Le Véritable Métropolitain/Universalité des services rendus

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J. Michelet (p. 72-73).
Universalité des services rendus


Dès que le véritable Métropolitain sera construit et son service convergent d’omnibus établi, il rendra immédiatement et à perpétuité les services qu’on attend de lui, et ce, en proportion aussi large que le pourra exiger le développement de la circulation dans Paris et les communes suburbaines.

Que fera-t-on avec l’anneau Eiffel, que semble vouloir proposer le Gouvernement ?

On concèdera la meilleure partie du trafic, celle qui peut réellement rapporter. Pour le reste on le rejettera dans l’avenir. Mais on sait bien que personne n’en voudra, puisque la concession ne sera pas productrice, et alors il faudra arriver à l’option suivante :

Ou une garantie de l’État et de la Ville, laquelle sera d’autant plus lourde, que les meilleurs centres de circulation auront été concédés ;

Ou un ajournement indéfini des cheminements complémentaires ; et alors c’est la population de Paris qui paiera, par le temps qu’elle sacrifiera, par les difficultés de circulation qu’elle éprouvera, le bénéfice qu’on propose d’octroyer aujourd’hui à la société Eiffel.

Mais ce n’est pas tout.

Dans la cession qu’on propose de faire à la société Eiffel, on fait apparaître comme un service rendu la réduction de prix accordée matin et soir aux ouvriers, réduction que nous avons il y a un instant signalée et sur laquelle il convient de revenir.

L’intention est évidemment bonne, mais le fait, lui, n’est pas bon, parce qu’il est insuffisant.

On oublie trop qu’à Paris existe une masse d’employés, de travailleurs de toute nature, dont le budget est plus que réduit ; qu’il y a de plus quantité de femmes d’ouvriers, d’ouvrières, et que justement ce n’est pas à certaines heures que circule tout ce monde mais bien toute la journée.

Pourquoi ne pas songer à toute cette masse si intéressante ? Pourquoi ne pas comprendre que c’est elle, surtout, qui prendra la plus large part dans le trafic de la voie projetée ?

Il y a là évidemment une lacune.

Le moyen de la combler, c’est de prendre bon marché tout le jour, à n’importe quelle heure, et c’est ce que fera le véritable Métropolitain.

En ces conditions, tout le monde sera satisfait et on aura fait disparaître cette classification :

De bas prix pour les uns ;

De cherté relative pour les autres ;

Laquelle, est en désaccord avec notre siècle, avec nos sentiments.