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Le Tennis/Chapitre 5

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Nilsson Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 47-64).


CHAPITRE V
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La Volée et la Demi-Volée


C’est avec un vif plaisir que j’aborde ce chapitre dans lequel j’étudie des coups qui me sont familiers et qui forment, en somme, la caractéristique de mon jeu. Ma place favorite est au filet et j’y accours dès qu’une occasion se présente. Je conseille à toutes les jeunes filles de suivre mon exemple, car le tennis ne serait jamais un jeu monotone si elles jouaient au filet. Rien n’est plus fastidieux qu’un double de dames lorsque les quatre joueuses restent au fond du court. Les professeurs devraient insister pour qu’un joueur au moins de chaque camp soit au filet. Le tennis moderne doit s’orienter vers la volée.

Il est curieux de constater que la plupart des jeunes joueurs jouent au filet, alors que les jeunes filles, au contraire, se cantonnent au fond du court ; et cela devient presque une profession de foi chez certaines personnes de dire que la volée est du domaine des hommes et que le jeu de fond doit être réservé aux femmes.

Ces jeunes filles qui jouent à la volée sont si rares qu’elles font pour ainsi dire sensation.

La raison en est qu’elles suivent la coutume et surtout qu’elles se persuadent que la volée est difficile.

Je voudrais leur faire comprendre que c’est un coup plus facile que le drive ou le revers après que la balle a touché terre. Le bon sens seul vous le dit.

La balle peut rebondir de façons si différentes, très haut ou très bas, en avant, ou de côté si elle est coupée. Le joueur doit alors guetter le moment propice pour la rattraper.

Le jeu de volées ne présente aucune de ces difficultés.

Il suffit de placer la raquette sur le chemin de la balle ; le seul point délicat est de lui donner l’inclinaison nécessaire selon la hauteur à laquelle arrive la balle et la distance à laquelle vous êtes placée du filet. Si la balle arrive exactement à hauteur du filet votre raquette doit être placée à angle droit par rapport au sol ; plus la balle est basse plus l’angle doit être ouvert et, au contraire, plus elle est haute, plus l’angle doit être fermé ; cette théorie s’exagère plus on se rapproche du filet.


Service par le haut. — Vue de dos.
(Voir p. 71).

Pour vaincre les difficultés de la volée, il faut vous pénétrer de l’idée que c’est peut-être la partie du jeu la plus facile et certainement la plus amusante.

Avez-vous remarqué à quel point la plupart des joueuses semblent embarrassées et quelque peu ridicules lorsqu’une balle les surprend au milieu du court et qu’elles sont obligées de la prendre en volée ; le plus souvent, elles donnent un coup au hasard… avec le bois de la raquette ou… dans le vide…

Combien ce résultat serait différent si elles étaient calmes, établissaient bien leur équilibre, serraient leur manche en suivant la balle des yeux pour présenter la raquette au moment précis.

Il n’y a là rien que de très simple et dont l’exécution est des plus faciles.

Vous vous croyez obligée de « frapper » la balle et c’est pour cela que vous ne parvenez pas à réussir les volées ; si vous étiez assez près du filet vous n’auriez qu’à présenter la raquette avec l’inclinaison voulue.

La plus mauvaise place qu’il soit possible d’occuper sur le court est certainement la ligne de service. Plus vous serez près du filet, mieux cela vaudra, surtout si votre partenaire sert. On ne peut pas fixer la distance exacte, mais entre cinquante centimètres et trois mètres est une bonne distance moyenne.

Pour apprendre à jouer à la volée, serrez fortement le manche de la raquette. Avec l’habitude et la maîtrise de soi-même, on augmentera la souplesse et la force du coup.

Mrs Larcombe est un merveilleux modèle pour le jeune joueur de volée ; elle a des poignets remarquables et les poignets jouent un grand rôle dans cette partie du jeu. Il est important, aussi bien pour la volée à droite que pour la volée de revers, de tenir la main de telle sorte que le haut du cadre de la raquette soit plus haut que le poignet ou pour le moins à la même hauteur.

Cela est vrai aussi pour les volées basses que les frères Doherty exécutaient paraît-il comme personne.

Pour réussir la volée basse il faut se baisser vers la balle en pliant les genoux ; si vous vous contentez d’abaisser votre raquette, vous ne pouvez obtenir aucune précision.


Volée de revers basse. — Notez la position de la raquette.
(Voir p. 52).

Ne vous précipitez pas à la volée inconsidérément, sachez attendre l’occasion favorable mais saisissez-la dès qu’elle se présente.

J’ai déjà indiqué la nécessité de placer le pouce sur la partie plate du manche pour le drive de revers, mais pour la volée cette position est encore plus indispensable.

En allant au filet, vous prenez des balles qui montent au lieu de prendre celles qui descendent, comme cela a lieu lorsque vous restez au fond du court.

Rien n’est plus difficile à reprendre en volée qu’une balle qui tombe, et rien de plus facile au contraire qu’une balle qui monte.

Lorsque vous reprenez à la volée l’une de ces balles montantes, veillez à bien les rabattre. Plus vous êtes près du filet plus ce coup sera facile et efficace.

Les « rallies » prolongés ne sont pas nécessairement un signe de bon tennis. Vous devez, au contraire, chercher à terminer le point le plus rapidement possible et pour cela la meilleure place est au filet.

J’ai vu des rallies qui duraient jusqu’à fatiguer les yeux des spectateurs et qui auraient pu être terminés après un ou deux échanges si l’un des adversaires était monté au filet.

Quelle attention de tous les instants vous devez prêter lorsque vous êtes à la volée.

En double surtout tenez-vous sur la pointe des pieds prêt à courir rapidement à droite ou à gauche.

Les volées amorties et les volées courtes sont d’une grande efficacité et fort utiles. Elles arrêtent la balle tout près du filet et gagnent le point quand l’adversaire est au fond du court et qu’elles sont placées à contre-pied.

La volée courte doit être exécutée en coupant la balle et la volée amortie en relâchant l’étreinte et en ramenant la raquette en arrière après avoir touché la balle. Une grande habitude seule vous permettra d’exécuter avec succès ce genre de volées.

Il y a peu de joueurs qui utilisent le lob de volée, parce que ce coup est l’un des plus difficiles à réussir ; il demande une grande précision, du coup d’œil et de la présence d’esprit. On l’utilise le plus souvent en double, lorsque les quatre joueurs sont au filet ; après une série d’échanges, le lob de volée peut permettre de réussir le point en surprenant les adversaires.

Il a pour résultat, lorsqu’il est assez haut et assez long, de ramener les adversaires au fond du court et de permettre à celui qui l’a réussi de rester seul au filet avec son partenaire, ce qui est la position idéale.

Cette volée est très peu employée dans les doubles de dames pour cette raison que les quatre joueuses se trouvent rarement ensemble au filet.

Même lorsqu’il n’y a qu’une seule adversaire au filet, le lob de volée peut être plus avantageux que les coups ordinaires dans le fond du court, parce qu’il désorganise la combinaison adverse. On sera souvent bien avisé de faire un lob de volée au-dessus du joueur qui est au filet plutôt que de renvoyer la balle au fond du court.

Devant parler du smash dans le chapitre suivant, j’aborderai de suite la demi-volée.

Voici une définition que je donne pour les débutants. Une demi-volée est jouée quand la balle vient immédiatement en contact de la raquette, après avoir touché le sol.

Le secret, pour bien jouer la demi-volée, est de maintenir les yeux sur la balle, le coup devient alors des plus faciles.

Avez-vous jamais vu jouer Caridia ?

La demi-volée exécutée par lui semble un coup des plus simples. En fait, c’est là sa grande force ; il peut attaquer en demi-volée aussi bien que se défendre.

J’ai joué souvent avec lui, à Wimbledon, et je puis parler par expérience personnelle de cet exemple remarquable de l’efficacité des demi-volées.

Lorsqu’une jeune fille a réussi une demi-volée, elle considère cela comme un hasard ou… une performance extraordinaire.

Lorsque la volée n’est pas possible et qu’on ne peut reculer suffisamment, il faut essayer une demi-volée. Arrêtez-vous, regardez bien la balle et jouez avec attention.

Il ne faut pas jouer en demi-volée avec la raquette dans une position verticale, mais la maintenir aussi horizontale que possible. Il faut évidemment se baisser, pour ce coup.

La demi-volée est surtout un coup de circonstance, tout au moins de défensive.

Norman Brookes renvoie souvent les smash en demi-volée avec grande aisance et sans se hâter.

La demi-volée est un très joli coup, surtout en revers, et qui mérite d’être étudié.

La joueuse de volée doit être sûre de ce coup parce qu’elle se trouvera souvent obligée de l’employer, lorsqu’une balle tombera trop près d’elle pour la reprendre en drive ou trop loin pour la reprendre de volée.


Mrs Lambert Chambers commence un drive.
(Voir p. 45).

Certaines personnes diront peut-être que la demi-volée est trop difficile pour les débutantes, mais l’on doit toujours avoir l’espoir de faire rapidement des progrès.

Du reste, l’on peut négliger l’étude de ce coup jusqu’au moment où l’on est familiarisé avec les autres plus faciles.






Une autre manière de finir un drive.
Suivant les vieilles idées, le poids du corps porte sur le mauvais pied.
(Voir p. 41).