Le Parnasse contemporain/1866/Le Mercure
Apparence
III
LE MERCURE
Qu’il est inquiet, le mercure !
— Inquiet autant que mon cœur ! —
Quand une surface bien pure
Étale sous lui sa longueur.
Il hésite, il palpite, il tremble,
Inquiet, sans but et sans loi.
Oh ! comme mon cœur lui ressemble
Lorsque mon cœur est loin de toi.
Mais quand, épanchant ma tristesse
Dans le ciel rêveur de tes yeux,
Je vois l’aile de ma caresse
Ombrer leur émail radieux ;
Mon cœur alors se tranquillise,
Comme ce fébrile métal
Que l’étameur immobilise
Derrière l’éclat du cristal :
Et tu peux, comme en une glace,
Mirer en ma sérénité
Et notre bonheur et ta grâce,
Et notre amour et ta beauté.