Le Pacifique et la rencontre des races/3

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Arthème Fayard et Cie (p. 32-46).

CHAPITRE III

Un problème ethnique

Nous savons que scientifiquement parlant, le terme de race ne doit être pris qu’au sens physique. Toutefois la terminologie anthropologique n’en a pas assez nettement fixé l’usage, pour que nous nous l’interdisions dans un sens moins absolu. La réalité nous montre des similitudes d’ordres divers chez des individus, des concordances, une inexplicable analogie entre eux qui nous frappent et décèlent à notre esprit et à nos sens une espèce d’hommes dont nous ne faisons pas partie, une autre « race » que la nôtre.

La concurrence entre les races n’est pas chose nouvelle en Amérique. Elle devint farouche aux États-Unis où tant de nationalités d’importation se mêlaient, lors de la crise que provoqua dans le monde entier la Révolution française. Après des querelles qui ne durèrent pas moins de onze années (1789- 1800), la suprématie sociale et financière ainsi que l’autorité politique restèrent aux Anglo-Saxons.

Jusqu’à la guerre de Sécession (1860), l’afflux des immigrés n’amena point de difficultés, tant il y avait d’espace dans l’Union qui s’étendait vers l’Ouest sans que les Anglo-Saxons perdissent leur hégémonie. Les noirs eux-mêmes, à cause de l’esclavage dans lequel ils étaient tenus, ne troublaient pas la paix entre les races.

Mais quand, la guerre de Sécession ayant accentué et précisé le sentiment patriotique, la race dominante chercha à faire l’unité de la nation à son profit, elle se trouva sinon débordée, du moins tenue en échec par l’immigration soudainement accrue des masses d’origine méditerranéenne. Alors entre celles-ci et le groupe des « nordiques », un conflit aigu éclata qui dure encore et affecte dans le Pacifique des formes imprévues à son début.

La guerre de 1914 qu’on aurait cru devoir amener une réconciliation nationale a, au contraire, au bout de peu de temps, révélé toute l’étendue du problème ethnique. D’abord de 1914 à 1917 se déroula une lutte âpre entre les éléments d’origine purement germanique et les Anglo-Saxons. Puis les noirs qui avaient été enrôlés en 1917-18 comme les blancs et qui en avaient conçu un grand orgueil, ayant voulu, à leur retour, conserver dans les rues de New-York la liberté d’allure dont ils avaient joui en Europe, la réaction contre eux ne se fit pas attendre. Elle fut brutale[1].

Dans les États du Sud, l’hostilité des blancs contre les noirs s’est toujours expliquée par une crainte insurmontable. Il faut lire sur ce point cette page saisissante du livre de M. André Siegfried : Les États-Unis d’aujourd’hui (p. 93) (Armand Colin) :

Toute discussion relative aux nègres révèle une sorte de hantise sexuelle, pénétrant, implacable, jusqu’aux moindres replis de la pensée et de la sensibilité. C’est une terreur vague, demi-physique, de la population de couleur environnante, surtout dans les villages où elle est le nombre et donne l’impression de vous submerger ; c’est la peur hallucinante d’une hérédité barbare, bestiale, qui se manifesterait tout à coup par une tentative de viol : si l’on sort le soir, laissant une femme seule à la maison, jamais on ne se sent tout à fait rassuré. À la longue, cela devient une idée fixe qu’on ne raisonne plus, une sorte d’hystérie, de fureur, qui peut conduire aux pires horreurs. On comprend que, si un viol vient alors à se produire effectivement, si même il n’en existe que le simple soupçon, la répression sort du domaine de la légalité pour entrer dans celui de la vengeance passionnelle. Il faut un exemple, à tout prix, tout de suite, et la foule qui s’est ameutée ne retrouve de détente que quand le sang a coulé, parfois avec d’affreux raffinements de cruauté. Les meilleurs éléments sont là parfois, des gens de bonne société, des fonctionnaires, des juges même : ils approuvent, ils ne s’en cachent pas, ils me l’ont dit ! Voilà pourquoi, dans l’atmosphère de ce pays de romance, flotte je ne sais quoi d’inquiétant, de trouble, de barbare. Ces gens cordiaux, ces gentilshommes aux manières parfaites qui vous parlent, ce sont peut-être des assassins : la nuit, dans les bois, ils se sont mis à cent pour tuer un homme ; et des milliers d’autres que vous pouvez connaître, que vous avez sans doute rencontrés, ont été leurs complices ! Le Texas, la Géorgie, la Caroline du Sud, ce sont des États du XXe siècle, extérieurement civilisés. Ils s’apparentent pourtant aux pays de pogroms.

Le Sud prétend depuis longtemps défendre la race blanche et empêcher les États-Unis de devenir « un second Brésil ». L’interdiction du mariage entre les deux races y est rigoureuse, la loi prohibe cette misgeneration et il suffit d’un arrière-grand parent noir pour qu’elle s’applique. Mais depuis la guerre, les noirs qui ont combattu en Europe quittent les campagnes du Sud où l’on a voulu les ramener au rang de parias et continuer à les cantonner dans les besognes pénibles. Ils fuient vers le Nord des États-Unis et le plus grave inconvénient de cet exode a été de créer un sentiment hostile à la race noire dans des contrées où jusqu’alors il ne régnait pas. Des émeutes sanglantes eurent lieu en 1919, 1920, 1921 à Washington, East-Saint-Louis, Chicago, Omaha.

Il faut aussi remarquer que, dès 1915, se produisit aux États-Unis, un événement économique qui provoqua déjà un mouvement de migration chez les noirs. Cette année-là commencèrent à arriver aux usines de la Nouvelle Angleterre, de la Pennsylvanie et du Middle-West des commandes anglaises et françaises. La main-d’œuvre ne pouvait venir d’Europe et l’on accepta celle des provinces agricoles des États du Sud peuplés de noirs. Bref de 45.000 avant la guerre, le nombre des nègres à Chicago est passé aujourd’hui à 110.000, à New-York de 91.000 à 200.000. Ils comptent dans cette dernière ville, depuis 1927, deux fonctionnaires municipaux.

Pour enrayer l’émigration, les planteurs blancs du Sud augmentèrent les salaires de leurs ouvriers nègres. Mais ceux qui étaient partis ne revinrent pas ; employés dans le Nord, ils y restèrent et cependant ils y sont jalousés par l’ouvrier blanc de New-York, Chicago, Cleveland, Détroit, qui craint qu’ils ne fassent baisser les salaires.

On peut donc dire que la question noire, qui jusqu’à la guerre ne passionnait que le Sud, est devenue un problème national. Il ne peut guère, il est vrai, en résulter de catastrophe à proprement parler, vu d’abord le nombre relativement faible de nègres aux États-Unis (environ 11 millions sur près de 120 millions d’habitants), et ensuite parce que leur organisation est toute récente, mais ce n’en est pas moins une cause de graves préoccupations.

Cependant, un autre problème racial se pose en Amérique, problème d’une envergure morale singulièrement plus grande que celui que nous venons d’esquisser. La question noire en effet ne sort pas du domaine américain ; il n’en est pas de même de la question jaune simplement californienne à son origine, mais internationale dans ses répercussions.

Lorsqu’en 1898 les États-Unis occupèrent les Philippines, ils marquèrent le point de départ d’une politique du Pacifique qui ouvrait elle-même une ère nouvelle dans l’Histoire du monde.

Leur installation dans le voisinage de l’Asie créait chez certaines puissances habituées jusque-là à les considérer comme essentiellement orientés vers l’Atlantique, un sentiment très vif d’inquiétude et d’animosité. Ces puissances étaient d’une part les puissances européennes qui commerçaient avec la Chine, et dont les appétits n’étaient pas rassasiés ; et d’autre part le Japon qui se préparait méthodiquement à jouer en Extrême-Orient et en Chine d’abord, un rôle digne de ses capacités, secondées puissamment ici par des affinités de race.

Fier d’avoir su unir et développer chez lui la vieille civilisation chinoise dont il avait hérité et la civilisation moderne de l’Occident, le Japon entendait prendre un jour relativement prochain la direction de la renaissance asiatique. La déception causée à Tokio par la présence des Américains, ces intrus, dans les eaux de l’Asie, exaspérait ce sentiment impérialiste naissant.

C’est alors que commença l’invasion du continent américain. Elle sembla se faire systématiquement, obéir à un mot d’ordre. En 1890, il n’y avait que 2,000 Japonais aux États-Unis ; en 1900, ils étaient 24.000. Ils sont aujourd’hui 140.000.

Le Japonais aux États-Unis reste intangible. Alors que le Chinois s’assimile beaucoup plus qu’on ne le dit, lui, n’adopte pas les mœurs ambiantes, n’adapte pas ses salaires au niveau général ; mais il élimine l’ouvrier agricole de race blanche (les Japonais sont aux deux tiers des cultivateurs) par des demandes de bas salaires qu’il élève pourtant peu à peu, réduit par la grève son employeur à l’impuissance et finalement loue ou achète sa ferme. Alors apparaissent parents et amis de sa race qui travaillent des quatorze, seize et même dix-huit heures par jour. La concurrence économique aboutit en somme à une substitution ethnique.

Aussi, dès 1904 la Californie s’est-elle inquiétée. D’année en année son agitation augmenta et provoqua de 1906 à 1924 des mesures de protection successives qui finirent, comme on sait, par l’interdiction de l’immigration asiatique, Japon compris, par exclusion totale des races non admises à la naturalisation.

Certes, il y a pour les Japonais une cuisante blessure d’amour-propre à se voir englobés dans une commune interdiction avec les autres peuples de l’Asie, mais quiconque se penche sur ces questions d’Extrême-Orient reconnaît aisément que par-dessus l’orgueil des uns, l’égoïsme ou la peur des autres, le problème des races est irrévocablement posé et qu’il s’agit là avant tout autre-chose d’un déséquilibre ethnique.

L’appel des races jaunes est fatal vers les terres riches et vides comme la Californie. Se ferment-elles on a encore l’impression qu’elles demeurent au-dessous du niveau de la mer humaine qui menaçait de les submerger. Ainsi s’ouvre une question du Pacifique, chapitre du péril jaune, dans laquelle le front américain est immédiatement menacé[2].

Les nécessités de la politique intérieure et le désir de constituer une nation cohérente, imprégnée d’une civilisation anglo-saxonne, risquent d’entraîner le gouvernement américain à prendre des mesures qui deviennent un jour des sources de difficultés pour lui et d’autres gouvernements.

Les lois d’immigration n’ont en effet de réelle valeur qu’autant que ceux qui les édictent sont en état d’en tirer tout le parti possible. Or, que voyons-nous en particulier chez les Japonais qui en pâtissent ? Une politique de repliement, de prudence avec les puissances, en même temps qu’une politique pro-chinoise.

En dépit des frictions, des incidents parfois très graves qui ont eu lieu entre Chinois et Japonais au cours des dernières années et encore récemment, de plus en plus nombreux sont les hommes politiques japonais qui préconisent une politique de rapprochement avec la Chine. La politique impérialiste et même agressive pratiquée à l’égard de celle-ci au temps du cabinet Okuma est hautement désavouée par le pays. « La politique du Japon à l’égard de la Chine, dit une brochure officielle adressée l’an dernier aux fonctionnaires japonais, doit être fondée sur le principe de l’assistance mutuelle et de la coopération, en vue du développement économique de l’Orient ». Le but économique donné à la collaboration nippo-chinoise est à retenir[3].

Les Annales de la Chine relatent que le chef des Tsin, tribu jadis considérée comme barbare par les Chinois, devint le plus important des sept princes qui se partageaient l’Empire. Les Tsin voulurent alors absorber les autres tribus et, grâce à leur discipline, ils y réussirent en 221 avant Jésus-Christ. Leur chef prit le titre de premier souverain-empereur et la dynastie des Tsin se trouva ainsi fondée ; mais il lui fallut, toute sa vie, veiller à l’unité de l’immense empire et contenir les barbares aux frontières. Trois ans après sa mort, sous le règne de son fils, la dynastie croula.

Si l’on veut par une fiction se représenter le Japon d’aujourd’hui comme une tribu disciplinée parmi les jaunes, ne peut-on pas admettre qu’il parvienne, grâce à ses habitudes de discipline et de méthode à répandre son influence sur un territoire où règne l’anarchie en y installant ses comptoirs ? Il semble en tout cas que cela soit plus aisé que de ramener sans cesse des dissidents et de tenir à distance des envahisseurs. De fait, le Japon a plus profité dans l’ensemble du boycottage des produits anglais en Chine, au cours de ces dernières années, qu’il n’a souffert du boycottage de ses propres produits ; ses statistiques d’exportation le prouvent[4].

Pour le Japon, un moyen pacifique de résoudre le problème de sa surpopulation est d’augmenter sa richesse en développant son industrie.

Il pourra de la sorte acheter au dehors de quoi nourrir sa population. Mais pour développer son industrie, il lui faut des matières premières et des débouchés. Ses idées de domination politique en Mandchourie se sont dès lors muées en visées économiques. La Mandchourie est devenue dans son programme une base industrielle pour la conquête du marché chinois.

Notons aussi que ce n’est plus contre la Chine que s’exerce la verve agressive du comte Okuma. On lit à présent sous sa plume : « La tyrannie des Anglo-Saxons à la Conférence de la Paix (1919) a rempli de colère les dieux et les hommes ». Il a créé une Association indojaponaise. « Tous les hommes sont nés égaux, stipule l’article premier des statuts. Les Asiatiques ont les mêmes droits que les Européens à être appelés des hommes. Il est donc tout à fait déraisonnable que les Européens s’arrogent le droit de dominer les Asiatiques. »

Enfin des conférences panasiatiques où les Japonais se sont montrés les plus nombreux et les plus ardents se sont tenues à Nagasaki en 1926 et à Shangaï en 1927. Ces conférences n’ont certes pas eu l’ampleur qu’avaient souhaitée leurs organisateurs ; malgré tout, elles montrent une fois de plus l’intention des intellectuels asiatiques, japonais, chinois, hindous, coréens, philippins, etc., de s’unir en face de l’Europe et de l’Amérique. Si elles ont fait ressortir nombre d’obstacles à la permanence d’une Ligue panasiatique, le fait seul qu’elles ont eu lieu, même dans des conditions précaires, a une valeur ou une signification. « Tout mouvement qui a son siège dans ces contrées de l’Asie aux ressources infinies et aux populations ardentes, écrivait à ce propos l’Osaka Mainichi, pour humble et insignifiant qu’il soit à ses débuts, ne doit pas être ignoré de propos délibéré[5].

Aussi bien « la mer humaine » dont il était question tout à l’heure et qui menace de submerger les terres vides comme la Californie, submerge déjà les archipels du Pacifique. Si les lois d’immigration en préservent encore les continents américain et australien, elles n’en défendent pas les populations indigènes des îles du Grand Océan. Aux Hawaï même où les États-Unis entendent s’assurer une grande base navale depuis qu’ils se sont interdit de fortifier les Philippines, l’immigration asiatique, japonaise principalement, a fait des progrès tels au cours des vingt dernières années, qu’elle y constitue la majorité de la population ; on y compte 267,000 japonais[6].

La contre-partie des tendances et des faits que nous venons de rappeler a été l’ébauche d’une politique anglo-saxonne du Pacifique qui, lors de la Conférence de Washington, a grandement surpris certains gouvernements d’Europe. La défense de la race blanche est apparue aux délégués américains et britanniques plus importante que tout le reste, plus importante même, aux yeux des seconds, que l’équilibre créé par leur alliance avec les Nippons. Le point de vue ethnique l’emporta sur le point de vue politique lorsqu’il s’agit « de protéger cette chose essentielle qu’est une manière de vivre, un niveau matériel d’existence, une civilisation »[7]. La conception de « l’Australie blanche » (white Australia) ne s’explique pas autrement. « Ce n’est pas une théorie politique, c’est un évangile ».

Les Américains s’inquiètent du manque de cohésion de leur population, malgré les progrès constatés dans ce sens par les étrangers qui parcourent les États-Unis. Il est en effet très difficile à présent de deviner l’origine des parents d’après l’aspect des enfants. Latins et même Slaves après deux ou trois générations ont presque la même apparence que les descendants des puritains, les mêmes traits dérivés du type anglo-saxon originel, déformé. Et pourtant les Américains ne sont pas sûrs d’eux-mêmes ; ils ne se tiennent pas pour un peuple complètement formé.

Notre principale imperfection comme peuple, écrivait en 1926, dans un article de revue, le docteur Collin, notre défaut national le plus manifeste est une sorte de développement anormal, que l’on appelle infantilisme de l’adulte. Bien des symptômes indiquent que nous sommes une nation d’adultes-enfants, et on en trouverait plus d’une preuve[8].

N’y a-t-il pas dans ces lignes comme le sentiment que tout ce qui augmente la richesse et la puissance industrielle d’un peuple ne l’unit pas ? Le monde peut être, en effet, un jour uniformisé par l’usage des mêmes instruments de production, par l’emploi des mêmes techniques joints à la facilité de plus en plus grande des communications matérielles : ce n’est pas ce qui l’unira, car comme quelqu’un l’a dit : « la matière est essentiellement diviseuse et les hommes ne communiquent que dans l’immatériel ».


Les Américains semblent éprouver l’exactitude de cette opinion, et ils en sont d’autant plus troublés que se pose pour eux d’une façon plus pressante, le problème de la race.

  1. Voir un remarquable article du Correspondant du 10 mai 1926 sur « Le problème de la race aux États-Unis », sous la signature de M. Bernard Faÿ.
  2. André Siegfried, op. cit., p. 333.
  3. Malgré la manière forte employée en mai 1928 par le gouvernement du général Tanaka pour tenir les belligérants chinois loin des résidants japonais de la province de Chantoung, ce n’est pas un sentiment impérialiste qui a dicté au Japon l’attitude qu’il a prise.
  4. L’excédent des exportations du Japon en Chine sur les importations de la Chine au Japon s’élève, pour les neuf premiers mois de 1928, à 122.130.000 yen, soit 10 millions de plus qu’en 1927.
  5. Une troisième conférence panasiatique devait avoir lieu en 1928 à Kaboul. L’état politique de l’Afghanistan l’empêcha de se réunir.
  6. Lors d’un voyage aux Hawaï dans l’été de 1927, le secrétaire adjoint de la marine américaine, M. Edward Warner disait de cet archipel : « C’est notre avant-poste de l’Ouest, c’est notre première ligne de défense. Il faut que rien ne détourne notre marine de s’y fixer solidement ».
  7. Il faut tenir compte aussi du point de vue financier. La City l’emporta sur le Foreign Office, quand la livre se trouva menacée de la mauvaise humeur des Américains au cas où l’alliance anglo-japonaise serait maintenue.
  8. Cité par M. Bernard Faÿ dans le Correspondant.