Le Poëme de Myrza/Chapitre 3

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Le Poëme de Myrza

III.

Mais comme le cœur de l’homme était humble et doux en ce temps-là, la sagesse éternelle fut touchée ; car les hommes ne disaient pas : — Il nous faut cela, fais-le ; mais ils disaient : — Tu sais ce qui nous convient, sois béni ; — et ils souffraient sans blasphémer.

La Sagesse, la Miséricorde et la Nécessité, les trois essences infinies du Dieu vivant, tinrent conseil dans le sein de l’Éternel ; et comme il fallait que l’homme connût l’amour ou la mort, la matière ne pouvant s’augmenter indéfiniment, l’Esprit saint dit par la bouche de la Sagesse :

« Livrons l’homme aux chances de sa destinée ; que sa vie sur la terre soit éphémère et douloureuse, qu’il connaisse le bien et le mal, et qu’entre les deux il soit libre de choisir. »

Alors le Verbe de miséricorde ajouta : « Que dans la douleur il ait pour remède l’espérance, et dans le bonheur pour loi la charité. »

Jehovah envoya donc ses anges sur la terre en leur disant : « Qu’il soit fait à chaque homme selon son désir. »

Et l’ange étant entré la nuit dans la demeure des hommes, et au nom de l’Éternel ayant interrogé leurs pensées, il n’en trouva qu’un seul qui désirât l’amour au point d’accepter la mort sans crainte. C’était un de ceux qui n’avaient jamais rien demandé au Seigneur. Il vivait retiré sur une montagne, occupé le soir à contempler les étoiles, et le jour à nourrir les chevrettes et les chamois. C’était une âme forte et un des plus beaux parmi les anges terrestres.

L’ange du sommeil l’appela, et lui dit comme aux autres hommes : — Fils de Dieu, demandes-tu la fille de Dieu ? Et cet homme, au lieu de répondre en frissonnant comme les autres : Que la volonté de Dieu soit faite, s’écria, en se soulevant sur sa couche : — Où est la fille de Dieu ? L’ange lui répondit : — Sors de ta demeure, tu la trouveras au bord de la source, elle vient vers toi, elle vient du sein de Dieu.

Alors l’ange disparut, et l’homme, s’étant levé plein de surprise, se sentit accablé d’une grande tristesse ; car il pensa que c’était un vain songe, et que la fille de Dieu n’était pas au bord de la source.

Cependant il se leva et sortit de sa demeure, et il trouva la fille de Dieu qui marchait vers lui, mais qui, le voyant venir, s’arrêta tremblante au bord de la source.

Et comme la source était sombre, et qu’il distinguait à peine une forme vague il lui dit : — Êtes-vous la fille de Dieu ? — Oui, répondit-elle, et je cherche le fils de Dieu.

— Je suis le fils de Dieu, reprit l’homme, vous êtes ma sœur et mon amour. Que venez-vous m’annoncer de la part de Dieu ?

— Rien, répondit la femme, car Dieu ne m’a rien enseigné, et je ne sais pourquoi il m’envoie. Il y a un instant que j’existe ; j’ai entendu une voix qui m’a dit : « Fille de Dieu, va sur la terre, et tu trouveras le fils de Dieu qui t’attend. » J’ai reconnu que c’était la voix de l’Éternel, et je suis venue.

L’homme lui dit : — Suis-moi, car tu es le don de Dieu et tout ce qui m’appartient t’appartient.

Il marcha devant elle, et elle le suivit jusqu’à la porte de sa demeure, qui était faite de bois de cèdre et recouverte d’écorce de palmier. Il y avait un lit de mousse fraîche ; l’homme cueillit les fleurs d’un rosier qui tapissait le seuil, et, les effeuillant sur sa couche, il y fit asseoir la femme en lui disant : — L’Éternel soit béni.

Et, allumant une torche de mélèze, il la regarda, et la trouva si belle qu’il pleura, et il ne sut quelle rosée tombait de ses yeux, car jusque-là l’homme n’avait jamais pleuré.

Et l’homme connut la femme dans les pleurs et dans la joie.

Quand l’étoile du matin vint à pâlir sur la mer, l’homme s’éveilla, il ne faisait pas encore jour dans sa demeure. Se souvenant de ce qui lui était arrivé, il n’osait point tâter sa couche, car il craignait d’avoir fait un rêve, et il attendit le jour, désirant et redoutant ce qu’il attendait.

Mais la femme, qui s’était éveillée, lui parla, et sa voix fut plus douce à l’homme que celle de l’alouette qui venait chanter sur sa fenêtre au lever de l’aube.

Mais aussitôt il se mit à verser des pleurs d’amertume et de désolation.

Ce que voyant, elle pleura aussi et lui dit : — Pourquoi pleures-tu ?

— C’est, dit l’homme, que je t’ai, et que bientôt je ne t’aurai plus, car il faut que je meure ; c’est à ce prix que je t’ai reçue de l’Éternel. Avant de te voir, je ne m’inquiétais pas de mourir ; la faiblesse et la peur sont entrées en moi avec l’amour. Car tu vaux mieux que la vie, et pourtant je te perdrai avec elle.

La femme cessa de pleurer, et, avec un sourire qui fit passer dans le cœur de l’homme une espérance inconnue, elle lui dit : — Si tu dois mourir, je mourrai aussi, et j’aime mieux un seul jour avec toi que l’éternité sans toi.

Cette parole de la femme endormit la douleur de l’homme. Il courut chercher des fruits et du lait pour la nourrir, et des fleurs pour la parer. Et, dans le jour, quand il se remit au travail, il planta de nouveaux arbres fruitiers, en songeant au surcroît de besoins que la présence d’un nouvel être apportait dans sa retraite, sans songer qu’un arbre serait moins prompt à grandir que lui et la femme à mourir.

Cependant le souci avait pénétré chez lui avec la femme. La pensée de la mort empoisonnait toutes ses joies. Il priait Dieu avec plus de crainte que d’amour ; les moindres bruits de la nuit l’effrayaient et, au lieu d’écouter avec une religieuse admiration les murmures des grandes mers, il tressaillait sur son lit, comme si la voix des éléments eût pleuré à son oreille, comme si les oiseaux de la tempête lui eussent apporté des nouvelles funèbres. La femme était plus courageuse ou plus imprévoyante. Ses faibles membres se fatiguaient vite, et, quand son époux trouvait dans le travail une excitation douloureuse, elle s’étendait nonchalante sur les fleurs de la montagne, et s’endormait dans une sainte langueur en murmurant des paroles de bénédiction pour son époux et pour son Dieu.

Elle ne savait rien des choses de la terre où elle venait d’être jetée ; elle trouvait partout de la joie, et ne s’effrayait de rien. La brièveté de la vie, si terrible pour l’homme, lui semblait un bienfait de la Providence. L’homme la contemplait chaque jour avec une surprise et une admiration nouvelles. Il la regardait comme supérieure à lui, malgré sa faiblesse, et souvent il lui disait :

— Tu n’es pas ma sœur, tu n’es pas ma femme, tu es un ange que Dieu m’a envoyé pour me consoler, et qu’il me reprendra peut-être dans quelques jours, car il est impossible que tu meures. Une si belle création ne peut pas être anéantie. Promets-moi que, si tu me vois mourir, tu retourneras aux cieux pour n’appartenir à personne après moi.

Et elle promettait en souriant tout ce qu’il voulait, car elle ne savait pas si elle était immortelle, elle ne s’en inquiétait pas, pourvu que son époux lui répétât sans cesse qu’il l’aimait plus que sa vie.

Or, ils vivaient sur une montagne élevée, loin des lieux habités par les autres hommes ; car l’époux de la femme, tourmenté de crainte, avait transporté sa demeure et ses troupeaux dans le désert, afin de mieux cacher le trésor qui faisait son bonheur et ses angoisses. — Je ne comprends pas, lui disait-il, le sentiment que vous m’avez inspiré pour mes frères. Je les chérissais avant de vous connaître, et, malgré mon goût pour la solitude, j’aurais tout partagé volontiers avec eux. Quand je descendais dans la vallée aux jours de fête, leur vue réjouissait mon âme, et je priais avec plus de ferveur prosterné au milieu d’eux dans le temple. Aujourd’hui leur approche m’est odieuse, et quand je les vois de loin je me cache, de peur qu’ils ne m’abordent et ne cherchent à pénétrer aux lieux où vous êtes. À la seule idée qu’un de mes frères pourrait vous apercevoir, je frissonne comme si l’heure de ma mort était venue. L’autre jour j’ai vu près d’ici la trace d’un pied humain sur le sable, et j’aurais voulu être un rocher pour attendre au bord du sentier l’audacieux qui pouvait revenir, et l’écraser à son passage. Mais, hélas ! ajoutait-il, les autres hommes sont immortels, et seul je puis craindre la chute d’un rocher. Si je tombais dans un précipice, vous descendriez dans la vallée pour être nourrie et protégée par un autre homme, et vous m’auriez bientôt oublié ; car il n’est pas un de ces immortels qui ne fît le sacrifice de son immortalité pour vous posséder. C’est pourquoi, malgré mon amour pour vous, je ne puis m’empêcher de désirer que la mort vous atteigne aussi tôt que moi.

Et la femme lui répondait : — Si tu tombais dans un ravin, je m’y jetterais après toi ; et si Dieu me refusait la mort, je mutilerais mon corps et je détruirais ma beauté pour ne pas plaire à un autre.

Lorsque la femme mit au monde son premier-né, il lui sembla que sa mort était proche, car elle sentait de grandes douleurs ; et comme son époux criait avec angoisses vers le Seigneur, elle lui dit : — Ne pleurez point et réjouissez-vous, car mon corps se brise, et mon âme est heureuse de ce qui m’arrive ; je sens que je ne suis pas immortelle, et que je ne resterai pas sans vous sur la terre.

L’époux de la femme fut rencontré dans les montagnes par quelques-uns de ses frères, et ceux-ci virent qu’il était pâle et maigri, et qu’une singulière inquiétude était répandue sur sa figure. Ils racontèrent ce qu’ils avaient vu ; et comme jusque-là les fatigues et l’ennui n’avaient point été assez rudes à l’esprit de l’homme pour que son corps indestructible pût en recevoir une telle altération, chacun s’étonna de ce qu’il entendait de la bouche de ces témoins, comme s’ils eussent annoncé l’apparition d’une nouvelle race dans le monde, ou une perturbation dans l’ordre de la nature.

Plusieurs, entraînés par la curiosité, s’enfoncèrent dans les montagnes pour chercher leur frère ; mais il avait si bien caché sa demeure derrière les lianes des forêts et les pics des rochers, qu’il se passa plusieurs années avant qu’on la découvrît. Enfin il fut rencontré, et ceux qui le virent s’écrièrent : — Homme, quel mal as-tu fait pour être ainsi vieilli et malade comme les animaux périssables ? Il répondit : — Je ne ressemble pas à mes frères, mais je n’ai fait aucun mal, et Dieu m’a visité et révélé plusieurs secrets que je vous enseignerai. Il parlait ainsi pour donner le change à leur curiosité, et pendant la nuit il essaya de transporter sa famille dans un lieu encore plus inaccessible. Mais le jour le surprit avant qu’il fût parvenu à sa nouvelle retraite, et il fut rencontré avec sa femme montée sur un âne sauvage, et ses enfants, dont le plus jeune était dans ses bras.

À cette vue, les voyageurs se prosternèrent ; la femme leur parut si belle qu’ils la prirent pour un ange ; et, malgré la résistance de l’époux, ils l’entraînèrent dans la vallée, la firent entrer dans le temple, et, lui élevant un autel, ils l’adorèrent. Ce fut la première idolâtrie.

L’époux espérait que le respect les empêcherait de convoiter cette femme ; mais elle, craignant d’offenser le Seigneur, brisa les liens de fleurs dont on l’avait enlacée, et tomba dans les bras de son époux en s’écriant :

— Je ne suis point une divinité, mais une esclave de Dieu, une créature périssable et faible, la femme et la sœur de cet homme. Je lui appartiens, parce que Dieu m’a envoyée vers lui ; si vous essayez de m’en séparer, je me briserai la tête contre cet autel, et vous me verrez mourir, car je suis mortelle et mon époux l’est aussi.

À ces mots les voyageurs éprouvèrent une émotion inconnue, et furent saisis d’une sympathie étrange pour ces deux infortunés ; comme ils étaient bons et justes, ils respectèrent la fidélité de la femme. Ils la contemplèrent avec admiration, prirent ses enfants dans leurs bras, et, ravis de leur beauté délicate et de leurs naïves paroles, ils se mirent à les aimer.

Alors le peuple immortel, tombant à genoux, s’écria : — Ô Dieu, ôte-nous l’immortalité, et donne à chacun de nous une femme comme celle-ci ; nous aimerons ses enfants, et nous travaillerons pour notre famille jusqu’à l’heure où tu nous enverras la mort ; nous te bénirons tous les jours si tu exauces notre vœu.

La voûte du temple fut enlevée par une main invisible, un escalier ardent, dont chaque marche était une nuance de l’arc-en-ciel, parut se dérouler jusqu’à la terre. Du sommet invisible de cet escalier, on vit descendre des formes vagues et lumineuses, qui peu à peu se dessinèrent en se rapprochant ; des chœurs de femmes plus belles que toutes les fleurs de la terre et toutes les étoiles des cieux remplirent le sanctuaire en chantant ; un ange était venu s’abattre sur le dernier degré, et à chaque femme qui le franchissait, il appelait un homme qu’il choisissait selon les desseins de Dieu et mettait la main de l’époux dans la sienne.

Quelques hommes, cependant, voulurent conserver leur immortalité. Mais l’amour de la femme était si enivrant et si précieux, qu’ils ne purent résister au désir de le goûter et qu’ils essayèrent de séduire les femmes de leurs frères. Mais ils moururent de mort violente ; Dieu les châtia, afin que le premier crime commis sur la terre n’eût point d’imitateurs.

Pendant longtemps, malgré les souffrances de cette race éphémère, l’âge d’or régna parmi les hommes et la fidélité fut observée entre les époux.

Mais peu à peu le principe divin et immortel qui avait animé les premiers hommes s’affaiblissant de génération en génération, l’adultère, la haine, la jalousie, la violence, le meurtre et tous les maux de la race présente se répandirent dans l’humanité ; Dieu fut obligé de voiler sa face et de rappeler à lui ses anges. La Providence devint de plus en plus mystérieuse et muette, la terre moins féconde, l’homme plus débile et sa conscience plus voilée et plus incertaine. Les sociétés inventèrent, pour se maintenir, des lois qui hâtèrent leur chute ; la vertu devint difficile et se réfugia dans quelques âmes choisies. Mais Dieu infligea pour châtiment éternel à cette race perverse le besoin d’aimer. À mesure que les lois plus absurdes ou plus cruelles multipliaient l’adultère, l’instinct de mutuelle fidélité devenait de jour en jour plus impérieux : aujourd’hui encore il fait le tourment et le regret des cœurs les plus corrompus. Les courtisanes se retirent au désert pour pleurer l’amour qu’elles n’ont plus droit d’attendre de l’homme, et le demandent à Dieu. Les libertins se désolent dans la débauche et appellent avec des sanglots furieux une femme chaste et fidèle qu’ils ne peuvent trouver. L’homme a oublié son immortalité ; il s’est consolé de ne plus être l’égal des anges, mais il ne se consolera jamais d’avoir perdu l’amour, l’amour qui avait amené la mort par la main, et si beau qu’il avait obtenu grâce pour la laideur de cette sœur terrible : il ne sera guéri qu’en le retrouvant. Car, écoutez les Juifs : ils disent que la femme a apporté en dot le péché et la mort, mais ils disent aussi qu’au dernier jour elle écrasera la tête du serpent, qui est le génie du mal…

Comme Myrza achevait les derniers versets de son poëme, des prophètes austères, qui l’avaient entendue, dirent au peuple assemblé autour d’elle : — Lapidez cette femme impie ; elle insulte à la vraie religion et à toutes les religions, en confondant sous la forme allégorique les dogmes et les principes de toutes les genèses. Elle joue sur les cordes de son luth avec les choses les plus saintes, et la poésie qu’elle chante est un poison subtil qui égare les hommes. Ramassez des pierres et lapidez cette femme de mauvaise vie, qui ose venir ici prêcher les vertus qu’elle a foulées aux pieds ; lapidez-la, car ses lèvres souillées profanent les noms de divinité et de chasteté.

Mais le peuple refusa de lapider Myrza. — La vertu, répondit un vieux prêtre d’Esculape, est comme la science : elle est toujours belle, utile et sainte, quelle que soit la bouche qui l’annonce, et nous tirons des plantes les plus humbles que chaque jour le passant foule sur les chemins un baume précieux pour les blessures. Laissez partir cette sibylle ; elle vient souvent ici, nous la connaissons et nous l’aimons. Ses fictions nous plaisent, à nous, vieux adorateurs des puissants dieux de l’Olympe, et les jeunes partisans des religions nouvelles y trouvent un fonds de saine morale et de douce philosophie. Nous l’écoutons en souriant, et nos femmes lui font d’innocents présents de jeunes agneaux et de robes de laine sans tache. Qu’elle parte et qu’elle revienne, nous ne la maudissons point ; et si ses voies sont mauvaises, que Minerve les redresse et l’accompagne.

— Mais nous parlons au nom de la vertu, reprirent les prophètes ; nous avons fait serment de ne jamais connaître un embrassement féminin…

— Hier, interrompit une femme, d’autres prophètes nous engageaient, au nom de je ne sais quel nouveau dieu, à nous abandonner à notre appétit ; et la veille, d’autres nous disaient d’être esclaves d’un seul maître : les uns fixent la chasteté d’une femme au nombre de sept maris, les autres veulent qu’elle n’en ait point, nous ne savons plus à qui entendre. Mais ce que dit cette Myrza nous plaît : elle nous amuse et ne nous enseigne point. Que ses fautes soient oubliées, et qu’elle soit vêtue d’une robe de pourpre, pour être conduite au temple du Destin, qui est le dieu des dieux.

Et comme les disciples des prophètes furieux s’acharnaient à la maudire, et ramassaient de la boue et des pierres, le peuple prit parti pour elle, et voulut la porter en triomphe. Mais elle se dégagea, et, montant sur le dromadaire qui l’avait amenée, elle dit à ce peuple en le quittant : — Laissez-moi partir, et si ces hommes vous disent quelque chose de bon, écoutez-le, et recueillez-le de quelque part qu’il vienne. Pour moi, je vous ai dit ma foi, c’est l’amour. Et voyez pourtant que je suis seule, que j’arrive seule, et que je pars seule… Alors Myrza répandit beaucoup de larmes, puis elle ajouta : — Comprenez-vous mes pleurs, et savez-vous où je vais ?

Et elle s’en alla par la route qui mène au désert de Thébaïde.


GEORGE SAND.