Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Ab

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AB
. C’est le nom du onziéme mois de l’année civile des Hébreux, & le cinquiéme selon l’ordre de l’année ecclésiastique. Il a trente jours, & répond aux mois de juillet & d’août. Il étoit considérable par un jeûne dont parie le prophéte Zacharie, institué selon quelques-uns pour faire souvenir les Juifs du murmure qui avoit empêché leurs peres d’entrer dans la terre promise, lorsque Moïse eut envoyé de Cadesbarné des espions dans la terre de Chanaan ; ou plutôt établi en mémoire de l’incendie du temple par les Chaldéens, au dixiéme jour de ce mois. Le second temple fut brulé au même jour par les Romains. Les Juifs tiennent que leur grande synagogue d’Alexandrie fut aussi dispersée dans ce même mois. On a remarqué qu’ils avoient été chassés en ce mois d’Angleterre, de France & d’Espagne. * Nombres, 13 & 14. Deut. 1. Zachar, c. 7. calend. Judaïc. Calmet, dict. de la bible, & comment. sur Zacharie.

AB en langue syriaque est le nom du dernier mois de l’été. Le premier jour de ce mois est nommé dans le calendrier des Syriens Saum-Mariam, le jeûne de Notre-Dame, parceque les chrétiens d’orient jeûnoient depuis ce jour-là jusqu’au 15, qu’ils nommoient Fithr-Mariam, la cessation du jeûne ou la pâque de Notre-Dame. * D’Herbelot, bibl. orient.

Nous observerons ici que comme les Orientaux, Arabes, Persans & Turcs, dont l’année vulgaire est purement lunaire, se servent néanmoins dans leurs calculs astronomiques de l’année solaire, ils ont recours au calendrier syriac, & se servent des noms qu’ils y trouvent à chaque mois. Ainsi Schahar-ab, en arabe, Ab-mah, en persien, Ab-aj, en turc, signifient notre mois d’août, qu’ils appellent aussi quelquefois Agostos, nom pris du latin Augustus. * D’Herbelot, bibl. orient.

AB chez les Hébreux signifie pere, d’où les Chaldéens & les Syriens ont fait abba : d’abba les Grecs ont formé abbas, que les Latins ont conservé ; & c’est enfin de-là qu’est venu le nom d’abbé en notre langue. Saint Marc & saint Paul ont gardé le mot syriac ou chaldaïque abba, pour dire pere, parce qu’il étoit alors commun dans les synagogues & dans les premieres assemblées des chrétiens. C’est pourquoi abba, pater, chapirre xiv de saint Marc, v. 36, est le même mot expliqué, comme s’il disoit abba, id. est, pater, abba, c’est-à-dire pere. Ce terme se trouve aussi employé dans le même sens au ch. viij de l’épître de saint Paul aux Romains, v. 15, & au chap. iv de l’épître aux Galates, v. 6. Les évangélistes & les apôtres ont ainsi conservé dans leurs écrits plusieurs mots syriacs qui étoient en usage : & comme ils écrivoient en grec, ils ont en même temps ajouté l’interprétation de ces mots en grec, comme saint Jérôme le remarque dans son commentaire sur le iv chapitre de l’épître aux Galates, où il dit que c’est un usage assez ordinaire aux écrivains sacrés, dont il cite des exemples. Ce nom d’abba, qui signifioit un pere naturel, a été pris dans la suite pour un pere d’affection & de respect, & enfin pour un pere en dignité. Les docteurs Juifs le prenoient par orgueil, ce qui fait dire à J.C. dans S. Matthieu, chap. xxiij, v. 9, N’appellez personne sur la terre votre pere, parceque vous n’avez qu’un pere qui est dans le ciel. Les chrétiens ont donné communément le nom d’abbé aux supérieurs des monasteres. Il a été aussi quelquefois attribué en France à des seigneurs temporels, sous les successeurs de Charlemagne, parce qu’ils possedoient de grandes abbayes. On les appelloit abbates comites ou abbates milites. Chez les Génois il y avoit un principal magistrat que l’on appelloit abbé du peuple.


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