Aller au contenu

Le godmiché royal/03

La bibliothèque libre.
(p. 14-16).
Le meâ culpâ R***



LE

MEÂ CULPÂ. R***.




O toi ! dont l’exiſtence étonne l’univers,
Monſtre qu’en leurs fureurs ont vomi les enfers,
Infâme…… odieuſe……
Toi, dont l’avidité, la vie & la baſſeſſe
Déshonorent l’empire & le trône français
Puiſſe ton affreux nom, déteſté déſormais,
Ne vivre à l’avenir aux faſtes de l’hiſtoire
Que pour y retracer ta coupable mémoire :
Puiſſent nos deſcendans, qui ſauront tes ſecrets.
D’un regard indigné contempler tes forfaits,
S’étonner qu’un beau jour t’ait donné la naiſſance,
Et maudire & pleurer les malheurs de la France !
Puiſſent-ils, dès le jour où triomphent les loix,
D’un peuple en liberté reconnoître la voix,
Voir tomber de ton front un honteux diadême,
Et vivre encore aſſez pour t’effrayer toi-même
De l’horrible portrait que l’hiſtoire, en traits ſûrs.
Aux B…… leur préparent pour les ſiecles futurs !
Et toi, pourceau fangeux, tyran puſillanime,
Qu’une vile tribade a ſu conduire au crime ;
Toi qui, d’un maſque beau te parant quelque fois,
Voulus ſouiller le nom du meilleur de nos rois,

Toi, que de ſots flatteurs, dans leur perfide uſage,
Ont nommé bienfaiſant, après t’avoir dit ſage,
Tu n’as jamais été qu’un tyran déguiſé ;
Frémis : ſi contre Henri le fer s’eſt aiguiſé,
Si la coupable main frappa ſon cœur auguſte,
Bientôt, ſans doute, un bras vengeur autant que juſte
Saura nous délivrer du plus lâche Bourbon,
Et laver dans ton ſang la honte de ton nom ;
D’un mépris éternel ſi ton ame eſt jalouſe,
Vas prendre un digne rang auprès de ton épouſe,
Et, Vitruve nouveau, vas d’un nouveau Néron
A la poſtérité conſerver le vil nom ;
Peins-nous de ces tyrans les traits les plus fideles,
Surpaſſe, ſi tu peux, encore tes modeles ;
Tes crimes hâteront l’inſtant de la vengeance,
La gloire du vengeur & l’honneur de la France ;
Vas, le plus vil des rois, vas remplir tes deſtins.
Le jour où tu naquis pour les triſtes humains,
Fut un jour que le ciel marqua dans ſa colere,
Et le jour plus affreux où l’effrayant tonnerre,
Annonçant ton épouſe au François conſterné,
Accompagnant tes pas à l’autel préparé,
Avoit aſſez montré par un ſanglant préſage,
De deux monſtres unis le ſiniſtre aſſemblage ;
Ah ! que n’avez-vous donc, couple impur & hideux,
Dans cette horrible fête expiré tous les deux !
Tu dormois ſur le trône, ô monarque imbécile,
Quand de la nation le ſuprême ſénat
Motivoit à tes pieds ſa réſiſtance utile,
Et de tes propres mains vouloit ſauver l’état !
Quelle ſécurité, tout près du précipice

Tu n’apperçois donc pas ton peuple s’indigner,
Il n’attend que le ſceau de ta vaſte injuſtice,
Pour t’apprendre à grand cris qu’un autre doit régner ;
Tes projets ſont affreux, oſe les reconnoître :
Une femme impudique a ſu les enfanter ;
Mais du trône des Francs tu dois être le maître,
Et comment Antoinette oſa-t-elle y monter ?
Les cris des citoyens armés pour la patrie,
Seront bien différens des cris de tes ſoldats,
Les provinces crieront : Juſtice, Economie,
Et ſous tes étendarts, ſignes d’aſſaſſinats,
L’on n’entendra plus rien que la bourſe ou la vie :
Réfléchis, ou prends place au rang des ſcélérats.