Le féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848/I/5
CHAPITRE V
LES PROFESSIONS
Parmi ceux qui reconnaissent aux femmes le droit d’exercer les mêmes professions que les hommes, on peut distinguer deux groupes qui, pour justifier les mêmes idées, se placent à des points de vue tout différents. Le premier, de beaucoup le moins nombreux, se compose seulement des premiers saint-simoniens, Saint-Simon lui-même, Enfantin, Olinde Rodrigues, Razard, Transon, et presque toutes les collaboratrices de la Femme libre. Le second comprend tous les propagateurs du second mouvement saint-simonien : Fourier, Cabet, Considérant, et la Gazette des Femmes. D’après Saint-Simon et ses disciples immédiats, l’homme et la femme sont, pour me servir d’expressions géométriques qui rendront bien leur pensée, non pas égaux, non pas identiques, mais complémentaires. L’homme n’est rien, la femme n’est rien ; seul le couple, formé d’un homme et d’une femme qui se complètent par leurs qualités opposées (l’homme représentant l’esprit et la femme la chair)[1], est une unité sociale indivisible, « une monade humaine[2] », pour employer l’expression de M. Dessignolle.
Dans ces conditions, aucune fonction sociale ne sera bien remplie par un seul individu, pas plus par une femme seule que par un homme seul. Il est nécessaire que, dans l’état de société parfait où « tout serait une fonction sociale[3] », toute fonction sociale » soit exercée par un couple[4] ».
La conception du deuxième groupe est toute différente. Il demande bien, comme le précédent, que la femme puisse exercer toutes les professions sans exception, mais non pas comme doublure de l’homme. Les deux sexes exerceront toutes les professions, mais chacun pour l’utilité sociale de son sexe. Les hommes enseigneront, soigneront, jugeront les hommes, et les femmes rendront aux femmes les mêmes services. Les membres de ce groupe reconnaissent d’ailleurs, ce qui rapproche leur conception des idées modernes, qu’il y a tout de même certaines fonctions auxquelles la nature des femmes les prédispose plus particulièrement et qu’elles rempliront, non pas seulement pour les femmes, mais dans l’intérêt de l’humanité.
Quelles sont, maintenant, les professions que les femmes ont surtout voulu exercer sous Louis-Philippe ? Aujourd’hui, le féminisme met tout son ardeur à poursuivre la conquête des professions libérales ; il n’en était pas de même alors et, tout en réclamant pour elles-mêmes le droit d’être avocates ou doctoresses, les bourgeoises qui dirigeaient le mouvement ont revendiqué également certaines professions plus humbles mais d’accès plus facile, n’exigeant pas d’études longues et coûteuses, et qui auraient offert aux filles pauvres des débouchés assurés.
C’est qu’en effet beaucoup de métiers manuels que les femmes exercent aujourd’hui, et ceux-mêmes qui étaient consacrés à la toilette et à la parure des femmes, leur étaient interdits sous Louis-Philippe. C’est ainsi que, dans les magasins, des hommes étaient employés « à auner la toile, le taffetas et les rubans, à la fabrication d’épingles et de boutons, ouvrages qui ne demandent ni force musculaire ni travail d’esprit[5] ». « Ne faut-il pas, dit ironiquement la Gazette des Femmes[6], beaucoup de force et d’énergie pour verser du chocolat dans un café, pour auner des étoffes, vendre des bas, coiffer des dames ? » Tous les métiers qui ne demandent pas de grande force physique, tous les métiers surtout qui intéressent les femmes, doivent donc être remplis par des femmes.
C’est ce qui se passe dans la république icarienne, et Cabet nous fait un tableau idyllique de ces ateliers nationaux où deux mille cinq cents jeunes filles, presque toutes charmantes, travaillent la soie et le velours dans des flots d’harmonie et de parfums.
De même les femmes pourraient remplir « avec beaucoup plus de zèle et d’exactitude qu’elles ne le sont actuellement[7] » certaines fonctions bureaucratiques. Il ne serait pas plus extraordinaire, dit la Gazette des Femmes, de les voir expéditionnaires dans un bureau, qu’employées au timbre et à la loterie comme elles le sont actuellement.
Enfin, puisque les femmes sont en fait commerçantes comme les hommes sont commerçants, on doit leur donner, pour exercer le commerce, les mêmes facilités qu’aux hommes.
Aussi Mme de Mauchamp demande-t-elle, dans une pétition datée du 1er mai 1837, que « les filles et femmes majeures et mineures soient commerçantes comme et aux mêmes conditions que les hommes majeurs et mineurs et jouissent des mêmes droits, privilèges et avantages[8] », et que tous les articles du Code de commerce qui consacrent une inégalité quelconque entre l’homme et la femme soient modifiés ou annulés. D’abord (réforme qui paraît peu importante mais qui, dans la pensée de Mme de Mauchamp, doit consacrer l’introduction des femmes dans la loi), l’article 1er du Code de commerce : « Sont commerçants ceux qui exercent des actes de commerce » doit être ainsi libellé : « Sont commerçants et commerçantes… »
Puis, les femmes qui font du commerce ayant comme les hommes l’obligation de payer patente, courant comme eux le risque de la banqueroute et de la prison pour dettes, doivent en bonne justice jouir des mêmes avantages ; comme eux elles doivent pouvoir être « courtier, agent de change, agent d’assurance[9] » ; comme eux surtout, elles doivent avoir (ce qui sous Louis-Philippe comme aujourd’hui[10] leur était interdit) le droit d’entrer librement dans l’intérieur de la Bourse ou plutôt des Bourses (Bourse proprement dite et Bourse de commerce). Ce droit est, pour toute commerçante comme pour tout commerçant, de première importance, puisque c’est à la Bourse de commerce que « s’opèrent les transitions et les négociations qui déterminent les cours et prix des marchandises[11] ». D’ailleurs les femmes ayant comme les hommes payé un impôt pour la construction de la Bourse, et continuant d’en payer un pour son entretien, l’édifice leur appartient comme aux hommes, et elles ont légalement le droit d’y entrer.
Parmi les professions dites libérales, celle que la femme a, sous Louis-Philippe, particulièrement réclamé le droit d’exercer, est la profession de médecin. Il y a à cela deux raisons. D’abord, la femme exerce en fait, et sans que l’on y voie rien d’extraordinaire, une profession médicale, celle de sage-femme. « Il est donc absurde, disent les féministes, que des femmes qui ont entrepris des études médicales ne puissent, si elles en éprouvent le désir, les achever pour devenir tout au moins doctoresses accoucheuses. » En second lieu, la profession médicale est une de celles auxquelles la femme est destinée par nature, car « le dévouement, la charité sont les vertus de la femme et du médecin[12] ».
Aussi, le 1er janvier 1838, Mme de Mauchamp dépose-t-elle à la Chambre une pétition demandant que, « en vertu des articles 2 (contribution égale de tous aux charges de l’État) et 3 (libre admissibilité de tous aux emplois) de la Charte, les femmes soient admises dans les cours publics et, après examen, soient reçues « docteures » en médecine[13] ». La principale raison qu’elle donne pour formuler cette demande est celle-ci : « Il serait, au point de vue moral, bien plus convenable qu’une femme fût soignée ou opérée par une autre femme que par un homme, et cela surtout lorsqu’il s’agit de certaines maladies qu’il serait très embarrassant pour une femme de révéler à un homme[14]. »
Mme de Mauchamp ajoute plaisamment que, puisqu’on a coutume de louer le talent des femmes pour la cuisine, il n’est que juste que les femmes aient le droit d’être pharmaciennes ; celles-ci ne seraient, en effet, dit-elle, que « des cuisinières médicales ».
Ce que la Gazette des Femmes demandait, Cabet nous le montre réalisé en Icarie. « Une femme, dit-il, peut avoir autant d’intelligence qu’un homme ; elle doit être généralement plus patiente, plus douce, elle doit inspirer plus de confiance en effrayant moins la pudeur et… elle peut même mieux connaître les maladies particulières à son sexe[15]. » En outre il y aurait, ajoute-t-il, « de graves inconvénients de tous genres à n’avoir que des hommes pour visiter, accoucher et traiter les femmes ». Il ne s’explique pas plus longuement sur la nature de ces inconvénients ; mais, comme le dit M. Prudhommeaux[16], il est évident que Cabet a surtout souci de la décence, et son point de vue est ainsi le même que celui de Mme Mauchamp.
De même que les femmes seront plus aptes que les hommes à soigner les maladies des femmes, de même sont-elles toutes désignées pour défendre leurs intérêts et plaider pour elles. Dans certains crimes, en effet, l’infanticide par exemple, et en général dans tous les crimes particuliers aux femmes, il y a bien des circonstances atténuantes, qu’un avocat, faute d’avoir ressenti de sentiments analogues à ceux de sa cliente, oubliera de mentionner[17]. Il y aura donc, dans ces cas-là, tout désavantage pour la femme à être défendue par un homme. La femme est le défenseur naturel de la femme, et cette théorie, comme la précédente, Cabet nous la montre, sans d’ailleurs insister beaucoup, appliquée en Icarie[18].
S’il est une profession que les femmes ne demandent guère aujourd’hui de pouvoir exercer, c’est bien la profession sacerdotale ; il n’en était pas de même sous Louis-Philippe et l’influence des théories d’Enfantin amena quelques femmes (peu nombreuses, d’ailleurs) à réclamer pour elles l’exercice du sacerdoce. « Toute fonction, avait dit Enfantin, doit être remplie par un couple. » Mais, en fait, il avait peu insisté sur les autres professions et s’était surtout intéressé au « couple prêtre ». « Le prêtre, dit-il, c’est l’homme et la femme[19]. » Réunissant en lui les deux sexes, il pourra avoir sur les deux sexes une autorité légitime et sera dès lors chargé « de lier et de délier l’homme et la femme[20] ». « Spirituel et temporel, beau autant que sage et bon », formant ainsi un être humain complet et parfait, il aura le droit de diriger la chair et l’esprit de l’homme.
Les idées d’Enfantin sur les rapports du couple prêtre avec les fidèles et des membres du couple entre eux ont d’ailleurs évolué ; au début, dit M. Weill[21], la conception d’Enfantin est presque chrétienne ; le prêtre et la prêtresse, « séparés par un nuage d’encens », ne doivent avoir entre eux, à plus forte raison avec leurs disciples, que des rapports intellectuels. Plus tard, au moment de son procès, sa théorie a changé. Poussant jusqu’au bout la logique de sa doctrine, il admet entre le prêtre et la prêtresse des rapports sexuels et autorise ces mêmes rapports entre le prêtre et ses fidèles. « Le supérieur, pense Enfantin, est un personnage tout-puissant qui doit agir sur l’inférieur par tous les moyens ; la chair étant sainte comme l’esprit, les supérieurs peuvent avoir des relations sexuelles avec les inférieurs pour mieux les diriger[22] ». La prêtresse en particulier, à qui est dévolu le rôle de consolatrice des affligés, pourra user, pour réconforter ses fidèles, de tous les moyens qui sont au pouvoir d’une femme[23].
Les disciples d’Enfantin ne sont d’ailleurs pas absolument les seuls à avoir voulu la femme prêtresse. Mme Allart, pourtant bien loin d’être saint-simonienne, émet dans la Femme dans La démocratie de nos temps une idée analogue à celle d’Enfantin. Pourquoi, dit-elle, les prêtres ne se marieraient-ils pas, et « pourquoi la femme du prêtre ne serait-elle pas prêtre aussi avec la charge de confesser les filles » ?
Le sacerdoce, ajoute la Gazette des Femmes, convient particulièrement aux femmes, car « la vraie religion n’est autre chose que le commentaire clair et simple des vérités de conscience… et quel est le prêtre qui sait aimer et croire comme la femme ? »
Quelques femmes seulement ont voulu être avocats ou doctoresses ; quelques-unes seulement, moins nombreuses encore, ont désiré exercer le sacerdoce. Mais tous les partis féministes se sont trouvés d’accord pour revendiquer hautement le droit d’enseigner. Les raisons qu’ils donnent à leurs prétentions sont nombreuses. D’abord, disent-ils, il y a une moitié de l’enseignement public ou privé qui est à réorganiser, sinon à organiser complètement : l’enseignement des femmes. Il est tout naturel que les femmes prennent dans l’œuvre de réorganisation une place importante[24]. La femme est, par nature, l’éducatrice de la première enfance, car ici l’éducation se compose surtout de principes moraux, et la femme est meilleure moraliste, dit la Gazette, que les plus profonds philosophes[25]. Plus que l’homme, d’ailleurs, elle a de douceur et de patience ; la femme a donc (idée qu’on a partout réalisée aujourd’hui) sa place marquée dans les classes enfantines, de filles ou de garçons.
Mais pour les filles, en particulier, ce n’est pas seulement la première éducation, c’est l’éducation intégrale qui doit leur être donnée par des femmes.
En effet, dit le Conseiller des Femmes, l’éducation d’une femme par un homme peut être funeste à celle-ci. Il arrive parfois que, pour un homme, le savoir rend douteuses les lois universelles de la morale[26] » ; en montrant son scepticisme à une jeune âme, il pourra même, sans le vouloir, même sans s’en rendre compte, la lancer dans une mauvaise direction, la faire tomber « dans ces erreurs morales que l’on pardonne moins à une femme qu’à un homme[27] ». « L’institutrice, au contraire, sait deviner le point où ses leçons doivent s’arrêter ; femme, elle ménage cette pudeur délicate de l’âme, cette timidité de pensée ; elle sait glisser sur ce qu’il serait dangereux de faire remarquer[28]. » Il faut donc que l’État organise l’instruction des femmes par les femmes, et tout d’abord qu’il s’occupe d’assurer le recrutement et la formation pédagogique du personnel enseignant. « Une école normale est nécessaire, dit le Génie des Femmes[29], si l’on veut avoir de véritables institutrices dans toute l’acception du mot. Il faut que le gouvernement ait, à ses frais, une maison dans chaque ville académique, où les aspirantes aux brevets de l’enseignement secondaire soient éprouvées pendant trois ans, en professant sous les yeux et sous la direction de femmes capables et dévouées… Là elles acquerront le grand art d’enseigner, science mille fois plus difficile à acquérir que le savoir lui-même. »
Le même désir avait été exprimé, mais sous une forme moins précise, par Mlle Sophie Mazure dans une pétition qu’elle adressa à la Chambre en août 1835[30].
Enfin puisqu’il est reconnu que les femmes ont autant d’intelligence et plus de sentiment que les hommes, puisqu’en fait elles ont montré qu’elles pouvaient, tout comme les hommes, rendre leurs impressions, exprimer leurs pensées sous des formes artistiques, elles doivent avoir, lorsqu’elles se lancent dans les carrières de l’art, les mêmes chances de succès que les hommes. Il faut donc que, pour acquérir l’instruction technique qui viendra en aide à leur génie, elles puissent suivre pour les arts plastiques les cours de l’École des Beaux-Arts[31] et pour la musique les cours d’harmonie de composition du Conservatoire. Il faut qu’elles aient le droit de concourir pour les prix de Rome de peinture et de musique et pour les médailles des expositions artistiques[32], comme elles ont le droit de le faire pour les prix de vertu, de sciences, de lettres.
Il faut enfin[33] qu’elles soient, quand leurs travaux leur auront acquis la célébrité, membres des cinq classes de l’Institut[34]. Si maintenant nous cherchons quel est le trait caractéristique des revendications qui se sont élevées pendant cette période au sujet des professions, nous verrons que, si ces revendications étaient les mêmes qu’aujourd’hui, l’état d’esprit de celles qui les élevaient était profondément différent. Quand les féministes contemporains demandent pour la femme l’accès aux carrières libérales, ils y voient surtout un moyen pour elle d’acquérir l’indépendance en gagnant sa vie dans d’aussi bonnes conditions que l’homme. Ce point de vue, le féminisme de la monarchie de Juillet s’y est peu arrêté ; ce qu’il envisage, ce n’est pas l’intérêt particulier des quelques femmes qui exerceront telle ou telle profession, mais l’intérêt du sexe féminin tout entier, c’est le côté universel et en même temps le côté moral de la question. S’il désire voir des femmes exercer la médecine ou le sacerdoce, parler dans les chaires et les tribunaux, c’est bien pour permettre à une partie des femmes de se suffire, mais c’est surtout parce qu’il sera plus moral que les femmes soient confessées et soignées par des femmes, parce que le sexe féminin tout entier trouvera son avantage à ce que des femmes l’instruisent et plaident pour lui.
- ↑ Vidal, apôtre, en prison, brochure saint-simonienne, p. 15.
- ↑ Dessignolle, le Féminisme dans le système de Ch. Fourier.
- ↑ La Femme libre, no 7.
- ↑ La Femme libre, no 7.
- ↑ Le Journal des Femmes, 11 mai 1833.
- ↑ Décembre 1836.
- ↑ Le Journal des Femmes, 11 mai 1833.
- ↑ La Gazette des Femmes, 1er mai 1837.
- ↑ La Gazette des Femmes, 1er mai 1837.
- ↑ À une seule exception près.
- ↑ La Gazette des Femmes, 1er mai 1837.
- ↑ La Gazette des Femmes, février 1837.
- ↑ La Gazette des Femmes, janvier 1838.
- ↑ Voir la Gazette des Femmes, ibid.
- ↑ Cabet, Voyage en Icarie, chap. xiii.
- ↑ Cabet et les origines du communisme icarien.
- ↑ La Gazette des Femmes, janvier 1837.
- ↑ Voyage en Icarie, chap. xiv. C’est sans doute ce peu d’insistance de Cabet sur les professions autres que la médecine ouvertes aux Icariennes qui a amené M. Prudhommeaux à avancer que la médecine était la seule profession accessible aux Icariennes.
- ↑ Morale saint-simonienne. Discours d’Enfantin, p. 100.
- ↑ Ibid.
- ↑ L’École saint-simonienne.
- ↑ Weill, l’École saint-simonienne.
- ↑ Ibid.
- ↑ La Femme libre, no 6.
- ↑ La Gazette des Femmes, février 1837.
- ↑ Le Conseiller des Femmes, 14 décembre 1833.
- ↑ Le Conseiller des Femmes, 14 décembre 1833.
- ↑ Ibid.
- ↑ Année 1845.
- ↑ Ici encore Cabet a voulu réaliser. Dans sa république les femmes sont, dit-il, placées « au premier rang » dans l’éloquence et le professorat.
- ↑ Le Journal des Femmes, 11 mai 1833.
- ↑ La Gazette des Femmes, numéro de juillet 1836 ; numéro de janvier 1837.
- ↑ Ibid.
- ↑ Ibid. Requête adressée par Mme de Mauchamp aux membres de l’Institut ; et Mme Allart, la Femme dans la Démocratie.