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Le Parnasse contemporain/1866/Barcarolle

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Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]I. 1866 (p. 209-210).
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BARCAROLLE




Claire est la nuit, limpide est l’onde ;
Les astres, faisant leur miroir
De la nappe large et profonde,
Y sont encor plus doux à voir.

Un bois entr’ouvre sur la rive
Des clairières pour les élus ;
Trop tôt quelque laideur arrive.
O les rameurs, ne ramez plus.

Le ciel verse la somnolence,
La terre la boit à longs traits ;
La brise même fait silence
Dans le feuillage des forêts.

C’est l’extase du calme étrange,
Tous les mots y sont superflus,
Le moindre murmure y dérange.
O rossignols, ne chantez plus.


L’étoile n’a peur d’aucun gouffre,
La barque ne craint nul écueil ;
Je veux oublier que l’on souffre,
Reposer avant le cercueil.

Sans désir de l’heure future,
Sans regret des jours révolus,
Perds tes fièvres dans la nature,
O mon cœur, ne me brûle plus !