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Le Roi de Thulé (trad. Amiel)

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Pour les autres éditions de ce texte, voir Der König in Thule.

Le Roi de Thulé (trad. Amiel)
Traduction par Henri-Frédéric Amiel.
Les ÉtrangèresSandoz et Fischbacher, éditeurs (p. 67-68).


XVI

LE ROI DE THULÉ


À Thulé vivait un bon roi.
Près de mourir, sa belle
Remit une coupe à sa foi ;
En main, l’or étincelle.

Il ne boit plus qu’en ce trésor.
La coupe est toujours neuve ;
Et du roi la paupière encor
Se mouille, à chaque épreuve.


Et quand il s’en vint à trépas,
Villes et tout, il donne
À l’héritier de ses États,
Mais la coupe, à personne.

Dans la grand’salle des aïeux,
Haut, sur la mer profonde,
Il fait le banquet des adieux :
Chevaliers à la ronde.

Debout, le vieillard boit encor
Et prend congé du monde ;
Il a lancé la coupe d’or
Dans le flot bleu qui gronde.

Penché, la voit plongeant, des cieux
Dans la vague farouche,
Puis retombe et ferme les yeux ;
Plus ne rouvrit la bouche.

De l’allemand  Gœthe.