Le Parfaict macquereau ſuivant la cour/02

La bibliothèque libre.

COMPLAINCTE SVR
le ſuccés de l’hiſtoire dont
eſt queſtion.

Hé Dieu, helas ! hé Dieu, que l’hõme
Pour auoir mangé d’vne pomme,
Porte de maux deſſus les reims,
Tout comme nous picquent les beſtes,
Et n’ont iamais, veroles, peſtes,
Chaudepiſſe, chancres & poulins.

I’ay veu des chiens plus de dix mille,
Leſquels foutaillent file à file,
D’vne ſeule chienne le con :
Mais pour cinq cens mille eſtocades,
Ils n’en furent iamais malades
Tant qu’ils le trouue touſiours bon.


Encore les chiens ont l’aduentage,
Qu’entrant dedans leur bordelage,
Ils ne payent pas vn douſain :
Nous autres donnons la piſtole,
Et n’en auons que la verole,
Souuente fois pour noſtre bien.

Marchant qui perd ne peut pas rire,
Viença laquais & va-tan dire
A ſoufreteux ce Medecin.
Qu’il vienne voir mon pauure vit,
Qui ne peut plus leuer la teſte,
Tant à preſent il eſt maudit.

Ie ſens deſia monter mon aſne,
Sanglé d’vne vieille ſotanne,
L’houſe de l’Eueſque Turpin.
Et dont les bords bordez de fanges,
Penſoient trouuer dix mil franges,
Qui pendilloient ſur l’eſcarpin.


Vn grand chappeau de Ieſuitte,
Greſſé du ſuc de la marmitte,
Couuroit ſon percoranium,
Dorlotant vne longue barbe,
Dont le parfum eſt de rhubarbe,
De coloquinte & d’opium.

Sa langue de ſuppoſitoire,
Plus aigue qu’vne lardoire.
Dieu ſoit céans diſoit alors,
Ce nez rouge comme eſcreuiſſe,
Dieu ſoit ceans, la chaudepiſſe,
Tout bas diſois-ie & vous dehors.

Que ie meure pas de la corde,
Si i’entendois point ſon exorde ;
Moins encore ſa narration,
Car ce Docteur en Medecine,
Eſcorche la langue Latine
Comme vn Boucher fait vn mouton,


Il ſe hauſſe, puis il ſe guinde,
Ne plꝰ ne moins qu’vn grãd cocq d’inde
Et iugeriez parfaictement
Que fauſſant les deſtinees,
Il veut tenir les grands iournees,
Quand il parle du iugement.

Ego iuro, par la ſauatte,
Et la crepide d’Hippocrate,
Ie le cognoſce il eſt certain,
A cette iaune ſubucule,
Qu’auez planté voſtre mantule
Dedans le con d’vne putain.

Mes boyaux ronflent de colere
Ie ſens deſia la caſſe amere
Iouer de l’eſpee à deux mains :
Garde le coup d’eſtoc de tailles,
Pour deſbouller iuſques aux entrailles
Milles ſortes d’humeurs vilains.


Tant plus ie pouſſe, moins il entre.
Tout coule, tout roule du ventre,
Vuidant ma cauſe ſans appel,
Lors ie faiſois vne grimaſſe
Comme vn demon, que l’on terraſſe.
Deſſous les pieds d’vn ſainct Michel.

Iamais, iamais ie n’y retourne,
Ie le proteſte ſur la corne
Du plus grand cocu de Paris :
Car le renard fin et & ſage
Pris deux fois au meſme paſſage
Au troiſieſme n’eſt iamais pris.

Vne putain qui pour ce tiltre,
A mille fois porté la Mitre
Par tous les lieux, aux carefours,
Me la donna pour mon eſpiſſe :
N’eſtois ie pas vn vray iocriſſe
De contenter là mes amours ?


Cependant cette putain ſale,
Faiſoit de ſa Vierge Veſtale,
Et a plus brinbalé de coups
Que tous les gueux de l’Allemagne,
De France, Italie, & d’Eſpagne,
A l’hoſpital n’ont pris de poux.

Son corps à plus ſouſtenu d’homme
Que toutes les putains de Romme,
Et plus mutilé de couillons,
Que Veniſe n’a de piſtoles
Et a donné plus de verolles
Que l’Occean n’a de ſablons.

O trou remply de chaudepiſſe :
Tu es le trou de ſainct Patriſſe,
Qu’Irlande tient en ſes confins,
Car tu as pour lieux miſérables
Dix milles legions de diables,
Pleins de peſte & de venins.


Que tes paillards les plus lubriques,
Ayent leur vit long comme picques
D’vn fin acier, trenchant aigu,
Tranſperçant comme des aiguilles,
Pour te rompre des ſpopondrilles,
Et les nerfs qui bandent ton cu.

Mes beaux ſouhaits ne ſeroiẽt fables
Mais ie ſçay bien que tous les Diables
De l’emporter font du refu,
Craignant d’auoir la chaudepiſſe
Diſant qu’ils ont ſans le ſurplus
Aſſez de feuz au poil du cu.

FIN.