Le Vicaire de Wakefield/Notes

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Traduction par Charles Nodier.
Hetzel (p. 221-234).

NOTES.


Vicar. L’usage a consacré, en France, le titre de Vicaire de Wakefield. On a cru devoir, par ce motif, le conserver en tête de cette traduction, bien que les dénominations de vicar et de vicaire désignent, dans la hiérarchie de l’Église anglicane et dans celle de l’Église catholique, deux positions différentes.

Johnson définit le vicar, le possesseur (incumbent) d’un bénéfice (benefice) ecclésiastique appropriated (concédé à un établissement religieux, à un doyen, à un chapitre, à un évêché, à un collège, pour son usage propre et à perpétuité) ou impropriated (passé aux mains d’un laïque).

Le vicaire en France est, d’après la définition du dictionnaire de l’Académie (1835), celui qui fait des fonctions ecclésiastiques sous un supérieur.

Goldsmith a, dans le Vicaire, emprunté, à la hiérarchie de l’Église anglicane, quelques autres dénominations ; par exemple, celles de priest, curate, parson, bishop, minister, chaplain, archdeacon.

Johnson les définit :

Priest : celui qui fait toutes les fonctions (who officiates) du culte.

Curate : un ecclésiastique aux gages du possesseur d’un bénéfice (beneficiary), pour faire sous lui ses fonctions. La cure de l’Église anglicane répond à peu près au vicariat de l’Église romaine.

Parson : le prêtre d’une paroisse (qui omnium personam in ecclesia sustinct — parochianus), celui qui a charge de paroisse et d’âmes.

Bishop : le premier dignitaire de l’Église anglicane, l’episcopus de la basse latinité.

Minister : celui qui remplit les fonctions sacerdotales.

Chaplain : le desservant d’une chapelle, le directeur spirituel du propriétaire de cette chapelle et de sa famille, chargé de leur lire la prière, leur prédicateur.

Archdeacon : le suppléant du bishop dans tout ce qui tient aux fonctions épiscopales, son vicar ; à peu près ce qu’est, en France, un grand vicaire.

Il est remarquable que Goldsmith n’a placé le mot de vicar que dans le titre de son ouvrage.


Page 6. — Vin de groseilles (Gooseberry wine). Vin de groseilles à maquereau.

« …..Les Anglais font du vin des fruits mûrs du groseillier épineux. Ils les mettent dans un tonneau et répandent de l’eau bouillante dessus. Ils bouchent bien le tonneau et le laissent dans un lieu tempéré pendant trois ou quatre semaines, jusqu’à ce que le liquide soit imprégné du suc et de l’esprit de ces fruits qui restent insipides. Ensuite on verse cette liqueur dans des bouteilles ; on y jette du sucre ; on les bouche bien, et on les laisse jusqu’à ce que la liqueur, mêlée intimement avec le sucre pour la fermentation, se soit changée en une boisson pénétrante assez semblable à du vin. (Encyclopédie, tome VII, 1737, Groseillier.)


Même page. — (Herald’s office.) Le bureau du héraut (d’armes), aujourd’hui le Herald’s college of arms dont l’institution remonte à 1485 ; le dépôt des archives nobiliaires de la Grande-Bretagne ; ce qu’on appelle, en France, le Sceau du titre.


Page 7. — Châtelain (Squire ou Esquire). Titre dérivé du vieux mot français escuyer, autrefois purement nobiliaire, mais depuis longtemps commun à une foule d’individus étrangers à la noblesse, magistrats, fonctionnaires de la haute administration, avocats, hommes de lettres, etc.

Dans le Vicaire, le Squire est l’ancien seigneur de paroisse en France, le propriétaire de l’habitation principale d’une commune ou d’un hameau, de ce qu’on appelait le château.


Page 8. — Le voyage de Henri II (Henri II’s progress), dans ses États d’Allemagne, désolés par de longues guerres, eut lieu en 1023, un an avant sa mort. Il avait été élu empereur en 1002, et roi des Romains en 1014. L’Église l’a mis au rang des saints, et célèbre sa fête le 14 juillet.


Même page. — Livres sterling (Pounds). Voir la 6e note de la page 227.


Page 9. — Professions savantes (Learned professions) : la théologie (divinity), la jurisprudence, la médecine, la musique, c’est-à-dire les quatre facultés des universités anglaises, et aussi l’enseignement en général. Les théologiens, les jurisconsultes, les médecins, les membres du corps enseignant sont habituellement désignés par le titre de learned gentlemen.

Page 11. — William Whiston, géomètre et théologien célébre, né en 1667 à Norton, près Tycross, dans le comté de Leicester. Admis, en 1686, au collège de Clare-Hall, à Cambridge, disciple de Newton, en 1694, il publia, de 1694 à 1698, sa Nouvelle théorie de la terre, qui eut de suite six éditions, et dont Buffon a donné l’analyse dans sa Théorie de la terre. Newton l’avait, en 1698, choisi pour son suppléant à sa chaire de Cambridge ; il lui succéda en 1700.

En 1708, Whiston se partagea entre la science et la théologie ; mais l’hétérodoxie de ses opinions souleva contre lui le clergé anglican, et le fit, en 1710, exclure de l’université de Cambridge ; elle lui ferma, en 1720, les portes de la Société royale de Londres. Newton, président, menaça de donner sa démission si Whiston était admis.

La vie de Whiston ne fut, dès lors, qu’une série d’orageuses controverses dont il a lui-même consigné l’histoire dans la préface du cinquième volume de son Christianisme primitif et dans ses Mémoires sur sa vie et ses écrits, publiés en 1748, espèce de factum qu’il composa pour rectifier plusieurs faussetés imprimées, sur son compte, en Allemagne et en Angleterre, et où conséquemment les détails biographiques ne le préoccupent qu’autant qu’ils se rattachent à ses luttes théologiques.

La préface de la seconde édition de ces Mémoires (Londres, 1755) se termine par ces mots :

« Le pieux auteur, plein d’années et de bonnes œuvres, est mort, après une maladie d’une semaine, le 22 août 1752, âgé de quatre-vingt-quatre ans huit mois et treize jours, et il a été enterré à côté de l’excellente femme qui fut son épouse, morte en janvier 1750, à Lyndon, dans le Rutland. »

Whiston n’indique que très-vaguement la date de son mariage. Il avait épousé, vers 1688, la fille de Georges Arrobus, son maître à Tamworth, en 1684. Sa femme est à peine nommée deux ou trois fois dans ses Mémoires.

Ses écrits sont remplis d’amères réflexions sur le scandale des mœurs du clergé de son temps ; les siennes avaient été constamment irréprochables.

En 1748, il adressait, à l’orateur de la chambre des communes, une supplique pour appeler sa commisération sur la triste situation de sa famille ; il demandait pour son fils, dont les travaux littéraires avaient épuisé la santé, une place de 400 livres sterling dans une bibliothèque publique.


Page 12. — Back gammon, ou seulement gammon, très-ancien jeu pour lequel on se servait de dés et d’une table ; espèce de trictrac très-simple et sans aucune combinaison. On le fait remonter à la conquête par les Normands.


Page 13. — Un schelling par livre sterling (A shilling in the pound). Cinq pour cent.


Page 16. — Guinées (Guineas). Voir la 6e note de la page 227.


Page 17. — J’ai été jeune (I have been young), etc. Psaume 37, verset 23


Page 17. — Soixante-dix milles (Seventy miles). Le mille anglais équivaut à 1 kilom. 609, un peu moins du tiers d’une lieue de France.


Page 20. — « Dans l’hypocondrie (A disorder), les sens, dit le docteur Georget, présentent en général une grande susceptibilité… Le bruit, la lumière vive, les odeurs fortes, le froid, la chaleur, les variations de la température, l’état électrique de l’atmosphère, provoquent des malaises, des souffrances… L’Angleterre est peut-être le pays où l’on voit le plus d’hypocondriaques. »

Cette surexcitation de la sensibilité est un caractère commun à plusieurs affections résultant d’un état morbide du système nerveux.


Page 23. — Carol (Christmas carol), un chant joyeux, un hymne ; de l’italien carola, dérivé lui-même de choreola, basse latinité ; ce qu’on appelle, en France, un Noël.


Même page. — Le matin de la Saint-Valentin (Valentine morning) (14 février) les jeunes gens des villages envoyaient un présent à la première jeune fille qu’ils rencontraient en sortant de chez eux. Les jeunes filles réciproquement.


Page 24 — L’acre d’Angleterre (Acres) équivaut à 40 ares 466 de France, un peu plus d’un arpent de Paris (34 ares 588).


Page 25. — Ballade (Ballad). Non pas exactement ce qu’on appelait, en France, une ballade, c’est-à-dire une suite de couplets avec mêmes rimes et même refrain ; mais en général une petite pièce de vers sérieuse ou légère, une chanson, une romance, une complainte qui court les rues, a of trifling verse, dit Watts cité par Johnson.


Page 30. — Miss Wrinklers. Littéralement, miss ridées.


Page 31.— Blanc (Blank). Un billet qui ne gagne pas, par opposition à prize, un billet gagnant.

Avant la publication du Vicaire, comme depuis cette époque, le nombre des billets variait suivant les tirages.

Les State loteries (loteries de l’État) étaient fréquemment, pour le gouvernement, un moyen d’emprunt. L’émission des billets, l’encaissement du produit des mises, le payement des gains étaient confiés à la banque.

Jusqu’à 1750, le nombre des billets avait été, en général, fixé à 150,000 : le prix du billet, à 10 livres sterling. Les prizes ou lots se graduaient de 5 livres à 10,000 livres, payables en annuités de banque, avec certaines primes. Les lots inférieurs à la mise étaient une sorte d’indemnité pour les porteurs de blanks. On calculait de 5 à 6 blanks contre un prize.

En 1759, on établit deux lots de 20,000 livres.

En 1761, quatre ans avant la publication du Vicaire, George III fut autorisé par le parlement, pour faire face aux frais de la guerre, à emprunter, par la voie de la loterie, 600,000 livres. Le nombre de billets fut fixé à 60,000 ; le prix du billet resta de 10 livres. Les prizes ou lots plus forts que la mise, et l’indemnité des blanks, étaient payables en annuités 5 p. 00

En 1767, il n’y eut plus qu’un lot de 20,000 livres.

En 1807, un tirage d’octobre contenait un lot de 40,000 livres sterling.


Page 33. — La bête se retire (The beast retires), etc. Évangile selon saint Mathieu, chap. 8, vers. 20 ; selon saint Luc, ch. 9, vers. 58,


Même page. — C’est celui qui est venu le sauver, etc. Évangile selon saint Luc, ch. 9, vers 58 ; ch. 19, vers. 10 ; selon saint Jean, chap. 3, vers. 17.


Page 35. — Poker. Petite barre de fer, petit fourgon dont on se sert pour remuer et attiser le charbon de terre.


Page 36. — Feeder. L’individu chargé de nourrir et d’exercer des coqs de combat.


Page 37. — Saint-Dunstan. L’église de Saint-Dunstan, de l’ouest, dans Fleet street (Cité de Londres), est célèbre par son horloge sur le cadran de laquelle deux figures de sauvages en bois, placées vers 1671, sonnent alternativement l’heure. La nuit, les alentours de cette église sont fréquentés par les femmes de mauvaise vie.


Même page. — Dîmes et simagrées, etc, etc. L’impertinente réflexion du Squire, à la table d’un ministre de l’Église, peut donner une idée de la manière dont on discutait déjà, en 1765, la vieille question des dîmes.

Aristote et ses prédicaments (catégories), à propos de dîmes, tout cet imbroglio, où le Squire estropie à la fois l’une des plus simples propositions de la géométrie et la définition aristotélique de la relation, rappellent un peu le fameux :

Aristote, primo, peri politicon
Dit fort bien…


Page 40. — Thwackum et Square. Thwackum, le théologien, et Square le philosophe, les deux maîtres de Blifil et de Tom Jones.


Même page. — L’amour suivant la religion. On réimprime encore, en Angleterre, la Religious courtship, or historical discourses on the necessity of marrying religious husbands and wives, and of their being of the same opinion.


Page 42 — Allusion à Dione, tragédie pastorale de M. Gay : acte 5, avant-dernière scène.


Même page. — Acis et Galatée. Ovide : Métamorphoses, liv. 13.


Même page. — (Ballade. En juin 1767, le St. Jame’s Chronicle publiait la lettre suivante adressée à son imprimeur.

« Monsieur,… Un de vos correspondants m’accuse d’avoir copié, sur une des ballades du spirituel M. Percy, une ballade que j’ai publiée il y a quelque temps. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de ressemblance entre les deux pièces en question. S’il y en a, la ballade de M. Percy est copiée sur la mienne : je la lui avais lue, il y a quelques années ; nous regardions ces compositions comme des bagatelles… N’était l’humeur tracassière de quelques-uns de vos correspondants, le public n’aurait jamais su que M. Percy me doit le sujet de sa ballade…

« Olivier Goldsmith. »


Page 49. — Shakspeare. Au moment de la publication du Vicaire, la réaction de la littérature nationale contre la littérature étrangère, surtout contre la littérature française importée à l’époque de la restauration, et en grand honneur jusqu’à la fin du règne d’Anne, était très-vive. Quatre ans après, en 1769, Garrick célébrait, à Straford sur l’Avon, son jubilé de Shakspeare. Reproduite, à Londres, sur le théâtre de Garrick, cette cérémonie eut, de suite, quatre-vingt-douze représentations.


Même page. — Harmonica (Musical glasses. Littéralement verres à musique.) Un Irlandais, nommé Puckeridge, avait tout récemment imaginé de tirer des accords de verres remplis d’eau. Son instrument, perfectionné par un membre de la société royale de Londres, M. Delaval, venait de l’être encore par Francklin qui en avait changé le système et lui avait donné le nom d’armonica.


Page 35. — Nabab. Nom des gouverneurs de province dans l’empire Mogol ; de navab, pluriel de naïd, remplaçant.

On appelle aussi nabab, en Angleterre, les négociants qui ont fait, dans l’inde, une fortune considérable.


Même page. — Des bourses jaillissaient, etc. — Farthings. Voir la 6e note de la page 227.

Le charbon de terre, chauffage habituel des Anglais, dégage souvent de petits globes de feu qu’on nomme purses (bourses), à cause de leur forme, et qu’on regarde comme un présage de fortune.


Même page. — Tasse à thé. La manière dont le résidu des feuillet du thé se dépose au fond des tasses est, pour certaines personnes, l’objet de conjectures sur l’avenir.


Page 55. — La queue de rat est le résultat, ou de la chute complète des crins, ou d’une simple diminution dans leur longueur ou leur quantité.


Page 56. — Yards. La yard équivaut à 0 m. 9144, un peu moins de moitié de la toise de France.


Page 57. — Griller des noix. On place devant le feu deux noix qui figurent deux amants. Si toutes les deux grillent en même temps, les deux amants seront unis dans l’année. Pas de mariage si l’une des noix grille avant l’autre.


Même page. — Dumpling. Une espèce de pouding.


Même page. — Lamb’s wool. Littéralement, laine d’agneau : espèce de boisson composée de bière chaude, de sucre, etc.


Page 59. — Chevaliers de la Jarretière (Knights of garter). « ……L’ordre de la Jarretière fut institué par Édouard III, en 1349… L’anecdote de la jarretière de la comtesse de Salisbury, conservée par la tradition populaire, ne paraît reposer sur aucune autorité ancienne… » (Goldsmith, Histoire d’Angleterre. Édouard III.)

Lingard regarde la jarretière comme un simple emblème de l’union qui doit exister entre les membres de l’ordre.

Le très-noble (most noble) ordre de Saint-Georges de la Jarretière est le premier des ordres anglais. Avant 1786, le nombre des knights ou companions était fixé à vingt-cinq, plus le roi, chef de l’ordre. Depuis 1786, il est de vingt-six, plus le roi et quelques princes du sang, plus quelques souverains ou princes souverains étrangers.


Même page. — Pairesse. Ce titre, en Angleterre, ne désigne pas seulement, comme en France, la femme ou la veuve d’un membre de la chambre des pairs. La pairie, en Angleterre est, pour quelques femmes, une dignité toute personnelle qu’elles possèdent ou in their own right, ou by creation, ou by descent, selon ou qu’elles tiennent leur pairie d’un droit immédiat, en leur qualité de filles aînées de pairs, ou qu’elles la tiennent d’une création royale, ou qu’elles ont recueilli la pairie d’un frère ou d’une sœur aînés morts sans enfant.

Au commencement de 1837, à la mort de la vicomtesse Canning, créée pairesse en 1828, il n’y avait que dix pairesses. Elles siègent seulement dans certaines grandes cérémonies, par exemple, celle du sacre des rois d’Angleterre.


Page 60. — Hanover square. Le Hanovar square, dans le West end, près d’Oxford street, date de 1720, peu de temps après l’avènement de la maison de Hanovre au trône d’Angleterre. Plusieurs hôtels y portent des traces de l’architecture allemande. En 1765, comme aujourd’hui encore, c’était un des plus brillants quartiers de Londres, le quartier de la haute noblesse.


Même page. — La livre sterling (pound) vaut 20 shillings (au pair 25 francs), la guinée 21 shillings.

La livre sterling, primitivement monnaie réelle, n’est plus depuis longtemps qu’une monnaie de compte.

La guinée, dont la fabrication remonte à 1673, ne se frappe plus.

Elle a été remplacée par le souverain, dont la valeur est exactement celle de la livre sterling.

Le shilling se compose de 12 pence : chaque penny se divise lui-même en 4 farthings.


Page 65 — Tonnerre et éclair (Thunder and lightning). Drap de deux couleurs bleu tranchées, l’une foncée, l’autre éclatante.


Page 74. — Critiques. Au mot témoins on a, dans la traduction, substitué le mot critiques, comme se déduisant mieux de tout ce qui précède.

Ce mot témoins, dans la pensée de Goldsmith, se rattachait exclusivement au passage de saint Grégoire le Grand auquel il fait une simple allusion, peut-être à quelques lignes des Morales sur le livre de Job dans lesquelles, appliquant à la pratique des bonnes œuvres ce verset de Job, Testes tuos instauras in me, etc., saint Grégoire dit que — « les témoins de Dieu sont les exemples des bons… que ces exemples nous embarrassent toujours, parce que nous sentons qu’ils sont la voix de la vérité. »


Page 70. — Cosmogonie (Cosmogony). Au moment où Goldsmith composait son Vicaire, le monde savant, et surtout les hommes d’église, étaient encore tout émus des graves discussions sur le système de l’univers, sur son origine, soulevées par la publication des ouvrages de Newton et de Whiston. Goldsmith s’était lui-même fort occupé de ces matières.


Même page. — Anarchon ara kai, etc. Ocellus Lucanus : De universo, chap. Ier, § 5.


Même page. — Asser ou asar (vainqueur) est effectivement une qualification commune à presque tous les rois assyriens, comme nabon (devin), phat ou pal (puissant), adon (maître).

Nebuchadon Asser : c’est le devin, maître, vainqueur.

Teglat-Phael-Asser : c’est le puissant du Tigre, vainqueur, etc.


Poge 77. — La couronne (crown) est une monnaie d’argent de la valeur de 3 shillings.


Page 85. — Un honnête homme (An honest man). etc. Pope. Essai sur l’homme, Épître IV.


Page 80. — Recueil de bons mots (Jest books). On réimprime fréquemment, à Londres, le New london Jest book, a choice collection of comical jest, droll adventures, touches of humour, bons mots, whimsical anecdotes, Irish bulls and blunders.


Page 88. — Espèce de monument de famille. (Historical family piece). Au moment où parut le Vicaire, la France avait encore, comme l’Angleterre, la triste manie du portrait mythologique, historique et pastoral.

Diderot, dans son Salon de 1765, s’écriait, à propos de quatre pastorales de Boucher : « Ne me tirerai-je donc jamais de ces maudites pastorales ! » et il déplorait la

dégradation du goût, de la composition, des caractères, de l’expression, du dessin.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

En 1767, il disait des portraits de Roslin, Vallé, etc. : « C’est Minerve et une Victoire qui soutiennent le portrait du héros ; c’est une Renommée joufflue qui trompette ses victoires… Et toujours Mars, Vénus, Minerve, Jupiter, Hébé, Junon ! Sans les dieux du paganisme, ces gens-là ne sauraient rien faire. »


Page 89 — C’est, disait l’un, le canot de Robinson Crusoé (Robinson Crusoe’s long boat). « … J’abattis un cèdre… je mis vingt jours à l’ébrancher, à l’équarrir… un mois à le façonner extérieurement en forme de canot… trois mois à le creuser… Il pouvait porter vingt-six hommes… Il ne s’agissait plus que de le mettre à la mer. Tous mes efforts furent inutiles… impossible de le remuer… L’idée me vint de creuser un canal pour amener l’eau de la mer à l’endroit où je l’avais construit… mais il m’aurait fallu dix ou douze ans de travail… Force me fut, quoique à regret, d’abandonner mon entreprise… »


Page 95. — Bonnes gens de toutes sortes (Good people all, etc.). Le premier vers de cette pièce rappelle le commencement d’une vieille chanson française ; le dernier, la fin d’une épigramme célèbre.

Goldsmith, dans ses Essais et dans son Citizen of the world, raille les frayeurs qu’inspiraient les chiens enragés à la population de Londres. Guy aussi a fait un petit conte intitulé le Chien enragé.


Page 90. — Ranelagh (Ranelagh song). En 1742, une vaste rotonde et des jardins, destinés à des concerts et à des divertissements publics, avaient été établis à Chelsea, près de la Tamise extrémité ouest de Londres, dans l’enceinte d’une ancienne résidence de lord Ranelagh, ministre de Charles II et payeur général de ses armées.

Les fêtes du Ranelagh eurent d’abord une vogue immense. Mais, avant l’époque de la publication du Vicaire, les soirées musicales avaient commencé à dégénérer en réunions de débauche qui firent disparaître la bonne compagnie.

En 1805, le Ranelagh ne servait plus qu’à des fêtes accidentelles. Il a été rasé en 1809.


Page 67. — La vieille Angleterre (Old England). Expression de tendresse et de respect, par laquelle les Anglais aimaient autrefois à désigner leur pays ; faussée par les discussions politiques, elle n’est plus aujourd’hui qu’une sorte de mot d’ordre pour la défense des vieux abus et des vices du système social de l’Angleterre.


Page 103. — Ce voyageur n’était autre que le libraire du cimetière Saint-Paul (St. Paul’s church yard). La cathédrale de Saint-Paul, dans la Cité de Londres, est entourée d’un cimetière que ferme une magnifique balustrade en fer. Des boutiques sont établies sur les quatre faces de la place au milieu de laquelle s’élève l’église. Les libraires occupent plus particulièrement celle qui porte le nom de Pater noster row.


Page 104. — Le public ne songe pas à tout cela, etc, etc. (The public think nothing… of character). … Chaque soir, à Hay-Market (1757), le ministère était tourné en ridicule. Le spirituel et ingénieux Fielding, convaincu du peu de goût que le public avait pour les pièces de caractère, n’était que trop disposé à le satisfaire, en lui offrant des drames scandaleux, tels que ceux ne l’on nommait pasquinades… » (Goldsmith, Histoire d’Angleterre, Georges II.)


Page 106. — Monitor, Auditor etc. Le Moniteur, l’Auditeur, la Quotidienne, le Public, le Grand-livre, la Chronique, le Journal du soir de Londres, le Journal du soir de White-hall.

Goldsmith avait travaillé au Ledger dans lequel furent d’abord insérées les Lettres d’un philosophe chinois résidant à Londres, réunies, vers 1762, sous le titre Citizen of the world, en deux volumes qui eurent un très-grand succès.


Page 107. — Privilège des Bretons (Briton’s boast). Voir la dernière note de cette page.


Page 108. — Les Niveleurs (Levellers), secte nouvelle née au sein de la grande secte des indépendants, ne reconnaissaient aucune subordination et prétendaient qu’ils ne devaient avoir d’autre ministre, d’autre souverain d’autre général que le Christ ; que tous les hommes étaient égaux ; que tous les rangs, tous les grades devaient l’être également, et qu’un partage exact des biens devait être fait par le gouvernement… » (Goldsmith, Histoire d’Angleterre, Charles Ier.)


Page 109 — Monde cartésien (Cartesian system). « On peut penser que Dieu a divisé toute la matière… en un très-grand nombre de petites parties qu’il a unies, non-seulement chacune autour de son centre, mais aussi toutes ensemble autour d’autres centres… en sorte qu’elles ont composé autant de différents tourbillons (je me servirai dorénavant de ce mot pour signifier toute la matière qui tourne ainsi en rond autour de chacun de ces centres) aussi nombreux qu’il y a maintenant d’astres dans le monde. (Descartes, Principes de la philosophie, 3o partie, 48.)


Page 111. — La sainte monarchie (Sacred monarchy). Toutes les questions, effleurées dans le petit discours du Vicaire, étaient vivement agitées par la presse à l’avènement de Georges III. Goldsmith, dans son Histoire d’Angleterre, insiste fréquemment sur l’excellence du gouvernement monarchique, sur les inconvénients du gouvernement républicain, sur la nécessité de renforcer en Angleterre le pouvoir royal ébranlé par les luttes politiques, sur le danger des grandes fortunes, sur l’oppression des classes inférieures.


Même page. — Les mots de liberté… de Bretons (The sounds of Liberty… Britons, etc.). Allusion au célèbre procès de la feuille de Wilkes, The North briton, déclarée, en 1764, libelle séditieux, et condamnée par le parlement à être brûlée en place publique.

Le vœu de Goldsmith ne devait pas se réaliser. Wilkes, expulsé de la chambre des communes et banni du royaume, était, en 1769, l’objet de nouveaux troubles et de nouveaux scandales.


Page 111. — Madame. Cette appellation peut s’adresser à la fois aux femmes mariées et non mariées ; seulement elle s’emploie absolument, c’est-à-dire sans désignation de nom ou prénom. Quand on décline le nom ou le prénom, on les fait précéder, pour les femmes mariées, du mot de milady ou mistriss, suivant le rang ; pour les femmes non mariées, du mot miss.


Page 112. — Gentlemen de province (Country gentlemen). En 1712, Addison écrivait dans le Spectateur ; « … Il faut pardonner à nos Squires de province toutes leurs bévues, parce qu’ils vivent dans la plus complète ignorance, et qu’ils ne distinguent pas, comme on dit vulgairement, leur main droite d’avec leur main gauche … »


Page 113. — La Belle pénitente (The fair penitent), tragédie de Nicolas Rowe, jouée, pour la première fois, à Londres, en 1703. Colardeau l’a imitée dans sa tragédie de Caliste, représentée à Paris, en 1760.


Page 116. — Monsieur (Sir). On a cru devoir conserver quelquefois, dans la traduction, le mot de monsieur qui accuse plus fidèlement la sévérité des habitudes anglaises, la répugnance des Anglais pour ce laisser-aller qui, comme dit le Vicaire, finit par détruire l’affection.


Même page. — Maison d’éducation (Boarding school), Goldsmith, dans ses Essais, s’exprime en termes plus amers encore sur les pensions de son temps : « … A-t-on fait faillite dans le commerce ? On ouvre une pension, et, faute d’autre commerce, on fait celui-ci. On m’a cité des bouchers, des barbiers devenus maîtres de pension, et qui, — chose plus étonnante ! — ont fait fortune dans leur nouvel état… »


Même page. — Newgate. La principale prison de Londres, celle où sont enfermés les grands criminels de la Cité et du comté de Middlesex, bâtie prés d’une des portes de l’épaisse muraille qui fermait autrefois la Cité. Elle servait déjà de prison d’État en 1218.


Page 117. — Antiqua mater de Grub-strett. À Rome, on désignait par le nom d’antiqua mater, Cybéle, la mère des dieux, la déesse de la Terre, la nourrice du genre humain.

Grub-street, ancienne rue de la Cité, était, au temps de Goldsmith, le quartier des gens de lettres, journalistes, publicistes, etc. « …. Il y a quelques années, dit-il dans ses Essais, la pêche du hareng occupait tout Grub-street : c’était le thème de tous les cafés, le sujet de toutes les ballades ; nous allions pêcher des océans d’or… À présent, il n’en est plus question… »


Page 118. — Gentilhomme (Nobleman). Johnson définit le nobleman, l’homme noble (ennobled) proprement dit. — Le gentleman est l’homme de bonne famille (homo gentilis) non noble, l’homme au-dessus du vulgaire par son caractère ou sa position. Dans l’usage habituel, la qualification de gentleman se donne à tout venant.


Page 119. — Philautos, Philalètes, Philelentheros, Philanthropos. L’Ami de lui-même, l’Ami de la vérité, l’Ami de la liberté, l’Ami des hommes.


Page 130. — Le parc de St-James. St-James’s park. Grand parc de Londres, dans le West end, près de la résidence des rois d’Angleterre, créé par Henri VIII, ouvert au public vers la fin du règne de Charles II.


Page 124. — M. Crispe. Célèbre recruteur.


Même page — Indiens Chickasaw (Chicasaw Indians). Les Chickasaw (Tchikkasahs) forment encore une nation assez nombreuse dans la partie septentrionale du Mississipi. Au commencement du dix-huitième siècle ils dominaient dans cette partie de l’Amérique du nord. (Balby, Abrégé de géographie.)


Page 120. — Comme le panier de pain d’Ésope (Esop and his basket). « … Ésope prit le panier au pain ; c’était le fardeau le plus pesant. Chacun crut qu’il l’avait pris par bêtise ; mais, dès la dinée, le panier fut entamé et le Phrygien déchargé d’autant. Ainsi le soir, et de même le lendemain ; de façon que, au bout de deux jours, il marchait à vide. Le bon sens et le raisonnement du personnage furent admirés… » (Vie d’Ésope, traduite par la Fontaine.)


Même page. — Florins, Le florin ou gulden de Hollande valait autrefois 2 fr. 30 c. ; Il se divisait en 20 slivers.


Page 127. — Pierre Pérugin. (Pietro Perugino). Né à Citta del pleve, en 1446, mort, dans cette même ville, en 1724 ; élève d’André Verocchio, maître de Raphaël et chef de l’école romaine. Il avait longtemps habité Pérouse.


Page 153. — Brevet d’enseigne (Ensign’s commission). L’enseigne, dans les armées de terre anglaises, est l’officier chargé de porter le drapeau. C’est le premier grade après celui de cadet ou volontaire, le plus bas des grades à brevet, immédiatement avant la lieutenance.


Page 153. — Lord Falkland. Lucius Cary, vicomte de Falkland, né en 1610, à Durford, comté d’Oxford, gentilhomme de la chambre de Charles Ier, en 1633 ; membre, en 1640, du parlement qui condamna Strafford, secrétaire d’État de Charles Ier, en 1642, tué le 20 septembre 1643, à la sanglante bataille de Newbury.


Page 135. — La couleur de son argent. Littéralement, la croix de son argent (Cross of her money). Les vielles monnaies d’Angleterre, comme celles de France, portaient une croix.


Page 114. — La vue d’un pécheur repentant (A repentant sinner). Évangile selon saint Matthieu, chap. 18, vers. 12 ; selon saint Luc, chap. 15, vers. 7.


Page 187. — Shérif (Sheriff). Le principal conservateur de la paix dans le comté qu’il habite.


Page 159 — Ôtez-nous le monde, pourvu que vous nous donniez un ami (Ton kosmon aire, etc.)


Page 178. — Une chaise de poste à deux chevaux. (Post chaise and pair).


Page 185. — J’ai envoyé un cartel… » … En Angleterre, les lois militaires punissent la provocation sans s’occuper des suites du combat qui peut en être ou en avoir été la conséquence… Mais les effets et les suites du combat sont réglés jure communi selon la déclaration du jury. Ce fut le célèbre Bacon, alors attorney général, qui fit prévaloir cette doctrine.

« … Dans le duel convenu, dit Blackstone, les deux adversaires se rencontrent, au lieu du rendez-vous, avec l’intention avouée de commettre un homicide, dans l’idée qu’ils agissent comme le doivent des gens d’honneur, et qu’ils ont le droit de jouer leur propre vie et celle de leur semblable, sans y être autorisés par aucune puissance divine ou humaine, en offensant, au contraire, directement les lois de l’homme et de Dieu. Aussi la loi a-t-elle, avec justice, déclaré les duellistes coupables de meurtres, et punissables comme tels, ainsi que leurs seconds… » (Dupin, Réquisitoire du 22 juin 1837.)

Au temps de Goldsmith, la loi sur le meurtre (statut de Jacques Ier, 1804) avait été plusieurs fois rigoureusement appliquée au duel. Plusieurs fois l’impious practice of duelling avait été l’objet de sévères censures dans les deux chambres du parlement. Un bill spécial, pour sa répression, avait même été adopté ; en 1723, par la chambre des communes ; mais les lords ne l’avaient pas admis.


Page 180. — Le fondateur de notre religion, etc. Évangile selon saint Matthieu, chapitre 8, vers. 4 ; chap. 11, vers. 28 ; selon saint Marc, chap. 10, vers. 21 ; selon saint Luc, chap. 4, vers. 40 ; chap. 10, vers. 37 ; chap. 11, vers. 13.


Même page. — Du pauvre de la parabole (Poor man in the parable). La parabole du Lazare. Évangile selon salut Luc, chap. 16, vers. 20.


Page 187. — Laissons le philosophe sur sa molle couche (Philosopher from his couch). Allusion au mot célèbre de Possidonius, dans un violent accès de goutte : « tu as beau faire, douleur ! quelque vive que tu puisses être, je n’avouerai jamais que tu sois un mal. » Le stoïcien avait reçu, dans son lit, la visite de Pompée, et il faisait à ses élèves, en présence de son illustre visiteur, une leçon de philosophie que la goutte le força d’interrompre par cette exclamation.


Page 194. — C’est le juste aux prises, etc. (A good man struggling, etc…). Ecce par Deo dignum, vir bonus fortis cum mala fortuna compositus. (Seneca, de Providentia.)


Page 197. — Juge de paix (Commission of peace). Commission royale qui confère aux hommes marquants des comtés le soin de veiller au maintien de la paix dans les districts qu’ils habitent.


Page 201. — Tyburn. Place où se faisaient autrefois les exécutions ; aujourd’hui, une barrière (Tyburn’s turnpike) à l’extrémité d’Oxford street (West end), au nord de Hyde-Park.


Page 200. — Liard (Stiver). Voir la 7e note de la page 252.


Page 215. — Chercher les autorisations (… Licences). Ce sont les bans ; on s’en procure très-facilement avec de l’argent ; ce sont les paroisses qui les délivrent, et les formalités à remplir sont à peu près nulles.


Page 217. Donner du cor (French horn). Littéralement, le cor français, le cor d’orchestre.