Le Premier livre illustré de mes petits enfants/VIII

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LE BOIS GENTIL


Par une belle journée de printemps, Adolphe se trouvait avec son papa dans une propriété de campagne entourée de vertes pelouses et de bosquets riants.

En traversant une des serres, le petit garçon remarqua un arbrisseau d’assez belle apparence qui portait des fruits presque semblables à des cerises. Adolphe aurait bien demandé au maître du logis la permission d’en cueillir quelques-uns, mais il venait à l’instant de manger un biscuit que lui avait offert la dame de la maison et le petit garçon, quoiqu’il fût très-gourmand, ne voulait pas le paraître.

Ce qui prouve qu’il connaissait son défaut et qu’il en avait honte.

Lorsqu’il vit son papa et le propriétaire du jardin se promenant à l’écart, Adolphe se glissa dans la serre et s’empara de quelques-uns des fruits qu’il convoitait.

En agissant de la sorte, l’enfant ne commettait pas seulement un acte de gourmandise, il se rendait coupable d’un larcin et d’un abus de confiance.

À peine eut-il croqué une de ces prétendues cerises, qu’il la rejeta avec dégoût tellement elle était désagréable : une chaleur dévorante lui brûla bientôt les gencives et les lèvres ; des crampes terribles lui déchirèrent l’estomac.

Le gourmand venait de manger un des fruits du joli bois, autrement appelé bois gentil, qui recèlent un poison des plus violents.

Un médecin fut aussitôt appelé ; il soigna le gourmand et lui sauva la vie.

Les parents d’Adolphe, affligés de cet accident fâcheux et rougissant de la conduite de leur fils, n’osèrent plus retourner chez leur ami, le propriétaire du beau jardin.

On dit que le petit garçon s’est corrigé de son funeste penchant : Espérons-le pour lui et pour les siens.