Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Mithra
MITHRA, nom que les Perses & les Orientaux donnoient au soleil, & que les Romains lui donnerent aussi dans la suite du temps, aussi bien que les Gaulois. Il étoit représenté chez les Perses avec une face de lion, & une espéce de thiare ou bonnet persan sur la tête : parceque le soleil est dans sa force, lorsqu’il est dans le signe du lion. On trouve encore à Rome plusieurs marbres qui représentent ce dieu assis sur un taureau, qu’il retient par les cornes ; les anciens voulant nous faire entendre par cet emblême, que la lune, à laquelle on avoit coutume de sacrifier des taureaux, &: dont les cornes étoient le symbole, n’avoit de lumiere que ce que le soleil lui en donnoit. Tertullien, S. Justin martyr, & S. Jérôme, disent, qu*on célébroit les cérémonies du dieu Mithra dans des cavernes & dans des lieux souterreins. On dit aussi qu’on lui sacrifioit des taureaux, & quelquefois même des victimes humaines. Socrate & Sozomene rapportent que sous Julien l’Apostat, & sous Théodose, on ouvrit l’antre de Mithra qui étoit dans Alexandrie, & qu’on le trouva rempli de crânes d’hommes que l’on y avoit immolés. Les Gaulois qui adoroient cette fausse divinité, comme nous l’avons remarqué dans l’article de CHYNDONAX, la représentoient sous les deux sexes, comme s’ils eussent voulu montrer par-là, que le soleil suffisoit à la production de chaque espece. Ce qui ne paroîtra pas étrange, quand on fera réflexion que les Hébreux ont donné au soleil un nom qui signifie reine du ciel ; & que les anciens Grecs de Mésopotamie représentoient au contraire la lune sous la figure d’un homme, comme nous l’avons dit dans l’article AGLIBOLUS. * Plutarchus, in Iside & Osiride. Spon, recherches curieuses de l’antiquité.