Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abdelquivir

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Texte établi par Goujet, Claude-Pierre; Drouet, Étienne François, Libraires associés (vol. 1p. 26).

ABDELQUIVIR, étoit fils aîné de Hascen scherif, ou Mahomet-Ben-Mahomet Numide, natif de la province de Dara. Ce Hascen scherif étoit fort versé dans la philosophie & la magie ; & voulant acquérir du crédit parmi les peuples, se vantoit d’être descendu de Mahomet leur prophéte, & affectoit aussi une grande sainteté de vie. Cet imposteur avoit trois fils, dont Abdelquivir étoit l’aîné. Il les éleva à sa mode, & les ayant envoyés à la Mecque, ils témoignerent à leur retour qu’ils étoient dignes successeurs d’un tel pere : car feignant d’être transportés d’enthousiasme, ils attirerent après eux quantité de monde, desorte qu’il n’y avoit personne qui ne s’estimât heureux de baiser le bas de leur vêtement. Vers l’an 1505 de J.C. & de l’hégire 911, Hascen conseilla aux deux cadets d’aller à Fez, où regnoit alors Mahomet Oataz. Ils y furent assez heureux, l’un pour obtenir une chaire dans le collége de Modarase, & l’autre pour être gouverneur des enfans du roi. Lorsqu’ils eurent acquis quelque autorité, ils s’adresserent au roi, par le conseil de leur pere, & lui demanderent permission de manger avec quelques gardes, & de faire porter avec eux un tambour & une banniere, pour liguer les Mahometans contre les Chrétiens. Mulei-Nacer frere du roi, n’approuva pas ce dessein, mais le roi leur accorda leur demande. Le premier voyage fut heureux, les peuples les suivirent de tous côtés : mais Yahai-Ben-Tafuf, Maure tributaire du roi de Portugal, & ennemi juré des scherifs, leur opposa les Portugais, qui les chasserent. Après divers succès, Abdelquivir fut tué dans un combat devant la ville d’Anega. * Diego de Torrés. Marmol. De Thou.