Le Prisme (Sully Prudhomme)/Van Dyck, sonnet à Madame Jeanne Guiffrey
Œuvres de Sully Prudhomme, Poésies 1879-1888, Alphonse Lemerre, éditeur, s.d., Poésies 1879-1888 (p. 101).
VAN DYCK
sonnet
a madame jeanne guiffrey
Rubens est bien ton maître, ô Van Dyck ! c’est bien lui
Dont l’influence altière en ton œuvre s’accuse ;
Ta palette lui doit le prisme dont elle use
Et la fécondité qu’on t’envie aujourd’hui.
Mais tu n’empruntes pas à la leçon d’autrui
La suprême élégance en tes portraits infuse :
Ce don que la Nature à de plus grands refuse
De ta gloire est le propre et le solide appui.
L’enfance admire en toi son naïf interprète ;
Ton pinceau n’apprit pas la noblesse qu’il prête
A ses modèles, tous ou princiers ou divins ;
Non, cette grâce tendre à ce goût fier unie,
Pour l’inspirer, l’exemple et le conseil sont vains :
C’est ta mère, après Dieu, qui t’a fait ton génie.