Le Second Rang du Collier/Appendice

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Félix Juven (p. 335-336).


APPENDICE





note de la page 86.


Dans les Mémoires écrits en français, de Jacques Casanova, on peut lire à la page 179 du 2e volume de l’édition Rozez, de Bruxelles :

« Les dieux qu’on adore ici, quoiqu’on ne leur élève pas des autels, sont la nouveauté et la mode. Qu’un homme se mette à courir et tout le monde lui court après. La foule ne s’arrêtera qu’autant qu’on découvrira qu’il est fou ; mais c’est la mer à boire que cette découverte, car nous avons une foule de fous de naissance qui passent encore pour des sages.

« Le tabac de la Civette n’est qu’un faible exemple de la foule que la moindre circonstance peut attirer en un endroit. Le roi étant un jour à la chasse se trouva au port de Neuilly et eut envie d’un verre de ratafia. Il s’arrête à la porte du cabaret et par le plus heureux des hasards, il se trouve que le pauvre cabaretier en avait une bouteille. Le roi, après en avoir pris un petit verre, s’avisa d’en demander un second, en disant qu’il n’avait de sa vie bu de ratafia aussi délicieux. Il n’en fallait pas tant pour que le ratafia du bonhomme de Neuilly fût réputé pour être le meilleur de l’Europe. Le roi l’avait dit. Aussi les plus brillantes compagnies se succédèrent sans interruption chez le pauvre cabaretier qui est aujourd’hui un homme fort riche et qui a fait bâtir à l’endroit même une superbe maison, où l’on voit l’inscription suivante : Ex liquidis solidum, inscription assez comique dont un des quarante immortels fit les frais. Quel est le dieu que ce cabaretier doit adorer ? La sottise, la frivolité et l’envie de rire. »

Cette « renommée » a continué sans interruption, évidemment ; je ne sais si elle existe encore en 1903, mais en 1848, quand j’étais étudiant, de même qu’on allait piquer une prune chez la mère Moreau, de même on allait prendre le ratafia à une vieille renommée dont je ne soupçonnais pas alors l’origine, mais qui était dans l’avenue de Neuilly, à gauche, assez près du pont.

Dr  A. Guède.


note de la page 171.


Au chapitre IV du Second rang du Collier (Revue de Paris du 1er  février 1903, p. 544), l’auteur de ces très intéressants souvenirs parle de « l’engouement de Pie IX pour Paul de Kock et de sa fameuse question : (Connaissez-vous Paolo di Koko ?) que le Saint-Père posait à tous les visiteurs français ».

Or, le facétieux écrivain susdit était bien démodé sous le pontificat de Pie IX (qui parlait d’ailleurs le français). C’est son prédécesseur, Grégoire XVI (1831-1846) qui faisait ses délices de Paul de Kock, dont il italianisait le nom.