Le Robinson suisse/XXXV

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Traduction par Anatole Bordot.
Morizot (p. 354-363).

CHAPITRE XXXV

Continuation du récit de l’excursion des enfants. — Grave châtiment des singes. — Nuit agitée. — Lettre inquiétante. — Lettre pompeuse de Jack. — Une seconde lettre. — Ravage général de nos plantations à l’Écluse. — Toute la famille s’y réunit. — Grands travaux de fortifications.

Nos jeunes gens avaient le projet d explorer le lac voisin de la métairie, et de marquer les endroits où l’on pouvait facilement débarquer sans craindre de voir le canot s’enfoncer dans la vase, ainsi que ceux où les roseaux plantés dans un terrain mouvant ne permettaient pas de s’approcher de la surface navigable. Pour cela, Fritz s’était mis dans son caïak et voguait le long du rivage pendant que ses frères, derrière les roseaux, en côtoyaient les bords à pied. À un signe du canot, ils s’approchaient jusqu’à l’endroit indiqué par le navigateur et y plantaient quelques perches de bambous, comme marque de reconnaissance.

Tout en faisant cette exploration, Fritz essaya d’attraper vivants quelques cygnes noirs. À cet effet, il s’arma d’un bambou muni à l’extrémité d’un lacet en fil d’archal et se mit à poursuivre les jeunes cygnes, qui, d’ailleurs, étaient bien moins farouches qu’on aurait pu le croire. Il réussit à en prendre trois, sans leur faire aucun mal, en ayant soin de lancer son lacet autour de leurs pattes ; ensuite il donnait le bambou à ses frères, et ceux-ci tiraient les captifs sur le rivage, où ils s’en rendaient complètement maîtres en leur bandant les yeux et en leur attachant les ailes. Fritz, avec raison, avait préféré s’attaquer aux plus jeunes : les vieux cygnes miraient été plus difficiles à atteindre et leur capture n’eût peut-être^ pas pu se faire sans quelque danger à cause des violets coups d’aile que ces animaux donnent pour se défendre. Ces jeunes cygnes furent plus tard transportés à Felsheim ; nous leur brisâmes le bout de l’aile pour les empêcher de s’envoler, et nous les plaçâmes dans notre baie, dont ils firent l’ornement

Fritz s’apprêtait, après cette expédition, à revenir sur le rivage, et déjà il serrait son lacet, quand il aperçut au milieu des roseaux un bel oiseau, que son cou un peu long et l’aigrette qui couronnait sa tête lui firent prendre, avec raison, pour un héron royal. Notre chasseur se hâta de lui jeter son lacet ; mais l’oiseau se débattit vigoureusement, et, pour ne pas être culbuté par les secousses, Fritz fut obligé de chercher un point d’appui au milieu des roseaux. Alors, en serrant le lacet, il comprima bientôt les secousses de son captif, et celui-ci, se sentant suffoqué, cessa toute résistance et se laissa bander les yeux et attacher les ailes. Le chasseur le plaça derrière son esquif et vint débarquer dans un des endroits qu’il avait précédemment marqués comme permettant une descente facile.

Les trois frères étaient occupés à examiner le butin de Fritz, quand un grand quadrupède sortit du marais et passa à côté d’eux. Il était, me dirent-ils, de la taille d’un poulain, d’une couleur brune, et semblait un jeune rhinocéros, moins la corne du nez ; sa lèvre supérieure descendait au-dessous de la lèvre inférieure, qu’elle enveloppait entièrement. C’était le tapir américain, comme je le leur dis ensuite, animal tout à fait inoffensif et que l’on rencontre souvent près des grandes rivières de l’Amérique du Sud.

Mes enfants, surpris et effrayés par cette apparition imprévue, ne firent d’abord aucune tentative de poursuite ; puis, revenus de leur peur, ils se hâtèrent d’appeler les chiens, qui rôdaient un peu plus loin, et d’apprêter leurs armes. Mais le tapir avait déjà disparu d’un côté où le lac mêlait ses eaux aux broussailles. Fritz se lança à sa poursuite dans son canot, sans toutefois retrouver ses traces, et, pendant ce temps-là, François et Jack, ne pouvant le suivre par terre, revenaient à la métairie.

En traversant un des champs de riz, ils virent passer au-dessus de leurs têtes une troupe de grues qui allèrent se poser quelques pas plus loin. Au lieu d’employer le fusil, ils eurent recours à l’arc et aux flèches, et, s’approchant avec précaution, ils abattirent six de ces oiseaux, parmi lesquels se trouvaient deux vierges de Numidie. Elles n’étaient pas seules sans doute dans la troupe, mais pour nous elles étaient les bienvenues.

Fritz, en rejoignant ses frères, ne put s’empêcher de manifester un peu de dépit, d’autant plus que sa poursuite avait été infructueuse. Aussi, pour ne pas être en reste avec eux, il se dirigea avec son aigle et les chiens vers le bois de goyaviers dans l’espoir d’y rencontrer quelque gibier dont la prise valût le butin de ses frères. En effet, à peine y était-il, que les chiens firent lever une troupe d’oiseaux de la forme des faisans. Fritz lança son aigle, qui bientôt s’abattit sur l’un d’eux et le déchira. Les autres, effrayés, se laissèrent tomber dans les broussailles, où ils cherchaient un refuge contre leur redoutable adversaire ; l’un d’eux même vint se jeter en quelque sorte dans les mains du chasseur, et Fritz en prit un autre au milieu des broussailles. Ce dernier surtout était magnifique : sa longue queue ondoyante, de près de deux pieds, où l’on remarquait deux plumes plus fines et plus longues que les autres ; sa tête couronnée d’une splendide aigrette, le firent reconnaître pour l’oiseau de Paradis, merveille des tropiques, sur l’existence duquel on a fait courir tant de fables singulières, et que les chasseurs estiment tant. C’était une femelle, et la femelle est moins parée et moins forte que le mâle ; mais, malgré cela, la prise était assez belle pour que le chasseur eût le droit d’en être fier.

Après ces exploits, l’appétit de nos enfants s’était trouvé
Fritz lança son aigle, qui bientôt s’abattit sur l’un des oiseaux.
fortement excité ; aussi firent-ils avec plaisir un repas de viandes froides et de peccari fumé, auquel ils ajoutèrent des pommes de terre cuites sous la cendre et des goyaves. Pour le pemmican, comme ils le trouvaient indigne de sa réputation, ils l’abandonnèrent aux chiens, qui, moins difficiles, s’en régalèrent avec plaisir.

La soirée fut employée à faire des provisions de riz et de coton qu’ils comptaient transporter à Prospect-Hill. C’était là effectivement le but de leur excursion. Ils voulaient tout remettre en ordre et y prendre la terre de porcelaine dont j’avais besoin. Ils avaient de plus un autre projet, pour l’exécution duquel ils firent bonne provision de noix de cocos et de vin de palmier, en abattant deux palmiers à la manière des Caraïbes. Je les grondai sévèrement plus tard de ce gaspillage. Il me semblait, en effet, fort inutile de compromettre nos ressources futures pour une jouissance momentanée ; mais à cela ils me répondirent qu’ils avaient eu soin de planter au moins une douzaine de noix de cocos pour réparer le dégât. Le mal était fait ; il n’y avait plus à y revenir ; je me contentai donc pour cette fois de leur excuse, mais en leur défendant expressément désormais tout pillage de cette espèce sans mon ordre absolu.

Quand cette petite discussion fut terminée, je voulus savoir le motif qui les avait fait agir, et Fritz alors me parla ainsi : « D’abord, je vous prie de me pardonner, mon cher père, si je ne vous ai pas demandé la permission d’accomplir mon projet. Je reconnais ma faute. Mais les ravages dont les singes se sont rendus coupables à plusieurs reprises dans nos plantations m’avaient fait juger qu’il leur fallait un sévère châtiment, et, me rappelant ce que vous m’aviez dit sur l’euphorbe, j’en emportai avec moi dans le dessein de l’employer, si je trouvais encore les traces de leurs déprédations a Prospect-Hill. Ce projet n’aurait peut-être pas eu votre assentiment, car il était cruel. Mais je me disais que, puisqu’on faisait sans scrupule usage du poison contre les souris et les rats, il pouvait bien nous être permis de remployer contre la race malfaisante qui semblait s’attacher à détruire tout ce que nous édifiions. Maintenant voici le récit de la journée passée à Prospect-Hill.

« Nous nous mîmes en route de bon matin, et, des que nous fûmes arrivés à la forêt, nom nous vîmes assaillis par une grêle de pommes de pin que messieurs les singes faisaient tomber du haut des arbres sur nos têtes. Cette attaque, plus désagréable que dangereuse, cessa seulement quand nos fusils eurent fait deux ou trois exemples. Les singes se réfugièrent alors dans les palmiers, où ils se cachaient plus facilement à nos regards.

« En traversant ensuite le champ de riz sauvage qui croîtsur la lisière de la forêt, je reconnus une dévastation nouvelle. On eût dit que la grêle avait passé par là. Ne trouvant plus de trace de la route tracée par nous, il fallut s’orienter pour ne pas perdre la direction de Prospect-Hill.

« À notre arrivée, après avoir déchargé le chariot, nous employâmes le milieu du jour à tout nettoyer et à tout préparer pour la nuit ; les plantations avaient été, du reste, saccagées de nouveau par les singes, et, bien que le désastre fût moins grand que la première fois, nous aurons de la peine pour le réparer.

« Nous déposâmes dans la cabane les balles de coton, les provisions et nos peaux d’ours, que nous n’avions emportées, du reste, que pour vous faire une surprise : nous pensions que vous nous accompagneriez, et qu’alors vous seriez bien aise de retrouver le soir cette couche moelleuse. « Toute la soirée fut consacrée à préparer notre vengeance contre les singes.

« À cet effet, je coupai un assez grand nombre de calebasses que nous remplîmes de vin de palmier, de lait de chèvre et de grains de miel ; je me chargeai seul du soin de mettre dans chacune la quantité d’euphorbe qui me sembla nécessaire. Ces vases empoisonnés furent suspendus aux branches des arbres dans des endroits apparents. Puis nous fîmes rentrer tous les bestiaux, et nous attachâmes les chiens, de peur que l’un d’eux ne se prît au piège préparé pour les singes.

« Quand la nuit fut venue, nous entendîmes autour de nous les rugissements des bêtes féroces. La frayeur commença à nous gagner ; nous rentrâmes à la métairie.

« À notre réveil, le soleil était déjà au tiers de sa course environ ; je me hâtai d’aller dans la forêt, et là, j’avoue que l’horreur du spectacle que j’avais sous les yeux me fit presque repentir de la violence du procédé que j’avais employé pour nous débarrasser de nos ennemis les singes. Un grand nombre de cadavres, en effet, gisaient à terre, tous défigurés par le poison et les convulsions de l’agonie. La vue d’un pareil carnage et cette quasi-ressemblance qui existe entre le singe et l’homme me causèrent une horreur réelle : aussi eus-je hâte d’en faire disparaître toutes les traces ; j’appelai Jack et François à mon aide, et, avant de lâcher les chiens et les bestiaux, j’anéantis toutes les traces de poison. Les cadavres des singes furent jetés à la mer et les vases brûlés, pour qu’aucun accident n’arrivât par négligence, soit à nos animaux, soit à nous-mêmes. C’est alors que Jack rédigea la troisième dépêche dont le style un peu ampoulé a dû vous paraître passablement énigmatique. »

Je reprends ici la parole pour décrire l’effet produit par la lettre de Jack. Le petit bonhomme y avait entassé les images les plus pompeuses, si bien que nous ne comprîmes rien à son épître ; mais, comme le ton général prouvait à la fois chez nos enfants de la gaieté et du succès, elle contribua à nous tranquilliser. Voici, du reste, cette troisième missive :

« Prospect-Hill, dixième heure du dix-huitième jour du présent mois

« La colonie de Prospect-Hill est restaurée comme dans ses plus beaux jours. Cela a coûté bien des sueurs à nos fronts, mais le sang des ennemis a coulé. Némésis a rempli la coupe de la vengeance, et l’Océan a roulé les cadavres dans ses flots. Le soleil s’est voilé à la vue de ce massacre. Maintenant que le champ du massacre est purifié, l’astre du jour éclaire de tous ses rayons la marche des triomphateurs, et verra, avant de ses plonger dans le sein de Thétis, notre entrée à l’Écluse. Valete. »

Comme on le voit, nous qui n’étions au courant de rien, nous ne pouvions deviner ce que signifiait ici l’intervention de Némésis et des cadavres ensevelis par les flots. Toutefois, je le répète, cette lettre suffit à nous rassurer, malgré son caractère mystérieux.

Mais à la fin du dîner, environ trois heures après la dernière lettre, nous vîmes rentrer au colombier un autre pigeon dont l’arrivée si prompte nous fit tout de suite craindre quelque danger nouveau. Ernest courut immédiatement chercher le papier caché sous son aile et me l’apporta ; cette lecture fut loin de calmer nos inquiétudes. Le billet, en effet, était conçu ainsi :

« Le passage de l’Écluse est foré. Tout est détruit, jusqu’au champ de canne à sucre ; la cabane est renversée, le champ de mil dévasté, les cannes à sucre arrachées ou broyées ; la terre, toute foulée, porte des traces de pas gigantesques et des trous comme ceux que produit un boulet de canon. Nous n’osons ni avancer ni reculer, et nous ne nous sentons pas de force à réparer le dommage. Hâtez-vous, cher père, de venir à notre secours. Du reste, nous sommes tous en bonne santé. »

On croira sans peine que cette lettre me fit partir immédiatement. La dernière ligne cependant calmait les plus vives de nos inquiétudes, et je ne pus m’empêcher de remercier Dieu de n’avoir frappé que nos propriétés et d’avoir préservé nos enfants de tout danger. Avant tout, il fallait s’assurer de l’étendue du dégât ; je courus donc seller l’onagre, et, après avoir recommandé à Ernest de me suivre le lendemain avec sa mère, montée dans la charrette, je partis au galop pour l’Écluse.

Bien qu’obligé de ménager ma monture pour ne pas la mettre sur les dents, je la menai pourtant si bon train, que je fis en trois heures et demie un trajet qui d’ordinaire nous en demandait six. Aussi mes enfants furent-ils à la fois surpris et charmés de me voir arriver si vite, et, après les premiers embrasements, j’allai avec eux inspecter les dégâts. Hélas ! leur récit n’avait rien exagéré. Je trouvai même le désastre plus grand encore que je me l’étais figuré. Les gros bambous que nous avions plantés et assujettis avec tant de peine pour faire une barrière solide étaient tous dispersés et broyés ; les quatre arbres que nous avions désignés pour y construire notre hutte étaient littéralement dénudés, n’ayant plus ni écorce ni feuilles. Les jeunes plantations de bambous étaient arrachées et brisées. Dans le champ des cannes à sucre, enfin, le ravage était plus considérable encore : il ne restait peut-être pas une seule tige debout, et de nombreux rejetons étaient jetés çà et là sur le sol. La hutte à charbon n’existait plus.

Après ce premier coup d’œil donné à nos désastres, j’examinai plus attentivement les traces de pas. La largeur de l’empreinte et la profondeur des vestiges me montrèrent suffisamment que ces traces n’avaient pu être laissées que par des animaux à la fois très-grands et très-lourds. Je pensai donc que ce devait être l’éléphant, d’autant plus que bien des tiges des cannes et des branches d’arbres avaient été dépouillées de leurs feuilles, ce que je ne pouvais m’expliquer que par une main humaine ou une trompe d’éléphant. Il n’y avait aucune trace du passage de l’homme ; quelques marques plus petites que les autres, et différant un peu comme forme, me parurent devoir appartenir ou à des rhinocéros ou à des hippopotames. Je cherchai attentivement si, outre ces puissants animaux, il ne s’était pas introduit quelques bêtes féroces, telles que des lions, des tigres ou des panthères ; mais je ne trouvai rien, si ce n’est des traces qui semblaient appartenir à un loup ou à un chien, et qui se dirigeaient de l’Écluse vers le rivage, sans qu’aucune semblable se montrât dans l’autre sens. Elles devaient, sans nul doute, appartenir à l’hyène que mes fils avaient tuée le premier jour de leur départ. Cette certitude me rassura un peu. Nous avions beaucoup à faire, il est vrai ; mais, au moins, nous pouvions espérer de n’être pas obligés de rester sans cesse sur la défensive. Les éléphants et les rhinocéros sont des animaux paisibles, redoutables seulement pour l’imprudent qui les dérange ou les attaque.

Nous dressâmes la tente immédiatement et nous entretînmes un grand feu à l’entrée pour écarter tout voisinage suspect. Malgré cela, Fritz et moi nous restâmes une partie de la nuit à causer auprès du foyer, ne nous sentant nullement envie de dormir, quand nous pouvions d’un moment à l’autre être attaqués. Aucune apparition dangereuse ne se montra, et, après avoir pris trois ou quatre heures de repos, nous vîmes se lever le soleil.

Le lendemain, au milieu de la journée, Ernest et ma femme vinrent nous rejoindre. Ils avaient apporté, dans la charrette, des provisions nombreuses pour un séjour qui devait se prolonger. Dès son arrivée, j’allai avec Ernest renouveler mon examen des traces des animaux, et la sagacité de notre jeune naturaliste vint confirmer mes conjectures, en ajoutant à mes remarques des observations judicieuses. Il n’y avait donc pas, jusqu’à présent, lieu de craindre le voisinage des indigènes, et tout semblait nous faire croire que nous étions les seuls êtres humains habitant cette île. Cependant je pensai qu’il serait plus prudent d’élever nos fortifications, non-seulement en vue d’une barrière contre les animaux féroces, mais aussi pour servir de défense contre les attaques des sauvages ou des pirates malais, si jamais il s’en présentait de ce côté.

Je n’entrerai pas ici dans le détail de ces travaux, qui nous occupèrent pendant plus d’un mois. Il suffira de savoir que nous avions élevé alors non plus une simple barricade avec des bambous, mais une véritable muraille trop haute pour être escaladée, et trop forte pour être renversée sans employer les moyens violents de destruction que la poudre a mis entre les mains de l’homme. Au milieu s’élevait une sorte de belvédère qui pouvait servir d’observatoire, et d’où nous dominions tout le défilé. Au point de vue stratégique, cette position était excellente. Si jamais des ennemis venaient nous attaquer par l’Écluse, nous pouvions, en effet, contre-balancer l’avantage du nombre, décimer les rangs des assiégeants, et rester nous-mêmes à l’abri de leurs coups. Avec les ressources de notre artillerie nous aurions pu soutenir une attaque en règle, et obtenir, par une vigoureuse défense, des garanties et des sûretés que l’on n’eût pas accordées à un assiégé faible et désarmé.

Bien que, pendant tout le mois, nous fussions presque constamment occupés de notre muraille, nous trouvâmes encore le moyen de faire quelques petits travaux supplémentaires. Chacun, au reste, avait ses attributions spéciales. Ma femme se chargeait de la cuisine ; Fritz, avec son caïak, était notre pourvoyeur général ; Ernest et Jack s’absentaient peu, excepté pour quelque exploration dans les environs ; François, enfin, préparait la peau de l’hyène, à laquelle je lui avais promis de donner la dernière main, afin que le cher enfant pût jouir de son glorieux trophée.