Le parfait mareschal/120

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Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 353-358).


IL y a peu de Chevaux qui soient poussifs sans avoir la Toux, mais il y a beaucoup de Chevaux qui ont la Toux sans estre poussifs.

La Toux est un mouvement extraordinaire des parties qui servent à la respiration, par le moyen duquel la nature cherche à pousser au dehors ce qui luy nuit dans le poulmon.

Une des causes les plus ordinaires de la Toux, vient des flegmes qui occupent les canaux de la trachée artere, qui est le passage de l’air que nous respirons : plusieurs croyent qu’il tombe beaucoup de pituite du cerveau dans la poitrine ; mais le poulmon des Chevaux est assez arrosé de vaisseaux, & assez grand pour fournir la matiere de la Toux, sans l’emprunter d’ailleurs.

La nature pour se décharger de cette humeur qui l’oppresse, fait cet effort qu’on appelle la Toux.

La Toux provient aussi quand le Cheval a souffert un grand froid, pour avoir bu de l’eau trop vive, ou quand les conduits du poulmon sont desséchez faute d’humeur, ou irritez par quelque fumée ou par la poussiere, tant de la campagne, que de celle du foin & de l’avoine, ou pour avoir bû des eauës bourbeuses.

La Toux peut estre causée aussi quand le Cheval mange trop avidement, & qu’il coule quelque nourriture par le conduit de la respiration ; mais cette derniere se guerit sans aucun medicament. On doute quand on voit tousser un vieil Cheval, s’il est poussif ; mais il faut considerer & faire attention sur la maniere dont il tousse, car si la Toux est humide & grasse, elle ne signifie point la pousse ; mais si elle est séche & fouvent reïterée, il faut considerer le flanc avec attention, il fera connoistre aisément si c’est la pousse. La Toux inveterée est souvent pire qu’une nouvelle pousse.

Quelquefois la Toux demeure aux Chevaux d’un reste de Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/368 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/369 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/370 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/371 Chap.
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& l’asthme, le vulgaire le croid chaud à cause qu’il brûle facilement ; mais c’est un erreur & mesme il purifie le sang.

Si l’on veut examiner le détail des drogues qui entrent dans la composition de cette poudre, l’on trouvera que tout est amy de l’estomach, de la poitrine & du cœur, & qu’il a dequoy pour attenuer les humeurs crasses, & pour aider la nature à dissiper ce qui luy est nuisible.

Si on veut conserver cette poudre long-temps, on peut la reduire en opiatte, faifant cuire six fois autant de miel qu’il y a pesant de poudre, & le faire cuire en demy syrop, puis méler lesdites poudres avec le miel mediocrement chaud, & les laisser fermenter sans le chauffer.

La dose de cette opiatte sera quatre onces dans une pinte de vin ; on verra la methode de faire l’opiatte dans la description de l’opiatte qui est cy-apres.

Lors que la matiere est visqueuse & tenace, elle adhere par trop : si elle est trop crasse, elle resiste trop long-temps ; & quelque effort que fasse la nature, elle descend toûjours par son propre poids, particulierement si les conduits par où la nature a de coûtume de se décharger sont bouchez ; Ainsi à moins que par un puissant remede comme celuy-cy, on ne tâche de la remettre, en disposant les humeurs à luy obeyr, & par ce moyen de guerir le Cheval ; le mal sera de longue durée, & menera le Cheval dans une difficulté de respirer, qui enfin degenerera en Pousse.