Le Sonnet des bras

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L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 22-23).




LE SONNET DES BRAS





O la plus douce & la meilleure des careſſes !
Autour du cou deux bras enlacés ſimplement.
Premier mot du déſir, premier rêve d’amant,
Et premier abandon de toutes les maîtreſſes !

Puis vaincus & jetés parmi le flot des treſſes
Comme le fer tenace arraché de l’aimant ;
A l’ombre des rideaux le long apaiſement
Des ſuprêmes langueurs & des molles pareſſes.


Et quand, l’âme & les ſens raſſaſiés, l’eſprit
Clairvoyant vous regarde, il voit & vous décrit
Relevés & pareils aux anſes d’une amphore ;

Du poignet nu ſans vain bracelet de métal,
Et du coude où le blanc a des rougeurs d’aurore,
A l’épaule au parfum plus doux que le ſantal.