Le livre des petits enfants/15

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Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 62-67).


LA FOI D’UN ENFANT NÈGRE.


Mes enfants, on fait le sucre dans les pays chauds de l’Amérique. Plusieurs de ces pays appartiennent aux Anglais. La plante avec laquelle on fait le sucre ressemble à un gros roseau ; on l’appelle canne à sucre. Elle est plus haute qu’un homme qui serait bien grand, et elle est grosse comme un gros bâton. Elle est d’un vert jaune.

Quand les feuilles sèchent et qu’elles tombent, cela prouve qu’il faut couper les cannes à sucre. Dès qu’elles sont coupées, on les porte au moulin, et là, on les écrase entre deux rouleaux de bois très dur. Alors on voit couler de toutes ces cannes une liqueur douce qu’on appelle miel de canne. On cuit ce miel pendant six heures, comme une confiture, en versant de temps en temps de l’eau dans le chaudron où il cuit, et on l’écume ; puis on passe la liqueur à travers une étoffe de drap blanc, et on la verse dans des moules pointus. Au bout de quarante jours, on sort de ces moules les pains de sucre que vous voyez chez les épiciers.

Ce sont de pauvres Nègres qui plantent et arrachent les cannes à sucre. Lorsqu’ils ont de bons maîtres, qui leur font connaître celui qui les a créés et qui les a sauvés, ils sont moins malheureux ; mais il y a des maîtres qui sont bien méchants, qui font trop travailler les Nègres, et qui les frappent et les maltraitent quand ils n’ont pas achevé leur tâche.

Un petit Nègre, qui était esclave chez un bon maître, avait vu chez lui des Missionnaires. Les Missionnaires lui avaient parlé de Dieu, lui avaient appris à lire dans la Bible ; et comme vous, mes enfants, ce brave petit Nègre savait l’histoire d’Abraham, celles d’Isaac, de Jacob, de Joseph, et beaucoup d’autres histoires. Il savait aussi que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pauvres pécheurs ; et comme vous encore, mes chers amis, il l’aimait, car Jésus-Christ aussi aimait les petits enfants.

Ce petit Nègre était si heureux de savoir tout cela, qu’il aurait désiré qu’un vaisseau allât chercher ses Parents et les amenât dans le pays où il était, comme il y avait été amené lui-même. On l’entendit un jour qui priait ; il disait :

« Mon Dieu, je te remercie de ce que tu as envoyé un gros vaisseau pour me chercher et m’amener dans ce pays ; je te prie de me faire la grâce d’envoyer un autre gros vaisseau pour prendre mon Père et ma Mère, et les amener aussi, afin qu’ils puissent, comme moi, apprendre à te connaître et à t’aimer ; » car son Père et sa Mère étaient païens, et ne savaient pas même qu’il y a un Dieu.

Quand l’enfant eut fait cette prière, il alla sur le bord de la mer pour voir si Dieu lui avait accordé ce qu’il lui avait demandé, et pendant deux ans il alla tous les jours sur le rivage pour voir s’il n’arrivait pas un vaisseau sur lequel seraient son Père et sa Mère.

Un jour, enfin, il revint en poussant des cris de joie, et quand on lui demanda ce qui le réjouissait tant : « Le Seigneur, s’écria-t-il, a exaucé ma prière ; mon Père et ma Mère sont sur le vaisseau qui vient d’arriver ! »

Mes chers amis, cet enfant avait beaucoup de foi, il savait que Dieu nous exauce quand nous le prions de tout notre cœur ; nous devons donc nous confier en lui, et mettre en lui seul notre espérance !