Le fratricide/Épilogue

La bibliothèque libre.
Eusèbe Sénécal & Fils (p. 147-149).

ÉPILOGUE.


Il ne me reste que peu de chose à dire, maintenant, pour terminer ce récit. Je ne crois pas devoir raconter ici la douleur de la malheureuse Alexina.

Depuis son union à Arthur, elle n’avait éprouvé que du bonheur et voilà que la mort le lui enlevait encore jeune et au moment où l’avenir semblait leur promettre un accroissement de bonheur.

La pauvre Alexina eut voulu mourir avec son époux, mais elle était chrétienne et mère, et tout en ressentant par la mort d’Arthur une douleur impossible à décrire, elle s’attacha, à la vie, pour ses enfants.

Je dirai de suite qu’elle les éleva chrétiennement.

Malgré des offres avantageuses qui lui furent faites, elle refusa toujours de se marier de nouveau.

Elle mourut à l’âge de quarante ans.

Quant à Pierre Julien, il se rendit, après son crime, dans les chantiers d’Ottawa où il travailla pendant plusieurs années. Mais, s’il avait échappé à la justice humaine, la justice divine eut son cours.

Un jour il eut une jambe et un bras de cassés par la chute d’un arbre, or comme il ne pouvait plus travailler, il se vit forcé de mendier. Il vécut misérablement dans plusieurs endroits de la province de Québec et finalement vint à Beauharnois, où il mourait quatre ans après son arrivée en cet endroit.

Je n’ose terminer ce petit roman sans dire que Latreille, Belleau et Touchette revinrent à Montréal où ils formèrent une association de voleurs qui dévastèrent cette ville pendant un grand nombre d’années. J’aurai l’occasion prochainement, je l’espère, de raconter quelques-uns de leurs exploits.


FIN