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Le Premier livre illustré de mes petits enfants/VI

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LE JEU DE QUILLES


Quelques jours avant la fête de Noël, Claude, le fils du jardinier, aperçut dans la chambre de sa maman, un jeu de quilles tout neuf et une petite hotte remplie de paquets ficelés.

L’enfant sauta de joie, et pensa : « Ces jouets me sont destinés et je les trouverai suspendus à l’arbre de Noël. »

Sur ces entrefaites, le jardinier dit à son fils :

— Nous allons à la ville, ta mère et moi. Pendant notre absence retourne le tas de blé qui se trouve dans la grange ; tu m’éviteras une perte de temps, et tu seras récompensé de tes peines. »

Aussitôt que ses parents furent partis, Claude pénétra dans la chambre de sa mère afin d’examiner les jouets qu’il n’avait fait qu’entrevoir : ces objets ne s’y trouvaient plus.

Le petit garçon fureta dans tous les coins, chercha sur tous les meubles, explora la maison de la cave au grenier.

Les jouets avaient disparu.

Dans sa préoccupation, Claude oublia la recommandation de son père. Lorsque ce dernier revint au logis, il dit à son fils :

— As-tu retourné le froment dans la grange ?

— Oui, papa, répondit le petit garçon avec hésitation.

— S’il en est ainsi, je dois récompenser ta peine : ce que tu as trouvé dans le tas de blé t’appartient.

Claude regarda son père avec surprise et rougit jusqu’aux oreilles.

Le jardinier conduisit l’enfant dans la grange.

Du premier coup de pelle, l’ouvrier mit à découvert le jeu de quilles et la hotte, qui se trouvaient cachés dans le froment.

— Regarde, s’écria-t-il, et rougis de honte. Ces témoins de ton mensonge, qui devaient être le prix du travail, ne sauraient t’appartenir ; je les donnerai au petit Jacques qui ne ment pas et qui n’oublie jamais d’exécuter les ordres de son père.

C’était le premier mensonge de Claude : il n’en commit pas de second.