Le Parnasse libertin/034

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Chez Cazals & Ferrand, Libraires (p. 31-32).
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NA pas long-temps qu’aviſai Madelon,
Qui repoſoit ſur la verte fougere,
Un doux zephir enfloit ſon cotillon,
Si que je vis preſque à nu ſon derriere ;
À tel aſpect, amour, ce fis-je alors,
Le beau feſſier, la chair blanche & polie !
Que Madelon cache à l’œil de tréſors !
Lors m’approchant de la belle endormie,
Tout bellement la pris entre mes bras ;
Et d’une main qu’amour rendoit hardie,
Je découvris ſes plus ſecrets appas.
Dormoit toujours la gentille pucelle,
Ou le feignoit, car n’ouvroit la prunelle.
Jamais ne fut ſommeil plus apparent.
De l’éveiller me prit la fantaiſie,
Et me ſouvint qu’en cas peu different
J’avois guéri femelle aſſez jolie
De certain mal, qu’on nomme pamoiſon.
Peut-être encor, c’eſt ce mal, que fait-on ?
Or quel malheur ! ſi telle maladie
Faiſoit mourir ſans ſecours Madelon !
Sans plus tarder j’appliquai le remede.

Prêt il étoit & n’avoit beſoin d’aide
Du premier coup la tira du ſommeil.
Lors Madelon ſe frottant la paupiere.
Bon gré, me dit, vous ſçais de mon réveil ;
Et grand plaiſir m’avez-vous fait, compere.
Viendrai dormir tous les jours en ce lieu,
Puisque ſi bien ſçavez comme il faut faire,
Pas ne manquez de m’éveiller, adieu.

Attribue à l’Abbé Chaulieu.