Le nouveau Panurge/3
Anurge apres auoir touſſi, & craché
par cinq ou ſix fois : froté ſon nez auec
le bout de la manche, releué la petite mouſtache :
continua ſon hiſtoire par la deſcription
de l’Iſle Imaginaire comme s’enſuit.
Mes tres-chers amis, & feaux camarades ;
l’Iſle Imaginaire eſt à quelque cent lieuës
des autres Canaries ou fortunees ; ſon aſſiette
eſt fort belle, quoy que l’imaginatiõ
la rẽde mobile & voltigeãte, comme font
les Iſles Calamines en lydie. ou comme
les Saltuaires & Balarines en la petite Tartarie ;
bref mes amis cet Iſle court auſſi viſte,
que l’imagination ; & ne la treuue qui
veut, il faut des Dauphins pour s’y conduire :
& faut ſçavoir iouer des Cymbales,
car ils aiment ceſte ſonnerie, & s’y plaiſent
comme i’ay veu, & vous l’auez ouy.
Au reſte elle eſt du tout bien peuplee, &
les hommes y ſont fort gens de bien. Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/50 Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/51 Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/52 Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/53 Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/54 Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/55 Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/56 Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/57