Le parfait mareschal/23

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Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 65-67).


LE vin Emerique donne bon appetit aux Chevaux dégoutez, il produit de bons effets estant donné frequemment à ceux qui sont malades, & il fait des merveilles lors qu’on le donne avec les purgatifs, car quoy que de soy il ne purge point, il fait mieux agir les purgatifs en debouchant, jusques là qu’il fait uriner excessivement, Lors que la nature a besoin de cette évacuation. Il est aussi tres-excellent pour les lavemens. Il faut avoir cinq ou six morceaux de verre d’antimoine du plus beau, les piler bien menu, & les mettre tremper toute la nuit dans une pinte ou cinq demy stiers de vin blanc ou rouge, le lendemain on retire la poudre de verre d’antimoine, & on la laisse secher pour une autrefois, & le vin est émetique, vostre poudre durera un an à cela, & sera toujours fort bonne.

On peut avoir un gobelet de regulle d’antimoine, dans lequel on met tremper du vin, en vingt quatre heures il est rendu émetique, & cela continuellement, pourveu qu’on aye soin toutes les fois qu’on a mis infuser du vin dans le gobelet, de le bien sablonner avec de l’eau, pour oster toute la lie & la crasse qui s’est attachée aux parois du gobelet.

On peut aussi faire du vin émetique en pilant du foye d’antimoine, & en mettre une couple d’onces dans une bouteille de trois chopines, l’emplir de vin blanc ou rouge, au bout de vingt-quatre heures en oster cinq demy-stiers, & remettre de nouveau vin dans la bouteille, en oster tous les jours & en remettre, vous aurez un an entier de bon vin émetique de cette façon, sans autres frais que ceux du vin. On peut aussi dans une bouteille mettre deux onces d’algarot, & du vin par dessus, il fera de fort bon vin émetique.

La poudre Angelique fera le mesme effet, & beaucoup mieux Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/80 Chap.
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rable, & on ne peut estre asseuré si elle l’est qu’on n’aye pratiqué de bons remedes, lesquels s’ils ne reussissent pas, on peut conclure que la morve est incurable ; & on n’a pas le chagrin d’avoir abandonné des Chevaux de prix qui auroient pû se sauver, & cela souvent sur le rapport de gens qui les ont condamné faute de les connoistre.