Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abantes

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ABANTES, peuple de la Gréce qui passerent de la Thrace dans la Phocide, & y bâtirent une ville nommée Aba, Abée, ou Abea, Abanta ou Abantis, près le mont Parnasse, lui donnant le nom d’un de leurs rois, qui étoit fils de Neptune. Apollon avoit un temple dans cette ville, & y rendoit des oracles, bien avant qu’il fut connu à Delphes. Cette ville & ce temple furent brûlés en la premiere année de la LIV olympiade, par Xercès, roi de Perse, & fils de Darius le Méde. Ils furent rétablis dans la suite ; mais le temple de Delphes s’étant mis en réputation, acquit de grands trésors, par le concours général des nations qui venoient consulter l’oracle. Les Phocéens en guerre contre les Locriens & les Béotiens, le pillerent pour s’aider des richesses qui y étoient renfermées : cette guerre en devint plus animée. On l’appelle la guerre sacrée, & elle continua jusqu’à ce que Philippe de Macédoine, pour venger ce sacrilége, rasa toutes les villes de la Phocide, & les réduisit en villages. Les Abantes, quoiqu’épargnés dans cette punition, parce qu’ils n’avoient point eu de part au pillage, furent pourtant contraints par la suite de quitter la Phocide. Ils passerent dans l’isle alors nommée Macris, & depuis Abantide, Chalcis, ou Eubée, à cause de ses excellens pâturages, & aujourd’hui appellée Negrepont. Ils y prirent la coutume que les Curetes y avoient introduite, de ne porter de cheveux qu’au derriere de la tête : d’où vient qu’Homere les nomme όπισθεν κομό ωντας, c’est-à-dire, qui n’ont des cheveux qu’au derriere de la tete : coutume qu’ils adopterent, parcequ’étant braves & béliqueux, & aimant à se mêler, & à se battre d’homme à homme, ils ne vouloient pas donner prise à leurs ennemis, qui auroient pu les saisir par les cheveux de devant ; c’étoit aussi pour cela que les Grecs se rasoient la barbe. Mais par la même raison de bravoure, les Abantes se laissoient croître les cheveux au derriere de la tête, pour s’imposer la nécessité de ne jamais fuir devant l’ennemi. Ces peuples envoyerent une colonie dans l’isle de Chio, où avoit régné Hercule. Amphitus, qui descendoit de ce héros, en défit une partie ; mais l’autre lui résista, & s’y établit. * Hérodote, VIII, ch. 28 & 33. Pansanias, Phoc. ch. 35. Strabon, liv. X. A. Pierius, Hieron. folº 230.


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