Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Aristoxene

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ARISTOXENE, de Selinunte, poëte Grec, qui vivoit sous la XXXIX olympiade, selon Eusebe, c’est-a-dire vers l’an 614 avant J.C. S. Cyrille l’a pris pour le philosophe ; mais il se trompe en la supputation des temps, comme on le peut voir dans l’article suivant. * Vossius, de poët. Græc.

ARISTOXENE, philosophe & musicien, naquit à Tarente, ville d’Italie. Il étoit fils du musicien Mnésias, autrement appellé Spinthare. Etant dans la ville de Mantinée, il y prit du gout pour la philosophie, & s’appliqua à la musique, dans laquelle il réussit. Il fut en premier lieu disciple de son pere & de Lamprus d’Erythrée ; puis du pythagoricien Xenophile ; enfin d’Aristote, sous lequel il eut Théophraste pour condisciple. Tel est le récit de Suidas, qui ajoute qu’Aristoxene piqué de voir qu’Aristote lui eut préféré Théophraste, en se nommant un successeur dans son école philosophique, déchira la mémoire de leur maître commun. Mais le péripatéticien Aristocle, dans Eusebe, disculpe Aristoxene sur ce point, & assure que ce disciple parla toujours avec respect & d’une maniere honorable d’Aristote. Aristoxene vivoit donc, comme on voit, sous Alexandre le Grand, & ses premiers successeurs. Il florissoit sous la CXIV olympiade, environ 324 ans avant J.C. & il fut contemporain de Messénien Dicéarque, historien très-fameux. De tous les ouvrages philosophiques, historiques, philologiques & autres, qu’Aristoxene avoit composés, & dont on trouve une notice exacte dans la Bibliothéque grecque de Jean-Albert Fabricius, l. 3, ch. 10, il ne nous reste aujourd’hui que ses trois livres des Elémens harmoniques ; & c’est le plus ancien traité de musique qui soit parvenu jusqu’à nous. Meursius, pour la premiere fois, en publia le texte, suivi de ceux de Nicomaque & d’Alypius, autres musiciens Grecs, & des notes de l’éditeur ; le tout imprimé à Leyde, en 1616 in-4º. La version latine d’Aristoxene & celle des Harmoniques de Ptolémée faites par Antonin Gogavin, avoient paru conjointement à Venise dès l’année 1561, in-4º. mais on a vu reparoître avec un nouvel éclat le texte grec d’Aristoxene, revu & corrigé sur les manuscrits, accompagné d’une nouvelle version latine, & de savantes notes de Marc Meibomius, qui l’a fait imprimer à la tête de la belle édition qu’il nous a donnée des musiciens Grecs, à Amsterdam, en 1652, deux volumes in-4º. Il est parlé de cet ouvrage d’Aristoxene touchant la musique dans plusieurs auteurs anciens, tels qu’Euclide, Cicéron, Vitruve, Plutarque, Athené, Aristide, Quintilien, Ptolémée, Boëce, &c. A l’égard de ses autres traités concernant la musique, & qui sont perdus, ils rouloient, 1o. sur les joueurs de flûte, les flûtes & autres instrumens de musique ; 2o. sur la maniere de percer les flûtes ; 3o. sur la musique en général, ouvrage différent des Harmoniques, & dans lequel il s’agissoit non-seulement des autres parties de cet art, telles que la Rhythmique, la Métrique, l’Organique, la Poétique, & l’Hypocridque, mais encore de l’histoire de la musique & des musiciens ; 4o. sur la danse employée dans les tragédies ; 5o. sur les poëtes tragiques. C’est du traité de la musique en général, que parle Plutarque dans son dialogue concernant la musique. * Voyez les savantes remarques de M. Burette sur ce dialogue, imprimées dans le tome dixiéme des Mémoires de l’académie des Inscriptions & belles-lettres, pages 309 & 310.


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