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Le Premier livre illustré de mes petits enfants/III

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LES DEUX ÉCOLIERS


Auguste et Valentin, se rendant à l’école, rencontrèrent un garçon à peu près de leur âge qui les regardait en pleurant.

Ils lui demandèrent la cause de son chagrin.

Le petit garçon leur dit qu’il n’avait rien mangé depuis la veille et qu’il avait grand’faim.

Valentin, qui avait très bon cœur, ouvrit son panier et en retira des fruits et du pain.

Auguste lui dit alors :

— Si tu donnes ton goûter, tu auras faim toi-même.

— Il m’est facile de jeûner pendant trois heures puisque ce pauvre enfant jeûne depuis vingt-quatre, reprit Valentin en offrant ses pommes et son pain au malheureux petit garçon.

Un mois après cette aventure, Auguste et Valentin, en sortant de l’école, furent surpris par un orage qui, en quelques minutes, transforma les ruisseaux en petites rivières.

Les deux écoliers, abrités sous une porte, attendaient que l’eau se retirât afin de poursuivre leur chemin ; mais, quoique la pluie ne tombât plus, les ruisseaux, au lieu de diminuer, paraissaient grossir, ce qui contrariait fort les écoliers.

Un petit garçon, qui se trouvait de l’autre côté du ruisseau, voyant leur embarras, entra résolument dans l’eau et vint les rejoindre.

Les écoliers reconnurent l’enfant de la rue.

Ce jeune garçon prit Valentin dans ses bras et le transporta de l’autre côté du ruisseau ; ensuite, s’adressant à Auguste, il dit :

— Quant à vous, mon petit monsieur, tirez-vous de là comme vous pourrez. Je n’oblige pas ceux qui refusent d’obliger les autres.

Auguste, ennuyé d’attendre, traversa le ruisseau et se mouilla jusqu’aux genoux.

Il s’enrhuma et fut malade pendant neuf jours.

Cette leçon lui profita.