Le Signe (Raynaud)/Apaisement

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Le SigneLéon Vanier, éditeur des Décadents (p. 25-26).

APAISEMENT


Pour Édouard Dubus


La nuit va venir ; de cette hauteur,
Vois fumer la ville à l’horizon rose ;
Chose douce à l’âme aimante et morose
Que cette pénombre et cette splendeur !

Le ciel dégradé meurt en teintes pâles,
À l’est, un nuage aimable qui fuit.
Sur la lassitude apaisant tout bruit,
Fait comme une pluie éteinte d’opales.

Oh ! laisse l’oubli tomber sur ton cœur,
Comme cette nuit tombe sur la ville,
Oublie et ta faute et ta tâche vile :
Une étoile d’or flambe au ciel vainqueur !


Laisse l’espérance, en toi désolée,
Se pénétrer de ce coucher si doux ;
Adore en prière, adore à genoux
Cette heure discrète et d’amour voilée.

Et recueille toi, grave en ce moment
Qu’au pied de ta chère et verte colline,
De l’église, noire encor que voisine,
La cloche au son clair tinte doucement.