Le Saint Graal/30

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Plon (4p. 92-93).

XXX

Chaque matin, il venait avec ses compagnons pour faire ses prières et oraisons devant le saint vase, et ainsi durant une année. Le premier jour de l’an, ils y trouvèrent l’évêque Josephé qui battait sa coulpe, à genoux, tout entouré d’anges. Au bout d’un moment, il se leva et commença de dire la messe de la glorieuse Mère de Dieu ; puis, quand il eut ôté la patène du Saint Graal, il appela Galaad et lui enjoignit de regarder ce qu’il avait tant désiré de voir. Le roi avança et, sitôt qu’il eut jeté les yeux à l’intérieur du très précieux vaisseau et considéré les choses spirituelles, il se mit à trembler et levant les mains au ciel :

— Sire, je te crie merci d’avoir ainsi accompli mon désir ! Et maintenant je te supplie de permettre que je trépasse de cette vie terrestre à la célestielle.

Il reçut humblement le Corpus Domini, que Josephé vint lui offrir ; puis il vint baiser Perceval et Bohor et les recommanda à Jésus-Christ.

— Beaux doux amis, leur dit-il, vous garderez cette cité quand je n’y serai plus.

Ayant dit, il se coucha en croix et son âme laissa son corps et fut emportée par les anges à grande joie.

Or, dès qu’il eut expiré, une main sans corps, qui répandait une merveilleuse clarté, descendit et ravit au ciel le vase très saint. Depuis lors il n’y a jamais eu aucun homme, si hardi fût-il, qui ait osé prétendre qu’il l’avait vu. C’est pourquoi le conte s’en tait à présent. Et ici finit le livre des aventures du Saint Graal.


EXPLICIT