Le Parnasse contemporain/1869/Circé
Apparence
LOUIS MÉNARD
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SONNETS MYSTIQUES
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CIRCÉ
Douce comme un rayon de lune, un son de lyre,
Pour dompter les plus forts elle n’a qu’à sourire.
Les magiques lueurs de ses yeux caressants
Versent l’ardente extase à tout ce qui respire.
Les grands ours, les lions fauves & rugissants
Lèchent ses pieds d’ivoire ; un nuage d’encens
L’enveloppe ; elle chante, elle enchaîne, elle attire,
La Volupté sinistre, aux philtres tout-puissants.
Sous le joug du désir, elle traîne à sa suite
L’innombrable troupeau des êtres, les charmant
Par son regard de vierge & sa bouche qui ment,
Tranquille, irrésistible. Ah ! maudite, maudite,
Puisque tu changes l’homme en bête, au moins endors
Dans nos cœurs pleins de toi la honte & le remords.