Le Premier livre illustré de mes petits enfants/X

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LA VIEILLE DAME

et
SON CARLIN


Un jour d’été, plusieurs jeunes personnes, sous la conduite de leur maîtresse de pension, se promenaient à la campagne.

L’air était pur ; les oiseaux chantaient dans les arbres ; les papillons voltigeaient de fleur en fleur et la cigale faisait entendre son cri monotone et perçant.

Le cœur s’épanouissait à la vue des prairies émaillées de bluets et de coquelicots et l’on éprouvait le besoin de rire et de sauter. Les jeunes personnes subissaient sans doute l’influence de ce beau jour, car leur joyeux babil et leurs bruyants éclats de rire couvraient la voix des cigales.

En longeant les massifs de verdure, les petites filles rencontrèrent une vieille dame, habillée comme du temps du roi Dagobert, et traînant à sa suite un affreux petit chien à moitié pelé et à demi poussif.

Les pensionnaires étaient bien trop animées pour garder leur sérieux devant ce tableau : elles accueillirent l’étrangère et son toutou par des ricanements et par des réflexions assez désobligeantes.

La vieille dame s’arrêta court et leur dit :

— Mesdemoiselles, j’aime mieux avoir de vilains habits que de vilains défauts. On quitte aisément les premiers et l’on a beaucoup de peine à se débarrasser des autres : n’est-il pas vrai, Mlle Léonie ? le diablotin est encore là pour le dire.

En entendant ces mots, la petite fille interpellée devint rouge comme une cerise.

Les enfants regardèrent tour à tour leur compagne et l’étrangère.

— Vous désirez savoir pourquoi Léonie vient de rougir ? dit la vieille dame en s’adressant à toute la compagnie, et moi je désire vous l’apprendre : asseyez-vous et écoutez.

Les petites filles s’assirent sur l’herbe et l’étrangère au chien pelé s’exprima de la sorte :