Le Parnasse contemporain/1866/Jérusalem
Apparence
JÉRUSALEM
Quand sous son déïcide et Titus en fureur,
Jérusalem maudite eut fermé sa paupière,
Sans que du temple saint restât pierre sur pierre,
Le corps seul succomba, trop juste objet d’horreur.
Mais d’une autre existence un souffle avant-coureur,
L’âme se dégagea de cette immense bière.
La nouvelle Sion put revivre en saint Pierre ;
Le Pape enfin bénit où tonnait l’Empereur.
Ainsi, dès que chez nous sera mort le vieil homme,
De la Jérusalem notre âme ira vers Rome,
La matière à l’Idée et la lettre à l’Esprit,
Car, pour chaque mortel, autant que pour le monde,
L’âge vient où chassant tout alliage immonde ;
Dans l’or pur de son nimbe apparaît Jésus-Christ.