Le débutant/11
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ALL ABOARD
Paul Mirot fut pendant plus de trois semaines très grièvement malade. Le docteur Dubreuil, qui l’avait installé dans une chambre du logement qu’il occupait avec sa sœur, le soigna comme un frère, et ce fut grâce à ces soins de tous les instants qu’il réussit à le ramener à la santé et à le sauver de la folie, que le médecin redoutait surtout au début de la maladie.
Jacques Vaillant et sa femme étaient venus bien des fois s’asseoir au chevet du malade, Ces deux fidèles amis ne partirent pour New-York qu’après avoir reçu du docteur Dubreuil l’assurance formelle que Mirot ne courait plus aucun danger. La convalescence serait un peu longue, leur avait-il dit, mais la guérison certaine. Le jeune homme devait quitter la ville aussitôt que son état le permettrait, et aller passer quelques mois à la campagne, dans le calme le plus absolu. Ensuite, son ami Vaillant pourrait l’inviter à le rejoindre à New-York, comme il en avait l’intention.
Un événement imprévu retarda quelque peu le départ de Paul Mirot pour Mamelmont. Un certain Hyacinthe Nitouche, un Paladin, reporter à L’Éteignoir, l’ayant insulté publiquement un jour qu’il se rendait chez son éditeur, rue Saint-Paul, pour terminer le règlement de ses affaires avant de partir, il s’en suivit une prise de corps en pleine rue et les deux combattants furent arrêtés. Paul déposa une plainte contre Nitouche et le dix-sept mars, la cause s’instruisit devant un magistrat de police. Des témoins établirent que le Paladin avait été l’agresseur et le juge le condamna à vingt sous d’amende ou une heure de prison.
Le terme de la Cour du Banc du roi était ouvert depuis
deux jours. Avant de quitter le palais, le jeune
homme eut la curiosité d’assister à la séance de la cour
d’assises. Son avocat lui avait dit qu’à cette séance, le
juge devait prononcer la sentence dans l’affaire de la
femme Jobin, trouvée coupable la veille par le jury,
en même temps que son complice Dumas. Ces noms de
Jobin et de Dumas le frappèrent et il voulut voir ce
que c’était. Il s’agissait d’un vol sur la personne, compliqué
de détournement de mineure. La femme Jobin
tenait un magasin de tabac et de liqueurs douces, avec
le nommé Dumas, qui était le souteneur de l’établissement.
En arrière de la boutique on louait des
chambres à tout venant, des chambres garnies…
c’est-à-dire pourvues de femmes habituées du lieu. Un
homme de la campagne avait été amené à cet endroit
par Dumas et livré aux entreprises hardies de la
femme Jobin et d’une fille mineure, qui l’avaient soulagé
de tout son argent. La victime, d’abord, et les
parents de la petite fille, ensuite, s’étaient plaints en
justice, et de là l’arrestation des tenanciers de ce mauvais
lieu. Paul Mirot causait avec Luc Daunais, le
reporter de la police au Populiste, lorsqu’on introduisit
les prisonniers. Par un sentiment de curiosité
déjà en éveil, il leva les yeux sur eux, et les traits des
deux misérables, quoique bien changés, lui rappelèrent
ceux de son ancienne institutrice à Mamelmont,
et du vilain camarade avec lequel il s’était battu à
l’école. Quand le juge les désigna par leurs noms et
prénoms et fit quelques remarques sur leurs antécédents,
il n’y eut plus de doute possible pour lui.
D’ailleurs, l’ancienne institutrice avait conservé quelques
vestiges de sa beauté, malgré les flétrissures du temps et de la débauche.
Quant au petit
Dumas, c’était un Dumas
plus grand, mais
avec la même figure
bestiale, le même regard
stupide et méchant.
La misère et le
vice avaient réuni ces
deux êtres, si différents
autrefois. La blonde du
beau Pierre Bluteau,
vieillie et perdue, s’était
fait de l’élève ignorant
et bête, un soutien
et un pourvoyeur
de clients que pouvaient tenter encore ses charmes
avilis et fanés.
Le jeune homme n’entendit pas la fin des remarques du président des assises ni le prononcé de la sentence, car il n’était plus au palais de justice, mais à l’école. L’institutrice allait bientôt l’interroger et, sournoisement, le petit Dumas lui faisait la grimace en l’appelant Pique. Depuis des années, il l’avait oublié ce surnom et, cependant, il était resté Pique comme autrefois. Son caractère n’avait pas changé, il demeurait, malgré l’âge et l’expérience, l’enfant tendre et sensible, fier et enthousiaste, attiré par la lumière et la beauté comme le papillon vivant de soleil et butinant la fleur. Petit, il s’était heurté à la sottise et il s’y heurtait encore ; petit, il avait souffert par le cœur et l’esprit, et il souffrait de même aujourd’hui. Depuis qu’il avait échangé la culotte contre le pantalon, qui est la robe virile des temps modernes, il s’était battu avec bien d’autres Dumas. Pour se défendre, en guise de bâton armé d’un clou pointu, il avait manié la plume. Comme au temps où il était écolier, s’il eût voulu s’incliner bien bas et faire sa cour aux personnages détenant le pouvoir, choyé, comblé d’éloges, il eût récolté de beaux prix. Mais lorsqu’on avait tenté de le contraindre à dissimuler ses sentiments, son geste avait toujours été le même que lorsqu’il jeta par terre l’adresse enrubannée, devant monsieur le curé et les commissaires d’écoles ahuris.
Le lendemain, Paul Mirot partit pour Mamelmont, terminer sa convalescence. L’oncle Batèche et la tante Zoé le trouvèrent bien changé. La tante pensa tout de suite à la mauvaise femme, et chaque fois que son vieil époux voulait faire allusion à celle qu’il avait considéré un instant comme sa future nièce, elle lui faisait signe de se taire. Bientôt ce fut la saison des sucres, puis le printemps radieux avec sa verdure et ses oiseaux. Après un mois de cette vie au grand air, le jeune homme se sentit de nouveau fort et courageux. C’est alors qu’il envisagea froidement le problème de l’avenir. Retourner à Montréal, reprendre le métier de journaliste, il ne fallait plus y penser. Il avait bien la ressource de demeurer à la campagne, de s’intéresser à l’agriculture ; mais il n’était pas encore à l’âge où l’on renonce avec joie à l’existence fiévreuse et passionnante des villes, une fois qu’on y a goûté. Son ami Vaillant, dont il avait reçu plusieurs lettres, le pressait de plus en plus d’aller le rejoindre à New-York où il trouverait tout de suite amitié et situation. Flora joignait ses instances à celles de son mari et lui promettait de lui faire épouser la plus belle et la plus riche de ses compatriotes. Son cœur et sa raison le convainquirent que c’était là le parti le plus sage à prendre.
De Germaine Pistache il n’avait pas eu de nouvelles depuis la terrible épreuve qui avait
failli lui coûter la vie, lorsqu’un jour,
en lisant le journal, il apprit son
mariage avec Pierre Ledoux, le bourbonnien.
Une lettre de Marcel Lebon,
qu’il reçut le lendemain, lui donna
des détails plus complets concernant
ce mariage. Lebon lui racontait que le rédacteur de
La Fleur de Lys paraissait bien chaste en se rendant
à l’autel unir sa destinée à celle de la jeune fille qu’il
s’était juré d’arracher aux frivolités du monde pour
en faire une sainte. Il avait orné les revers de sa
redingote, pour cette circonstance solennelle, de nombreux
insignes de piété en celluloïde. Lebon assistait
à la cérémonie et il avait remarqué que la sémillante
Germaine paraissait bien triste. Ce mariage, du
reste, avait surpris tout le monde, et on affirmait que
c’était à la suite d’un chagrin d’amour et sur les instances
de son oncle, le jésuite, que la jeune fille avait
consenti à épouser La Pucelle.
Ce furent une tristesse et un regret de plus pour Paul Mirot, que de savoir celle qui lui avait inspiré un bien tendre sentiment, à laquelle il eut déclaré son amour le soir du bal du Windsor, s’il avait été libre, enchaînée pour la vie à ce visqueux personnage.
Et c’est ce qui le décida, définitivement, à s’en aller au plus tôt refaire sa vie sur une terre étrangère.
Une fois la chose résolue, il régla immédiatement ses affaires. Un acquéreur se présentait pour sa ferme, il la vendit, avec l’assentiment de l’oncle Batèche qui désirait depuis longtemps aller vivre de ses rentes au village où la tante Zoé pourrait se rendre à l’église tous les jours, autant de fois que cela lui ferait plaisir. Seulement, ces vieilles gens qui l’avaient élevé, regrettaient de le voir partir pour aller si loin. Il les consola en leur disant qu’on lui offrait une situation magnifique qu’il ne pouvait refuser, et qu’il reviendrait les voir avant longtemps, quand il serait aussi riche que le roi d’Angleterre.
Trois semaines après la vente de sa ferme de Mamelmont,
ayant réalisé en espèces tout ce qu’il possédait,
Mirot retourna à Montréal où il devait demeurer
deux ou trois jours avant son départ pour les
États-Unis. Il n’y avait que quelques personnes auxquelles
il tenait à aller faire ses adieux : Marcel Lebon,
le peintre Lajoie, le docteur Dubreuil, le sénateur
Boissec et le député Charbonneau. Quant à mademoiselle
Louise Franjeu, elle ne pourrait lui demander
de la rappeler au souvenir de son ancienne
élève de McGill, car elle venait de partir pour la
France.
La veille de son départ, il se rendit au cimetière
de la Côte des Neiges,
déposer quelques fleurs
sur la tombe de celle
qu’il avait tant aimée.
Après avoir longtemps
cherché, il trouva le
petit tertre isolé sur
lequel il s’inclina longtemps,
revivant toute
leur vie intime jusqu’au
dénouement fatal. Puis,
il revint par les sentiers
ombragés de la montagne
où des familles
goûtaient sur l’herbe
verte, où des couples
à l’écart échangeaient
des serments éternels que la brise printanière
emportait. Là-bas, c’était la mort et l’oubli
ici la vie dans toute sa
beauté et sa puissance
créatrice. À ce contraste,
il comprit le grand enseignement de la nature qui veut que l’homme vive
dans l’avenir et non dans le passé afin que le présent
soit fécond. Le soir, il alla à l’Extravaganza où, pour
la première fois, il avait aperçu la silhouette charmante
de Simone. Le spectacle était le même et la
vue des jolies danseuses lui fit oublier un instant que
des figures étrangères seules l’entouraient, qu’à la
sortie du théâtre il ne verrait pas la personne dont
le souvenir l’avait ramené en ce lieu.
La journée du lendemain, il la passa à faire ses
malles, qu’il fit transporter à la gare où il les soumit
à l’examen de la douane, après avoir acheté son billet
pour New-York. À six heures, tout était terminé. Le
train du Delaware
& Hudson, dans lequel
il avait retenu une place de
wagon-dortoir, partait
de la gare Bonaventure
à sept heures et demie.
Il lui restait donc
une heure et demie
pour aller prendre
un bon repas avant
de partir. Mais,
lorsqu’il se fut attablé
dans un restaurant voisin de la gare, c’est en vain qu’il essaya
d’avaler quelques bouchées. La fièvre du départ, le
malaise qui s’empare de celui qui s’en va en songeant
à tout ce qu’il laisse et qu’il ne reverra peut-être jamais,
lui serraient la gorge comme deux assassins.
C’était un beau soir de fin de mai, un de ces soirs
inspirant des vers tendres au poète, un soir que la
nature semblait avoir créé tout exprès pour donner
à celui qui allait quitter la terre natale, un souvenir
glorieux de son pays. Car, c’était sans doute en signe
d’adieu que les rayons du soleil descendu vers l’horizon,
faisaient resplendir avec tant d’éclat les clochers
et les dômes
des édifices, incendiaient
les immenses
fenêtres de la
gare. Du moins, ce
fut l’impression attendrissante
qu’en
éprouva Paul Mirot
en revenant du
restaurant.
Sur le quai, les
employés se hâtaient
de transporter les bagages ; les voyageurs allaient
et venaient, affairés. Il y avait de jolies femmes,
de gracieuses fillettes, des messieurs fort bien mis, des
gamins à l’allure décidée, parlant l’anglais, de vrais
petits Américains. Parmi tous ces voyageurs, on découvrait
quelques Canadiens-Français se rendant à
Saint-Lambert où à Saint-Jean, les deux seuls endroits
où le train devait s’arrêter avant de franchir la
frontière. Monter dans ce train, c’était déjà mettre
le pied sur la terre étrangère. Sept heures et demie.
Les colosses nègres, casquettes avec plaque en métal et tuniques à boutons
jaunes, postés
à l’entrée des wagons
Pullman, répétèrent
pour la dernière
fois, de leur
voix de basse profonde :
Sleeping for New-York ! Puis le
chef du train passa
en criant : All aboard !… All aboard ! À l’avant,
l’énorme locomotive
pouffait et laissait échapper de ses flancs des jets
de vapeur sifflante, concentrant ses forces pour s’élancer
à toute vitesse sur les rails mesurant l’espace
immense parcourir. Paul Mirot eut une minute
d’hésitation, puis, abandonnant son sac de voyage au
nègre qui l’invitait à monter, il s’élança sur le marche-pied,
le cœur gros, une larme au coin de la paupière.
Il était temps, le train se mit aussitôt en
mouvement.
Par la fenêtre près de laquelle il s’était assis, le jeune homme s’emplit les yeux de toutes ces choses du pays qui défilaient rapidement au passage du train, comme des images cinématographiques sur une toile. À cette heure, tout lui paraissait splendide, même les vilaines constructions enfumées longeant la voie. Devant les gares de Saint-Henri et de la Pointe Saint-Charles, le train passa à toute vitesse, pour s’engager ensuite sur le pont Victoria. Que l’immense Saint-Laurent était majestueux et calme par ce beau soir d’été ! Sur ses eaux tranquilles on n’apercevait, au loin, que quelques goélettes à voiles blanches et le bateau de Laprairie revenant vers la ville, tachant la limpidité du ciel d’une longue colonne de fumée noire.
Un arrêt de quelques minutes à Saint-Lambert, puis le train s’élança en pleine campagne. Partout de la verdure, des arbres feuillus, et çà et là, comme des grains de sel semés sur un tapis vert, de blanches maisonnettes, demeures paisibles et rustiques de l’homme des champs. Des troupeaux de vaches laitières, des juments avec leurs poulains relevaient la tête au passage bruyant de la locomotive vomissant de la fumée et des charbons en feu. Paul rêvait maintenant de la vie au grand air, des joies saines du robuste paysan. Pourquoi n’était-il pas resté à Mamelmont, cherchant dans les rudes travaux de la terre, la paix et l’oubli ?
Mais le train filait, toujours et, après avoir passé
Brosseau et Lacadie, on arriva à Saint-Jean. Un arrêt
de cinq minutes. Il eut envie de descendre, mais il
n’en fit rien, redoutant une défaillance de sa volonté,
sous le coup d’une émotion qu’il avait peine à contenir.
Devant la gare, des officiers de cavalerie mêlaient,
dans le soir tombant, le rouge de leurs uniformes aux
robes blanches des femmes. Il y avait là toute une
joyeuse jeunesse, venue à la rencontre de quelques
amis, qui, tantôt, irait valser au Yacht Club dont on
apercevait la façade illuminée, sur le bord de la rivière,
entre les arbres du parc public, voisin de l’école
militaire. Cette petite ville où il n’était jamais venu,
avait l’air d’un immense bosquet mystérieux, troué
seulement par des clochers d’églises et quelques cheminées
d’usines, qui, seuls enlevaient l’illusion que ce
ne fut un véritable paradis terrestre. Le train reparti,
le jeune homme ne vit plus rien. La nuit avait noyé
toutes choses dans ses ombres indécises. Et ce fut à ce
moment-là qu’il se sentit vraiment seul et malheureux
plus que jamais. Sous l’étreinte de la douleur, il eut
conscience qu’un homme nouveau allait naître en lui.
Il s’en épouvanta, La jeune mère sentant ses entrailles
se tordre dans les souffrances de l’enfantement
doit éprouver une angoisse pareille. Cet enfant qu’elle
va mettre au monde et à qui elle a attribué d’avance
toutes les qualités, pourrait être, par un caprice de
la nature, bossu, boiteux, ou bien idiot, méchant.
Elle a rêvé pour lui une brillante destinée ; qui sait
ce que la vie lui réserve ? À cet autre lui-même qu’adviendrait-il ?
se demandait Mirot. Serait-il un rêveur,
un utopiste, ou bien un de ces hommes se marchant
sur le cœur et pesant leurs actions au poids de l’or,
bref, un homme pratique, réfractaire à tout sentiment
généreux ? Celui-là, qui n’aurait pas connu Simone,
aimerait-il une autre femme, fonderait-il un foyer au
pays qui vit naître George Washington et Edgar Poe ?
Et pourtant, plus que jamais, à cette heure, il le chérissait ce passé plein de rêves, d’espoirs trompeurs, d’élans enthousiastes, de baisers gourmands, de larmes et de souffrances aussi. C’est que toutes ces émotions juvéniles, toute cette sensibilité vibrante qui font si exquises les heures, par cette faculté qu’on a, à l’époque de la vraie jeunesse, d’aimer et de souffrir voluptueusement, il sentait bien qu’il ne les retrouverait plus, que c’était fini d’être jeune de cette façon. Ses larmes, désormais, s’il lui advenait de pleurer, seraient amères, et ses joies moins constantes et moins profondes. Celles qu’il lui arriverait d’aimer n’auraient plus cette auréole poétique que les beaux adolescents mettent au front de la femme.
À dix heures, le nègre à la disposition des voyageurs du wagon dans lequel il se trouvait, le nègre qui s’était emparé de son sac de voyage au départ de Montréal, avec un bon sourire entrouvrant ses lèvres lippues sur ses dents blanches, vint préparer son lit. Paul, après l’avoir considéré attentivement, se fit cette réflexion de noyé qui s’accroche à quelque grossière épave : « Que je voudrais être nègre, satisfait et bête comme celui-là. » Il lui glissa un dollar dans la main en lui demandant :
— Where do you come from ?
Le nègre lui répondit :
— From old Tennessee !
Et un reflet de tristesse passa dans les yeux de ce simple enfant d’une race avilie par l’esclavage et méprisée. Lui aussi regrettait sa terre natale, et peut-être même le fouet du maître qui courbait ses ancêtres sur les champs de cotonniers.
Toutes ces émotions avaient brisé le corps robuste du voyageur s’en allant vers l’inconnu, et il espéra mettre fin à sa souffrance morale en cherchant la quiétude dans le sommeil.
La frontière était franchie. Au moment où il s’étendait sur son matelas le train avait dépassé Plattsburg. Mais le sommeil ne vint pas lui fermer les paupières, et, jusqu’à l’aube, il entendit résonner à ses oreilles, à chaque arrêt du train, comme le glas espacé de sa jeunesse morte, ces paroles brèves, au timbre étranger :
All aboard ! All aboard !

QU’ON N’A JAMAIS VUS
REVENIR
