t-il jamais dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds ?

14 Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui doivent recevoir l’héritage du salut ?

CHAP. II.

Exhortation à obéir à la doctrine de Jésus-Christ, venu pour nous sauver.


C’EST pourquoi il nous faut prendre garde de plus près aux choses que nous avons ouïes, de peur que nous ne les laissions écouler.

2 Car si la parole prononcée par les anges a été ferme, et si toute transgression et désobéissance a reçu une juste rétribution ;

3 comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut, qui ayant premièrement commencé d’être annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’avaient ouï ?

4 Dieu leur rendant aussi témoignage par des prodiges et des miracles, et par plusieurs autres différens effets de sa puissance, et par les distributions du Saint-Esprit, selon sa volonté.

5 Car ce n’est point aux anges qu’il a assujetti le monde à venir, duquel nous parlons.

6 Et quelqu’un a rendu ce témoignage en quelque autre endroit, disant : Qu’est-ce que de l’homme, que tu te souviennes de lui ? ou du fils de l’homme, que tu le visites ?

7 Tu l’as fait un peu moindre que les anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur, et l’as établi sur les œuvres de tes mains.

8 Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds. Or, en ce qu’il lui a assujetti toutes choses, il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti ; mais nous ne voyons pourtant pas encore que toutes choses lui soient assujetties.

9 Mais nous voyons couronné de gloire et d’honneur celui qui avait été fait un peu moindre que les anges, c’est à savoir Jésus, par la passion de sa mort, afin que par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous.

10 Car il était convenable que celui pour qui sont toutes choses, et par qui sont toutes choses, puisqu’il amenait plusieurs enfans à la gloire, consacrât le Prince de leur salut par les afflictions.

11 Car, et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, descendent tous d’un même Père ; c’est pourquoi il ne prend point à honte de les appeler ses frères,

12 disant : J’annoncerai ton nom à mes frères, et je te louerai au milieu de l’assemblée.

13 Et ailleurs : Je me confierai en lui. Et encore : Me voici, moi, et les enfans que Dieu m’a donnés.

14 Puis donc que les enfans participent à la chair et au sang, lui aussi de même a participé aux mêmes choses, afin que par la mort il détruisît celui qui avait l’empire de la mort, c’est à savoir, le diable ;

15 et qu’il en délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient assujettis toute leur vie à la servitude.

16 Car certes, il n’a nullement pris les anges, mais il a pris la semence d’Abraham.

17 C’est pourquoi il a fallu qu’il fût semblable en toutes choses à ses frères, afin qu’il fût un souverain sacrificateur, miséricordieux, et fidèle dans les choses qui doivent être faites envers Dieu, pour faire la propitiation pour les péchés du peuple.

18 Car, parce qu’il a souffert étant tenté, il est puissant aussi pour secourir ceux qui sont tentés.

CHAP. III.

De l’obéissance due à Jésus-Christ, Fils de la maison de Dieu, dont Moïse était le serviteur.


C’EST pourquoi, mes frères saints, qui êtes participans de la vocation céleste, considérez attentivement Jésus-Christ, l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre profession ;

2 qui est fidèle à celui qui l’a établi, comme Moïse aussi était fidèle en toute sa maison.

3 Or Jésus-Christ a été jugé digne d’une gloire d’autant plus grande que celle de Moïse, que celui qui a bâti la maison est d’une plus grande dignité que la maison même.

4 Car toute maison est bâtie par quelqu’un : or, celui qui a bâti toutes ces choses, c’est Dieu.

5 Et, quant à Moïse, il a bien été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme serviteur, pour témoigner des choses qui devaient être dites ;

6 mais Christ, comme Fils, est sur sa maison ; et nous sommes sa maison, pourvu que nous conservions jusqu’à la fin la ferme confiance et la gloire de l’espérance.

7 C’est pourquoi, comme dit le Saint-Esprit : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix,

8 n’endurcissez point vos cœurs, comme il arriva dans le lieu de l’irritation, au jour de la tentation au désert,

9 où vos pères m’ont tenté et m’ont éprouvé, et ils ont vu mes œuvres durant quarante ans.

10 C’est pourquoi j’ai été ennuyé de cette génération, et j’ai dit : Leur cœur s’égare toujours, et ils n’ont point connu mes voies.

11 Aussi j’ai juré en ma colère : Si jamais ils entrent en mon repos.

12 Mes frères, prenez garde qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un mauvais cœur d’incrédulité, pour abandonner le Dieu vivant.

13 Mais exhortez-vous l’un l’autre chaque jour, pendant que ce jour nous éclaire ; de peur que quelqu’un de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché.

14 Car nous avons été faits participans de Christ, pourvu que nous retenions ferme jusqu’à la fin le commencement de notre subsistance.

15 Pendant qu’il est dit : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez point vos cœurs, comme il arriva dans le lieu de l’irritation.

16 Car quelques-uns l’ayant entendue, le provoquèrent à la colère ; mais ce ne furent pas tous ceux qui étaient sortis d’Egypte par Moïse.

17 Mais desquels fut-il ennuyé durant quarante ans ? Ne fût-ce pas de ceux qui péchèrent, et dont les corps tombèrent dans le désert ?

18 Et auxquels jura-t-il qu’ils n’entreraient point en son repos, sinon à ceux qui furent rebelles ?

19 Ainsi nous voyons qu’ils n’y purent entrer à cause de leur incrédulité.

CHAP. IV.

De l’entrée au sabbat de Dieu cérémoniel et spirituel, et de l’efficace de la parole.


CRAIGNONS donc que quelqu’un d’entre vous, négligeant la promesse d’entrer dans son repos, ne s’en trouve privé ;

2 car il nous a été évangélisé, comme il le fut à ceux-là ; mais la parole de la prédication ne leur servit de rien, parce qu’elle n’était point mêlée avec la foi dans ceux qui l’ouïrent.

3 Mais pour nous, qui avons cru, nous entrerons dans le repos, suivant ce qui a été dit : C’est pourquoi j’ai juré en ma colère, Si jamais ils entrent en mon repos ! quoique ses ouvrages fussent déjà achevés dès la fondation du monde.

4 Car il a été dit ainsi en quelque lieu touchant le septième jour : Et Dieu se reposa de tous ses ouvrages au septième jour.

5 Et encore en ce passage : Si jamais ils entrent en mon repos !

6 Puis donc qu’il reste que quelques-uns y entrent, et que ceux à qui premièrement il a été évangélisé n’y sont point entrés, à cause de leur incrédulité ;

7 Dieu détermine encore un certain jour, qu’il appelle aujourd’hui, en disant par David, si long-temps après, selon ce qui a été dit : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez point vos cœurs.

8 Car si Josué les eût introduits dans le repos, jamais après cela il n’eût parlé d’un autre jour.

9 Il reste donc un repos pour le peuple de Dieu.

10 Car celui qui est entré en son repos, s’est reposé aussi de ses œuvres, comme Dieu s’était reposé des siennes.

11 Etudions-nous donc d’entrer dans ce repos-là, de peur que quelqu’un ne tombe en imitant une semblable incrédulité.

12 Car la parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchans ; et elle atteint jusqu’à la division de l’âme, de l’esprit, des jointures et des moëlles, et elle est juge des pensées et des intentions du cœur.

13 Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui ; mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de celui devant lequel nous avons affaire.

14 Puis donc que nous avons un souverain et grand-sacrificateur, Jésus, Fils de Dieu, qui est entré dans les cieux, tenons ferme notre profession ;

15 car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse avoir compassion de nos infirmités ; mais nous avons celui qui a été tenté comme nous en toutes choses, excepté le péché.

16 Allons donc avec assurance au trône de la grâce, afin que nous obtenions miséricorde, et que nous trouvions grâce, pour être aidés dans le besoin.

CHAP. V.

Jésus-Christ établi de Dieu dans la dignité de souverain sacrificateur.


OR, tout souverain sacrificateur se prenant d’entre les hommes, est établi pour les hommes dans les choses qui concernent le service de Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices pour les péchés ;

2 étant propre à avoir suffisamment pitié des ignorans et des errans, parce qu’il est aussi lui-même environné d’infirmité.

3 Tellement qu’à cause de cette infirmité il doit offrir pour les péchés, non seulement pour le peuple, mais aussi pour lui-même.

4 Or, nul ne s’attribue cet honneur, mais celui-là en jouit qui est appelé de Dieu, comme Aaron.

5 De même aussi Christ ne s’est point glorifié lui-même pour être fait souverain sacrificateur ; mais celui-là l’a glorifié, qui lui a dit : C’est toi qui es mon Fils, je t’ai aujourd’hui engendré.

6 Comme il lui dit aussi en un autre endroit : Tu es sacrificateur éternellement selon l’ordre de Melchisédec.

7 C’est ce Jésus qui durant les jours de la chair ayant offert avec de grands cris, et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui le pouvait sauver de la mort, et ayant été exaucé de ce qu’il craignait,

8 quoiqu’il fût le Fils de Dieu, il a pourtant appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes.

9 Et ayant été consacré, il a été l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent ;

10 étant appelé de Dieu à être souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec ;

11 sur quoi nous avons beaucoup de choses à dire ; mais elles sont difficiles à expliquer, à cause que vous êtes devenus paresseux à écouter.

12 Car, au lieu que vous devriez être maîtres, vu le temps, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne quels sont les rudimens du commencement des paroles de Dieu ; et vous êtes devenus tels, que vous avez encore besoin de lait, et non de viande solide.

13 Or, quiconque use du lait, ne sait point ce que c’est que la parole de la justice ; parce qu’il est un enfant ;

14 mais la viande solide est pour ceux qui sont déjà hommes faits, c’est-à-dire, pour ceux qui, pour y être habitués, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal.

CHAP. VI.

De la misère des apostats, et de l’ancre sûre et ferme de notre âme.


C’EST pourquoi laissant la parole qui n’enseigne que les premiers principes du christianisme, tendons à la perfection, et ne nous arrêtons pas à jeter tout de nouveau le fondement de la repentance des œuvres mortes, et de la foi en Dieu ;

2 de la doctrine des baptêmes, et de l’imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel.

3 Et c’est ce que nous ferons, si Dieu le permet.

4 Or il est impossible que ceux qui ont été une fois illuminés, et qui ont goûté le don céleste, et qui ont été faits participans du Saint-Esprit,

5 et qui ont goûté la bonne parole de Dieu, et les puissances du siècle à venir ;

6 s’ils retombent, soient changés de nouveau par la repentance, vu que, quant à eux, ils crucifient de nouveau le Fils de Dieu, et l’exposent à l’opprobre.

7 Car la terre qui boit souvent la pluie qui vient sur elle, et qui produit des herbes propres à ceux par qui elle est labourée, reçoit la bénédiction de Dieu ;

8 mais celle qui produit des épines et des chardons, est rejetée, et proche de malédiction ; et sa fin est d’être brûlée.

9 Or, nous nous sommes persuadés, par rapport à vous, mes bien-aimés, de meilleures choses, et convenables au salut, quoique nous parlions ainsi.

10 Car Dieu n’est pas injuste, pour oublier votre œuvre, et le travail de la charité que vous avez témoigné pour son nom, en ce que vous avez secouru les saints, et que vous les secourez encore.

11 Or, nous souhaitons que chacun de vous montre jusqu’à la fin le même soin pour la pleine certitude et l’espérance ;

12 afin que vous ne vous relâchiez point, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et par la patience, héritent ce qui leur a été promis.

13 Car lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, parce qu’il ne pouvait point jurer par un plus grand, il jura par lui-même,

14 en disant : Certes, je te bénirai abondamment, et je te multiplierai merveilleusement.

15 Et ainsi Abraham ayant attendu patiemment, obtint ce qui lui avait été promis.

16 Car les hommes jurent par un plus grand qu’eux, et le serment qu’ils font pour confirmer leur parole, met fin à tous leurs différends.

17 C’est pourquoi, Dieu voulant faire mieux connaître aux héritiers de la promesse la fermeté immuable de son conseil, il y a fait intervenir le serment ;

18 afin que par deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu trompe, nous ayons une ferme consolation, nous qui avons notre refuge à obtenir l’accomplissement de l’espérance qui nous est proposée ;

19 et laquelle nous tenons comme une ancre sûre et ferme de l’âme, et qui pénètre jusqu’au dedans du voile,

20 où Jésus est entré comme notre précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.

CHAP. VII.

Comparaison de Jésus-Christ et de son sacerdoce avec Melchisédec.


CAR ce Melchisédec était roi de Salem, et sacrificateur du Dieu souverain, qui vint au-devant d’Abraham lorsqu’il retournait de la défaite des rois, et qui le bénit ;

2 et auquel Abraham donna pour sa part la dîme de tout. Son nom signifie premièrement roi de justice, et puis il a été roi de Salem, c’est-à-dire, roi de paix ;

3 sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie ; mais étant fait semblable au Fils de Dieu, il demeure sacrificateur à toujours.

4 Or considérez combien grand était celui à qui même Abraham le patriarche donna la dîme du butin.

5 Car quant à ceux d’entre les enfans de Lévi qui reçoivent la sacrificature, ils ont bien une ordonnance de dîmer le peuple selon la loi, c’est-à-dire, de dîmer leurs frères, bien qu’ils soient sortis des reins d’Abraham.

6 Mais celui qui n’est point compté d’une même race qu’eux, a dîmé Abraham, et a béni celui qui avait les promesses.

7 Or, sans contredit, celui qui est le moindre est béni par celui qui est le plus grand.

8 Et ici les hommes qui sont mortels prennent les dîmes ; mais là, celui-là les prend duquel il est rendu témoignage qu’il est vivant.

9 Et, par manière de parler, Lévi même qui prend des dîmes, a été dîmé en Abraham ;

10 car il était encore dans les reins de son père, quand Melchisédec vint au-devant de lui.

11 Si donc la perfection s’était trouvée dans la sacrificature lévitique (car c’est sous elle que le peuple a reçu la loi), quel besoin était-il après cela qu’un autre sacrificateur se levât selon l’ordre de Melchisédec, et qui ne fût point nommé selon l’ordre d’Aaron ?

12 Or, la sacrificature étant changée, il est nécessaire qu’il y ait aussi un changement de loi.

13 Car celui à l’égard duquel ces choses sont dites, appartient à une autre tribu, de laquelle nul n’a assisté à l’autel ;

14 car il est évident que notre Seigneur est descendu de la tribu de Juda, à l’égard de laquelle Moïse n’a rien dit de la sacrificature.

15 Et cela est encore plus incontestable, en ce qu’un autre sacrificateur, à la ressemblance de Melchisédec, est suscité,

16 qui n’a point été fait sacrificateur selon la loi du commandement charnel, mais selon la puissance de la vie impérissable.

17 Car Dieu lui rend ce témoignage : Tu es sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.

18 Or, il se fait une abolition du commandement qui a précédé, à cause de sa faiblesse, et parce qu’il ne pouvait point profiter.

19 Car la loi n’a rien amené à la perfection ; mais ce qui a amené à la perfection, c’est ce qui a été introduit par-dessus, savoir une meilleure espérance, par laquelle nous approchons de Dieu.

20 D’autant plus même que ce n’a point été sans serment. Or ceux-là ont été faits sacrificateurs sans serment ;

21 mais celui-ci l’a été avec serment, par celui qui lui a dit : Le Seigneur l’a juré, et il ne s’en repentira point ; tu es Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.

22 C’est donc d’une beaucoup plus excellente alliance que la première, que Jésus a été fait le garant.

23 Et quant aux sacrificateurs, il en a été fait plusieurs, à cause que la mort les empêchait d’être perpétuels.

24 Mais celui-ci, parce qu’il demeure éternellement, il a une sacrificature perpétuelle.

25 C’est pourquoi aussi il peut sauver pour toujours ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux.

26 Or il nous était convenable d’avoir un tel souverain sacrificateur, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et élevé au-dessus des cieux ;

27 qui n’eût pas besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir tous les jours des sacrifices, premièrement pour ses péchés, et ensuite pour ceux du peuple ; vu qu’il a fait cela une fois, s’étant offert lui-même.

28 Car la loi ordonne pour souverains sacrificateurs des hommes faibles ; mais la parole du serment qui a été fait après la loi, ordonne le Fils, qui est consacré pour toujours.

CHAP. VIII.

Des souverains sacrificateurs lévitiques ; la dignité du sacerdoce de Jésus-Christ sur la leur ; promesse de Dieu touchant la nouvelle alliance.


OR l’abrégé de notre discours, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui est assis à la droite du trône de la majesté de Dieu dans les cieux ;

2 ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas les hommes.

3 Car tout souverain sacrificateur est ordonné pour offrir des dons et des sacrifices ; c’est pourquoi il est nécessaire que celui-ci aussi ait eu quelque chose pour offrir.

4 Vu même que s’il était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur, pendant qu’il y aurait des sacrificateurs qui offrent des dons selon la loi ;

5 lesquels font le service dans le lieu qui n’est que l’image et l’ombre des choses célestes, selon que Dieu le dit à Moïse, quand il devait achever le tabernacle : Or, prends garde, lui dit-il, de faire toutes choses selon le modèle qui t’a été montré sur la montagne.

6 Mais maintenant notre souverain sacrificateur a obtenu un ministère d’autant plus excellent, qu’il est médiateur d’une plus excellente alliance, qui est établie sous de meilleures promesses.

7 Parce que s’il n’y eût rien à redire dans la première, il n’eût jamais été cherché de lieu à une seconde.

8 Car en censurant les Juifs, Dieu leur dit : Voici, les jours viendront, dit le Seigneur, que je traiterai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une nouvelle alliance ;

9 non selon l’alliance que je traitai avec leurs pères le jour que je les pris par la main pour les tirer du pays d’Egypte ; car ils n’ont point persévéré dans mon alliance ; c’est pourquoi je les ai méprisés, dit le Seigneur.

10 Mais voici l’alliance que je traiterai après ces jours-là avec la maison d’Israël, dit le Seigneur, c’est que je mettrai mes lois dans leur entendement, et je les écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ;

11 et chacun n’enseignera point son prochain, ni chacun son frère, en disant : Connais le Seigneur, parce qu’ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux ;

12 car je serai apaisé par rapport à leurs injustices, et je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités.

13 En disant une nouvelle alliance, il déclare vieille la première ; or, ce qui devient vieux et ancien, est près d’être aboli.

CHAP. IX.

Comparaison du sanctuaire et du sacerdoce du vieux et du nouveau testament.


LE premier tabernacle avait donc des ordonnances touchant le culte divin, et un sanctuaire terrestre.

2 Car il fut construit un premier tabernacle, appelé le lieu saint, dans lequel était le chandelier, et la table, et les pains de proposition.

3 Et après le second voile était le tabernacle, qui était appelé le lieu très-saint ;

4 ayant un encensoir d’or, et l’arche de l’alliance entièrement couverte d’or tout autour, dans laquelle était la cruche d’or où était la manne ; et la verge d’Aaron qui avait fleuri, et les tables de l’alliance.

5 Et au-dessus de l’arche étaient les chérubins de gloire, faisant ombre sur le propitiatoire ; desquelles choses il n’est pas besoin maintenant de parler en détail.

6 Or ces choses étant ainsi disposées, les sacrificateurs entrent bien toujours dans le premier tabernacle pour accomplir le service ;

7 mais le seul souverain sacrificateur entre dans le second une fois l’an, mais non sans y porter du sang, lequel il offre pour lui-même, et pour les fautes du peuple ;

8 le Saint-Esprit faisant connaître par là, que le chemin des lieux saints n’était pas encore manifesté, tandis que le premier tabernacle était encore debout, lequel était une figure destinée pour le temps d’alors ;

9 durant lequel étaient offerts des dons et des sacrifices qui ne pouvaient point sanctifier la conscience de celui qui faisait le service,

10 ordonnés seulement en viandes, en breuvages, en diverses ablutions et en des cérémonies charnelles, jusqu’au temps que cela serait redressé.

11 Mais Christ étant venu pour être le souverain sacrificateur des biens à venir, par un plus excellent et plus parfait tabernacle, qui n’est pas un tabernacle fait de main, c’est-à-dire, qui soit de cette structure,

12 il est entré une fois dans les lieux saints avec son propre sang, et non avec le sang des veaux ou des boucs, après avoir obtenu une rédemption éternelle.

13 Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre de la génisse, de laquelle on fait aspersion, sanctifie, quant à la pureté de la chair, ceux qui sont souillés ;

14 combien plus le sang de Christ, qui par l’Esprit éternel s’est offert lui-même à Dieu sans nulle tache, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ?

15 C’est pourquoi il est médiateur du nouveau testament, afin que la mort intervenant pour la rançon des transgressions qui étaient sous le premier testament, ceux qui sont appelés reçoivent l’accomplissement de la promesse qui leur a été faite de l’héritage éternel.

16 Car où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne ;

17 parce que c’est par la mort du testateur qu’un testament est rendu ferme, vu qu’il n’a point encore de vertu durant que le testateur est en vie.

18 C’est pourquoi le premier testament lui-même n’a point été confirmé sans du sang.

19 Car, après que Moïse eut récité à tout le peuple tous les commandemens selon la loi, ayant pris le sang des veaux et des boucs, avec de l’eau et de la laine teinte en pourpre, et de l’hysope, il en fit aspersion sur le livre et sur tout le peuple,

20 en disant : C’est ici le sang du testament, lequel Dieu vous a ordonné d’observer.

21 Il fit aussi aspersion du sang sur le tabernacle, et sur tous les vaisseaux du service.

22 Et presque toutes choses selon la loi sont purifiées par le sang ; et sans effusion de sang il ne se fait point de rémission.

23 Il a donc fallu que les choses qui représentaient celles qui sont aux cieux fussent purifiées par de telles choses ; mais que les célestes le soient par des sacrifices plus excellens que ceux-là.

24 Car Christ n’est point entré dans les lieux saints faits de main, qui étaient des figures correspondantes aux vrais ; mais il est entré au ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu.

25 Non qu’il s’offre plusieurs fois lui-même, ainsi que le souverain Sacrificateur entre dans les lieux saints chaque année avec un autre sang ;

26 (autrement il aurait fallu qu’il eût souffert plusieurs fois depuis la fondation du monde) ; mais maintenant, en la consommation des siècles, il a paru une seule fois pour l’abolition du péché, par le sacrifice de soi-même.

27 Et comme il est ordonné aux hommes de mourir une seule fois, et qu’après cela suit le jugement ;

28 de même aussi Christ, ayant été offert une seule fois pour ôter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois sans péché à ceux qui l’attendent à salut.

CHAP. X.

La loi n’avait que l’ombre des biens à venir, Jésus-Christ nous a rachetés pour toujours.


CAR la loi ayant l’ombre des biens à venir, et non la vive image des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices que l’on offre continuellement chaque année, sanctifier ceux qui s’y attachent.

2 Autrement n’eussent-ils pas cessé d’être offerts, puisque les sacrifians étant une fois purifiés, ils n’eussent plus eu aucune conscience de péché ?

3 Or il y a dans ces sacrifices une commémoration des péchés réitérée d’année en année.

4 Car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés.

5 C’est pourquoi Jésus-Christ, en entrant au monde, a dit : Tu n’as point voulu de sacrifice, ni d’offrande ; mais tu m’as formé un corps.

6 Tu n’as point pris plaisir aux holocaustes, ni à l’oblation pour le péché.

7 Alors j’ai dit : Me voici, je viens ; il est écrit de moi au commencement du livre, que je fasse, ô Dieu ! ta volonté.

8 Ayant dit auparavant : Tu n’as point voulu de sacrifice, ni d’offrande, ni d’holocaustes, ni d’oblation pour le péché, et tu n’y as point pris plaisir, lesquelles choses sont pourtant offertes selon la loi ; alors il a dit : Me voici, je viens afin de faire, ô Dieu ! ta volonté.

9 Il ôte donc le premier, afin d’établir le second.

10 Or, c’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés, savoir par l’oblation qui a été faite une seule fois du corps de Jésus-Christ.

11 Tout sacrificateur donc assiste chaque jour, administrant, et offrant souvent les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais ôter les péchés.

12 Mais celui-ci ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu ;

13 attendant ce qui reste, savoir que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds.

14 Car par une seule oblation, il a consacré pour toujours ceux qui sont sanctifiés.

15 Et c’est aussi ce que le Saint-Esprit nous témoigne ; car après avoir dit premièrement :

16 C’est ici l’alliance que je ferai avec eux après ces jours-là, dit le Seigneur, c’est que je mettrai mes lois dans leurs cœurs, et je les écrirai dans leurs entendemens ;

17 et je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités.

18 Or, où les péchés sont pardonnés, il n’y a plus d’oblation pour le péché.

19 Puis donc, mes frères, que nous avons la liberté d’entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus,

20 qui est le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré ; que nous avons, dis-je, la liberté d’y entrer par le voile, c’est-à-dire, par sa propre chair ;

21 et que nous avons un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu ;

22 approchons-nous de lui avec un cœur sincère et une foi inébranlable, ayant les cœurs purifiés des souillures d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure.

23 Retenons la profession de notre espérance sans varier ; car celui qui nous a fait les promesses est fidèle.

24 Et prenons garde l’un à l’autre, afin de nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres ;

25 ne quittant point notre assemblée, comme quelques-uns ont accoutumé de faire, mais nous exhortant l’un l’autre ; et cela d’autant plus que vous voyez approcher le jour.

26 Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés ;

27 mais une attente terrible de jugement, et l’ardeur d’un feu qui doit dévorer les adversaires.

28 Si quelqu’un avait méprisé la loi de Moïse, il mourrait sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins.

29 De combien plus grands tourmens pensez-vous donc que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui aura tenu pour une chose profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de grâce ?

30 Car nous connaissons celui qui a dit : C’est à moi que la vengeance appartient, et je le rendrai, dit le Seigneur. Et encore : Le Seigneur jugera son peuple.

31 C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.

32 Or, rappelez dans votre mémoire les jours précédens, durant lesquels, après avoir été illuminés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances ;

33 ayant été d’une part exposés à la vue de tout le monde par des opprobres et des afflictions : et de l’autre, ayant participé aux maux de ceux qui ont souffert de semblables indignités.

34 Car vous avez été aussi participans de l’affliction de mes liens, et vous avez reçu avec joie l’enlèvement de vos biens ; sachant en vous-mêmes que vous avez dans les cieux des biens meilleurs et permanens.

35 Ne perdez point cette fermeté que vous avez fait paraître, et qui sera bien récompensée,

36 parce que vous avez besoin de patience, afin qu’après avoir fait la volonté de Dieu, vous receviez l’effet de sa promesse.

37 Car encore un peu de temps, et celui qui doit venir, viendra, et il ne tardera point.

38 Or, le juste vivra de la foi ; mais si quelqu’un se retire, mon âme ne prend point de plaisir en lui.

39 Mais pour nous, nous n’avons garde de nous soustraire à notre maître, ce serait notre perdition ; mais nous persévérons dans la foi, pour le salut de l’âme.

CHAP. XI.

De l’efficace de la foi vivifiante et justifiante, et divers exemples du vieux testament.


OR, la foi rend présentes les choses qu’on espère, et elle est une démonstration de celles qu’on ne voit point.

2 Car c’est par elle que les anciens ont obtenu un bon témoignage.

3 Par la foi nous savons que les siècles ont été rangés par la parole de Dieu ; de sorte que les choses qui se voient, n’ont point été faites de choses qui parussent.

4 Par la foi Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et par elle il obtint le témoignage d’être juste, à cause que Dieu rendait témoignage de ses dons ; et lui, étant mort, parle encore par elle.

5 Par la foi Enoc fut enlevé pour ne point passer par la mort, et il ne fut point trouvé, parce que Dieu l’avait enlevé ; car, avant qu’il fût enlevé, il a obtenu le témoignage d’avoir été agréable à Dieu.

6 Or, il est impossible de lui être agréable sans la foi ; car il faut que celui qui vient à Dieu, croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent.

7 Par la foi Noé ayant été divinement averti des choses qui ne se voyaient point encore, craignit, et bâtit l’arche pour la conservation de sa famille, et par cette arche il condamna le monde, et fut fait héritier de la justice qui est selon la foi.

8 Par la foi Abraham, étant appelé, obéit pour aller en la terre qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait.

9 Par la foi il demeura comme étranger sur la terre qui lui avait été promise, comme si elle ne lui eût point appartenu, demeurant sous des tentes avec Isaac et Jacob, qui étaient héritiers avec lui de la même promesse.

10 Car il attendait la cité qui a des fondemens, et de laquelle Dieu est l’architecte et le fondateur.

11 Par la foi aussi Sara reçut la vertu de concevoir un enfant, et elle enfanta hors d’âge, parce qu’elle fut persuadée que celui qui le lui avait promis était fidèle.

12 C’est pourquoi d’un seul, et qui était déjà affaibli par l’âge, sont nés des gens qui égalent en nombre les étoiles du ciel, et le sable qui est sur le rivage de la mer, lequel ne se peut nombrer.

13 Tous ceux-ci sont morts en la foi, sans avoir reçu les choses dont ils avaient eu les promesses ; mais ils les ont vues de loin, crues et saluées, et ils ont fait profession qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre.

14 Car ceux qui tiennent ces discours montrent clairement qu’ils cherchent encore leur pays.

15 Et certes, s’ils eussent rappelé dans leur souvenir celui dont ils étaient sortis, ils avaient du temps pour y retourner.

16 Mais ils en désiraient un meilleur, c’est-à-dire le céleste ; c’est pourquoi Dieu ne prend point à honte d’être appelé leur Dieu, parce qu’il leur avait préparé une cité.

17 Par la foi Abraham étant éprouvé, offrit Isaac ; celui, dis-je, qui avait reçu les promesses, offrit même son fils unique.

18 A l’égard duquel il lui avait été dit : Les descendans d’Isaac seront ta véritable postérité.

19 Ayant estimé que Dieu le pouvait même ressusciter d’entre les morts ; c’est pourquoi aussi il le recouvra par une espèce de résurrection.

20 Par la foi Isaac donna à Jacob et à Esaü une bénédiction qui regardait l’avenir.

21 Par la foi Jacob, en mourant, bénit chacun des fils de Joseph, et se prosterna devant Dieu, étant appuyé sur le bout de son bâton.

22 Par la foi Joseph, en mourant, fit mention de la sortie des enfans d’Israël, et donna un ordre touchant ses os.

23 Par la foi Moïse, étant né, fut caché trois mois par ses père et mère, parce que c’était un très-bel enfant ; et ils ne craignirent point l’édit du roi.

24 Par la foi Moïse, étant déjà grand, refusa d’être nommé fils de la fille de Pharaon ;

25 choisissant plutôt d’être affligé avec le peuple de Dieu que de jouir pour un peu de temps des délices du péché ;

26 et ayant estimé que l’opprobre de Christ était un plus grand trésor que les richesses de l’Egypte, parce qu’il avait égard à la rémunération.

27 Par la foi il quitta l’Egypte, n’ayant point craint la fureur du roi ; car il demeura ferme, comme voyant celui qui est invisible.

28 Par la foi il fit la pâque et l’aspersion du sang, afin que celui qui tuait les premiers-nés ne touchât point à ceux des Israélites.

29 Par la foi ils traversèrent la mer Rouge, comme par un lieu sec ; ce que les Egyptiens ayant voulu éprouver, ils furent engloutis dans les eaux.

30 Par la foi les murs de Jérico tombèrent, après qu’on en eut fait le tour durant sept jours.

31 Par la foi Rahab l’hospitalière ne périt point avec les incrédules, ayant reçu les espions, et les ayant renvoyés en paix.

32 Et que dirai-je davantage ? car le temps me manquera si je veux parler de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephté, de David, de Samuël, et des prophètes,

33 qui, par la foi, ont combattu les royaumes, ont exercé la justice, ont obtenu l’effet des promesses, ont fermé les gueules des lions,

34 ont éteint la force du feu, sont échappés du tranchant des épées, de malades sont devenus vigoureux ; se sont montrés forts dans la bataille, et ont tourné en fuite les armées des étrangers.

35 Les femmes ont recouvré leurs morts par le moyen de la résurrection ; d’autres ont été étendus dans le tourment, ne tenant point compte d’être délivrés, afin d’obtenir la meilleure résurrection.

36 Et d’autres ont été éprouvés par des moqueries et par des coups, par des liens et par la prison.

37 Ils ont été lapidés, ils ont été sciés, ils ont souffert de rudes épreuves, ils ont été mis à mort par le tranchant de l’épée, ils ont été errans çà et là, vêtus de peaux de brebis et de chèvres, réduits à la misère, affligés, tourmentés,

38 desquels le monde n’était pas digne ; errans dans les déserts et dans les montagnes, dans les cavernes et dans les trous de la terre.

39 Et quoiqu’ils aient tous été recommandables par leur foi, ils n’ont pourtant point reçu l’effet de la promesse ;

40 Dieu ayant pourvu quelque chose de meilleur pour nous ; afin qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous.

CHAP. XII.

Prérogative du nouveau testament ; exhortation à tout souffrir pour Jésus-Christ, et à son exemple.


NOUS donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetant tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si aisément, poursuivons constamment la course qui nous est proposée.

2 portant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, au lieu de la joie dont il jouissait, a souffert la croix, ayant méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu.

3 C’est pourquoi, considérez soigneusement celui qui a souffert une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne succombiez point en perdant courage.

4 Vous n’avez pas encore résisté jusqu’à répandre votre sang en combattant contre le péché ;

5 et cependant vous avez oublié l’exhortation qui s’adresse à vous comme à ses enfans, disant : Mon enfant, ne méprise point le châtiment du Seigneur, et ne perds point courage quand tu es repris de lui.

6 Car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il fouette tout enfant qu’il avoue.

7 Si vous endurez le châtiment, Dieu se présente à vous comme à ses enfans ; car qui est l’enfant que le père ne châtie point ?

8 Mais si vous êtes sans châtiment auquel tous participent, vous êtes donc des enfans supposés, et non pas légitimes.

9 Et puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que malgré cela nous les avons respectés, ne serons-nous pas beaucoup plus soumis au Père des esprits ? et nous vivrons.

10 Car, par rapport à ceux-là, ils nous châtiaient pour un peu de temps, suivant leur volonté ; mais celui-ci nous châtie pour notre profit, afin que nous soyons participans de sa sainteté.

11 Or tout châtiment ne semble pas sur l’heure être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais ensuite il produit un fruit paisible de justice à ceux qui sont exercés par ce moyen.

12 Relevez donc vos mains qui sont faibles, et fortifiez vos genoux qui sont déjoints ;

13 et faites les sentiers droits à vos pieds, afin que celui qui chancelle ne se dévoie point, mais plutôt qu’il soit remis en son entier.

14 Recherchez la paix avec tous ; et la sanctification, sans laquelle nul ne verra le Seigneur ;

15 prenant garde qu’aucun ne se prive de la grâce de Dieu, que quelque racine d’amertume bourgeonnant en haut ne vous trouble, et que plusieurs ne soient souillés par elle.

16 Que nul de vous ne soit fornicateur, ou profane comme Esaü, qui pour une viande vendit son droit d’aînesse.

17 Car vous savez que même désirant ensuite d’hériter la bénédiction, il fut rejeté ; car il ne trouva point de lieu à la repentance quoiqu’il l’eût demandée avec larmes.

18 Car vous n’êtes point venus à une montagne qui se peut toucher à la main, ni au feu brûlant, ni au tourbillon, ni à l’obscurité, ni à la tempête,

19 ni au retentissement de la trompette, ni à la voix des paroles au sujet de laquelle ceux qui l’entendaient prièrent que la parole ne leur fût plus adressée ;

20 car ils ne pouvaient soutenir ce qui était ordonné, que si même une bête touche la montagne, elle sera lapidée ou percée d’un dard.

21 Et Moïse, tant était terrible ce qui paraissait, dit : Je suis épouvanté et tout tremblant.

22 Mais vous êtes venus à la montagne de Sion, et à la cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste et aux milliers d’anges,

23 et à l’assemblée, et à l’église des premiers-nés qui sont écrits dans les cieux, et à Dieu qui est le juge de tous, et aux esprits des justes sanctifiés ;

24 et à Jésus, le Médiateur de la nouvelle alliance, et au sang de l’aspersion, qui prononce de meilleures choses que celui d’Abel.

25 Prenez garde de ne mépriser point celui qui vous parle ; car si ceux qui méprisaient celui qui leur parlait sur la terre, ne sont point échappés, nous serons punis beaucoup plus, si nous nous détournons de celui qui parle des cieux ;

26 duquel la voix ébranla alors la terre ; mais à l’égard du temps présent, il a fait cette promesse, disant : J’ébranlerai encore une fois, non seulement la terre, mais aussi le ciel.

27 Or ce mot, encore une fois, signifie l’abolition des choses muables, comme ayant été faites de main, afin que celles qui sont immuables demeurent ;

28 c’est pourquoi, saisissant le royaume qui ne peut point être ébranlé, retenons la grâce par laquelle nous servions Dieu, en sorte que nous lui soyons agréables avec respect et avec crainte.

29 Car aussi notre Dieu est un feu consumant.

CHAP. XIII.

Avis sur la vie chrétienne et la pure doctrine.


QUE la charité fraternelle demeure dans vos cœurs.

2 N’oubliez point l’hospitalité ; car par elle quelques-uns ont logé des anges, n’en sachant rien.

3 Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez emprisonnés avec eux ; et de ceux qui sont maltraités, comme étant vous-mêmes du même corps.

4 Le mariage est honorable entre tous, et le lit sans souillure ; mais Dieu jugera les fornicateurs et les adultères.

5 Que vos mœurs soient sans avarice, étant contens de ce que vous avez présentement ; car lui-même a dit : Je ne te laisserai point, et je ne t’abandonnerai point.

6 De sorte que nous pouvons dire avec assurance : Le Seigneur m’est en aide, et je ne craindrai point ce que l’homme me pourrait faire.

7 Souvenez-vous de vos conducteurs, qui vous ont porté la parole de Dieu, et imitez leur foi, en considérant quelle a été l’issue de leur vie.

8 Jésus-Christ a été le même hier et aujourd’hui, et il l’est aussi éternellement.

9 Ne soyez point emportés çà et là par des doctrines diverses et étrangères ; car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce, et non point par les viandes, lesquelles n’ont rien profité à ceux qui s’y sont attachés.

10 Nous avons un autel dont ceux qui servent dans le tabernacle n’ont pas le pouvoir de manger.

11 Car les corps des bêtes, dont le sang est porté pour le péché par le souverain sacrificateur dans le sanctuaire sont brûlés hors du camp.

12 C’est pourquoi aussi Jésus, afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte.

13 Sortons donc vers lui hors du camp, en portant son opprobre.

14 Car nous n’avons point ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir.

15 Offrons donc par lui sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire, le fruit des lèvres, en confessant son nom.

16 Or, n’oubliez pas d’exercer la charité, et de faire part de vos biens ; car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices.

17 Obéissez à vos conducteurs, et soyez-leur soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme devant en rendre compte, afin que ce qu’ils font, ils le fassent avec joie, et non pas à regret, car cela ne vous tournerait pas à profit.

18 Priez pour nous ; car nous sommes assurés que nous avons une bonne conscience, désirant de nous conduire honnêtement parmi tous.

19 Et je vous prie encore plus instamment de le faire, afin que je vous sois rendu plus tôt.

20 Or, le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand Pasteur des brebis, par le sang de l’alliance éternelle, savoir notre Seigneur Jésus-Christ,

21 vous rende accomplis en toute bonne œuvre, pour faire sa volonté, en faisant en vous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, auquel soit gloire aux siècles des siècles ! Amen.

22 Aussi, mes frères, je vous prie de supporter la parole d’exhortation ; car je vous ai écrit en peu de mots.

23 Sachez que notre frère Timothée a été mis en liberté ; je vous verrai avec lui, s’il vient bientôt.

24 Saluez tous vos conducteurs, et tous les saints ; ceux d’Italie vous saluent.

25 Que la grâce soit avec vous tous ! Amen.



ÉPÎTRE CATHOLIQUE

DE SAINT JACQUES, APÔTRE.

CHAP. I.

L’affliction, la prière, la tentation, la parole de Dieu, et la religion pure.


JACQUES, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui êtes dispersées, salut.

2 Mes frères, regardez comme un sujet d’une parfaite joie, quand vous serez exposés à diverses épreuves ;

3 sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience.

4 Mais il faut que la patience ait une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits et accomplis, de sorte que rien ne vous manque.

5 Que si quelqu’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui la donne à tous libéralement, et qui ne la reproche point ; et elle lui sera donnée.

6 Mais qu’il la demande avec foi, ne doutant nullement ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité du vent, et jeté çà et là.

7 Or, qu’un tel homme ne s’attende point de recevoir aucune chose du Seigneur.

8 L’homme double de cœur est inconstant en toutes ses voies.

9 Or, que le frère qui est de basse condition, se glorifie en son élévation.

10 Et que le riche, au contraire, se glorifie en sa basse condition ; car il passera comme la fleur de l’herbe.

11 Car comme le soleil ardent n’est pas plutôt levé que l’herbe est brûlée, que sa fleur tombe et que sa beauté périt, ainsi le riche se flétrira avec ses entreprises.

12 Bienheureux est l’homme qui endure la tentation ; car, quand il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l’aiment.

13 Quand quelqu’un est tenté, qu’il ne dise point : Je suis tenté de Dieu ; car Dieu ne peut être tenté par le mal, et aussi ne tente-t-il personne.

14 Mais chacun est tenté, quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise.

15 Puis, quand la convoitise a conçu, elle enfante le péché ; et le péché étant consommé, produit la mort

16 Mes frères bien-aimés, ne vous abusez point :

17 Tout le bien qui nous est donné, et tout don parfait vient d’en haut, descendant du Père des lumières, en qui il n’y a point de variation, ni d’ombre de changement.

18 Il nous a, de sa propre volonté, engendrés par la parole de la vérité, afin que nous fussions comme les prémices de ses créatures.

19 Ainsi, mes frères bien-aimés, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, et lent à la colère :

20 car la colère de l’homme n’accomplit point la justice de Dieu.

21 C’est pourquoi, rejetant toute souillure et toute superfluité de malice, recevez avec douceur la parole plantée en vous, laquelle peut sauver vos âmes ;

22 et mettez en exécution la parole, et ne l’écoutez pas seulement, en vous séduisant vous-mêmes par de vains discours.

23 Car si quelqu’un écoute la parole, et ne la met point en exécution, il est semblable à un homme qui considère dans un miroir sa face naturelle ;

24 car, après s’être considéré soi-même, et s’en être allé, il a aussitôt oublié quel il était.

25 Mais celui qui aura regardé au-dedans de la loi parfaite, qui est la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant point un auditeur oublieux, mais s’appliquant à l’œuvre qui lui est prescrite, celui-là sera heureux dans ce qu’il aura fait.

26 Si quelqu’un entre vous pense être religieux, et ne tient point en bride sa langue, mais séduit son cœur, la religion d’un tel homme est vaine.

27 La religion pure et sans tache, envers notre Dieu et notre Père, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et de se conserver pur des souillures de ce monde.

CHAP. II.

De l’égard aux personnes, et de la foi sans œuvres, morte en elle-même.


MES frères, n’ayez point la foi en notre Seigneur Jésus-Christ glorieux, en ayant égard à l’apparence des personnes.

2 Car s’il entre dans votre assemblée un homme qui porte un anneau d’or, et qui soit vêtu de quelque précieux habit, et qu’il y entre aussi quelque pauvre, vêtu de quelque méchant habit ;

3 et que vous ayez égard à celui qui porte l’habit précieux, et lui disiez : Toi, assieds-toi ici honorablement ; et que vous disiez au pauvre : Toi, tiens-toi là debout ; ou assieds-toi sur mon marchepied ;

4 n’avez-vous pas fait différence en vous-mêmes, et n’êtes-vous pas des juges qui avez des pensées injustes ?

5 Ecoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres de ce monde, qui sont riches en la foi, et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ?

6 Mais vous avez déshonoré le pauvre. Et cependant les riches ne vous oppriment-ils pas, et ne vous tirent-ils pas devant les tribunaux ?

7 Et ne sont-ce pas ceux qui blasphèment le bon nom, qui a été invoqué sur vous ?

8 Que si vous accomplissez la loi royale, qui est selon l’écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; vous faites bien.

9 Mais si vous avez égard à l’apparence des personnes, vous commettez un péché, et vous êtes convaincus par la loi comme des transgresseurs.

10 Or quiconque aura gardé toute la loi, s’il vient à pécher en un seul point, il est coupable de tous.

11 Car celui qui a dit : Tu ne commettras point adultère, a dit aussi : Tu ne tueras point. Si donc tu ne commets point adultère, mais que tu tues, tu es un transgresseur de la loi.

12 Parlez et agissez, comme devant être jugés par la loi de la liberté.

13 Car il y aura une condamnation sans miséricorde sur celui qui n’aura point usé de miséricorde ; mais la miséricorde le met à l’abri de la condamnation.

14 Mes frères, que servira-t-il à quelqu’un s’il dit qu’il a la foi, et qu’il n’ait point les œuvres ? La foi le pourra-t-elle sauver ?

15 Et si le frère ou la sœur sont nus, et manquent de ce qui leur est nécessaire chaque jour pour vivre ;

16 et que quelqu’un d’entre vous leur dise : Allez-en paix, chauffez-vous, et vous rassasiez ; et que vous ne leur donniez point les choses nécessaires pour le corps, que leur servira cela ?

17 De même aussi la foi, si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même.

18 Mais quelqu’un dira : Tu as la foi, et moi j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres, et moi je te montrerai ma foi par mes œuvres.

19 Tu crois qu’il n’y a qu’un Dieu ; tu fais bien. Les démons le croient aussi, et ils en tremblent.

20 Mais, ô homme vain, veux-tu savoir que la foi qui est sans les œuvres est morte ?

21 Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, quand il offrit son fils Isaac sur l’autel ?

22 Ne vois-tu donc pas que sa foi agissait avec ses œuvres, et que ce fut par ses œuvres que sa foi fut rendue parfaite ?

23 Et qu’ainsi cette écriture fut accomplie, qui dit : Abraham a cru en Dieu, et cela lui a été imputé à justice ; et il a été appelé ami de Dieu.

24 Vous voyez donc que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement.

25 Pareillement Rahab l’hospitalière, ne fut-elle pas justifiée par les œuvres, quand elle eut reçu les messagers, et qu’elle les eut mis dehors par un autre chemin ?

26 Car, comme le corps sans esprit est mort, ainsi la foi qui est sans les œuvres est morte.

CHAP. III.

L’usage et l’abus de la langue. La sagesse d’en haut et d’en bas.


MES frères, ne soyez point plusieurs maîtres ; sachant que nous en recevrons une plus grande condamnation.

2 Car nous péchons tous en plusieurs choses ; si quelqu’un ne péche pas en paroles, c’est un homme parfait, et il peut même tenir en bride tout le corps.

3 Voilà, nous mettons aux chevaux des mors dans leurs bouches, afin qu’ils nous obéissent, et nous menons çà et là tout le corps.

4 Voilà aussi les navires, quoiqu’ils soient si grands, et qu’ils soient agités par la tempête, ils sont menés partout çà et là avec un petit gouvernail, selon qu’il plaît à celui qui les gouverne.

5 Il en est ainsi de la langue, c’est un petit membre, et cependant elle peut se vanter de grandes choses. Voilà aussi un petit feu, combien de bois allume-t-il ?

6 La langue aussi est un feu, et un monde d’iniquité ; car la langue est telle entre nos membres, qu’elle souille tout le corps, et enflamme tout le monde qui a été créé, étant elle-même enflammée du feu de la géhenne.

7 Car toute espèce de bêtes sauvages, d’oiseaux, de reptiles, et de poissons de la mer, se dompte, et a été domptée par la nature humaine.

8 Mais nul homme ne peut dompter la langue ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer, et elle est pleine d’un venin mortel.

9 Par elle nous bénissons notre Dieu et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à la ressemblance de Dieu.

10 D’une même bouche procède la bénédiction et la malédiction. Mes frères, il ne faut pas que ces choses aillent ainsi.

11 Une fontaine jette-t-elle par une même ouverture de l’eau douce et de l’eau amère ?

12 Mes frères, un figuier peut-il produire des olives ? ou une vigne des figues ? De même aucune fontaine ne peut jeter de l’eau salée et de l’eau douce.

13 Y a-t-il parmi vous quelque homme sage et intelligent ? Qu’il fasse voir ses actions, par une bonne conduite, avec douceur et sagesse.

14 Mais si vous avez une envie amère, et de l’irritation dans vos cœurs, ne vous glorifiez point, et ne mentez point en déshonorant la vérité de l’évangile.

15 Car ce n’est pas là la sagesse qui descend d’en haut ; mais c’est une sagesse terrestre, sensuelle et diabolique.

16 Car où il y a de l’envie et de l’irritation, là est le désordre, et toute sorte de mal.

17 Mais la sagesse qui vient d’en haut est premièrement pure, et ensuite pacifique, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits, ne faisant point beaucoup de difficultés, et sans hypocrisie.

18 Or, le fruit de la justice se sème dans la paix, pour ceux qui s’adonnent à la paix.

CHAP. IV.

Des convoitises et des querelles ; de connaître le bien et ne le faire point.


D’OÙ viennent parmi vous les disputes et les querelles ? N’est-ce point de vos voluptés, qui combattent dans vos membres ?

2 Vous convoitez, et vous n’avez point ce que vous désirez ; vous avez une envie mortelle, vous êtes jaloux, et vous ne pouvez obtenir ce que vous enviez ; vous vous querellez et vous disputez, et vous n’avez point ce que vous désirez, parce que vous ne le demandez point.

3 Vous demandez, et vous ne recevez point ; parce que vous demandez mal, et afin de l’employer à vos voluptés.

4 Hommes et femmes adultères, ne savez-vous pas que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui voudra être ami du monde se rend ennemi de Dieu.

5 Pensez-vous que l’écriture parle en vain ? L’Esprit qui a habité en nous nous inspire-t-il l’envie ?

6 Il vous donne, au contraire, une plus grande grâce. C’est pourquoi l’écriture dit : Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles.

7 Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au démon, et il s’enfuira de vous.

8 Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Pécheurs, nettoyez vos mains ; et vous, qui êtes doubles de cœur, purifiez vos cœurs.

9 Sentez vos misères, et lamentez, et pleurez ; que votre ris se change en pleurs, et votre joie en tristesse.

10 Humiliez-vous en la présence du Seigneur, et il vous élèvera.

11 Mes frères, ne médisez point les uns des autres. Celui qui médit de son frère, et qui condamne son frère, médit de la loi, et condamne la loi. Or, si tu condamnes la loi, tu n’es point l’observateur de la loi, mais le juge.

12 Il n’y a qu’un seul législateur, qui peut sauver et qui peut perdre ; mais toi, qui es-tu, qui condamnes les autres ?

13 Or maintenant, vous qui dites : Allons aujourd’hui ou demain en une telle ville, et demeurons là un an, et y trafiquons et gagnons ;

14 (qui toutefois ne savez pas ce qui arrivera le lendemain ; car qu’est-ce que votre vie ? Ce n’est certes qu’une vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite s’évanouit ;)

15 au lieu que vous devriez dire : Si le Seigneur le veut, et si nous vivons, nous ferons ceci ou cela.

16 Mais maintenant vous vous vantez en vos pensées orgueilleuses. Toute vanterie de cette nature est mauvaise.

17 Il y a donc du péché en celui qui sait faire le bien, et qui ne le fait pas.

CHAP. V.

Les richesses, la patience, la sincérité, les prières, et la confession des péchés.


OR maintenant, vous riches, pleurez et poussez de grands cris, à cause des malheurs qui s’en vont tomber sur vous.

2 Vos richesses sont pourries ; vos vêtemens sont rongés par les vers ;

3 votre or et votre argent se sont rouillés, et leur rouille sera en témoignage contre vous, et dévorera votre chair comme le feu ; vous avez amassé un trésor pour les derniers jours.

4 Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et duquel ils ont été frustrés par vous, crie ; et les cris de ceux qui ont moissonné, sont parvenus aux oreilles du Seigneur des armées.

5 Vous avez vécu dans les délices sur la terre ; vous vous êtes livrés aux voluptés, et vous avez rassasié vos cœurs comme en un jour de sacrifices.

6 Vous avez condamné et mis à mort le Juste, qui ne vous résiste point.

7 Or donc, mes frères, attendez patiemment jusqu’à la venue du Seigneur. Voici, le laboureur attend le fruit précieux de la terre, patientant jusqu’à ce qu’il reçoive la pluie de la première et de la dernière saison.

8 Vous donc aussi, attendez patiemment, et affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur est proche.

9 Mes frères, ne vous plaignez point les uns des autres, afin que vous ne soyez point condamnés : voilà, le juge se tient à la porte.

10 Mes frères, prenez pour un exemple d’affliction et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

11 Voici, nous tenons pour bienheureux ceux qui ont souffert ; vous avez appris quelle a été la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur ; car le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde.

12 Or, sur toutes choses, mes frères, ne jurez, ni par le ciel, ni par la terre, ni par quelqu’autre serment ; mais que votre oui, soit oui, et votre non, non ; afin que vous ne tombiez point dans la condamnation.

13 Y a-t-il quelqu’un parmi vous qui souffre ? qu’il prie. Y a-t-il quelqu’un qui ait l’esprit content ? qu’il psalmodie.

14 Y a-t-il quelqu’un parmi vous qui soit malade ? qu’il appelle les anciens de l’église, et qu’ils prient pour lui, et qu’ils l’oignent d’huile au nom du Seigneur.

15 Et la prière faite avec foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés ils lui seront pardonnés.

16 Confessez vos fautes l’un à l’autre, et priez l’un pour l’autre, afin que vous soyez guéris ; car la prière du juste, faite avec ferveur, est de grande efficace.

17 Elie était un homme sujet à de semblables infirmités que nous, et cependant ayant prié avec grande instance qu’il ne plût point, il ne tomba point de pluie sur la terre durant trois ans et six mois.

18 Et ayant encore prié, le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit.

19 Mes frères, si quelqu’un d’entre vous s’égare de la vérité, et que quelqu’un l’y ramène,

20 qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de son égarement, sauvera une âme de la mort, et couvrira une multitude de péchés.


PREMIÈRE ÉPÎTRE CATHOLIQUE

DE SAINT PIERRE, APÔTRE.

CHAP. I.

De la régénération en espérance vive ; de l’épreuve de notre foi.


PIERRE, apôtre de Jésus-Christ, aux étrangers qui êtes dispersés dans le pays du Pont, en Galatie, en Cappadoce, en Asie et en Bithynie ;

2 élus selon la prescience de Dieu le Père, par l’Esprit sanctifiant, pour obéir à Jésus-Christ, et pour obtenir l’aspersion de son sang, que la grâce et la paix vous soient multipliées !

3 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui par sa grande miséricorde nous a régénérés pour avoir une espérance vive, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts,

4 d’obtenir l’héritage incorruptible, qui ne se peut souiller ni flétrir, conservé dans les cieux pour nous,

5 qui sommes gardés par la puissance de Dieu, par la foi, afin que nous obtenions le salut qui est prêt à être révélé au dernier temps.

6 En quoi vous vous réjouissez, quoique vous soyez maintenant affligés pour un peu de temps par diverses tentations, vu que cela est convenable ;

7 afin que l’épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que l’or qui périt, et qui toutefois est éprouvé par le feu, vous tourne à louange, à honneur et à gloire, quand Jésus-Christ sera révélé ;

8 lequel, quoique vous ne l’ayez point vu, vous aimez ; en qui, quoique maintenant vous ne le voyiez point, vous croyez, et vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse ;

9 remportant la fin de votre foi, savoir le salut des âmes.

10 Duquel salut les prophètes, qui ont prophétisé de la grâce qui était réservée pour vous, se sont enquis, et l’ont diligemment recherché ;

11 recherchant soigneusement quand, et en quel temps l’esprit prophétique de Christ, qui était en eux, rendant par avance témoignage, déclarait les souffrances qui devaient arriver à Christ, et la gloire qui les devait suivre.

12 Et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour nous, qu’ils administraient ces choses, lesquelles ceux qui vous ont prêché l’évangile, par le Saint-Esprit envoyé du ciel, vous ont maintenant annoncées, et dans lesquelles les anges désirent de regarder jusqu’au fond.

13 Vous donc, ayant les reins de votre entendement ceints, et étant sobres, espérez parfaitement en la grâce qui vous est présentée, jusqu’à ce que Jésus-Christ soit révélé ;

14 comme des enfans obéissans, ne vous conformant point à vos convoitises d’autrefois, pendant votre ignorance.

15 Mais comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi de même soyez saints dans toute votre conduite ;

16 parce qu’il est écrit : Soyez saints, car je suis saint.

17 Et si vous invoquez comme votre Père celui qui, sans avoir égard à l’apparence des personnes, juge selon l’œuvre d’un chacun, conduisez-vous avec crainte durant le temps de votre séjour temporel ;

18 sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite, qui vous avait été enseignée par vos pères, non point par des choses corruptibles, comme par argent ou par or ;

19 mais par le précieux sang de Christ, comme de l’Agneau sans défaut et sans tache,

20 déjà ordonné avant la fondation du monde, mais manifesté dans les derniers temps pour vous,

21 qui par lui croyez en Dieu, qui l’a ressuscité des morts, et qui lui a donné la gloire, afin que votre foi et votre espérance fussent en Dieu.

22 Ayant donc purifié vos âmes, en obéissant à la vérité, par le Saint-Esprit, afin que vous ayez une amitié fraternelle qui soit sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre tendrement d’un cœur pur ;

23 vu que vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, savoir par la parole de Dieu, vivante, et permanente à toujours ;

24 parce que toute chair est comme l’herbe, et toute la gloire de l’homme comme la fleur de l’herbe ; l’herbe est séchée, et sa fleur est tombée ;

25 mais la parole du Seigneur demeure éternellement ; et c’est cette parole qui vous a été évangélisée.

CHAP. II.

Devoir des régénérés, des sujets, des serviteurs, etc.


VOUS étant donc dépouillés de toute malice et de toute fraude, de dissimulations, d’envies, et de toutes médisances ;

2 désirez ardemment, comme des enfans nouvellement nés, de vous nourrir du lait spirituel et pur, afin que vous croissiez par lui.

3 Si toutefois vous avez goûté combien le Seigneur est bon.

4 Et vous approchant de lui, qui est la pierre vive, rejetée des hommes, mais choisie de Dieu, et précieuse.

5 Vous aussi, comme des pierres vives, êtes édifiés pour être une maison spirituelle et une sainte sacrificature, afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ.

6 C’est pourquoi il est dit dans l’écriture : Voici, je mets en Sion la maîtresse pierre du coin, élue et précieuse ; et celui qui croira en elle ne sera point confus.

7 Elle est donc précieuse pour vous qui croyez ; mais par rapport aux rebelles, il est dit : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la maîtresse pierre du coin, une pierre d’achoppement, et une pierre de scandale ;

8 lesquels heurtent contre la parole, et sont rebelles, à quoi aussi ils ont été destinés.

9 Mais vous êtes la race élue, la sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis ; afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ;

10 vous qui autrefois n’étiez point son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez point obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde.

11 Mes bien-aimés, je vous exhorte que, comme étrangers et voyageurs, vous vous absteniez des convoitises charnelles, qui font la guerre à l’âme ;

12 ayant une conduite honnête avec les Gentils, afin qu’au lieu qu’ils médisent de vous comme de malfaiteurs, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, pour vos bonnes œuvres qu’ils auront vues.

13 Soyez donc soumis à tout établissement humain, pour l’amour de Dieu ; soit au roi, comme à celui qui est par-dessus les autres ;

14 soit aux gouverneurs, comme à ceux qui sont envoyés de sa part, pour punir les méchans et pour honorer les gens de bien.

15 Car c’est là la volonté de Dieu, qu’en faisant bien, vous fermiez la bouche à l’ignorance des hommes dépourvus de sens.

16 Comme libres, et non pas comme ayant la liberté pour servir de voile à la méchanceté, mais comme serviteurs de Dieu.

17 Portez honneur à tous. Aimez tous vos frères. Craignez Dieu. Honorez le roi.

18 Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et équitables, mais aussi à ceux qui sont fâcheux ;

19 car c’est une chose agréable à Dieu, si quelqu’un, à cause de la conscience qu’il a envers Dieu, endure des afflictions, souffrant injustement.

20 Autrement, quel honneur en aurez-vous, si, recevant des soufflets pour avoir mal fait, vous le souffrez patiemment ? Mais si, en faisant bien, vous êtes pourtant affligés, et que vous le souffriez patiemment, voilà où Dieu prend plaisir.

21 Car aussi vous êtes appelés à cela, vu même que Christ a souffert pour vous, nous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces ;

22 lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a point été trouvé de fraude ;

23 qui, lorsqu’on lui disait des outrages, n’en rendait point ; et quand on lui faisait du mal, n’usait point de menaces ; mais il se remettait à celui qui juge justement.

24 Lequel même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à la justice ; et par la meurtrissure duquel même vous avez été guéris.

25 Car vous étiez comme des brebis errantes ; mais maintenant vous êtes convertis au pasteur et à l’évêque de vos âmes.

CHAP. III.

Devoirs des femmes, des maris, et de tous, à souffrir en charité.


QUE les femmes aussi soient soumises à leurs maris, afin que même, s’il y en a qui n’obéissent point à la parole, ils soient gagnés sans la parole, par la conduite de leurs femmes,

2 lorsqu’ils auront vu la pureté de votre conduite, accompagnée de crainte.

3 Et que leur ornement ne soit point celui de dehors, qui consiste dans la frisure des cheveux, dans une parure d’or, et dans la magnificence des habits ;

4 mais que leur ornement consiste dans l’homme caché dans le cœur, c’est-à-dire, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu ;

5 car c’est ainsi que se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, et qui demeuraient soumises à leurs maris ;

6 comme Sara, qui obéissait à Abraham, l’appelant son seigneur, de laquelle vous êtes les filles en faisant bien, lors même que vous ne craignez rien de ce que vous pourriez avoir à craindre.

7 Vous maris aussi, comportez-vous discrètement avec elles, comme avec un vaisseau plus fragile, c’est-à-dire, féminin, leur portant du respect, comme ceux qui êtes aussi avec elles héritiers de la grâce de vie, afin que vos prières ne soient point interrompues.

8 Enfin, soyez tous d’un même sentiment, remplis de compassion l’un envers l’autre, vous entr’aimant fraternellement, miséricordieux et doux ;

9 ne rendant point mal pour mal, ni outrage pour outrage ; mais, au contraire, bénissant ; sachant que vous êtes appelés à cela, afin que vous héritiez la bénédiction.

10 Car celui qui veut aimer sa vie et voir ses jours bienheureux, qu’il garde sa langue de mal, et ses lèvres de prononcer aucune fraude ;

11 qu’il se détourne du mal, et qu’il fasse le bien ; qu’il recherche la paix, et qu’il tâche de se la procurer.

12 Car les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles sont attentives à leurs prières ; mais la face du Seigneur est contre ceux qui se conduisent mal.

13 Or, qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes les imitateurs de celui qui est bon ?

14 Que si toutefois vous souffrez quelque chose pour la justice, vous êtes bienheureux ; mais ne craignez point les maux dont ils veulent vous faire peur, et n’en soyez point troublés ;

15 mais sanctifiez le Seigneur dans vos cœurs, et soyez toujours prêts à répondre avec douceur et avec respect à chacun qui vous demande raison de l’espérance qui est en vous ;

16 ayant une bonne conscience, afin que ceux qui blâment votre bonne conduite en Christ, soient confus en ce qu’ils médisent de vous comme de malfaiteurs.

17 Car il vaut mieux que vous souffriez en faisant bien, si la volonté de Dieu est que vous souffriez, qu’en faisant mal.

18 Car aussi, Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu ; étant mort en la chair, mais vivifié par l’Esprit ;

19 par lequel aussi étant allé, il a prêché aux esprits qui sont dans la prison ;

20 et qui avaient été autrefois incrédules, quand la patience de Dieu les attendait une fois, durant les jours de Noé, tandis que l’arche se préparait, dans laquelle un petit nombre, savoir huit personnes furent sauvées par l’eau.

21 A quoi aussi maintenant répond la figure qui nous sauve, c’est-à-dire, le baptême ; non point celui par lequel les ordures de la chair sont nettoyées, mais la promesse faite à Dieu d’une conscience pure, par la résurrection de Jésus-Christ,

22 qui est à la droite de Dieu, étant allé au ciel ; et auquel sont assujettis les anges, et les dominations, et les puissances.

CHAP. IV.

Exhortation à la communion, aux souffrances, comme à la vie et à la gloire de Jésus-Christ.


PUIS donc que Christ a souffert pour nous en la chair, vous aussi soyez armés de cette même pensée, que celui qui a souffert en la chair a cessé de pécher,

2 afin que, durant le temps qui reste en la chair, vous ne viviez plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu.

3 Car il nous doit suffire d’avoir accompli la volonté des Gentils, durant le temps de notre vie passée, quand nous nous abandonnions aux impudicités, aux convoitises, à l’ivrognerie, aux excès dans le manger et dans le boire, et aux idolâtries abominables ;

4 ce que ces Gentils trouvant fort étrange, ils vous blâment de ce que vous ne courez pas avec eux dans un même débordement de dissolution.

5 Mais ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivans et les morts.

6 Car c’est aussi pour cela qu’il a été évangélisé aux morts, afin qu’ils fussent jugés selon les hommes en la chair, et qu’ils vécussent selon Dieu dans l’esprit.

7 Or, la fin de toutes choses est proche : soyez donc sobres, et vigilans à prier.

8 Mais surtout ayez entre vous une ardente charité ; car la charité couvrira une multitude de péchés.

9 Soyez hospitaliers les uns envers les autres, sans murmures.

10 Que chacun, selon le don qu’il a reçu, l’emploie pour le service des autres, comme bons dispensateurs de la différente grâce de Dieu.

11 Si quelqu’un parle, qu’il parle comme annonçant les paroles de Dieu ; si quelqu’un administre, qu’il administre comme par la puissance que Dieu lui en a fournie ; afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, auquel appartient la gloire et la force, aux siècles des siècles. Amen.

12 Mes bien-aimés, ne trouvez point étrange quand vous êtes comme dans une fournaise pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire.

13 Mais en ce que vous participez aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec allégresse.

14 Si on vous dit des injures pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux ; car l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur vous, lequel est blasphémé par ceux qui vous noircissent, mais pour vous, vous le glorifiez.

15 Que nul de vous ne souffre comme meurtrier, ou larron, ou malfaiteur, ou curieux des affaires d’autrui.

16 Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point de honte, mais qu’il glorifie Dieu en cela.

17 Car il est temps que le jugement commence par la maison de Dieu ; or, s’il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent point à l’évangile de Dieu ?

18 Et si le juste est difficilement sauvé, où comparaîtra le méchant et le pécheur ?

19 Que ceux-là donc aussi qui souffrent par la volonté de Dieu, puisqu’ils font ce qui est bon, lui recommandent leurs âmes, comme au fidèle Créateur.

CHAP. V.

Devoirs des pasteurs, des anciens, et d’autres fidèles en Christ.


JE prie les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux, et témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui doit être révélée, et je leur dis :

2 Paissez le troupeau de Christ, qui vous est commis, en prenant garde sur lui, non point par contrainte, mais volontairement ; non point pour un gain déshonnête, mais par un principe d’affection ;

3 et non point comme ayant domination sur les héritages du Seigneur, mais en telle manière que vous soyez pour modèle au troupeau.

4 Et quand le souverain pasteur apparaîtra, vous recevrez la couronne incorruptible de gloire.

5 De même, vous jeunes gens, soyez soumis aux anciens, et ayant tous de la soumission l’un pour l’autre, soyez parés d’humilité ; parce que Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles.

6 Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand il en sera temps ;

7 lui remettant tout ce qui peut vous inquiéter ; car il a soin de vous.

8 Soyez sobres, et veillez ; car le diable, votre adversaire, tourne autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer.

9 Résistez-lui donc, en demeurant fermes dans la foi, sachant que les mêmes souffrances s’accomplissent en la compagnie de vos frères qui sont dans le monde.

10 Or, le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés à sa gloire éternelle en Jésus-Christ, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous rende accomplis, vous affermisse, vous fortifie, et vous rende inébranlables.

11 A lui soit la gloire et la force au siècle des siècles ! Amen.

12 Je vous ai écrit brièvement par Silvain, que je regarde comme un frère fidèle, vous déclarant et vous protestant que la grâce de Dieu dans laquelle vous êtes, est la véritable.

13 L’église qui est à Babylone, élue avec vous, et Marc mon fils, vous saluent.

14 Saluez-vous l’un l’autre par un baiser de charité. Que la paix soit à vous tous, qui êtes en Jésus-Christ ! Amen.



SECONDE ÉPÎTRE CATHOLIQUE

DE SAINT PIERRE, APÔTRE.

CHAP. I.

Exhortation à l’affermissement de notre vocation en Christ, par la parole des prophètes.


SIMON-Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, à vous qui avez obtenu une foi de pareil prix avec nous, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ ;

2 que la grâce et la paix vous soient multipliées en la connaissance de Dieu, et de notre Seigneur Jésus.

3 Puisque sa divine puissance nous a donné tout ce qui appartient à la vie et à la piété, par la connaissance de celui qui nous a appelés par sa gloire et par sa vertu ;

4 par lesquelles nous sont données les grandes et précieuses promesses, afin que par elles vous soyez faits participans de la nature divine, étant échappés de la corruption qui règne dans le monde par la convoitise ;

5 vous donc aussi, y donnant tous vos soins, ajoutez la vertu à votre foi ; à la vertu, la science ;

6 à la science, la tempérance ; à la tempérance, la patience ; à la patience, la piété ;

7 à la piété, l’amour fraternel ; et à l’amour fraternel, la charité.

8 Car si ces choses sont en vous, et y abondent, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles en la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.

9 Mais celui en qui ces choses ne se trouvent point, est aveugle, et ne voit point de loin, ayant oublié la purification de ses anciens péchés.

10 C’est pourquoi, mes frères, étudiez-vous plutôt à affermir votre vocation et votre élection ; car en faisant cela vous ne broncherez jamais.

11 Car par ce moyen l’entrée au royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera abondamment donnée.

12 C’est pourquoi je ne serai point paresseux à vous faire toujours souvenir de ces choses, quoique vous ayez de la connaissance, et que vous soyez fondés en la vérité présente.

13 Car je crois qu’il est juste que je vous réveille par des avertissemens, tandis que je suis dans cette tente ;

14 sachant que dans peu de temps je dois en déloger, comme notre Seigneur Jésus-Christ lui-même me l’a déclaré.

15 Mais j’aurai soin que vous puissiez aussi, après mon départ, vous remettre continuellement ces choses dans votre souvenir.

16 Car nous ne vous avons point donné à connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, en suivant des fables artificieusement composées, mais comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux.

17 Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, quand une telle voix lui fut adressée du milieu de la gloire magnifique : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai pris mon bon plaisir.

18 Et nous entendîmes cette voix émanée du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne.

19 Nous avons aussi la parole des prophètes qui est très-ferme, à laquelle vous faites bien d’être attentifs, comme à une chandelle qui a éclairé dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire, et que l’étoile du matin se soit levée dans vos cœurs.

20 Considérant premièrement ceci, qu’aucune prophétie de l’écriture ne procède d’aucun mouvement particulier.

21 Car la prophétie n’a point été autrefois apportée par la volonté humaine ; mais les saints hommes de Dieu étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé.

CHAP. II.

Description des faux docteurs, et prédiction d’une grande corruption dans le ministère.


MAIS comme il y a eu de faux prophètes parmi le peuple, il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront secrètement des sectes de perdition, et qui renieront le Seigneur qui les a rachetés, attirant sur eux-mêmes une prompte ruine.

2 Et plusieurs suivront leurs sectes de perdition ; et à cause d’eux la voie de la vérité sera blasphémée ;

3 car ils feront par avarice trafic de vous avec des paroles déguisées ; mais la condamnation qui leur est destinée depuis long-temps ne tarde point, et leur punition ne s’endort point.

4 Car, si Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais les ayant précipités dans l’abîme, chargés des chaînes d’obscurité, les a livrés pour être réservés au jugement ;

5 et s’il n’a point épargné le monde ancien, mais a gardé Noé, lui huitième, qui était le prédicateur de la justice, et a fait venir le déluge sur le monde des impies :

6 et s’il a condamné à un renversement total les villes de Sodome et de Gomorrhe, les réduisant en cendres, et les mettant pour être un exemple à ceux qui vivraient dans l’impiété ;

7 et s’il a délivré le juste Lot qui avait eu beaucoup à souffrir de ces abominables par leur infâme conduite.

8 Car cet homme juste, qui demeurait parmi eux, les voyant et les entendant, affligeait tous les jours son âme juste, à cause de leurs méchantes actions.

9 Le Seigneur sait ainsi délivrer de la tentation ceux qui l’honorent, et réserver les injustes pour être punis au jour du jugement ;

10 principalement ceux qui suivent les mouvemens de la chair dans la passion de l’impureté, et qui méprisent la domination ; gens audacieux, adonnés à leurs sens, et qui ne craignent point de blâmer les dignités ;

11 au lieu que les anges, quoiqu’ils soient plus grands en force et en puissance, ne prononcent point contre elles de sentence injurieuse devant le Seigneur.

12 Mais ceux-ci, semblables à des bêtes brutes qui suivent leur sensualité, et qui sont faites pour être prises et détruites, blâmant ce qu’ils n’entendent point, périront par leur propre corruption ;

13 et ils recevront la récompense de leur iniquité. Ils aiment à être tous les jours dans les délices. Ce sont des taches et des souillures, et ils font leurs délices de leurs tromperies dans les repas qu’ils font avec vous.

14 Ils ont les yeux pleins d’adultère ; ils ne cessent jamais de pécher ; ils attirent les âmes mal assurées ; ils ont le cœur exercé dans les rapines ; ce sont des enfans de malédiction,

15 qui ayant laissé le droit chemin, se sont égarés, et ont suivi le train de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire d’iniquité ; mais il fut repris de son injustice ;

16 car une ânesse muette parlant d’une voix humaine, réprima la folie du prophète.

17 Ce sont des fontaines sans eau, et des nuées agitées par le tourbillon, et des gens à qui l’obscurité des ténèbres est réservée éternellement.

18 Car en prononçant des discours fort enflés de vanité, ils amorcent par les convoitises de la chair, et par leurs impudicités, ceux qui s’étaient véritablement retirés de ceux qui vivent dans l’erreur ;

19 leur promettant la liberté, quoiqu’ils soient eux-mêmes esclaves de la corruption ; car on est réduit dans la servitude de celui par qui on est vaincu.

20 Parce que si, après s’être retirés des souillures du monde par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, toutefois étant de nouveau enveloppés par elles, ils en sont surmontés, leur dernière condition est pire que la première.

21 Car il leur eût mieux valu de n’avoir pas connu la voie de la justice, qu’après l’avoir connue de se détourner du saint commandement qui leur avait été donné.

22 Mais ce qu’on dit par un proverbe véritable, leur est arrivé : Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi ; et la truie lavée est retournée se vautrer dans le bourbier.

CHAP. III.

Des moqueurs aux derniers jours ; du second avénement de Jésus-Christ, et du renouvellement de toutes choses.


MES bien-aimés, c’est ici la seconde lettre que je vous écris, afin de réveiller dans l’une et dans l’autre, par mes avertissemens, les sentimens purs que vous avez ;

2 et afin que vous vous souveniez des paroles qui ont été dites auparavant par les saints prophètes, et du commandement que vous avez reçu de nous, qui sommes apôtres du Seigneur et Sauveur.

3 Sur toutes choses, sachez qu’aux derniers jours il viendra des moqueurs, se conduisant selon leurs propres convoitises ;

4 et disant : Où est la promesse de son avénement ? Car, depuis que les pères sont endormis, toutes choses demeurent comme elles ont été dès le commencement de la création.

5 Car ils ignorent volontairement ceci, que les cieux ont été faits de toute ancienneté, et que la terre est sortie de l’eau, et qu’elle subsiste parmi l’eau, par la parole de Dieu.

6 Et que, par ces choses-là, le monde d’alors périt, étant submergé des eaux du déluge.

7 Mais les cieux et la terre qui sont maintenant, sont réservés par la même parole, étant gardés pour le feu au jour du jugement et de la destruction des hommes impies.

8 Mais vous, mes bien-aimés, n’ignorez pas ceci, qu’un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour.

9 Le Seigneur ne retarde point l’exécution de sa promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y ait du retardement ; mais il est patient envers nous, ne voulant point qu’aucun périsse, mais que tous se repentent.

10 Or, le jour du Seigneur viendra comme le larron dans la nuit ; et en ce jour-là les cieux passeront avec un bruit sifflant de tempête, et les élémens seront dissous par l’ardeur du feu, et la terre, et toutes les œuvres qui sont en elle brûleront entièrement.

11 Puis donc que toutes ces choses se doivent dissoudre, quels ne devez-vous pas être par une sainte conduite, et par des œuvres de piété ?

12 En attendant, et en hâtant par vos désirs la venue du jour de Dieu, auquel les cieux étant enflammés seront dissous, et les élémens se fondront par l’ardeur du feu.

13 Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux, et une nouvelle terre où la justice habite.

14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, en attendant ces choses, étudiez-vous à être trouvés de lui sans tache et sans reproche, en paix.

15 Et regardez la patience du Seigneur comme une preuve qu’il veut votre salut ; comme Paul, notre frère bien-aimé vous en a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée ;

16 ainsi que dans toutes ses lettres, il parle de ces points, dans lesquels il y a des choses difficiles à entendre, que les ignorans et les mal assurés tordent comme ils tordent aussi les autres écritures à leur propre perdition.

17 Vous donc, mes bien-aimés, puisque vous en êtes déjà avertis, prenez garde qu’étant emportés avec les autres par la séduction des abominables, vous ne veniez à décheoir de votre fermeté.

18 Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. À lui soit gloire maintenant, et jusqu’au jour d’éternité ! Amen.


PREMIÈRE ÉPÎTRE CATHOLIQUE

DE SAINT JEAN, APÔTRE.

CHAP. I.

La parole de vie ; la communion avec Christ, et la confession de nos péchés.


CE qui était dès le commencement, ce que nous avons ouï, ce que nous avons vu de nos propres yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos propres mains ont touché de la parole de vie ;

2 (car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue, et aussi nous le témoignons, et nous vous annonçons la vie éternelle qui était avec le Père, et qui nous a été manifestée) ;

3 cela, dis-je, que nous avons vu et ouï, nous vous l’annonçons ; afin que vous ayez communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.

4 Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit parfaite.

5 Or, c’est ici la déclaration que nous avons entendue de lui, et que nous vous annonçons, savoir, que Dieu est lumière, et qu’il n’y a en lui nulles ténèbres.

6 Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous n’agissons pas selon la vérité.

7 Mais si nous marchons dans la lumière, comme Dieu est en la lumière, nous avons communion l’un avec l’autre, et le sang de son Fils Jésus-Christ nous purifie de tout péché.

8 Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous.

9 Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, et nous nettoyer de toute iniquité.

10 Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous.

CHAP. II.

De l’église de Jésus-Christ gardant ses commandemens. Plusieurs antéchrists.


MES petits enfans, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point ; que si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, savoir, Jésus-Christ le Juste.

2 Car c’est lui qui est la victime de propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.

3 Et par ceci nous savons que nous l’avons connu, savoir, si nous gardons ses commandemens.

4 Celui qui dit : Je l’ai connu, et qui ne garde point ses commandemens, est menteur, et il n’y a point de vérité en lui.

5 Mais pour celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu est véritablement accompli en lui, et c’est par cela que nous savons que nous sommes en lui.

6 Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit vivre comme Jésus-Christ lui-même a vécu.

7 Mes frères, je ne vous écris point un commandement nouveau, mais le commandement ancien, que vous avez eu dès le commencement ; et ce commandement ancien, c’est la parole que vous avez entendue dès le commencement.

8 Cependant le commandement que je vous écris est un commandement nouveau, et est une chose véritable en lui et en vous, parce que les ténèbres sont passées, et que la vraie lumière luit maintenant.

9 Celui qui dit qu’il est en la lumière, et qui hait son frère, est dans les ténèbres jusqu’à cette heure.

10 Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a rien en lui qui le puisse faire tomber.

11 Mais celui qui hait son frère, est dans les ténèbres, et il marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, car les ténèbres lui ont aveuglé les yeux.

12 Mes petits enfans, je vous écris, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom.

13 Pères, je vous écris, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Jeunes gens, je vous écris, parce que vous avez vaincu le malin esprit.

14 Jeunes enfans, je vous écris, parce que vous avez connu le Père. Pères, je vous ai écrit, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Jeunes gens, je vous ai écrit, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin esprit.

15 N’aimez point le monde, ni les choses qui sont au monde ; si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui.

16 Car tout ce qui est au monde, c’est-à-dire, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, n’est point du Père, mais est du monde.

17 Et le monde passe avec sa convoitise ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.

18 Jeunes enfans, c’est ici le dernier temps ; et comme vous avez entendu que l’Antéchrist viendra, il y a même dès maintenant plusieurs Antéchrists ; et nous connaissons à cela que c’est le dernier temps.

19 Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient point des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ; mais c’est afin qu’il fût manifesté que tous ne sont pas des nôtres.

20 Mais vous avez été oints par le Saint-Esprit, et vous connaissez toutes choses.

21 Je ne vous ai pas écrit comme si vous ne connaissiez point la vérité, mais parce que vous la connaissez, et qu’aucun mensonge n’est de la vérité.

22 Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’Antéchrist qui nie le Père et le Fils.

23 Quiconque nie le Fils, n’a point non plus le Père ; quiconque confesse le Fils, a aussi le Père.

24 Que donc ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous ; car si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père.

25 Et c’est ici la promesse qu’il nous a annoncée, savoir la vie éternelle.

26 Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous séduisent.

27 Mais l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne ; mais comme la même onction vous enseigne toutes choses, et qu’elle est véritable, et n’est pas un mensonge, et selon qu’elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui.

28 Maintenant donc, mes petits enfans, demeurez en lui ; afin que quand il apparaîtra, nous ayons assurance, et que nous ne soyons point confus de sa présence à sa venue.

29 Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque fait ce qui est juste est né de lui.

CHAP. III.

L’adoption, la charité, l’affliction et la consolation des chrétiens.


VOYEZ quelle charité le Père a eue pour nous, que nous soyons appelés les enfans de Dieu ; mais le monde ne nous connaît point, parce qu’il ne l’a point connu.

2 Mes bien-aimés, nous sommes maintenant les enfans de Dieu, mais ce que nous serons n’est pas encore manifesté ; or, nous savons que lorsque le Fils de Dieu sera apparu, nous lui serons semblables ; car nous le verrons tel qu’il est.

3 Et quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui aussi est pur.

4 Quiconque fait un péché, agit contre la loi ; car le péché est ce qui est contre la loi.

5 Or, vous savez qu’il est apparu, afin qu’il ôtât nos péchés ; et il n’y a point de péché en lui.

6 Quiconque demeure en lui, ne péche point ; quiconque péche, ne l’a point vu, ni ne l’a point connu.

7 Mes petits enfans, que personne ne vous séduise. Celui qui fait ce qui est juste est une personne juste, comme Jésus-Christ est juste.

8 Celui qui vit dans le péché est du diable ; car le diable péche dès le commencement ; or, le Fils de Dieu est apparu pour détruire les œuvres du diable.

9 Quiconque est né de Dieu ne vit point dans le péché ; car la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu.

10 Et c’est à cela que sont connus les enfans de Dieu, et les enfans du diable. Quiconque ne fait pas ce qui est juste, et qui n’aime pas son frère, n’est point de Dieu.

11 Car c’est ici ce que vous avez ouï annoncer dès le commencement ; savoir que nous nous aimions l’un l’autre ;

12 et que nous ne soyons point comme Caïn qui était du malin esprit, et qui tua son frère. Mais pour quel sujet le tua-t-il ? c’est parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes.

13 Mes frères, ne vous étonnez point si le monde vous hait.

14 En ce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes transférés de la mort à la vie. Celui qui n’aime point son frère demeure en la mort.

15 Quiconque hait son frère est un meurtrier, et vous savez qu’aucun meurtrier ne possède point la vie éternelle.

16 A ceci nous avons connu la charité, c’est qu’il a exposé sa vie pour nous ; nous devons donc aussi exposer nos vies pour nos frères.

17 Or, celui qui aura des biens de ce monde, et qui voyant son frère dans la nécessité, lui fermera ses entrailles, comment est-ce que la charité de Dieu demeure en lui ?

18 Mes petits enfans, n’aimons pas de paroles, ni de langue, mais par des effets et en vérité.

19 Car c’est par là que nous connaissons que nous sommes de la vérité ; et nous assurons ainsi nos cœurs devant lui.

20 Que si notre cœur nous condamne, certes Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses.

21 Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne point, nous avons assurance envers Dieu.

22 Et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui ; parce que nous gardons ses commandemens, et que nous faisons les choses qui lui sont agréables.

23 Et c’est ici son commandement, que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions l’un l’autre, comme il nous en a donné le commandement.

24 Et celui qui garde ses commandemens demeure en Jésus-Christ, et Jésus-Christ demeure en lui ; et par ceci nous connaissons qu’il demeure en nous, savoir par l’esprit qu’il nous a donné.

CHAP. IV.

D’éprouver les esprits, et de conserver l’amour envers Dieu et les hommes.


MES bien-aimés, ne croyez point à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu ; car plusieurs faux prophètes sont venus au monde.

2 Connaissez à cette marque l’Esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu en chair, est de Dieu.

3 Et tout esprit qui ne confesse point que Jésus-Christ est venu en chair, n’est point de Dieu ; or, tel est l’esprit de l’Antéchrist, duquel vous avez ouï dire qu’il viendra, et il est même déjà maintenant au monde.

4 Mes petits enfans, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus ; parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est au monde.

5 Ils sont du monde, c’est pourquoi ils parlent du monde, et le monde les écoute.

6 Nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; mais celui qui n’est point de Dieu, ne nous écoute point ; nous connaissons à ceci l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur.

7 Mes bien-aimés, aimons-nous l’un l’autre ; car la charité est de Dieu ; et quiconque aime son prochain est né de Dieu, et connaît Dieu.

8 Celui qui n’aime point son prochain, n’a point connu Dieu ; car Dieu est charité.

9 En ceci est manifestée la charité de Dieu envers nous, que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions par lui.

10 En ceci est la charité, non que nous ayons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés, et qu’il a envoyé son Fils pour être la propitiation pour nos péchés.

11 Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer l’un l’autre.

12 Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons l’un l’autre, Dieu demeure en nous, et sa charité est accomplie en nous.

13 A ceci nous connaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, c’est qu’il nous a donné de son Esprit.

14 Et nous l’avons vu, et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde.

15 Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu.

16 Et nous avons connu et cru la charité que Dieu a pour nous. Dieu est charité ; et celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu, et Dieu en lui.

17 En ceci est accomplie la charité envers nous, afin que nous ayons de la confiance pour le jour du jugement, si tel qu’il est, nous sommes tels en ce monde.

18 Il n’y a point de crainte dans la charité, mais la parfaite charité bannit la crainte ; car la crainte cause de la peine ; or celui qui craint n’est pas accompli dans la charité.

19 Nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier.

20 Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et cependant il hait son frère, il est un menteur ; car comment, celui qui n’aime point son frère, qu’il voit, peut-il aimer Dieu, qu’il ne voit point ?

21 Et nous avons ce commandement de sa part, que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère.

CHAP. V.

De la foi triomphante, en gardant les commandemens, recevant les témoignages, et s’assurant d’être exaucé.


QUICONQUE croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu ; et quiconque aime celui qui l’a engendré, aime aussi celui qui est né de lui.

2 Nous connaissons à cette marque que nous aimons les enfans de Dieu, c’est lorsque nous aimons Dieu, et que nous gardons ses commandemens.

3 Car c’est en ceci que consiste notre amour pour Dieu ; que nous gardions ses commandemens ; et ses commandemens ne sont point pénibles.

4 Parce que tout ce qui est né de Dieu surmonte le monde ; et ce qui nous fait remporter la victoire sur le monde, c’est notre foi.

5 Qui est celui qui surmonte le monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?

6 C’est ce Jésus, qui est venu par l’eau et par le sang, et non seulement par l’eau, mais par l’eau et le sang ; et c’est l’Esprit qui en rend témoignage ; or l’Esprit est la vérité.

7 Car il y en a trois dans le ciel qui rendent témoignage, le Père, la Parole, et le Saint-Esprit ; et ces trois-là ne sont qu’un.

8 Il y en a aussi trois qui rendent témoignage sur la terre, savoir l’Esprit, l’eau, et le sang ; et ces trois-là se rapportent à un.

9 Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus considérable : or c’est là le témoignage de Dieu, qu’il a rendu de son Fils.

10 Celui qui croit au Fils de Dieu, a au-dedans de lui-même le témoignage de Dieu ; mais celui qui ne croit point à Dieu, l’a fait menteur ; car il n’a point cru au témoignage que Dieu a rendu de son Fils.

11 Et c’est ici le témoignage, savoir que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est en son Fils.

12 Celui qui a le Fils, a la vie ; celui qui n’a point le Fils de Dieu, n’a point la vie.

13 Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, et afin que vous croyiez au nom du Fils de Dieu.

14 Et c’est ici la confiance que nous avons en Dieu, que si nous demandons quelque chose, selon sa volonté, il nous exauce.

15 Et si nous savons qu’il nous exauce, quoi que nous demandions, nous le savons, parce que nous obtenons les choses que nous lui avons demandées.

16 Si quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui n’est point à la mort, il priera pour lui, et Dieu lui donnera la vie ; savoir à ceux qui ne péchent point à la mort. Il y a un péché à la mort ; je ne te dis point de prier pour ce péché-là.

17 Toute iniquité est un péché ; mais il y a quelque péché qui n’est point à la mort.

18 Nous savons que quiconque est né de Dieu ne péche point ; mais celui qui est engendré de Dieu se conserve soi-même, et le malin esprit ne le touche point.

19 Nous savons que nous sommes nés de Dieu ; mais tout le monde est plongé dans le mal.

20 Or, nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable ; et nous sommes dans le Véritable, savoir en son Fils Jésus-Christ ; il est le vrai Dieu et la vie éternelle.

21 Mes petits enfans, gardez-vous des idoles. Amen.



SECONDE ÉPÎTRE

DE SAINT JEAN, APÔTRE.

L’amour de Dieu est de garder ses commandemens. On doit fuir les séducteurs et les méchans.


L’ANCIEN, à la dame élue et à ses enfans, que j’aime sincèrement, et que je n’aime pas moi seul, mais aussi tous ceux qui ont connu la vérité ;

2 à cause de la vérité qui demeure en nous, et qui sera avec nous à jamais.

3 Que la grâce, la miséricorde et la paix, de la part de Dieu le Père, et de la part du Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Père, soit avec vous en vérité et en charité !

4 Je me suis fort réjoui d’avoir trouvé quelques-uns de tes enfans qui marchent dans la vérité, selon le commandement que nous avons reçu du Père.

5 Et maintenant, ô dame, je te prie, non comme t’écrivant un nouveau commandement, mais celui que nous avons eu dès le commencement, que nous ayons de la charité les uns pour les autres.

6 Et c’est ici la charité, que nous marchions selon ses commandemens ; et c’est ici son commandement, comme vous l’avez entendu dès le commencement, afin que vous l’observiez.

7 Car plusieurs séducteurs sont venus au monde, qui ne confessent point que Jésus-Christ est venu en chair. Un tel homme est un séducteur et un Antéchrist.

8 Prenez garde à vous-mêmes, afin que nous ne perdions point ce que nous avons fait, mais que nous en recevions une pleine récompense.

9 Quiconque transgresse la doctrine de Jésus-Christ, et ne lui demeure point fidèle, n’a point Dieu : celui qui demeure en la doctrine de Christ, a le Père et le Fils.

10 Si quelqu’un vient à vous, et qu’il n’apporte point cette doctrine, ne le recevez point dans votre maison, et ne le saluez point ;

11 car celui qui le salue, communique à ses mauvaises œuvres.

12 Quoique j’eusse plusieurs choses à vous écrire, je ne les ai pas voulu écrire avec du papier et de l’encre ; mais j’espère d’aller vers vous, et de vous parler bouche à bouche, afin que notre joie soit parfaite.

13 Les enfans de ta sœur élue te saluent. Amen.



TROISIÈME ÉPÎTRE

DE SAINT JEAN, APÔTRE.

La charité de Gaïus ; l’ambition de Diotrèphes, et le zèle de Démétrius.


L’ANCIEN, à Gaïus le bien-aimé, que j’aime en vérité.

2 Bien-aimé, je souhaite que tu prospères en toutes choses, et que tu sois en santé, comme ton âme est en prospérité.

3 Car je me suis fort réjoui quand les frères sont venus, et ont rendu témoignage de ta sincérité, et comment tu marches dans la vérité.

4 Je n’ai point de plus grande joie que celle-ci, qui est d’entendre que mes enfans marchent dans la vérité.

5 Bien-aimé, tu agis fidèlement en tout ce que tu fais envers les frères et envers les étrangers ;

6 qui, en la présence de l’église, ont rendu témoignage de ta charité, et tu feras bien de les accompagner dignement, comme il est séant selon Dieu.

7 Car ils sont partis pour son nom, ne prenant rien des Gentils.

8 Nous devons donc recevoir ceux qui leur ressemblent, afin que nous aidions à la vérité.

9 J’ai écrit à l’église ; mais Diotrèphes, qui aime d’être le premier entre eux, ne nous reçoit point.

10 C’est pourquoi, si je viens, je représenterai les actions qu’il commet, s’évaporant en mauvais discours contre nous ; et n’étant pas content de cela, non seulement il ne reçoit pas les frères, mais il empêche même ceux qui les veulent recevoir, et les chasse de l’église.

11 Bien-aimé, n’imite point le mal, mais le bien ; celui qui fait bien, est de Dieu ; mais celui qui fait mal, n’a point vu Dieu.

12 Tous rendent témoignage à Démétrius, et la vérité même le lui rend, et nous aussi lui rendons témoignage, et vous savez que notre témoignage est véritable.

13 J’avais plusieurs choses à écrire, mais je ne veux point t’écrire avec de l’encre et avec la plume ;

14 mais j’espère de te voir bientôt, et nous parlerons bouche à bouche.

15 Que la paix soit avec toi ! les amis te saluent ; salue les amis nom par nom.



ÉPÎTRE CATHOLIQUE

DE SAINT JUDE.

Exhortation à la constance et à la sincérité de la foi contre les faux docteurs.


JUDE, serviteur de Jésus-Christ, et frère de Jacques, à ceux qui ont été appelés par l’évangile, que Dieu a sanctifiés, et que Jésus-Christ a conservés.

2 Que la miséricorde, la paix et l’amour vous soient multipliés.

3 Mes bien-aimés, comme je m’étudie entièrement à vous écrire du salut qui nous est commun, il m’a été nécessaire de vous écrire pour vous exhorter à soutenir le combat pour la foi qui a été une fois donnée aux saints.

4 Car quelques-uns se sont glissés parmi vous, qui, dès long-temps auparavant, ont été écrits pour une telle condamnation ; gens sans pitié, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renoncent le seul dominateur Jésus-Christ, notre Dieu et Seigneur.

5 Or, je veux vous faire souvenir d’une chose que vous savez déjà ; c’est que le Seigneur ayant délivré le peuple du pays d’Egypte, il détruisit ensuite ceux qui n’avaient point cru ;

6 et qu’il a réservé sous l’obscurité dans des liens éternels, jusqu’au jugement de la grande journée, les anges qui n’ont pas gardé leur origine, mais qui ont abandonné leur propre demeure ;

7 et que Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines qui s’étaient abandonnées de la même manière que celles-ci à l’impureté, et qui avaient couru après les péchés contre nature, ont été mises pour servir d’exemple, ayant reçu la punition du feu éternel.

8 Nonobstant cela, ceux-ci tout de même s’étant endormis dans le vice, souillent leur chair, méprisent la domination, et blâment les dignités.

9 Et néanmoins Michel l’archange, quand il contestait, disputant avec le démon touchant le corps de Moïse, n’osa point prononcer de sentence de malédiction, mais il dit seulement : Que le Seigneur te censure fortement.

10 Mais ceux-ci médisent de tout ce qu’ils n’entendent point, et se corrompent en tout ce qu’ils connaissent naturellement, comme font les bêtes brutes.

11 Malheur à eux, car ils ont suivi le train de Caïn, et ont couru, par un égarement tel que celui de Balaam, après la récompense, et ont péri par une contradiction semblable à celle de Coré.

12 Ceux-ci sont des taches dans vos repas de charité, en prenant leurs repas avec vous, et se repaissant eux-mêmes sans crainte ; ce sont des nuées sans eau, emportées des vents çà et là ; des arbres dont le fruit se pourrit, et sans fruit, deux fois morts, et déracinés ;

13 des vagues impétueuses de la mer, jetant l’écume de leurs impuretés ; des étoiles errantes, à qui l’obscurité des ténèbres est réservée éternellement.

14 Desquels aussi Enoc, septième homme après Adam, a prophétisé, en disant :

15 Voici, le Seigneur est venu avec ses saints, qui sont par millions, pour juger tous les hommes, et pour convaincre tous les méchans d’entre eux de toutes leurs méchantes actions qu’ils ont commises méchamment, et de toutes les paroles injurieuses que les pécheurs impies ont proférées contre lui.

16 Ce sont des murmurateurs, des querelleurs, se conduisant selon leurs convoitises, dont la bouche prononce des discours fort enflés, et qui admirent les personnes pour le profit qui leur en revient.

17 Mais vous, mes bien-aimés, souvenez-vous des paroles qui ont été dites auparavant par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ ;

18 et comment ils vous disaient, qu’au dernier temps il y aurait des moqueurs, qui marcheraient selon leurs impies convoitises.

19 Ce sont ceux qui se séparent eux-mêmes des gens sensuels, n’ayant point l’Esprit ;

20 mais vous, mes bien-aimés, vous appuyant vous-mêmes sur votre très-sainte foi, et priant par le Saint-Esprit,

21 conservez-vous les uns les autres dans l’amour de Dieu, en attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ, pour obtenir la vie éternelle.

22 Et ayez pitié des uns, en usant de discrétion ;

23 et sauvez les autres par la frayeur, les arrachant comme hors du feu, et haïssez même la robe souillée par la chair.

24 Or, à celui qui est puissant pour vous garder sans que vous fassiez aucune chute, et vous présenter irrépréhensibles devant sa gloire, avec joie ;

25 à Dieu, seul sage, notre Sauveur, soit gloire et magnificence, force et empire dès maintenant et dans tous les siècles ! Amen.


APOCALYPSE OU RÉVÉLATION

DE SAINT JEAN LE THÉOLOGIEN.

CHAP. I.

Jésus-Christ se révélant à saint Jean avec sept étoiles entre sept chandeliers.


LA révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour découvrir à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, et qui les a fait connaître en les envoyant par son ange à Jean son serviteur ;

2 qui a annoncé la parole de Dieu, et le témoignage de Jésus-Christ, et toutes les choses qu’il a vues.

3 Bienheureux est celui qui lit, et ceux qui écoutent les paroles de cette prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites ; car le temps est proche.

4 Jean, aux sept églises qui sont en Asie, que la grâce et la paix vous soient données de la part de celui qui est, qui etait, et qui est a venir, et de la part des sept esprits qui sont devant son trône ;

5 et de la part de Jésus-Christ, qui est le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, et le prince des rois de la terre ;

6 à lui, dis-je, qui nous a aimés, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits rois et sacrificateurs à Dieu, son Père, à lui soit la gloire et la force, aux siècles des siècles ! Amen.

7 Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux même qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront devant lui ; oui. Amen.

8 Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin, dit le Seigneur, qui est, qui etait, et qui est a venir, le Tout-puissant.

9 Moi, Jean, qui suis aussi votre frère, et qui participe à l’affliction, au règne et à la patience de Jésus-Christ, j’étais dans l’île appelée Patmos, pour la parole de Dieu, et pour le témoignage de Jésus-Christ.

10 Or, je fus ravi en esprit un jour de dimanche, et j’entendis derrière moi une grande voix, comme est le son d’une trompette,

11 qui disait : Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier. Ecris dans un livre ce que tu vois, et envoie-le aux sept églises qui sont en Asie, savoir, à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sarde, à Philadelphie, et à Laodicée.

12 Alors je me tournai pour voir celui dont la voix m’avait parlé ; et m’étant tourné, je vis sept chandeliers d’or ;

13 et au milieu des sept chandeliers d’or, un personnage semblable à un homme, vêtu d’une longue robe, et ceint d’une ceinture d’or à l’endroit des mamelles.

14 Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche et comme de la neige, et ses yeux étaient comme une flamme de feu ;

15 ses pieds étaient semblables à de l’airain très-luisant, comme s’ils eussent été embrasés dans une fournaise ; et sa voix était comme le bruit des grosses eaux.

16 Et il avait en sa main droite sept étoiles, et de sa bouche sortait une épée aiguë à deux tranchans, et son visage était semblable au soleil quand il luit en sa force.

17 Et lorsque je l’eus vu, je tombai à ses pieds comme mort, et il mit sa main droite sur moi, en me disant : Ne crains point, je suis le premier et le dernier ;

18 et je vis ; mais j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles, Amen ; et je tiens les clefs de l’enfer et de la mort.

19 Ecris les choses que tu as vues, celles qui sont présentement, et celles qui doivent arriver ensuite.

20 Le mystère des sept étoiles que tu as vues en ma main droite, et les sept chandeliers d’or. Les sept étoiles sont les anges des sept églises, et les sept chandeliers que tu as vus sont les sept églises.

CHAP. II.

Lettres écrites par le commandement de Jésus-Christ aux pasteurs d’Ephèse, de Smyrne, de Pergame, et de Thyatire.


ECRIS à l’ange de l’église d’Ephèse : Celui qui tient les sept étoiles en sa main droite, et qui marche au milieu des sept chandeliers d’or dit ces choses :

2 Je connais tes œuvres, ton travail et ta patience, et je sais que tu ne peux souffrir les méchans, et que tu as éprouvé ceux qui se disent être apôtres, et ne le sont point, et que tu les as trouvés menteurs ;

3 et que tu as souffert, et que tu as eu patience, et que tu as travaillé pour mon nom, et que tu ne t’es point lassé.

4 Mais j’ai quelque chose contre toi, c’est que tu as abandonné ta première charité.

5 C’est pourquoi, souviens-toi d’où tu es déchu, et t’en repens, et fais les premières œuvres ; autrement je viendrai à toi bientôt ; et j’ôterai ton chandelier de son lieu, si tu ne te repens.

6 Mais pourtant tu as ceci de bon, que tu hais les actions des Nicolaïtes, lesquelles je hais moi aussi.

7 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux églises : A celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de l’arbre de vie, qui est au milieu du paradis de Dieu.

8 Ecris aussi à l’ange de l’église de Smyrne : Le premier et le dernier, qui a été mort, et qui est retourné en vie, dit ces choses :

9 Je connais tes œuvres, ton affliction et ta pauvreté (mais tu es riche), et le blasphème de ceux qui se disent être Juifs, et qui ne le sont point, mais qui sont la synagogue de Satan.

10 Ne crains rien des choses que tu as à souffrir. Voici, il arrivera que le démon mettra quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une affliction de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.

11 Que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux églises : Celui qui vaincra sera mis à couvert de la seconde mort.

12 Ecris aussi à l’ange de l’église à Pergame : Celui qui a l’épée aiguë à deux tranchans, dit ces choses :

13 Je connais tes œuvres et où tu habites ; savoir, là où est le siége de Satan, et que cependant tu retiens mon nom, et que tu n’as point renoncé ma foi, non pas même lorsque Antipas, mon fidèle martyr, a été mis à mort parmi vous, là où Satan habite.

14 Mais j’ai quelque peu de chose contre toi ; c’est que tu as là des gens qui retiennent la doctrine de Balaam, lequel enseignait Balac à mettre un scandale devant les enfans d’Israël, afin qu’ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles, et qu’ils se livrassent à la fornication.

15 Ainsi tu en as, toi aussi, qui retiennent la doctrine des Nicolaïtes ; ce que je hais.

16 Repens-toi, autrement je viendrai à toi bientôt ; et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche.

17 Que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux églises : A celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de la manne qui est cachée, et je lui donnerai un caillou blanc, et sur ce caillou sera écrit un nouveau nom, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit.

18 Ecris aussi à l’ange de l’église de Thyatire : Le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain très-luisant, dit ces choses :

19 Je connais tes œuvres, ta charité, ton ministère, ta foi, ta patience, et que tes dernières œuvres surpassent les premières.

20 Mais j’ai quelque peu de chose contre toi ; c’est que tu souffres que cette femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigne, et qu’elle séduise mes serviteurs, pour les porter à la fornication, et pour leur faire manger des choses sacrifiées aux idoles.

21 Et je lui ai donné du temps, afin qu’elle se repentît de sa prostitution ; mais elle ne s’est point repentie.

22 Voici, je vais la réduire à garder le lit, et mettre dans une grande affliction ceux qui commettent adultère avec elle, s’ils ne se repentent de leurs œuvres ;

23 et je ferai mourir de mort ses enfans ; et toutes les églises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs ; et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres.

24 Mais je vous dis à vous, et aux autres qui sont à Thyatire, à tous ceux qui n’ont point cette doctrine, et qui n’ont point connu les profondeurs de Satan, comme ils parlent, que je ne mettrai point sur vous d’autre charge.

25 Mais retenez ce que vous avez, jusqu’à ce que je vienne.

26 Car à celui qui aura vaincu, et qui aura gardé mes œuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations ;

27 et il les gouvernera avec une verge de fer, et elles seront brisées comme les vaisseaux d’un potier, selon que j’en ai aussi reçu le pouvoir de mon Père.

28 Et je lui donnerai l’étoile du matin.

29 Que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux églises.

CHAP. III.

Epîtres écrites par le commandement de Jésus-Christ aux pasteurs des églises de Sarde, de Philadelphie, et de Laodicée.


ECRIS aussi à l’ange de l’église de Sarde : Celui qui a les sept esprits de Dieu, et les sept étoiles, dit ces choses : Je connais tes œuvres ; tu as la réputation d’être vivant, mais tu es mort.

2 Sois vigilant, et confirme le reste qui s’en va mourir ; car je n’ai point trouvé tes œuvres parfaites devant Dieu.

3 Souviens-toi donc des choses que tu as reçues et entendues, et garde-les, et te repens ; mais si tu ne veilles pas, je viendrai contre toi comme le larron, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai contre toi.

4 Toutefois tu as quelque peu de personnes aussi à Sarde, qui n’ont point souillé leurs vêtemens, et qui marcheront avec moi en vêtemens blancs, car ils en sont dignes.

5 Celui qui vaincra sera vêtu de vêtemens blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie ; mais je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges.

6 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux églises.

7 Ecris aussi à l’ange de l’église de Philadelphie : Le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre, et nul ne ferme ; qui ferme, et nul n’ouvre, dit ces choses :

8 Je connais tes œuvres. Voici, je t’ai ouvert une porte, et personne ne la peut fermer ; parce que tu as un peu de force, que tu as gardé ma parole, et que tu n’as point renoncé mon nom.

9 Voici, je ferai venir ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs, et ne le sont point, mais mentent ; voici, dis-je, je les ferai venir et se prosterner à tes pieds, et ils connaîtront que je t’aime.

10 Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai aussi de l’heure de la tentation qui doit arriver dans tout le monde, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre.

11 Voici, je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne t’enlève ta couronne.

12 Celui qui vaincra, je le ferai être une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, qui est la nouvelle Jérusalem ; laquelle descend du ciel, d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom.

13 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux églises.

14 Ecris aussi à l’ange de l’église de Laodicée : L’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la créature de Dieu, dit ces choses :

15 Je connais tes œuvres, c’est que tu n’es ni froid ni bouillant. O si tu étais ou froid ou bouillant !

16 Parce donc que tu es tiède, et que tu n’es ni froid, ni bouillant, je te vomirai de ma bouche.

17 Car tu dis : Je suis riche, et je suis dans l’abondance, et je n’ai besoin de rien ; mais tu ne connais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu ;

18 je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche ; et des vêtemens blancs, afin que tu sois vêtu, et que la honte de ta nudité ne paraisse point ; et d’oindre tes yeux de collyre, afin que tu voies.

19 Je reprends et châtie tous ceux que j’aime : aie du zèle, et te repens.

20 Voici, je me tiens à la porte, et je frappe : si quelqu’un entend ma voix, et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.

21 Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, ainsi que j’ai vaincu, et je suis assis avec mon Père sur son trône.

22 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux églises.

CHAP. IV.

Vision de la Majesté célébrée par les quatre animaux, et par les vingt-quatre anciens.


APRÈS ces choses, je regardai, et voici, une porte fut ouverte au ciel ; et la première voix que j’avais ouïe comme d’une trompette, et qui parlait avec moi, me dit : Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver à l’avenir.

2 Et sur-le-champ je fus ravi en esprit ; et voici, un trône était posé au ciel, et quelqu’un était assis sur le trône.

3 Et celui qui y était assis paraissait semblable à une pierre de jaspe et de sardoine ; et autour du trône paraissait un arc-en-ciel semblable à une émeraude.

4 Et il y avait autour du trône vingt-quatre siéges, et je vis sur les siéges vingt-quatre anciens assis, vêtus d’habillemens blancs, et ayant sur leurs têtes des couronnes d’or.

5 Et du trône sortaient des éclairs et des tonnerres, et des voix ; et il y avait devant le trône sept lampes de feu ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu.

6 Et au-devant du trône il y avait une mer de verre semblable à du cristal ; et au milieu du trône, et autour du trône, quatre animaux pleins d’yeux devant et derrière.

7 Et le premier animal était semblable à un lion ; le second animal était semblable à un veau ; le troisième animal avait la face comme un homme ; et le quatrième animal était semblable à un aigle qui vole.

8 Et les quatre animaux avaient chacun six ailes à l’entour ; et au-dedans ils étaient pleins d’yeux, et ils ne cessent point de dire, jour et nuit : Saint ! Saint ! Saint ! le Seigneur Dieu tout-puissant, qui etait, qui est, et qui est a venir.

9 Or, quand les animaux rendaient gloire et honneur et des actions de grâces à celui qui était assis sur le trône, à celui qui est vivant aux siècles des siècles,

10 les vingt-quatre anciens se prosternaient devant celui qui était assis sur le trône, et adoraient celui qui est vivant aux siècles des siècles, et ils jetaient leurs couronnes devant le trône, en disant :

11 Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance ; car tu as créé toutes choses : c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées.

CHAP. V.

Vision du livre scellé, et de la louange donnée à l’Agneau, seul digne de l’ouvrir.


PUIS je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône, un livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux.

2 Je vis aussi un ange remarquable par sa force, qui criait à haute voix : Qui est-ce qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en délier les sceaux ?

3 Mais nul ne pouvait, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de la terre, ouvrir le livre, ni le regarder.

4 Et je pleurais fort, parce que personne n’était trouvé digne d’ouvrir le livre, ni de le lire, ni de le regarder.

5 Et un des anciens me dit : Ne pleure point ; voici, le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre, et pour en délier les sept sceaux.

6 Et je regardai, et voici, il y avait au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un Agneau qui se tenait là comme mis à mort, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu, envoyés par toute la terre.

7 Et il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône.

8 Et quand il eut pris le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre anciens se prosternèrent devant l’Agneau, ayant chacun des harpes et des fioles d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints.

9 Et ils chantaient un nouveau cantique, en disant : Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été mis à mort, et tu nous as rachetés à Dieu par ton sang, de toute tribu, langue, peuple et nation ;

10 et tu nous as faits rois et sacrificateurs à notre Dieu ; et nous régnerons sur la terre.

11 Puis je regardai, et j’entendis la voix de plusieurs anges autour du trône et des anciens, et leur nombre était de plusieurs millions.

12 Et ils disaient à haute voix : L’Agneau qui a été mis à mort est digne de recevoir puissance, richesses, sagesse, force, honneur, gloire et louange.

13 J’entendis aussi toutes les créatures qui sont au ciel, et sur la terre, et sous la terre, et dans la mer, et toutes les choses qui y sont, disant : A celui qui est assis sur le trône, et à l’Agneau, soit louange, honneur, gloire, et force aux siècles des siècles !

14 Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les vingt-quatre anciens se prosternèrent et adorèrent celui qui est vivant aux siècles des siècles.

CHAP. VI.

L’Agneau ouvrant les six premiers sceaux du livre, pour punir le monde, et consoler les martyrs.


ET quand l’Agneau eut ouvert l’un des sceaux, je regardai, et j’entendis l’un des quatre animaux, qui disait, comme avec une voix de tonnerre : Viens, et vois.

2 Et je regardai, et je vis un cheval blanc ; et celui qui était monté dessus avait un arc, et il lui fut donné une couronne ; et il partit en vainqueur pour remporter la victoire.

3 Et quand il eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui disait : Viens, et vois.

4 Et il sortit un autre cheval, qui était roux ; et il fut donné à celui qui était monté dessus de pouvoir ôter la paix de la terre, afin qu’on se tuât l’un l’autre ; et il lui fut donné une grande épée.

5 Et quand il eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal qui disait : Viens, et vois ; et je regardai ; et je vis un cheval noir, et celui qui était monté dessus avait une balance en sa main.

6 Et j’entendis au milieu des quatre animaux une voix qui disait : La mesure de froment pour un denier, et les trois mesures d’orge pour un denier, mais ne nuis point au vin ni à l’huile.

7 Et quand il eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal, qui disait : Viens, et vois.

8 Et je regardai, et je vis un cheval fauve ; et celui qui était monté dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait ; et il leur fut donné puissance sur la quatrième partie de la terre, pour tuer avec l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre.

9 Et quand il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été tués pour la parole de Dieu, et pour le témoignage qu’ils avaient maintenu.

10 Et elles criaient à haute voix, disant : Jusques à quand, Seigneur, qui es saint et véritable, ne juges-tu point, et ne venges-tu point notre sang de ceux qui habitent sur la terre ?

11 Et il leur fut donné à chacun des robes blanches, et il leur fut dit qu’ils se reposassent encore un peu de temps, jusqu’à ce que le nombre de leurs compagnons de service, et de leurs frères qui doivent être mis à mort comme eux, soit complet.

12 Et je regardai quand il eut ouvert le sixième sceau ; et voici, il se fit un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac fait de poil, et la lune devint toute comme du sang.

13 Et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsque le figuier étant agité par un grand vent, laisse tomber ses figues encore vertes.

14 Et le ciel se retira comme un livre qu’on roule ; et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leurs places.

15 Et les rois de la terre, les princes, les riches, les capitaines, les puissans, tout esclave, et tout homme libre, se cachèrent dans les cavernes et entre les rochers des montagnes.

16 Et ils disaient aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous et cachez-nous de devant la face de celui qui est assis sur le trône, et de devant la colère de l’Agneau ;

17 car la grande journée de sa colère est venue ; et qui est-ce qui pourra subsister ?

CHAP. VII.

Le nombre des élus de Dieu marqués. Cantique des bienheureux.


APRÈS cela, je vis quatre anges qui se tenaient aux quatre coins de la terre, et qui retenaient les quatre vents de la terre, afin qu’aucun vent ne soufflât sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.

2 Puis je vis un autre ange qui montait du côté de l’Orient, tenant le sceau du Dieu vivant, et il cria à haute voix aux quatre anges qui avaient eu ordre de nuire à la terre et à la mer,

3 et leur dit : Ne nuisez point à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué les serviteurs de notre Dieu sur leurs fronts.

4 Et j’entendis que le nombre des marqués était de cent quarante-quatre mille, qui furent marqués de toutes les tribus des enfans d’Israël.

5 Savoir, de la tribu de Juda, douze mille marqués ; de la tribu de Ruben, douze mille marqués ; de la tribu de Gad, douze mille marqués ;

6 de la tribu d’Aser, douze mille marqués ; de la tribu de Nephthali, douze mille marqués ; de la tribu de Manassé, douze mille marqués ;

7 de la tribu de Siméon, douze mille marqués ; de la tribu de Lévi, douze mille marqués ; de la tribu d’Issacar, douze mille marqués ;

8 de la tribu de Zabulon, douze mille marqués ; de la tribu de Joseph, douze mille marqués ; de la tribu de Benjamin, douze mille marqués.

9 Après cela, je regardai, et voici une grande multitude de gens, que personne ne pouvait compter, de toutes nations, tribus, peuples et langues, lesquels se tenaient devant le trône, et en la présence de l’Agneau, vêtus de longues robes blanches, et ayant des palmes en leurs mains ;

10 et ils criaient à haute voix, en disant : Le salut est de notre Dieu, qui est assis sur le trône, et de l’Agneau.

11 Et tous les anges se tenaient autour du trône, et des anciens, et des quatre animaux ; et ils se prosternèrent devant le trône sur leurs faces, et adorèrent Dieu,

12 en disant : Amen ! louange, gloire, sagesse, actions de grâces, honneur, puissance, et force soient à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Amen.

13 Alors un des anciens prit la parole, et me dit : Ceux-ci qui sont vêtus de longues robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus ?

14 Et je lui dis : Seigneur, tu le sais. Et il me dit : Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation, et qui ont lavé et blanchi leurs longues robes dans le sang de l’Agneau.

15 C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et ils le servent jour et nuit dans son temple ; et celui qui est assis sur le trône habitera avec eux.

16 Ils n’auront plus de faim, ni de soif ; et le soleil ne frappera plus sur eux, ni aucune chaleur.

17 Car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra, et les conduira aux vives fontaines des eaux, et Dieu essuiera toutes les larmes de leurs yeux.

CHAP. VIII.

Le septième sceau est ouvert ; les quatre premiers anges sonnent des trompettes à la confusion du monde.


ET quand il eut ouvert le septième sceau, il se fit un silence au ciel d’environ une demi-heure.

2 Et je vis les sept anges qui assistent devant Dieu, auxquels furent données sept trompettes.

3 Et un autre ange vint, et se tint devant l’autel, ayant un encensoir d’or, et plusieurs parfums lui furent donnés pour offrir, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône.

4 Et la fumée des parfums, avec les prières des saints, monta de la main de l’ange devant Dieu.

5 Puis l’ange prit l’encensoir, et l’ayant rempli du feu de l’autel, il le jeta sur la terre ; et il se fit des tonnerres, des voix, des éclairs et un tremblement de terre.

6 Alors les sept anges, qui avaient les sept trompettes, se préparèrent pour sonner des trompettes.

7 Et le premier ange sonna de la trompette, et il se fit de la grêle et du feu, mêlés de sang, qui furent jetés en la terre ; et la troisième partie des arbres fut brûlée, et toute herbe verte aussi fut brûlée.

8 Et le second ange sonna de la trompette ; et je vis comme une grande montagne ardente de feu, qui fut jetée dans la mer ; et la troisième partie de la mer devint du sang.

9 Et la troisième partie des créatures vivantes qui étaient dans la mer mourut ; et la troisième partie des navires périt.

10 Et le troisième ange sonna de la trompette, et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau, et elle tomba sur la troisième partie des fleuves et dans les fontaines des eaux.

11 Le nom de l’étoile est absinthe ; et la troisième partie des eaux devint absinthe ; et plusieurs des hommes moururent par les eaux, à cause qu’elles étaient devenues amères.

12 Puis le quatrième ange sonna de la trompette ; et la troisième partie du soleil fut frappée, et la troisième partie aussi de la lune, et la troisième partie des étoiles ; de sorte que la troisième partie en fut obscurcie ; et la troisième partie du jour fut privée de la lumière, et la troisième partie de la nuit fut tout de même sans clarté.

13 Alors je regardai, et j’entendis un ange qui volait par le milieu du ciel, et qui disait à haute voix : Malheur, malheur, malheur aux habitans de la terre, à cause du son des trompettes des trois autres anges qui doivent sonner de la trompette !

CHAP. IX.

Le cinquième et le sixième ange sonnent de la trompette, pour tourmenter et tuer les méchans.


ALORS le cinquième ange sonna de la trompette, et je vis une étoile qui tomba du ciel en la terre, et la clef du puits de l’abîme lui fut donnée.

2 Et il ouvrit le puits de l’abîme, et une fumée monta du puits comme la fumée d’une grande fournaise, et le soleil et l’air furent obscurcis de la fumée du puits.

3 Et de la fumée du puits il sortit des sauterelles qui se répandirent sur la terre ; et il leur fut donné une puissance semblable à la puissance qu’ont les scorpions de la terre.

4 Et il leur fut dit qu’elles ne nuisissent point à l’herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre ; mais seulement aux hommes qui n’ont point la marque de Dieu sur leurs fronts.

5 Et il leur fut permis, non de les tuer, mais de les tourmenter durant cinq mois ; et leurs tourmens sont semblables aux tourmens que donne le scorpion quand il frappe l’homme.

6 Et en ces jours-là les hommes chercheront la mort, mais ils ne la trouveront point ; et ils désireront de mourir, mais la mort s’enfuira d’eux.

7 Or, la forme des sauterelles était semblable à des chevaux préparés pour la bataille ; et sur leurs têtes il y avait comme des couronnes semblables à de l’or, et leurs faces étaient comme des faces d’hommes.

8 Et elles avaient les cheveux comme des cheveux de femmes, et leurs dents étaient comme des dents de lions.

9 Et elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer ; et le bruit de leurs ailes était comme le bruit des chariots, quand plusieurs chevaux courent au combat.

10 Et elles avaient des queues semblables à des queues de scorpions, et avaient des aiguillons en leurs queues ; et leur puissance était de nuire aux hommes durant cinq mois.

11 Et elles avaient pour roi au-dessus d’elles l’ange de l’abîme, appelé en hébreu, Abaddon, et dont le nom est en grec Apollyon.

12 Un malheur est passé ; et voici venir encore deux malheurs après celui-ci.

13 Alors le sixième ange sonna de sa trompette, et j’entendis une voix sortant des quatre cornes de l’autel d’or qui est devant la face de Dieu ;

14 laquelle dit au sixième ange qui avait la trompette : Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve Euphrate.

15 On délia donc les quatre anges qui étaient prêts pour l’heure, le jour, le mois et l’année, afin de tuer la troisième partie des hommes.

16 Et le nombre de l’armée à cheval était de deux cents millions ; car j’entendis que c’était-là leur nombre.

17 Et je vis aussi dans la vision les chevaux, et ceux qui étaient montés dessus, ayant des cuirasses de couleur de feu, d’hyacinthe et de soufre ; et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions, et de leur bouche sortait du feu, de la fumée et du soufre.

18 La troisième partie des hommes fut tuée par ces trois choses, savoir par le feu, par la fumée, et par le soufre qui sortaient de leur bouche.

19 Car leur puissance était dans leur bouche et dans leurs queues ; et leurs queues étaient semblables à des serpens, et elles avaient des têtes par lesquelles elles nuisaient.

20 Mais le reste des hommes qui ne furent point tués par ces plaies, ne se repentit pas des œuvres de leurs mains, pour ne point adorer les démons, les idoles d’or, d’argent, de cuivre, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni ouïr, ni marcher.

21 Ils ne se repentirent point aussi de leurs meurtres, ni de leurs empoisonnemens, ni de leur impudicité, ni de leurs larcins.

CHAP. X.

Vision de l’ange avec un livre ouvert, donné à saint Jean pour le dévorer.


ALORS je vis un autre ange puissant, qui descendait du ciel, environné d’une nuée, sur la tête duquel était l’arc-en-ciel ; et son visage était comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu.

2 Et il avait en sa main un petit livre ouvert ; et il mit son pied droit sur la mer, et le gauche sur la terre ;

3 et il cria à haute voix, comme lorsqu’un lion rugit ; et quand il eut crié, les sept tonnerres firent entendre leurs voix.

4 Et après que les sept tonnerres eurent fait entendre leurs voix, j’allais les écrire ; mais j’entendis une voix du ciel qui me disait : Cachette les choses que les sept tonnerres ont fait entendre, et ne les écris point.

5 Et l’ange que j’avais vu se tenant sur la mer et sur la terre, leva sa main vers le ciel ;

6 et jura par celui qui est vivant aux siècles des siècles, lequel a créé le ciel avec les choses qui y sont, et la terre avec les choses qui y sont, et la mer avec les choses qui y sont, qu’il n’y aurait plus de temps ;

7 mais qu’aux jours de la voix du septième ange, quand il commencera à sonner de la trompette, le mystère de Dieu sera consommé, comme il l’a déclaré à ses serviteurs les prophètes.

8 Et la voix du ciel, que j’avais ouïe, me parla encore, et me dit : Va, et prends le petit livre ouvert, qui est en la main de l’ange qui se tient sur la mer et sur la terre.

9 Je m’en allai donc vers l’ange, et je lui dis : Donne-moi le petit livre ; et il me dit : Prends-le, et le dévore ; et il remplira tes entrailles d’amertume, mais il sera doux dans ta bouche comme du miel.

10 Je pris donc le petit livre de la main de l’ange, et je le dévorai ; et il était doux dans ma bouche comme du miel ; mais quand je l’eus dévoré, mes entrailles furent remplies d’amertume.

11 Alors il me dit : Il faut que tu prophétises encore à plusieurs peuples, et à plusieurs nations, langues et rois.

CHAP. XI.

Les deux témoins tués par la bête ressuscitent, et sont élevés au ciel. Le septième ange sonne, pour réduire tout sous la puissance de Dieu et de Christ.


ALORS il me fut donné un roseau semblable à une verge, et il se présenta un ange, qui me dit : Lève-toi, et mesure le temple de Dieu, et l’autel, et ceux qui y adorent.

2 Mais laisse à l’écart le parvis qui est hors du temple, et ne le mesure point, car il est donné aux Gentils ; et ils fouleront aux pieds la sainte cité durant quarante-deux mois.

3 Mais je la donnerai à mes deux témoins qui prophétiseront durant mille deux cent soixante jours, et ils seront vêtus de sacs.

4 Ceux-ci sont les deux oliviers et les deux chandeliers, qui se tiennent en la présence du Seigneur de la terre.

5 Et si quelqu’un leur veut nuire, le feu sort de leur bouche, et dévore leurs ennemis, car si quelqu’un leur veut nuire, il faut qu’il soit ainsi tué.

6 Ceux-ci ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne pleuve point durant les jours de leur prophétie ; ils ont aussi le pouvoir de changer les eaux en sang, et de frapper la terre de toutes sortes de plaies, toutes les fois qu’ils voudront.

7 Et quand ils auront achevé de rendre leur témoignage, la bête qui monte de l’abîme leur fera la guerre, les vaincra, et les tuera ;

8 et leurs corps morts seront étendus dans les places de la grand cité, qui est appelée spirituellement Sodome, et Égypte, où aussi notre Seigneur a été crucifié.

9 Et ceux des tribus, des peuples, des langues et des nations verront leurs corps morts durant trois jours et demi, et ils ne permettront point que leurs corps morts soient mis dans des sépulcres.

10 Et les habitans de la terre en seront tout joyeux, ils en feront des réjouissances, ils s’enverront des présens les uns aux autres ; parce que ces deux prophètes auront tourmenté ceux qui habitent sur la terre.

11 Mais après ces trois jours et demi, l’Esprit de vie venant de Dieu entra en eux, et ils se tinrent sur leurs pieds, et une grande crainte saisit ceux qui les virent.

12 Après cela ils ouïrent une forte voix du ciel, leur disant : Montez ici ; et ils montèrent au ciel sur une nuée, et leurs ennemis les virent.

13 Et à cette même heure-là, il se fit un grand tremblement de terre ; et la dixième partie de la cité tomba, et sept mille hommes furent tués par ce tremblement de terre ; et les autres furent épouvantés, et donnèrent gloire au Dieu du ciel.

14 Le second malheur est passé ; et voici, le troisième malheur viendra bientôt.

15 Le septième ange donc sonna de la trompette, et il se fit entendre au ciel de grandes voix, qui disaient : Les royaumes du monde sont soumis à notre Seigneur et à son Christ, et il régnera aux siècles des siècles.

16 Alors les vingt-quatre anciens, qui sont assis devant Dieu dans leurs siéges, se prosternèrent sur leurs faces, et adorèrent Dieu,

17 en disant : Nous te rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui es, qui etais, et qui es a venir, de ce que tu as fait éclater ta grande puissance, et de ce que tu as agi en roi.

18 Les nations se sont irritées, mais ta colère est venue, et le temps des morts est venu pour être jugés, et pour donner la récompense à tes serviteurs les prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent ton nom, petits et grands, et pour détruire ceux qui corrompent la terre.

19 Alors le temple de Dieu fut ouvert au ciel, et l’arche de son alliance fut vue dans son temple ; et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre, et une grosse grêle.

CHAP. XII.

Vision de la femme enceinte, et du dragon vaincu, qui persécute encore la femme, et ceux de sa semence.


ET un grand signe parut au ciel, savoir une femme revêtue du soleil, sous les pieds de laquelle était la lune, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.

2 Elle était enceinte, et elle criait étant en travail d’enfant, souffrant les grandes douleurs de l’enfantement.

3 Il parut aussi un autre signe au ciel, et voici un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes ;

4 et sa queue entraînait la troisième partie des étoiles du ciel, et les jeta sur la terre ; puis le dragon s’arrêta devant la femme qui devait accoucher, afin de dévorer son enfant dès qu’elle l’aurait mis au monde.

5 Et elle accoucha d’un fils, qui doit gouverner toutes les nations avec une verge de fer ; et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône.

6 Et la femme s’enfuit dans un désert, où elle a un lieu préparé de Dieu, afin qu’on la nourrisse là mille deux cent soixante jours.

7 Et il y eut une bataille au ciel ; Michel et ses anges combattaient contre le dragon ; et le dragon et ses anges combattaient contre Michel.

8 Mais ils ne furent pas les plus forts, et ils ne purent plus se maintenir dans le ciel.

9 Et le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, qui séduit le monde, fut précipité en terre, et ses anges furent précipités avec lui.

10 Alors j’ouïs une grande voix dans le ciel, qui disait : Maintenant est le salut, la force, le règne de notre Dieu, et la puissance de son Christ ; car l’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit, a été précipité.

11 Et ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau, et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont point aimé leurs vies, mais les ont exposées à la mort.

12 C’est pourquoi réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez. Mais malheur à vous, habitans de la terre et de la mer ; car le diable est descendu vers vous en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps.

13 Or, quand le dragon eut vu qu’il avait été jeté en la terre, il persécuta la femme qui avait accouché d’un fils.

14 Mais deux ailes d’un grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât de devant le serpent en son lieu, où elle est nourrie pour un temps, pour des temps, et pour la moitié d’un temps.

15 Et le serpent jeta de sa gueule de l’eau comme un fleuve après la femme, afin de la faire emporter par le fleuve.

16 Mais la terre aida à la femme ; car la terre ouvrit son sein, et elle engloutit le fleuve que le dragon avait jeté de sa gueule.

17 Alors le dragon fut irrité contre la femme, et s’en alla faire la guerre contre les autres qui sont de la semence de la femme, qui gardent les commandemens de Dieu, et qui ont le témoignage de Jésus-Christ.

18 Et je me tins sur le sable qui borde la mer.

CHAP. XIII.

Deux bêtes montant de la mer et de la terre, pour blasphémer et séduire.


ET je vis monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes un nom de blasphème.

2 Et la bête que je vis était semblable à un léopard, ses pieds étaient comme les pieds d’un ours, sa gueule était comme la gueule d’un lion ; et le dragon lui donna sa puissance, son trône et une grande autorité.

3 Et je vis l’une de ses têtes comme blessée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie ; et toute la terre en étant dans l’admiration alla après la bête.

4 Et ils adorèrent le dragon qui avait donné le pouvoir à la bête, et ils adorèrent aussi la bête, en disant : Qui est semblable à la bête, et qui pourra combattre contre elle ?

5 Et il lui fut donné une bouche qui proférait de grandes choses, et des blasphèmes ; et il lui fut aussi donné le pouvoir d’accomplir quarante-deux mois.

6 Et elle ouvrit sa bouche en blasphèmes contre Dieu, blasphémant son nom et son tabernacle, et ceux qui habitent au ciel.

7 Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Il lui fut aussi donné puissance sur toute tribu, langue et nation ;

8 de sorte qu’elle sera adorée par tous ceux qui habitent sur la terre, dont les noms ne sont point écrits au livre de vie de l’Agneau immolé dès la fondation du monde.

9 Si quelqu’un a des oreilles, qu’il écoute,

10 Si quelqu’un mène en captivité, il sera mené en captivité ; si quelqu’un tue avec l’épée, il faut qu’il soit lui-même tué avec l’épée. Ici est la patience et la foi des saints.

11 Puis je vis une autre bête qui montait de la terre, et qui avait deux cornes semblables à celles de l’Agneau, mais elle parlait comme le dragon.

12 Et elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence, et faisait que la terre et ses habitans adorassent la première bête, dont la plaie mortelle avait été guérie.

13 Et elle faisait de grands prodiges, même jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre devant les hommes.

14 Et elle séduisait les habitans de la terre, à cause des prodiges qu’il lui était donné de faire devant la bête, commandant aux habitans de la terre de faire une image à la bête qui avait reçu le coup mortel de l’épée, et qui néanmoins était vivante.

15 Et il lui fut permis de donner une âme à l’image de la bête, afin que même l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’auraient point adoré l’image de la bête fussent mis à mort.

16 Et elle faisait que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, prenaient une marque à leur main droite ou à leurs fronts ;

17 et qu’aucun ne pouvait acheter ni vendre, s’il n’avait la marque ou le nom de la bête, ou le nombre de son nom.

18 Ici est la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence, compte le nombre de la bête ; car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante-six.

CHAP. XIV.

La félicité et la fin heureuse des saints. Chute de Babylone, et punition des adorateurs de la bête.


PUIS je regardai ; et voici, l’Agneau se tenait sur la montagne de Sion, et il y avait avec lui cent quarante-quatre mille personnes qui avaient le nom de son Père écrit sur leurs fronts.

2 Et j’entendis une voix du ciel comme le bruit des grandes eaux, et comme le bruit d’un grand tonnerre ; et j’entendis une voix de joueurs de harpes, qui jouaient de leurs harpes,

3 et qui chantaient comme un cantique nouveau devant le trône, et devant les quatre animaux, et devant les anciens ; et personne ne pouvait apprendre le cantique, que les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés d’entre ceux de la terre.

4 Ce sont ceux qui ne se sont point souillés avec les femmes, car ils sont vierges ; ce sont ceux qui suivent l’Agneau quelque part qu’il aille ; et ce sont ceux qui ont été rachetés d’entre les hommes pour être des prémices à Dieu et à l’Agneau.

5 Et il n’a été trouvé aucune fraude en leur bouche ; car ils sont sans tache devant le trône de Dieu.

6 Puis je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant l’évangile éternel, afin d’évangéliser à ceux qui habitent sur la terre, et à toute nation, tribu, langue et peuple ;

7 disant à haute voix : Craignez Dieu, et lui donnez gloire ; car l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les fontaines des eaux.

8 Et un autre ange le suivit, disant : Elle est tombée, elle est tombée Babylone, cette grande cité, parce qu’elle a abreuvé toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité.

9 Et un troisième ange suivit ceux-là, disant à haute voix : Si quelqu’un adore la bête et son image, et qu’il en prenne la marque sur son front ou en sa main ;

10 celui-là aussi boira du vin de la colère de Dieu, du vin pur versé dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté de feu et de soufre devant les saints anges et devant l’Agneau.

11 Et la fumée de leur tourment montera aux siècles des siècles ; et ceux-là n’auront nul repos ni jour ni nuit qui adorent la bête et son image, et quiconque prend la marque de son nom.

12 Ici est la patience des saints ; ici sont ceux qui gardent les commandemens de Dieu et la foi de Jésus.

13 Alors j’entendis une voix du ciel me disant : Ecris : Bienheureux sont les morts qui dorénavant meurent au Seigneur ! Oui, pour certain, dit l’Esprit ; car ils se reposent de leurs travaux, et leurs œuvres les suivent.

14 Et je regardai ; et voici, une nuée blanche, et sur la nuée quelqu’un assis semblable à un homme, ayant sur sa tête une couronne d’or, et en sa main une faucille tranchante.

15 Et un autre ange sortit du temple, criant à haute voix à celui qui était assis sur la nuée : Jette ta faucille, et moissonne ; car c’est ton heure de moissonner, parce que la moisson de la terre est mûre.

16 Alors celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée.

17 Et un autre ange sortit du temple qui est au ciel, ayant aussi une faucille tranchante.

18 Et un autre ange sortit de l’autel, ayant puissance sur le feu ; et il cria, jetant un grand cri à celui qui avait la faucille tranchante, disant : Jette ta faucille tranchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs.

19 Et l’ange jeta en la terre sa faucille tranchante, et vendangea la vigne de la terre, et il jeta la vendange en la grande cuve de la colère de Dieu.

20 Et la cuve fut foulée hors de la cité, et de la cuve il sortit du sang qui allait jusqu’aux freins des chevaux dans l’étendue de mille six cents stades.

CHAP. XV.

Cantique de triomphe sur les derniers jugemens de Dieu contre la bête.


PUIS je vis au ciel un autre signe, grand et admirable ; savoir, sept anges qui avaient les sept dernières plaies ; car c’est par elles que la colère de Dieu est consommée.

2 Je vis aussi comme une mer de verre, mêlée de feu ; et ceux qui avaient obtenu la victoire sur la bête, sur son image, sur sa marque, et sur le nombre de son nom, se tenant sur la mer qui était comme de verre, et ayant les harpes de Dieu,

3 qui chantaient le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau, en disant : Que tes œuvres sont grandes et merveilleuses, ô Seigneur Dieu tout-puissant ! tes voies sont justes et véritables, ô roi des saints !

4 Seigneur, qui ne te craindra, et qui ne glorifiera ton nom ? car tu es saint toi seul ; c’est pourquoi toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi ; car tes jugemens sont pleinement manifestés.

5 Et après ces choses je regardai, et voici, le temple du tabernacle du témoignage fut ouvert dans le ciel.

6 Et les sept anges qui avaient les sept plaies, sortirent du temple, vêtus d’un lin pur et blanc, et ceints sur leurs poitrines avec des ceintures d’or.

7 Et l’un des quatre animaux donna aux sept anges sept fioles d’or, pleines de la colère du Dieu vivant aux siècles des siècles.

8 Et le temple fut rempli de la fumée qui procédait de la majesté de Dieu et de sa puissance ; et personne ne pouvait entrer dans le temple jusqu’à ce que les sept plaies des sept anges fussent accomplies.

CHAP. XVI.

Description des sept dernières plaies versées sur la terre.


ALORS j’ouïs du temple une voix éclatante, qui disait aux sept anges : Allez, et versez sur la terre les fioles de la colère de Dieu.

2 Ainsi le premier ange s’en alla, et versa sa fiole sur la terre ; et un ulcère malin et dangereux attaqua les hommes qui avaient la marque de la bête, et ceux qui adoraient son image.

3 Et le second ange versa sa fiole sur la mer, et elle devint comme le sang d’un corps mort, et tout ce qui avait vie dans la mer mourut.

4 Et le troisième ange versa sa fiole sur les fleuves et sur les fontaines des eaux, et elles devinrent du sang.

5 Et j’entendis l’ange des eaux, qui disait : Seigneur, qui es, qui etais, et qui seras, tu es juste, parce que tu as fait un tel jugement.

6 A cause qu’ils ont répandu le sang des saints et des prophètes, tu leur as aussi donné du sang à boire ; car ils en sont dignes.

7 Et j’en ouïs un autre du côté de l’autel, disant : Certainement, Seigneur Dieu tout-puissant, tes jugemens sont véritables et justes.

8 Puis le quatrième ange versa sa fiole sur le soleil, et le pouvoir lui fut donné de brûler les hommes par le feu.

9 De sorte que les hommes furent brûlés par de grandes chaleurs, et ils blasphémèrent le nom de Dieu qui a puissance sur ces plaies ; mais ils ne se repentirent point pour lui donner gloire.

10 Après cela le cinquième ange versa sa fiole sur le siége de la bête, et le règne de la bête devint ténébreux, et les hommes se mordaient la langue à cause de la douleur qu’ils ressentaient.

11 Et à cause de leurs peines et de leurs plaies ils blasphémèrent le Dieu du ciel, et ne se repentirent point de leurs œuvres.

12 Puis le sixième ange versa sa fiole sur le grand fleuve d’Euphrate ; et l’eau de ce fleuve tarit, afin que la voie des rois de l’Orient fût préparée.

13 Et je vis sortir de la gueule du dragon, et de la gueule de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, semblables à des grenouilles ;

14 car ce sont des esprits diaboliques, faisant des prodiges, et qui s’en vont vers les rois de la terre et du monde universel, pour les assembler pour le combat de ce grand jour du Dieu tout-puissant.

15 Voici, je viens comme le larron. Bienheureux est celui qui veille, et qui garde ses vêtemens, afin de ne marcher point nu, et qu’on ne voie point sa honte.

16 Et il les assembla au lieu qui est appelé en hébreu, Armageddon.

17 Puis le septième ange versa sa fiole dans l’air ; et il sortit du temple du ciel une voix tonnante qui procédait du trône, disant : C’est fait.

18 Alors il se fit des éclairs, et des voix, et des tonnerres, et il se fit un grand tremblement de terre ; un tel tremblement, dis-je, et si grand, qu’il n’y en eut jamais de semblable depuis que les hommes ont été sur la terre.

19 Et la grande cité fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent ; et la grande Babylone vint en mémoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du vin de l’indignation de sa colère.

20 Et toute île s’enfuit, et les montagnes ne furent plus trouvées.

21 Et il descendit du ciel sur les hommes une grêle prodigieuse du poids d’un talent ; et les hommes blasphémèrent Dieu à cause de la plaie de la grêle ; car la plaie qu’elle fit fut fort grande.

CHAP. XVII.

Prophétie touchant le mystère de la grande prostituée, et prédiction de sa ruine et de sa chute.


ALORS l’un des sept anges qui avaient les sept fioles vint, et il me parla, et me dit : Viens, je te montrerai la condamnation de la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux ;

2 avec laquelle les rois de la terre ont commis fornication, et qui a enivré du vin de sa prostitution les habitans de la terre.

3 Ainsi il me transporta en esprit dans un désert ; et je vis une femme montée sur une bête de couleur d’écarlate, pleine de noms de blasphème, et qui avait sept têtes et dix cornes.

4 Et la femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses, et de perles ; et elle tenait à la main une coupe d’or pleine des abominations de l’impureté de sa prostitution.

5 Et il y avait sur son front un nom écrit : Mystère, la grande Babylone, la mère des impudicités et des abominations de la terre.

6 Et je vis la femme enivrée du sang des saints, et du sang des martyrs de Jésus ; et quand je la vis, je fus saisi d’un grand étonnement.

7 Et l’ange me dit : Pourquoi t’étonnes-tu ? Je te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, et qui a sept têtes et dix cornes.

8 La bête que tu as vue, a été, et n’est plus ; mais elle doit monter de l’abîme, et puis être détruite ; et les habitans de la terre, dont les noms ne sont point écrits au livre de vie dès la fondation du monde, s’étonneront voyant la bête qui était, qui n’est plus, et qui toutefois est.

9 C’est ici qu’est l’intelligence pour quiconque a de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise.

10 Ce sont aussi sept rois, les cinq sont tombés ; l’un est, et l’autre n’est pas encore venu ; et quand il sera venu, il faut qu’il demeure pour un peu de temps.

11 Et la bête qui était, et qui n’est plus, c’est aussi un huitième roi ; elle vient des sept, mais elle tend à sa ruine.

12 Et les dix cornes que tu as vues, sont dix rois qui n’ont pas encore commencé à régner ; mais ils prendront puissance comme rois, en même temps avec la bête.

13 Ceux-ci ont un même dessein, et ils donneront leur puissance et leur autorité à la bête.

14 Ceux-ci combattront contre l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra, parce qu’il est le Seigneur des seigneurs, et le Roi des rois ; et ceux qui sont avec lui, sont du nombre des appelés, des élus, et des fidèles.

15 Puis il me dit : Les eaux que tu as vues, et sur lesquelles la prostituée est assise, sont des peuples, des nations, et des langues.

16 Mais les dix cornes que tu as vues à la bête, sont ceux qui haïront la prostituée, qui la désoleront, la dépouilleront et mangeront sa chair, et la brûleront au feu.

17 Car Dieu a mis dans leurs cœurs de faire ce qu’il lui plaît, et de former un même dessein, et de donner leur royaume à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies.

18 Et la femme que tu as vue, c’est la grande cité, qui a son règne sur les rois de la terre.

CHAP. XVIII.

Description prophétique de la ruine de la grande Babylone.


APRÈS ces choses je vis descendre du ciel un autre ange, qui avait une grande puissance, et la terre fut illuminée de sa gloire.

2 Il cria avec force à haute voix, et il dit : Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone, et elle est devenue la demeure des démons, et la retraite de tout esprit immonde, et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable.

3 Car toutes les nations ont bu du vin de sa prostitution effrénée ; et les rois de la terre ont commis fornication avec elle ; et les marchands de la terre sont devenus riches de l’excès de son luxe.

4 Puis j’entendis une autre voix du ciel, qui disait : Sortez de Babylone, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous ne receviez point de ses plaies ;

5 car ses péchés sont montés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités.

6 Rendez-lui ainsi qu’elle vous a fait, et payez-lui au double selon ses œuvres ; et dans la même coupe où elle vous a versé à boire, versez-lui-en au double.

7 Autant qu’elle s’est glorifiée, et qu’elle a été dans les délices, donnez-lui autant de tourment et d’affliction ; car elle dit en son cœur : Je siége en reine, je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil.

8 C’est pourquoi ses plaies, qui sont la mort, le deuil, et la famine, viendront en un même jour, et elle sera entièrement brûlée au feu ; car le Seigneur Dieu qui la jugera est puissant.

9 Et les rois de la terre, qui ont commis fornication avec elle, et qui ont vécu dans les délices, la pleureront, et mèneront deuil sur elle en se battant la poitrine, quand ils verront la fumée de son embrasement ;

10 et ils se tiendront loin pour la crainte de son tourment, et diront : Hélas ! hélas ! Babylone, la grande cité, cette cité si puissante, comment ta condamnation est-elle venue en un moment ?

11 Les marchands de la terre aussi pleureront, et mèneront deuil à cause d’elle, parce que personne n’achète plus de leurs marchandises ;

12 qui sont des marchandises d’or, d’argent, de pierres précieuses, de perles, de fin lin, de pourpre, de soie, d’écarlate, de toute sorte de bois odoriférant, de toute espèce de meubles d’ivoire, et de toute espèce de vaisseaux de bois très-précieux, d’airain, de fer, et de marbre ;

13 du cinnamome, des parfums, des essences, de l’encens, du vin, de l’huile, de la fine fleur de farine, du blé, des bêtes de charge, des brebis, des chevaux, des chariots, des esclaves, et des âmes d’hommes.

14 Car les fruits du désir de ton âme se sont éloignés de toi, et toutes les choses délicates et excellentes sont perdues pour toi, et dorénavant tu ne trouveras plus ces choses.

15 Les marchands, dis-je, de ces choses, qui en sont devenus riches, se tiendront loin d’elle, pour la crainte de son tourment, pleurant et menant deuil ;

16 et disant : Hélas ! hélas ! la grande cité, qui était vêtue de fin lin, de pourpre, d’écarlate, qui était parée d’or, ornée de pierres précieuses et de perles, comment en un instant ont été dissipées tant de richesses ?

17 Tout pilote aussi, toute la troupe de ceux qui montent sur les navires, tous les matelots, et tous ceux qui trafiquent sur la mer, se tiendront loin ;

18 et voyant la fumée de son embrasement, ils s’écrieront, en disant : Quelle cité était semblable à cette grande cité ?

19 Et ils jetteront de la poussière sur leurs têtes, pleurant et menant deuil ; ils crieront en disant : Hélas ! hélas ! la grande cité, dans laquelle tous ceux qui avaient des navires sur la mer, étaient devenus riches par son opulence ; comment a-t-elle été désolée en un moment ?

20 O ciel ! réjouis-toi à cause d’elle ; et vous aussi, saints apôtres et prophètes, réjouissez-vous : car Dieu l’a punie à cause de vous.

21 Puis un ange d’une grande force prit une pierre, qui était comme une grande meule, et la jeta dans la mer, en disant : Ainsi sera jetée avec impétuosité Babylone, cette grande cité, et elle ne sera plus trouvée.

22 Et la voix des joueurs de harpe, des musiciens, des joueurs de hautbois, et de ceux qui sonnent de la trompette, ne sera plus ouïe en toi ; et tout ouvrier, de quelque métier que ce soit, ne sera plus trouvé en toi, et le bruit de la meule ne sera plus ouï en toi.

23 Et la lumière de la chandelle ne luira plus en toi ; et la voix de l’époux et de l’épouse ne sera plus ouïe en toi ; parce que tes marchands étaient des princes de la terre, et parce que par tes empoisonnemens toutes les nations ont été séduites.

24 Et en elle a été trouvé le sang des prophètes, et des saints, et de tous ceux qui ont été mis à mort sur la terre.

CHAP. XIX.

Actions de grâces touchant le jugement de Dieu sur la bête et la grande prostituée.


OR, après ces choses, j’entendis une voix d’une grande multitude dans le ciel, disant : Halléluia ! Le salut, la gloire, l’honneur et la puissance appartiennent au Seigneur notre Dieu.

2 Car ses jugemens sont véritables et justes, parce qu’il a fait justice de la grande prostituée, qui a corrompu la terre par son impudicité ; et qu’il a vengé le sang de ses serviteurs versé de la main de la prostituée.

3 Et ils dirent encore : Halléluia ! et sa fumée monte au siècle des siècles.

4 Et les vingt-quatre anciens et les quatre animaux se jetèrent sur leurs faces, et adorèrent Dieu qui était assis sur le trône, en disant : Amen ! Halléluia !

5 Et il sortit du trône une voix qui disait : Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, tant les petits que les grands.

6 J’entendis ensuite comme la voix d’une grande assemblée, et comme le bruit de grandes eaux, et comme l’éclat de grands tonnerres, disant : Halléluia ! car le Seigneur, notre Dieu tout-puissant, a pris possession de son royaume.

7 Réjouissons-nous, tressaillons de joie, et donnons-lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues, et son épouse s’est parée.

8 Et il lui a été donné d’être vêtue de fin lin, pur et éclatant. Or, ce fin lin désigne la justice des saints.

9 Alors il me dit : Ecris : Bienheureux sont ceux qui sont appelés au banquet des noces de l’Agneau ! Il me dit aussi : Ces paroles de Dieu sont véritables.

10 Alors je me jetai à ses pieds pour l’adorer, mais il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis ton compagnon de service, et le compagnon de tes frères qui ont le témoignage de Jésus : adore Dieu ; car le témoignage de Jésus est l’esprit de prophétie.

11 Puis je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; et celui qui était monté dessus était appelé fidele et veritable, qui juge et combat justement.

12 Et ses yeux étaient comme une flamme de feu ; il y avait sur sa tête plusieurs diadèmes, et il portait un nom écrit que nul n’a connu que lui seul.

13 Il était vêtu d’une robe teinte dans le sang, et son nom s’appelle la parole de Dieu.

14 Et les armées qui sont au ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et pur.

15 Et il sortait de sa bouche une épée tranchante, pour en frapper les nations ; car il les gouvernera avec une verge de fer, et il foulera la cuve du vin de l’indignation et de la colère du Dieu tout-puissant.

16 Et sur son vêtement et sur sa cuisse étaient écrits ces mots : Le Roi des rois, et le Seigneur des seigneurs.

17 Puis je vis un ange se tenant dans le soleil, qui cria à haute voix, et dit à tous les oiseaux qui volaient par le milieu du ciel : Venez et assemblez-vous au banquet du grand Dieu ;

18 afin que vous mangiez la chair des rois, la chair des capitaines, la chair des puissans, la chair des chevaux et de ceux qui sont montés dessus, et la chair de toute sorte de personnes libres, esclaves, petits et grands.

19 Alors je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour faire la guerre contre celui qui était monté sur le cheval et contre son armée.

20 Mais la bête fut prise, et avec elle le faux prophète qui avait fait devant elle les prodiges par lesquels il avait séduit ceux qui avaient la marque de la bête, et qui avaient adoré son image ; et ils furent tous deux jetés tout vifs dans l’étang ardent de feu et de soufre ;

21 et le reste fut tué par l’épée qui sortait de la bouche de celui qui était monté sur le cheval ; et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair.

CHAP. XX.

De la félicité de l’église, du règne de mille ans, et du dernier jugement.


APRÈS cela je vis descendre du ciel un ange qui avait la clef de l’abîme, et une grande chaîne en sa main ;

2 lequel saisit le dragon, c’est-à-dire, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et le lia pour mille ans ;

3 et il le jeta dans l’abîme, et l’enferma, et mit le sceau sur lui, afin qu’il ne séduise plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis ; après quoi il faut qu’il soit délié pour un peu de temps.

4 Et je vis des trônes, sur lesquels des gens s’assirent, et l’autorité de juger leur fut donnée, et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu, qui n’avaient point adoré la bête ni son image, et qui n’avaient point pris sa marque sur leurs fronts ou à leurs mains, lesquels devaient vivre et régner avec Christ mille ans.

5 Mais le reste des morts ne doit point ressusciter jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis ; c’est la première résurrection.

6 Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection ; la seconde mort n’a point de puissance sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui mille ans.

7 Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison ;

8 et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler en bataille ; et leur nombre est comme le sable de la mer.

9 Et ils montèrent et se répandirent sur la largeur de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée ; mais Dieu fit descendre du feu du ciel qui les dévora.

10 Et le diable qui les séduisait fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où est la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles.

11 Puis je vis un grand trône blanc, et quelqu’un assis dessus, devant lequel s’enfuit la terre et le ciel ; et il ne se trouva point de lieu pour eux.

12 Je vis aussi les morts, grands et petits, se tenant devant Dieu ; et les livres furent ouverts ; et un autre livre fut ouvert, qui était le livre de vie ; et les morts furent jugés sur les choses qui étaient écrites dans les livres, c’est-à-dire, selon leurs œuvres.

13 Et la mer rendit les morts qui étaient en elle, et la mort et l’enfer rendirent les morts qui étaient en eux ; et ils furent jugés chacun selon leurs œuvres.

14 Et la mort et l’enfer furent jetés dans l’étang de feu ; c’est la seconde mort.

15 Et quiconque ne fut pas trouvé écrit au livre de vie, fut jeté dans l’étang de feu.

CHAP. XXI.

Description de la pleine consolation et félicité des élus dans la Jérusalem céleste.


PUIS je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus.

2 Et moi Jean, je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, parée comme une épouse qui s’est ornée pour son mari.

3 Et j’entendis une grande voix du ciel, disant : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera leur Dieu, et il sera avec eux.

4 Et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux, et la mort ne sera plus ; et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail ; car les premières choses sont passées.

5 Et celui qui était assis sur le trône, dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Puis il me dit : Ecris, car ces paroles sont véritables et certaines.

6 Il me dit aussi : Tout est accompli ; je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. À celui qui aura soif, je lui donnerai de la fontaine d’eau vive, sans qu’elle lui coûte rien.

7 Celui qui vaincra, héritera toutes choses ; et je lui serai Dieu, et il me sera fils.

8 Mais quant aux timides, aux incrédules, aux exécrables, aux meurtriers, aux fornicateurs, aux empoisonneurs, aux idolâtres et à tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, qui est la seconde mort.

9 Alors un des sept anges qui avaient eu les sept fioles pleines des sept dernières plaies, s’approcha de moi, et me parla, en disant : Viens, et je te montrerai l’épouse, qui est la femme de l’Agneau.

10 Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la grande cité, la sainte Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu.

11 Ayant la gloire de Dieu ; et sa lumière était semblable à une pierre très-précieuse, comme à une pierre de jaspe, tirant sur le cristal.

12 Et elle avait une grande et haute muraille, avec douze portes, et aux portes douze anges ; et des noms écrits sur elles, qui sont les noms des douze tribus des enfans d’Israël :

13 du côté de l’Orient, trois portes ; du côté du Septentrion, trois portes ; du côté du Midi, trois portes ; et du côté de l’Occident, trois portes.

14 Et la muraille de la cité avait douze fondemens, et les noms des douze apôtres de l’Agneau étaient écrits dessus.

15 Et celui qui parlait avec moi avait un roseau d’or pour mesurer la cité, ses portes et sa muraille.

16 Et la cité était bâtie en carré, et sa longueur était aussi grande que sa largeur. Il mesura donc la cité avec le roseau d’or, jusqu’à douze mille stades ; la longueur, la largeur et la hauteur étaient égales.

17 Puis il mesura la muraille, qui fut de cent quarante-quatre coudées, de la mesure du personnage, c’est-à-dire, de l’ange.

18 Et le bâtiment de la muraille était de jaspe ; mais la cité était d’or pur, semblable à du verre fort transparent.

19 Et les fondemens de la muraille de la cité étaient ornés de toute pierre précieuse. Le premier fondement était de jaspe ; le second de saphir ; le troisième de chalcédoine ; le quatrième d’émeraude ;

20 le cinquième de sardonix ; le sixième de sardoine ; le septième de chrysolite ; le huitième de béril ; le neuvième de topaze ; le dixième de chrysoprase ; le onzième d’hyacinthe ; le douzième d’améthyste.

21 Et les douze portes étaient douze perles ; chacune des portes était d’une perle, et la rue de la cité était d’or pur, comme du verre le plus transparent.

22 Et je ne vis point de temple en elle ; parce que le Seigneur Dieu tout-puissant et l’Agneau en sont le temple.

23 Et la cité n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour luire en elle ; car la clarté de Dieu l’a éclairée, et l’Agneau est son flambeau.

24 Et les nations qui auront été sauvées marcheront à la faveur de sa lumière, et les rois de la terre y apporteront ce qu’ils ont de plus magnifique et de plus précieux.

25 Et ses portes ne seront point fermées de jour : or il n’y aura point là de nuit.

26 Et on y apportera ce que les Gentils ont de plus magnifique et de plus précieux.

27 Il n’y entrera aucune chose souillée, ni personne qui s’abandonne à l’abomination et au mensonge ; mais seulement ceux qui sont écrits au livre de vie de l’Agneau.

CHAP. XXII.

De la félicité dans la Jérusalem céleste, et de la certitude de cette prophétie.


PUIS il me montra un fleuve pur d’eau vive, transparent comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau.

2 Et au milieu de la place de la cité, et des deux côtés du fleuve, était l’arbre de vie, portant douze fruits, et rendant son fruit chaque mois ; et les feuilles de l’arbre sont pour la santé des Gentils.

3 Et toute chose maudite ne sera plus ; mais le trône de Dieu et de l’Agneau sera en elle, et ses serviteurs le serviront ;

4 et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts.

5 Et il n’y aura plus là de nuit, et il ne sera plus besoin de la lumière de la lampe ni du soleil ; car le Seigneur Dieu les éclaire, et ils régneront aux siècles des siècles.

6 Puis il me dit : Ces paroles sont certaines et véritables, et le Seigneur, le Dieu des saints prophètes a envoyé son ange, pour manifester à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt.

7 Voici, je viens bientôt ; bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre.

8 Et moi Jean, je suis celui qui ai ouï et vu ces choses ; et après les avoir ouïes et vues, je me jetai à terre pour me prosterner aux pieds de l’ange qui me montrait ces choses.

9 Mais il me dit : Garde-toi de le faire, car je suis ton compagnon de service, et le compagnon de tes frères les prophètes, et de ceux qui gardent les paroles de ce livre ; adore Dieu.

10 Il me dit aussi : Ne cachette point les paroles de la prophétie de ce livre, parce que le temps est proche.

11 Que celui qui est injuste, soit injuste encore ; et que celui qui est souillé, se souille encore ; et que celui qui est juste, soit plus juste encore ; et que celui qui est saint, soit sanctifié encore.

12 Or, voici, je viens bientôt ; et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon son œuvre.

13 Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.

14 Bienheureux sont ceux qui font ses commandemens, afin qu’ils aient droit à l’arbre de vie, et qu’ils entrent par les portes dans la cité.

15 Mais les chiens, les empoisonneurs, les fornicateurs, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et commet fausseté, seront laissés dehors.

16 Moi Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous confirmer ces choses dans les églises. Je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin.

17 Et l’Esprit et l’Epouse disent : Viens. Que celui aussi qui l’entend, dise : Viens ; et que celui qui a soif vienne ; et quiconque veut de l’eau vive en prenne, sans qu’elle lui coûte rien.

18 Or, je proteste à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre, que si quelqu’un ajoute à ces choses, Dieu fera tomber sur lui les plaies écrites dans ce livre ;

19 et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu lui enlèvera la part qu’il a dans le livre de vie, dans la sainte cité, et dans les choses qui sont écrites dans ce livre.

20 Celui qui rend témoignage de ces choses, dit : Certainement je viens bientôt. Amen. Oui, Seigneur Jésus, viens.

21 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous ! Amen.