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Le Secret de la malle rouge/8

La bibliothèque libre.
L’Édition populaire (p. 48-60).

LE SECRET DE LA MALLE ROUGE.


La blessure de Mme Bulck, quoique très grave, n’était pas mortelle et les médecins conservaient l’espoir de sauver la malheureuse jeune femme.

Quant à M. Bulck, il se rétablissait assez rapidement, et les praticiens affirmaient que bientôt il serait sur pieds. À plusieurs reprises, il avait manifesté le désir de voir mon ami Sagan et moi et il nous avait manifesté sa reconnaissance en termes émus :

— Ma femme et moi, nous vous devons la vie, ne cessait-il de répéter.

Depuis les deux nuits tragiques, aucun événement nouveau ne s’était produit.

— L’assassin, pensai-je, aura cru que ses victimes étaient frappées mortellement et il aura fui.

Mais le mystère ne s’éclaircissait pas. Je questionnai mon ami, mais celui-ci me répondit évasivement.

— Qu’est-ce, en réalité, que cette « Main Noire » dont faisait mention le billet reçu par les victimes ?

Sagan me répondit :

Il ne faut attacher aucune importance à cette « Main Noire », ni au cœur percé d’un poignard que nous avons trouvé tracé sur la porte. Ce sont là des moyens d’intimidation que le meurtrier a cru bon d’utiliser pour effrayer ses victimes et aussi pour détourner nos recherches. La « Main Noire » a été, vous le savez, une association de malfaiteurs, une espèce de société secrète dont faisaient partie des voleurs et des assassins. Dans le cas qui nous occupe, le meurtrier a profité du mauvais renom dont jouissait cette société pour chercher à introduire du mystérieux dans l’affaire, déjà si étrange. Mais je me suis renseigné et j’ai cherché. Encore une fois, la « Main Noire » n’a rien à voir dans tout ceci. Je vous ai dit aussi qu’il fallait rejeter toute hypothèse de pratique magnétique.

— Mais le fameux homme mystérieux, le magnétiseur ?…

— Le magnétiseur est parvenu, il est vrai, à suggestionner le jeune Lelong ; mais ici, je vous le répète, aucun sujet n’a été magnétisé ; je m’en suis assuré.

— Alors ?…

— Alors, attendez l’explication toute naturelle d’un fait naturel.

— Une dernière question : croyez-vous que l’homme mystérieux soit mêlé à ces nouveaux crimes ?

— J’en suis certain ; mais ici ses pouvoirs ne sont pas entrés en jeu, il n’a pas agi comme magnétiseur.

À ce moment, un policier vint avertir mon ami qu’un inconnu demandait à le voir.

— Faites entrer, dit Sagan.

Une minute après, un ouvrier se présentait à mon ami et s’entretenait quelques instants avec lui. C’était un serrurier d’élite, que le détective avait fait venir de Paris, comme il me le dit dans la suite.

— Suivez-moi, dit Sagan.

Nous montâmes jusqu’à la mansarde.

Sagan ouvrit doucement la porte et entra, devant nous. Il examina le plancher, l’ouverture de la lucarne recouverte d’une légère couche de poussière, les objets environnants. Puis il nous fit signe de le suivre.

Il se dirigea vers une malle de voyage peinte en rouge, qui semblait avoir été oubliée dans un coin, au milieu de différents paniers et de caisses.

— Cette malle rouge, me glissa-t-il dans l’oreille, contient tout le secret des crimes.

Mon ami s’était tourné vers l’ouvrier. Il lui montra que la malle rouge possédait — tout comme les coffres-forts — une serrure à secret et qu’elle ne s’ouvrait que lorsqu’on connaissait le secret qui était enfermé, non point dans des lettres, mais dans des chiffres.

— Ce secret, dit mon ami, je crois le connaître, mais je n’ai pu trouver de clef permettant d’ouvrir la malle sans détériorer la serrure.

L’ouvrier s’accroupit et examina attentivement le meuble.

— Je vois ce que c’est, dit-il enfin. C’est une de ces malles comme on en faisait il y a vingt ans.

— Pourrez-vous l’ouvrir sans l’endommager ?

— Certainement, je connais ce genre d’ouvrage. Voudriez-vous me dire le secret des chiffres ?

— Non, je désirerais que votre travail me donnât une confirmation. Pourriez-vous chercher vous-même ce secret !

— Oui, mais il me faudra du temps.

— Prenez-le.

Pendant plus d’une heure, l’ouvrier travailla, cherchant, tâtonnant silencieusement. Nous l’observions patiemment.

— Enfin ! Ça y est ! dit l’homme.

Nous entendîmes un déclic.

Voici le secret, ajouta le serrurier. Et il nous montra quatre chiffres :

0881.

Mon ami s’approcha sans rien dire.

Il examina les chiffres

J’attendais derrière lui, l’œil avide, la respiration suspendue. Les paroles du détective avaient excité au plus haut point ma curiosité : « Cette malle rouge contient tout le secret des crimes. » Il y a des minutes qui valent des siècles et l’impatience qui grandissait en moi me suffoquait littéralement. Qu’allions-nous découvrir dans cette fameuse malle rouge dont mon ami ne m’avait pas encore parlé, mais dont il devait, depuis longtemps déjà sans doute, connaître l’existence ?

Oui, que contenait-elle, cette malle inconnue ? Des papiers mystérieux ? Des documents révélateurs ? Un cadavre coupé en morceaux ?

Mon imagination évoquait tout un monde d’étranges trouvailles.

Enfin, Sagan souleva le couvercle et je plongeai avidement mon regard dans l’intérieur du coffre. Je poussai un cri d’étonnement. Ma surprise dépassait, en effet, toute mon attente, car ce que je venais de constater était précisément la chose la plus inattendue du monde : la malle était vide !

Et, soudain, devant ce vide absolu, je me remémorai les paroles de mon ami et un fou rire s’empara de moi…

Sagan me regarda sérieusement :

— Pourquoi riez-vous ?

— Mais…, fis-je, étonné de sa question, cette découverte…, ce néant ?…

— Et puis, quoi ?

— Avouez que c’était un peu inattendu.

Mon ami plongea son regard sévère dans mes yeux et répondit par ces paroles surprenantes :

C’était précisément ce que je comptais trouver dans cette malle.

— Et c’est là votre secret ? fis-je avec une ironie amicale.

Il me répondit, toujours calme :

— C’est là le secret, le secret est dans cette malle vide

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une minute s’écoula dans le silence. Mon ami examinait toujours l’intérieur de la malle comme si décidément il voulait y trouver une chose invisible.

Enfin, il se redressa, brandissant triomphalement, entre le pouce et l’index un poil ou un fil, quelque chose de quasi invisible.

— Et tenez, dit-il, achevant sa pensée, je trouve plus encore que je n’espérais découvrir.

Et il me colla sous le nez sa trouvaille.

— Qu’est-cela ? fis-je étonné, en me demandant si, par ressentiment, mon ami ne voulait pas se jouer de moi. Mais Sagan me répondit, sans se départir de son calme imperturbable.

— C’est le fil de l’énigme !…


La jeune et charmante Mme Bulck se rétablissait peu à peu ; désormais, on pouvait considérer que tout danger de mort était écarté.

Elle avait pu subir déjà deux interrogatoires. Mais aucune lumière n’avait été faite sur le mystérieux drame dont elle avait été la victime. Mme Bulck avait déclaré qu’elle avait été réveillée par un bruit soudain. Au même instant, elle avait ressenti une douleur aiguë entre les deux seins : une main invisible venait de la poignarder. Elle avait perdu connaissance… et c’était tout.

Quant à M. Bulck, il était sur pied. Lui non plus n’avait pu fournir de nouvelles lumières à l’instruction. Comme sa femme, il avait été frappé par une main invisible et il ne parvenait pas à s’expliquer la façon dont le crime pouvait avoir été commis.

Les deux témoins du drame n’ajoutaient rien à ces dépositions. Pas plus que M. Bulck, je ne m’expliquais le crime et mon ami Sagan s’enfermait dans un mutisme absolu.

Le lendemain de l’ouverture de la fameuse malle, le détective me pria de l’accompagner en ville.

Nous passâmes à la mairie. Mon ami se fit conduire au bureau de l’état-civil.

— J’ai quelques renseignements à prendre, me dit-il. Ces renseignements, un employé les lui fournit. Ils consistaient à connaître l’état-civil de nos hôtes.

Sagan nota sous mes yeux :

« William Bulck, né le 22 mars 1880.
xxx « Jane Law, épouse W. Bulck, née le 3 juin 1889. »

— Comptez-vous tirer profit de ces renseignements ? demandai-je, chemin faisant.

— Ils pourront peut-être me servir, ne fût-ce qu’à titre de documents. Au reste, continua Sagan, un élément nouveau va intervenir : le jeune Lelong va rentrer en scène.

Comme nous arrivions rue Mauge, nous aperçûmes M. Bulck qui se dirigeait vers nous. Il nous serra la main.

— C’est la seconde sortie que je fais, nous dit-il familièrement. Je vous ai aperçu au tournant de la rue…

Nous regagnâmes ensemble le chemin de l’hôtel de nos hôtes.

Nous n’avions plus dix pas à faire, lorsque soudain je fus surpris par un événement qui me sembla extraordinaire. Une auto découvert passait rue Mauge, venant vers nous. Machinalement, j’avais porté mes regards dans sa direction et je venais d’apercevoir dans la voiture un homme qui nous regardait avec une insistance particulière. Je poussai mon ami du coude en m’écriant :

— Voyez donc !… l’homme mystérieux ! le magnétiseur !…

Mon ami tourna les yeux vers l’auto et aperçut l’homme. Leurs regards se croisèrent. L’homme mystérieux donna aussitôt un ordre bref au chauffeur et l’auto partit à toute vitesse.

— Il faut le suivre…, le rejoindre…, dis-je à mon ami, en proie à la surexcitation la plus vive.

Sagan était resté parfaitement calme.

— Inutile, dit-il. Nous n’avons pas d’auto et l’homme est loin déjà. Au surplus, ce n’est pas nous qui irons au magnétiseur, c’est lui qui viendra à nous.

M. Bulck nous regardait avec surprise.

— Rentrons, dit tranquillement Sagan.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le déjeuner terminé, nous nous rendîmes, M. Bulck, Sagan et moi, au chevet de Mme Bulck, dont l’état s’améliorait sensiblement.

Nous parlâmes tout d’abord de choses insignifiantes. La conversation languissait, Sagan s’était tu et paraissait plongé dans de profondes réflexions. Brusquement, il dit :

— Demain, nous connaîtrons l’assassin !

La foudre en tombant au milieu de nous n’eût pas produit plus d’effet. Tous, nous nous regardâmes, les yeux grands ouverts.

Nous attendîmes que le détective s’expliquât :

— Oui, nous connaîtrons l’assassin, continua Sagan. Pour y arriver, j’ai un moyen infaillible. Le voici : j’ai parlé déjà du jeune Albert Lelong, qui s’accusa d’être le meurtrier de Miss Mary Law. Lelong, on le sait, fut magnétisé par un inconnu ; cet inconnu, c’est l’assassin qui, dans cette maison même, nous a fait connaître ses exploits. Jusqu’à ce jour, le jeune Lelong a été surveillé par la police ; il fallait qu’on l’empêchât de nuire inconsciemment. Il a été questionné ; mais — comme il fallait s’y attendre — on n’a rien appris. À l’état normal, le jeune homme ignore totalement ce qui se passe en lui à l’état de transe magnétique. Mais il y a un moyen de savoir : il faut, pour que le jeune homme se souvienne, qu’il subisse à nouveau une influence hypnotique. Vous savez, en effet, comme moi, que le sujet magnétisé tombe dans une sorte de somnambulisme lucide et qu’alors il se rappelle les faits qui se sont déroulés au cours d’un autre sommeil analogue. Il suffirait donc de provoquer un nouveau sommeil pour que le sujet révélât tout ce qu’il sait, nommât ou reconnût l’homme qui exerça sur lui unie influence mystérieuse. Or, j’ai fait venir de Paris un maître magnétiseur, un savant de renom. Il sera ici demain. L’expérience qu’il tentera sera, je n’en doute pas décisive. Mais il me manque, à Rouen, un endroit propice pour tenter cette expérience qui est, vous en conviendrez, de la plus haute importance. Une salle de police, une chambre d’hôtel conviendraient peu à ce genre de séance. J’ai hésité, mais, toutes réflexions faites, je me suis demandé s’il n’était pas plus simple de demander à nos aimables hôtes de nous réserver une salle pour quelques heures.

— Mais c’est avec le plus grand plaisir que nous mettrons une chambre à votre disposition, s’empressa de déclarer M. Bulck.

Sagan s’inclina en signe de remerciement.

— Ce n’est pas tout, et vous allez m’accuser de vous importuner, continua Sagan. Les instants que le savant magnétiseur pourra consacrer à l’expérience sont comptés ; je ne sais pas exactement l’heure de son arrivée et je voudrais vous prier de me permettre de céder, pour une nuit, ma chambre au sujet, à M. Albert Lelong, afin que nous tenions celui-ci à notre disposition au moment de l’arrivée du célèbre docteur à qui je me suis permis de donner mon adresse ici.

— Et vous avez très bien fait, dit M. Bulck ; vous êtes ici chez vous et nous vous savons gré d’avoir bien voulu nous honorer de votre présence et de nous avoir protégé contre un danger qui nous menaçait chaque jour. Il est, du reste, inutile que vous réserviez votre chambre à M. Lelong ; je vais donner des ordres pour qu’une autre pièce soit mise à sa disposition pour ce soir.

Mon ami remercia notre hôte.

— Tout est donc pour le mieux, dit-il.

Et nous abordâmes un autre sujet.

— Mon Dieu ! comme vous parliez haut quand vous exposiez votre plan, dis-je à mon ami quand nous fûmes seuls. On eût dit un conférencier parlant devant une assistance nombreuse. N’eût-il pas été préférable de tenir secrets vos projets ?

— Non, tout le monde pouvait m’entendre, il était même préférable que tout le monde m’entendit… même celui que vous appelez l’homme mystérieux.

— Mais, pour vous entendre, il aurait fallu que cet étrange personnage fût dans la maison.

— Mon ami me regarda dans les yeux et répondit :

Il y était, en ce moment…, et il m’entendait très bien.

Sagan est fou, fou de présomption, pensais-je en me rappelant ses paroles. Comment l’homme mystérieux aurait-il pu se trouver à ce moment dans la maison ? Et même s’il se trouvait dissimulé derrière quelque porte, comment le détective pouvait-il le savoir ?

Sagan était sorti. Deux heures après, il revint. Le jeune Albert Lelong l’accompagnait. Nous nous serrâmes la main, non sans effusion.

— J’ai mis M. Lelong, qui persistait à m’appeler M. Daubresse, au courant de ma réelle personnalité, me dit Sagan. Notre hôte est-il ici ?

Il est au salon avec Mme Bulck.

Sagan fit avertir M. Bulck de notre présence et de celle de M. Lelong.

Notre hôte vint à nous, les mains tendues. Sagan lui présenta M. Lelong. Les deux hommes se saluèrent et se serrèrent la main.

— Vous êtes le bienvenu parmi nous, lui dit M. Bulck. Les amis de M. Sagan nous sont doublement sympathiques.

M. Lelong remercia notre hôte et celui-ci nous introduisit au salon.

Une surprise nous y attendait.

— Ma chère amie, dit M. Bulck à son épouse, je vous présente M. Lelong.

Mme Bulck, très pâle, étendue dans sa chaise longue, tourna la tête pour saluer. Ses yeux rencontrèrent ceux d’Albert Lelong et une rougeur subite teinta ses joues.

Nous regardâmes à la dérobée le jeune homme qui s’inclinait. Lui aussi était devenu très rouge et il semblait très ému. Il balbutia, plutôt qu’il ne les prononça, quelques paroles de civilité.

Je m’étais tourné, très intrigué, vers M. Bulck, mais, comme moi, il ne paraissait pas avoir prévu ce petit coup de théâtre. Il contemplait cette scène rapide avec étonnement. Quant à Sagan, il restait impassible.

Mme Bulck remarqua sans doute notre surprise car, à peine remise de son émotion, elle dit à Albert Lelong :

— Je me souviens, Monsieur, de vous avoir vu à Evan, où naguère j’allais passer quelques mois tous les deux ou trois ans ; mais votre nom m’était inconnu…

— C’est vrai, Madame, je vous ai aussi maintes fois rencontrée en compagnie de dames qui étaient nos voisines.

— C’étaient des amies d’enfance, oui…

Mme Bulck ne continua pas. L’effort qu’elle avait fait pour parler l’avait abattue.

Nous nous excusâmes du dérangement que nous avions occasionné à nos hôtes et nous nous retirâmes dans nos appartements…

Après le souper, notre hôte conduisit Albert Lelong jusqu’à la chambre qui lui était réservée.

Sagan me fit signe de le suivre.

Dès que nous fûmes seuls :

— Avez-vous remarqué, demandai-je, l’émotion de Mme Bulck et l’étonnement de M. Lelong ?

— Oui, mais tout cela n’a pas d’importance pour le moment.

— Comment… ce fait ne vous étonne pas ?

— Non. Je connais cette idylle. Avant son mariage avec M. Bulck, Jane Law allait quelquefois à Evan, accompagnée de sa sœur. Comme elle l’a déclaré, elle rencontra maintes fois M. Lelong. Tous deux se contemplaient et… s’aimaient en silence. Le jeune homme était timide : il se bornait à envoyer des lettres admiratives qu’il signait de son seul prénom : Albert. Jane Law, jeune fille naïve, sortie de pension, rêvait en lisant ces missives écrites par un chevalier d’amour… Là se borna l’idylle… ainsi finit l’histoire… Le père Law choisit pour sa fille l’époux qui lui convenait, M. William Bulck. En enfant soumise, la jeune Jane Law l’accepta. Épouse, elle fit son possible pour oublier l’idylle et ensevelir son amour d’enfant au plus profond de son cœur. J’ai pris des renseignements : Mme Bulck fut toujours une épouse irréprochable.

— Ce qui est curieux, c’est que le jeune Lelong se soit accusé d’être précisément l’assassin de la sœur de celle qu’il aimait.

— Oui, c’est curieux ; mais tout est étrange, n’est-il pas vrai, dans l’affaire qui nous occupe. Tout s’expliquera pourtant très simplement. Il suffit de coordonner les faits et de déduire… Le magnétiseur, votre homme mystérieux, savait très bien ce qu’il faisait.

— Eh ! quel rapport ?…

— Vous le saurez tantôt… L’heure suprême va sonner… Nous sommes à la fin du mystère.