Si vous voulez bien m’écouter,
Mes bons amis, j’vais vous chanter
Le Peuple,
Le Peuple dont nous sommes tous :
Grands et petits, car, voyez-vous,
Le Peuple,
C’est la grand’ famille aujourd’hui,
Tout le monde s’adresse à lui ;
Le Peuple
Est devenu fort et puissant,
Et j’me fais gloir’ d’être un enfant
Du Peuple.
Le Peuple est tout et ce n’est rien,
C’est le mond’, c’est un citoyen,
Le Peuple,
C’est vous, c’est nous, c’est lui, c’est toi,
C’est un vagabond, c’est un roi,
Le Peuple,
C’est un nouveau-né qui vagit,
C’est un vieux tigre qui rugit,
Le Peuple,
C’est un Océan indompté,
Qui gronde, dans l’immensité,
Le Peuple.
Dans l’industrie et dans les arts
Il s’est taillé de larges parts,
Le Peuple !
Combien d’artistes, des plus grands,
Sont fiers d’être sortis des rangs
Du Peuple !
Papin, Jacquart et Vaucanson
Fur’nt élevés dans le giron
Du Peuple !
Aussi qui revendiqu’ l’honneur
D’avoir découvert la vapeur ?
Le Peuple.
En fait d’écrivains, d’orateurs,
De savants, de littérateurs,
Le Peuple
A fourni son p’tit contingent.
Ah ! c’est qu’il est intelligent,
Le Peuple !
Beaucoup prétend’nt qu’il est méchant,
Moi, j’soutiens qu’il est bon enfant,
Le Peuple !
S’il se bat pour la Liberté…
Il prêche la Fraternité,
Le Peuple !
La Bastille, ce vieux rempart
Des rois, fut enfin rasé par
Le Peuple.
Hardi, brave comme un lion,
En pleine révolution,
Le Peuple
Marchait sans peur à l’ennemi !
Ils en étaient ceux de Valmy,
Du Peuple,
Les Kléber, les Hoch’, les Marceau,
Du Peuple.
Enfin, on n’en finirait pas
S’il fallait compter les soldats
Du Peuple :
Héros, va-nu-pieds des combats,
Artist’s, crèv’-la-faim, tous soldats
Du Peuple,
Soldats du burin, du fusil,
De la pensée ou de l’outil…
Le Peuple !…
Le Peuple en a semé partout.
Français ! il est toujours debout,
Le Peuple !
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